Direction Quai des bulles en compagnie d’Etienne Le Roux…

Nous continuons à présenter rapidement et succinctement les auteurs que nous allons avoir le plaisir de rencontrer lors du prochain festival Quai des bulles de Saint-Malo. Je rappelle que nous allons avoir trente rendez-vous et que je serai accompagné de temps en temps par une ancienne étudiante de la licence professionnelle TAIS (image et son) de l’IUT de Chalon-sur-Saône… Comme quoi les anciens élèves et les professeurs peuvent rester en contact voire même travailler ensemble sur certains projets…

Cette dernière remarque n’est pas complètement tombée du ciel par hasard car le dessinateur dont je voudrais vous parler est Etienne Le Roux et cela lui est déjà arrivé de travailler avec un ancien étudiant…

Etienne est avant tout un dessinateur dont les personnages sont forts, au caractère bien trempé et dont le dessin porte très vite les éléments essentiels de la psychologie. On a eu plaisir à le suivre dans la série « 14-18 » où avec Eric Corbeyran ils s’étaient proposés de suivre des personnages de la déclaration de la guerre jusqu’au lendemain des combats. Etienne avait réussi à montrer graphiquement comment la guerre peut fracasser un individu (et pas seulement physiquement !).

Après cette longue narration de la Première Guerre mondiale, il s’attaque, cette fois-ci avec un scénario de Luc Brunchswig, à la période de la Seconde Guerre mondiale. On va suivre deux frères, « Les frères Rubinstein », en gros à partir de 1934… Trois tomes sont déjà sortis et force est de constater que le résultat est très bon. Ici, la narration n’est pas continue et on fera des sauts dans le passé, dans le futur… Mais c’est très efficace et le lecteur ne se perd pas du tout.

Il faut dire que pour aider le lecteur, dès le départ, le graphisme d’Etienne est bien là au service de la narration. Les personnages sont crédibles, spécifiques, marqués, agréables à suivre même quand ils sombrent dans leurs défauts… Bref, Etienne nous confirme, si besoin était, qu’il maitrise parfaitement son art de dessinateur de bédés, surtout d’animateur de personnages, d’où l’aide présente pour les décors de la série…

Ce sera donc avec beaucoup de plaisir que nous recevrons Etienne Le Roux à notre micro et que nous pourrons partager cette rencontre plus tard sur RCF en Bourgogne dan le Kiosque à BD !

Direction Quai des bulles en compagnie de Richard Guérineau…

Il y a quelques années, j’ai découvert une superbe série, Le chant des Stryges, d’Eric Corbeyran et Richard Guérineau. Il s’agissait d’une sorte de grand feuilleton navigant entre polar, thriller, espionnage, fantastique et le tout avec réalisme, histoire, philosophie… Mais ces fameux « stryges » ne sont peut-être pas encore arrivés jusqu’à vous ? De quoi s’agit-il ? Peuvent-ils surgir dans votre salle à manger ?

Tout a commencé avec la lecture de ce vieux bouquin « Contact & Inducement »… Eric Corbeyran serait tombé dessus par hasard et la série serait née, comme ça… Enfin, il faut, parfois, croire aux légendes… En tous cas, cet ouvrage parle de ces êtres ailés qui jouent partout, dans toutes les religions, aux quatre coins du monde, un rôle prépondérant. On les appelle les « stryges » mais personne ne les connaît, ne les a vus… Il faut dire que lorsque la rencontre arrive, malencontreusement, la femme ou l’homme concerné termine dans un état terrible car personne ne peut revenir indemne d’un baiser de l’oubli…

Je sais qu’une telle présentation aura du mal à vous toucher car cela semble mystérieux, trop fantastique. Et pourtant… En tous cas, pour moi, ce fut aussi un grand nombre de rencontres avec Richard Guérineau le dessinateur de la série, souvent durant le festival d’Angoulême… Puis, un jour, la série se termina après 18 albums et on allait bien voir ce que le dessinateur ferait après autant de temps passé dans ce monde somme toute imaginaire…

Je ne vais certainement pas vous parler de tous ces albums, j’en ai retenu trois car je les trouve excellents. Il y a tout d’abord, Henriquet, l’homme reine. Il avait dans un premier temps adapté Charly 9 de Jean Teulé, la biographie de Charles IX, fils de Catherine de Médicis. A la fois critiques et lecteurs avaient apprécié mais probablement que les personnages l’avaient d’une certaine façon séduit, fasciné… Alors, seul, sans roman pour s’appuyer, il s’est lancé pour raconter Henri III qui n’avait rien à envier à Charles IX et cela a donné ce très bel album Henriquet. Avec ces deux livres, Guérineau faisait de l’histoire, du récit en costumes même s’il ne s’agit pas à proprement parler de véritables biographies, ce sont plus des portraits libres de rois fous…

Mais, il n’allait pas pouvoir raconter tous les rois de France ? Alors, il a complètement changé de registre et cela a donné le magnifique livre « Croke Park ». Là le dessinateur, avec un scénariste, Sylvain Gâche, se lance dans l’histoire et le sport. Le récit des massacres du dimanche 21 novembre 1920 (Bloody Sunday) est réalisé avec talent, précision et en lien avec deux rencontres sportives, un match de foot gaélique et un match de rugby plus contemporain… Superbe et passionnant surtout pour ceux qui n’avaient aucune idée précise sur ce Bloody Sunday que pourtant ils chantonnaient sur la musique de Bono avec U2…

Enfin, tout récemment, c’est un extraordinaire roman policier de R. J. Ellory qu’il met en image sur une adaptation de Fabrice Colin. Tout part d’Augusta en Géorgie, en 1939, quand le corps d’une fille est trouvé… Il y aura d’autres fillettes assassinées, toujours de façon inexplicable, violente… et Joseph semble toujours pas très loin… Est-il coupable ? Deviendra-t-il fou à cause de cette proximité ? Ou sera-t-il celui qui trouvera le coupable ? En fait, ce roman graphique, cette bande dessinée, est géniale par son ambiance plus que par la résolution de l’énigme. On est dans un roman noir à l’américaine où l’ambiance est capitale et non dans un Agatha Christie où on doit chercher le coupable… et le dessin de Richard Guérineau est juste magique pour planter le décor et nous immerger dans cette ambiance glauque qui colle à la peau (et pas qu’à celle des personnages !)…

Vous comprendrez bien que ce sera avec beaucoup de plaisir que je vais retrouver Richard avec mon petit micro… Deux ans sans salon de la BD ce fut beaucoup trop long !

 

Direction Quai des bulles en compagnie de Patrick Prugne…

En 1534, Jacques Cartier, navigateur français, explorateur du roi et, surtout, illustre Malouin, part pour une grande traversée de l’Atlantique qui donnera naissance à la Nouvelle-France. Il est commissionné par le roi François 1er qui paye ses frais d’expédition… Et nous serons à Saint-Malo dans quelques jours sans intention d’embarquer pour le Canada !

Par contre, durant ce festival Quai des bulles, il y aura une exposition consacrée à Patrick Prugne. Cet auteur de bédés n’est pas malouin, il n’est pas marin, mais il a consacré beaucoup de temps à la fabrication de magnifiques bandes dessinées ayant pour cadre le Canada initial… d’où un lien certain avec Saint-Malo et Jacques Cartier !

Il y a parfois un véritable paradoxe, un véritable gouffre, entre l’image de l’auteur dans le public et la personne elle-même. Prenez, par exemple, Patrick Prugne. Je ne le connaissais pas avant Quai des bulles 2016, jamais lu, jamais rencontré, jamais croisé ni écouté… Oui, il y a tellement d’auteurs de bandes dessinées que c’est ainsi… Depuis, je n’ai pas tout lu, j’ai juste adoré trois albums : Tomahawk, Iroquois et Vanikoro… quant aux autres, j’espère que ce sera pour bientôt !

Son album Iroquois a toujours fait l’unanimité de tous les étudiants qui ont accepté de le lire (oui, je précise, je n’ai jamais obligé à lire un album, enfin, presque jamais…). Ses dessins en couleurs directes sont d’une beauté incroyable et je crois que tous ses lecteurs rêvent d’avoir une dédicace…

La rencontre a donc eu lieu avec Patrick Prugne en 2016, il s’est avéré un auteur paisible qui est venu nous parler entouré de ses Iroquois… Enfin, presque. On ne les voyait pas réellement, on les devinait, on les sentait, on les entendait se faufiler entre nous… et ce n’est pas rien une tribu d’Amérindiens dans une salle de presse !

N’ayant que des souvenirs merveilleux de cette rencontre, ayant adoré depuis cette rencontre son album Vanikoro qui, cette fois-ci, nous emmène sur les traces de La Pérouse, naufragé dans le Pacifique, ayant appris qu’une exposition allait lui être consacrée, je ne pouvais que tout faire pour le rencontrer dans le cadre de mon Kiosque à BD… Le dernier album paru, Tomahawk, nous ramène sur le continent Nord Américain, donc je suis prêt à m’embarquer pour là-bas en face…

On peut signaler que le travail de Patrick Prugne se prête magnifiquement à une exposition car j’ai toujours pensé, sans exagérer, que presque toutes ses planches pourraient trouver une place dans la décoration de mon appartement…

Il faudra donc pour ceux qui iront à Saint-Malo venir en exploration sur les trois étages de l’exposition Sagas indiennes où nous attendent, nous promet-on, planches et illustrations originales ainsi que nombre de croquis préparatoires qui raviront curieux et initiés !

Pour ceux qui resteront chez eux, on pourra rencontrer Patrick Prugne très prochainement dans le Kiosque à BD sur RCF en Bourgogne !

Direction Quai des bulles en compagnie de Frédéric Pillot…

Frédéric Pillot est un illustrateur jeunesse et auteur de bandes dessinées qui depuis quelques années se concentre spécialement sur l’illustration d’ouvrages pour la jeunesse. Son dernier ouvrage, Balbuzar, sera bien présent dans une exposition à Saint-Malo durant le festival Quai des bulles 2021. Je suis très heureux d’un tel choix car d’une part j’ai beaucoup aimé cet album et d’autre part je suis persuadé du lien étroit qui existe entre la bédé et le livre illustré. Le lien était aux origines et il demeure pour qui sait bien regarder et lire ces histoires racontées avec du texte et du dessin…

C’est en 2020, en pleine période délicate à cause de la pandémie, que les éditions Daniel Maghen, publient Balbuzar, avec le scénariste et conteur Gérard Moncomble. Ils avaient déjà travaillé ensemble mais j’ai le sentiment d’un aboutissement ou, plus exactement, d’un ouvrage réalisé par deux artistes au sommet de leur art, deux créateurs maitrisant totalement techniques, savoir faire et émotions…

L’histoire semble classique au départ, une histoire de pirates, quoi ! Là, cette présence de la mer semble en plein accord avec un festival se déroulant à Saint-Malo… On a un super pirate, le terrible Balbuzar, un homme qui fait peur aux autres et qui est admiré par ses confrères qui ne rechignent pas à venir lui donner un coup de main à l’occasion… Son vaisseau, L’enragé, a fier allure et signifie la mort pour ceux qui tentent de passer non loin de lui avec leurs marchandises…

Mais l’impératrice du royaume veut que la mer soit libérée car le commerce est la source d’enrichissement du royaume… Elle demande à son grand vice-amiral d’aller éliminer le pirate… et je ne vous en dirai pas plus !

Pour ceux qui n’iront pas à Saint-Malo, il y aura la lecture de ce très bel et grand album. Vous pourrez aussi écouter, le moment venu, mon entretien avec Frédéric Pillot sur RCF en Bourgogne, dans le Kiosque à BD… Pour ceux qui iront à Saint-Malo, il y aura la lecture, première étape indispensable, puis la visite de l’exposition et la rencontre avec Frédéric pour une dédicace… Que du bonheur, quoi !

Il est à signaler que Frédéric Pillot voit plusieurs ouvrages sortir dans cette même période dont La Sorcière Crabibi dont je reviendrai certainement vous parler rapidement….

L’exposition retracera une grande partie de la carrière de Frédéric Pillot, occasion de le découvrir pour ceux qui ne connaissent pas ou pas assez !

Direction Quai des bulles en compagnie de Gulliver…

Toujours dans ma préparation des interviews que je vais réaliser lors du prochain festival Quai des bulles à Saint-Malo, escale ce matin en compagnie d’un romancier que j’aime beaucoup, Jonathan Swift. Malheureusement, trop souvent, quand on parle des voyages de Gulliver, on se limite aux escales à Lilliput et Brobdingnag (et je rappelle qu’il s’agit là du pays des tout petits, puis de la terre des très grands). Mais les voyages de Gulliver ne s’arrêtent pas là et les auteurs de cette adaptation (Bertrand Galic pour le scénario et Paul Echegoyen pour le dessin) nous proposent la troisième partie du roman de Swift, celle qui va mener de Laputa au Japon avant de rentrer à Londres et à la maison…

Dès le départ, on comprend que Gulliver ne voyage pas pour le simple plaisir de quitter sa femme et ses enfants. Seulement, voilà,  pour vivre il faut un peu d’argent et une nouvelle expédition va lui apporter les revenus nécessaires et, d’autre part, il est si curieux de ce qu’il y a dans le monde qu’il a bien du mal à s’empêcher de ne pas partir fureter ici ou là à la moindre opportunité… Mary et les enfants l’attendront !

Le roman de Jonathan Swift était considéré à sa sortie en 1726 (il a été terminé en 1721 par l’auteur mais l’éditeur a demandé plusieurs coupes pour la première édition) comme un roman satirique, comme une critique de la société anglaise… Aujourd’hui, beaucoup de critiques n’ont plus beaucoup de sens et Bertrand Galic a su garder ce qui était pertinent pour que l’ouvrage garde des critiques politiques valables aujourd’hui et des éléments philosophiques rappelant le siècle des lumières et l’humanisme du XVIII° siècle !

Alors, oui, on parlera d’art, de démocratie, de vie éternelle, de travail, de répartition des richesses… Les choix sont excellents et l’ensemble est si cohérent que l’on finit par oublier que le texte initial a déjà trois siècles !!!

Dès le premier regard sur la couverture on sent que l’illustration dans l’ouvrage va être un plus indiscutable. La narration graphique est efficace, alerte, poétique et pousse à l’introspection et à la rêverie solitaire (pour imiter Rousseau autre auteur du même siècle). Bien sûr, le dessinateur, Paul Echegoyen excelle quand le vaisseau doit aborder la tempête ou quand il s’agit de décrire les « folies » de l’académie de Lagado. Là, chaque dessin pourrait se retrouver dans mon salon accroché aux murs sans que j’en souffre le moins du monde… Attention, je n’ai pas demandé à mon épouse ce qu’elle en pensait…

De plus, quand vous aurez terminé ce voyage exceptionnel, vous aurez, qui sait, l’envie de vous plonger ou replonger dans « Les voyages de Gulliver », péripéties dont on ne revient pas indemne, c’est une certitude, mais beaucoup plus grand !

J’aime beaucoup, dans la bande dessinée et dans le roman d’origine, les passages sur la réflexion à propos de l’éternité… et c’est vrai que l’éternité c’est quand même assez long, surtout si on a perdu toutes ses dents…

Vous comprenez donc que je sois indiscutablement impatient de rencontrer les auteurs à Saint-Malo pour une édition du Kiosque à BD que vous pourrez suivre prochainement sur RCF en Bourgogne !

Samedi après-midi à Angoulême avec Shelton…

L’après-midi de ce samedi au festival international de la bande dessinée d’Angoulême ne se déroule pas tout à fait comme prévu mais finalement l’essentiel sera fait sans trop de difficultés…

J’aurais, bien sûr, apprécié que pour l’entretien avec Zelba, il y ait un maximum d’étudiants mais avec le malaise et le passage à la case urgences, avec trois interviews décalées dans la journée, nous nous sommes surtout tous concentrés sur les interviews… Une seule ne sera finalement pas honorée, une performance compte tenu de la situation…

Je fus donc seul pour rencontrer Zelba et parler de son dernier album, Dans le même bateau. Oui, peu le savaient mais Zelba, de son véritable nom Wiebke Petersen, a été une championne de haut niveau, en aviron… Je vous passe tous les détails mais si vous lisez ce dernier album, justement, vous saurez tout sur l’aviron et son titre de championne du monde junior… et pas que ! En effet, elle parle aussi des garçons, de la réunification de l’Allemagne, des garçons, du dopage, des garçons… Que voulez-vous, il fallait bien que jeunesse se passe !

Pendant ce temps-là, Tom réalise seul l’interview de Sylvain Ferret, le dessinateur de l’histoire Les Métamorphoses 1858, un très beau triptyque. J’aurais aimé être avec lui d’autant plus qu’il a eu du mal à bien comprendre la fin du troisième album… C’est ainsi, il a fait de son mieux et je ne peux que le féliciter car ce n’était pas si simple !

Aussitôt ces deux mises en bouche terminées, Il nous faut travailler sur trois rencontres simultanées : Aurélie Neyret, Arthur de Pins et Sobral. Personnellement, c’est avec Sobral que je me retrouve. Il faut dire que depuis la création de la série Les légendaires, en 2003, nous nous sommes rencontrés de très nombreuses fois, je suis son travail et j’admire sa constance, sa persévérance, sa réussite aussi. A la sortie du premier tome, peu croyaient en lui et maintenant, il est devenu un auteur dont les tirages en font rêver plus d’un…

Par la suite, je rencontre Alessandro Pignocchi pour son troisième volume du Petit traité d’écologie sauvage mais je dois avouer que je n’ai pas senti un bon tempo entre nous… Pourtant, j’ai bien aimé son travail mais je ne suis peut-être pas assez radical dans ma vision du monde, dans mes idées politiques… Pas assez zadiste en quelque sorte… Pourtant…

C’est avec beaucoup de plaisir que je rencontre ensuite Nicolas Otéro, un auteur que j’aime beaucoup. Nous parlons ensemble de trois ouvrages, la série Le réseau Papillon, 24 heures de la vie d’une femme et On est chez nous… Donc, on parle bande dessinée pour la jeunesse, adaptation d’une grande œuvre classique et engagement politique… Pas mal en une seule rencontre !

Après, l’équipe se reforme un peu, les urgences sont quittées, et le rendez-vous avec Patrick Prugne est tout simplement abandonné… On se rattrapera une prochaine fois car son album Vanikoro est de très grande qualité… D’ailleurs, tout est tellement chamboulé que j’oublie mon ordinateur en salle de presse et que quelqu’un doit courir me le récupérer… Décidément, une sacrée journée !

On finit en rafale et dans la tension car successivement, on va rencontrer Zidrou et Gobi (Ducobu), Fabien Toulmé (L’odyssée d’Hakim), Philippe Buchet (Sillage)… Pour moi, aucun problème, je suis avec Philippe Buchet et je parle d’une série que j’aime beaucoup… La série est née en 1998 mais je pense l’avoir lue et suivie qu’à partir du tome 4… C’était en 2001… Aujourd’hui, nous en sommes au tome 20 !

Enfin, pour clore la journée, j’ai rendez-vous avec deux amis de longue date, Maryse et Jean-François Charles. Nous ne nous sommes pas vus depuis quatre ans si j’ai bien compté mais j’ai le sentiment de reprendre la discussion là où on l’avait laissée… Il parait que c’est cela l’amitié !

Le samedi matin, Shelton était encore à Angoulême…

Ce samedi de festival va certainement être la journée la plus chargée en rendez-vous mais aussi en émotions car ce sera le jour où nous aurons un second malaise d’une d’entre nous avec un passage à l’hôpital d’Angoulême ce qui ne sera pas sans perturber quelque peu l’organisation de la journée sans compter trois changements d’horaire, un oubli d’ordinateur dans la salle presse… Bref, une journée qui aurait pu basculer dans le très pénible et qui va, finalement, rester une belle journée avec de très nombreuses rencontres bien sympathiques… Restons donc sur cet aspect positif…

Tout va donc commencer par la seconde rencontre avec Marc Jailloux mais cette fois-ci pour parler d’Alix, le célèbre personnage créé par Jacques Martin en 1948 ! Marc Jailloux se souvient d’avoir eu un choc émotionnel en lisant l’album Le dernier Spartiate (1967) mais si mes souvenirs sont bons c’est album suivant, Le tombeau étrusque (1968) qui a été mon premier Alix. Dans les années qui ont suivi, je me suis mis à compléter ma collection, à lire toute la série, à attendre les nouveautés avec une certaine fidélité. Par contre, je n’ai jamais rencontré Jacques Martin alors que je vais interviewer plusieurs fois de nombreux auteurs qui ont travaillé avec lui comme Jean Pleyers, Gilles Chaillet, André Juillard, ainsi que ceux qui ont travaillé sur les prolongements de la série comme Rafael Morales, Christophe Simon, François Corteggiani… Voilà, avec cette rencontre avec Marc Jailloux je ne boucle pas le dossier mais je continue de suivre Alix dans ces aventures même si cette série reste une des séries que je n’aurai pas réussi à transmettre ni à mes enfants ni à mes étudiants…

La rencontre se déroule très bien et place sur orbite cette grande journée… Dès que j’ai terminé, je regagne la salle de presse où je dois recevoir Fanny Vella, jeune autrice dont j’ai déjà parlé… Dans sa bande dessinée, Le seuil, elle raconte la fin d’une relation toxique, c’est-à-dire le moment où une femme va pouvoir redevenir elle-même, libre… C’est tiré/inspiré de sa propre vie et elle parle de tout cela avec simplicité, humanisme et émotion… Une très belle rencontre qui restera gravée dans la tête et le cœur de tous ceux qui sont là autour de la table durant l’interview…

Je vais rester en salle de presse pour recevoir Stéphane Tamaillon et Priscilla Horviller pour leur album La baronne du jazz, un ouvrage qui retrace l’existence fantasque d’une femme surprenante, la baronne Pannonica… Cette femme qui aurait pu être simplement une baronne soucieuse de son rang, de sa société, qui a eu six enfants… va devenir une sorte de muse du jazz new-yorkais et c’est absolument fascinant… Je ne connaissais pas son existence mais cette bande dessinée doit être lue par tous les amateurs de jazz et tous les curieux de ces grands destins humains… Les auteurs sont adorables et c’est une très belle rencontre…

Pendant ce temps-là, Tom est parti vers le stand Casterman où il va avoir l’occasion de rencontrer et interviewer Luc Jacamon, dessinateur de la série Le tueur, une série qui après une pause redémarre… Un nouveau cycle où le Tueur devient une sorte d’agent très spécial des services français d’espionnage… Tout un programme pour Tom qui est devenu en quelques semaines de lecture un adepte de la série… C’était une grosse attente du festival pour lui et il repart avec une magnifique dédicace qui le comble de toute évidence…

Pour moi, la matinée se termine avec un petit pincement au cœur. Je rencontre Pica, le dessinateur de la série Profs. J’ai connu Pierre Tranchand il y a très longtemps car je l’ai fait venir à Chalon-sur-Saône en 2000 pour des interventions dans des classes avec lesquelles on avait travaillé sur la série Croco et Fastefoude… Depuis, bien sûr, il y a eu le succès énorme de profs et plus tristement, il y a eu son AVC qui le laisse très affaibli. Il a laissé le dessin de Profs à Simon Léturgie depuis le tome 18… mais cette rencontre à Angoulême permet d’évoquer les vingt ans d’une série atypique dont le succès en a surpris plus d’un… Aucun éditeur ne voulait de la série à sa création !

Et c’est bien durant cette matinée que l’une d’entre nous « visitera » les urgences de l’hôpital d’Angoulême… Heureusement, tout se finira bien, comme dans les BD !

Un vendredi à Angoulême en compagnie de Shelton…

Angoulême est un grand rassemblement d’auteurs, d’éditeurs, de journalistes, de collectionneurs… et il arrive que l’on prenne le temps d’une rencontre amicale hors des cadres professionnels du festival. Vendredi matin, tout commence donc par une petite rencontre chaleureuse et paisible avec Jean-David Morvan… Bien sûr, on parle d’Irena cette série de cinq albums qui vient de se terminer et que j’apprécie beaucoup mais c’est surtout une discussion paisible et très amicale…

Pendant ce temps-là, les étudiants se sont partagé le travail. Deux grosses rencontres vont occuper leur matinée : Bastien Vivès puis Boulet et Aseyn. Ce sera l’occasion pour Alice de se « rattraper » de sa frustration de la veille, elle est à fond et tout se passe bien. En deux jours de festival, ils auront rencontré trois de leurs vedettes : Mourier, Boulet et Vivès… On pourrait presque rentrer à Chalon…

De mon côté, je rencontre Amandine, la dessinatrice de la série Mistinguette. On est dans une série légère, pour collégien et je trouve qu’elle est très bien faite. Le dernier album paru traite de l’échange de correspondants étrangers et je trouve cela très pertinent. On y retrouve presque l’aventure d’un de nos enfants…

Après, je reçois Xavier Bétaucourt, un scénariste que j’ai beaucoup lu mais que je n’avais jamais rencontré. Ce sera donc fait et nous parlons de La pyramide Ponzi, Simone Veil, la force d’une femme et Ils ont tué Léo Franck. Trois bandes dessinées réalisées avec trois dessinateurs différents. Etienne Oburie est le jeune dessinateur que l’on a interviewé le mercredi après-midi, Nathalie Ferlut est présente et Olivier Perret, le dernier est absent mais je le connais bien. Du coup, on a un peu l’impression d’être à une réunion d’amis autour de trois projets tous bien sympathiques et de qualité !

L’après-midi commence par une rencontre forte et de qualité autour d’une bande dessinée que je considère d’exception. En effet, Frédéric Bihel est le dessinateur de l’album Malaurie, l’appel de Thulé, un épisode de la vie de Jean Malaurie, entre exploration, aventure et mission scientifique… A titre personnel j’ai été touché par l’histoire, bouleversé par l’aventure humaine et séduit par la narration graphique que je trouve parfaitement adaptée ! La rencontre, elle, est très agréable et j’espère qu’elle donnera envie de lire cet album atypique et de qualité…

La rencontre suivante a lieu dans les locaux du « magasin éphémère » des éditions Bamboo. Je suis face à Jean-Yves Le Naour que je rencontre pour cette collection historique, Les compagnons de la Libération. Il s’agit des 1038 personnes que le général De Gaulle a mises à l’honneur pour leurs actions durant la Seconde Guerre mondiale, certaines d’ailleurs à titre posthume. Bien sûr, la collection BD ne comportera pas 1038 albums, mais cela permettra de rendre hommage, de donner de la lisibilité, de perpétuer le souvenir de ceux qui ont contribué à la Libération de la France…

Pendant ce temps-là, deux étudiants sont en train d’interviewer Q-Ha, un dessinateur sud-coréen qui vient pour la première fois en France. Heureusement, il est accompagné d’une interprète ce qui rend beaucoup plus facile le dialogue… C’est aussi l’occasion de parler d’une culture que l’on connait peu et ils en profitent sans retenue !

La journée se poursuit de façon originale pour les étudiants qui suivent les auteurs qui vont manifester pour défendre leur statut, leurs conditions de vie… Ce sera une belle expérience d’autant plus qu’un auteur, Stéphane Gess, les accompagne et répond à leurs questions…

Pendant ce temps-là, Alice rencontre Emile Bravo et j’interviewe Alessandro Barbucci, une bien belle façon de terminer la journée… Enfin, on va quand même se faire une petite soirée pizzas maison, rien de tel pour garder le moral !

Shelton raconte son jeudi après-midi à Angoulême…

Cette première journée d’Angoulême 2020 sera finalement, malgré les difficultés du matin, une grosse journée de travail. Les étudiants vont se retrouver très vite, seuls avec leur micro, devant des auteurs qu’ils rencontrent pour la première fois… Une petite pensée émue et sympathique pour Sarah qui, en plus, a perdu sa voix dans la nuit, ce qui n’est pas très pratique pour faire de la radio…

Les auteurs se succèdent : David B, Emmanuel Michalak, Nicolas Kéramidas, Julien Maffre, Pierre-Denis Goux, Timothé Le Boucher, Claude Guth, Jean-Louis Mourier… Mais je ne suis pas en reste car dès que je les sens bien embarqués, je vais réaliser mes interviews aussi avec Marc Jailloux, Alain Dodier, Philippe Aymond, Van Liemt, Hub et Jérôme Lereculey… J’apprécie de me garder les auteurs que j’aime lire et rencontrer… Ce sont mes petits plaisirs du festival, on n’est pas obligé de tout partager avec ses étudiants… En plus, cela tombe bien, ils n’ont pas toujours les mêmes goûts que moi…

Marc Jailloux est rencontré une première fois pour ne parler que de son album sur Saint-Pierre dans la collection Un pape dans l’Histoire, une coproduction Glénat/Cerf, sur un scénario de Perna. Les dessins sont magnifiques, ils sont exposés à la cathédrale Saint-Pierre durant le festival et l’entretien est très sympathique. On rencontrera une seconde fois Marc Jailloux pour parler spécifiquement de ses dessins sur la série Alix…

Alain Dodier et Philippe Aymond sont au programme sur le stand Dupuis, mais c’est de façon un peu de façon fortuite que je vais pouvoir discuter avec les deux. On aborde l’actualité, chacun à son tour car ils ne travaillent pas ensemble : Jérôme K Jérôme Bloche pour Alain Dodier qui fidèle à lui-même est toujours économe de ses mots, Lady S et Bruno Brazil avec Philippe Aymond. Ce sont deux auteurs que je lis depuis longtemps, que j’apprécie beaucoup et que je suis content d’avoir rencontrés… Dès l’enregistrement terminé, je les laisse partir en dédicace où leurs lecteurs les attendent avec impatience…

C’est la première fois que je rencontre Simon Van Liemt, le dessinateur de la reprise de Ric Hochet. C’est déjà le quatrième tome de cette reprise et on peut dire que d’un point de vue strictement policier l’album est bien réussi et très bien dessiné. Le seul point c’est le titre et la couverture qui ne donne pas le ton réel de cette histoire… Passons, ce qui est par contre pertinent c’est de montrer qu’en France à la fin des années soixante, l’homophobie n’est pas si pointée du doigt, que les militaires se sentent assez intouchables, que le patriotisme est aux limites de l’esprit mafieux et, enfin, qu’il était possible de moderniser l’image de Ric Hochet sans le révolutionner… A suivre…

Je ne devais pas interviewer Hub ce jour-là mais comme il était là disponible, je l’ai fait et ce fut, comme à chaque fois avec cet auteur que j’apprécie, un beau moment à deviser autour du premier album de la série Le serpent et la lance… Il faut aussi signaler avec un véritable étonnement la taille de ce premier tome sorte d’équivalent de 5 albums BD et il semblerait que le nombre de tomes à venir donne froid dans le dos… et tous de cette taille !!! Hub se lance dans un projet pharaonique même si l’histoire se déroule en Amérique au pays des Aztèques !

Enfin, pour clore les interviews de la journée, la rencontre avec Jérôme Lereculey nous pousse les 5 terres, un univers animalier très proche de la grande tragédie grecque… A écouter Jérôme et en le prenant au premier degré, on pourrait presque croire que dessiner cette série c’est comme prendre des vacances au bord de l’Océan… Mais faut-il le croire ?

On termine la journée, toute l’équipe réunie, au temple protestant pour le vernissage de l’exposition consacrée à la BD Kiwu de Jean-Claude Van Hamme et Christophe Simon. Ce dernier est là pour parler de son travail mais nous ne resterons pas trop longtemps car une personne de notre groupe fait un petit malaise…

Enfin, de retour le soir au gîte, beaucoup de plaisir à partager ces rencontres, ces échanges, ces tensions aussi, et il nous faut déjà préparer le vendredi qui promet d’être encore très fort…

Jeudi matin à Angoulême, Shelton nous en parle…

Emotion du premier jour de festival, surtout pour les trois étudiants qui découvrent cet évènement et qui réalisent aussi leur premier reportage… Il faut avouer qu’ils commencent très fort avec une rencontre avec Davy Mourier dont certains donneront, n’en doutons pas, leur version des faits… Pour eux, tous sans exception, c’est l’un des temps forts du festival car Davy Mourier est une vedette, une personne qu’ils suivent régulièrement, qu’ils ont lue, écoutée, regardée… C’est le grand touche-à-tout de la vidéo au jeu de société… Ils voulaient tous l’interviewer…

Mais quand nous arrivons à Angoulême, tout est bloqué, il y a des CRS partout, on a l’impression d’une ville touchée par une catastrophe, un attentat, un accident… On réalise immédiatement que l’on va être très en retard…

En fait, c’est juste une visite impromptue du président de la République. Cet évènement dans l’évènement va quelque peu perturber notre journée avec les manifestations que cela va provoquer contre la loi sur les retraites ou avec une quantité non négligeable de Gilets jaunes, avec ceux qui vont tenter de bloquer l’Hôtel de ville… mais nous allons tenter de nous en sortir…

Immédiatement, comme je connais bien Angoulême, on s’écarte de centre névralgique, on pose le gros du groupe et qui va rejoindre à pied le lieu des interviews et on cherche à se garer ailleurs ce qui finira par se faire pas si mal car dans une zone gratuite…

Au bilan, presque tous les étudiants arrivent deux minutes avant Davy Mourier, lui aussi retardé. La rencontre se passe bien avec deux petits bémols. Alice est frustrée car elle ne sentait pas très à l’aise et n’a pas pu poser les questions qu’elle voulait poser à Davy. Elle s’en veut et il faudra qu’elle se rattrape dans une autre rencontre tandis que Tom, l’un des chauffeurs, arrive trop tard pour cette rencontre… Heureusement pour lui, il rencontrera plus tard Davy et pourra lui poser sa question et même faire un selfie, vous savez ce truc incroyable que tout le monde veut faire quand il rencontre un people… N’y voyez aucune moquerie particulière pour ces us et coutumes que je respecte…

Tom va avoir immédiatement l’occasion de se mettre en action car à peine il arrive en salle de presse de Delcourt qu’on lui dit de se mettre dans le salon du directeur pour interviewer en anglais dans le texte un certain Charlie Adlard… Pas d’échauffement et le voilà transformé en journaliste international !

Quant à Emmanuel Macron, nous ne le croiserons pas et je ne suis pas certain d’ailleurs qu’il ait voulu rencontrer des festivaliers, des journalistes et même des auteurs… Il est dans son monde, il est bien venu à Angoulême et les auteurs restent mécontents et ils vont avoir plusieurs occasions de s’exprimer…