Instances 2015 : Mon élue noire par Paulin, étudiant

Un spectacle étonnant et captivant, avec comme final une ouverture de l’esprit sur le monde de la danse contemporaine.

Plus que de la danse, plus que du spectacle, pour moi ce fut une rencontre entre l’histoire, l’humanité et le spectateur que j’étais.

Champ, contre-champ, fondu, confondu, colon esclave, oppresseur et oppressé, Germaine Acogny, avec sagesse, grâce, beauté et détermination, exprime à pas chorégraphique et pictural, ce parcours de l’humain.

Comme un rite en cercle, le j’ai vu danser dans un cube étroit et si haut que seul ne peut s’échapper la fumée, comme une invocation, avec toute sa symbolique sur notre esprit aujourd’hui.

Je l’ai vu danser, la souffrance, l’espérance, l’espoir de voir un jour, l’issue pour l’humain de se sortir de l’exploitation de son prochain.

Intrigue, suspens, bien amplifié par la grandiose musique du sacre du printemps d’Igor Stravinsky, et du jeu de lumière d’Emmanuel Gary ; je me suis laissé emporter, volontiers par cette création, trans histoire citoyenne, du chorégraphe Olivier Dubois assisté de Cyril Accorsi, sous la direction de Robert Peraira avec les costumes, bien à propos, de Chrystel Zingiro.

Avec Germaine Acogny, chorégraphe elle-même, Mon élu noire prend une interprétation singulière, maîtrise d’une septuagénaire noire ayant rencontré, connu et travaillé avec tant de talents entre autre, Maurice Béjart, Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire, dont elle cite un morceau du discours sur le colonialisme, et arrivant « au moment où les choses doivent se faire » pour le faire. Tant d’expérience et de savoir-faire, transmis et à transmettre, ici et maintenant.

Comme assis au pied d’une montagne qui t’évoque la grandeur et le respect de la nature, tu vois dans  l’immensité de la tâche, que la solution arrive de l’éducation.

L’âme de notre nation et la culture doivent s’unir pour l’évolution de notre génération !

J’étais dans un grand théâtre de New York ! Mais ça se passait au conservatoire du Grand Chalon !

Respect !

Le voyage fut total !

C’est à voir, ou à devoir !

Tempête sur Bangui par Zita, étudiante…

Le pape François se déplace en Afrique, fait escale en République Centrafricaine, et, du coup, nous trouvons judicieux de vous présenter l’article de Zita, étudiante en licence professionnelle TAIS/IUT de Chalon-sur-Saône, sur une bande dessinée, Tempête sur Bangui et sur un auteur, Didier Kassaï, qu’elle a pu rencontrer à Saint-Malo, il y a maintenant un mois… La bande dessinée est difficilement accessible en Afrique, d’une manière générale beaucoup de gens n’ont pas le pouvoir d’achat nécessaire pour acheter des albums. Cependant il y a des bibliothèques où certains ont la possibilité d’en emprunter ou de les acheter. Il y a également des revues imprimées localement, dessinées par des dessinateurs locaux, il y a des auteurs/dessinateurs qui essaient de se débrouiller sur place mais il n’y a pas de maison d’édition spécialisée en bande dessinés. Du coup ces auteurs/dessinateurs survivent très peu et la plupart du temps ils sont dans l’obligation d’abandonner pour faire autre chose, la priorité première est de se nourrir et de nourrir sa famille, de vivre tant bien que mal, dans un conflit qu’ils n’ont pas choisi.Didier Kassai publiait déjà des chroniques quotidiennes sur ce qu’il se passait en Centrafrique et après une longue période de petites publications il s’est mis à écrire Tempête à Bangui.

Quand il le peut, il vient en France dans des salons de livres à la rencontre des auteurs et des éditeurs. C’est grâce à cela qu’il est entré en contact avec La Boîte à Bulles et qu’il a pu envoyer son projet par courriel.

Tempête sur Bangui est une bande dessinée saisissante où nous suivons en temps réel l’avancée de son auteur, pris malgré lui dans les conflits militaires et politiques de son pays. En 2013 en Centrafrique se déroule l’un des plus grands conflits meurtriers entre des groupes de rebelles et le pouvoir mis en place. C’est un conflit à caractère religieux mais ses intérêts sont économiques : la région, comme de nombreuses régions d’Afrique, est riche en pétrole et en minéraux, ce qui suscite la convoitise de certains, au détriment des autres. Les armes sont omniprésentes, les rebelles sont sans pitié, abrutis et excessifs (meurtres, fusillades, viols, pillages, corruptions…).Comme l’écrit lui-même Didier Kassai  «Foutues guerres… motivées au départ par une multitude de revendications absurdes ou légitimes, pour au bout du compte, toujours le même résultat : le bordel ». Car c’est un véritable chaos que traversent quotidiennement l’auteur et sa famille, un chaos qui engendre une confusion générale chez les habitants centrafricains ainsi qu’une insécurité constante. C’est un cycle infernal où les civils sont les premières victimes et où les auteurs/dessinateurs tels que Didier Kassai tentent de clarifier la situation sur quelque chose qui les dépasse complètement et pour cela prennent un risque énorme alors que pourtant ils sont les derniers à prendre parti.

« Viser délibérément des civils dans le cadre d’un conflit est une violation flagrante du droit international relatif aux droits humains et au droit international humanitaire »

Amnesty International soutient l’édition. L’organisation humanitaire collabore avec des artistes autour de cas problématiques, il s’agit d’un soutien moral, financier et véridique car les sources et documentations d’Amnesty (qui travaillent également sur place) sont accessibles aux auteurs, ainsi leurs travaux sont appuyés par plus d’informations, crédibles et vérifiables aux yeux de tous.

Prendre conscience du problème est aujourd’hui très important pour une résolution durable du conflit et en soutenant des artistes tel que Didier Kassai, Amnesty International renforce le message que l’auteur nous livre à travers son œuvre.

En Centrafrique le 23 Avril 2015 une étape importante dans la résolution des conflits a été franchie: l’instauration d’une Cour pénale spéciale mixte, chargée d’enquêter et de poursuivre les responsables de crimes contre l’humanité depuis 2003 dans la région. Il s’agit de d’abord repérer les principaux criminels, de les arrêter et de les juger et ensuite prioritairement de désarmer au maximum les différents groupes armés en Centrafrique. Ces deux étapes passées, la justice pourra prendre place et les victimes pourront se reconstruire.

« Raconter une histoire de guerre cela pose toujours un problème » me dit Didier Kassai.

A chaque fois qu’il publie quelque chose qui touche un camp ou un autre, il y a toujours des  réactions, pourtant lui inclut tous les traitements et point de vue qu’a eu le conflit. Il précise qu’il y a des journalistes qui publient des articles sur la crise centrafricaine mais qui ne vont pas jusque-là où il va, qui n’ont pas les mêmes informations étant donné que lui habite et vit à Bangui.

La bande dessinée s’appuie sur des faits réels, avec des interventions multiples: radios, presse, politiciens et avec des indices temporels (dates, heures) et géographiques (lieux). Il se voit dans l’obligation d’informer et ce à travers ces œuvres et publications. Informer les Occidentaux mais informer également les habitants centrafricains, parfois isolés (non pas par choix), parfois manipulés, et ainsi leur permettre de comprendre ce qu’il s’est passé ici ou là.

Le goût du dessin, Didier Kassai l’a d’abord transmis à ses enfants, l’idée du dessin comme échappatoire jusqu’à dans les moments les plus critiques. Lors de l’arrivée des rebelles à Bangui, les écoles fermaient, les enfants et leurs familles voulaient fuir mais c’était impossible alors ils restaient enfermés à la maison et inconsciemment, comme le font les enfants pour jouer et pour passer le temps, imitaient les soldats. Pour les rassurer et les calmer, et pour ne pas les laisser dehors ou dedans à regarder, à entendre la guerre, Didier Kassai les fait dessiner et leur apprend à utiliser le dessin et l’humour comme des armes contre la violence. L’humour et la simplicité face à des situations qui elles sont loin d’être drôles et  simples.

Avec le temps c’est une action et activité plus large que l’auteur aimerait mettre en place pour éduquer les enfants à la pratique de l’art et du dessin comme acte de résistance.

En attendant…il prépare le second tome de Tempête à Bangui, qu’il vient tout juste de commencer!

Mille mercis à la maison d’éditions La Boîte à Bulles qui a permis cette rencontre !!!

Instances 2015 : Softer Swells par Justine et Clémentine (étudiantes)

Un chant. Qui s’élève seul dans les airs, rayonne, emplit la salle, s’impose. Une histoire de forces : l’intensité de la voix et l’intensité de l’émotion qu’elle véhicule.

Puis il insuffle le mouvement.

Dans une lumière chaude, vagues après vagues. Les bras s’élèvent, se déploient. Le dos s’arque boute puis se redresse tour à tour. Les pieds pointent, tirent, glissent, tournent. Le silence se fait. Clairs reflets des mouvements sur la baie vitrée sombre. Arcs de de bas en haut. Puis de haut en bas. Ondulation des bras, des jambes. Place à la musique du corps. Aux craquements de ses articulations, aux frottements du tissu, à l’essoufflement de l’effort.

Dans un dernier corps à corps au sol, Aoife chantera encore, parlant d’amour, de rencontre. Le tout dans la plus grande simplicité…et intimité aussi. Vingt minutes à partager avec elle, sans costumes, ni décors, ni musique. Juste elle et nous.Aoife McAtamney, une voix qui nous amène l’Irlande et rappelle Sinéad O’Connor. Des mouvements qui dévoilent un corps qui ose. Une féminité simple et sans complexe.

t le spectacle se finit, en un claquement de doigt. 

Et Clémentine qui a eu la chance d’écouter la chorégraphe/interprète vendredi soir lors de cette conférence dans la rotonde ajoute que c’est une femme qui a grandi en dehors de l’Irlande et qui est revenue dans son pays. Il y eut alors un véritable choc entre la culture irlandaise et ce qu’elle était devenue. C’est ce qui lui a inspiré ces mouvements, cette danse, ce qu’elle a eu envie de faire partager à ce peuple, cette communauté et tout le public qu’elle rencontre…Elle a voulu nous amener en Irlande avec des chants traditionnels sans se laisser enfermer dans la tradition. Elle a donc revu les chants à sa manière en y introduisant des paroles de rap qui évoquent la libération de la femme entre autre.

Nous trouvons cette artiste pétillante et pleine de vie, elle donne envie de s’intéresser à cet art, la danse contemporaine.

Instances 2015 : Mon élue noire par Bastien (étudiant)

Mon élue noire, où comment une œuvre de danse contemporaine oppresse le public dans un espace de 1.5m².

C’est ainsi que je pourrais décrire une pièce d’une force extraordinaire, perforatrice, où la violence de l’histoire du colonialisme est racontée dans une forme de poésie oppressante. Une œuvre forte, le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky, à la fois puissante, et dérangeante même dans les moments de calme… Mêlé à cela Germaine Acogny, 70 ans, un charisme et une expression captivante, un jeu de lumière  parfaitement travaillé, et cette scène, cette minuscule scène de 1m50², entourée de filets, où la danseuse est enfermée et n’en sortira pas… Une combinaison forte en émotions qui nous tient du début à la fin dans un état à la limite de l’angoisse.

Il n’y a guère de pause, de moment paisible, si ce n’est que le début, où la danseuse fume tranquillement sa pipe, dans le noir, ou seule la lueur du briquet laisse apparaitre une silhouette, qui, dans une fine lumière, devient une personne, marchant, sur place, d’un pas puissant, déterminé. De la nous savons que ce que nous allons voir sera fort, et cette force, même dans les moments où la musique devient plus calme, ne lâche jamais le public. Quand ce n’est pas la force de la musique, c’est la force de la performance de la danseuse, qui, dans un regard noir, un rire glaçant, transperce la pièce sombre, qui cause l’angoisse. « Par son mépris de l’indigène, l’homme se transforme en bête. » Cette violence est oppressante et omniprésente tout le long des 40 minutes de l’œuvre. L’utilisation de peinture blanche, qu’on peut comprendre dans son utilisation comme du sang, de fumée épaisse qui font disparaitre Germaine, ne laissant réapparaitre qu’une silhouette qui à l’air lointaine, hors du temps, de l’espace, comme un fantôme…  Toutes ces images sont fortes, intenses, et du début à la fin maintiennent une tension forte, jusqu’à l’échéance finale où l’image la plus forte marque la fin de cette magnifique œuvre d’Olivier Dubois. Le public, très touché par cette pièce forte en émotions, a applaudi très longuement cette artiste et cette création, qui bouscule la discipline de la danse contemporaine.

Nous avons eu la chance d’échanger quelques mots au téléphone avec Madame Germaine Acogny. Elle nous a confié, quand nous lui avons demandé d’où lui venait cette force pour transmettre une telle émotion : « Quand c’est le moment ça devient facile, les choses se font quand elles doivent se faire. »On lui avait déjà proposé d’interpréter l’Elue, lorsqu’elle avait 35 ans, avec Maurice Béjart, mais cela ne s’est jamais fait. C’est finalement à 70 ans qu’elle est devenue l’Elue noire.

Interpréter l’Elue noire était un défi pour Germaine Acogny car elle a une très forte personnalité, tout comme Olivier Dubois, auteur et metteur en scène. Beaucoup de gens ont pensé que ces deux là ne pourraient pas travailler ensemble, mais non, ça a été un élan de créativité, avec beaucoup de respect entre les deux. G.A nous aussi confié que cette pièce est difficile, car la force de cette musique de Stravinsky, il faut apprendre à danser avec. C’est un travail long et difficile, il faut la comprendre, rentrer dedans, et se sentir soi même avec, pour finir par la dompter. Au fur et à mesure les représentations ont été de plus en plus fortes. Le thème de l’esclavage et de la colonisation  représente beaucoup pour Germaine Acogny, et elle ajoute qu’il est concordant avec cette musique de Stravinsky, qui en soi est un rituel. Germaine Acogny s’inspire des ancêtres, de  Béjart,  d’Aimé Césaire, de ses grands-mères qui étaient vaudouistes et qu’elle  appelle lors du rituel qu’est la pièce. C’est ce qui lui donne cette force, on retrouve d’ailleurs cette spiritualité vaudoue lorsqu’elle dessine des visages en peinture blanche sur les murs.

Germaine Acogny est une personne très simple, mais aussi très forte. Quand on l’écoute, quand on la voit danser, on peut songer qu’elle est une montagne qui se dresse devant nous de part son expérience, sa sagesse, sa simplicité…

Festival Instances, ressenti d’un spectateur…

La danse contemporaine ? C’est incompréhensible, c’est élitiste, ce n’est pas pour moi, c’est ridicule, c’est soporifique, c’est toujours la même chose… Oui, j’ai entendu cela plus d’une fois et ma liste ne dit pas par tout pour rester culturellement correct et éviter quelques grossièretés que, vous aussi, vous avez entendu, ici ou là, dès que l’on aborde la danse contemporaine !

Pourtant, j’ai entendu aussi – et je ne dois pas être le seul – que certains ballets contemporains faisaient du beau travail, que Béjart au moins ça tenait la route, que tout le monde n’exagérait pas et heureusement, qu’à Chalon dans la rue certains spectacles de danses contemporaine étaient de qualité… Bref, un peu comme s’il y avait danse contemporaine et danse contemporaine…

Hier soir, après deux spectacles de qualité, un de mes étudiants me disait que globalement c’était plutôt sympa mais qu’il avait l’impression de n’avoir rien compris. Je cherchais à savoir si pour lui le plus important était de comprendre ou d’avoir ressenti quelque chose de positif… Question déstabilisante car effectivement le ressenti était bien positif mais il voulait comprendre… Comprendre !

Je dois vous avouer que de très nombreuses œuvres d’art m’ont touché, voire dans certaines situations bouleversé, sans pour autant que je puisse affirmer avoir tout compris. J’ai même en tête des tableaux de Picasso, Dali, Soulage ou autre Chagall que je ne me lasse pas de contempler, qui enrichisse ma vie, me permettent d’affronter certaines situations sans que je puisse vous donner des éléments de compréhension rationnelle… Mais, c’est bien cela l’art – et la danse contemporaine en fait partie –, certains sont touchés, d’autres non, et cela ne s’explique pas vraiment.

J’ai été trois fois à des spectacles du festival Instances 2015. J’ai vu Guerrieri Amorosi, Fulcrum et Bastard Amber. Trois sentiments différents pour trois beaux spectacles. J’étais avec mon épouse et nous n’avons pas vu la même chose ni ressenti les mêmes émotions… Grandeur de l’art qui nous pose différents, tout simplement…Hier soir, les échanges à la sortie de Bastard Amber sont venus aussi me confirmer que l’art, la danse, les spectacles, les festivals, sont des créateurs de liens, des sources de mise au clair des valeurs qui nous portent. Au moment où notre nation, notre civilisation, notre société, ont besoin de se rassurer, de se consolider et de permettre de construire l’avenir, il est grand temps de pousser tous nos concitoyens à fréquenter encore plus les spectacles vivants, les musées, les livres…

Avant d’être en guerre contre quiconque, on est en guerre contre soi, contre nos visions étroites et renfermées, contre nos aprioris, contre nos bêtises… Les spectacles de cette semaine nous ont aidé à voir plus loin, aller vers l’autre, nous ont transformés et rendu plus humains… Merci !

Je reviendrai vous entretenir de certains spectacles, mes étudiants d’autres, mais je voulais déjà tirer les grands bénéfices de festival Instances qui s’est déroulé dans des conditions très particulières…

La culture contre la barbarie !!!     

Quand la Colombie est invitée à Chalon-sur-Saône par le Conservatoire… article d’Emilie, étudiante

Une plongée dans une partie méconnue et étrange de la planète, la forêt colombienne. Ce film fait résonner des questions cruciales comme la préservation de la diversité culturelle, la colonisation, les exploiteurs de caoutchouc ainsi que les coutumes et modes de vie de ces habitants de la forêt, le rapport à l’identité et le rapport à la nature.  Elle semble être le cadre idéal pour un périple spirituel.

Un film dont la réflexion porte sur la place de l’homme sur la planète et sa responsabilité quant à son avenir, notamment l’homme blanc, effrayant, destructeur dans l’apprentissage, cruel de recherche.

Conférence-débat autour du film

«L’étreinte du serpent», est l’un de ces films dont l’empreinte vous poursuit pendant les heures qui en suivent la projection. L’intrigue est frappante, terrifiante et réelle. POURQUOI?

Voir l’Amazonie en noir et blanc sans jamais apercevoir la couleur verte ! Un vrai défi et à la fois un choix du réalisateur. Cela peut nous paraître étrange au début mais la manière de filmer est sublime et fait ressortir les textures de la forêt, l’esthétique de la culture indienne. Cependant, le manque de couleurs peut nous embrouiller et nous perdre, peut-être est-ce prévu?Le film brode un voyage sensoriel et visuel prenant,  deux voyages, deux visions de la foret, au début du XXe siècle puis pendant la deuxième guerre mondiale, épousent ces paysages à couper le souffle, même en noir et blanc permettant au réalisateur de nous emporter encore plus loin dans l’hallucination, jusqu’à un final coloré magnifique. Dans un concert polyglotte rythmé par les bruits et sons de la jungle et ses rivières, le film est à la fois d’aventure et de philosophie, El abrazo de la serpiente évoque ces cultures amazoniennes disparues ou assimilées par les effets multiples de la colonisation aux connaissances dont on ne sait rien.Suivant la quête d’une plante à deux âges différents, le film suit Karamakate à deux périodes de sa vie, et les aventuriers qui l’accompagnent. Inspiré des carnets de voyage d’un ethnologue allemand, et d’un botaniste américain.

Ce fut également une rencontre émouvante, Jaime Andres Salazar, anthropologue, musicologue et professeur de musique du monde au Conservatoire du Grand Chalon, est venu à la rencontre du public après la projection, réaffirmant le message du film, à la fois humaniste et écologiste.

À l’heure d’aujourd’hui où la mondialisation continue d’uniformiser les peuples ou de les détruire, le film constitue un puissant écho poétique qui interroge les folies colonisatrices à savoir s’accaparer les territoires, les matières premières, imposer des croyances et des modes de vie).

Un film que je conseille (prix art cinéma à Cannes 2015), car décidément le cinéma colombien est en force depuis quelque temps.

Film fascinant qui donne à connaitre le méconnu et qui permet de vivre une expérience sensorielle et spirituelle de haut vol. Surprenant le spectateur à la fin de la séance quand celui-ci réalise que cet univers est, en fait, un monde, un monde qui est le nôtre. Terrifiant.

Le film, El abrazo de la serpiente, ne sortira que le 23 décembre prochain.

Découverte de Toumani et Sidiki Diabaté avec Zita, étudiante en TAIS à Chalon-sur-Saône…

Ils étaient venus nombreux, vendredi dernier, à l’Espace des Arts, pour assister à un grand moment musical ! Ils étaient là pour accepter l’invitation au voyage de Toumani et Sidiki Diabaté, originaires du Mali. Ce père et son fils étaient venus faire découvrir au public bourguignon un instrument traditionnel africain : la Kora, un instrument de 21 cordes qui ne se joue, pourtant, qu’à deux doigts !

Entre deux morceaux, Toumani et Sidiki Diabaté n’hésitaient pas à dialoguer et échanger avec le public. D’abord, pour nous expliquer que la Kora se transmet oralement, de père en fils. A ce titre, Sidiki est la 72ème génération de sa famille à poursuivre la pratique ancestrale de cet instrument ! Ce n’est pas rien !

Plus tard, il la fera découvrir à son fils, tel le gardien d’un savoir mythique. Son jeu est influencé par les musiques de son époque, le hip-hop, le rap. En effet, chaque génération apporte quelque chose à la précédente et la renforce.

Si la pratique de cet instrument se transmet principalement de génération en génération, Toumani ajoute, quand même, que tout le monde peut se lancer et que lui-même propose des stages d’apprentissages à Paris, autre forme de transmission musicale. Il a d’ailleurs offert au public une première leçon de Kora, en expliquant le rôle de chaque corde, de chaque doigt…

La musique se poursuit et s’entremêle au dialogue, le public en redemande, les deux musiciens se remettent à jouer…et c’est parti pour la poursuite d’un voyage musical et spirituel. Le répertoire joué est un ensemble de morceaux composés pour les rois et les dieux, aujourd’hui certaines compositions comme Lampedusa sont adressées, dédiées, aux milliers de personnes qui chaque jours sont obligés de partir de leurs pays, à cause de la guerre, à cause de la misère, en espérant de l’Europe un avenir meilleur, serein et paisible.

Lorsque le concert est fini, les deux virtuoses Diabaté saluent le public et s’en vont. Tout le monde se lève et applaudit pour faire revenir les artistes. Et pour notre plus grand plaisir ils reviennent et se remettent à nouveau à jouer…

Si la musique adoucit les mœurs, il en faudrait peut-être encore plus de nos jours… mais puisque les terroristes attaquent même au cœur des concerts aujourd’hui, il faut être fort pour résister à la peur… Merci à ces deux artistes de nous donner de tels moments de paix et de venir par leur art consolider notre espérance dans le futur…

Show must go on ! Non ?

Les attaques menées à Paris par ceux qui se considèrent comme les ennemis de la France ont concrétisé le fait que notre pays est en guerre. Il n’est pas question pour nous de porter un jugement sur ce qui est bien une réalité et qui relève de la responsabilité de nos dirigeants et de nos représentants parlementaires qui vont se retrouver en congrès à Versailles de lundi 16 novembre 2015.

Le but de ces actions est indiscutablement de semer la terreur et de nous paralyser. Doit-on dès lors baisser les bras et leur donner raison ? Je comprends le gouvernement qui a décrété l’Etat d’urgence, première étape dans une réaction publique, politique et nationale. J’entends bien qu’il peut y avoir d’autres mesures prises dans les jours qui viennent et je pense que les citoyens devront s’y tenir car c’est bien l’unité qui peut nous garantir de franchir cette situation tragique.

Par contre, je me refuse à ne plus rien faire, à me morfondre devant les chaines « info » en écoutant ces experts et ces journalistes qui tentent de meubler le temps comme si cela pouvait nous redonner confiance en l’avenir ! Je refuse de ne plus m’occuper de culture, de rencontres, d’actions humanitaires… Car c’est bien là que nous pouvons retrouver nos vraies valeurs et tenter de transmettre à ceux qui ne les partagent pas encore ces fondements républicains qui pourraient bien nous sauver demain…

Aussi, dès aujourd’hui, nous allons reprendre, moi-même et  les étudiants de TAIS, les différents comptes rendus sur les spectacles et les festivals auxquels nous avons participé et que nous avions prévu de couvrir, les bandes dessinées et livres que nous sommes en trains de découvrir et construire aussi une sélection de bonnes idées pour les fêtes de fin d’année…

Nous garderons toujours dans notre cœur une pensée forte, émue, solidaire, pour toutes les victimes de ces actes odieux, pour leurs familles. Frapper une nation de cette façon, lors d’une soirée douce d’un vendredi de novembre, à travers le sport, la culture et les sorties conviviales ne nous laissera jamais indifférents mais nous voulons dire et redire que cela ne nous empêchera pas de continuer à vivre !

Restons fiers de notre devise Liberté, Egalité et Fraternité, devise que je renforcerais bien du dernier pilier, Laïcité ! Cela ne nous rend pas invincibles mais nous donne les outils de la victoire dans l’unité, les motifs de persévérer dans notre action, l’envie de poursuivre nos interventions de transmissions culturelles…

Voilà pourquoi nous sommes prêts à revenir vous parler de danse, d’art, de gymnastique, de musique, de bande dessinée… restons humains, ouverts, fermes dans nos convictions et partageons tout ce qui peut nous faire grandir…