Imaginez un peu… Le 6 juin 1944, en Normandie, les Alliés échouent dans leur opération de débarquement et de libération de l’Europe. Oui, tout commence comme dans une bonne uchronie… Je rappelle pour ceux qui ne fréquentent pas encore ce jeu littéraire et historique qu’il s’agit d’imaginer que les choses ne se passent pas comme l’histoire nous le raconte, à un moment donné, puis de raconter l’histoire déformée à partir de là mais en respectant les personnes, les rapports de force, les ambitions des uns et des autres… Donc, dans le cas de cette série, le premier point est simple : et si les Alliés avaient échoué dans leur opération de débarquement en Normandie…
Seulement voilà, avec cette bande dessinée de Nolane et Maza, les choses sont beaucoup plus complexes. En effet, les Alliés ont perdu mais reste à savoir pourquoi ?
Tout d’abord, parce que les Allemands, les nazis, développent des nouvelles armes, des nouveaux avions. Attention, il ne s’agit pas d’une pure fiction mais bien d’un prolongement cohérent des études faites autour des V1 et V2. Cet aspect de la série permet au dessinateur Maza, un Serbe de Bosnie, de dessiner une multitude d’avions et engins volants différents… Mais s’il n’y avait que cela dans cette série BD, elle n’aurait probablement pas le même attrait !
Il y a, dans un deuxième temps, l’exploitation sans vergogne par le scénariste du fantasme des nazis : construire un Empire millénaire, mettre en place un surhomme, vaincre la mort pour dominer le monde… Et tout cela, va apparaitre dans la bande dessinée à travers l’étude par Himmler et les siens du phénomène des trompe-la-mort, ces hommes qui arrivent à survivre dans toutes les conditions ou presque… Pas rien en période de guerre ! Le major Walter Murnau est l’un de ceux-là, peut-être le plus extraordinaire…
Après cet aspect uchronique et scientifico-fantastique, arrive pour clore le panorama de Wunderfaffen, une touche mystico-religieuse-nordique… En effet, je ne vous ai pas encore tout raconté, en particulier sur la victoire des nazis sur les Alliés en Normandie… Figurez-vous que Thor s’en est mêlé ! Oui, je sais c’est difficile à croire car vous êtes persuadé que ce Dieu nordique n’existe même pas… et, pourtant, il participe abondamment à cette bataille… Mais qui est Thor ? Est-il réellement l’allié des nazis ? Peut-on le rencontrer ? Le mystère s’épaissit considérablement et Hitler s’impatiente !
Hitler dans cette série n’est pas du tout un personnage sympathique, la question des camps de concentration et de l’extermination des Juifs n’est pas du tout éclipsée et le dicteur est gravement atteint par un attentat qui le défigure et le prive d’un bras… je précise cela car il ne s’agit pas du tout d’une série pour réhabiliter en quoi que ce soit le nazisme et son fou de chef…
D’ailleurs, le lecteur, très rapidement, ne suit pas une histoire historique sur la Seconde Guerre mondiale, mais bien une fiction fantastique qui lui parle de l’humanité avec des femmes et des hommes qui tentent de survivre au drame d’une guerre, d’une dictature et de la folie de certains…
Je viens de relire cette série en entier, du moins les 10 volumes parus, et j’avoue que cela tient bien la route et que c’est très agréable à lire. Néanmoins, je dois préciser que les combats aériens sont assez nombreux et qu’ils pourront lasser certains lecteurs. Donc, une bonne série politique, fantastique, mystique, historique et militaire qui pourra très certainement en convaincre certains et qu’il ne faut pas mettre entre toutes les mains : il vaut mieux réserver cela à ceux qui connaissent l’histoire de la Seconde Guerre mondiale… Oui, désolé de le préciser, ce n’est pas le fruit d’un complot mondial ; les Alliés ont bien réussi à débarquer le 6 juin 1944 !
Après la ruée sur les nouveautés de la période d’Angoulême, j’aime bien reprendre des lectures plus intemporelles. Je relis des séries entières en prenant le temps de me replonger dans les anciens albums, ceux que l’on a un peu oubliés… cette fois-ci, je viens de relire avec beaucoup de plaisir la série sanctuaire de Xavier Dorison et Christophe Bec, trois albums de très grande classe parus au début des années 2000…
Il faut dire que le fait d’avoir rencontré Christophe Bec à Angoulême m’a donné envie de revenir à certaines bandes dessinées dont il était auteur ou dessinateur. Je l’avais interviewé à l’époque pour Carême et Sanctuaire et tout cela était très loin, trop loin, il fallait rafraichir ma mémoire…
Quelques années plus tard, un sous-marin russe plonge en Méditerranée, semble à la poursuite du même trésor… en tous cas, il s’agit bien de quelque chose qui lui ressemble… L’équipage a peur et finalement le sous-marin connaîtra une fin tragique car plus personne ne veut aller plus loin dans cet univers sombre…
Nouveau bond en avant dans l’histoire, nous voilà en 2029 et un sous-marin américain, l’USS Nebraska, part en Méditerranée dans le cadre d’une grosse opération contre la Syrie. A cette occasion, le bâtiment va tomber sur l’épave russe… A proximité, dans cette fosse sous-marine, il y a des ruines bizarres, des restes d’une autre civilisation, une sorte de sanctuaire… Les Américains vont explorer le sous-marin russe et ce sanctuaire…
En prenant le temps de relire tout cela, j’ai vu que nous avions oublié quelques rencontres… oui, certains auteurs ont pu même croire qu’on les avait méprisés, sous-estimés, voués aux gémonies… Il est donc temps de réparer tout cela car il ne s’agissait que de l’oubli bien involontaire des journalistes surbookés… Donc, que nos amis Aude Massot, Vincent Henry et autres Wandrille se rassurent : on n’oublie définitivement personne et chacun aura sa place à un moment !!!
D’abord parce que son livre, Chronique du 115, une histoire du Samu Social, est un très bon livre. C’est une enquête reportage en bédé sur le Samu social et c’est donc, disons-le clairement, salutaire ! Bien sûr, on a tous entendu parler du Samu social mais qui sait vraiment de quoi il s’agit ? Aude Massot qui a toujours aimé regarder les gens dans l’espace public a décidé d’en faire son sujet d’études, d’en faire une bande dessinée et elle l’a fait avec une méthodologie journalistique… recherches, documentation, entretiens, terrain…
La préface du livre est de Xavier Emmanuelli et c’est bien normal d’autant plus que le créateur du Samu social a été son premier contact, son premier témoin rencontré pour réaliser cette grande enquête.
Précisons, si besoin, le contexte, le concept, le principe : imaginez une salle de spectacle, équipée pour diffuser de l’image, du son et… de la bande dessinée. Une dizaine de dessinateurs se retrouvent sur scène accompagnés d’un groupe de musiciens. La salle se laisse envahir par la pénombre et un écran central s’illumine… et tous les acteurs, musiciens et dessinateurs entrent en scène !
Le concept se rapproche d’un clip musical, à cela près que le spectacle se développe sous nos yeux en live. On ne sait guère si c’est un concert ou une pièce de théâtre mais le spectacle est on ne peut plus ludique, vivant et c’est ce qui en fait la valeur !
Il m’arrive parfois de relire des séries entières, de me replonger dans des ambiances et des univers sans qu’il y ait pour cela de véritables raisons. Après ce festival d’Angoulême 2017, en rangeant mes bandes dessinées, je suis retombé dans la série Victor Sackville et en quelques heures j’ai tout relu et je me suis souvenu de quelques belles rencontres autour de ce personnage…
Victor Sackville est un personnage né de l’imagination de François Rivière, de Gabrielle Borile et de Francis Carin, ce dernier étant le dessinateur. Ce héros de la bande dessinée franco-belge est apparu en 1985 dans la revue Pourquoi pas ? et trois ans plus tard dans le journal de Tintin.
D’une façon générale, les scénarios fortement marqués par la patte de François Rivière sont très classiques, très bien construits et sont dignes des romans d’espionnage. Dans la phase de la guerre, les Allemands sont toujours très violents, rustres et agressifs tandis que les Anglais sont classes, cultivés, sympathiques… un personnage atypique viendra se glisser dans la série, Anton Palacky, un Tchèque, ancien boxeur, plus coureur de jupons qu’espion, plus impulsif que réfléchi. Ce dernier apportera une pointe humaine et d’humour pour éviter que la série ne soit trop intellectuelle…
Il y a de nombreuses années, je découvrais « L’Incal » De Bilal et était fasciné devant la richesse de son l’univers. Puis s’est déroulé quelques années ou mes mains n’avaient frôlé que peu de BD.
Et ce fut par le travail de Christophe Arleston que le déclic s’est opéré. Un brin de fantaisie et d’humour qui fait mouche *sic*. Vous le connaissez notamment pour avoir créé le monde de Troy avec Lanfeust, Trolls, mais également des Forêt d’opale, d’Ekho ou plus récemment de Sangre.
Dans le monde du journalisme, il parait que ce Monsieur est ce que l’on appelle un « bon client ». Il est généreux en interview et parle assez facilement de sa passion. Cela ne fut pourtant pas mince affaire pour nous, tant l’engouement était présent, mais il a su nous mettre à l’aise.
Nous avons rapidement pris plaisir à découvrir ce grand monsieur. Impressionnant par la taille, le talent et l’humour, ce n’est pas ce trait de caractère qui nous aura le plus surpris mais bien son discours altruiste et humble vis à vis de ses collaborations.
Car avant d’être un auteur prolifique et reconnu, c’est avant tout un homme simple et un scénariste qui aime partager et s’entourer de talents. C’est le cas par exemple de la pépinière de talents que représente le Lanfeust Magazine, ou il a passé le plus clair de son temps à travailler et ou la chance est donnée aux jeunes talents de s’exprimer.
Il nous a également raconté ses plus belles rencontres dans le milieu. Ce fut le cas avec Jean-Louis Mourier (dessinateur de Trolls de Troy) avec qui il deviendra par la suite un de ses grands amis et contributeur, mais aussi de Tarquin ou Barbucci.
Les Légendaires: une BD qui fait rêver la jeunesse depuis maintenant 13 ans. Derrière ce titre se cache Patrick Sobral, auteur et illustrateur qui nous a fait l’honneur de nous accorder une interview.


Angoulême est une formidable occasion pour les étudiants de la licence TAIS de Chalon d’appréhender le travail de journaliste dans des conditions réelles. Rencontrer des auteurs, participer aux conférences de presse… Des expériences assez inédites pour nombre d’entre nous, avec une vraie valeur humaine et professionnelle.
Angoulême: que dire à part merci.
Comment aborder cette édition du Festival d’Angoulême 2017 sans saluer le groupe qui y a participé ? Plus qu’un voyage d’étude, ce fut un vrai travail professionnel et une grande expérience de vie. Un coup de cœur où durant une semaine on apprend à se découvrir, se redécouvrir, et plus encore, à vivre ensemble !