Direction Quai des bulles en compagnie de Nicolas Wild…

Né en 1977, Nicolas Wild est un ancien élève du célèbre atelier d’illustration des Arts Déco de Strasbourg. Ce fils de pasteur, alsacien d’origine, avait été l’initiateur et le coscénariste du Vœu de Marc, avec Boulet et Lucie Albon : un album tout public tendre et déjanté où se ressentait déjà son humour grinçant mais sans méchanceté. Cet humour avait déjà fait précédemment mouche dans une série de strips publiée aux Oiseaux de passage : Le Bourreau.

Avec Kaboul Disco, Nicolas a marqué les esprits de quelques milliers de lecteurs et de la presse. Et l’aventure se prolongera avec un second volume puis Kaboul Requiem. Cette série confirmait les qualités indiscutables de Nicolas comme narrateur BD, son sens de l’humour et même de l’autodérision car il s’agissait ici d’une histoire largement fondée sur le vécu…

Mais c’est avec l’album « Ainsi se tut Zarathoustra » que j’ai commencé à lire Nicolas Wild puis que j’ai pu l’interviewer. Il nous raconte un assassinat, il nous parle d’une religion que nous ne connaissons pas, le culte Zoroastre, de l’Iran… Il fait cela avec talent et en choisissant de créer un personnage de fiction pour mieux raconter la vérité… Son livre a été primé par France Info en 2014, comme bande dessinée de reportage et d’actualité…

Avec son dernier ouvrage, il va continuer dans le reportage ou le témoignage. On est venu le chercher et on lui a proposé de faire une bande dessinée sur « La maison des femmes » de Saint Denis… Encore une fois, on n’est pas dans la fiction mais bien dans un quotidien vécu par des femmes, un vécu parfois, malheureusement, beaucoup plus violent que nos petites fictions de la télé… Ici, cette maison des femmes est un véritable refuge pour des femmes en grande détresse…

La finesse de Nicolas est d’abord d’avoir su se faire accepter et adopter par le personnel de la Maison, par celles qui la fréquentent… Puis, dans un deuxième temps, d’avoir trouvé le moyen de nous raconter ces destins sans vouloir jouer les donneurs de leçons, sans nous faire pleurer à toutes les pages car cela aurait été insoutenable et je ne me réjouirai de le rencontrer à Saint-Malo… Non, il raconte en subtilité, en frère humain, en compagnon de route… Le ton est parfait !

Les vedettes se sont ces femmes qui en supportent plus que nous ne pourrions le faire ou même imaginer que cela puisse exister… Pourtant, c’est bien en France et parfois pas si loin de chez nous…

Un livre puissant, un livre témoignage, un livre à lire et faire lire et c’est bien pour cela que je voulais rencontrer durant ce festival Quai des bulles Nicolas Wild, pour vous le faire entendre aussi dans le Kiosque à BD sur RCF en Bourgogne…

Direction Quai des bulles en compagnie de Denis Falque…

Denis Falque est né le 12 juin 1969 à Lyon où il réside toujours. Son arrivée dans le monde de la BD est la concrétisation d’un vieux rêve d’adolescent, inspiré par Hergé, Franquin, Cabanes, ou encore Loisel. Malgré cette passion, il opte dans un premier temps pour une carrière d’illustrateur, et entre en 1987 à l’école Emile Cohl, pour trois ans. Son diplôme en poche, il travaille dans une agence de publicité pendant deux ans, où il réalise des illustrations, notamment pour le magazine Astrapi.

Son retour à la BD se fait à l’occasion d’un travail de coloriste, quand il rencontre le scénariste Corbeyran. Après avoir découvert ses découpages, il décide de se lancer dans la réalisation d’une BD. Ils proposent donc au Festival d’Angoulême 1993, Graindazur, une série jeunesse qui sera publiée chez Dargaud. C’est à cette occasion que j’ai réalisé ma première interview de Denis Falque.

J’ai aussi suivi son travail dans ces années là comme par exemple la couleur sur le Cadet des Soupetard, le dessin de la série Jane… Puis, il y eut « Le triangle secret » !

A partir de 2000, il participe avec Didier Convard à la série du Triangle secret chez Glénat, une série/saga où plusieurs dessinateurs s’unissent en fonction des périodes de l’histoire. Denis Falque sera le référent pour la période contemporaine…

Il me semble très complexe de résumer simplement cette série et, plus largement, cet univers… Pourtant, si vous ne connaissez pas, il faut bien que j’en dise un peu quand même… On peut dire que l’on est dans l’histoire secrète, c’est-à-dire celle que l’on n’enseigne pas à l’école. On peut dire aussi, même si c’est assez réducteur, que tout au long de l’histoire de notre ère, il y a un long combat entre la Franc-maçonnerie (ou plus exactement, une loge) et l’Eglise catholique (et là aussi il faudrait préciser une partie de cette église…). Il y a derrière cet affrontement la recherche du tombeau du Christ avec cette grande interrogation : si le Christ est dans son tombeau, comment croire encore à la Résurrection ? Après, d’album en album, de série en série, on constate que tout cela est toujours plus complexe et on plonge dans une grande épopée d’espionnage, de mysticisme, de duperie, de trahison et de pouvoir… Passionnant !

Le dernier album de cet univers est « Famille de sang », premier album du cycle « Rectificando », entièrement dessiné par Denis Falque… Honneur donc de rencontrer Denis à Saint-Malo lors de ce 40ème Quai des bulles !

Direction Quai des bulles en compagnie de Jean-Louis Mourier…

Il y a quelques années, enfin comme le temps passe vite je devrais dire il y a plus de deux décennies, j’ai découvert la série Lanfeust de Troy grâce à un de mes fils qui voulait pour Noël le dernier album sorti… Si mes souvenirs sont bons, ce devait être le tome 4 et donc nous étions en 1996. Très vite je dévorais ces quatre premiers volumes et je restais fidèle à la série. Je reconnais d’ailleurs que le premier cycle de cette série, c’est-à-dire les huit premiers volumes scénarisés par Christophe Arleston et dessinés par Didier Tarquin, est tout simplement exceptionnel, drôle, très bien écrit et avec un dessin narratif détonnant !

Mais, le plus important n’est pas là… En fait, à ce moment là, je découvrais un personnage atypique, le Troll Hébus. Comme tous les trolls de cette série, Hébus aime boire et bien manger. Il ne se lave pas beaucoup et il est accompagné par un lot de mouches… Attention ! Il est par ailleurs très dangereux pour les humains, comme tous les trolls, mais comme il est enchanté par Nicomède, tout va bien pour Lanfeust et ses amis… Mais je ne pouvais pas imaginer alors qu’en 1997 Christophe Arleston se lancerait dans une série parallèle, Trolls de Troy, cette fois-ci dessinée par Jean-Louis Mourier. Mais ce qui est encore plus fort c’est que cette série continue régulièrement, malgré les ennuis de santé du dessinateur, et que le tome 25 est sorti en avril dernier… Enfin, et ce n’est pas rien, ce dernier volume paru, On ne badine pas avec les mouches, est de très bonne facture !

Alors, bien sûr, il faut comparer ce qui est comparable et ici, nous dans une série pour rire, avec des gags (et pas toujours dans la grande élégance !). Christophe Arleston, comme tous ceux qui tentent de distraire les autres, provoque le rire en pointant dans notre univers, dans notre société, dans nos traditions, ce qui mériterait d’être corrigé, amélioré, changé, révolutionné… Et Jean-Louis Mourier tente de mettre tout cela en dessin en enrichissant parfois le tout par sa patte graphique !

Il faut le dire, ici rien n’est bien sérieux mais cela fait du bien de rire de nos jours… Ou alors, parfois, tout est sérieux et il vaut mieux en rire ! La série Trolls de Troy sert peut-être à cela, nous faire regarder le monde sous un autre angle, avec le sourire et le sérieux en nous… Et si c’est bien le cas, ce que je pense, alors il faudrait tout simplement en rembourser l’achat par la sécurité sociale… Après tout, ne faut-il pas rire tous les jours pour conserver un bon potentiel humain et de bonne santé ? Donc, moi, je choisis de lire et relire Trolls de Troy et je ne m’en porte pas si mal… Donc, à vous de choisir !

Pendant ce festival Quai des bulles 2021, j’espère que ma rencontre avec Jean-Louis sera comme un petit havre de paix et de sérénité. On tentera même de ne pas trop rire pour que vous puissiez profiter de cette interview dans le Kiosque à BD sur RCF en Bourgogne !

Direction Quai des bulles en compagnie de Cy…

Parfois, on se rend compte que l’on vieillit, que l’on est un homme de plus de soixante-cinq ans… Rassurez-vous, je ne déprime pas mais je réalise tout simplement que j’ai demandé (et cela va bien se faire) d’interviewer Cy, une autrice de bandes dessinées… Vous allez me dire que jusque là rien de bien grave… Mais si j’ai bien lu la dernière bande dessinée de Cy, Radium girls, en fait, j’ignorais qui elle était… et voilà que l’on m’affirme que Cy une chroniqueuse vedette de Madmoizelle.com, le site des jeunes filles de 12 à 30 ans avec ses 4,5 millions de visiteurs mensuels et ses 230 000 fans sur Facebook. On me dit que ses chroniques attirent hebdomadairement entre 100 000 et 230 000 visiteurs ! Bon, désolé, Cy, je ne savais rien de tout cela, je ne connaissais même pas le site et avec mes quelques milliers de lecteurs et auditeurs réguliers, je peux adopter un profil beaucoup plus modeste…

En fait, cela ne me pose aucun problème si ce n’est que j’espère que Cy me pardonnera de ne pas savoir qui elle était… Par contre, j’ai lu sa bande dessinée et je suis bien là pour vous en parler car j’ai beaucoup aimé !

Premier choc en ouvrant son livre, le choc graphique ! En effet, elle n’a utilisé que huit crayons de couleurs pour réaliser son histoire et ça marche du feu de dieu ! Certes, pour les décors, il n’y a que l’essentiel (ce en quoi elle suit le grand maitre Hergé qui disait qu’en bande dessinée, il ne fallait mettre, dans le dessin comme dans le texte, que ce qui avait un sens pour le lecteur, ce qui lui permettait de comprendre l’histoire !). Pour les personnages, c’est beaucoup plus fort, tout est fait pour obtenir des visages expressifs, transmettre des émotions aux lecteurs, accompagner l’histoire, le drame, les évènements… Quel beau résultat !

Pour les costumes, sans faire dans la dentelle et le détail d’expert, tout est fait pour que nous soyons bien dans le vingtième siècle entre les années 20 et 40…

Bon, comme je suppose que comme moi, vous n’aviez jamais entendu parler de ces Radium girls, je vais essayer de vous donner juste quelques petits éléments…

Edna, une très jeune femme, rejoint Grace, Katherine, Mollie, Albina et les autres dans un atelier spécial… Il s’agit de peindre à la main (parfois même en s’aidant des lèvres) des montres et pour que l’on puisse lire l’heure en pleine nuit, les séparations sont tracées avec de la peinture au radium…

Alors, on peut comprendre que ce drame peut être lu de différentes façons, Cy nous laissant bien libre de choisir notre interprétation… Il y a la version féministe car il s’agissait de femmes, somme toute assez mal payées et qui sont toutes mortes de façon prématurée par empoisonnement au radium. Il y a le drame ouvrier car c’est bien une classe ouvrière qui paye les pots cassés pour permettre aux acheteurs de ces montres de lire l’heure la nuit, un luxe bien inutile au premier abord. Moi, je vous l’avoue, je vais encore au-delà et j’y vois une histoire de l’humanité avec ses victimes, avec ses souffrances alors même que le radium pouvait dans certaines circonstances apporter du bien à l’humanité… Enfin, les plus combattifs vis-à-vis du capitalisme verront avec haine (bien légitime d’ailleurs) le comportement inadmissible des hommes de loi quand il faudra indemniser les ouvrières encore vivantes… Cy évoque tous ces sujets montrant ici le drame humain vécu par ces Radium girls…

Je n’ai plus qu’à espérer que Cy me pardonne de ne pas l’avoir connue avant mais je suis très heureux de l’interviewer durant ce Quai des bulles 2021 !

Direction Quai ds bulles en compagnie de Thierry Martin…

Thierry Martin est un auteur français de bandes dessinées qui est né au Liban en 1966. Il quitte ce pays en 1975 en pleine guerre civile. C’est plutôt en France qui a réellement découvert par la lecture, les grands auteurs de BD qui vont le marquer durablement : Franquin, Will Eisner, Moebius, Alfred Hitchcock, Terry Gilliam et Hayao Miyazaki. Il se décide alors à se lancer dans des études graphiques…Ce sera donc Art Graphique aux Beaux Arts de Perpignan puis Ecole Nationale des Beaux Arts de Nancy, avant d’aller faire un stage d’animation aux Gobelins de Paris !

Devenu auteur de BD à part entière, il enchaine les productions, les participations, les créations et il sera à Saint-Malo, dans le cadre du festival Quai des bulles pour deux nouveautés, Dernier souffle et Mickey et les mille Pat.

« Mickey et les mille Pat est un de ces albums que les éditions Glénat éditent depuis quelques années en collaboration avec Walt Disney. A titre personnel, j’ai toujours préféré Donald et Picsou à Mickey. C’est probablement le fruit de mes lectures d’adolescent mais j’avoue que cet album ne m’a pas laissé insensible. Le scénario de Jean-Luc Cornette est bien construit et le fait de jouer avec un magicien, Clodomir, permet d’obtenir, presque de façon naturelle et simple, plus d’un millier de Pat le méchant… D’ailleurs, le fait d’être multiplié ne le rend pas beaucoup plus intelligent !

J’ai trouvé que Minnie gardait un aspect assez négatif, qu’elle ne dégageait pas une intelligence remarquable et que du coup cette relation particulière entre Mickey et Minnie me pose toujours question… Néanmoins cet album plaira aux inconditionnels de Mickey et il semble bien qu’ils soient très nombreux en France… surtout si je regarde mes enfants et petits-enfants…

Reste ce western étonnant « Dernier souffle » et là je dois vous dire que j’ai adoré ce graphisme noir et lourd, cette forêt sombre et froide, cette neige, ces grands arbres et cette violence qui se libère plusieurs fois…

C’est une histoire de traque, de vengeance, de solitude, de quête, de patience… et aussi de ce que vous voulez car l’avantage dans une histoire sans texte, encore plus que pour les autres, c’est que le lecteur lit ce qu’il veut !!! Et moi, je me suis régalé !!!

C’est pour cela que j’attends, avec impatience, ma rencontre à Saint-Malo avec Thierry Martin car nous seront pas dans le grand Ouest américain mais quand même dans l’Ouest de la France… Heureusement, ce n’est prévu ni de nuit, ni au cœur de la forêt de Brocéliande…

Je vous raconterai cela dans le Kiosque à BD sur RCF en Bourgogne très vite !

Direction Quai des bulles en compagnie de Tiphaine Rivière…

Après trois années de classes prépa, une maîtrise d’histoire, un DEA (bac +5) de cinéma, Tiphaine Rivière a débuté, comme Jeanne Dargan son héroïne de « Carnet de thèse », un doctorat de lettres. Sans trop savoir pourquoi. « La fin du DEA est un moment charnière dans une vie d’étudiant et la thèse peut souvent être une espèce de fuite quand on n’a pas d’idée pour sa future vie professionnelle ».

Tout cela ne l’a pas mené très loin mais lui a permis indiscutablement d’affermir son goût pour la bande dessinée… Elle va ouvrir un blog dessiné, « Le bureau 14 de la Sorbonne », elle sortira « Carnets de thèse », sorte d’autobiographie universitaire, et elle devient autrice de BD !

Son nouvel opus dans la collection Encrages de Delcourt, Le cœur qui bat, va nous parler du jeune couple au moment où la grossesse arrive… Attention, il ne s’agit pas d’un ouvrage technique pour aider les jeunes parents ! Non, ici on est dans un récit de la vie quotidienne du de Cléo et Cyril avec rien de très exceptionnel… Début de grossesse, vomissement, fausse couche, moral qui oscille, dialogue au sein du couple, dialogue avec les futurs grands-parents, avec l’obstétricien…

Premier élément pour vous convaincre de suivre cette grossesse, c’est bien raconté, bien dessiné, pleins d’émotions et d’humour. Oui, Tiphaine Rivière sait bien raconter et elle maitrise de mieux en mieux la narration graphique, enfin la sienne ! Ici rien de très classique et on est probablement entrain de voir un style s’affirmer !

Derrière l’histoire de ce jeune couple, histoire qui permettra à de très nombreuses personnes de s’identifier, car, après tout, on est dans un récit de l’humanité, il y a aussi comme un regard sociologique. Une grossesse arrive et de très nombreux regards sur ce couple changent, évoluent… Un peu comme si avant ils étaient là en dilettante et que, maintenant, ils devenaient des « grands » !

Tiphaine Rivière ne porte pas de jugement, elle observe, elle raconte et nous touche… Pour le reste chacun en tirera ses conclusions…

Je vais rencontrer Tiphaine Rivière pour la première fois à Saint-Malo, lors de ce 40ème festival Quai des bulles… Et donc vous pourrez très prochainement l’entendre dans le Kiosque à BD sur RCF en Bourgogne !

Direction Quai des bulles en compagnie de Yannick Corboz…

Yannick Corboz est né le 6 juin 1976 à Annecy. Diplômé de l’école Émile Cohl en 1999, il devient animateur et illustrateur dans le jeu vidéo (Infogrammes, Atari et Ubisoft). Il travaille actuellement en tant qu’illustrateur freelance à Annecy. Son premier album publié, Voies Off, lui permet de remporter le neuvième Prix Meilleur Premier Album des Lycéens Picards. Il publie ensuite, avec Wilfrid Lupano au scénario, les aventures de Célestin Gobe-la-lune, aux éditions Delcourt. Toujours avec Wilfrid Lupano, il dessine la série L’assassin qu’elle mérite chez Vents d’Ouest (série terminée en quatre tomes).

On retrouve Yannick Corboz au dessin de la série « La brigade Verhoeven ». Il s’agit selon moi d’une excellente série policière adaptée par Pascal Bertho des romans de Pierre Lemaître. Un commissaire petit et solitaire, renfermé et peu bavard… Une équipe spéciale pour ne pas dire qu’elle donne de l’extérieur un aspect de groupe de branquignoles ou de bras cassés : un riche super classe, un coureur/Don Juan, un « économe » hyper soigneux et méticuleux… Mais ça fonctionne bien et le lecteur en redemande… Une belle narration graphique, tonique et dynamique, qui sert une énigme policière solide bien traitée par Bertho…

Enfin, avec le premier volume de la série « Les rivières du passé », le dessinateur Yannick Corboz se lance dans un autre type d’histoire avec une sorte de passage pour rejoindre d’autres époques. Nous sommes donc à la fois dans une série d’inspiration policière, avec une belle touche fantastique et un fond qui devient parfois historique… La narration graphique privilégie l’émotion, le mouvement, la dynamique de la série dont le scénario est signé Stephen Desberg ce qui n’est pas rien… On attend la suite pour valider une qualité que l’on voit déjà poindre…

A Saint-Malo, durant le festival Quai des bulles, ce sera avec plaisir que je vais recevoir Yannick Corboz dans le Kiosque à BD de RCF en Bourgogne…

Direction Quai des bulles en compagnie de Julien Maffre…

J’ai rencontré pour la première fois Julien Maffre à Angoulême, lorsqu’il travaillait avec Isabelle Dethan sur « Le tombeau d’Alexandre ». Depuis, il parcourt son chemin et depuis 2018 il nous raconte avec Stéphane Piatzszek (scénario) une histoire parisienne qui se déroule sous le règne de Louis XIV. Il s’agit non pas d’un contre pouvoir mais plutôt d’un pouvoir parallèle à celui de Versailles qui toucherait essentiellement les bas-fonds parisiens…

Là, chez les gueux, il y a un roi dont la lignée remonte au Moyen-âge, Anacréon, grand Coësre, 84ème du nom… C’est un vieil homme, qui a une fille et un fils, qui règne sans partage et qui semble avoir le bras très long… Seulement, ce vieil homme va être confronté à deux problèmes majeurs : son fils qu’il voulait voir lui succéder décède et sa fille, en qui il n’avait aucune confiance, va devenir reine… Par ailleurs, à la cour de Versailles, on se verrait bien faire un grand ménage de cette racaille parisienne…

Au-delà de l’histoire elle-même, il faut reconnaitre que le gros travail de Julien Maffre (travail totalement réussi) est de faire revivre Paris secret, Paris mystérieux, Paris des gueux… et j’ai adoré !

Julien Maffre a réussi à créer une ambiance graphique, des personnages crédibles y compris dans le glauque et ces trois albums qui racontent cette histoire sont pour moi très bon. On arrive à prendre en pitié le roi Anacréon et même sa fille, c’est vous dire !

La rencontre à Angoulême sera aussi l’occasion de parler de l’ensemble de son travail, y compris ce fameux western réalisé avec son frère, Stern !

Direction Quai des bulles en compagnie de Benoît Vieillard…

Benoît Vieillard est un dessinateur, un bédéiste, que je n’ai jamais rencontré. Pourtant, le voici avec (au moins) deux ouvrages qui ont retenu mon attention : A l’ancienne, un polar, et Planet blues, des gags vécus par une certaine Selma…

Il se dit, en tout cas je l’ai entendu dire bien des fois, que Gargantua à sa naissance poussa un premier cri mémorable : A boire ! La légende, toujours elle, précise que Benoît Vieillard à sa naissance aurait dit : « Vite un crayon ! »… Mais on n’est pas obligé de croire la légende…

Il est passé par l’Ecole supérieure du design industriel de Paris, qu’il aurait travaillé chez Peugeot et que de fil en aiguille il se serait retrouvé dans une boîte de création d’outils pédagogiques. Mais ce n’est là qu’une étape et il va ensuite se plonger dans l’univers de la communication et finit par basculer joyeusement dans le monde de la BD…

Venons-en à ces deux dernières productions que j’aime. Il y a tout d’abord, A l’ancienne. Là, Benoît Vieillard est celui qui a l’idée : et si on racontait l’histoire à l’envers ? Et comme il trouve deux autres « fous » pour l’aider dans l’entreprise, Marty l’accompagne au scénario et Monier dessine l’album. Pour le lecteur c’est un peu déstabilisant au départ : on sait dès le départ comment se termine l’histoire, reste juste à savoir comment on en est arrivé là… Le tout donne un bon polar classique, avec une pointe d’humour indiscutable car les acteurs de l’histoire n’ont plus vingt ans…

Avec Planet blues, Benoît Vieillard part du principe que l’on ne sauvera notre bonne planète Terre qu’avec un peu de pédagogie. Avec des gags courts, souvent avec la petite Selma comme héroïne, il tente d’expliquer certains concepts de la façon la plus simple… Bon, pour le ramassage des poubelles de tri, ce n’est quand même pas encore gagné… Bon, il semblerait que le problème majeur soit l’adulte… Alors à vous de jouer !

Alors, je ne sais pas comment va se dérouler notre rencontre à Saint-Malo, mais j’avoue que je suis prêt à prendre une petite leçon pour le bien de la planète car j’ai des petits enfants qui se posent peut-être les mêmes questions que Selma… Allez savoir !

Direction Quai des bulles en compagnie de Serge Carrère…

Né en janvier 1958 à Toulouse, Serge Carrère entame des études d’Arts Plastiques à Aix-en-Provence puis se lance comme maquettiste publicitaire. Dans les années 80, il commence dans la bande dessinée avec des planches pour Tintin et quelques fanzines. Les Éditions Milan le découvrent en 83, il sort « Coline Maillard et Rémi Forget », bande dessinée plus adulte avec Alain Oriol. Il collabore, la même année, à Circus. En 88, il change de maisons d’éditions. Il reprend chez Vaillant, « Tristus et Rigolus » dans Pif, « Bonnie et Slide » dans Pif Parade et « SOS vétos » dans Spirou. En 92, il débute la série « Léo Loden » avec Arleston chez Soleil. C’est bien de cette dernière série que je vais me réoccuper car je la suis depuis longtemps…

D’ailleurs, comment la définir avec précision pour éclairer ceux qui ne la connaîtraient pas encore. C’est d’abord, une série policière. Léo Loden est un commissaire de police à Marseille mais accusé à tort d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il va se retrouver dehors c’est-à-dire qu’il deviendra « privé » pour continuer à mener ses enquêtes, à vivre en quelque sorte…

C’est aussi une série comique et l’oncle loufoque et farfelu est là surtout pour la touche comique (même si à l’occasion, il participe à la construction de l’enquête…).

Puis, cette série évoluera car Léo va s’installer en couple avec Marlène, qui elle travaille encore dans la police, puis, ils vont avoir des jumeaux, Louise et Ulysse… Il y aura donc quelques scènes cocasses pour récupérer les petit à la crèche, les garder le soir et j’en passe et des meilleures…

Durant longtemps, de la création au tome 15, le scénariste sera Christophe Arleston, puis du 16 au 25, les scénaristes travailleront à deux, Loïc Nicoloff devenant coscénariste, puis, enfin, ce dernier deviendra le seul scénariste et Arleston se retirant de l’aventure de Léo Lodden…

C’est le tome 28 qui vient de sortir, Carmina Burrata, une enquête policière dans le milieu artistique de l’opéra de Marseille. Certains ont osé avancer que Léo Loden était une sorte de Tintin marseillais mais je n’ai jamais été convaincu par cette comparaison. Je trouve qu’il s’agit plus d’un Soda ou d’une Rubine en beaucoup plus comique. Par contre, même quand on plonge dans l’absurde ou le comique le plus profond, les scénarios policiers restent bien ficelés et solides même si les enquêteurs, eux, ne sont pas toujours à la hauteur…

En fait, j’aime beaucoup cette série et j’y suis resté attaché. C’est pour cela que je suis content de retrouver à Saint-Malo Serge Carrère le dessinateur pour une interview pour les inconditionnels !