Exposition Hergé à Paris… Juste une petite annonce !

Il y a peu, hier 28 septembre pour être précis, a été inaugurée une grande exposition consacrée à Hergé, le créateur de Tintin, entre autres. Ce personnage mythique, connu de tous ou presque, a construit la gloire de Hergé, parfois même une gloire ambiguë puisque certains critiques et lecteurs ont reproché à l’auteur belge quelques-unes de ses idées politiques : racisme, sexisme, colonialisme…

Au-delà de ces regards parfois cinglants, je vous propose plutôt de revenir en arrière et de nous pencher sur cette grande série des aventures de Tintin, albums que vous connaissez certainement. Il y a quinze ans, lors d’une animation bande dessinée à Chalon, je faisais un petit sondage en collège : 9 enfants sur 10  connaissaient le personnage de Tintin, avaient lu au moins une bande dessinée de cette série et avaient regardé les dessins animés à la télévision… Sur cette tranche d’âge – collégiens – c’était le personnage ayant la plus grande notoriété, loin devant Lucky Luke, Astérix, Gaston et autre Pif !

Comme beaucoup, j’ai découvert Tintin très jeune et il n’était pas question de cerner les idées politiques de l’auteur. Je me souviens de Tintin au Congo parce qu’il y avait plein d’animaux, y compris un boa qui osait manger le brave Milou… L’île noire à cause de gros singe fascinant… D’ailleurs, pour ce dernier album, il me faudra attendre très tard pour réaliser que le thème était une affaire de fausse monnaie… Je préférais regarder la bêtise des Dupondt !

Alors vous pensez bien que lorsque j’ai entendu dire qu’Hergé était raciste, je suis tombé de haut. On m’a parlé de sexisme et il a fallu aussi attendre longtemps pour que je réalise que les femmes avaient peu de place dans les aventures de Tintin. Encore plus de temps pour comprendre ce que les lois de protection de la jeunesse avaient provoqué comme aseptisation des histoires… Enfin, plus tard encore, j’ai compris que ce Tintin sans âge et sans sexe était la clef de la réussite de Hergé : tous les lecteurs peuvent sans difficulté aucune s’incarner dans le personnage… Hergé était peut-être beaucoup plus fort que ce que certains de ses contemporains pouvaient bien penser !

On doit donc relire cette magnifique série comme un ensemble, certes témoin de son temps, mais aussi comme fruit de la créativité de son auteur, Hergé. Oui, il est teinté de racisme, un racisme ambiant – ce qui n’excuse rien – mais dont Hergé n’est pas le promoteur inconditionnel. Oui, il y a du sexisme, oui les femmes sont pas les premiers rôles de la série, oui la Castafiore n’est pas l’incarnation d’une féminité incroyable… et en plus Hergé détestait l’opéra…

Durant la Seconde guerre mondiale, Hergé n’a pas réussi à se positionner de façon claire et nette et pour certains il flirta avec l’occupant tandis que pour d’autres il alla jusqu’à s’intégrer dans une certaine collaboration… Ce qui est certain, c’est qu’il ne fut pas un résistant – pas de doute dans ce côté-là – ce qui n’en fait pas pour autant un traitre à la Nation… Il put garder sa liberté sans être inquiété à la Libération grâce à l’appui de certains de ses amis… Donc, il en avait, ce qui est déjà bon signe car de l’argent, par contre, il n’en avait pas du tout…Il y a des albums de natures différentes, certains très personnels comme Le Lotus bleu ou Tintin au Tibet, certains nous font courir le monde de l’URSS naissante à l’Amérique du Sud révolutionnaire tandis que certains nous immobilisent à Moulinsart…

D’ailleurs, puisque j’évoque Les bijoux de la Castafiore j’aimerais préciser que dans cet album le racisme d’Hergé est remplacé par une certaine empathie envers les Gens du voyage… Surprenant, non ?

C’est bien la preuve que cette œuvre est inclassable, hors du temps, lisible par tous… et c’est probablement pour cela qu’un très grand nombre de visiteurs vont aller, que dis-je, vont se précipiter au Grand Palais pour une exposition qui restera dans les mémoires… L’exposition va durer jusqu’au 15 janvier et elle ne se limitera pas au Hergé auteur de bande dessinée, on aura aussi le peintre, le grand amateur d’art contemporain, le publiciste, le collectionneur… Mais je reviendrai vous en parler très vite, laissez-moi juste le temps d’y aller… Non, mais !

En attendant, très bonne lecture et à très bientôt !!!