« A l’occasion du vingtième anniversaire de Toto l’ornithorynque, j’ai eu la chance de rencontrer son dessinateur : Yoann.
C’est en effet le grand retour de ce petit mammifère et de ses amis après plus de 10 ans d’absence… Ouf, il était temps ! Toujours accompagné de son ami et scénariste Éric Omong, tous deux nous proposent encore une fois une histoire et un univers dessiné en « couleur directe ». Cela veut dire qu’aucun procédé informatique n’intervient dans la réalisation des planches, Yoann peint directement avec de la peinture acrylique.
Très attaché à cette série, c’est avec brio qu’il relève une nouvelle fois ce défi. Un chouette cadeau d’anniversaire pour Toto me direz-vous ?
En parlant de cadeaux, vous ne serez pas en reste avec un « supplément » graphique de près de 30 dessins tous aussi beaux les uns que les autres, réalisés par des auteurs, des dessinateurs, des amis, mais avant tout, des amoureux de l’animal à l’appétit démentiel…
Cependant ne vous gavez pas trop vite, il est possible que Toto rentre en hibernation pour quelques années afin de laisser un peu de temps à Yoann pour changer de recette et composer un nouveau plat complet, de l’écriture au dessin. Affaire à suivre… »
Non mais vous rendez-vous compte, à quel point c’est grave ? Une telle vulgarité ? C’est absurde ! Et en plus sexiste ! Le présentateur nous a même invités à venir boire du vin (sûrement de piètre qualité) et manger quelques tranches de saucisson… Quel mélange de cultures, vraiment !
Le prix « couilles au cul », c’est tout simplement un geste pour reconnaître le travail risqué ou très osé, de personnes formidables. C’est le prix du courage, une reconnaissance qui peut apporter beaucoup à un artiste, autant sur le plan professionnel que moral. (Et en plus il repart avec une belle paire de couilles !)



Le Fauve 2018 du Prix du public a été attribué à Marion Montaigne lors de ce festival international de la bande dessinée d’Angoulême pour son album Dans la combi de Thomas Pesquet.
Nous avons eu la chance de la rencontrer lors de l’ouverture de son exposition Marion Montaigne ramène sa science, juste avant l’inauguration du festival…
Elle a fait visiter l’exposition aux journalistes puis elle a répondu à nos questions. L’interview sera diffusée la semaine prochaine sur RCF en Bourgogne, dans le Kiosque à BD…
Marion Montaigne est à la fois drôle et efficace dans ses bandes dessinées, savante et bien documentée dans ses propos et elle sait se mettre à la portée de tous, c’est une véritable passeuse et vulgarisatrice !!!
Merci pour cette belle rencontre et ces albums que l’on aime lire et relire ! Félicitation pour ce prix car le prix du public est certainement un des plus beaux à recevoir…
Mai 1968… Il y a cinquante ans… Il n’est pas question de faire là l’historique de cette période et d’épiloguer à l’infini pour savoir s’il s’agissait d’une révolution, d’une émeute, d’une occasion ratée, d’un mouvement étudiant ou d’un cri d’alarme lancé par une société à ses leaders…
Non, les mois à venir permettront de réfléchir à tout cela mais durant le festival international d’Angoulême 2018, les festivaliers, les professionnels et les citoyens de la ville ont pu s’immerger dans un graphisme, dans un visuel, dans un ton de cette époque avec des affiches réalisées par des auteurs actuels qui ont utilisé des codes de mai 68… Les affiches étaient installées sur des panneaux électoraux et cela fonctionnait parfaitement bien !
Les artistes invités à ce travail sont pour certains des grands noms de la bédé, comme Ayroles, Bourhis, Puchol, Rochier ou Willem…
Ce fut un plaisir de regarder leur travail et de repartir d’Angoulême avec ce beau fascicule – en fait c’est même un livre avec des dessins et planches tirés d’un numéro spécial de Pilote de 2008 – et surtout un grand bonheur de voir comment on pouvait réactualiser des messages en gardant les mêmes codes visuels…
Tezuka est considéré comme le roi du manga moderne, il a permis la transition du manga de théâtre au manga comportant une narration plus élaborée avec, entre autres, l’introduction du cadrage cinématographique et la diversité des scènes d’action.
Par la suite, il tente l’animation sur celluloïds et va même créer sa propre technique pour baisser les coûts de productions de ses propres adaptations notamment celle d’Astro Boy. Malheureusement, en 1965, il connait la faillite. Pour rebondir, il va vouloir élargir son public avec la création de nombreuses séries plus matures comme celle de Black Jack et son médecin très particulier, phénomène culte chez les Japonais.
Dans cette exposition de 2018 à Angoulême, aussi riche qu’intéressante, vous pourrez en apprendre plus sur le découpage, l’art de raconter une histoire et les spécificités de la narration graphique d’Osamu Tezuka et plus généralement du manga. Tout vous transportera – du moindre dessin à la planche originale – dans cet univers atypique et étonnant du grand maître. Vous aurez aussi droit à une présentation d’un large éventail d’œuvres qui jalonnent son parcours d’auteur et vous trouverez également quelques celluloïds qui ont permis la création de ses séries d’animation !
A l’origine, l’auteur avait dans l’idée de faire vivre à son personnage un acte héroïque au contact d’un volcan. Il se trouve que l’Islande a de bons antécédents en matière volcanique. Faisons un petit retour en arrière rapide pour être sûrs que tout le monde soit bien au courant. En 1783, un volcan a dévasté le pays laissant derrière lui plus de 115 cratères sur une distance de 22 kilomètres. Je vous laisse imaginer l’étendue des dégâts. Voilà donc un contexte spatial et historique idéal pour commencer un bon scénario.
Grimr… En voilà un drôle de nom. C’est en fait une onomatopée qui, selon l’auteur, « gronde comme les volcans ». Grimr aurait sans doute connu une tout autre destinée si son curieux créateur n’avait pas fait tout un travail de recherche minutieux sur ce pays. Après un voyage là bas et de nombreuses lectures, il découvre que les habitants vouent un véritable culte généalogique. En Islande, le nom est très important, les habitants dépendent entièrement de la réputation de leur famille. Afin de devenir un bon paria, Grimr est donc devenu orphelin.
Grimr incarne l’Islande, il ne forme qu’un avec elle, avec sa nature, ses roches. Il évolue au sein d’une population superstitieuse qui le rejettera quoi qu’il fasse. Son histoire c’est celle d’une quête d’identité, d’un homme qui cherche sa place dans le monde. Elle pose la question de qui agit vraiment dans ce monde, à partir de quel moment devient-on un héro, qu’est ce qui nous rend vivant…
Une dernière interview pour aujourd’hui, ce vendredi de festival, avec Benjamin Lacombe, l’illustrateur de Marie-Antoinette Carnet secret d’une reine, Alice aux pays des merveilles et plus récemment Carmen. Benjamin était très énergique (plus que nous à ce moment !).
Mais il ne s’arrête pas là. C’est un homme curieux qui, je pense, possède une culture très vaste. Chaque détail compte dans la forme, dans le fond et dans la matière. Carmen en est un parfait exemple : pour réaliser cet ouvrage, Benjamin Lacombe a voulu représenter une Carmen araignée qui attire les hommes dans ses filets. Pour la couverture, il souhaitait absolument que le livre soit brodé comme si une toile c’était tissée sur la couverture. De face, on voit Carmen mais si l’on penche un peu le livre, on voit parfaitement la toile.
Je trouve qu’il est très important de remettre au goût du jour les grands classiques car cette lecture parle de l’humanité. La revisite de ces classiques en compagnie de Benjamin Lacombe, c’est découvrir certains visages mythiques de l’humanité, tout simplement ! Avec ses illustrations, il dépoussière et donne un nouveau regard, une nouvelle incarnation à ces récits, nous donnant ainsi l’envie irrésistible de les découvrir, de les lire, de les vivre !
« Je suis un autre … Je suis …. Un autre ». J’étais entrain de réfléchir à comment est-ce que j’allais amener mon article aujourd’hui, l’introduire en trouvant un prétexte rigolo, un jeu de mot sympa… Puis j’ai changé d’avis. Premièrement parce que j’ai « super » mal au ventre et que quand je rigole ça me fais des crampes à l’estomac mais surtout parce que je veux vous parler d’une bande dessinée qui m’a profondément touchée…
Ce matin j’ai eu le plaisir de rencontrer, accompagnée de mon amie Charline, Laurent Gnoni, le dessinateur de « Je suis un autre », un roman graphique scénarisé par Rodolphe. Quand je me suis plongée dans la lecture de ce thriller psychologique il y a quelques jours je ne m’attendais pas à ce que cet album me secoue autant. On y découvre l’histoire de deux adolescents dans les années trente qui vivent près de la Méditerranée. Tout au long du livre on accompagne les personnages dans leurs doutes, leur joie, leur colère. Pour résumer, on vit avec leurs sentiments. Le livre ne dévoile pas tout, en particulier les zones d’ombres, et chacun se forgera sa propre opinion, sa propre interprétation de l’histoire. « Je suis un autre » est mon coup de cœur de cette nouvelle édition du festival d’Angoulême.
Les dessins de Laurent Gnoni ont sublimé la plume de Rodolphe. Coupé du temps et du monde, je pouvais entendre le bruit des mouettes et des vagues qui s’abattaient sur l’île où vivent ces deux jeunes garçons. L’artiste utilise cinq couleurs tout au plus pour créer cette ambiance si particulière qui nous fait basculer en un rien de temps d’un état à l’autre. Ses dessins et ses couleurs vont évoluer avec les tourments de nos héros. On arrive grâce au trait du dessinateur et du magnifique scénario de Rodolphe à aimer un personnage qui pourrait nous sembler antipathique ou dont les choix nous dépassent totalement.
Il y a un réel souhait de la part de Laurent Gnoni de se détacher de modèles réalistes, et, du coup, se dégage de l’ouvrage une véritable poésie qui colle parfaitement bien avec le scénario. On sent que l’auteur et le dessinateur ont créé cet album en symbiose.
Aujourd’hui, accompagnée de Charline, je rencontre Nicolas Demare pour parler avec lui de la série « Nains ». Pendant quelques dizaines de minutes, ce grand passionné de fantaisie et de jeux rôles nous a fait entrer dans son univers.
Nous avons longuement discuté du personnage de Tiss (tome 5). Pour créer cette naine il a fallu beaucoup de réflexion. Tout d’abord il fallait qu’elle soit à la fois féminine, naine, attentionnée et puissante, tant de contraintes qui demandent beaucoup de recherches. De plus cette jeune naine grandit, il faut donc faire évoluer son visage en fonction au fil du récit. S’ajoute à cela la notion de famille, car, en effet, dans ce récit, Tiss est entourée de son frère et de son père. Nicolas Demare a du et su créer certain traits physiques afin qu’on retrouve des airs de familles…
La série « Nains » m’a permis de découvrir l’univers de la fantaisie qui m’a beaucoup plus. Mais après cette rencontre, j’ai envie de lire sur le sujet afin d’en apprendre plus. Prise entre les Elfes, les Nains et autres Gobelins, il m’a fallu du temps pour revenir au monde réel à la fin de cette interview…