Direction Quai des bulles en compagnie de Richard Guérineau…

Il y a quelques années, j’ai découvert une superbe série, Le chant des Stryges, d’Eric Corbeyran et Richard Guérineau. Il s’agissait d’une sorte de grand feuilleton navigant entre polar, thriller, espionnage, fantastique et le tout avec réalisme, histoire, philosophie… Mais ces fameux « stryges » ne sont peut-être pas encore arrivés jusqu’à vous ? De quoi s’agit-il ? Peuvent-ils surgir dans votre salle à manger ?

Tout a commencé avec la lecture de ce vieux bouquin « Contact & Inducement »… Eric Corbeyran serait tombé dessus par hasard et la série serait née, comme ça… Enfin, il faut, parfois, croire aux légendes… En tous cas, cet ouvrage parle de ces êtres ailés qui jouent partout, dans toutes les religions, aux quatre coins du monde, un rôle prépondérant. On les appelle les « stryges » mais personne ne les connaît, ne les a vus… Il faut dire que lorsque la rencontre arrive, malencontreusement, la femme ou l’homme concerné termine dans un état terrible car personne ne peut revenir indemne d’un baiser de l’oubli…

Je sais qu’une telle présentation aura du mal à vous toucher car cela semble mystérieux, trop fantastique. Et pourtant… En tous cas, pour moi, ce fut aussi un grand nombre de rencontres avec Richard Guérineau le dessinateur de la série, souvent durant le festival d’Angoulême… Puis, un jour, la série se termina après 18 albums et on allait bien voir ce que le dessinateur ferait après autant de temps passé dans ce monde somme toute imaginaire…

Je ne vais certainement pas vous parler de tous ces albums, j’en ai retenu trois car je les trouve excellents. Il y a tout d’abord, Henriquet, l’homme reine. Il avait dans un premier temps adapté Charly 9 de Jean Teulé, la biographie de Charles IX, fils de Catherine de Médicis. A la fois critiques et lecteurs avaient apprécié mais probablement que les personnages l’avaient d’une certaine façon séduit, fasciné… Alors, seul, sans roman pour s’appuyer, il s’est lancé pour raconter Henri III qui n’avait rien à envier à Charles IX et cela a donné ce très bel album Henriquet. Avec ces deux livres, Guérineau faisait de l’histoire, du récit en costumes même s’il ne s’agit pas à proprement parler de véritables biographies, ce sont plus des portraits libres de rois fous…

Mais, il n’allait pas pouvoir raconter tous les rois de France ? Alors, il a complètement changé de registre et cela a donné le magnifique livre « Croke Park ». Là le dessinateur, avec un scénariste, Sylvain Gâche, se lance dans l’histoire et le sport. Le récit des massacres du dimanche 21 novembre 1920 (Bloody Sunday) est réalisé avec talent, précision et en lien avec deux rencontres sportives, un match de foot gaélique et un match de rugby plus contemporain… Superbe et passionnant surtout pour ceux qui n’avaient aucune idée précise sur ce Bloody Sunday que pourtant ils chantonnaient sur la musique de Bono avec U2…

Enfin, tout récemment, c’est un extraordinaire roman policier de R. J. Ellory qu’il met en image sur une adaptation de Fabrice Colin. Tout part d’Augusta en Géorgie, en 1939, quand le corps d’une fille est trouvé… Il y aura d’autres fillettes assassinées, toujours de façon inexplicable, violente… et Joseph semble toujours pas très loin… Est-il coupable ? Deviendra-t-il fou à cause de cette proximité ? Ou sera-t-il celui qui trouvera le coupable ? En fait, ce roman graphique, cette bande dessinée, est géniale par son ambiance plus que par la résolution de l’énigme. On est dans un roman noir à l’américaine où l’ambiance est capitale et non dans un Agatha Christie où on doit chercher le coupable… et le dessin de Richard Guérineau est juste magique pour planter le décor et nous immerger dans cette ambiance glauque qui colle à la peau (et pas qu’à celle des personnages !)…

Vous comprendrez bien que ce sera avec beaucoup de plaisir que je vais retrouver Richard avec mon petit micro… Deux ans sans salon de la BD ce fut beaucoup trop long !

 

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