La bande dessinée est née maintenant il y a plus d’un siècle – du moins dans sa version moderne si on fait abstraction de la grotte de Chauvet, des hiéroglyphes et de la tapisserie de Bayeux – et parfois on ne mesure pas le temps qui passe, qui passe même très vite… Quand les éditions Casterman proposent une « nouvelle » version de tintin au pays des Soviets, on oublie facilement que cette œuvre est créée en 1929… C’est-à-dire un an après la naissance de Mickey Mouse… d’ailleurs, ce personnage, que dis-je cet illustre personnage, a une activité brillante, lui aussi…
Les éditions Glénat ont obtenu le droit de confier le personnage de Mickey à des auteurs confirmés de la bande dessinée franco-belge. Un de ces derniers est d’ailleurs un auteur suisse, Bernard Cosey. Il a écrit et dessiné Une mystérieuse Mélodie ou comment Mickey rencontra Minnie… Il s’agit d’un album sympathique où l’on découvre un Mickey scénariste pour Hollywood. Le scénariste est un peu à bout de souffle, il faut qu’il ose sortir de ses clichés, il faut qu’il produise quelque chose de bon… il a terminé une série de films et on lui demande de plonger dans la comédie sentimentale, dans le romantisme avec violons…
On le sent un peu déprimé – peut-être que Cosey sait que parfois les auteurs semblent en panne d’inspiration – mais il va avoir un coup de foudre pour une mélodie… peut-être pour celle qui la chante aussi, allez savoir !
Cosey nous fait retourner dans la passé avec ses dessins qui rappellent le Mickey des années trente. Par contre, ce n’est pas le Mickey de Walt Disney et consort, c’est un personnage moins sur-actif, plus posé, probablement plus romantique… plus poétique aussi !
J’ai beaucoup aimé et je pense que cet album pourrait être un bon lien intergénérationnel autour d’un des héros mondialement connu qui fait l’unanimité… Après tout, vous en connaissez des anti-Mickey ?
C’est l’occasion de rappeler que Bernard Cosey a eu le Grand prix de la ville d’Angoulême cette année et que donc c’est lui qui, l’année prochaine, sera le président du festival international de la bande dessinée d’Angoulême !
Au travers de cet échange j’ai pu en apprendre un peu plus sur l’univers mystérieux épris de poésie de cet auteur et illustrateur.
C’est une véritable adoration que voue Benjamin à Alice, c’est à l’âge de 10 ans qu’il découvrit l’œuvre de Lewis Carroll et son univers riche. L’idée de s’emparer de ce monde mystérieux et complexe l’amena à réaliser une véritable étude sur le sujet et se plonger dans le journal de Carroll, une forte inspiration lui vint des photographies réalisées par ce dernier.
Un grand travail pour un rendu d’illustrations superbes : mêlant encre de chine et Posca ou gouache et huile, Benjamin Lacombe nous enchante avec son univers plein de douceur et de magie.
Alors ici, soyons bien clairs, il n’y a pas de grand vaisseau à voile, par de combat en pleine mer, pas de grande scène pour mettre en avant les qualités du dessinateur. Certains seront déçus, c’est certain, mais par contre l’histoire est très intéressante et ce pour plusieurs raisons…
Le portrait d’Anne est rétabli dans sa globalité car les auteurs ont fait parler les témoins, retrouvé des documents d’époque… y compris même son petit carnet pourpre… Et c’est là que l’on va apprendre qu’Anne était amoureuse d’un jeune militaire allemand, un homme qui a participé avec elle à la résistance, à sa façon…
Durant le festival d’Angoulême, je n’ai pas rencontré les auteurs mais j’ai vu le livre en vente sur le stand de l’éditeur, un éditeur, Steinkis, qui aura proposé durant ce festival de très bonnes bandes dessinées… comme quoi, on peut ne pas être le plus grand mais faire de la qualité !!!
Nous avons rencontré durant le festival d’Angoulême, le samedi après-midi pour être précis, Jean-Charles Gaudin, scénariste de la série de bande dessinée Un Village Français, préquelle de la série télévisée. Bien sûr, Jean-Charles Gaudin est aussi le scénariste des séries Marlysa, Les princes d’Arclan ou Les Arcanes du « Midi-Minuit » mais ce jour-là, nous avions décidé de nous centrer sur cette série Un village français.
Il faut dire que Jean-Charles Gaudin, grand admirateur de la série originale diffusée sur France 3, était prêt depuis toujours à travailler sur ce sujet. Aussi, quand l’occasion est passée, il l’a saisie sans aucune hésitation. Pour lui, il était naturel de suivre le village et ses habitants 25 ans avant, c’est-à-dire durant la première guerre mondiale, 1914-1918.
Les créateurs de la série lui ont fait confiance et lui ont laissé carte blanche pour réaliser son histoire. Tout devait être cohérent mais sans contrainte particulière. Il a aussi dû faire des recherches historiques pour un rendu réaliste, tout en se concentrant essentiellement sur la vie au village. Il reste encore deux tomes couvrant les années 1917 et 1918 pour clore cette préquelle qui est tout simplement passionnante même pour ceux qui n’auraient pas suivi la série télévisée, comme c’est le cas pour moi….
Au milieu des univers les plus variés, de la science-fiction au fantastique, proposés par Delcourt et Soleil, nous avons pu rencontrer le dessinateur Olivier Thomas, qui a récemment illustré la série bédé “Les Infiltrés”, un polar tiré de faits réels : les actions meurtrières menées par un groupuscule d’extrême droite au Danemark. On suit l’affaire du point de vue de la police, mais aussi d’un agent-taupe ayant gagné la confiance des terroristes, l’infiltré.
“J’ai essayé de durcir mon dessin pour l’adapter à mon récit, et lui donner un aspect plus noir, plus lourd”, explique Olivier Thomas. On remarque bien cette volonté à l’encrage très sombre, et un dessin réaliste.
C’est dans une association BD à Marseille que le dessinateur a pu commencer à envisager sa carrière, en rencontrant des professionnels comme Jean-Louis Mourier (Trolls de Troy…). Gagnant en confiance, Olivier parvient alors à entamer sa carrière. L’illustrateur trace alors son chemin d’une main de maître… chemin qu’il parcourra, on lui souhaite, aussi longtemps que son envie de dessiner subsistera ! Nous, on n’en demande pas plus !
La rencontre a eu lieu dans l’espace presse des éditions Delcourt et notre ami Jason ne parle pas français, du moins pas assez à son goût pour répondre à une interview. Par contre, il parle très bien anglais, articule merveilleusement bien et pour un Français, il est très compréhensible. Enfin, on pouvait lui parler français, il comprenant les questions même complexes…
Surprise aussi, pas des moindres, avec le personnage principal de sa bédé. En effet, il a choisi comme il le fait presque tout le temps, de donner une morphologie animale à ses personnages, à commencer par lui. Dans le livre, il a donc une tête de chien… mais quelle ressemblance entre lui et son personnage… on ne pouvait pas passer à côté, du moins c’est bien ce que je pense ! Attention, je ne dis pas copie conforme, je dis juste qu’il y a de la ressemblance !
Un bel album contemporain, un très bon auteur, une belle rencontre !
En 2011, Quitter Saigon, le premier tome, avait remporté plusieurs prix, dont le Prix du jury Œcuménique de la bande dessinée, à Angoulême. “La série a commencé avec quelques pages qui sont parues dans le fanzine de la Maison Qui Pue, que j’avais monté avec mes colocataires pendant mes études aux Beaux-Arts d’Angoulême”, explique Clément, “je me mets alors en scène avec mon père dans la cuisine, pendant qu’il préparait un repas typiquement vietnamien. Il témoigne alors de faits plus ou moins horribles sur sa jeunesse passée au Vietnam”. Après Quitter Saigon, le projet continue avec Little Saigon, qui explore la diaspora vietnamienne aux États-Unis et, maintenant, le troisième volet, Les Mariées de Taïwan, sorti en début d’année.
Dans ce dernier ouvrage, Clément part à la rencontre de jeunes femmes vietnamiennes mariées par le biais d’agences matrimoniales. “On pourrait penser que ces femmes sont naïves quand elles s’engagent avec ces agences, mais il y a aussi un réel désir de leur part de s’extirper de leur milieu social, souvent très pauvre”, raconte Clément. Il crée en parallèle le personnage de Linh, jeune vietnamienne, qui reprend ces différents témoignages, et qui vit cette expérience sous nos yeux.
Le travail manuel manque de noblesse, c’est avilissant, on n’en veut pas chez nous…
Tu n’as pas autre chose à faire qu’à dessiner, tu n’as pas de leçons à réviser ?
Ah, ces artistes, il faudrait qu’ils aient quand même un vrai travail !
Et, que serait, pourtant, un monde sans dessin, sans les grottes de Chauvet ou de Lascaux, sans les enluminures, sans les vitraux, dans les peintures, sans les gravures, sans la bande dessinée ?
Et même, peut-on imaginer un monde où nous abandonnerions l’usage de nos mains ? La main qui salue, qui apaise, qui console, qui sert, qui aide, qui sauve et qui embellit le monde…
A Angoulême, chacun peut découvrir que dessiner est un travail, un travail extrêmement physique, un travail manuel… Qu’on se le dise !!!
Dans les auteurs que je souhaitais rencontrer à Angoulême, il y avait un certain Maza, de son véritable nom Milorad Vicanović-Maza. Il s’agit bien d’un Serbe vivant en Bosnie et donc sa langue était le serbo-croate, langage que je ne maitrise pas assez pour réaliser une interview… J’ai donc dû me contenter de le lire et de le voir…
Qu’est-ce qu’une uchronie ? Il s’agit d’un récit, situé dans l’Histoire, excessivement sérieux et pointu dans lequel l’auteur va changer un point de l’histoire et en tirer ensuite toutes les conséquences. Par exemple, on peut raconter la Seconde Guerre mondiale mais, en 1944 un attentat contre Hitler a réussi, une nouvelle république allemande s’est mise en place avec Rommel, les alliances ont été refondues et les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne sont en lutte contre les soviétiques et leurs alliés…
Mais, attention, l’uchronie reste de l’histoire, c’est-à-dire que tout doit respecter les données de bases, chaque personnage garde son caractère, chaque nouvel évènement garde sa cohérence… c’est un peu comme lorsque le chimiste fait en laboratoire une expérience en modifiant certaines réalités physiques mais que chaque élément reste pour autant ce qu’il est…
Néanmoins, en grand passionné d’histoire, j’apprécie l’uchronie quand elle est fine et délicate, maniée avec talent, par exemple quand elle est dans les mains d’un Jean-Pierre Pécau ! Ici, dans USA Über Alles, nous sommes en 1947, et comme dit plus haut, les Alliés sont en guerre contre l’Union Soviétique et les communistes… mais, en fait, ce n’est pas pour parler géopolitique que les auteurs nous entrainent là, c’est pour nous mettre une belle histoire d’espionnage et même un peu plus si affinité…
Comics désigne la bande dessinée américaine d’une façon générale tandis que comics strips cible la bande dessinée courte de la presse et comics books les magazines de bande dessinée. Aujourd’hui, ce terme de comics désigne spécifiquement le genre américain tant dans le format, le style de dessin que la narration graphique…
Ces artistes français rêvant de travailler pour la culture américaine ont rarement été publié à l’international et leur travail a souvent été confidentiel. L’exposition permet de faire remarquer l’empreinte de la French Touch sur Marvel. Pendant très longtemps pour Le Surfeur D’Argent les éditions françaises proposaient des versions alternatives de l’original qui étaient reniées en Amérique.
Aujourd’hui, l’exposition permet de faire le point et de partager la présence artistique française dans l’univers populaire des Comics Marvel. Passionnant !