Angoulême 2017 et Clément Baloup

Certaines rencontres marquent. Et c’est Clément Baloup qui peut nous le confirmer avec ses livres Mémoires de Viet-Kieu. Fasciné par le Vietnam, il base ses récits sur des témoignages qu’il recueille partout dans le monde. Ce format, à mi-chemin entre la fiction et le documentaire, donne une force et une justesse à l’écriture de l’auteur. “Je réinterprète les témoignages [...], mais je n’essaye pas de les transformer, j’essaye d’être le plus juste possible par rapport à ce qui est vraiment dit, dans le fond”.En 2011, Quitter Saigon, le premier tome, avait remporté plusieurs prix, dont le Prix du jury Œcuménique de la bande dessinée, à Angoulême. “La série a commencé avec quelques pages qui sont parues dans le fanzine de la Maison Qui Pue, que j’avais monté avec mes colocataires pendant mes études aux Beaux-Arts d’Angoulême”, explique Clément, “je me mets alors en scène avec mon père dans la cuisine, pendant qu’il préparait un repas typiquement vietnamien. Il témoigne alors de faits plus ou moins horribles sur sa jeunesse passée au Vietnam”. Après Quitter Saigon, le projet continue avec Little Saigon, qui explore la diaspora vietnamienne aux États-Unis et, maintenant, le troisième volet, Les Mariées de Taïwan, sorti en début d’année.Dans ce dernier ouvrage, Clément part à la rencontre de jeunes femmes vietnamiennes mariées par le biais d’agences matrimoniales. “On pourrait penser que ces femmes sont naïves quand elles s’engagent avec ces agences, mais il y a aussi un réel désir de leur part de s’extirper de leur milieu social, souvent très pauvre”, raconte Clément. Il crée en parallèle le personnage de Linh, jeune vietnamienne, qui reprend ces différents témoignages, et qui vit cette expérience sous nos yeux.

Un très beau livre de docu-fiction, très bien écrit et dessiné avec à la clef une rencontre très forte… Un beau souvenir !

Yannis

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