Un travail en équipe aussi conséquent que celui que nous menons depuis notre arrivée au festival Quai des bulles à Saint Malo, nécessite un planning serré et préparé à l’avance… On a lu avant les ouvrages, choisi nos « interviewés » et pour moi, cette seconde journée démarre sur les chapeaux de roues et la crainte monte au fur et à mesure que les minutes défilent sur ma montre. Je m’apprête à rencontrer le dessinateur de deux albums de la série Nains des éditions Soleil. Je revois mes notes succinctement comme un adolescent révisant juste avant un contrôle et pose mes yeux sur son ouvrage. Je lis, comme écrit en grosse lettre sous l’intitulé dessinateur : JEAN-PAUL BORDIER. C’est un peu comme un vertige ou une émotion difficile à maitriser…
Mais par où pourrais-je bien commencer ?
L’heure fatidique arrive enfin et je vois s’avancer vers moi ce fameux Jean-Paul Bordier que je redoutais tant et qui finalement ne m’intimidait pas comme j’aurai pu l’imaginer. Il s’avérait qu’il n’était pas plus à l’aise que moi et c’est sur un ton tendu au départ mais simple que nous avons alors entamé notre discussion.
Après quelques albums de la série Elfes et bercé par les univers de Legend (Ridley Scott) et Willow (Ron Howard), on retrouve Jean-Paul Bordier dans un monde plus dur et brutal, celui des Nains. Il s’appuie sur les designs de Pierre-Denis Goux, spécialiste en la matière pour ainsi appliquer certains codes graphiques propres à l’univers des Nains et planche ensuite sur ses pages pour donner vie à Dröh et Oösram des errants. Le défi, qu’il aime relever, est de mettre en scène les scénarios assez denses de Nicolas Jarry…
L’univers des Nains est certes violent mais la discussion avec Jean-Paul Bordier ne l’est pas du tout et au fil des minutes, la tension disparait… Allez, croyez-moi, les Nains ne sont pas désagréables à fréquenter…
Mondaine, cultivée, théâtrale, mégalomane, artiste aux mœurs débridés et aux allures de femme fatale, Tamara de Lempicka est une icône de l’Art Déco des années 20.
La bande dessinée ou, plus exactement, Tamara brille et rayonne dans ma chambre, je la vois danser autour de moi, elle me regarde avec ses immenses yeux de biche et me parle. Ce sont des messages que je comprend, la féminité est une fierté, sa sensualité complètement assumée m’emporte dans un monde où les femmes décident de leur vie, de leurs carrières sans s’enfermer dans une case. Je découvre cette femme, ses convictions et une époque pleine d’audace et de manière.
L’époque des années vingt m’immerge dans ce cadre huppé de cette société parisienne branchée où Tamara fascine et trouble, se balançant entre son Art et sa vie de famille qui crée une forte ambiguïté sur son rôle de mère et sa vie d’artiste accompli. Progressivement, l’album laisse entrevoir des croquis, des esquisses et des tableaux de l’artiste sublimés par la patte de Daphné Collignon, qui fait revivre la peinture de l’artiste et se nourrit de son style pour la présenter.
« Lolonoa », drôle de nom pour un pirate ! Je songe à la bande dessinée de Fanny Lessaint. Une rencontre que j’appréhende, car il est, à mon sens, toujours plus difficile d’interviewer des auteurs dont j’ai sincèrement apprécié le travail…
… ou, comment se faire évincer !
Mélanie et moi rencontrons le scénariste de Petit ou de La nuit mange le jour, Hubert. Ces deux BD nous plongent dans un univers sombre, en noir et blanc.
La forêt de Brocéliande est très célèbre en Bretagne. Elle est liée à la légende arthurienne et peuplée de créatures étranges, toutes plus mythiques les unes que les autres (enfin, c’est ce qu’on en dit). Impossible de venir en Bretagne à l’occasion du festival de bande dessinée du Quai des bulles sans faire de détour par ce lieu magique !


Un bar, une table, la vue sur la mer. C’est ainsi que je rencontrais Benoît Sokal en ce vendredi 27 octobre 2017 au festival du Quai des bulles de Saint Malo pour parler de son dernier projet : L’Aquarica.
Entre dérision et humour noir… Youssef Daoudi nous fait (re)découvrir ces nombreuses batailles et combats de guerres à travers son regard particulier, un regard parfois naïf mais plus que passionné.
Il reste encore quatre heures de route avant d’atteindre le festival de bande dessinée du Quai des Bulles de Saint Malo. Plus de cinquante interviews prévues dans le week-end et encore plus de bandes dessinées à lire. Halim, Halim… première interview de la journée. Mince, je n’ai pas encore touché à une de ses bédés.
Souvent, quand on parle de Georges Clemenceau, on oublie le contexte délicat de sa vie, c’est-à-dire ce moment clef où la France va quitte – définitivement serais-je tenté de dire – la monarchie et ses dérives impériales pour devenir une République. Bien sûr en disant cela je n’affirme surtout pas que nous aurions trouvé le régime parfait mais cette phase de transition qu’est la première partie de la troisième République (de 1870 à 1914) aura été le « jardin » de ce fameux Clemenceau… Du coup, il faut être très prudent quand on va essayer de la cataloguer et de le faire tenir dans des petites boites portant les noms de Gauche, Radical, Laïciste, Socialiste, Nationaliste, Guerrier…
Je ne vais pas vous résumer sa vie, mais ce qui est un point très fort de cette bande dessinée c’est de ne pas vouloir tout vous raconter dans tous les détails depuis la naissance jusqu’à la mort… On va avoir tous les évènements forts de sa vie, en restant bien dans l’ordre chronologique, pour montrer comment se forme, se construit la pensée et l’action de Georges Clemenceau… On voit ainsi un homme de conviction qui ne se renie pas mais qui est obligé de rester pragmatique car il ne refusera jamais de prendre ses responsabilités, même aux moments les plus graves de l’histoire du pays… Alors, oui, on le voit s’opposer à Napoléon III, à défendre la Commune, à vouloir sauver la République naissante, à faire tomber des gouvernements les uns après les autres, à jouer le flic absolu, à défendre la séparation de l’Eglise et de l’Etat, à s’opposer à Jean Jaurès et, enfin, à devenir le Père de la Victoire… A chaque fois, fait après fait, décision après décision, on le voit devenir le Tigre ! Car il a bien mérité de ce surnom par son obstination, son courage, sa volonté et parfois sa méchanceté et sa cruauté…
Durant le festival Quai des bulles de Saint-Malo 2017, nous allons avoir le plaisir de rencontrer Christophe Regnault pour cet album mais aussi pour le dessin de son Homme invisible et ce sera presque la dernière interview du festival, le dimanche… Nous serons probablement très fatigués mais gageons que la qualité de ce professionnel saura nous réveiller et nous faire passer un excellent moment !