Jouer est bon pour le moral : offrez-vous des jeux, jouez, faites jouer !!!

 

Chaque année, lorsque l’on arrive au mois de novembre, encore plus en décembre, on se remet à parler de jeux de société. En fait, on en parle un peu le reste du temps mais souvent on a le sentiment que le jeu vidéo se porte mieux que le jeu de société, qu’on en achète plus, qu’on y joue plus… mais quelle est la situation réelle du jeu de société en France ?

Lors du dernier salon de l’enfance et de la famille de Paris, Kid Expo puisqu’il faut l’appeler par son nom, on a pu voir que les familles n’hésitaient pas à se déplacer et à jouer que ce soit aux indétrônables jeux de plateau comme le Monopoly ou aux jeux de construction comme le Lego qui a régné encore en prince de la salle de jeu ! Oui, les jeux de société font partie des valeurs sûres que les parents et grands-parents achètent pour le plaisir de tous, même en période de crise. Ils représentent plus de 10% du marché des jouets, qui lui, pèse en France plus de trois milliards d’euros.

Ne nous voilons pas la face, ce sont bien les tablettes pour enfants qui sont en passe de devenir le jouet le plus vendu cette année. On attendra les résultats définitifs pour l’affirmer mais ces tablettes font un ravage, ce qui n’est pas sans étonner puisque l’on répète un peu partout que les enfants ne devraient pas être devant des écrans jusqu’à 3 ans, puis devraient en faire un usage modéré de trois à six ans… Les parents seraient-ils inconscients ? La publicité serait-elle trop bien faite ?

Les jeux dits de société font donc de la résistance avec les jeux dits de construction. Ce sont deux valeurs refuge, deux familles de jeux indémodables. Les grands-parents, acheteurs numéro 1 des jeux, font confiance à ces jeux d’antan comme s’ils restaient les derniers chemins pour transmettre des valeurs, les valeurs humanistes auxquelles ils croient et qui semblent disparaitre de la société d’aujourd’hui…

Mais attention, le jeu n’est pas une grotte nostalgique où régnerait l’adoration d’une période antique meilleure et disparue. En fait, les jeux de société d’aujourd’hui, tout en étant marqués par des jeux anciens, sont transfigurés par la modernité. Certes, on veut jouer au Monopoly mais le plateau est relooké y compris en terre viticole comme dans cette dernière version qui a fait fureur chez nos testeurs universitaires chalonnais…

Quant aux jeux qui ont eu le plus de succès, force est de constater qu’ils sont nouveaux, ou plus exactement, qu’ils n’existaient pas encore quand grand-mère jouait avec ses copines… Voici donc quelques jeux qui ont retenu notre attention…

Minuscule

Age : 5 +

Durée : 20 min

Joueurs : 2-6

Prix : 15€

 

 

Minuscule, un grand jeu !!!

Testé lors d’une journée au salon KidExpo, nous avons été ravis de retrouver tout le charme de ces petits insectes dans un jeu de société pour petits et grands.

Graphiquement c’est magnifique ! Le jeu respecte la licence et nous propose des insectes plus drôles les uns que les autres. La mécanique d’objectifs secrets, le coté tactique du placement des animaux et de leurs déplacements, on se croirait dans un jeu d’adultes ! Pour ceux qui auraient vu le film d’animation, nous avons vraiment l’impression de revivre la course poursuite effrénée entre ces petites bêtes. Vous allez passer de 1er à dernier et de dernier à 1er plus vite que vous l’espérez.

Le jeu reste tout de même un peu hasardeux, et tant mieux pour un jeu d’enfants, mais la sensation de jeu tactique est là et l’on s’y croit vraiment.

Voilà un bon petit jeu fun et rapide avec des choix sur le vif, et l’ambiance de Minuscule pour le plaisir des yeux !

Arthur

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Age : 10 +

Durée : 45 min

Joueurs : 2-4

Prix : 40€

 

 

 

 

Prenez votre respiration !!!

Dans Abyss, vous plongerez au fin fond des océans à la recherche d’alliés qui vous permettront de devenir roi du monde sous-marin.

Tout d’abord, mention spéciale pour la qualité graphique du jeu. La(les) boîte(s) est(sont) magnifique(s) (hé oui, il y a pas moins de 5 boites différentes !!). Les illustrations nous plongent réellement dans un univers abyssal et fantastique. Clairement, ça donne envie de jouer, même si quelques esprits chagrins pourront trouver le jeu un poil sombre, en même temps dans les profondeurs de l’océan il fallait s’y attendre. Le jeu, le plateau et les cartes, restent ceci dit parfaitement lisibles et jouables. Le fait de jouer avec des perles dans des petites coupelles en forme de coquillage ajoute un certain cachet au jeu et nous immerge d’autant plus dans l’univers. Heureusement pour nous, la beauté du matériel ne masque pas un jeu sans intérêt.

Les règles du jeu sont claires et précises, elles s’expliqueront assez rapidement et seront comprises après un ou deux tours de jeu. Le jeu est très dynamique, le fait de pouvoir recruter des alliés pendant le tour du joueur actif stimule l’implication des joueurs dans la partie. Seul petit bémol, qui n’en est pas un, la fin de partie arrive toujours bien trop tôt à notre goût avec l’envie d’en enchaîner une autre derrière.

En bref, nous voici en présence d’un jeu excellent en tout point !

Arthur

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Far cry 4

Far cry 4 est un jeu de tir à la première personne disponible en multi-support.

Le titre offre une aventure en monde ouvert jouable seul ou en coopération, mais aussi un multi joueur compétitif et un éditeur de cartes.

Successeur de l’excellent Far cry 3 sorti il y a un an, Ubisoft nous ressert tout ce qui a fait le succès du 3e opus saupoudré de légères améliorations qu’on appréciera. On prend du plaisir à explorer un monde immense au cœur des sommets enneigés de l’Himalaya, alternant entre phase de fusillade, d’exploration, et conduite de véhicules en tout genre. Attention, la faune et la flore viendront se mêler à vos péripéties pour votre plus grand plaisir… Ou celui de vos ennemis.

En résumé, si vous avez adoré le 3e opus ou si vous n’y avez jamais joué, Far cry 4 saura vous combler pleinement (même pour les sceptiques des jeux en vue à la première personne). Pour ceux qui ont juste apprécié son prédécesseur, passez votre chemin.

 

Jeu conseillé aux plus de 18 ans (norme PEGI)

 

 

 

Stève

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Super Smash Bros for Wii U

Super Smash Bros for Wii U est un jeu de combat disponible uniquement sur la console de salon de Nintendo.

Vous l’attendiez ! Eh bien le voici enfin ! L’une des licences phare du géant nippon revient avec un opus plus que complet pour la première fois en HD… Ce jeu de combat accessible à tous qu’on pourrait qualifier de « joyeux bordel » se trouve étoffé par une sélection de personnages toujours plus large, un rééquilibrage notable des compétences et attaques, un mode jusqu’à huit en local… Bref, trop nombreuses sont les améliorations pour pouvoir toutes les citer.

On savourera de pouvoir jouer et s’affronter avec des personnages ayant marqué tourtes les générations de joueurs (de Pac-Man, en passant par Duck Hunt et Sonic, jusqu’à Xenoblade Chronicles… Sans oublier Mario, Metroid, Zelda, et bien d’autres encore…).

Bref, vous l’aurez compris, ce jeu est une perle s’adressant à tout public.

Peut-être bien le meilleur opus de la licence jusqu’à maintenant…

Jeu conseillé au plus de 12 ans (norme PEGI)

Stève

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Stéphane De Caneva à Chalon sur Saône le 28 novembre 2014 !!!

La librairie spécialisée L’Antre des bulles de Chalon-sur-Saône organise une nouvelle rencontre/dédicace avec un auteur de bande dessinée, le vendredi 28 novembre 2014 à partir de 16h et jusqu’à 20h et vous ne devriez pas vous priver de cette rencontre !!!En effet, Florent Bouteillon, libraire et grand amateur de bandes dessinées, va recevoir Stéphane De Caneva pour sa série Metropolis éditée chez Guy Delcourt. Stéphane De Caneva est un dessinateur né à Marseille en 1975. Il a commencé sa carrière professionnelle comme ingénieur tout en apprenant de façon autodidacte et progressive le dessin. Après quelques premières expériences d’illustration de livres et jeux, il passe à la bande dessinée et publie un premier album L’affaire de l’auberge rouge dans une série consacrée aux grandes affaires criminelles. Après un second essai de qualité, Sept clones, alors qu’il rêve de travailler avec un génie comme Jodorowsky, c’est Serge Lehman qui lui écrit le scénario de Metropolis dont deux tomes sont déjà sortis. Serge Lehman qui vient de se faire remarquer avec la très bonne série Masqué, construit là une excellente série dans laquelle le dessinateur s’éclate, ou, plus exactement dans laquelle son talent se révèle enfin au grand jour !

Si Metropolis est un coup de cœur de notre libraire chalonnais, force est de constater que ce coup de cœur est partagé par de nombreux lecteurs de la jeune série qui comportera quatre albums au total, au format des Comics de chez Delcourt, avec un éditeur qui est aussi un auteur, David Chauvel, un homme pétri de talent dont le dernier scénario de Pinocchio est tout simplement d’une qualité étonnante, mais c’est un autre sujet sur lequel je reviendrai très bientôt…

Metropolis est une ville, une sorte d’Utopie européenne dont la France et l’Allemagne sont les deux piliers pour éviter la guerre. Nous sommes au milieu des années trente et nous sommes déjà loin des dernières guerres… Oui, vous l’avez bien compris, notre passé a pris quelques libertés et cette série qui se présente visuellement comme de la science-fiction est en réalité une magnifique Uchronie !

Dans cette ville, capitale de l’Interland, nous avons une tour qui symbolise cette vie sans guerre, cette vie merveilleuse où rien ne doit venir troubler le calme de ses habitants, la tour de la Réconciliation. Lorsque la première pierre a été posée, on a trouvé un enfant abandonné, cet enfant est devenu le citoyen numéro 1 et il est aussi un personnage clef de cette histoire, l’Inspecteur Gabriel Faune ! Oui, vous avez bien compris, il s’agit d’un inspecteur car cette histoire va se retrouver au cœur ou au carrefour des genres, uchronique, policière, urbaine, philosophique, humaniste, futuriste, architecturale, et je crois que sans effort, je pourrais encore ajouter une bonne dizaine d’adjectifs en restant réaliste, précis et objectif !

Au cœur de l’histoire, un attentat qui vient tuer, au pied de la tour de Réconciliation, une dizaine de passants tandis que les explosifs laissent apparaitre une grande fissure sur la place qui donne accès à une crypte obscure dans laquelle on trouve trois cadavres de femmes ! Un attentat, trois crimes anciens, le tout dans une ville moderne à l’architecture écrasante, avec un pouvoir mystérieux… franchement, un très bon début de série qui vous plonge rapidement et sans aucune précaution dans un cycle infernal…

Il faut dire que les personnages qui vont mener cette enquête sont assez inquiétants : Gabriel Faune, notre enquêteur préféré des dirigeants de la ville, le docteur Freud qui s’occupe de beaucoup de patients qui se connaissent tous ou presque, un autre enquêteur qui semble parfois ne pas avoir toute sa tête, le commissaire Lohmann qui, lui, est aussi follement amoureux d’une certaine Loulou… Et, bien sûr, tous ces personnages sont suivis par Freud ! Du coup, cette enquête, cette double enquête, est à la fois la recherche de la vérité et la quête de chaque personnage qui se reconstruit, qui tente de survivre, de donner un sens à sa vie…

Comme nous sommes dans une uchronie, aucun lecteur ne sera étonné par la déformation de l’histoire, les personnages que l’on rencontrera et leurs destins qui s’éloigneront parfois de ceux que vous avez crû retenir de l’histoire officielle…

Attention, une uchronie ce n’est pas une théorie du grand complot, c’est seulement un jeu avec l’histoire. Un conseil donc, ne croyez pas que la recherche historique est en train de réécrire l’histoire des années trente. D’ailleurs, il est à noter que les allusions et jeux des auteurs ne sont pas simplement historiques et politiques, elles sont aussi culturelles, en particulier littéraires, cinématographiques. Donc on va croiser un grand nombre de personnages dont les activités auront quelque peu varié avec la déformation uchronique…

Quand vous aurez terminé la lecture de cette excellente série, vous oublierez que Hitler était un petit peintre et Ferdinand Porsche un avionneur, vous reviendrez aux célébrations de la première guerre mondiale qui a malheureusement bien eu lieu, bref, vous reviendrez aux réalités après un beau rêve écrit par Serge Lehman et dessiné par Stéphane De Caneva !!!

La dédicace se fera sur inscription de façon à permettre à Stéphane De Caneva de vous réaliser un beau travail mais, surtout, pour donner du temps à la rencontre. Un dessinateur ne quitte pas son atelier pour dessiner à la chaine des dessins aux lecteurs. Non, ils souhaitent généralement parler, échanger, rencontrer ceux qui les lisent… il faut du temps pour cela et on ne peut qu’encourager le libraire et le dessinateur de partir sur un tel projet qualitatif… Merci !

 

Enfantillages d’Aldebert un spectacle et une musique pour tous !

Hier, comme de nombreux Chalonnais, j’étais à la salle Marcel Sembat pour écouter Guillaume Aldebert et ses enfantillages…

Ce fut une magnifique soirée qui a permis à de très nombreux enfants d’aller, probablement vu leurs âges, à leur premier concert. Aldebert et ses musiciens se sont donnés à fond pendant presque deux heures, en respectant leur (jeune) public, en les faisant chanter, danser, réagir… Il était d’ailleurs étonnant de voir que ce public, des plus jeunes aux plus anciens, connaissait par cœur presque tout le répertoire de notre voisin Bisontin !

Au-delà de la partie strictement musicale et artistique sur laquelle tout a déjà été dit et écrit, je voudrais insister sur le fait que cette soirée était réellement un rassemblement de toutes les générations. Il y avait là les grands parents, les parents, les enfants, sans oublier des adolescents car eux aussi aiment bien Aldebert ! Pour certaines chansons, on pouvait voir les parents chanter au moins aussi fort que les plus jeunes et c’était probablement une belle image de ce que peut-être aujourd’hui la cohérence culturelle familiale !

Aldebert part de la vie du plus jeune –la difficulté de se lever le matin pour aller à l’école – et il en fait un thème pour tous car le matin est difficile à tous les âges, l’école devient le collège, le lycée ou le boulot et dans tous les cas le réveil est toujours aussi délicat… Quand il parle de la nostalgie, du temps qui passe, des arrière grands-parents ou de super mamie, de l’orientation, de la musique, des animaux domestiques… Il parle – il chante – à tous sans exception et chacun peut s’identifier à ses personnages…

La soirée est ainsi douce et poétique, pleine d’humanisme et d’humour, de clowneries et  pitreries en tous genres. Voilà, la soirée idéale pour oublier la télévision et sa monotonie, le moment fort pour faire découvrir aux enfants que rien ne peut égaler le spectacle vivant, la rencontre parfaite pour aimer la musique…

Et, comme nous étions en Bourgogne, le public a offert à Aldebert et ses amis, un ban bourguignon de qualité durant lequel les plus petits furent dignes de leurs ancêtres…

Pour ceux qui ne purent participer à cette grande fête, n’hésitez pas à découvrir les Enfantillages d’Aldebert, deux albums sortis et tous les deux d’une grande qualité…

Moi, jeune grand-père, j’adore ! Vivement que je puisse emmener mon petit-fils au concert !

Vu du front, représenter la guerre (Exposition aux Invalides, Paris)

2014… Il y a un siècle l’humanité plongeait dans la première guerre mondiale. Contrairement à une image reçue et gardée sottement dans nos mémoires, les hommes, que dis-je, les jeunes hommes qui partirent à cette guerre n’étaient pas si heureux que cela de quitter leur fiancée, leurs parents, leurs amis, leurs fermes, usines ou autres commerces… Il y en eut même qui durent quitter leur atelier d’artiste pour se retrouver dans une tranchée… Ils eurent parfois le temps d’envoyer vers l’arrière des dessins, des croquis, des caricatures, des peintures mêmes… Et c’est probablement un des faits qui a poussé la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) à monter cette passionnante exposition Vu du front au Musée de l’Armée, aux Invalides, à Paris, jusqu’au 25 janvier 2015.C’est vrai que les célébrations du centenaire du début de cette première guerre mondiale ont mis en lumière des dizaines d’aspects différents de cette guerre mais c’est la première fois que l’on ouvre un dossier particulier qui va permettre de voir la guerre, l’image que l’on s’en faisait, ce que les artistes en ont rapporté et, enfin, ce que la population en a vu, su, compris…

J’ai eu la chance de visiter cette exposition en compagnie de d’Aldo Battaglia, un des commissaires de l’exposition, lui qui est responsable des collections de peintures, dessins et estampes de la BDIC. Pendant une heure, il m’a raconté, montré, expliqué tout ce que l’on pouvait savoir sur ces images de la guerre, leur fabrication, leur portée, leur signification, leur impact sur les combattants, sur les populations à l’arrière du front…

Comment mettre en avant un aspect ou un autre sans oublier de vous parler d’un troisième, sans commettre un choix partisan, une sélection liée à mes goûts artistiques ?… Malgré tout, il me semble juste de vous en dire un peu plus…

Tout d’abord, on va commencer par les images d’avant la guerre. Avant 1914, la photographie s’est répandue, de nombreux officiers ont en possession des appareils photos et ils réalisent des clichés, parfois pour leur simple collection, pour avoir des souvenirs. Ils ne sont pas toujours pris sur le fait, c’est-à-dire au moment d’un exercice complet, mais seulement juste après, d’une façon un peu figée, avec des acteurs qui font semblant, qui jouent le jeu… D’autres photos sont plus structurées et sont là pour mettre la pression sur les ennemis potentiels, pour faire peur, pour montrer que l’on est prêt à faire la guerre…

Tableau Effet d’un obus dans la nuit, avril 1915. Georges Scott, 1915

Ces différentes collections et séries d’images illustrent que la perception de la guerre dans le grand public est en pleine mutation. D’une réalité inconnue et lointaine, on passe à une réalité cruelle vue, et donc partiellement connue. On ne savait rien de la guerre, la photographie n’existait pas, les soldats ne pouvaient que raconter ce qu’ils avaient vécu, du moins pour ceux qui survivaient… Là, par exemple avec les deux guerres des Balkans, le grand public peut voir des photos, des peintures, des dessins… La guerre entre chez monsieur tout le monde…

Un vocabulaire est en train, lui aussi de se mettre en place et c’est ce qu’explique très bien le catalogue de l’exposition publié les éditions d’art Somogy, en lien avec le Musée de l’Armée et la BDIC. Par exemple, le mot front va être une invention. Il fallait définir cette zone d’affrontement des armées que les gens allaient voir en représentation, en photographie dans le journal, en carte postale…

Sans vouloir tout citer et dire, on peut citer ces cas de photographies, avec cadavres, que l’on pourra aussi retrouver dans les deux camps, mais avec des légendes différentes. Il fallait montrer que la guerre était cruelle, du moins que l’ennemi était terrible et sanguinaire, et pour cela on pouvait bien prendre quelques libertés avec la vérité. On faisait preuve de patriotisme…

Revenons d’ailleurs, à cette première guerre mondiale. Il y eut des artistes confirmés qui ont été appelés au combat, d’autres qui devinrent artistes durant le conflit pour pouvoir dire l’indicible, montrer l’innommable, enfin, d’autres portèrent ces images longtemps en eux avant de pouvoir les sortir, les transformer en œuvres d’art. Je voudrais terminer ce très rapide petit voyage dans cette exposition en vous parlant d’André Masson.

En 1914, il a juste 17 ans et il est en train de terminer sa formation de peintre. Après quelques mois de guerre, il va s’engager dans l’infanterie et il sera grièvement blessé durant l’offensive du Chemin des Dames. Balloté d’hôpital en hôpital, il gardera de la guerre une répulsion qui fera de lui un pacifiste convaincu… Surréaliste, artiste reconnu, il continue après la guerre son bonhomme de chemin… En 1977, il réalise une série de douze dessins, publiés sous le titre de Carnet de route œuvre exposée à la fin de cette exposition. J’ai trouvé cela fascinant de voir comment l’artiste fait revivre la guerre si longtemps après, comment il a construit son travail au feutre sur du papier avec dessin et texte imbriqués… Ce fut pour moi un des moments les plus forts de cette exposition Vu du front que je ne peux que vous inviter à aller voir !!!

Pour ceux qui ne pourront pas se déplacer à Paris, le catalogue de l’exposition est fascinant. On y trouve, bien sûr les œuvres exposées, mais, surtout, de très bons textes qui vont vous ouvrir des perspectives sur la représentation de la guerre, sur les images de 1914-1918, sur ces artistes soldats et sur ceux qui servirent de reporters images pour les journaux et le pouvoir…

C’est, pour moi, l’exposition qui justifie ces célébrations, qui manquait pour mieux comprendre la guerre, que tous les enfants devraient voir pour comprendre pourquoi une guerre est toujours un drame, qu’elle est toujours une défaite pour l’humanité… Quant au catalogue, c’est l’ouvrage qui devrait accompagner tous les cours sur cette « grande guerre » et cela dès le collège !

Vu du front, représenter la guerre

Exposition Musée de l’Armée et BDIC

Invalides (Paris)

Jusqu’au dimanche 25 janvier 2015

Vu du front, représenter la guerre

Catalogue de l’exposition

Editions d’art Somogy

ISBN : 9782757208571

 

Rencontre avec Fabien Toulmé, auteur d’un album remarquable, Ce n’est pas toi que j’attendais…

Après avoir lu une magnifique bande dessinée, Ce n’est pas toi que j’attendais, récit d’un papa face à sa petite fille trisomique, j’ai souhaité rencontrer l’auteur pour lui laisser la parole. Je remercie Fabien Toulmé d’avoir accepté de nous parler de son expérience… et d’avoir écrit un si bel ouvrage en bande dessinée. La bande dessinée est critiquée sur le site :

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/43338

Je suis l’heureux papa de Julia et cet album parle de l‘arrivée de cette fille dans la famille. C’est le deuxième enfant, la première est Louise. Julia est arrivée avec une petite différence découverte à la naissance, une trisomie 21 qui n’avait pas été détectée durant la grossesse. Ce livre ne traite pas spécifiquement et techniquement de la trisomie, c’est le cheminement d’un papa qui va vers sa fille petit à petit. C’est plutôt un récit universel, ça s’applique à la trisomie mais cela peut concerner n’importe quelle différence, voire même n’importe quel enfant.

L’envie de raconter est apparue lorsque toutes étapes ont été dépassées, lorsque je me suis retrouvé apaisé, heureux d’être le papa de Julia. C’est parce que je trouvais que c’était une belle histoire que l’envie du livre est devenue évidente, naturelle. J’avais la chance d’avoir vécu cela et mon récit allait être plus vrai et plus fort que si cela avait été raconté de l’extérieur comme une simple fiction.

Au début j’étais dans la tempête. On imagine toujours que ça n’arrive qu’aux autres. On ne connait pas les problématiques de l’enfant handicapé ou malade. Quand ça arrive, on plonge immédiatement dans les fantasmes, on n’est pas capable d’analyser et j’ai plongé comme dans un grand océan hostile et mystérieux. L’écriture du livre n’a pu être envisagée qu’après avoir passé toutes ces étapes. Le moment charnière entre les phases les plus douloureuses et les temps plus apaisés, c’est quand Julia se fait opérer du cœur. Elle nait avec une tétralogie de Fallot, et il fallait une intervention chirurgicale à cœur ouvert dans la première année de vie de Julia. C’est à ce moment-là, même si je n’en ai pas conscience, que je suis inquiet pour ma fille. Elle environ six mois. Je suis là avec ma femme et on ressent de l’inquiétude, de la tristesse… C’est le moment où il est évident qu’elle est bien notre fille, qu’on l’aime, tout simplement.

Ce qui est sûr, c’est que j’ai eu du mal à parler de ce qui se passait dans la tête de ma femme. J’ai vu et ressenti ce qu’elle vivait mais c’était plus facile de raconter mon cheminement. Dans le livre, il y a un peu deux personnages côte à côte, un papa râleur et anxieux, une maman plus zen, j’ai un peu caricaturé la réalité de nos deux caractères, de nos deux personnalités. Mais c’est quand même un peu la photographie de la réalité et de ce que nous avons vécu. Mon épouse a certainement été plus calme et philosophe que moi…

D’un coup on reçoit un grand nombre d’informations sur les soins qu’il va falloir apporter, ce qu’il va falloir faire avec Julia pour la stimuler et l’accompagner, la faire évoluer. On rentre dans ce monde inconnu du handicap et des soins, on nous décrit certaines « attractions » et ça fait un peu peur. Je parle dans le livre de Handicap land. On nous dit tellement de choses qu’on ne sait plus comment faire, si on sera capable de tout faire, d’assumer… C’est une étape difficile, différente de la naissance mais angoissante pour les parents.

C’est important parce que la première peur que l’on a avec un enfant handicapé c’est l’avenir : est-ce que toute ma vie je vais devoir m’occuper de ma fille, quand j’aurais 80 ans est-ce que je vais être capable d’assumer ? Certes on nous donne beaucoup d’informations scientifiques mais on a du mal à imaginer ce qu’est la vie quotidienne d’un adulte trisomique. On manque d’exemples ! En parler avec ceux qui ont connu, c’est cela qui apaise, qui permet de relativiser, d’envisager la vie pour Julia avec une certaine autonomie… un travail, un logement, une vie amicale, voire même amoureuse…

Il y a eu aussi la difficulté à parler de Julia à sa grande sœur : ce n’est pas simple de mettre des mots sur la trisomie pour une petite fille. Elle a 5 ans à la naissance de Julia. On s’est aperçu que Louise avait compris beaucoup plus de choses que ce que nous les parents nous imaginions. Sa sœur était différente et elle l’avait bien compris.

Au bout d’un moment, la trisomie « disparait » derrière l’enfant. Aujourd’hui je n’accole plus le mot de trisomique à ma fille, j’ai deux filles, un point c’est tout !

On a la chance que Julia nous ait choisis comme parents !

Et je ne peux que vous inviter à lire ce magnifique récit en bande dessinée qui illustre que cet art narratif est maintenant devenu majeur et capable d’aborder tous les thèmes avec délicatesse et humanité !

(Propos recueillis par Shelton et la photo est de Chloé Vollmer-Lo)

Kid Expo, l’évènement familial et ludique qu’il ne fallait pas manquer…

Il y a quelques jours se tenait à Paris l’évènement familial Kid Expo. C’était la huitième édition et force est de constater que les années passant, Kid Expo est en passe de devenir la véritable grande fête des familles et des enfants !

Certes, certains pourraient un peu rapidement et vu de l’extérieur penser qu’il ne s’agit là que d’une foire commerciale où de grandes marques chercheraient seulement à vendre des produits à offrir à Noël, à commencer bien sûr par les jouets nouveaux ou anciens, technologiques ou pédagogiques, français ou pas…

En fait, Kid Expo c’est de toute évidence beaucoup plus qu’une foire commerciale. En effet, le parc des expos de la Porte de Versailles ouvre deux halls complets dont un entièrement transformé en aire de jeux et de pratiques sportives. On peut nager, shooter, courir, sauter, tirer à la carabine, faire du roller, de la trottinette, du vélo, du poney car les différentes fédérations sont là pour promouvoir un sport non pour vendre un quelconque produit de consommation. Et j’en ai vu des enfants prendre du plaisir en se laissant initier à ces activités.

Durant le week-end, de grands champions sont venus pour partager avec les enfants, et c’est ainsi que Frederick Bousquet s’est mis dans l’eau avec les enfants et les parents pour une belle séance de plaisir aquatique partagé…

Mais Kid Expo, c’est aussi une aire de jeu étonnante avec les grandes marques. Comment ne pas citer ces petites briques de couleur en plastique qui permettent aux grands et aux petits de partager leur créativité dans une ambiance intergénérationnelle surprenante. Certains entrent dans le jeu, d’autres regardent, mais c’est certain que ce jeu créé en 1949 a encore de beaux jours devant lui !

Heureusement, les jeunes créateurs sont aussi là avec la possibilité de jouer des parties entières avec parents et enfants, et même les grands parents qui étaient très nombreux. Je ne pourrais pas citer tous les jeux que j’ai ainsi essayé mais comment ne pas vous parler de ceux qui m‘ont le plus marqué. Souk, un jeu où il faut non seulement faire preuve de stratégie pais où il faut oser faire un pari sur ses propres résultats (à partir d’une dizaine d’années), Croc, le jeu où il faut tenter de nager plus vite que les autres pour ne pas se faire happer par le requin affamé (dès 7 ans, à mon avis car j’ai joué avec un jeune de cet âge samedi dernier et il a adoré), Quelle histoire, la façon de se plonger dans l’histoire avec un grand H tout en jouant (le mémo à partir de trois ans, le jeu de cartes à partir de 8 ans, les jeux sur tablette pour toute la famille)… Oui, Kid Expo est bien une véritable zone de partage du jeu et on pouvait y passer une journée entière sans jamais s’ennuyer !

Mais il y avait aussi des stands plus ouverts sur les questions parentales et éducatives, administratives et techniques, alimentaires et touristiques. C’est ainsi que la FEPEM (fédération du particulier employeur) informait les parents sur la façon de respecter la loi avec la nounou de leurs enfants, la mairie de Paris abordait toutes les questions autour de l’accueil du jeune enfant dans la capitale, Approuvé par les familles expliquait sa démarche communautaire dans laquelle les familles deviennent informatrices des autres familles… Bref, on pouvait tout savoir sur tout !

Il n’est donc pas étonnant de voir que plus de 170000 personnes se sont déplacées pour passer généralement une journée entière à Kid Expo cette année. J’ai vu de nombreux parents qui m’ont expliqué qu’ils avaient fait la surprise à leurs enfants. Oui, une journée à Kid Expo c’est du même ordre qu’une journée dans un parc d’attraction… Non, c’est peut-être même mieux !

« KidExpo attire chaque année un public de plus en plus nombreux. Education, vie pratique, loisirs, jeux et jouets sont autant de thèmes que KidExpo décline en ateliers, permettant aux parents et aux enfants de faire le plein d’idées pour toute l’année. Le succès de cette 8ème édition renforce la position de KidExpo, le plus grand rendez-vous familial », commente Sophie Desmazières, Fondatrice.

Chalon dans la rue : Les Philébulistes, programmation IN

Comme il s’agissait d’un spectacle du IN, comme la structure paraissait belle, comme j’avais vu les acrobates s’exercer en plein après-midi le mercredi, comme les avis étaient mitigés dans le journal et parmi les festivaliers, j’ai voulu aller voir les Philébulistes au square Chabas. Je n’irais pas jusqu’à affirmer que j’aurais mieux fait d’aller voir un autre spectacle, mais je comprends, par contre, pourquoi certains sont restés de marbre devant ce spectacle, pourquoi certains n’ont pas applaudi de bon cœur.

En fait, la structure est parfaite et elle était bien installée au cœur du square Chabas. Le public bien réparti de chaque côté de la structure pouvait voir le spectacle sans aucune difficulté et être assis dans l’herbe, c’est toujours aussi bien que d’être sur un goudron trop chaud, un macadam fondu ou un terrain vague poussiéreux. Qu’on se le dise !

Première remarque, on apprend au début du spectacle – enfin, c’était aussi annoncé dans la presse – qu’un des artiste ne participait pas car il s’était blessé. Il s’agissait d’une acrobate qui laissait ses cinq compagnons se débrouiller seuls, même si on se doute bien qu’elle aurait préféré éviter la blessure. Il n’empêche que cela déstabilisait probablement une partie du spectacle et depuis ma déception est doublée d’une autre interrogation : si elle avait été là, le spectacle aurait-il été tout autre ? Je n’aurai la réponse que si un jour je revois ce spectacle avec la troupe complète. En attendant, je préfère me dire que cette acrobate était la vedette extraordinaire qui manquait cruellement hier soir lors de cette représentation à Chalon…

Spectacle trop long, trop mou, mal écrit, dégageant trop d’ennui, acrobaties trop simples, trop de ratés, pas assez de rêve, trop peu d’énergie partagée, bref, pour un peu, je me serais endormi à la fraiche dans l’herbe humide… Heureusement, ma voisine de derrière râlait, ça me maintenait éveillé !Je ne veux pas être trop méchant pour ce spectacle, mais je suis sorti très déçu et je m’interroge encore du pourquoi de ce spectacle dans le IN du festival. Il y a tant de belles troupes, tant d’artistes de qualité dans les arts de la rue ! Heureusement, d’ailleurs, je pense que je vais oublier très vite cette soirée en compagnie des Philébulistes et que les deux jours à venir je vais encore faire plein de belles découvertes !!!

http://youtu.be/wglAa2b4Ino

Chalon dans la rue : Les Traînes-Savates

Oui, je sais, vous en avez marre de ces fanfare qui vous saoulent avec leur musique. Pour vous un spectacle c’est autre chose, une énergie qui se transmet entre artistes et spectateurs, un moment d’échange et de partage, une construction plus intellectuelle, un projet plus abouti qu’une simple suite de morceaux de musique…Je peux entendre un tel discours mais j’ai deux remarques à formuler avant de parler des Traîne-Savates. La première est simple : et s’il en fallait pour tous les goûts ? La rue est à tous, tous les goûts sont dans la nature et sans chercher à créer des hiérarchies improbables et peu crédibles, laissons chacun produire son art et chacun choisir ses spectacles. Le monde présent hier soir pour la première de Aire 2 funk à Chalon semble laisser à penser que ce type de spectacle plait énormément…

Mais je peux prolonger la réflexion en allant plus loin. Et si une fanfare produisait un spectacle écrit, construit, avec un véritable projet artistique et humain, seriez-vous capable de la percevoir, d’en profiter. Délicat d’être certain de cela car souvent les remarques contre les fanfares relèvent d’à priori sans intérêt.

Ici, la fanfare funky bien connue des chalonnais qui l’apprécient depuis qu’elle vient à Chalon dans la rue, propose une rencontre artistique et musicale entre un groupe instrumental funky, les Traîne-Savates, et des danseurs hip-hop. La rencontre dure 45 minutes environ et plus si affinité – avec le public bien sûr ! De plus, ce spectacle est plein d’humour ce qui ne gâche rien !

La prestation d’hier soir fut presque parfaite, dynamique, enthousiasmante avec des échanges d’énergie incroyables entre le public, les musiciens et les danseurs. J’ai eu le sentiment que tout le monde était à la hauteur et que nous vivions tous un grand moment de convivialité, de fête, de musique… de festival, tout simplement.

En discutant avec un musicien des Traîne-Savates, nous en sommes venus à parler de Hakim Bey et de ses zones d’autonomie temporaire (ZAT). Dans un de ses ouvrages, il prend le temps de parler des festivals, des temps hors du temps, ou des personnes, artistes et spectateurs, se rencontrent pour partager un moment spécifique, un instant d’énergie particulière, pour quitter la vie quotidienne et ses ronronnements, pour atteindre l’instant où l’humanité se transcende…

C’est peut-être bien cela un spectacle des Traîne-Savates, allez savoir ?    

Chalon dans la rue : A vélo vers le ciel !

A vélo vers le ciel annonçait le titre du spectacle de cette compagnie belge Theater Tol ! Mais le voyage était peut-être plus important que ce qui était annoncé puisque non seulement nous sommes bien partis vers le ciel mais nous avons atteint l’extase, le nirvana, le paradis !

Bien, commençons d’abord par quelques remarques désagréables entendues ici ou là : trop long, trop classique, pas d’histoire, trop élitiste, pas assez de feu d’artifice… Oui, c’est vrai qu’il faut reprendre tout cela calmement si on veut être objectif, et, surtout, vous donner envie d’aller voir ce spectacle dimanche soir…

Tout d’abord, ne croyez pas qu’il s’agit ni d’un feu d’artifice ni d’un spectacle pyrotechnique. Il s’agit bien d’un spectacle musical de danse aérienne avec grosse machinerie. C’est une sorte de féérie, d’enchantement, de rêve éveillé, de spectacle onirique, poétique… La musique qui sert d’appui à ce spectacle est non seulement classique, mais fortement lyrique. Là encore êtes prévenus, mais qui a dit que le lyrique est désagréable ? Ce qui est vrai c’est qu’il s’agit bien d’une musique que certains n’ont pas l’habitude d’entendre et ils peuvent être surpris… Pour certains ce sera donc peut-être un peu long, pour moi ce fut trop court : les quarante-cinq minutes du spectacle semblent passer en quelques secondes et on est tout surpris par le final sonore et visuel. Quoi, c’est déjà terminé ! Oui, mais c’était tellement beau…

Revenons sur un autre point de ce A vélo vers le ciel, c’est une sorte de danse aérienne, mais c’est bien une danse ! Donc, ne vous attendez pas à des textes explicatifs, des dialogues toniques ou des sous-titrages dans votre langue préférée. Ici c’est bien le corps et le geste qui vont donner du sens à cette recherche de hauteur, de bonheur, d’absolu… Car c’est bien de cela qu’il s’agit : oublier le monde avec ses laideurs, prendre de l’altitude pour conquérir un univers plus paisible, sympathique, rassurant…

Mais la danse s’appuie sur une technique, sur une machinerie, sur des éléments qui vont donner immédiatement une autre ampleur à la gestuelle, à la danse, au chant, à la musique… Il y a, dans un premier temps un système à pédales pour permettre aux anges de se déplacer sans bruit au milieu de la foule, puis il y a au loin une grue géante qui va donner l’envol à un cycliste avant de soulever une énorme structure ronde qui va provoquer l’émerveillement de tout le public, c’est-à-dire environ 2348 personnes (selon les organisateurs et autant d’après moi qui ai pris le temps de valider le décompte officiel).

Plusieurs musiques, extraits lyriques ou autre Ave Maria, donnant naissance à des tableaux visuels et aériens, tous plus enchanteurs les uns que les autres. On n’a pas le sentiment d’une histoire au sens traditionnel du terme, juste une narration pacifique et dont la poésie nous fait oublier soudainement tous nos problèmes… la magie du spectacle opère parfaitement et à la fin on n’en aurait presque oublié que nous étions à Chalon dans la rue, dans le IN du festival, que nous n’étions pas seuls sur cette place et que beaucoup avaient l’air d’être heureux, tout simplement…

Les photos ne donnent pas la pleine mesure de la beauté de l’ensemble, phénomène aggravé par l’absence du son… néanmoins, cela peut quand même vous donner l’envie d’aller les voir quand ils passeront à quelques kilomètres de chez vous…

Cette féérie sera rejouée à Chalon le 27 juillet, puis à Bergen aux Pays-Bas le 29 aout, pour la suite rendez-vous sur le site de la compagnie : http://www.theatertol.com/

Chalon dans la rue : Fertile des Metalovoice

Les Metalovoice, un nom qui fait rêver certains Chalonnais, j’en fais partie et je ne m’en cache pas ! Chaque fois que je suis allé à un de leurs spectacles, je suis sorti bouleversé, secoué, retourné, perplexe, convaincu, admiratif, envieux même d’une certaine façon.

Bouleversé car ces spectacles, et le dernier n’échappe pas à cette règle, nous prennent aux tripes, nous attrapent au plus profond de nous, ne nous laissent aucun échappatoire, nous ramène au cœur des problématiques humaines. Quand nous étions jeunes, nous pensions seulement à : quand est-ce qu’on mange, où on dort, qui paye… certes, c’est un peu schématique mais pas loin de la réalité. Avec les Metalovoice, les questions sont plus profondes mais plus tenaces : d’où venons-nous, avec qui cheminons-nous, où allons-nous, sommes-nous libres, pourquoi travailler, qu’allons-nous devenir demain, dans un an, beaucoup plus tard, pourquoi les autres… Oui, on peut appeler cela les questions existentielles, philosophiques, métaphysiques… Choisissez votre mot, avec les Metalovoice, on est libre. Libre d’aimer ou pas le spectacle, libre de la comprendre d’une façon ou d’une autre, après tout, c’est ça la vie. Nous sommes différents, sur une même planète, nous la traversons ensemble…

Convaincu ? Oui, convaincu d’être en face d’une troupe qui ne se contente pas de jouer un petit spectacle écrit à la va vite sur un coin de table… Ici, on sent la profondeur d’une écriture qui a dû prendre son temps. On est là avec un spectacle qui dit peu – certains le trouveraient presque taiseux – mais qui dit beaucoup car quelques gestes, quelques notes et quelques objets peuvent en dire plus que de longues phrases…

Envieux ? Oui, je me suis souvent dit en sortant d’un spectacle des Metalovoice que c’était exactement le type de spectacles que j’aurais aimé écrire ! Mais, voilà, pour cela il faut avoir leur histoire, leur richesse, leur talent… et ce n’est pas le cas !

Fertiles, leur dernier spectacle, celui que j’ai pu voir vendredi matin en plein soleil – oui, il n’y a pas eu que des grèves, de l’orage et de la pluie durent ce festival 2014 – m’a enchanté et ravi. Il y a du mouvement, de la surprise, de la musique, des percussions sauvages et débridées, des hommes et une femme, des messages forts, de l’émotion et surtout un regard lucide sur notre monde, notre société, notre avenir… Oui, il faut maintenant agir avant qu’il ne soit trop tard ! Mais n’est-il pas déjà trop tard ? Non !!! Il n’est jamais trop tard pour entrer en résistance, pour créer des liens, pour refaire une communauté solidaire… A vous de choisir !

Dit comme cela, on peut avoir peur d’un spectacle politicien, d’un texte de propagande, d’un spectacle du in d’Avignon… Euh, non, là c’était pour rire ! En fait, c’est juste un beau spectacle d’environ une heure que vous devriez aller voir d’autant plus que la compagnie devrait jouer demain dimanche si le temps le permet…