Lignes de front, une série signée Jean-Pierre Pécau

Il est de bon ton de raconter aujourd’hui, sous toutes les formes possibles, des destinées marquées par la guerre de 14-18 – centenaire oblige – ou par le conflit de 39-45 – à cause du double anniversaire du débarquement et de la libération des grandes villes française – et il n’est pas étonnant de voir la bande dessinée s’engouffrer dans la brèche comme la littérature, les jeux vidéo, le cinéma, les téléfilms…

Les grands auteurs de bandes dessinées, ceux qui ne veulent pas se contenter de produire pour vendre, sont obligés de se torturer le cerveau droit, celui de la création, pour trouver un angle d’attaque original, un thème encore peu ou pas abordé ou un style atypique pour plonger le lecteur dans l’enfer de la guerre… Comme la production est très abondante, la recherche initiale est délicate et avouons que certains albums finissent par avoir un air de déjà lu, de déjà vu, de déjà passé dans nos mains !

Jean-Pierre Pécau que je considère comme un grand scénariste contemporain – Arcanes, Le Grand Jeu, Histoire secrète, Jour J… – aurait pu se contenter de nous offrir une énorme Uchronie comme il sait si bien les faire, une vision complotiste de la guerre comme il les aime, mais il a choisi un autre style pour raconter une grande aventure de la seconde guerre mondiale. Il a pris six jeunes gens qui se rencontrent lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 et qui vont ensuite vivre cette guerre de l’intérieur. Ces/ses personnages sont un Français, un Australien, deux Allemands, un Anglais et une Américaine. Le cadre est ainsi posé et il fallait encore, pour parfaire l’environnement de cette série, une ambiance culturelle. Jean-Pierre Pécau a choisi la chanson universellement connue, Lili Marlène, qui va ainsi nous accompagner d’album en album…

Comme le mécanisme de la série implique une cadence infernale de sortie pour maintenir le lecteur dans le tempo de l’histoire, les dessinateurs seront différents d’un épisode à l’autre. Trois albums sont déjà sortis, et avec au crayon Brada, Benoît Dellac et Bane. Pour vous donner envie de découvrir cette série qui est en cours de parution et qui devrait compter huit albums, je vais vous donner quelques compléments d’information sur les trois premiers parus.

Le premier, Stonne, est constitué de deux parties, un chapitre qui a pour cadre les Jeux Olympiques à Berlin – c’est là que nous faisons connaissance de Joachim Klein-Combourd, Tim Page, Emile Soubise, Peter Yates, Magdalena Kopps et Cheryl Matthew – tandis que la seconde nous projette lors de la campagne de France où on retrouve Emile Soubise dans une unité française de blindés. J’ai trouvé la narration graphique très dynamique mais pas assez aboutie et finalisée. Un peu comme si le premier tome avait été terminé trop vite, comme si l’auteur et le dessinateur étaient pris par le temps !

Tandis que le second volume, Le vol de l’aigle, m’a donné une impression de plénitude, de perfection, de maîtrise. Le dessin de Benoît Dellac est pour moi de toute beauté et parfaitement adapté à cette journée du 18 août 1940 où les forces aériennes allemandes et anglaises s’affrontent violemment au-dessus de la Grande-Bretagne dans ce qui restera la Bataille d’Angleterre. On n’avait pas imaginé Benoît dans ce registre mais il excelle et on en redemande !

Enfin, dans le troisième volume de cette très bonne série, LRDG, on va aller entre Egypte et Lybie pour un épisode de la Guerre de Désert. Ce sera l’occasion pour Peter Yates de confirmer son caractère de chien, ses distances prises avec les règles et lois, sa volonté d’avancer quoi qu’il puisse arriver… Le dessin de Bane est de bonne qualité, assez classique malgré tout pour ce type de bande dessinée et le scénario de Jean-Pierre Pécau, lui, prend de l’épaisseur et on sent bien que l’auteur s’enfonce progressivement dans son histoire sans se laisser enfermer par l’Histoire.

Voilà donc un très bon travail, Lignes de front, qui permet en quelques pages de parcourir le second conflit mondial, avec originalité, avec un fond romanesque bien construit et agréable à lire, avec une excellente approche historique de chaque épisode. Bref, je ne vois là que des atouts pour lire, offrir, faire lire cette série bédé de très bonne tenue qui mérite d’être distinguée dans la masse de séries qui abordent la seconde guerre mondiale !

Confirmation du talent de ce scénariste contemporain, Jean-Pierre Pécau, que certains critiques et lecteurs n’ont pas encore lu et qui est un grand de la bande dessinée !

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Série Lignes de front

Scénariste : Jean-Pierre Pécau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tome 1 : Stonne

Dessin : Brada

Couleurs : Thorn

ISBN : 9782756032320

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/41316

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tome 2 : Le vol de l’aigle

Dessin : Benoît Dellac

Couleurs : Fernandez

ISBN : 9782756035093

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/41505

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tome 3 : LRDG

Dessin : Bane

Couleurs ; Thorn

ISBN : 9782756035116

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/42227

Débézed prend son temps aux Mots Doubs

J’avais boudé les deux éditions précédentes, trouvant qu’il y avait trop d’auteurs locaux présentant des livres qui n’avaient pas grand-chose à voir avec la littérature, trop de ceux qu’on appelle les « people », qui garnissent les rayons des librairies et des supermarchés en déballant leur vie qui ne m’intéresse absolument pas, trop de gens qui se prétendent écrivains parce qu’ils ont profité de l’actualité pour publier un texte dont la plus grande valeur ne réside souvent que dans un titre très accrocheur, trop peu de vrais auteurs, du moins ceux que je considère comme tels,  ceux qui écrivent des livres que j’aime lire. Tout cela est très personnel, très partial, mais c’est ce qui motive nos choix et je fonctionne un peu comme tout le monde.

Cette année, l’affiche me semblait un peu plus alléchante et ce salon a pris une nouvelle dimension sur la scène littéraire nationale, j’ai donc décidé de tenter l’aventure d’une visite que je n’ai pas pu éluder quand l’ami Shelton a répondu favorablement à mon invitation. Donc, après avoir pris un repas fort convivial à la maison et avoir déjà longuement disserté sur nos lectures et bien d’autres sujets encore, nous avons pris le chemin des jardins de l’institution départementale où le salon est hébergé depuis sa création. Le soleil illuminait ce site bien sympathique sous le rempart médiéval, en bordure du Doubs. Arrivés sur place, nous nous sommes bien vite séparés, vous connaissez tous nos goûts assez divergents, donc Shelton s’est orienté directement vers le secteur réservé à la BD, alors que je préférais rencontrer des auteurs de romans que j’ai déjà lus ou que j’ai envie de découvrir. Albin Michel avait délégué un solide contingent d’auteurs qu’il édite car, depuis plus d’un an maintenant, il a racheté la librairie Chapitre de Besançon, j’ai donc commencé ma visite par ce stand où figurait Craig Davidson, Joseph Boyden, et bientôt d’autres encore. Comme je n’avais pas envie d’entamer une discussion par le truchement d’une interprète, j’ai boudé Boyden qui est pourtant sur mes listes depuis longtemps, je me contenterai donc d’un emprunt à la médiathèque locale.

Comme Oriane Jeancourt Galignani était disponible, je me suis présenté à elle en lui disant que j’avais lu ces deux livres, « Mourir est un art, comme tout le reste » à propos du suicide de Sylvia Plath et « L’audience » qui sort à l’occasion de cette rentrée littéraire, que je les avais bien aimés et que je les avais commentés. Elle m’a dit qu’elle connaissait CrtiquesLibres, qu’elle avait lu mes commentaires et qu’elle les avait bien appréciés, flatteuse, elle a même ajouté que j’avais une belle plus, je ne suis pas dupe mais ça fait plaisir tout de même. Nous avons bien sûr parlé de Sylvia Plath, de la distance qu’elle avait prise avec la biographie pour écrire son roman, de sa manière de raconter et d’écrire une histoire que j’apprécie particulièrement et pour terminer de ses projets car je suis curieux de voir ce qu’elle pourrait proposer en écrivant un fiction pure et non un texte inspiré d’un personnage ou d’un événement ayant réellement existé. Elle ne sait pas encore car elle n’a terminé son dernier livre qu’au printemps et qu’elle n’a pas encore remis un texte en chantier. Elle est toujours rédactrice en chef de la revue « Transfuge » et ne consacre donc pas tout son temps à l’écriture.

Après cette sympathique et cordiale rencontre, mon étape suivante a été consacrée à Romain Slocombe qui siégeait derrière Oriane Jeancourt Galignani, je l’ai abordé en lui disant que j’avais lu son livre, que je l’avais apprécié mais qu’il y avait une ambigüité entre la lettre annoncée et le texte publié. Je pense qu’il a dû répondre cent fois à cette question mais il est resté très aimable et m’a répondu en souriant que ce livre faisait suite la commande de la jeune éditrice qui avait lancé la collection ayant pour caractéristique de publier des livres sous forme de « lettre à… » et il a bien convenu que son texte n’était pas, dans sa forme, en totale adéquation avec le projet de l’éditrice. J’ai aussi évoqué avec lui l’écriture un peu datée qu’il a utilisée pour rédiger ce texte, il m’a confié qu’il avait choisi un personnage très cultivé comme rédacteur de cette lettre pour pouvoir lui donner un langage élaboré qu’il a glissé dans le français de l’époque qui n’est pas son écriture habituelle, il a fait l’effort d’essayer d’écrire comme à l’époque en se nourrissant de textes contemporains de son intrigue. Comme j’ai bien apprécié son écriture, je lui ai dit qu’il avait plutôt bien réussi cet exercice. J’aurais voulu prolonger cet entretien et lui acheter son dernier livre mais des clients intéressés par une dédicace attendaient derrière moi, j’ai donc écourté mon propos en disant  que je reviendrais et évidemment, la visite étant longue, je ne l’ai pas fait… Il ne connait pas notre site, je lui ai dit qu’il y était en compétition cette année pour notre célèbre prix, il a noté consciencieusement notre adresse, promettant de nous rendre visite.

Thierry Beistingel, n’était pas à son poste, je suis passé plusieurs fois, peut-être n’était-il pas présent le samedi, les écrivains ne viennent en général qu’un jour ou deux sur les trois que dure le salon. J’étais un peu déçu parce que Feint me l’avait chaudement recommandé. J’ai donc poursuivi ma visite en me dirigeant vers le quartier réservé aux auteurs étrangers, c’état comme ça cette année, ils avaient un stand spécifique. Lyonel Trouilot était seul, je l’ai abordé en lui disant que j’avais lu son livre en compétition cette année pour notre célèbre prix, il ne savait pas, ne nous connaissait pas, il a noté. J’ai acheté son dernier livre et comme d‘autres lecteurs attendaient, j’ai laissé la place aux fans. Alaa El Aswany était à proximité, il partait pour une conférence à laquelle il participait, je lui ai glissé que j’avais beaucoup aimé son livre qui résumait bien la situation en Egypte juste avant les émeutes. Je lui ai aussi dit qu’il avait une belle place sur notre site, il était pressé, il m’a laissé sa carte de visite pour que je lui envoie l’adresse de son texte sur CL, ce que je ferai rapidement. Notre échange a été bref mais nous avons parlé comme deux vieilles connaissances qui se croisent sans avoir le temps de disserter.

Au bout du stand, il y avait un écrivain moldave, je crois que c’est la première fois qu’un livre traduit du moldave me tombe entre les mains, je l’ai feuilleté, l’auteur s’est approché pour nous proposer de répondre à nos questions. J’ai donc profité de sa disponibilité et de son amabilité pour nouer un petit dialogue car il ne parle pas parfaitement le français (mais il le possède suffisamment pour traduire Villon dans sa langue natale), assez cependant pour échanger quelques mots sur la littérature moldave. Comme je lui confiais que je n’avais jamais lu d’auteurs moldaves il m’a rétorqué qu’il n’était déjà pas très nombreux à habiter dans ce pays et que les écrivains n’y étaient effectivement pas très présents. Il n’en connait apparemment pas beaucoup mais, même si sa biographie dit qu’il habite à Chisinau, il a passé une bonne partie de sa vie en URSS, d’abord avec son père officier dans l’armée soviétique et puis comme journaliste, et la carte qu’il m’a laissée pour que je lui envoie mon commentaire indique qu’il réside à Montréal, donc il n’est peut-être pas très représentatif de la littérature moldave. J’en saurai plus après lecture de son livre.

Il commençait a se faire tard, j’aurais voulu évoquer avec Carole Martinez, les sources qu’elle avait consultées pour écrire son livre « Du domaine des murmures » qui se déroule au Moyen-âge dans la région de Besançon, car ayant moi-même étudié cette période, j’ai eu l’impression qu’elle avait fait des études un peu semblables aux miennes au moins pour cette partie ou alors elle a eu accès à des sources très précises car les personnages, les lieux, les faits qu’elle évoque, correspondent exactement à ce que j’ai trouvé dans les manuscrits et autres documents que j’ai consultés quand j’ai travaillé sur mon mémoire de maîtrise qui était consacré aux chroniques médiévales bisontines en langue française. Comme ce livre a eu un grand succès en Franche-Comté et que de plus elle présentait une BD dont elle a écrit le scénario, elle était absolument inabordable. Dommage, je suis sûr que nous avions des choses à échanger, peut-être une autre fois, ailleurs…

Il était temps de rejoindre Mrs Jone et Shelton qui étaient en grande conversation avec notre Pascal Marmet à nous, je suis resté à l’écart ne voulant rentrer dans une discussion déjà bien engagée avant que j’arrive. Le soleil déclinait sur l’horizon il était temps d’escalader la colline où, en 1668, Louis XIV avait installé ses canons pour soumettre notre bonne ville d’empire à la volonté du roi de France.

Une belle journée avec des amis de qualité, des auteurs passionnants et talentueux et j’ai hâte de retourner au « Mots Doubs » l’an prochain pour faire encore de belles rencontres… avec certains d’entre-vous peut-être !

Belles rencontres au Livre sur la place de Nancy et aux Mots Doubs de Besançon…

Cette année, j’ai eu l’occasion et la chance d’aller à la fois au Livre dur la place de Nancy et aux Mots Doubs de Besançon, deux des deux grands salons littéraires de la rentrée. Dans les deux cas ce fut aussi une rencontre avec le site « critiques libres », à Nancy avec Septularisen et à Besançon avec Débézed…

Un salon littéraire, c’est avant toute chose un espace où de très nombreux auteurs, parfois trop, tentent de nous accrocher, de retenir notre attention, de nous vendre leur livre. Ce n’est pas très facile pour les auteurs car rappelons que vendre n’est pas leur métier, eux ils écrivent dans la solitude ! Certains d’entre eux sont plus forts, plus bavards et on les aurait bien vus en bonimenteurs sur les marchés provinciaux. Mais ce ne sont pas toujours les meilleurs, ceux qui nous parlent le plus, ceux que l’on aurait envie de lire. D’autres, parfois, s’ennuient à mourir, regardent leur téléphone, écrivent sur une feuille comme pour s’échauffer pour la dédicace qui tarde à venir, lisent l’ouvrage de leur voisin d’infortune…

C’est ainsi qu’à Nancy, j’ai découvert un Antoine Volodine bien seul alors que sa consœur dont je tairai le nom était submergée par les lecteurs. Il a répondu à mes questions – une était même une suggestion de Septularisen – et a pris le temps de parler encore avec nous, de dédicacer un livre à chacun. Une belle rencontre pour clore un de mes temps forts de lecteur car j’ai été séduit par son Terminus radieux !

A Nancy, comment oublier la rencontre avec Joël Alessandra, un auteur de bandes dessinées qu’il faut absolument découvrir ! Son travail sur la corne africaine ou le Tchad est de toute beauté, pétri d’humanité, profondément littéraire, passionnant à lire ! Une belle interview, une rencontre douce et agréable, un moment de pur bonheur, quoi ! J’en profite pour citer quelques albums à lire : Errance en mer Rouge, Retour au Tchad, Frikie

Enfin, une belle découverte avec une auteure que je ne connaissais pas du tout. Elle fait des albums pour enfants, enfin non, des livres illustrés pour toute la famille. Elle est lumineuse, fine et dessine merveilleusement bien, raconte tout en douceur et elle m’a impressionné. Son nom est simple, Marie Dorléans, et on dirait qu’elle nous parle de la vie, de la terre, de nous… Des albums à ne pas manquer, à lire, à offrir, à commenter avec les jeunes ou moins jeunes lecteurs : On dirait que…, L’invité, La tête ailleurs.

A peine les bruits de Nancy ont-ils fini de s’estomper que les Mots Doubs arrivent à l’horizon. Heureusement, pour nous, Shelton et Mrs Jones, c’est d’abord l’occasion de retrouver la famille Débézed. Chaque salon est toujours l’occasion de retrouver un membre au moins de la communauté CLienne et ce n’est pas pour nous déplaire, bien au contraire. Mais c’est aussi le moment de rencontrer d’autres auteurs car d’un lieu à un autre, d’une manifestation à une autre, les invités changent. D’autres auteurs, d’autres livres, d’autres découvertes…

La première du jour sera le plaisir de retrouver une amie, Elise Fisher, une Lorraine. Une Lorraine dans le Doubs ? Oui, mais à Nancy, elle était bien là, assaillie par ses lecteurs fidèles, inaccessible pour une petite discussion entre amis. A Nancy, elle me dit avoir signé plus de 750 ouvrages en trois jours ! Là, à Besançon, c’est plus calme, elle est d’ailleurs plus détendue et j’aime la revoir ainsi de salon en salon…

Puis je me suis surtout consacré à des rencontres avec des auteurs de bandes dessinées ou de lectures pour la jeunesse : Yaël Hassan, Nancy Pina, Fred Neidhardt, Yatuu, Allan Barte… Enfin, pour terminer mon petit voyage livresque sur les bords du Doubs, quelques mots échangés avec René Cagnat et Pascal Marmet… Pascal Marmet ? Oui, celui-là même avec qui il y eut sur ce site quelques tensions jadis, mais en même temps la discussion autour de son livre sur le café a été plutôt bien sympathique… Vous en prendrez bien une petite tasse avec nous ! Non ?

Et pour clore cette seconde journée littéraire de ce beau mois de septembre, quelques pas le long du Doubs ou au-dessus de Besançon pour découvrir une magnifique ville qui n’attend que votre arrivée car elle s’offre avec plaisir à tous ses visiteurs !!!

Il était une fois l’Orient Express… exposition jusqu’à fin août 2014 !

C’est à une belle exposition que je vous invite aujourd’hui. Il était une fois l’Orient-Express, cela commence comme un conte, comme un roman, comme une belle histoire. c’est vrai que c’est aussi un catalogue – donc un livre – qui est plus qu’un souvenir de l’exposition de l’Institut du monde arabe (IMA), exposition qui se tiendra encore jusqu’au 31 août 2014.

Le plus surprenant dans cette exposition est le fait d’avoir installé une locomotive et quatre wagons du mythique train devant le bâtiment de l’Institut du monde arabe comme si nous étions en Égypte, à la gare du Caire, au moment où le train arrivait de Paris via Venise, Belgrade, Constantinople…

Cette exposition est fondamentalement littéraire puisque la simple évocation de ce nom de train, l’Orient Express, vous met en contact avec de grands écrivains : Pierre Loti – qui a voyagé avec ce train plusieurs fois pour rejoindre la Turquie, pays qu’il aimait beaucoup – et Agatha Christie – qui a si bien immortalisé ce train en faisant une scène de crime – qui l’utilisait aussi pour rejoindre son mari en pleines recherches archéologiques au Moyen-Orient…

Mais ce train est aussi un support majeur de voyage et d’ouverture car il reliait de façon quotidienne Orient et Occident, les deux cultures si proches et si éloignées. Si proches car il n’est pas nécessaire de franchir de longs et dangereux océans pour passer de Paris, Munich, Venise ou Vienne à Constantinople, Beyrouth, Bagdad ou Le Caire ! Si éloignées car le temps ne s’écoule pas de la même façon du côté des gens pressés de la Bourse de Paris ou à la terrasse du Péra Palace de Constantinople… L’Orient, c’est prendre son temps, savourer chaque minute comme une minute pleine et positive, sentir la chaleur, regarder les couleurs, découvrir que la vie peut avoir un autre goût, une autre saveur…

L’exposition comme le catalogue vous invite à rencontrer des personnages si différents que le lecteur/visiteur en perd la tête : personnels politiques et diplomatiques, écrivains, journalistes, artistes, espions, archéologues, riches inactifs en vacances, couples en voyage de noces, jeunes pousses en voyages exploratoires ou années sabbatiques…

Le début de l’exposition se déroule directement dans des wagons de ce train mythique qui ont été rénovés et qui permettent de sentir, de comprendre, de toucher -  pas les objets bien sûr – ce que qui a bien pu fasciner ceux qui ont eu la chance de voyager dans cet Orient Express… Dans la seconde partie de l’exposition, celle qui se déroule dans l’IMA, on peut aussi voir de nombreux extraits de films ayant pour cadre ce train : Le crime de l’Orient Express de Sydney Lumet, Une femme disparait d’Alfred Hitchcock ou Bons baisers de Russie de Terence Young… pour n’en citer que quelques-uns…

Si le cinéma nous a beaucoup marqué car il fut le premier à nous faire entrer dans ces luxueuses cabines en compagnie souvent de fort belles femmes ou hommes – il n’y a pas de raison d’être sexistes ici – il ne faut pas oublier la littérature qui encore aujourd’hui utilise ces trains de nuits pour camper des crimes, des trafics et autres actions d’espionnage. Il faut donc évoquer La Maldonne des sleepings de Tonino Benacquista, Le nouveau crime de l’Orient-Express de Gérard Delteil ou Le roman de l’Orient-Express de Vladimir Fédorovski…

Cette exposition, ce catalogue, cette évocation estivale sont donc invitation au cinéma et à la lecture. Cinéma car tous ces films sont accessibles, au moins en DVD, et les livres sont tous en librairie et en bibliothèque. Alors comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture ! Quant à l’exposition, elle est ouverte tout cet été à Paris à l’Institut du monde arabe… Bonne visite !

Des enfants de maternelles à la rencontre d’un auteur de bandes dessinées

Pierre Bailly vient de passer presque deux jours à Chalon-sur-Saône, Châtenoy-le-Royal et Granges. Il a rencontré quatre classes dont trois avaient suivi un atelier d’écriture bande dessinée avec Michel Bonnet, pédagogue et critique de bandes dessinées. Chaque classe a créé une histoire, dessiné les différentes séquences de cette histoire, mis en couleurs… Toutes les étapes de la création d’une bande dessinée ont été ainsi abordées. Il ne manquait plus que le regard du professionnel ! Il est venu !

Pierre Bailly a été plus qu’un spectateur, il a prodigué ses conseil, écouté chaque créateur, inauguré l’exposition de tous les travaux à la bibliothèque de Châtenoy-le-Royal… Il a même dessiné pour montrer à ces jeunes talents en herbe, le chemin à suivre…

En fait, il n’a pas hésité à aider ceux qui dans quelques années, n’en doutons pas, seront tout simplement des concurrents sur le marché de la bande dessinée !Pierre Bailly a ainsi étonné les parents présents (nombreux, plus nombreux qu’attendus, bravo !), les enseignants et bibliothécaires… Mais les enfants, ont ainsi mesuré que dessinateur professionnel était un beau métier… A vous de jouer Camille, Zoé, Julie, Bruno, Jean et tous les autres !!!

Travail de Camille (5 ans)

Direction Belle-Ile en mer !

C’est par hasard que j’ai découvert cet antre livresque et accueillant. J’avais une heure à attendre au port de Belle-Ile, au Palais. Les bateaux ont leurs horaires et ils ne correspondent pas exactement à ceux de la marche à pied touristique. Attendre oui, mais où ? Et voilà un petit panneau qui indique : à 200 mètres au-dessus du port, café littéraire ! Sitôt lu, sitôt en marche pour ce havre de paix. Les 200 mètres sont franchis avec difficulté car après une journée de marche – et de gastronomie, soyons honnêtes – les derniers dénivelés pour accéder aux hauteurs du port se font sentir dans les mollets. Enfin, nous voilà devant Liber & Co, une librairie atypique, un café étonnant, une aire de repos hors norme.Ici on peut acheter du livre neuf, boire un café, trouver du livre d’occasion, se délecter d’un thé vert, écouter une lecture de Proust, admirer le port, l’océan, la citadelle… certains soirs, il y a spectacles, débats ou échanges. Ici tout est possible dans la plus grande liberté, celle qui est portée par le livre, objet de culte, de respect, de vénération…Une heure va passer si vite qu’il faudra revenir pour tout découvrir… En rentrant, j’en parle à une amie qui fréquente régulièrement Belle-Ile, elle me dit que l’été il y eut même un temps des séances de yoga qui finissaient autour des livres…

Une magnifique construction Vauban d’un côté…

Ne serait-ce point cela les vacances absolues : liberté, échanges, lectures ? D’ailleurs, ici on ne fait pas que café et thé, il y a même une chambre d’hôtes, de quoi donner des idées pour artiste en création ou écrivain en cours d’écriture… Non ?

L’Océan aux pieds, Quiberon à l’horizon…

Pour découvrir ce lieu idyllique : http://www.liberandco.com/index.php

Bandes dessinées et guerre de 14-18, entre anniversaire, célébrations et lectures !

Le magazine Beaux-Arts propose régulièrement des numéros hors-série sur des thèmes qui ne peuvent que passionner les lecteurs que nous sommes. Au moment où nous entrons dans les grandes célébrations de la Grande Guerre, celle que Brassens chantait à sa façon pour pointer du doigt ce qui restera dans les mémoires comme le plus grand carnage humain, voici un ensemble exceptionnel pour nous plonger dans la Guerre de 14-18 à travers la bande dessinée…

Trois points forts pour ce travail éditorial et phylactérien, trois clefs de voute pour un édifice sérieux qui, si besoin était, prouvera que la bédé est capable d’être aussi témoin de son temps, de la guerre elle-même à son souvenir, des faits à leur célébration, de l’histoire aux histoires…

Tout d’abord, on va se faire plaisir en découvrant – pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait – que les Poilus étaient aussi des artistes. Certains diraient même avec raison qu’ils étaient artistes avant d’être soldats puisque leur statut de combattant n’était arrivé que malencontreusement, soudainement et sans préparation. On oublie trop souvent que plusieurs feuilles de choux ont été éditées par les combattants eux-mêmes avec textes et dessins. Une de ces feuilles de combattants deviendra le Canard enchainé, indépendant et caustique, tandis que la plus dessinée, La Baïonnette, disparaîtra après la guerre (parution entre 1915 et 1920). L’excellent article de Maël Rannou vous éclairera sur cette parution, sur le style des caricatures de l’époque, sur une des grandes signatures de la revue, Gus Bofa, soldat blessé dès la première année du conflit. Cet homme survivra à cette guerre et fera une grande carrière d’illustrateur. Il décèdera en 1968. Cet artiste oublié est remis en lumière par une exposition et un ouvrage… Pourquoi ne pas le découvrir dès maintenant au moment de cette commémoration guerrière ?

[http://www.bdangouleme.com/344,gus-bofa-l-adieu-aux-armes]

Mais ce hors-série met aussi l’accent sur tous ceux qui ont mis en images les textes des combattants, à commencer par ces Poilus anonymes ou presque qui ont écrit de façon régulière à leurs familles, à leurs épouses, à leurs enfants… Il faut dire que l’on possède tant de lettres de ces combattants, tant de témoignages sur ce qu’ils ont vécu, tant de souffrances racontées… que les dessinateurs ont le choix pour trouver celle qu’ils pourront mettre en images. Pour illustrer ces démarches qui souvent se retrouvent dans albums collectifs, le magazine nous présente en quatre planches une lettre du soldat Martin à sa femme. C’est Cyril Pedrosa qui met des traits et des couleurs…

Mais quand il faut donner la parole aux combattants, comment ne pas évoquer Jacques Tardi et son grand-père ? Tardi est connu pour ses différents albums qui traitent directement ou indirectement de cette Grande Guerre, celle que lui avait racontée son grand-père. De cette évocation familiale, le dessinateur fera des bandes dessinées qui mettent en scène des combattants, anonymes mais représentatifs de toute la souffrance d’un peuple entrainé dans cette boucherie sans fin. Que dis-je, un peuple ? Non, une humanité car quand il parle d’un soldat français ou d’un soldat allemand, la souffrance, l’incompréhension, le calvaire… tout est identique !

Enfin, on découvrira un certain nombre de travaux d’auteurs qui ont décidé d’incarner des histoires avec pour cadre cette guerre. Il ne s’agit pas d’une opportunité éditoriale avec l’anniversaire car dans la grande majorité de ces histoires on retrouve des personnages profonds, des scénarii parfaitement construits, des dessins et une narration graphique efficaces, bref, souvent de grandes bandes dessinées avec la guerre en toile de fond. Les grands auteurs n’avaient pas attendu 2014 pour raconter ces destins sanglants et profondément humains… Le der des ders, Le sang des Valentines, Ambulance 13, Tendre Violette, Quintett, Les Champs d’honneur… Oui, 14-18 est dans la bande dessinée depuis si longtemps…

Un numéro incontournable pour les amateurs de bandes dessinées, les passionnés de la guerre de 14-18, les lecteurs d’histoire, les bibliothèques, les centres de documentation scolaires… Bref, tout le monde devrait le lire et en profiter pour découvrir les albums du neuvième art qu’il ne connaîtrait pas encore…

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La Grande Guerre en bande dessinée

Beaux Arts Hors-série

Montreuil en une journée…

salon-du-livre-jeunesse-montreuil-2013Chacun d’entre nous a ses propres rites, ses habitudes, ces petits riens qui donnent du sens à nos vies, qui nous occupent, nous distraient, nous permettent de trouver des instants de bonheur, tout simplement… Moi, dans ce domaine, j’ai le salon de Montreuil. On dit que c’est un salon du livre et de la presse jeunesse mais depuis longtemps je récuse ce terme de jeunesse et je le remplace par famille… Oui, pour moi, aller à Montreuil c’est me promener dans un espace familial. D’ailleurs, c’est l’un des salons nationaux où l’on va en famille, où les parents aiment se promener avec leur progéniture… Il y a quelques années, lorsque mes enfants étaient plus jeunes, on avait même une règle : on ne repartait que lorsque chaque membre de la famille avait choisi un livre… Que du bonheur !

Maintenant, je vais à Montreuil pour travailler, mais pour une fois le travail y est plaisant, que dis-je ludique, culturel, jouissif… Chaque rencontre avec un auteur, un éditeur, une attachée de presse, un lecteur ou un enfant qui n’attend qu’une chose, devenir lui-aussi, un lecteur, est un moment hors du temps qui m’enrichit toujours, parfois, même, me transforme… Ce salon 2013 n’a pas été différent des autres et je voudrais vous en compter quelques instants qui resteront dans ma mémoire… Pour ceux qui ne connaissent pas encore mon mode de fonctionnement, je préciserai que je ne suis pas venu seul mais accompagné de Mikaël et Bénédicte. Deux étudiants qui sont là avec moi pour découvrir mais aussi travailler, filmer, photographier, enregistrer… Rien de tel qu’un bon salon comme Montreuil pour apprendre à faire du reportage…

Claudia Biélinsky Montreuil 2013-1Nous avons commencé par une rencontre passionnante avec une auteure argentine, Claudia Bielinski. Il s’agit d’une artiste qui, après avoir taquiné avec un certain succès l’Art, avec un grand A, s’est mise à raconter des histoires dessinées, illustrées. On peut quand on regarde l’ensemble de ses ouvrages parus dire qu’elle est une créatrice d’images comme on en croise peu. Ce fut donc l’occasion de la saluer comme une artiste complète qui enchante les yeux, le cœur et les âmes des plus grands et des plus petits sans distinction… couv51534677Avec son dernier ouvrage, Le plus beau cadeau du monde, elle va encore plus loin. Certes, on peut contempler le livre comme un ouvrage cartonné pour les plus jeunes lecteurs, pour les enfants. En se penchant un peu plus, en prenant plus le temps, on va découvrir la présence de petits rabats cartonnés avec des éléments qui viendront enrichir l’histoire pour le plus grand plaisir des lecteurs lassés par les choses de bébé… Mais si l’adulte prend soin de plonger dans ses morceaux d’histoires cachées, il va se laisser envahir par un doux bonheur comme Claudia sait les distiller. Chaque cachette renferme un trésor, une histoire à part entière, des personnages bien vivants…

Claudia coupe, dessine, colle, colorie...

Claudia coupe, dessine, colle, colorie…

Si on observe bien l’ensemble de l’ouvrage, page par page, on va mesurer à quel point ce travail est proche de celui de la bande dessinée. Il y a un scénario, un récit graphique, séquencé et découpé, une multitude de cases, chaque page renfermant son rabat qui est comme une case cachée… On peut même percevoir la bande son car tous ces habitants de la grande maison son assez bruyants…

Et l’histoire, me diriez-vous ? Ce n’est pas tout de réaliser de belles choses, il faudrait quand même qu’elles aient du sens, voir beaucoup de sens !

Alors puisque vous voulez du sens, en voici en voilà et sans limite ! Il y a un récit simple. Toute la famille est partie, en dehors du papa. Ce dernier sait qu’il va recevoir un cadeau et dès qu’il se retrouve seul il va chercher partout ce fameux cadeau… Il fait ce qu’il ne faut pas faire…

Mais en cherchant partout, il nous fait ainsi visiter toute la maison avec ses nombreuses cachettes, comme dans toute maison qui se respecte… Pas de cadeau, sauf à la fin… Mais, là, c’est la surprise !

Un très beau livre, une auteure pleine de bonne humeur, de joie, de soleil et qui tout au long de l’entretien a cherché à transmettre son art… Il ne reste plus qu’à espérer que les auditeurs puissent en profiter pleinement…ningAprès ce feu d’artifices verbal, il y eut une légère accalmie. Nos deux invités suivants, Valentine Goby et Yves Pinguilly nous firent défaut. C’est toujours triste car si on avait demandé à les rencontrer c’est que leurs livres nous avaient beaucoup plu. On sait bien que dans une journée de cette sorte, tout ne peut pas réussir, mais il a fallu attendre la seconde rencontre pour entrer définitivement dans le flux d’auteurs… Pierre Bailly

Pierre Bailly

En attendant Jérémie Almanza, le suivant sur la liste, nous avons rencontré Pierre Bailly, le dessinateur des aventures de Petit Poilu. Nous tenions tout particulièrement à cet instant car nous avons le projet de le faire venir à Chalon-sur-Saône. Il faut dire qu’avec un des groupes d’étudiants nous allons intervenir dans trois classes de petits pour présenter Petit Poilu et, après, nous allons accompagner ces trois classes dans la création d’une histoire entière, texte et dessin… Il était bien normal que Pierre Bailly soit invité et comme il a accepté, ce sera une magnifique fête quand il va rencontrer tous ces enfants… Qui sera le plus heureux ? L’auteur ? Le groupe d’instits ? Les enfants ? On verra, mais il se pourrait bien que ce soient les étudiants qui découvrent le bonheur d’animer une telle rencontre… Allez savoir ?

Alors, je te dessine qui ?

Alors, je te dessine qui ?

Ben, Petit Poilu, bien sûr !

Ben, Petit Poilu, bien sûr !

C’est à ce moment-là que nous avons rencontré Marie-Françoise, une bibliothécaire de Chalon-sur-Saône. On aurait pu la croiser à Chalon, il fallut que ce fut à Montreuil, mais nous lui avons tendu notre micro et très librement elle a donné son coup de cœur… Cœur de pierre ! Non, je ne mens pas, Cœur de pierre, la bande dessinée de Jérémie Almanza que nous allions interviewer quelques minutes plus tard… Mais le hasard existe-t-il ?

Jérémie Almanza

Jérémie Almanza

Ce fut donc le temps de cette rencontre avec Jérémie Almanza, entretien d’autant plus attendu que sa bande dessinée, la deuxième réalisée sur un scénario de Séverine Gauthier, est de tout beauté, pleine de poésie, originale et tendre sans tomber dans l’eau de rose… On a presque le sentiment d’avoir en main un chef d’œuvre… Euh, pourquoi presque d’ailleurs ? album-cover-large-18985Jérémie nous livre son travail, la façon de fonctionner avec Séverine, il parle de son art, de sa narration graphique, de ses couleurs, de son ressenti final…Mikaël admire le dessin, Bénédicte l’histoire dans son ensemble et on a en face de nous un jeune raconteur d’histoire, simple, modeste, étonné de se voir admiré… Oui, il est heureux d’être apprécié, oui, il souhaite voir les jeunes lecteurs séduits, mais en même temps il reste lui et ça fait plaisir à voir…

C’est peut-être là un des aspects fascinants de Montreuil, contrairement à d’autres artistes, les dessinateurs et raconteurs d’histoires ne se prennent pas trop au sérieux. Ils savent que toute renommée est éphémère, que les succès d’un jour peuvent être suivis de déconvenues, que ce qui compte le plus est de rester les pieds bien sur terre… Les_Légendaires_Origines_Tome_2_Jadina_page_01L’auteure suivante – ils vont alors se succéder durant deux heures sans interruption – est Nadou. Je ne connaissais pas cette jeune femme avant qu’elle se lance dans le dessin de la série Les légendaires – Origines. Bénédicte, elle, la connaissait à travers son blog, du coup elle avait été subjuguée par l’évolution graphique de Nadou. Un peu trop timide, bien normal pour une première interview, Bénédicte n’a pas osé commencer seule l’entretien mais assez rapidement elle posa quelques questions et tenta de faire entendre sa voix, sa connaissance du travail de Nadou et elle y est fort bien arrivée… Nadou Montreuil 2013-1La série Les légendaires de Patrick Sobral connaît un véritable engouement. On en est déjà au seizième album pour une aventure qui commença dans l’anonymat ou presque en 2014… Patrick avait depuis longtemps l’idée de l’origine de ses héros, mais il n’avait pas le temps de dessiner cette série parallèle et c’est pour cela qu’il a cherché et trouvé Nadou qui donne pleine satisfaction, en tous cas aux lecteurs… Rappelons pour ceux qui ne connaissent pas la série qu’il s’agit de super héros qui ont rajeuni à la suite de l’incident magique de Jovénia. Parfois, en cours d’albums, il y avait des flashbacks où on pouvait les voir en adultes… Les matériaux étaient bien là pour faire une histoire de leur passé, un spin-off de la série,  du temps où ils étaient adultes… C’est maintenant fait avec Les légendaires – Origines qui va offrir un album par personnages, donc 5 albums, mais auxquels on ajoutera celui consacré au méchant absolu, Darkhell… legendaires-origines-1-delcourtIl fallut quitter cet univers pétri de références asiatiques au dessin très manga pour rejoindre aux antipodes celui de Maxime de Radiguès et ses grandes étendues nord-américaines… Nous sommes là dans une sorte de roman graphique ou d’une compilation de petits épisodes qui raconte une tranche de vie de Joe. Attention, Orignal n’est pas réellement une histoire douce pour petits enfants sages… Les tensions entre Joe et Jason font penser à de nombreux faits divers lus ici ou là car les enfants entre eux ne sont pas toujours si tendres que cela… orignal-bd-volume-1-simple-48565Une belle rencontre d’autant plus que le lascar ne manque pas de talent, qu’il est aussi éditeur et qu’il nous a offert une discussion riche de talent et d’ouverture sur la bande dessinée en général… Il illustrait aussi que la bande dessinée qui peut s’attaquer à tous les sujets, sur tous les modes, avec tous les talents, était, avec lui, profondément humaine… Tout un programme ! Max de Radiguès Montreuil 2013-1Avec notre visiteuse suivante – je dis visiteuse car nous restions coincées dans la salle presse, derrière des baies vitrées ensoleillées, et on avait le sentiment de recevoir – nous allions avoir un grand moment de tendresse, de douceur, de poésie et de nature. Je ne dis pas cela en raison de la beauté de Delphine Chedru – quoi que… allez savoir ? – mais parce que son ouvrage, Jour de neige, est tout simplement une petite merveille, un joyau de la couronne, une pépite en accès libre, bref, un livre pour enfant comme j’aime les lire et les garder dans ma bibliothèque… Delphine Chedru Montreuil 2013-1Jour de neige est un album cartonné pour les tout-petits, ceux qui ne savent pas lire. On pourrait croire que les adultes vont s’y ennuyer mais, en fait, chacun peut se raconter – ou raconter à son enfant – son histoire et c’est surement plus riche qu’une histoire qui serait entièrement écrite et balisée, qui serait identique pour tous ! Ce sont ces belles histoires uniques que j’adore, ces livres que je chéris et ce d’autant plus que chaque fois que je les ouvre j’y découvre une nouvelle histoire ! Je pense donc que Jour de neige va m’accompagner encore de longues années, enfin si Dieu me prête vie ! ob_6acf378fc686be592bf42666a84fc258_jour-de-neigeAprès Delphine Chedru, ce fut autour de Laurent Gnoni de nous rejoindre. Pardons, Laurent, on le prononce comment ton nom ? « Comme gnocchi mais avec un son n à la place de du son qui… ». Bon, c’est simple, je ne vois vraiment pas pourquoi on se posait tant de questions avant de le recevoir… album-cover-large-20362Ce fut le moment détente de l’entretien car après nous sommes partis à la découverte d’Albert Camus car Laurent Gnoni a dessiné un remarquable Camus, entre justice et mère, écrit par José Lenzini, un véritable spécialiste de Camus. Laurent Gnoni Montreuil 2013-1Un livre de qualité très original dans sa construction et sa narration avec des phases très textuelles, d’autres beaucoup plus graphiques, des temps très biographiques tandis que d’autres sont essentiellement humains, profondément humains pour ne pas dire plus. Que l’on aime ou pas Camus on finit par le croiser, l’écouter, lui parler et plus jamais notre rapport à cet homme et son œuvre ne sera identique… Comme quoi lire peut nous transformer sérieusement… P1240376Et puis, il fallut finir cette belle et riche journée. Oui, tout a une fin, c’est ainsi et on le sait depuis le premier jour, le premier instant, la première interview… Nous avons donc fini en finesse avec Thierry Coppée et ses Blagues de Toto. Les-blagues-de-Toto-tome-10-couverture-747x1024Si, je ne plaisante pas, je parle bien de blagues de Toto adaptées en bandes dessinées… Au début, on peut prendre cela à la légère, mais on en est au dixième album déjà ! Pour cet anniversaire, Thierry Coppée a fait voyager Toto dans le temps, un album spécial « histoires drôles historiques »… j’avoue qu’au départ, je n’étais pas un fan de ce type de bandes dessinées, mais depuis je suis fasciné par le succès rencontré. Finalement, je suis assez content de cette situation pour trois raisons. Tout d’abord parce que certains jeunes sont entrés en bédé grâce à ce Toto de Coppée. Thierry Coppée Montreuil 2013-1Pas mal ! Deuxièmement parce que ces blagues, pas toujours extraordinaires, nous ont quand même parlé un jour, rappelez-vous, quand nous étions au primaire… Finalement, Thierry Coppée nous offre un bain de jouvence, c’est souvent salutaire pour nous empêcher de devenir de vieux c… Enfin, parce que Toto est devenu un véritable personnage, nouveau et moderne, adopté par les jeunes lecteurs et bien vivant maintenant avec la bande dessinée et le dessin animé… C’est tout simplement que Thierry Coppée avait le talent pour le faire, chapeau l’artiste ! P1240384Puis ce fut le TGV, la fatigue dans le train et le retour à Chalon-sur-Saône avec des images plein la tête… Euh, c’est quand le prochain Montreuil ? Dans un an… Non, c’est une plaisanterie ! Courage, en lisant il parait que le temps passe plus vite…

Les premières images du livre sur la place 2013

Amélie Dufour, illustratrice d’album pour enfants

Céline Minard, l’auteure mise en avant par Feint, à juste titre !

Daniel Blancou, le reporter bédé qu’aime bien Shelton

L’auteur macédonien Goce Smilevski et une bonne occasion de parler d’un beau pays… et de littérature !

Hector en plaine dédicace et l’auteur lorrain n’a rien à envier aux autres…

Vladimir Fédorovski, l’homme qui captiva Septularisen et Shelton…

Et nous n’étions jamais seuls…