J’ai découvert, il y a quelques années, un auteur et une série policière. Il s’agissait de Jean Failler et de son héroïne Mary Lester. J’ai donc découvert Mary Lester dans une première enquête, Les bruines de Lanester, à l’époque où elle était débutante dans la police. Je la trouvais plutôt attachante et je décidai de la suivre… et cette lecture se poursuit de livre en livre, d’enquête en enquête… et je dirais même de village breton en village breton !
Bon, j’exagère un peu car certains villages sont carrément des villes et parfois Mary s’éloigne de la Bretagne… Mais ce qui est vrai c’est que Jean Failler a choisi de prendre la Bretagne comme carde de ses enquêtes en installant Mary au commissariat de Quimper où elle a maintenant le grade de commandant ! Comme Quimper n’est pas la ville où se commettent les délits les plus criminels, Mary enquête un peu partout, l’auteur inventant mille petits détails pour justifier son intervention loin de ses bases… Renfort ponctuel, coup de main à des gendarmes, affaires personnelles…
Après avoir lu plusieurs épisodes, j’ai eu l’opportunité d’interviewer l’auteur Jean Failler lui-même. Il faut dire qu’il habite en Bretagne à l’Île-Tudy, dans le Finistère. Comment pouvais-je ne pas accepter une invitation à venir déguster des langoustines chez lui ? Une belle rencontre qui permettait de mieux appréhender cet auteur qui a commencé par exercer d’autres métiers avant de se consacrer à l’écriture… Il se dit qu’il fut poissonnier ce qui explique bien le choix de faire déguster des crustacés locaux…
En tant qu’auteur, il a réussi assez vite à se construire un lectorat local ou passionné de la Bretagne, ce qui a suscité quelques jalousies qui ont pris des formes pas très sympathiques après un roman qui entraina quelques séances judiciaires… On l’accusait, ce pauvre auteur, de s’être inspiré de faits réels, d’avoir mis un personnage réel dans son roman et d’en avoir dressé un portrait assez noir – ou trop réaliste, allez savoir – ce qui avait ému ladite personne… Bon, il promit de ne plus se faire prendre au piège… En même temps, une bonne fiction policière est toujours portée par une petite dose de faits divers…
Le temps passant – Mary Lester a déjà réalisé plusieurs dizaines d’enquêtes racontées en 47 volumes – on a pu constater que l’inspiration de Jean Failler était inégale…Christophe Arleston – le très grand scénariste de la bande dessinée contemporaine – me disait un jour avec beaucoup de réalisme que si certains albums étaient meilleurs que d’autres, cela voulait dire que certains autres albums étaient moins bons ! Donc, oui, il m’est arrivé d’être déçu par certains romans dont Avis de gros temps pour Mary Lester, une enquête à mon avis très moyenne, trop délayée et sans intérêt…
Par contre, les deux dernières enquêtes, Les mécomptes du capitaine Fortin et Mary Lester et la mystérieuse affaire Bonnadieu, m’ont complètement convaincu. Je ne dis pas réconcilié car je ne m’étais jamais fâché avec mon enquêtrice préférée de la police bretonne, euh, non, police nationale…
Dans le premier de ces deux romans, le capitaine Fortin se trouve confronté à une machinerie peu élégante alors que lui avait foncé pour aider un ami… Rappelons que Fortin est l’équipier de Lester et qu’il est très physique, qu’il ne réfléchit pas toujours avant d’agir et que sa source philosophique est le quotidien L’Equipe… Néanmoins, toujours généreux et chaleureux, il aide la veuve et l’orphelin… Cette fois-ci, Mary mettra tout en œuvre pour l’aider… Bon roman qui se déroule aux alentours de Quimper…
Enfin, la dernière enquête parue a pour cadre la magnifique ville balnéaire de Dinard et rien que pour cela de nombreux lecteurs seront séduits… Quant à l’enquête proprement dite, on a d’autant plus envie de suivre Mary qu’il s’agit d’empêcher une injustice… Petite particularité de cette histoire, Mary Lester est accompagnée de Gertrude Le Quintrec, lieutenant de police, une ancienne gendarme que l’on connait bien maintenant qu’elle a intégré le commissariat de Quimper… Une enquête menée par deux femmes compétentes et pleines d’humour car dans ces ouvrages on sourit plus d’une fois…
Voilà donc deux enquêtes à découvrir et peut-être une série à découvrir pour ceux qui aiment le roman policier, la Bretagne et les femmes…
Puisque la barbarie, la guerre, le fondamentalisme, les extrémismes et la bêtise humaine nous privent pour le moment de ce magnifique pays, puisque nous ne sommes pas certains de pouvoir encore profiter des ruines antiques des anciennes civilisations de cette région, il ne nous reste plus qu’à nous réfugier dans les livres pour qu’au moins le souvenir demeure de la beauté de la Syrie !
Le Journal de Mickey, quand j’avais entre 5 et 8 ans, était l’un des magazines que l’on avait chez le coiffeur. Je retrouvais Mickey, Picsou et les grands classiques du genre mais aussi – et certains jeunes ne connaissent peut-être pas – Mickey à travers les âges, Les nouvelles aventures de la petite Annie, L’infernale poursuite, Davy Crockett, Lancelot, Tim la brousse, Bob et Phil mènent l’enquête, Nic et Mino, Robin des bois et Zorro, mais pour ce dernier je ne sais plus en quelle année il est arrivé dans le Journal…
Je sais bien qu’il n’y a pas eu de nouveautés dans les Aventures de Tintin depuis longtemps et, pourtant, me revoilà à vouloir vous parler de Tintin… Simplement, s’il n’y a pas de nouveauté, il faut quand même dire que l’on n’a pas encore fait le tour de l’œuvre d’Hergé.
Il y a quelques années, sous la pression amicale, filiale et bien sympathique d’un de mes enfants, je plongeais dans la série Lanfeust de Troy. Le scénariste Christophe Arleston et le dessinateur Didier Tarquin étaient pour moi de grands inconnus et je n’avais pas beaucoup lu à cette époque d’Heroic fantasy !
Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’avais lu quelques petites choses (je pense aux bandes dessinées Aria et Thorgal, au roman Le Seigneur des Anneaux…), j’avais joué à certains jeux de rôle (merci à la revue Jeux & stratégie) et je n’avais malgré tout aucune attente spécifique vis-à-vis de cette série dont trois tomes étaient déjà parus…
Ainsi donc j’entrais dans l’univers de Lanfeust de Troy ! Une série étonnante qui allait me convaincre, ainsi que toute la famille, probablement un peu comme la série des Aventures d’Astérix le Gaulois avait conquis toute la Gaule… Oui, une série avec de l’aventure, de l’humour, des références et des citations, des grands décors, des personnages extraordinaires, des situations époustouflantes… Et avec tout cela de la fantaisie c’est-à-dire une pointe de magie, des personnages mythiques, de l’imaginaire débridé… Bref tout et son contraire et, surtout, du bonheur pour le lecteur !
Comme il existe probablement quelques personnes ignorant tout de cet univers, disons que Troy est un monde, un univers, une planète, où vivent des humains et de nombreuses créatures extraordinaires comme des trolls. Les humains ont des pouvoirs magiques très variés, ce qui fait la particularité de chacun, et les trolls sont des sauvages qui sont persuadés d’être très civilisés. Parmi les humains, il y a un certain Lanfeust, un apprenti forgeron, qui va découvrir qu’il a le don de faire fondre le métal… et je vais cesser de tout vous raconter car c’est à vous de découvrir tout cela si ce n’est pas encore fait !
Il se trouve que depuis 1994, date de la parution du premier album du premier cycle, j’ai eu l’occasion d’interviewer plusieurs fois le scénariste Christophe Arleston mais je n’avais jamais rencontré le dessinateur Didier Tarquin ! Après plusieurs échecs – oui les journalistes n’obtiennent pas toujours tout, immédiatement – c’est durant le dernier salon du livre de Paris, Livre Paris 2017, que j’ai pu interviewer Didier Tarquin !
Ce fut donc l’occasion de balayer une grande durée, de feuilleter ensemble près de 24 tomes, de tirer les leçons d’un tel succès… Un moment bien sympathique dont vont profiter les auditeurs du Kiosque à BD, mon émission hebdomadaire sur la bande dessinée…
Certaines personnes me demandent souvent comment définir les romans graphiques ? C’est un roman ? C’est une bande dessinée ? C’est un livre illustré ? Je peux comprendre l’angoisse de ceux qui sont nés comme moi le siècle dernier et qui ont vu arriver ce terme sans explication particulière… Le roman graphique…
On voit alors un certain nombre d’éditeurs mettre en place des nouvelles collections : Romans (à suivre) chez Casterman, Romans BD chez Dargaud, Encrage chez Delcourt, Tohu Bohu aux Humanoïdes associés, Romans graphiques au Seuil et Denoël Graphique chez Denoël… C’est au cœur de ces collections que certains talents vont éclore, qu’une nouvelle narration graphique se construit et se met en place, que les adultes vont trouver des titres d’une très grande qualité…
Un roman graphique est donc, d’une façon générale, une bande dessinée, au format libre, au sujet libre, destiné principalement aux lecteurs adultes. Les récits – pas toujours fictionnels – peuvent être beaucoup plus longs que dans le format traditionnel de la bande dessinée, les thèmes plus ambitieux, plus sérieux sans que ce soit une obligation…
Deux éléments peuvent compléter cette tentative de définition du roman graphique. Depuis quelques années, on voit beaucoup de bande dessinée de reportage et des biographiques arriver en librairie et ces deux catégories entrent elles aussi dans les romans graphiques. Les reportages bédés ont transformé certains auteurs en journalistes bédés tandis que les biographiques les ont poussés vers les historiens ! Attention, dans les deux cas, certaines spécificités ont bien été conservées et respectées avec des coauteurs journalistes et historiens.
Attendez, vous ne connaissez pas Vincent Wagner ? Sérieusement ? Bon, vous allez pouvoir vous rattraper car il vient à Dijon ce week-end… Il y a quelques années, je découvrais un jeune dessinateur et voici ce que j’écrivais :
C’est vrai que c’est cette histoire en trois tomes, Wild River que j’ai aimé le plus, sans aucun doute même si ce qu’il fait depuis me touche beaucoup. Si vous allez le rencontrer demain au festival Vini-BD de Dijon, vous pourrez découvrir ses albums sans parole qui sont de toute beauté, je pense en particulier à Cromalin et Cromignonne… Pour les réaliser il utilise une sorte de technique d’ombres chinoises mais je suis certain qu’il vous expliquera cela très bien…
Un des dessinateurs de bandes dessinées que l’on va retrouver à Dijon, dans le cadre du festival Vini-BD des 4 et 5 mars 2017, et que j’aime beaucoup est Emmanuel Michalak. Il dessine depuis quelques années la série scénarisée par Hub (celui de la série Okko), Aslak, une belle série de Vikings !
Comment donner le ton de cette série ? En disant que le chef d’un clan, qui en a marre d’entendre toujours les mêmes histoires, exécute sauvagement son barde raconteur… Comme cela ne lui redonne pas le sourire, il convoque la famille de ce pauvre artiste et il met le marché suivant en place : il garde la femme en otage, il demande aux deux fils, Skeggy (l’ainé) et Sligand (le cadet) de partir à la recherche d’une nouvelle et belle histoire… Quand ils reviendront, il les écoutera et il exécutera celui qui aura la moins bonne histoire… S’ils ne reviennent pas, il exécutera la famille en otage : la mère et le petit dernier de la tribu…
Je ne vais pas vous en dire plus, c’est très bien construit au niveau du scénario, très bien dessiné, il y a une petite pointe d’humour, d’originalité et on se laisse emporter dans cette quête farfelue de littérature ! Oui, voilà un peuple pour qui le récit est essentiel, vital devrais-je dire !
J’ai rencontré il y a quelques années Michalak à Angoulême et j’en garde un très bon souvenir et, du coup, je ne peux que vous conseiller cette rencontre et cette série bien sûr, Aslak !!!
Un autre auteur présent à Dijon dans le cadre du festival Vini-BD du week-end prochain, Eric Corbeyran. Eric est un grand scénariste et on lui doit tellement d’albums (plus de 300 si j’ai bien recompté cette nuit – oui, on peut compter les moutons ou les albums de Corbeyran, c’est au choix) qu’il est bien difficile de mettre en avant telle série ou telle autre, tel album ou tel autre…
Si on se contente de citer quelques nouveautés, on peut commencer par la série 14-18, d’autant plus que le dessinateur Étienne Le Roux sera là aussi…
Eric Corbeyran, le scénariste de la série 14-18, a décidé de poser en quelque sorte son objectif sur un village, sur un groupe de jeunes gens. Ils vivent heureux, jusqu’en 1914, ont des amourettes, voire des amours, boivent un peu, se chahutent gentiment, constituent une bonne bande de jeunes… Ils sont sur le point de devenir de bons adultes, d’honnêtes citoyens, d’entrer dans la vie active… et, malheureusement pour eux, c’est dans la guerre qu’ils vont entrer…
Ces huit jeunes hommes vont constituer le panel de Corbeyran et Le Roux, le dessinateur de la série. Ils vont les suivre année après année, dans ce terrible conflit. On suivra aussi, c’est logique, les copines, femmes et familles de ces huit jeunes gens… Et on va les voir évoluer au cours de cette guerre qui va définitivement les transformer, peut-être même leur faire perdre leur humanité…
Ce qui est remarquable dans cette série, c’est que le choix de montrer les humains avant toutes choses transforme le récit et nous éloigne de la chronologie stricte. D’ailleurs, les auteurs jouent avec efficacité de petits récits d’après-guerre si bien que l’on voit certains changements profonds chez ces êtres humains…
Mais on ne peut pas limiter Eric Corbeyran à la guerre de 14-18, si bonne soit la série. En effet, Eric Corbeyran est aussi un scénariste qui a consacré beaucoup de temps aux vins et alcools. On peut citer la série Châteaux Bordeaux, Cognac ou pour rester bien chez nous Clos de Bourgogne. Je n’irai pas jusqu’à affirmer qu’il s’agit de la meilleure bande dessinée sur le terroir viticole ou d’Eric Corbeyran, mais, toute mauvaise foi de Bourguignon mise à part, c’est quand même un album qui tient très bien la route (sauf si vous abusez du Bourgogne sans modération, bien sûr) ! Il s’agit d’une histoire mettant en scène Géraldine Leroy-Berreyre, journaliste spécialisée en vin, et c’est bien un one-shot. Vous aurez l’histoire complète sans attendre de suite éventuelle…
Enfin, pour vous laisser avec Eric Corbeyran en ayant toutes les informations essentielles, rappelons qu’il est le scénariste d’une très grande série de fantastique chez Delcourt, Le chant des Stryges, pour moi un chef-d’œuvre dans le genre…
Donc, un grand scénariste de bandes dessinées à rencontrer à Dijon et comme il ne sait pas réellement dessiner allez discuter avec lui !!! Profitez-en !!! Belle rencontre !!!
Dans les auteurs présents ce week-end à Dijon, dans le cadre du festival Vini-BD, je vous conseille tout particulièrement Olivier Perret. Ce dessinateur vient de sortir Journées rouges et boulettes bleues à La Boîte à bulles.
