Bilan BD 2018, 1er volet

L’hirondelle ne fait pas le printemps de même que le trentième anniversaire de la collection Aire Libre ne peut pas résumer à lui seul l’année de la bande dessinée. Certes. Néanmoins, on peut dire que dès janvier la barre était placée haut en célébrant cette collection qui a produit durant trois décennies quelques belles bandes dessinées, quelques beaux chefs-d’œuvre. Impossible de tous les citer donc gardons seulement en mémoire quelques beaux titres… SOS Bonheur, par exemple avec Jean Van Hamme au scénario et Griffo au dessin… D’autant plus pertinent que l’année 2017 avait vu sortir le premier tome d’une seconde saison avec Desberg au scénario cette fois-ci… Il s’agissait de nous faire réfléchir à l’avenir de l’humanité… et c’était remarquable !Pourrais-je réaliser une sorte de top 5 de cette collection ? Je pourrais dire – du moins aujourd’hui – que ces albums seraient : Dali de Baudoin (2012), Le photographe de Guibert, Lefèvre et Lemercier (2003), Lune de guerre de Van Hamme et Hermann (2000), Quelques mois à l’Amélie de Jean-C Denis (2002), SOS bonheur de Van Hamme et Griffo (1988)… et j’ai déjà mangé mon quota !!! Quelle tristesse quand je pense à tous les autres que j’ai dévorés avec plaisir !!! Disons pour être parfaitement honnête que je n’ai pas pris en compte dans mon choix les deux derniers albums lus en janvier 2018, deux merveilles que sont Cinq branches de coton noir de Steve Cuzor et Yves Sente et Jolies ténèbres de Fabien Vehlmann et Kerascouët…

Et je souffre déjà de ne pas avoir cité L’enragé de mon ami Baru (2004)… ni aucun album de Cosey… Voyez, en trente ans cette collection a drainé de tels ouvrages qu’il est impossible de se limiter à juste une liste banale…

2018 cela aura donc été les trente ans de cette magnifique collection et pour moi la lecture de cet ouvrage de Steve Cuzor et Yves Sente, Cinq branches de coton noir… Cet album m’avait échappé et c’est un ami qui m’a poussé à le lire… Grand bien m’a fait de l’avoir écouté car c’est bien une grande bande dessinée… Une très grande…Steve Cuzor est un dessinateur que j’ai rencontré la première fois autour d’une série chez Casterman, Blackjack, au début du vingt-et-unième siècle… j’avais beaucoup aimé sa façon de dessiner ses personnages. Je l’avais lu dans la série Quintett pour laquelle il avait dessiné le tome 3 puis, je l’avais perdu de vue…

L’histoire de ces Cinq branches de coton noir est à la fois simple et complexe car elle se déroule sur plusieurs époques et plusieurs lieux. Pour faire simple, sans pour autant vous priver du suspense, on peut dire que nous allons partir à la recherche du premier drapeau des Etats-Unis, celui conçu par George Washington lui-même, celui créé par Betsy Ross, celui modifié par une certaine Angela Brown… C’était en 1776…

Ce drapeau a connu toute une vie perturbée car il fut pris par l’ennemi, s’est retrouvé en Allemagne, en Angleterre, en France… Et voilà que des soldats américains reçoivent comme mission de le reprendre à un dignitaire nazi qui l’a récupéré… Nous sommes pendant la Seconde Guerre Mondiale…

Je n’ai pas envie de vous en dire beaucoup plus car le scénario est tellement bien dosé et calibré au millimètre que pour vous sauvegarder la lecture il faut savoir se taire un peu… Attention, quand même, ne croyez pas qu’il s’agit d’un simple hommage aux Américains, à leur bannière étoilée et aux guerriers… En fait, le propos de l’album est beaucoup plus large, beaucoup plus humain, beaucoup plus profond…

Il est question d’une histoire qui prend ses racines dans l’histoire des Etats-Unis et qui va parler de l’humanité entière car elle aborde les notions, concepts et réalités de la nation, de l’amitié, de la fidélité, de l’égalité des hommes, du travail, de la guerre, de la vie, de la mort, de la transmission, de l’autorité… Oui, tout passe en revue, le lecteur se laisse prendre, n’oppose aucune résistance…

Il est maintenant temps de vous parler du graphisme de Steve Cuzor, des spécificités de sa narration graphique, de l’adéquation de son style à cette histoire ! Oui, j’ai le sentiment de voir un dessinateur arriver à son paroxysme et je ne voudrais pas dire par là qu’il ne fera plus rien après, seulement qu’il ne pourra plus faire comme avant ! La première chose qui saute aux yeux c’est que nous sommes ici dans une bande dessinée où les visages délivrent les sentiments, les émotions, les informations… Quand on était dans l’exposition, on sentait cela, quand on lit l’album on se pénètre de cette réalité et quand on referme le livre, que l’on tente de se souvenir… on voit le visage de Betsy, de Justin, de Lincoln, d’Angela, Johanna… et tous les autres car même les personnages secondaires sont bien dessinés ce qui les rend vivants, attachants, bien réels…

Et donc, encore un merci sincère à celui qui m’a poussé à lire cette bande dessinée qui sera donc dans mon top dix mais je ne vais pas donner de numéro dans ce top dans l’exercice est délicat… A suivre, bien sûr !

Vers un bilan 2018 de mes lectures ?

On arrive à l’époque où traditionnellement on va me demander : Au fait, c’est quoi ta meilleure bande dessinée de l’année 2018 ? Et là, comme à chaque fois, je vais rester silencieux de longues minutes car j’ai beaucoup de mal à répondre à une telle question. Comment comparer des albums aussi différents que le dernier album de la série Le chant des Stryges ou le roman graphique Amour minuscule ? Comment arriver à mesurer les avantages de cette histoire profonde Le chemisier en le comparant à ce travail quasi journalistique L’Odyssée d’Hakim ?  C’est juste impossible et ce serait faire comme si la bande dessinée était un genre simple, unifié et destiné à un seul public… alors qu’il s’agit d’un genre hybride, complexe et d’une diversité incroyable ! Il ne vient jamais à l’idée d’un critique de cinéma de comparer Mon voisin Totoro avec le Jeanne d’Arc de Victor Fleming ! Et, pourtant, c’est ce que l’on me demande trop souvent… Alors, jouons un peu le jeu… Juste un peu !J’ai toujours revendiqué d’être un chroniqueur et non un critique, c’est-à-dire que je prends plaisir à vous raconter et vous partager mes lectures, mes spectacles, mes expositions sans prétendre en faire l’analyse exhaustive et complète. Certains pensent que je suis trop gentil mais, en fait, je ne parle que de ce que j’aime. Quand je n’aime pas, je préfère m’abstenir ! Comme nous arrivons en fin d’année, il me semble judicieux de faire un petit retour en arrière et vous rappeler les spectacles, les romans, les bandes dessinées, les expositions qui ont retenu mon attention. Pour les lectures, ce sont parfois des parutions plus anciennes mais lues ou relues cette année 2018. Il s’agit donc bien d’un bilan 2018 et rien de plus… et comme toujours, je suis tout sauf objectif ! Normal, puisque je vous parle de ce que j’ai aimé !J’ai décidé arbitrairement de vous diviser cela en chapitres, un pour les romans, un pour la bande dessinée, un pour les livres enfant, un pour les spectacles et un pour les expositions ! Là encore, c’est arbitraire, mais ce sera comme cela ! Et pour les délais, disons que je vous promets cela pour les deux semaines qui viennent sachant que ce genre de promesses n’engage que ceux qui y croient…

Donc, bonne lecture et vous avez entièrement le droit de ne pas partager avec moi ces impressions de lecteur ou spectateur… et vous avez même le droit de le dire !

Pour ce qui de mes amis romanciers, auteurs, dessinateurs ou coloristes… désolé, tout le monde ne pouvait pas être dans la sélection annuelle… mais je vous aime tous, bien sûr !

Direction Angoulême 2019 et son festival BD : Les affiches

Une tradition est faite pour être respectée mais aussi transformée au gré du temps, des envies, des circonstances… Normalement, le lauréat du Grand Prix du Festival International de la BD d’Angoulême réalise l’affiche du festival suivant. A ce titre, l’Américain Richard Corben a bien réalisé l’affiche du festival 2019 qui va se dérouler du 24 au 27 janvier.Son affiche ne sera, en fait, que l’une des trois affiches de l’année. Les collectionneurs vont être contents, trois affiches à conserver ! Cette première affiche est un hommage à l’une des séries « comics » importante, Tales from the Crypt. Cette série célèbre aussi l’horreur et le fantastique, domaines que Richard Corben connaît bien et dans lesquels il s’est installé pour nous raconter de nombreuses histoires… Mais, il y aura deux autres affiches car le festival a demandé à Taiyo Matsumuto et Bernadette Després de plancher aussi. Le travail est maintenant disponible et on peut admirer ces trois affiches… Pour que cela fonctionne bien il fallait un thème commun. Je ne sais pas si c’est Richard Coben qui l’a choisi, mais ce fut : un autoportrait en enfant découvrant la ou les bandes dessinées fondatrices de sa passion, voire de sa vocation…On rappellera pour certains – et ce n’est pas dévalorisant – que Bernadette Després est la cocréatrice de la série Tom-Tom et Nana, avec Jacqueline Cohen et que Taiyō Matsumoto est un mangaka  auteur, entre autres, d’Amer Beton…

 

Gradimir Smudja à Chalon-sur-Saône…

Gradimir Smudja, brillantissime dessinateur de bandes dessinées, sera présent à Chalon-sur-Saône le mardi 4 décembre à partir de 14h à la librairie L’Antre des bulles. Cet auteur originaire de Novi Sad (Serbie) vient à l’occasion de la sortie de son très bon album Mausart ! Quand les chats ne sont pas là, les souris font de la musique… Non ?Je me souviens, il y a quelques années, de ma première rencontre avec Gradimir… Il ne parlait pas beaucoup le français et mes connaissances en serbo-croate ne permettaient pas une interview complète… je me contentais donc de parler un peu avec lui, d’évoquer la Serbie que j’appréciais et connaissais un peu puis nous passions par un interprète…Maintenant – je l’ai rencontré plusieurs fois à Paris, Montreuil et Angoulême – il parle beaucoup mieux notre langue et c’est toujours un plaisir de mesurer la profondeur de sa culture artistique… Il aime les arts – la peinture en tout premier lieu – et il cherche à partager cette passion avec tous ceux qui prennent le temps de discuter avec lui…Son dernier album mélange finement son art – il dessine définitivement remarquablement bien – avec l’histoire de la musique… certes, Mozart est devenu Mausart, le jeune homme un souriceau, mais, du coup, c’est un très bel ouvrage pour introduire la musique… Celle de Mozart mais aussi toutes les autres ! C’est donc un livre à lire en famille, à écouter en famille, à vivre en famille…C’est aussi l’illustration évidente et incontestable que la bande dessinée est toujours accompagnée d’une bande son… mais c’est une autre histoire !Donc, n’hésitez pas à lire Mausart – scénario de Thierry Joor, éditeur chez Delcourt – et venez rencontrer Gradimir lors de son passage à Chalon-sur-Saône… Une belle dédicace c’est aussi un beau cadeau à offrir à Noël… Non ?

 

Sarah part à la rencontre de l’Afrique… de la BD à Saint-Malo !

Sarah, étudiante ivoirienne, profite de Quai des bulles pour aller à la rencontre de l’Afrique…

Et si on allait voir en Afrique ?

[Bon, il faut que je vous dise que la discussion fut délicate entre nous tous, l’équipe de Saint-Malo. Il faut dire, que moi, Sarah, Ivoirienne, j’avais écrit initialement « si on allait voir de l’autre côté de l’Océan ». Mais pour le reste de l’équipe, l’Afrique était de l’autre côté de la mer Méditerranée. J’entends bien, mais moi, Ivoirienne, je ne vis pas au bord de la mer Méditerranée, je suis sur les rivages de l’Atlantique. J’ai donc le sentiment de vivre de l’autre côté de l’Océan par rapport à mes amis français… Bon, ce n’est qu’une discussion qui montre bien que ces éléments-là sont à prendre avec précaution car très relatifs… C’est comme le disait mon professeur de physique, une question de référentiel…]

Donc, allons en Afrique pour rencontrer des auteurs BD que l’on ne connait pas assez et qui, pourtant, existent bien !

Pendant très longtemps les auteurs de bandes dessinées africains ont été très souvent ignorés. C’est sur le Quai des bulles à Saint-Malo, au tout début du festival qu’un stand attira particulièrement mon attention. Je m’approchais timidement, j’étais pour le moins étonnée  » .Je scrutais les BD, sur les couvertures, des titres au lexique familier…

Sur ce stand, deux auteurs africains. A leurs accents prononcés aux couleurs tropicales, j’ai compris tout de suite qu’ils venaient de mon continent – ou, si vous acceptez mes explications, de l’autre côté de l’Océan. Je regardais les auteurs qui se prenaient au jeu des dédicaces, des dessins magnifiques d’ailleurs, qui m’attiraient beaucoup…Koutawa Hamed Prislay (signature KHP sur ses albums), l’un des auteurs, est originaire du Congo Brazzaville où il naquit en 1979. Issu d’une formation artistique (peinture), il réalise dès 1998 une chronique sur la guerre du Congo sous le titre  » Descente aux enfers « . En 2007 il se fait remarquer lors d’un événement organisé par le centre culturel français de Pointe-Noire. En 2012 il commence son aventure en bulles… Aujourd’hui il nous présente sa dernière BD « Les dessous de Pointe Noire » dont il est aussi illustrateur. Il raconte une histoire tragique car il nous plonge au cœur du problème de la prostitution juvénile, fait – malheureusement – très répandu en Afrique. Et ce n’est qu’armé de son seul stylobille qu’il réalise des planches au réalisme impressionnant. Généralement, il dessine sur du papier recyclé… Son doigté est juste magnifique et je l’aurais bien observé plus longtemps sans bouger…

« Mamie Denis, évadée de la maison de retraite ». Ce titre vous intrigue ?

Sur la couverture de cette BD se tient une mamie à l’allure belliqueuse qui tient un cigare. Et ce titre !!! C’est l’œuvre du deuxième auteur que nous avons rencontré Adjim Dannghar. Cet auteur d’origine tchadienne installé depuis un moment en France nous propulse dans une histoire comique. Une mamie acariâtre, des voisins africains, les services sociaux et une pointe de racisme, voici quelques indices qui illustrent cette BD. Accompagné d’un autre auteur, Adjim se sert de l’actualité des migrations africaines en France pour nous raconter l’histoire de cette canaille de mamie. Il illustre parfaitement ses caricatures à travers son trait léger et avec de belles couleurs.Adjim a aussi plusieurs cordes à son arc, il est membre du collectif L’Afrique dessinée ! Alors si vous ne souhaitez pas subir les représailles de mamie Denis, courez vite lire son histoire…Bien sûr, on ne résume pas la bande dessinée africaine avec deux petites rencontres, deux auteurs perdus dans un océan franco-belge… mais, je voulais quand même dire, haut et fort, qu’il existait bien une bande dessinée africaine qui est à découvrir !

Sarah explose d’émotion en compagnie de Navie et Audrey Lainé…

Souriez à la vie, vous êtes avec Navie !

Avez-vous déjà eu l’impression de vivre votre histoire à travers un récit que vous lisez ? Moi si ! C’est cette impression que j’ai eu lorsque j’ai lu le roman graphique  “Moi en double“ de Navie.

Une rencontre forte en émotion…

C’est par beau temps sur la Manche – si, cela existe bien ! – et sur le Quai des bulles de Saint-Malo que nous avons eu le plaisir de rencontrer l’autrice de la bande dessinée “Moi en double”. Elle était accompagnée d’Audrey Lainé, la dessinatrice de cet album.

C’est pendant la conception de sa précédente bande dessinée “Collaboration horizontale” que Navie, conseillée par son éditrice, eut l’idée et l’envie d’écrire “Moi en double“. Elle traverse à cette époque une période difficile et choisit alors de partager tout cela en BD.

Navie est une jeune femme forte qui choisit de se battre contre ses démons et surtout contre son obésité qu’elle arrive à matérialiser par un double. Un double qui prend peu à peu une place dans sa vie et qui va l’accompagner dans ses moments joyeux mais aussi tristes comme nous le raconte l’autrice. Elle choisit de se dévoiler aux yeux du monde et partage une douleur qui l’a longtemps rongée… Un poids qu’on porte sur les épaules et qui ne se lit pas forcément sur ce sourire qu’on s’efforce de montrer.

Navie souffre réellement et choisit un alliée de force, Audrey Lainé jeune illustratrice qui prend pleinement possession de ce personnage et saura l’interpréter à travers ses dessins expressifs et dans une narration très graphique. Un univers contrasté en blanc et noir, une touche de rouge, cet additif qui est son double et aussi des éléments de son quotidien. Audrey arrivera parfaitement à représenter ce mal être quotidien par ses coups de crayonnés vifs et épais. Pas besoin de lire le texte, on comprend toute de suite l’histoire et sa profondeur tragique…

Cette histoire est touchante mais aussi thérapeutique comme l’explique Navie, cette BD s’adresse à toutes ces personnes qui se sentent mal  dans leur peau !

Ce magnifique duo à réussi en mettre en images un mal qui ronge un certain nombre de personnes, la question de l’identité.

J’ai apprécié cette rencontre, je me suis sentie mieux toute suite après et on peut dire que parfois les lectures aussi peuvent être thérapeutiques !

Hugo rencontre Hamon et Zako l’espace d’un rêve à Saint-Malo…

C’est donc durant Quai des bulles 2018 que nous avons eu l’occasion d’interviewer Jérôme Hamon et Suheb Zako, auteurs de la bande dessinée Dream Factory.Suheb Zako, dessinateur de cette BD a commencé par nous raconter son parcours avant de réaliser ce projet. Avant de se lancer en tant que dessinateur, il travaillait dans l’animation. Bien que la BD ait toujours été un rêve d’enfant, il a d’abord refusé de dessiner lorsque l’opportunité s’est présentée, par manque d’expérience de ce milieu. Mais à force d’encouragements, il finit par accepter ce défi qu’il ne regrette pas et qu’il souhaite même renouveler.

Pour ce premier tome, les couleurs ont été réalisées par Lena Sayaphoum avec de très beaux camaïeux de bleu tout au long de l’histoire, ce qui nous donne une atmosphère froide et mystérieuse.

Quand à la scénarisation, Jérôme Hamon a choisi de nous placer dans une grande période industrielle de l’Angleterre où la pauvreté pousse souvent les parents à abandonner leurs enfants. Dans cette situation, les enfants sont forcés de travailler pour pouvoir survivre chaque jour.

Dans Dream Factory, on perçoit les contrastes entre pauvreté et société de consommation. Il y a un petit qui rêve d’un jouet mécanique mais qui se retrouve finalement piégé par la société industrielle… Sa sœur cherchera à le protéger mais s’attaque à quelque chose de bien plus puissant qu’elle ne l’aurait imaginé… et le mystère gagne Dream Factory !

Vous pourrez rencontrer ces auteurs lors du festival de la BD à Angoulême qui débutera dans quelques mois, enfin si vous y allez, bien sûr !

Antoni rencontre Geoffroy Monde à Saint-Malo…

J’entame mon deuxième jour au Festival Quai Des Bulles de Saint-Malo en tant que journaliste et j’ai alors le plaisir de rencontrer Geoffroy Monde, scénariste et dessinateur de la bande dessinée “Poussière”.

Geoffroy Monde est un dessinateur et peintre de 32 ans. Cet artiste de la peinture numérique réalise ses premières bandes dessinées à partir de l’année 2010 et elles sont éditées par Lapin, dont notamment “Papa Sirène et Karaté Gérald” en 2012. Il continuera ensuite avec quelques ouvrages absurdes comme “De Rien” ou encore “Serge & demi-Serge”.

Avec Poussière, Geoffroy Monde nous offre une claque visuelle, le tout mêlé à une histoire pour le moins intéressante. Poussière est un personnage évoluant dans un monde imaginaire ancré dans un conflit constant. Des cyclopes, se rapportant aux éléments, se déchaînent contre un peuple aux formes humanoïdes. Ces humanoïdes sont constitués de membres plus ou moins organiques. Poussière est en première ligne de cet affrontement dont les causes mêmes lui échappent. Ma première interrogation se situe au niveau de la représentation des cyclopes. Geoffroy n’a pas voulu dessiner la représentation classique que l’on se fait de ces créatures. Ni poils ni quelconques formes organiques, mais des formes géométriques colorées ! L’objectif est de distinguer les cyclopes du reste de l’univers, en effet, ces formes sont très facilement reconnaissables et imposent un certain mystère quant à leur composition physique.

L’univers, justement, est composé de nombreux paysages oscillants entre déserts, forêt, ville et océan. Cet univers varié est réalisé en peinture numérique notamment pour la couleur, chaque planche pouvant prendre 1 journée voir plus de travail selon la planche.

Dans ce projet, Geoffroy n’est pas que le dessinateur, c’est aussi lui qui écrit le scénario.

On peut alors se demander s’il écrit d’abord le scénario complet puis réalise les illustrations, mais en réalité, ce n’est pas le cas. Les idées sont là, mais les illustrations sont parfois réalisées au grès de l’écriture. Dans le premier tome de ce triptyque, la guerre et son sens sont au centre de l’histoire. L’agressivité des Cyclopes est encore mystérieuse et l’on comprend petit à petit les enjeux de ce combat qui s’annonce. Le très fort contraste entre certaines planches aux dessins parfois gore et d’autres planches aux teintes les plus inattendues – douceur infinie – étant un choix original pour raconter une guerre.

Sans trop vous en dire plus, la fin, pour le moins surprenante et pleine de mystère, de ce premier tome est un choix fort de l’auteur. Il m’explique que cette fin aurait très bien pu être le début du tome 2 mais que l’intégrer à la fin du tome 1 permet de créer un mystère et une attente assez forte quant à la suite. Il sourit en me disant qu’il a d’ailleurs reçu quelques critiques à ce propos, mais que la suite de l’histoire en vaudra la chandelle !

La suite de ce triptyque est actuellement en préparation et Geoffroy Monde nous raconte qu’il en est au story-board du second tome, qui devrait sortir l’année prochaine.

Il nous glisse également que le projet qui suivra Poussière est déjà en tête, mais qu’il s’efforce de se concentrer sur la fin de Poussière avant de réellement le commencer.

En tout cas, je suis impatient de découvrir la suite de cette guerre entre humanoïdes et cyclopes dans ce monde pleins de couleurs et de mystères…

Hugo rencontre Sébastien Grenier à Saint-Malo…

Samedi, lors de Quai des bulles 2018 de Saint-Malo, j’ai eu l’occasion de recevoir le dessinateur Sébastien Grenier, pour une interview à propos de la bande dessinée La Cathédrale des Abymes. Soyons très clairs dès le départ, ce n’était pas une bande dessinée que j’avais choisie dès le départ et Michel m’a un peu poussé pour je la lise, que j’entre dans cet univers qui au premier coup d’œil n’avait pas retenu mon attention… Pourtant…

Sébastien Grenier a d’abord travaillé sur une série de 6 tomes, intitulée Arawn, durant 6 ans. Puis, il a travaillé avec Jean Luc Istin qui lui a demandé sur quels univers il souhaitait travailler. Ils partirent des inspirations de Game of Thrones ou encore des Piliers de la Terre tout en incluant des paysages froids et une influence historique forte, le tout baigné dans la fantaisie ainsi l’univers de cette série s’est mis en place… Le but étant de proposer une histoire plus personnelle et différente par rapport à ce que l’on trouvait déjà…

La Cathédrale des Abymes, c’est l’histoire de deux empires, le Nord et le Sud, en guerre, à l’époque des chevaliers et de Sinead… Une jeune fille, récupérée par un templier, qui sera considérée comme un homme pour devenir également templier.

Selon la prophétie, les Dieux ont ainsi décidé de séparer ces deux territoires par une faille afin d’éviter d’autres guerres. Mais la construction d’une cathédrale devrait finir par réunir ces deux empires malgré de nombreux combats.

Inspiré des auteurs anglo-saxons comme Frazetta ou Bisley, Sébastien réalise ses dessins à la peinture acrylique et huile donnant un style cinématographique à sa bande dessinée. Il sépare les paysages des personnages avec ces deux types de peintures lui permettant d’avoir plus de détails sur les personnages. Puis il numérise ensuite ses dessins pour pouvoir les mettre en page. Tout ce travail prend environ une année à réaliser mais la sortie du second tome est déjà prévue pour le 9 janvier 2019 !

C’est donc avec impatience que nous attendons la suite de cette histoire qui, finalement, était plus forte et prenante que mon impression initiale !

Hugo rencontre Paul Frichet à Saint-Malo…

Durant le festival du Quai des Bulles2018, j’ai eu l’occasion d’interviewer l’un des dessinateurs de la BD Brocéliande, Paul Frichet. Je ne connaissais pas cette série avant de préparer ce reportage et je n’ai lu qu’un seul tome, le quatre, Le tombeau des géants. Mais cela n’a pas d’importance car chaque tome peut se lire indépendamment et chaque histoire est écrite par un scénariste et mise en dessin par un dessinateur qui font équipe pour un seul tome…

C’est après ses études en dessin qu’il s’est lancé en tant que dessinateur de bandes dessinées, en commençant par son premier album en 2005 « Le lover Masqué » puis à suite de la bédé Inlandsis, il à été contacté pour réaliser les dessins de 3 tomes de la série Brocéliande.Pour réaliser les dessins de Brocéliande, il utilise une tablette graphique ce qui lui permet de dessiner directement sur l’écran. Le scénariste lui fournit le scénario page par page pour qu’ils puissent travailler le story-board ensemble en décidant de l’organisation des planches, ce qui doit être dessiné jusqu’à arriver à un plan final. Son sens du détail dans les dessins lui est venu suite à la réalisation de la bande dessinée Inlandsis, bien qu’il soit tenté de revenir à un type de dessin moins détaillé.

Ce travail du dessin peut prendre jusqu’à quatre jours par planche, sans la couleur, ce qui revient à un travail d’une année pour un tome. La communication entre le dessinateur et le scénariste est également très importante ce qui permet de savoir exactement où en est la réalisation et de revoir, parfois, certains passages. Par exemple pour le tome 4, un dessin à été déplacé à la fin de l’histoire parce que cela fonctionnait mieux par rapport à la narration.

Le dernier tome de Brocéliande quant à lui, est en fin de réalisation par un autre dessinateur et devrait sortir prochainement…

La série complète comportera sept volumes mettant en scène sept contes se déroulant dans sept lieux différents de cette forêt mythique de Brocéliande… Pour un peu, c’est comme si le sept était sacré et que cette forêt était magique… Enfin, vous en penserez ce que vous voulez, bien sûr !