Direction Quai des bulles en compagnie de Yannick Corboz…

Yannick Corboz est né le 6 juin 1976 à Annecy. Diplômé de l’école Émile Cohl en 1999, il devient animateur et illustrateur dans le jeu vidéo (Infogrammes, Atari et Ubisoft). Il travaille actuellement en tant qu’illustrateur freelance à Annecy. Son premier album publié, Voies Off, lui permet de remporter le neuvième Prix Meilleur Premier Album des Lycéens Picards. Il publie ensuite, avec Wilfrid Lupano au scénario, les aventures de Célestin Gobe-la-lune, aux éditions Delcourt. Toujours avec Wilfrid Lupano, il dessine la série L’assassin qu’elle mérite chez Vents d’Ouest (série terminée en quatre tomes).

On retrouve Yannick Corboz au dessin de la série « La brigade Verhoeven ». Il s’agit selon moi d’une excellente série policière adaptée par Pascal Bertho des romans de Pierre Lemaître. Un commissaire petit et solitaire, renfermé et peu bavard… Une équipe spéciale pour ne pas dire qu’elle donne de l’extérieur un aspect de groupe de branquignoles ou de bras cassés : un riche super classe, un coureur/Don Juan, un « économe » hyper soigneux et méticuleux… Mais ça fonctionne bien et le lecteur en redemande… Une belle narration graphique, tonique et dynamique, qui sert une énigme policière solide bien traitée par Bertho…

Enfin, avec le premier volume de la série « Les rivières du passé », le dessinateur Yannick Corboz se lance dans un autre type d’histoire avec une sorte de passage pour rejoindre d’autres époques. Nous sommes donc à la fois dans une série d’inspiration policière, avec une belle touche fantastique et un fond qui devient parfois historique… La narration graphique privilégie l’émotion, le mouvement, la dynamique de la série dont le scénario est signé Stephen Desberg ce qui n’est pas rien… On attend la suite pour valider une qualité que l’on voit déjà poindre…

A Saint-Malo, durant le festival Quai des bulles, ce sera avec plaisir que je vais recevoir Yannick Corboz dans le Kiosque à BD de RCF en Bourgogne…

Direction Quai des bulles en compagnie de Julien Maffre…

J’ai rencontré pour la première fois Julien Maffre à Angoulême, lorsqu’il travaillait avec Isabelle Dethan sur « Le tombeau d’Alexandre ». Depuis, il parcourt son chemin et depuis 2018 il nous raconte avec Stéphane Piatzszek (scénario) une histoire parisienne qui se déroule sous le règne de Louis XIV. Il s’agit non pas d’un contre pouvoir mais plutôt d’un pouvoir parallèle à celui de Versailles qui toucherait essentiellement les bas-fonds parisiens…

Là, chez les gueux, il y a un roi dont la lignée remonte au Moyen-âge, Anacréon, grand Coësre, 84ème du nom… C’est un vieil homme, qui a une fille et un fils, qui règne sans partage et qui semble avoir le bras très long… Seulement, ce vieil homme va être confronté à deux problèmes majeurs : son fils qu’il voulait voir lui succéder décède et sa fille, en qui il n’avait aucune confiance, va devenir reine… Par ailleurs, à la cour de Versailles, on se verrait bien faire un grand ménage de cette racaille parisienne…

Au-delà de l’histoire elle-même, il faut reconnaitre que le gros travail de Julien Maffre (travail totalement réussi) est de faire revivre Paris secret, Paris mystérieux, Paris des gueux… et j’ai adoré !

Julien Maffre a réussi à créer une ambiance graphique, des personnages crédibles y compris dans le glauque et ces trois albums qui racontent cette histoire sont pour moi très bon. On arrive à prendre en pitié le roi Anacréon et même sa fille, c’est vous dire !

La rencontre à Angoulême sera aussi l’occasion de parler de l’ensemble de son travail, y compris ce fameux western réalisé avec son frère, Stern !

Direction Quai des bulles en compagnie de Benoît Vieillard…

Benoît Vieillard est un dessinateur, un bédéiste, que je n’ai jamais rencontré. Pourtant, le voici avec (au moins) deux ouvrages qui ont retenu mon attention : A l’ancienne, un polar, et Planet blues, des gags vécus par une certaine Selma…

Il se dit, en tout cas je l’ai entendu dire bien des fois, que Gargantua à sa naissance poussa un premier cri mémorable : A boire ! La légende, toujours elle, précise que Benoît Vieillard à sa naissance aurait dit : « Vite un crayon ! »… Mais on n’est pas obligé de croire la légende…

Il est passé par l’Ecole supérieure du design industriel de Paris, qu’il aurait travaillé chez Peugeot et que de fil en aiguille il se serait retrouvé dans une boîte de création d’outils pédagogiques. Mais ce n’est là qu’une étape et il va ensuite se plonger dans l’univers de la communication et finit par basculer joyeusement dans le monde de la BD…

Venons-en à ces deux dernières productions que j’aime. Il y a tout d’abord, A l’ancienne. Là, Benoît Vieillard est celui qui a l’idée : et si on racontait l’histoire à l’envers ? Et comme il trouve deux autres « fous » pour l’aider dans l’entreprise, Marty l’accompagne au scénario et Monier dessine l’album. Pour le lecteur c’est un peu déstabilisant au départ : on sait dès le départ comment se termine l’histoire, reste juste à savoir comment on en est arrivé là… Le tout donne un bon polar classique, avec une pointe d’humour indiscutable car les acteurs de l’histoire n’ont plus vingt ans…

Avec Planet blues, Benoît Vieillard part du principe que l’on ne sauvera notre bonne planète Terre qu’avec un peu de pédagogie. Avec des gags courts, souvent avec la petite Selma comme héroïne, il tente d’expliquer certains concepts de la façon la plus simple… Bon, pour le ramassage des poubelles de tri, ce n’est quand même pas encore gagné… Bon, il semblerait que le problème majeur soit l’adulte… Alors à vous de jouer !

Alors, je ne sais pas comment va se dérouler notre rencontre à Saint-Malo, mais j’avoue que je suis prêt à prendre une petite leçon pour le bien de la planète car j’ai des petits enfants qui se posent peut-être les mêmes questions que Selma… Allez savoir !

Direction Quai des bulles en compagnie de Serge Carrère…

Né en janvier 1958 à Toulouse, Serge Carrère entame des études d’Arts Plastiques à Aix-en-Provence puis se lance comme maquettiste publicitaire. Dans les années 80, il commence dans la bande dessinée avec des planches pour Tintin et quelques fanzines. Les Éditions Milan le découvrent en 83, il sort « Coline Maillard et Rémi Forget », bande dessinée plus adulte avec Alain Oriol. Il collabore, la même année, à Circus. En 88, il change de maisons d’éditions. Il reprend chez Vaillant, « Tristus et Rigolus » dans Pif, « Bonnie et Slide » dans Pif Parade et « SOS vétos » dans Spirou. En 92, il débute la série « Léo Loden » avec Arleston chez Soleil. C’est bien de cette dernière série que je vais me réoccuper car je la suis depuis longtemps…

D’ailleurs, comment la définir avec précision pour éclairer ceux qui ne la connaîtraient pas encore. C’est d’abord, une série policière. Léo Loden est un commissaire de police à Marseille mais accusé à tort d’un meurtre qu’il n’a pas commis, il va se retrouver dehors c’est-à-dire qu’il deviendra « privé » pour continuer à mener ses enquêtes, à vivre en quelque sorte…

C’est aussi une série comique et l’oncle loufoque et farfelu est là surtout pour la touche comique (même si à l’occasion, il participe à la construction de l’enquête…).

Puis, cette série évoluera car Léo va s’installer en couple avec Marlène, qui elle travaille encore dans la police, puis, ils vont avoir des jumeaux, Louise et Ulysse… Il y aura donc quelques scènes cocasses pour récupérer les petit à la crèche, les garder le soir et j’en passe et des meilleures…

Durant longtemps, de la création au tome 15, le scénariste sera Christophe Arleston, puis du 16 au 25, les scénaristes travailleront à deux, Loïc Nicoloff devenant coscénariste, puis, enfin, ce dernier deviendra le seul scénariste et Arleston se retirant de l’aventure de Léo Lodden…

C’est le tome 28 qui vient de sortir, Carmina Burrata, une enquête policière dans le milieu artistique de l’opéra de Marseille. Certains ont osé avancer que Léo Loden était une sorte de Tintin marseillais mais je n’ai jamais été convaincu par cette comparaison. Je trouve qu’il s’agit plus d’un Soda ou d’une Rubine en beaucoup plus comique. Par contre, même quand on plonge dans l’absurde ou le comique le plus profond, les scénarios policiers restent bien ficelés et solides même si les enquêteurs, eux, ne sont pas toujours à la hauteur…

En fait, j’aime beaucoup cette série et j’y suis resté attaché. C’est pour cela que je suis content de retrouver à Saint-Malo Serge Carrère le dessinateur pour une interview pour les inconditionnels !

Direction Quai des bulles en compagnie de Cati Baur…

Je connais Catti Baur depuis assez longtemps… Pensez donc, voici ce que j’écrivais d’elle il y a déjà plus de 12 ans…

« On avait pu suivre le travail de Cati sur son blog, puis dans un petit ouvrage de la collection Shampoing (J’arrête de fumer), mais avec « Vacance », elle devient une grande auteure, oui, vous savez, une vraie… Et ça fait plaisir à voir, à lire ! Bravo Cati ! Il faut savoir aller au bout de ses envies, comme ton héroïne Marie. Bon vent ! Continue, dessine, raconte, enchante-nous ! »

Aujourd’hui, je changerai un mot. Je dirai autrice à part entière puisque le mot est devenu celui qu’il faut utiliser pour une femme qui écrit… Pour le reste, force est de constater qu’elle a continué à dessiner, raconter et nous enchanter !

Elle s’est distinguée en adaptant le roman de Malika Ferdjoukh, Quatre sœurs, en nous livrant quatre magnifiques volumes. Puis elle a écrit Vent mauvais que j’ai tout particulièrement apprécié et dont je disais à sa sortie :

«… la force de ce roman graphique – oui, c’en est un aussi – est de poser les relations humaines au cœur de la vie, de montrer l’évolution des personnages et d’ouvrir malgré le drame des perspectives positives… Béranger et Marjolaine sont à la fois des personnages bizarres mais des personnages que l’on croise tous les jours… Béranger, Marjolaine, c’est un peu nous… Les deux filles aussi évoluent et elles peuvent ressembler à nos enfants, à nos nièces, nos petites voisines…

Béranger est à la fois un homme fort, celui qui délaisse Paris pour se reconstruire, mais aussi l’homme faible qui se laisse emporter, qui boit et qui finit par suivre le vent mauvais… à moins que ce ne soit le vent qui le pousse dans le gouffre !

Les thématiques sont très nombreuses et le nombre ne nuit pas à leur traitement : la création, le travail, la vie familiale, le vieillissement, l’amour, le conformisme, l’éducation, la lecture, le jeu, la violence… Le traitement graphique, même s’il peut vous surprendre au départ, est d’une très grande qualité et Cati Baur confirme qu’elle est bien devenue au fil des ans et des publications – non, Cati, je ne suis pas en train de dire que tu es devenue vieille, juste expérimentée et talentueuse – une véritable autrice de bandes dessinées, une grande professionnelle et une créatrice très sensible ! »

Maintenant, avec « Le club des inadapté.e.s », elle s’appuie sur le roman de Martin page pour nous offrir à lire un album à la fois pour adolescent, mais aussi pour les parents et grands-parents… Une excellente façon d’aborder la différence avec les plus jeunes, sans parti pris ni idéologie, en douceur, en humanité, en toute fidélité avec ce qu’est cette autrice, une belle personne !

Ce dernier album est délicieux ! Sur le roman de Martin Page, elle a su construire graphiquement des personnages crédibles, attachants et bien réels… Mais ses autres livres méritent la lecture sans aucun doute et je suis très heureux de la retrouver sur les bords de la Manche pour une interview dans le kiosque à BD !

Direction Quai des bulles en compagnie de Nicolas Pinheiro…

Nicolaï Pinheiro est né en 1985 à Rio de Janeiro. Il s’est formé dans une famille franco-brésilienne, deux langues, deux cultures, deux continents… Très jeune, la passion pour le dessin, le graphisme, les arts, l’habite entièrement. Il quitte le Brésil pour la France et à dix-huit ans, il gagne Montpellier pour y suivre ses études d’Arts Plastiques. Dès lors, il publiera sa première bande dessinée, fera de l’illustration, collaborera au magazine Psikopat…

En 2012 sort « Venise », un grand roman graphique sombre où il écrit le scénario et qu’il dessine entièrement. En 2021, il sort, avec Fred Duval au scénario, l’adaptation du roman de Michel Bussi, « Un avion sans elle ».

Le roman de Michel Bussi a été un best-seller, un thriller étonnant, un page-turner comme certains disent. En clair, quand on en commence la lecture, on ne peut plus s’arrêter. L’adaptation en bande dessinée reste dans le même esprit et indiscutablement, cela fonctionne plutôt bien. Du coup, assez délicat de vous en dire trop sans casser la machinerie finement ciselée de Bussi et Duval…

Un détective est sur le point de finir sa vie et il a perdu son pari, avec sa dernière enquête, de celui de rechercher l’identité de Lylie, la petite miraculée du Mont Terrible, un bébé qui avait survécu au crash du vol Istanbul-Paris du 23 décembre 1980. Seulement, voilà, il y avait deux bébés dans l’avion et qui est Lylie ?

Fred Duval qui signe là sa deuxième adaptation d’un roman de Bussi maitrise parfaitement la situation et il est secondé par Nicolas Pinheiro qui livre une narration graphique presque parfaite participant à créer l’ambiance, à jouer encore plus fort le drame familial avec ces deux clans qui se disputent Lylie et le lecteur est subjugué et transporté dans une ambiance mystérieuse qui fonctionne du feu de dieu…

Les couleurs de Nicolas Pinheiro sont choses, vives et participent activement à la narration tandis que le format de la bande dessinée donne une surface au dessinateur pour permettre une quasi-immersion dans la narration graphique… Du grand art !

C’est avec plaisir que je recevrai Nicolas Pinheiron dans le Kiosque à BD durant le festival Quai des bulles !!!

Direction Quai des bulles en compagnie d’Aimée de Jongh…

Aimée de Jongh est une autrice de bande dessinée née en 1988. Elle vit actuellement à Rotterdam, aux Pays-Bas. Le dessin, la peinture et l’illustration sont ses occupations quotidiennes et c’est aussi une passion.  En 2006, elle publie son premier livre et on peut affirmer que ses dessins, du moins à l’époque, sont grandement marqués par ses lectures de mangas, même si l’appropriation de ce style est très personnelle. En 2007, elle est étudiante à l’Académie Willem de Kooning, en 2010, elle étudie à l’École d’Animation KASK de Ghent.

Cet ouvrage, Jours de sables, est réellement un petit bijou, un trésor d’humanité, une bande dessinée exceptionnelle qui chemine entre histoire et fiction… Histoire car cette sécheresse démentielle qui a frappé les paysans dans une terre entre Oklahoma, Kansas et le Texas, est bien une dramatique réalité. Le Dust Bowl a sévi dans les années trente et il est la cause d’une grande misère et aussi d’une migration sans précédent vers la Californie…

Histoire toujours car effectivement il y eut quelques photographes pour témoigner de ce phénomène et de ses conséquences et Aimée de Jongh nous en livre quelques clichés édifiants.

Mais aussi fiction car ce photographe, John Clark est bien une création fictionnelle. Néanmoins, c’est à travers ses yeux que l’on va découvrir le monde agricole de cette région, que l’on va s’interroger sur la légitimité de photographier de telles situations, bref, un œil humain derrière un appareil photo…

Ce livre est très bien construit et, surtout, il est très visuel avec un dosage scotchant des dessins et de leur format, des photographies réelles et de leur positionnement… La lecture est aisée, agréable pour ne pas dire magique… Un bonheur total pour le lecteur malgré la lourdeur de l’histoire, la désespérance des familles, l’abandon des enfants à eux-mêmes… On se laisse aller à pleurer et pourtant on continue à lire un livre d’une qualité extraordinaire…

Un dossier historique en fin d’album donnera quelques explications sur le projet de photographier cette situation pour informer les Américains… Eclairant !

Voilà pourquoi je suis très heureux de rencontrer Aimée de Jongh durant ce prochain Quai des bulles !

Direction Quai des bulles en compagnie de Marc Jailloux…

Toujours en pleine préparation du festival Quai des bulles de Saint-Malo, nous voici avec la série « Le Sang des Valois », une série dessinée par Marc Jailloux… J’avais entendu parler de cette série avant sa sortie, j’avais même vu quelques dessins… et je le dis honnêtement, j’attendais la sortie avec impatience ! Autant le dire tout de go, la lecture fut à la hauteur de mes espérances !

Mais reprenons tout avec sérénité et calme. J’attendais une série qui puisse permettre à Marc Jailloux de donner la pleine mesure de son talent sans être enfermé dans l’attente de certains lecteurs qui veulent de lui un dessin comme celui de Martin… Ici, on est chez Jailloux, c’est clair, précis, efficace dans la narration et beau… Du grand art, du moins à mon avis et j’aime !

L’histoire – écrite par Didier Decoin sur une idée de Jérôme Clément – commence avec François 1er et là encore ce n’est pas un choix anodin. François 1er, c’est ce roi chevalier qui après avoir brillé à Marignan tombe de haut à Pavie et devient le prisonnier de Charles Quint, un prisonnier que l’empereur redonne à la France moyennant une grosse rançon…

Ce règne de François 1er est aussi celui de l’arrivée de la Réforme en France. La sœur du roi se laisse presque séduire et le roi reste au départ assez silencieux mais lorsque l’on vient placarder au sein même de son château des libelles luthériens sur les portes, il déclenche des actions beaucoup moins humanistes… des bûchers sont dressés et pas seulement pour réchauffer les passants…

François 1er c’est aussi le roi qui est séduit par l’humanisme ambiant ramené d’Italie mais aussi qui est vogue du côté de Constantinople. Pour un peu, on pourrait presque croire à un roi ouvert et pour la mondialisation… Ce qui n’est quand même pas le cas…

Alors, ce « Sang des Valois » commence par tout cela, un récit bien construit, passionnant et agréable à lire. Il y a les personnages bien réels et historiques et d’autres qui sont là pour mettre en place certains aspects fictionnels. Ici, ce n’est pas une thèse d’histoire mais une véritable bande dessinée d’aventure, le récit historique étant parfois plus vrai que la fiction, c’est bien connu des historiens…

De toute évidence, la série ne va pas se limiter à François 1er et la suite va certainement nous permettre de profiter de cette famille étonnante qui verra des rois très surprenants se succéder sur le trône… Le prochain qui va arriver a déjà fait quelques petites apparitions alors qu’il n’était même pas encore dauphin, le futur Henri II…

Donc, sans plus attendre, c’est avec plaisir que je m’apprête à rentrer et interviewer Marc Jailloux à Saint-Malo, d’ici quelques jours… La rencontre permettra peut-être d’attendre plus sereinement la suite…

Direction Quai des bulles en compagnie de Dominique Bertail…

J’ai lu, début septembre, un album de bande dessinée d’une très grande qualité qui mérite plus qu’un détour… Oui, il faut le lire et le faire lire car notre période contemporaine mérite des ouvrages éclairants et salutaires et ce premier volume de « Madeleine, Résistante » appartient bien aux ouvrages de référence qu’il va falloir garder chez soi, offrir et partager avec le plus grand nombre…

En 1994, Madeleine Riffaud ne parlait jamais de son expérience dans le Résistance, probablement par pudeur comme si toutes les horreurs vécues à cette période-là ne méritaient pas d’entrer chez les gens… C’est Aubrac qui est venu chez elle et qui lui a demandé de témoigner et elle a fini par accepter…

Quelques années plus tard, en 2017, Jean-David Morvan va, un peu par hasard, tomber sur un reportage qui lui fait découvrir Madeleine. Elle a déjà plus de 90 ans, s’il veut la rencontrer, il faut faire vite… Je ne vous en dis pas plus car les auteurs de cette bande dessinée le racontent bien mieux et avec de beaux dessins… Ce qui est certain, c’est qu’après des réticences, Madeleine va se lancer à fond dans ce projet, accompagnée par Jean-David Morvan le scénariste, Eloïse de la Maison dans le rôle d’archiviste des entretiens et Dominique Bertail le dessinateur. Elle ouvre sa mémoire, ses archives et le fait sans aucune retenue un peu comme quand à 17 ans elle s’est engagée dans la Résistance…

Ce premier volet d’une trilogie, « La Rose dégoupillée », est en plus un magnifique album graphique. Le dessin de Dominique Bertail tout en bichromie est d’une qualité et d’une précision qui rendent la narration fluide et très agréable. La lecture dégage une émotion triple : la force du témoignage à la première personne, la narration graphique artistique et le ressenti des liens qui se sont noués entre les auteurs et Madeleine elle-même. On ne peut plus lâcher l’album dès que l’on est entré dans l’histoire…

Madeleine est une des dernières résistantes encore vivantes et au moment où certains utilisent à tort et à travers un langage marqué par cette Seconde Guerre mondiale – collabos, résistance, docteur Mengele, occupation, dictature… et j’en passe et des pires – il me semble salutaire de prendre conscience de ce que fut l’engagement d’une jeune femme de 17 ans, malade et amoureuse, dans la Résistance !

Aubrac voulait que Madeleine témoigne, elle l’avait déjà bien suivi dans cette voie mais avec la rencontre avec Jean-David Morvan et cette bande dessinée, un nouveau pas vient d’être franchi avec probablement un public lecteur qui va découvrir, au moins pour les plus jeunes, certains aspects d’un engagement humain qu’il ne connaissait pas ! Oui, la résistance n’était pas un jeu ni une mode !

Durant le festival Quai des bulles, je vais avoir le plaisir de rencontrer et interviewer Dominique Bertail pour le Kiosque à BD de RCF en Bourgogne.

Direction Quai des bulles en compagnie de Fabien Vehlmann…

Très rapidement après la sortie du premier tome, la série « Le dernier Atlas » a commencé à faire parler d’elle. Je n’ai pas immédiatement répondu à l’appel du livre, mais dès que j’ai commencé à lire j’ai été séduit, plus exactement fasciné et hypnotisé. Quand on commence à lire « Le dernier Atlas », on a bien du mal à arrêter d’autant plus que maintenant la série est complète en trois gros volumes…

Pour ceux qui ont déjà lu des romans feuilletons du XIX° siècle, vous allez retrouver le même phénomène. Une histoire assez simple au départ, qui se complexifie au fur et à mesure, des personnages très nombreux, des séquences assez courtes qui se succèdent et qui ne se déroulent pas aux mêmes endroits (de Nantes à l’Inde, il y a de la place en passant par le Moyen-Orient et l’Algérie), enfin une petite dose d’aventures, de polar, de fantastique et même d’amour !!! On s’y croirait presque !

Il y a bien un personnage principal, du moins si on veut, un certain Tayeb. On va en apprendre un peu plus sur lui tout au long de l’histoire et je ne veux pas trop vous casser le suspense bien construit par Fabien Vehlmann et Gwen de Bonneval. Ce qui est certain c’est qu’au départ de l’histoire Tayeb appartient au milieu nantais, il est le bras droit de « Dieu le Père » (et il n’y a là rien de religieux !). Je me suis même demandé si les deux scénaristes savaient, quand ils ont commencé le tome 1, qui était réellement Tayeb…

Ce qui est certain, c’est que l’humanité se trouve confronté à une manifestation de l’inconnu, l’UMO. Quand il est apparu en Algérie, des phénomènes climatiques dangereux se sont produits et très rapidement certains s’interrogent sur la façon de faire disparaître cet UMO. D’où l’idée du recours à l’Atlas…

Les Atlas furent des robots géants utilisés pour la construction. Le dernier, le « George Sand », allait être démantelé en Inde et c’est là que certains vont se retrouver pour le récupérer, le remettre en état et se préparer à aller lutter contre l’UMO… C’est schématique mais vous avez là la trame générale de l’histoire…

Je ne vais pas non plus vous parler de tous les personnages de ce long feuilleton mais sachez que certains sauront vous toucher tandis que d’autres vous agaceront profondément. Certains perdront la vie (le meilleur moyen pour se débarrasser de personnages dont on n’a plus besoin) tandis que d’autres nous accompagneront jusqu’à la fin comme Françoise, l’ancienne journaliste du Canard enchainé.

Le second volume est peut-être moins surprenant que le premier (ou alors on s’est habitué) tandis que le troisième est explosif et jubilatoire. En fait, en regardant la série avec un peu de recul c’est comme une symphonie ; Le premier volume correspond au premier mouvement, un allegro. Puis, pour permettre au lecteur de se remettre, le second est un adagio, tandis que pour clore l’histoire on commence par un menuet suivi d’une gigue et d’un presto infernal !

Quant à moi, je me réjouis de retrouver Fabien Vehlmann devant mon micro lors du prochain festival Quai des bulles à Saint-Malo !