Certains me disent parfois : « Pourquoi aller dans un salon comme Montreuil ? Une bonne librairie ne suffit-elle pas pour trouver de bons livres ? »
J’entends bien la remarque d’autant plus que pour aller à Montreuil il faut prendre le TGV – et c’est cher – et qu’il faut trouver les bons horaires pour perdre le moins de temps possible dans la journée – alors que le TGV commence pas être en retard…
Montreuil, c’est un lieu de rencontre extraordinaire et c’est surtout la plus grande librairie jeunesse de France. Cela signifie que pour une fois on ne se limitera pas à vous présenter les meilleures ventes du moment – et certains de ces livres peuvent être de très bonne qualité – mais on vous ouvre les portes de la diversité du livre jeunesse… et cela devient tout simplement exceptionnel !!!
Il y en a pour tous les âges – même pour les grands-parents – et pour tous les goûts – sans aucune exception – de la bande dessinée au livre illustré, du cartonné au livre d’art, du roman policier au recueil de poésie… Les auteurs, les dessinateurs, les coloristes, les traducteurs, les éditeurs, ils sont tous là ! Ce n’est pas pour faire la publicité de leur produit, c’est pour expliquer leur démarche, partager leurs émotions, écouter vos retours, aider un enfant à choisir ce qui lui correspond… Que du bonheur !
Un exemple ? Une maison d’éditions dirigée par une jeune femme franco-bulgare qui propose des ouvrages jeunesse en français mais tous écrits par des auteurs jeunesse bulgares, les illustrations, elles, sont par des artistes français, la maison est installée en Alsace et les livres sont de toute beauté… Improbable, non ? Et pourtant, Elitchka existe bien depuis trois ans et les ouvrages sont déjà là en librairie. L’éditrice, Elitza Dmitrova m’explique tout cela avec passion et une des illustratrices, Elisabeth Hamon me parle de ses ouvrages, Marichka et Marie d’une part et d’autre part du petit dernier, un recueil de trois contes consacré à Noël… En, même temps, n’oublions pas que le mot Elitchka en bulgare signifie petit arbre vert… presqu’un sapin de Noël !
Donc, de livre en livre, de rencontre en rencontre, on passe une journée sans voir le temps passer et on oublie le prix du billet SNCF, les retards, le bruit, la foule… On repart de là avec plein d’étoiles dans les yeux même si on n’a pas pu acheter tous les livres que l’on a admirés !
Se promener une journée entière dans le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, y travailler, y rencontrer des auteurs et faire partager tout cela à une équipe d’étudiants – que dis-je, une très bonne équipe d’étudiants – c’est accepter de retourner un peu dans sa jeunesse, c’est rêver encore plus fort, c’est en prendre plein la tête et faire des réserves pour l’hiver…


Mais, pour moi, Michèle Lesbre est une auteure de romans noirs. Certes, c’était au début de sa carrière mais rien n’est plus fort que ces romans Que la nuit demeure ou Une simple chute. Avec Que la nuit demeure, Michèle Lesbre a démontré que l’écriture d’un roman noir, un polar diraient certains avec un peu de mépris, est en fait un acte d’écriture totale… et j’adore !
Décidément, à Chalon-sur-Saône, il se passe toujours quelque chose dans le domaine de la bande dessinée… Du moins, si on veut rester réaliste, disons que les actualités existent, que les auteurs sont souvent là et de qualité, qu’il est possible pour les bédéphiles, les bédévores et les bédéphages de se faire plaisir !
Après Peter Patfawl qui est venu le samedi 16 avril dans le cadre du Festival L’Humour de résistance, voici que Julien Motteler est annoncé pour le vendredi 22 avril après-midi à la librairie L’antre des bulles…
Julien Motteler est un auteur que certains ne connaissent peut-être pas encore mais qu’il faut découvrir et je vais essayer de vous convaincre avec deux productions très différentes et toutes deux de qualité…
Tout d’abord – même s’il ne s’agit pas de sa première production – Julien est le dessinateur d’un magnifique album dans la série Détectives menée de main de maitre par le scénariste Erik Hanna. Tout a commencé avec un one-shot, 7 détectives, dessiné par Eric Canete. Mais l’histoire était si bonne – sept détectives invités à découvrir un coupable comme s’il s’agissait d’un jeu ou d’une compétition – que l’auteur a voulu aller plus loin en consacrant un album à chaque enquêteur mais avec un dessinateur différent à chaque fois…
Julien Motteler a mis son talent graphique au service – en quelque sorte – de Frederick Abstraight, la honte de la police londonienne et du Yard. Un album magnifiquement dessiné qui m’a séduit instantanément comme la série d’ailleurs.
Mais Julien nous propose maintenant une série où il est seul aux commandes, scénario, dessin et couleur. Il faut dire que l’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même… Enfin, c’est aussi un sacré travail dont il parle avec beaucoup de plaisir…
Les salons de la bande dessinée se multiplient, les auteurs sont très nombreux à se déplacer pour aller au contact de leurs lecteurs, nous sommes donc, nous, les lecteurs assidus de bédés, très sollicités par les organisateurs. Mais, reconnaissons que des salons organisés par des étudiants ce n’est pas si courant que cela et c’est bien ce qui a retenu mon attention et qui m’a poussé à prendre le chemin de la 18ème édition du salon de la BD de Cluny, festival pris en main par les étudiants de l’ENSAM de notre belle ville bourguignonne… Occasion de revoir le site et son architecture, du moins ce qui en reste, prétexte sympathique pour dévorer un bon morceau de Charolais et, enfin, prendre le temps de rencontrer quelques dessinateurs que j’appréciais…
J’avais coché dans ma liste Julien Motteler pour son excellent Frédérick Abstraight, un des albums de la série Détectives scénarisée par Herik Hanna ; Eric Hübsch pour son dessin de Topaze ; Stéphane Bileau pour son travail remarquable sur deux albums de la série Elfes ; Boris Guilloteau pour une série que j’ai beaucoup aimée il y a quelques années même si elle s’était terminée trop vite, Jane des Dragons ; enfin, Antonio Sarchione, un dessinateur italien, pour son travail dans Sept pistoleros et Les merveilles (Le temple d’Artémis)… Les désirs étaient nombreux et il était bien certain que je n’arriverais pas à les satisfaire à 100% ! D’autant plus qu’en réalisateur d’émissions de radio sur la bande dessinée (le Kiosque à bédés sur RCF en Bourgogne), je ne souhaitais pas seulement un dessin mais bien une interview…
Quatre auteurs ont pu avoir le temps de répondre à mes questions et ce fut réellement un plaisir car il s’agissait d’artistes heureux de parler de leur travail… Il y eut en premier, parce qu’il faut bien un auteur pour ouvrir le bal des confessions, Julien Motteler. Pour ceux qui ne connaissent pas la série Détectives, il faut reprendre quelques éléments… un jour, dans la série 7, Herik Hanna propose un album de qualité, surprenant et touchant pour les amateurs de polars, Sept détectives, Sept enquêteurs défiés par un mystérieux assassin.
L’album était destiné à être unique, un one shot, et il était dessiné par Eric Canete. Cette belle enquête fut une réussite et il y avait de la demande, tant du côté de l’éditeur que des lecteurs, pour avoir des enquêtes de ces fameux illustres enquêteurs (dans l’ordre d’apparition dans cette histoire : Adélaïde Crumble, Frédérick Abstraight, Martin Bec, Richard Monroe, John Eaton, Nathan Else, Ernest Patisson). Après quelques hésitations et contacts avec des dessinateurs, Herik Hanna a relevé le défi d’une série pas complètement comme les autres. On a le sentiment depuis le premier qui mettait tous les enquêteurs en action d’avoir des albums indépendants les uns des autres, mais, au fur et à mesure de la sortie des Détectives on comprend qu’il n’en est probablement rien et que le lecteur va certainement connaitre de belles surprises… tant mieux !
Julien Motteler est très sympathique, il parle de soin travail avec passion même si cette série est bien éloignée de ses univers habituels peuplés de soucoupes, vaisseaux et étoiles lointaines… Il reconnait, néanmoins, que cette expérience agréable lui ouvre de nouveaux horizons et que le polar, il y reviendrait avec plaisir, qui sait !
Boris Guilloteau nous parlera quelques minutes de sa Jane des Dragons. Cette série qui ne connut pas des lendemains extraordinaires lui tenait bien à cœur. Mais d’une part les lecteurs ne furent pas assez nombreux au rendez-vous, d’autre part le scénariste, Dieter, a jeté l’éponge le premier pour changer de métier… on le dit libraire… Pourtant, je vous promets qu’il s’agit-là d’une belle série jeunesse avec une Jane, un peu garçon manqué – mauvaise expression au demeurant – qui n’a peur de rien ou presque !
J’ai pris le temps, en suite, de discuter avec Christophe Régnault, dessinateur d’un très bel album consacré à Philippe le Bel, occasion de faire un peu d’histoire… Que du bonheur et c’est l’occasion de rappeler à tous que la BD historique est actuellement très prolixe et qu’elle propose des opus de qualité…
Enfin, c’est avec Stéphane Bileau que nous avons clos nos entretiens de la journée. Stéphane est le dessinateur des albums de la série Elfes consacrés aux Elfes blancs. Il faut donc que je donne quelques précisions sur cette série particulière. Jean-Luc Istin a conçu une série consacrée aux Elfes, personnages fantastiques que l’on va retrouver dans les terres d’Aran ! Il a fait appel à de nombreux auteurs pour raconter des histoires, au départ complètement indépendantes, avec comme personnages à chaque fois une race d’Elfes (Elfes bleus, Elfes blancs, semi-Elfes, Elfes noirs, Elfes sylvains). Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry ont posé les bases de cet univers mais ils laissé à chaque duo d’auteurs de très grandes libertés.
C’est ainsi que Stéphane Bileau a travaillé avec Olivier Péru sur les Elfes blancs. Et, ô surprise, le résultat est une véritable bande dessinée d’auteurs. Le tome 3 de la série Elfes est une splendeur ! Oui, je sais, vous pensez que j’exagère un peu, mais quand vous aurez lu Elfe blanc, cœur noir vous comprendrez que le fantastique peut engendrer des récits métaphysiques, spirituels, poétiques profondément humains et édifiants ! Oui, ces deux auteurs se sont glissés dans l’espace de liberté qui leur a été offert pour réaliser du grand œuvre et j’ai adoré ! La rencontre avec Stéphane Bileau a été à la hauteur de mes espérances et elle a transformé ma journée en grand moment de bonheur !
Voilà comment on peut passer du bon temps avec des auteurs très sympathiques et disponibles, dans un festival gratuit et animé avec bonne humeur par des étudiants ouverts et dynamiques… Bref, si pour cette année c’est un peu trop tard, pensez l’année prochaine à aller vous promener du côté du 19ème festival de la bande dessinée de Cluny et de l’ENSAM !!!
L’histoire ? Alice est une infirmière froide, irréprochable dans son travail, ou presque. Sa perfection apparente cache en réalité un vice dangereux : elle écourte la vie de patients en phase terminale. Seulement, un jour une de ses victimes se relève à la morgue au milieu de bodybags qui l’imitent à leur tour.
Venu du comics, l’encreur confirmé se lance dans le métier qui le passionne : le dessin. Effectivement, ce projet lancé par Jean-Luc Istin, scénariste, lui permet de faire ses premiers pas dans la BD en tant que dessinateur.
Il nous confesse qu’il est plutôt lent dans son travail de dessinateur, ce qui permet d’expliquer entre-autre la collaboration avec plusieurs dessinateurs pour la série, bien qu’il soit à l’origine de l’univers graphique. Les personnages sont inspirés de personnes de la vie réelle. Par exemple, Skinner a été inspiré par un acteur britannique, Bill Nighy. L’univers morbide d’Alice Matheson puise des inspirations dans les séries télé étatsuniennes comme Grey’s Anatomy, Dexter et The Walking Dead.
Mais, j’avoue que lorsque j’ai appris qu’Eric Bouvron adaptait au théâtre le roman Les cavaliers j’ai ressenti comme un doute. Comment ce roman extraordinaire allait-il pouvoir tenir sur une scène de théâtre ? Quoi, des chevaux, des montagnes, des grandes étendues de nature et d’hostilité, le tout dans la salle du théâtre La Bruyère de Paris ! Inimaginable ! Non ? J’avais bien entendu parler de ce spectacle lors de son succès dans le off d’Avignon, mais là j’allais pouvoir en profiter à Paris…
J’y suis donc allé avec une réserve et une grande curiosité malgré tout avec la certitude, quand même, de retrouver l’espace d’une soirée mon ami Joseph…Ma réserve est tombée en quelques toute petites minutes, peut-être même avant le véritable départ de la pièce car l’ambiance de la scène, de son décor et le fond musical m’avaient déjà déposé au cœur de l’Afghanistan avant l’entrée sur scène des acteurs… Oui, le tour de passe-passe était réussi et le cheval Jehol bien là… Dès le début du récit du tournoi unique et fascinant, le Bouzkachi du roi, on cavalcade avec Ouroz, on vibre avec le public et Mokkhi, on est à Kaboul pour un voyage étonnant…
On passe une magnifique soirée avec un théâtre comme je les aime : complet, physique, musical, sensuel, profond, humain… Complet, car ce n’est pas là qu’une affaire de texte et, pourtant, vous l’avez bien compris, j’aime le texte de Kessel qui signait là un de ses plus beaux ouvrages. Physique car la performance des acteurs est bien réelle et il faut une bonne condition physique pour monter durant plus d’une heure un cheval comme Jehol. Musical car Kalid K va jouer en live la bande son. Il joue aussi l’acteur car sa présence est bien plus qu’un musicien d’accompagnement et il m’a touché au plus profond de mon être. Sensuel car la relation entre le père et son fils, le maitre et son serviteur, Mokkhi et la femme, le cavalier et son cheval, tout est symphonie sensuelle comme seul l’Orient lointain sait le provoquer… Bouleversant ! Enfin, profond et humain, comme tout le travail de Kessel, parfaitement adapté à la scène, et le spectateur s’identifie à ces personnages et travaille sur sa propre existence, mesure sa vie, tente de comprendre les liens avec son père, avec la gloire, touche la fragilité de la vie, se découvre des espérances, prend des résolutions, décident de changer de vie… et repart galopant avec Jehol qu’il a subtilisé discrètement à l’équipe du théâtre qui n’aura plus que ses yeux pour pleurer… à moins de faire naitre tous les soir, comme par magie, un nouveau Jehol.. Allez savoir ! C’est peut-être cela faire du bon théâtre…







De leur côté Jérémie et Sarah ont assisté, après l’interview de Benoît Lanciot responsable du partenariat entre la SNCF et le polar, aux diverses activités que proposait le stand SNCF. Ils ont notamment pu remporter, à l’occasion d’un concours, une séance de dédicace et d’échanges avec Bastien Vivès et Jason Latour.








A l’occasion du 43ème festival d’Angoulême, ils nous ont présenté le tome 4 des « Maîtres Inquisiteurs », ainsi que leur nouvelle édition limitée du One Shot 3 de « Nains », imprimé en noir et blanc pour mieux apprécier le dessin à l’état brut. Le dessinateur était surpris et très fier de voir le résultat final. En effet, un album comme celui-ci demande 9 à 10 mois de recherches et de travail. De plus, le dessinateur utilise une technique plutôt traditionnelle : il réalise le story-board au crayon puis un encrage manuel, et termine la colorisation sur ordinateur. Pour la série des « Maîtres Inquisiteurs », Deplano recherche une discipline et une justesse dans ses illustrations. Beaucoup d’échanges s’effectuent entre les deux collaborateurs, qui sont réactifs aux conseils et envies de chacun.
Lorsqu’il écrit ses scénarios, Jarry cherche à synthétiser, reprendre et reconstruire les mondes et personnages fantastiques connus de tous, pour raconter de nouvelles aventures, tout en conservant les codes emblématiques de ces univers. D’abord inspiré d’univers fantastiques comme celui de Tolkien, le scénariste s’est ensuite intéressé aux traités de navigation, d’archéologie et de spiritualité, c’est pourquoi il souhaitait un univers riche et ancré dans la réalité pour ses intrigues.
La collaboration entre les deux associés devenus amis était une évidence, car ils ont les mêmes centres d’intérêts et influences depuis l’enfance, et cela se prouve car ils en sont déjà à leur troisième projet commun, et on espère qu’ils continueront ainsi, pour notre plus grand plaisir !