Forum du 8 mars à Chalon-sur-Saône : enfin le programme !

10h00

Ouverture par le directeur de l’IUT et mots d’accueil des organisateurs.
Prise de paroles des personnalités politiques présentes

 

10h30
Frédérique Agnès – Laboratoire de l’égalité

Où en sommes-nous après 100 ans de combat pour les libertés des femmes ?

Focus de 1960 à 2016

Présentation complétées par deux témoignages

 

 

11h00
Table ronde : « Dans l’entreprise et à la cuisine»
Frédérique Agnès, Mademoiselle Caroline (dessinatrice), Hanaé Bisquert (UDA)

 

12h00
Femmes en politique, milieu particulièrement difficile ?

 

 

Deux témoignages : Muguette Dini, ancienne sénatrice du Rhône, auteure d’un rapport sur les violences faites aux femmes et auteure d’une proposition de loi relative à la protection de l’Enfant

 

 

 

 

 

 

et Francine Bonnardin, conseillère régionale de Bourgogne-Franche Comté, déléguée à la lutte contre les discriminations et pour l’égalité femmes-hommes.

14h15

Mademoiselle Caroline : Dessiner la vie…pour mieux vivre ? … pour être plus libre ? … être femme ?

 

 

 

 

 

 

15h00
Apprendre la vie par les grands-parents ou l’importance de l’intergénérationnel – Anne-Marie et Jean-Marie Blanc, éducateurs et acteurs associatifs, parents et grands-parents.

16h15

Femmes célèbres, comment regarder l’histoire sous un autre œil…

Où sont les femmes dans notre histoire de France et de l’Humanité ? Et si la bande dessinée leur redonnait une place ?

Une exposition complètera ces interventions…

 

 

 

 

16h45
Illustration par le travail de Catel sur Olympe de Gouges, Kiki de Montparnasse, Benoîte Groult et Joséphine Baker…

17h00
Jean-François Fioux, éducateur sportif et entraineur de boxe française et Célia Ratte, étudiante et licenciée de boxe française, témoignent sur le sport, la mixité dans la boxe, le vivre ensemble du vestiaire au ring…

18h00

Violaine Guérin, présidente de Stop aux violences sexuelles : Vivre ensemble c’est éradiquer la violence sexuelle de notre société, avoir une tolérance zéro vis à vis de ce fléau… De la prévention à la reconstruction…

Ateliers « Découverte de la bande dessinée » pour les jeunes du Chalonnais…

Partons à la découverte du 9ème art…

Pendant les vacances scolaires, les 17, 18 et 19 février pour être précis, si certains ont été faire du ski malgré le peu de neige qu’il y avait, d’autres se sont rendus à l’Espace royal jeunes (Chatenoy-le-Royal) pour découvrir les subtilités de la narration graphique en bande dessinée. Ils étaient collégiens et étaient impatients d’écrire et dessiner leur propre histoire !

C’est dans le calme que ces jeunes, Inès, Ilham, Maelys, Clarys et Ugo, se sont attelés à créer de toute pièce une planche de BD. Trois séances de 3h de travail pour écrire, découper, dessiner et mettre en couleurs (pour les plus rapides) leurs histoires ! Cela prend vie, on découvre des univers particuliers, consistants, crédibles… Certains sont encore dans l’Antiquité tandis que d’autres nous plongent dans la vie quotidienne. A chacun ses goûts, ses choix, son imaginaire…

Chacun termine à sa vitesse, paisiblement, mais tous sont fiers de leur travail et conscients du travail accompli, tout en mesurant ce qui les sépare encore d’Hergé, Goscinny, Uderzo, Morris… Ils nous ont assuré qu’ils  exposeront leurs planches aux yeux de leurs camarades, animateurs et parents lors d’une exposition sur le thème de la bande dessinée au sein de l’Espace royal jeunes prochainement… mais nous reviendrons vous en parler !

Au même moment, le jeudi 18 février après-midi, à la bibliothèque municipale de Chalon, une douzaine de jeunes venait comprendre, eux-aussi, les mécanismes de l’écriture en bande dessinée. L’atelier fut plus court car réduit à trois heures, mais Justine, Adèle, Aurélien, Clara, Mathilde, Aglaé, Marylou, Mathias, Aristide, Théophile, Paul et Halan, ont pu s’initier à l‘ellipse, aux onomatopées, à la bande son, à la construction des dialogues… Certes, ils n’ont pas pu dessiner en entier une planche mais l’ébauche de leur histoire a certainement fait naitre des envies de réalisation qui verront le jour très bientôt, n’en doutons pas !  

Il faut féliciter tous ces enfants car ce qui fit l’admiration de tous les adultes présents est simple et précis : concentration, application, précision, écoute… Alors, qui continuera de dire que l’on ne peut rien faire avec des jeunes aujourd’hui ?

Quant à l’animation de ces ateliers, elle a été menée par Michel Bonnet et ses étudiants de la licence professionnelle TAIS de l’IUT de Chalon-sur-Saône… Tous les jeunes en redemandent, alors, qui sait, à l’année prochaine !

Angoulême 2016 : Maxime vous fait découvrir l’exposition consacrée à Li Chi Tak

Cette année la bande dessinée asiatique est mise en avant par l’un des artistes les plus prestigieux d’Hong Kong, Li Chi Tak, pour qui est mise en place une exposition monographique retraçant chronologiquement son œuvre, plutôt prolifique.

Grandes sources d’inspiration de Li Chi Tak, le Japonais Katsuhiro Otomo (Akira) est aussi présent au  festival, récompensé l’an dernier du grand prix d’Angoulême.

A travers 80 œuvres, l’exposition survol une trentaine d’année de travail, et permet d’observer une évolution graphique étonnante.   Allant de la planche de bande dessinée ultra détaillée, aux  illustrations humoristiques pour des magazines, on note la facilité avec laquelle Li Chi Tak passe d’un style graphique à un autre.

La sortie prochaine de sa nouvelle BD, The Beast, est aussi l’occasion d’avoir quelques planches de ses travaux actuels et de constater que l’artiste n’a rien perdu de son talent.

Mais avant de pouvoir éditer leurs BD, les auteurs asiatiques doivent très souvent  passer par les magazines de manga, supports peu connus en France, et thématique de la deuxième partie de l’exposition.  Parlant trop des artistes et pas assez de la manière dont ils travaillent, cette partie se veut plus didactique et présente le travail de nombreux artistes publiés aux éditions Shogakukan, visant plutôt un jeune public. Au milieu de cet ensemble d’artistes aux style propre à chacun est mis en avant, le travail d’une artiste japonaise, Hayashida Q, aux illustrations à la limite du trash mais qui s’intègre bien à l’ensemble de l’exposition qui présente de nombreux styles et genre de manga.

En somme une exposition qui ravira les amateurs de manga mais qui ne manquera pas non plus d’intéresser les autres.

Angoulême 2016 : Maxime, étudiant, va à la rencontre de Li Chi Tak…

Il est 14h c’est l’heure du rendez vous à l’hôtel de ville pour la conférence de presse avec Li Chi Tak.

L’artiste est venu, entouré d’une petite équipe, d’abord il y’ a Nicolas Finet qui anime la conférence et coordinateur de l’exposition lui étant dédiée (voir article qui va suivre…), ensuite  Jean Dufaux, scénariste avec lequel il a travaillé sur la réalisation de The Beast sorti cette année, et principale thématique de cette conférence, ainsi que  la directrice du Hong Kong Art Center, accompagnés de leur traducteur.

La première rencontre entre Jean Dufaux et Li Chi Tak remonte à 2006, à cette époque, Jean était à la recherche d’un illustrateur n’étant pas en relation avec la bande dessinée Franco-Belge, car il souhaitait travailler avec une autre culture, des autres médiums et ainsi mélanger deux univers différents, celui d’un scenario franco belge avec celui de l’illustration asiatique.

Étranger à l’univers du manga, le nom de Li lui est parvenu est c’est ainsi qu’a débuté une collaboration d’une dizaine d’années. Car il faut savoir que l’œuvre The Beast n’est pas un projet récent.

Afin de réaliser un scenario aux frontières des deux cultures Jean s’est rendu quelques temps à Hong Kong s’imprégnant au maximum  de la ville et du quotidien de Li. Mais l’impression que nous laisse en quelques jours une ville n’est pas le reflet de la réalité, et la vision d’Hong Kong des deux artistes différant, nous avons sous les yeux une ville et une histoire fantasmagorique.

Ne souhaitant pas être trop influencé par d’autres illustrateurs, Li Chi Tak à cherché ses influences non pas dans la BD mais dans le 7ème art, avec notamment des films d’art et d’essai tels qu’Holly Motors et la de la nouvelle vague Hongkongaise. Cependant des artistes tels qu’Otomo ou Moebius restent quand même une grande source d’inspiration pour Li.

Ce projet fut l’un des plus ardu auquel il a pris part, de par la structure du récit qui ne lui était pas habituelle, la coordination du travail avec Jean Dufaux qui ne pouvait se réaliser qu’à distance et par mail, ainsi que la durée sur laquelle c’est étendu le projet.

Cependant l’illustrateur et le scénariste retirent tout deux une riche expérience de cette collaboration inhabituelle.

Au quartier asiatique une exposition dédiée à Li Chi Tak permet d’admirer quelques planches de ce nouvel album, ainsi qu’une soixantaine d’autres œuvres, mais je reviens vite vous en parler !

Les origines du Carnaval…

A Saint Jean de Luz, il y a quelques jours, eut lieu le traditionnel jugement de San Pantzar – dans certaines régions bourguignonnes on dirait le jugement du roi Carnaval – et certains furent surpris de voir cette marionnette géante en soutane avec des signes caractéristiques rappelant l’évêque de Bayonne. Certains éléments du jugement ne laissèrent aucun doute, on venait de juger l’évêque du lieu pour ses positions assez traditionnelles et la marionnette fut ensuite brûlée en place publique…

Il n’en fallait pas plus pour déclencher un tollé et nous avons alors entendu toutes sortes de remarques : on n’aurait pas pu faire cela avec un rabbin ou un imam, c’est un blasphème, c’est scandaleux de s’en prendre à une personne, c’est normal c’est la tradition du Carnaval, rien de grave il n’y a pas mort d’homme, et je n’oublie pas ceux qui jubilaient de voir l’Eglise en position délicate… Je ne veux pas aujourd’hui entrer dans ce débat, je ne souhaite pas attaquer ou défendre un évêque qui est bien capable de la faire lui-même, mais, puisque certains ont fait appel à la tradition, je vais tenter de donner un éclairage historique sur le Carnaval… c’est bien de saison !

De saison ? Allez savoir ! Le Carnaval est normalement la fête qui donne le signal de l’arrêt de l’alimentation carnée. Jusqu’à la veille de l’entrée dans le Carême – Mercredi des cendres –   le chrétien pouvait manger de la viande et pendant les quarante jours du Carême, il devait s’abstenir de cette alimentation… Ce devait être difficile à vivre pour les bouchers et charcutiers des villes et il n’est pas étonnant de voir que dans certaines villes ce sont ces professionnels qui ont été à l’organisation de ces grandes fêtes. C’est, par exemple en 1349, que l’empereur Charles IV octroie aux bouchers de Nuremberg le droit de monter le Carnaval de la ville. Ce sera un des plus gros d’Europe. Dès 1525, en pleine Renaissance, on verra dans ce Carnaval des moqueries ciblées sur l’Eglise, sur les religieux, les moines…Je sais que certains insistent beaucoup sur le fait que le Carnaval prend ses sources dans l’Antiquité, que les masques et déguisements étaient en usage il y a très longtemps… Tout cela est bien vrai et comme à chaque fois dans notre histoire, il y a une situation qui se base sur trois éléments : un besoin de la population, l’appropriation par l’Eglise d’une situation, des sources anciennes qui elles sont intégrées depuis longtemps, plus ou moins d’ailleurs, dans l’inconscient collectif, dans la mémoire populaire…

Le besoin est simple à comprendre, au-delà de la situation des bouchers. Le Carême, quarante jours de privation, d’effort et de jeune, devient de plus en plus sévère. L’Eglise au Moyen-Age est en position de force, elle veut imposer des règles précises. Elle commence avec les ordres religieux puis s’attaque en quelque sorte à tous les chrétiens. On ne doit plus manger de viande durant le Carême en entier sans compter le jeune de certains jours… Tout cela devient dur à vivre et on sent l’envie de faire la fête avant de s’y mettre…

L’Église comprend assez facilement que la société doit avoir une sorte de sas de décompression. Même si elle fut tentée un temps d’interdire ces fêtes qui se sont construites au départ en dehors d’elle, très rapidement elle pense qu’il vaut mieux les organiser, les maitriser, les diriger… Alors que durant le Moyen-Age, l’Église a commencé par tenter d’interdire le Carnaval, très rapidement, devant l’insistance populaire elle va non seulement le tolérer mais en fixer les limites dans le temps : ce sera la période des trois jours gras qui précèdent le Mercredi des cendres. Puis de trois jours, on est passé à une semaine…

Enfin, je parlais des traditions beaucoup plus anciennes. Oui, il est bien vrai que le masque et le costume sont de très anciennes traditions de l’humanité, d’ailleurs souvent teintées de sacré. Le Carnaval a intégré ces aspects là avec deux tendances. Une festive, tout simplement, le costume ouvrant à la fête, à la danse, à la rencontre humaine… Une autre plus symbolique, le costume permettant de bouleverser les rapports sociaux durant l’espace d’une fête… Le moine devient abbé, le sous diacre curé, le paysan noble, l’écuyer chevalier… et même l’homme la femme et la femme l’homme ! Avec bien sûr, un ordre qui se rétablira de lui-même dès la fin du Carnaval !Alors, le temps a passé et chaque région a formalisé plus ou moins ses règles et ses traditions. Certains Carnaval se sont axés sur les costumes, d’autres les marionnettes géantes, certaines villes ont voulu développer les défilés, avec chars, fanfares, fleurs… Mais certaines règles ont été presque constantes et c’est là que je voudrais bien prendre le temps de parler du jugement du roi Carnaval.

Il y a là une sorte de façon de porter un jugement sur les régnants, que ce soit du royaume, de l’Église, de a société. Le système du fou du roi a toujours été un bon système. Il faut que la parole soit libre parfois car si on étouffe les critiques d’une façon trop ferme, le système peut exploser. Quand dans un monastère, le moine critiquait le père abbé durant un Carnaval, cela pouvait améliorer les choses car le père abbé entendait bien où étaient les limites. Ce système est resté…Il m’est arrivé durant les vingt dernières années d’aller bien souvent entendre le jugement du roi Carnaval à Chalon-sur-Saône. C’est l’occasion d’entendre les criques contre le maire en place. C’est bien souvent fait avec humour et bon esprit, mais c’est souvent aussi très ciblé, précis et bien pointé. Les édiles chalonnais, de gauche comme de droite, y sont tous passés, ils étaient là, et même s’ils se sont sentis vexés ne l’ont jamais laissé transparaitre… ce n’était qu’une sorte de jeu était basé sur du ressenti de la population !

Je pense donc que dans un premier temps, c’est ainsi qu’il faut prendre le jugement de Saint Jean de Luz… ne pas donner trop d’importance à cela même si cela donne un ressenti populaire : aujourd’hui, les Français ne souhaitent pas voir les religieux venir leur donner des conseils dans leur vie quotidienne… mais cela nous éloigne de notre Carnaval !

Pour ce qui est donc du Carnaval, il faut bien reconnaitre que les dates ne correspondent plus avec précision aux trois jours gras qui précèdent le Mercredi des cendres. Certes, le Carnaval a lieu entre l’Epiphanie et Pâques, parfois durent les jours gras, parfois à la mi-Carême, histoire de reprendre des forces avant la dernière ligne droite, souvent pendant le Carême lui-même… Dans une société déchristianisée et laïcisée, le Carnaval reste comme une fête, mais on ne sait plus très bien pourquoi…

Il faut bien reconnaitre que le sens donné au Carême a, lui aussi, quelque peu évolué. Ce n’est plus dans la forme de l’effort que réside le plus important, mais dans une démarche du cœur qui ne se mesure pas à la quantité de viande ingurgitée ou pas durant quarante jours. Même si, excusez-moi d’être assez militant dans ce domaine, restreindre notre quantité de viande ne serait pas une mauvaise chose, du moins sous l’angle du développement durable, et je n’en veux pas du tout aux bouchers, bien sûr !

Alors, profitons de ce temps du Carême qui a déjà commencé pour réfléchir à nos vies, nos comportements, nos relations à Dieu (ou pas) et aux autres… et si le Carnaval est une occasion de faire la fête avec les autres pour améliorer notre vie collective, pourquoi pas… A Chalon, c’est maintenant le Carnaval d’où le choix de cette date pour parler de ce thème… Bon carnaval !!!

Angoulême 2016 : à la découverte d’Alice Matheson, série dessinée par Philippe Vandaële (article de Sarah et Jérémie)

« C’est un peu comme mon bébé, c’est pour ça que je l’ai chouchouté ». C’est ce que nous a confié Philippe Vandaële durant notre interview à propos d’Alice Matheson. En effet, lorsqu’il apprend qu’il est retenu comme dessinateur de la BD, il assiste au même moment, à l’hôpital, à la naissance de son fils. Hôpital qui rappelle le cadre de l’histoire.L’histoire ? Alice est une infirmière froide, irréprochable dans son travail, ou presque. Sa perfection apparente cache en réalité un vice dangereux : elle écourte la vie de patients en phase terminale. Seulement, un jour une de ses victimes se relève à la morgue au milieu de bodybags qui l’imitent à leur tour.Venu du comics, l’encreur confirmé se lance dans le métier qui le passionne : le dessin. Effectivement, ce projet lancé par Jean-Luc Istin, scénariste, lui permet de faire ses premiers pas dans la BD en tant que dessinateur.Il nous confesse qu’il est plutôt lent dans son travail de dessinateur, ce qui permet d’expliquer entre-autre la collaboration avec plusieurs dessinateurs pour la série, bien qu’il soit à l’origine de l’univers graphique. Les personnages sont inspirés de personnes de la vie réelle. Par exemple, Skinner a été inspiré par un acteur britannique, Bill Nighy. L’univers morbide d’Alice Matheson puise des inspirations dans les séries télé étatsuniennes comme Grey’s Anatomy, Dexter et The Walking Dead.

Les cavaliers de Kessel au théâtre de La Bruyère…

Je l’ai souvent dit et écrit, je dois beaucoup à Joseph Kessel, à commencer par les magnifiques heures de lectures qu’il m’a offertes. Mais je sais que plusieurs fois dans mes choix professionnels et humains, il était là à mes côtés et que probablement son œuvre fut pour plus qu’une simple littérature…Mais, j’avoue que lorsque j’ai appris qu’Eric Bouvron adaptait au théâtre le roman Les cavaliers j’ai ressenti comme un doute. Comment ce roman extraordinaire allait-il pouvoir tenir sur une scène de théâtre ? Quoi, des chevaux, des montagnes, des grandes étendues de nature et d’hostilité, le tout dans la salle du théâtre La Bruyère de Paris ! Inimaginable ! Non ? J’avais bien entendu parler de ce spectacle lors de son succès dans le off d’Avignon, mais là j’allais pouvoir en profiter à Paris…J’y suis donc allé avec une réserve et une grande curiosité malgré tout avec la certitude, quand même, de retrouver l’espace d’une soirée mon ami Joseph…Ma réserve est tombée en quelques toute petites minutes, peut-être même avant le véritable départ de la pièce car l’ambiance de la scène, de son décor et le fond musical m’avaient déjà déposé au cœur de l’Afghanistan avant l’entrée sur scène des acteurs… Oui, le tour de passe-passe était réussi et le cheval Jehol bien là… Dès le début du récit du tournoi unique et fascinant, le Bouzkachi du roi, on cavalcade avec Ouroz, on vibre avec le public et Mokkhi, on est à Kaboul pour un voyage étonnant…On passe une magnifique soirée avec un théâtre comme je les aime : complet, physique, musical, sensuel, profond, humain… Complet, car ce n’est pas là qu’une affaire de texte et, pourtant, vous l’avez bien compris, j’aime le texte de Kessel qui signait là un de ses plus beaux ouvrages. Physique car la performance des acteurs est bien réelle et il faut une bonne condition physique pour monter durant plus d’une heure un cheval comme Jehol. Musical car Kalid K va jouer en live la bande son. Il joue aussi l’acteur car sa présence est bien plus qu’un musicien d’accompagnement et il m’a touché au plus profond de mon être. Sensuel car la relation entre le père et son fils, le maitre et son serviteur, Mokkhi et la femme, le cavalier et son cheval, tout est symphonie sensuelle comme seul l’Orient lointain sait le provoquer… Bouleversant ! Enfin, profond et humain, comme tout le travail de Kessel, parfaitement adapté à la scène, et le spectateur s’identifie à ces personnages et travaille sur sa propre existence, mesure sa vie, tente de comprendre les liens avec son père, avec la gloire, touche la fragilité de la vie, se découvre des espérances, prend des résolutions, décident de changer de vie… et repart galopant avec Jehol qu’il a subtilisé discrètement à l’équipe du théâtre qui n’aura plus que ses yeux pour pleurer… à moins de faire naitre tous les soir, comme par magie, un nouveau Jehol.. Allez savoir ! C’est peut-être cela faire du bon théâtre…

Merci Kessel, merci Eric Bouvron pour cette audace et il en fallait pour s’attaquer à ce roman, merci et bravo à toute cette belle équipe d’acteurs et j’espère que beaucoup de spectateurs oserons faire ce beau voyage en Afghanistan !

Festival d’Angoulême, notre plus grosse journée…

Pour cette dernière journée à Angoulême, pluvieuse mais non moins heureuse, l’équipe TAIS continue ses innombrables rencontres au sein d’une foule de plus en plus importante.

Une rencontre riche et inattendue pour Romane et Anaïs qui ont interviewé Chloé Cruchaudet. Cette auteure, à l’origine de la BD Mauvais genre, une adaptation de l’histoire vraie de Fabrice Virgili et Danièle Voldman, les a confortées dans leur première impression. Elles ont, toutes les trois, également parlé de la future adaptation filmée de cette histoire, et nos deux journalistes en herbe sont désormais très impatientes de voir ce qu’elle peut rendre d’après un point de vue masculin.

Anaïs a aussi fait la rencontre de Nancy Peña, accompagnée d’Anna : un échange agréable qu’elles auraient souhaité prolonger, au court duquel elles ont pu aborder les sorties BD récentes mais aussi celles à venir de l’auteure : Madame, qui raconte l’histoire de son chat, Médée ou encore le dernier tome du Chat kimono.

Du côté de chez Marie, c’est la BD Ekho et son dessinateur Alessandro Barbucci qui étaient à l’honneur. Elle aurait dû également rencontrer, avec Paulin, Marion Duclos, mais elle n’a finalement et malheureusement pas pu leur accorder d’interview.

Sébastien aussi a dû essuyer une petite déception : son rendez-vous avec Ronan Toulhouat a été reporté à demain.

En revanche lui et Lauren ont été très satisfaits de leurs échanges avec le scénariste d’une part et le dessinateur d’autre part, du tome 9 de la série Elfes : Corbeyran et Lemercier. Lauren a d’autant plus été touchée par l’intérêt qu’a pu porter Lemercier à leur propre cursus : il a en effet un parcours universitaire relativement identique aux leurs.

La rencontre de Sébastien et Michel avec Louise Joor, auteure de Neska du clan du lierre, l’aura marqué, notamment du fait de la gentillesse de son interlocutrice, mais aussi par sa confidence sur la naissance de la BD : l’idée vient d’un souvenir d’enfance où, petite, Louise Joor s’amusait à empiler les escargots sur un vieux tronc, les réunissant tous au même endroit par temps de pluie.

Tôt le matin, Florian et Michel se sont retrouvés avec un Fred Duval en plein réveil… ou presque ! C’était le Jour J pour cette rencontre et l’occasion d’ouvrir la dernière parution de Jour J, La république des esclaves.  Ils ont pu aborder tous les aspects de la création de cette série et son avenir sans oublier le plus important, le lectorat ! .

Avec Leslie Plée, ce fut l’occasion, entre autres, de réfléchir à la place des auteures dans l’univers trop masculin de la bande dessinée.

En ce qui concerne Maxime, c’est accompagné d’Yves qu’il a pu rencontrer Patrick Baud. Ce dernier a en effet collaboré avec Davy Mourier sur le tome 2 d’Axolot, une BD qui tend à répertorier de nombreuses curiosités et découvertes. Patrick Baud a été durant cette interview fidèle à l’image qu’il donne dans ses vidéos Youtube : cool, bavard et fascinant !

Maxime a également participé, avec Michel, à l’interview de Lupano, en tant que caméraman. Michel de son côté a rencontré de nombreux auteurs et dessinateurs : Turf, pour le Voyage improbable, Cati Baur pour le 3ème tome des Quatre Sœurs, Fabrice Parme, pour Astrid Bromure, mais aussi Emmanuel Moynot, pour le Suite française. Ce dernier l’a particulièrement marqué de par son travail hyper engagé, de très grande qualité et sa maturité hors normes.

L’équipe TAIS a aussi continué ses visites d’expositions et de conférences : Yves et Maxime sont en effet allés voir l’exposition FOFF, tout à fait originale mais surtout complètement décalée. De leur côté Jérémie et Sarah ont assisté, après l’interview de Benoît Lanciot responsable du partenariat entre la SNCF et le polar, aux diverses activités que proposait le stand SNCF. Ils ont notamment pu remporter, à l’occasion d’un concours, une séance de dédicace et d’échanges avec Bastien Vivès et Jason Latour.

Une journée encore vive en émotions s’annonce encore pour demain entre les dernières interviews et le retour.

Angoulême : Belle rencontre avec Benjamin Lacombe

Benjamin à 10 ans lorsqu’il découvre le dessin animé « Alice au pays des merveilles ». Emerveillé par l’univers et la plume de Lewis Carroll, il imagine déjà cette aventure prendre vie sous la pointe de son crayon.Mais ce n’est qu’une vingtaine d’années plus tard, pour le 150ème anniversaire d’Alice qu’il s’y attèle vraiment et réalise en 6 mois un ouvrage de plus de 200 pages alternant  illustrations à l’encre de chine et Posca, et illustrations à la gouache. Par sa grande maitrise de ce dernier medium, il confère à ses œuvres une esthétique onirique, à la lumière et profondeur saisissante de réalisme, immergeant immédiatement le lecteur dans ce monde merveilleux.  Afin de s’approcher au mieux de la perception d’Alice dont la taille varie constamment,  métaphore du passage de l’adolescence à l’âge adulte, Benjamin utilise divers procédés graphiques et éditoriaux.  Tout d’abord la peinture à l’huile lui permet de jouer habillement avec les plans, lorsqu’Alice est de petite taille, les premiers plans sont flous, tandis que quand elle est de taille imposante la composition des pages prend le relais grâce à des doubles pages, et pages dépliantes étriquant quand même Alice pour donner cette sensation d’immensité.

Piochant pour une part son inspiration dans les illustrations de John Tenniel, artiste sélectionné par Lewis Carroll pour illustrer les premières versions d’Alice,  Benjamin Lacombe cherche à créer son propre univers mettant de côté les productions ayant déjà été réalisées, et principalement celles issues du 7ème art, qui selon lui, ne peuvent retranscrire la puissance et la magie du conte.C’est pourquoi dans un souci d’être au plus proche du « Alice » de Lewis, il à décider de travailler sur les textes de Henri Parisot, traducteur qui se pencha de longue années sur une traduction française la plus proche possible de l’original, les multiples jeux de langages n’ayant pas toujours leur équivalent.

Enfin l’une des difficultés à laquelle fut confronté Benjamin Lacombe,  fut l’élaboration du personnage de la Reine de Cœur, qui dans sa description s’approche de celle d’Elizabeth I, même si elle n’est jamais explicitement nommée, et devait donc se démarquer de cette reine et des autres déjà crées.

Le poète Walter de la Mare disait : »Alice au pays des merveilles est l’un des très rares livres qui peuvent être lus avec un égal plaisir par les grandes personnes et les enfants… » ce qui d’autant plus vrai avec cette version illustrée par Benjamin Lacombe.