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Sissi

avatar 15/04/2016 @ 11:39:55
Sky me tente bien et j'en entends plutôt du bien, pour autant la critique est hyper mauvaise...qui croire?

Dirlandaise

avatar 18/04/2016 @ 22:43:15
Je vais regarder "Tess" de Roman Polanski mais j'attends d'avoir terminé le livre avant.

Sissi

avatar 18/04/2016 @ 23:26:49
J'adore ce film (Tess). Nastasia Kinski y est éblouissante.

Sissi

avatar 19/04/2016 @ 12:09:33
C'est Nastassja, d'ailleurs.

Cyclo
avatar 20/04/2016 @ 21:18:49
Parmi les sorties de la semaine, j'ai sauté sur "Le fils de Joseph". Je n'avais jamais vu de film de Eugène Green.
Celui-ci m'a enthousiasmé. Vincent (16 ans à peu près) n'a jamais connu son père. Sa mère le surprotège un peu, elle n'a jamais refait sa vie... Mais il souffre intérieurement : en farfouillant dans le secrétaire de sa mère, il découvre la vérité et qui est son père...
Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler l'intrigue. Il y a une certaine irréalité (les acteurs disent le texte plus qu'ils ne le jouent, et font toutes les liaisons, ça fait curieux, mais j'ai bien aimé), et le film brasse beaucoup de thèmes : la solitude de l'adolescence, le milieu de l'édition (j'étais mort de rire devant ces cocktails mondains et la chroniqueuse littéraire jouée par Maria de Medeiros qui croit Nathalie Sarraute encore vivante), la solitude des adultes aussi, le besoin de paternité, et un arrière-plan religieux (Abraham et Isaac, le Christ), la peinture classique...
Acteurs prodigieux, mention spéciale au fils (Victor Ezenfis), à la mère (Natacha Régnier, lumineuse) et au père que se choisit Vincent (Fabrizio Rongione, que je venais de voir dans "Le coeur régulier" il y a deux semaines, autre film très attachant, à des années-lumières des made in USA que je ne supporte plus). Discussion à la sortie, tout le monde trouvait le film superbe !
Attention quand même, il est un peu spécial ! Après le "Quand on a 17 ans" de Téchiné, le "Keeper" de Guillaume Senez, un autre film sur les ados d'aujourd'hui.

Stavroguine 21/04/2016 @ 14:31:20
J'ai été voir la bande-annonce en me disant "on ne sait jamais" parce que je trouve la programmation cinématographique du moment très pauvre (j'aimerais bien tout de même attraper L'académie des muses), mais je crois que je ferai l'impasse sur ce Fils de Joseph. J'ai un différend avec Eugène Green depuis la lecture de La Reconstruction que j'avais trouvé imbuvable de conservatisme bon ton tout à fait bourgeois catho du boulevard Saint Germain. Retrouver, dès les premières images de la B-A, les marronniers des jardins du Luxembourg, un peu plus loin son étang, comme ses chaises sur la couverture de La Reconstruction, cette exaltation d'un passé classique qui passe par ce parler ridicule qu'adoptent les acteurs et la haine des bobos, la caricature à la truelle du milieu littéraire (c'est de la truelle que je me plains ici, pas de la caricature en tant que telle) m'évoque tout ce qui m'avait rendu La Reconstruction insupportable. Je passerai donc mon tour. Pourtant, Cyclo, tu avais réussi à me donner presque envie !

Sissi

avatar 22/04/2016 @ 10:12:14
Je me suis habituée aux chroniques hebdomadaires de Cyclo, j'aime bien, et j'espère que tu vas continuer!
Pour ma part c'est réglé, Le fils de Joseph ne passe pas ici (décidément...). Je ne connais pas Eugène Green, mais La Sapienza, que je n'ai pas vu au demeurant, c'était rudement bien paraît-il, non?

Bref aujourd'hui j'irai voir soit La saison des femmes, soit D'une pierre deux coups (plutôt celui-là, d'ailleurs), deux films qui me tentent bien.
Pas vu Sky finalement, malgré le bien qu'on m'en a dit, je ne le sentais pas plus que ça.

Cyclo
avatar 22/04/2016 @ 12:28:52
La saison des femmes, mon prochain film...

Stavroguine 23/04/2016 @ 01:14:08
Je sors de L'académie des muses, petit film espagnol et à très petit budget de Guerin qu'il vous sera certainement difficile de voir au cinéma si vous n'habitez pas Paris (et même à Paris, c'est pas facile, alors qu'il est sorti le 13 avril).

Film éminemment littéraire puisqu'il se présente comme une expérience filmée menée avec sa classe par un professeur italien de philologie dans la classe barcelonaise et très féminine duquel on s'embarque presque caméra à l'épaule, en low-fi, façon documentaire, voire même vieux reportage télé. On y discute savamment d'Orphée et de Dante, et puisqu'il s'agit de muses, de ce que leur sont Euridice et Béatrice. Le propos est rapide, trop, d'autant qu'on passe sans transition de l'espagnol à l'italien et que les sous-titres défilent, mais assez lent tout de même pour que l'on saisisse au passage quelques idées clefs : l'importance du chant dans la poésie (qui rendra le professeur étonnamment hermétique à tout ouvrage en vers libres, comme s'il restait définitivement au quattrocento), la poésie comme chant défiant la mort, l'invention de l'amour par la poésie (belle réflexion juste assez effleurée pour permettre au spectateur de se demander si l'art reproduit le réel ou si le réel reproduit l'art : l'amour existe-t-il hors des romans ?) et évidemment, le rôle des muses qui élèvent l'homme du rang d'animal à poète.

Le film prend un tour neuf à mesure que, de plus en plus, on quitte les amphis. D'abord, lorsque le prof tient des entretiens particuliers dans l'habitacle de sa voiture avec deux de ses élèves, puis plus tard, quand avec l'une puis l'autre, il va d'abord en Sardaigne à la rencontre de pâtres poètes, puis à Naples près des Enfers antiques. On se rend compte que ce professeur socratique (petit, gros, le nez camus, fort laid, mais charismatique) qui déclare qu'enseigner c'est séduire, cherche à mettre en application ses théories en se créant une académie de muses. Le flou intelligemment entretenu entre fiction et documentaire (on est persuadé tout du long qu'il s'agit d'un documentaire, que ce qu'on nous montre est réel) produit une impression de malaise, certaines des jeunes femmes à qui il ne demande rien de moins que de cesser d'être femmes pour devenir muses, de se consacrer à l'avènement d'un homme : lui, semblant totalement manipulées, sous l'influence de gourou auquel ne s'oppose que sa femme, et interroge notre rapport à l'illusion.

Un film donc extrêmement étrange, unique et dont l'économie ne peut tenir qu'au peu de frais qu'il a engendré tant il est impossible qu'il rencontre un public, mais hautement recommandable pour des littéraires.

Cyclo
avatar 23/04/2016 @ 02:27:39
Tu me mets l'eau à la bouche ; je viendrai à Paris début juin, j'espère qu'il sera encore visible !

Stavroguine 23/04/2016 @ 09:45:10
Je crains que ce ne soit trop tard : dix jours apres sa sortie, il ne passe deja plus que dans deux salles dans tout Paris, et encore, il les partage avec dautres films... Je doute que l'exploitation puisse durer jusqu'à ta venue. Mais c'est vraiment le genre de films qui ne perd rien à être vu à la télé ou sur l'ordinateur.

Sissi

avatar 23/04/2016 @ 16:45:17
Ça m'intéresse rudement, ton film, Stavro, j'ai été muse, moi, dans le temps!
(Mouais, en fait pas vraiment, je doute d'avoir été la muse de qui que ce soit, mais bref j'ai étudié l'italien, la littérature italienne, Dante, la philologie etc.)
Tu crois que je peux récupérer ça quelque part?

Bon, je m'en vais voir D'une pierre deux coups, pas de ciné hier finalement, mais je me rattrape aujourd'hui et demain où j'irai voir La saison des femmes.
A suivre.

Stavroguine 24/04/2016 @ 00:51:46

Tu crois que je peux récupérer ça quelque part?


Dans l'immédiat, à part le téléchargement illégal (et encore ? Pas sûr qu'il y ait beaucoup d'offre) ou un cinéma qui aurait la bonne idée de le passer près chez de toi, je ne vois pas. Mais d'ici quelques mois, il sera sûrement en DVD et disponible sur les plateformes type iTunes ou Universcine.

Sissi

avatar 24/04/2016 @ 20:16:39
Merci Stavro, à question bête (à y regarder de plus près, quand même...) réponse intelligente.

Deux beaux films vus ce WE, deux films sur les femmes, et il faut continuer à en faire, des films, pour qu'on voie de quelle façon elles sont traitées dans certains endroits du monde...

La saison des femmes est un film fort et puissant, qui ne ménage pas le spectateur sur ce qu'elles endurent. C'est édifiant, et on se surprend à avoir des envie de meurtre. Et puis on est triste, aussi, de voir que pour la plupart, elles n'envisagent même pas qu'un homme puisse faire autre chose que du mal, qu'il peut être doux et faire du bien (Une des scènes d'ailleurs dans une grotte, où une femme est initiée au plaisir, est de toute beauté et très touchante). Heureusement qu'elles peuvent compter les unes sur les autres pour rire, s'épancher, et s'apporter mutuellement un peu de douceur et de tendresse.Les couleurs sont magnifiques, chatoyantes, et dès le tout début on est dépaysé, alors que tout ça se passe de nos jours (à partir de récits faits par des femmes du coin sur leur vécu), que le portable et internet sont bien présents.
Ce qui est intéressant, c'est de voir que les (jeunes) hommes souffrent aussi de ces mariages forcés où ils découvrent le visage et le corps de leurs épouses le jour du mariage, et à quel point le poids des traditions pèse encore de manière dramatique (le jeune homme marié de force se fait dépuceler avant son mariage part une prostituée pour "faire honneur à son père" (???)
Sinon, et bien, les coups, la femme vue comme l'esclave de l'homme "une femme qui lit fait une mauvaise épouse", et j'en passe. La seule à qui on fiche la paix, finalement, c'est la prostituée, on ne la respecte pas plus que les autre femmes, mais finalement pas moins, puisque ces dernières se font traiter de sale pute ou de salope à tout bout de champ sans avoir fait grand chose...
Les choses semblent changer un peu et le film est porteur d'espoir, même si on reste quand même avec un goût amer.
Un film instructif et puissant donc, mais non dénué de défauts et mon avis est quand même mitigé: le personnage de la prostituée est hyper caricatural, je n'ai pas réussi à y croire, en fait, je ne l'ai trouvée que moyennement crédible, les scènes sont donc très inégales, et la fin, vraiment la fin est à mon sens grotesque et complètement ratée....

Un film à voir, donc, parce qu'il est utile. Mais pas forcément un film complètement réussi et époustouflant.

D'une pierre deux coups, par contre, c'est un réussite totale, à voir impérativement et je reviens vous en parler tout à l'heure.

Sissi

avatar 24/04/2016 @ 21:18:42
Me revoilà.

D'une pierre deux coups est un film que j'irais revoir sans problème. J'en ai même envie. C'est le premier de Fejria Deliba et c'est plus qu'encourageant.
On ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec Fatima, bien que l'histoire, et même l'enjeu, soient différents (ou soit différente?), parce que dans les deux cas il s'agit du portrait d'une vieille maghrébine dans une cité, de nos jours, et le regarde porté sur ses enfants.
Mais si Fatima était un bon film, celui-là est un très très bon film.
C'est grandement dû à l'immense talent de Milouda Chaqiq, à sa présence, son visage si expressif, et la sympathie qu'inspire d'emblée son personnage, Zayane, avec son français approximatif, à l'écrit comme à l'oral d'ailleurs, le message improbable sur son répondeur et ses bonbons qu'elle a toujours dans son sac.
Elle reçoit un faire-part de décès et une mystérieuse lettre (qu'elle mettra bien du temps à déchiffrer...) où il lui est demandé de venir récupérer une boîte que le défunt devait lui remettre.
Elle qui n'est jamais sortie de sa cité, elle part pour la grande aventure (et ça en devient une!), tandis que ses 11 enfants, "abandonnés", se retrouvent petit à petit dans l'appartement maternel et vont petit à petit "découvrir" véritablement leur mère.
Le film raconte donc cette journée et on voit, en parallèle et alternativement, l'épopée de Zayane et les enfants dans l'appartement.
Je n'ai fait qu'avoir les larmes aux yeux, rire et pleurer, le tout avec des pauses bienfaitrices, le tempo de ce film étant une réussite totale: L'humour jaillit par fulgurances, l'émotion monte petit à petit, est parfois forte, et puis par moment tout est tempéré par des silences, un petit temps mort avant que ça ne reparte.
Les acteurs sont tous bons, le seul reproche que je ferais est que le panel des enfants (tous différents, il y a ceux qui perpétuent la tradition, d'autres qui en ont pris le contre-pied, ceux qui sont à cheval entre le deux etc.) est un tantinet caricatural et le trait légèrement grossi (je pense à l'une des filles en particulier)
Pour autant, le reproche est léger et il y a vraiment beaucoup d'émotion dans ce film qui retrace la vie d'une algérienne devenue vieille, et qui montre aussi la diversité de la société aujourd'hui.
Et je m'achète la BO dès qu'elle sort!

Sissi

avatar 24/04/2016 @ 21:19:44
"par" une prostituée dans mon message sur La saison des femmes

Cyclo
avatar 25/04/2016 @ 17:58:45
J'avoue que Sissi m'a mis l'eau à la bouche, et comme à Bordeaux j'ai un super cinéma (l'Utopia) qui propose pas moins de trente films par semaine et les fait durer assez longtemps pour qu'on ne les loupe pas (à raison le plus souvent d'une séance par jour, il faut donc bien calculer son coup, les horaires variant d'un jour à l'autre), je viens d'aller voir "D'une pierre deux coups".
Absolument subjugué par la subtilité du film, le discret féminisme qui s'en dégage, la jeune femme ravie que sa mère, dont on subodore le mariage obligé, ait tout de même eu une belle histoire d'amour dans sa vie, et hors mariage encore - même si elle est restée probablement platonique. Finalement en dehors de deux des hommes qui réagissent mal à cette découverte, on sent que l'idée va faire son chemin. Et que, peut-être, chacun va se trouver un peu plus ouvert...
Belle description d'une fratrie très nombreuse, dans le cadre de cette fête de famille, où celle que l'on fête est absente. J'ai bien aimé la manière dont les amoureux séparés communiquaient, Zayane en envoyant de petits films 8mm (elle a appris chez son employeur photographe, avant le mariage, à développer des photos et faire usage d'une caméra, ce que son mari décédé a sans doute ignoré) et lui en lui envoyant des lettres parlées sur cassettes, puisque Zayane ne sait ni lire ni écrire. Un film qui fait un bien fou ! Oui, les parents peuvent avoir des secrets, et c'est très bien ainsi !
Ce qui me rappelle le livre lu dernièrement : les Lettres parlées à son ami allemand, de Michel Tournier, que j'ai chroniqué ici même.

Sissi

avatar 25/04/2016 @ 20:46:45
Ah ça me fait très plaisir que ce film t'ait plu, Cyclo!
Oui, un film qui fait du bien.
Et le bonjour à Bordeaux (j'y ai vécu 9 ans et mes enfants y sont nés), il est où ce ciné? A l'époque j'allais là où j'habitais: Mérignac.
Bon, à l'époque, il faut dire que je pouponnais plus que je n'allais au cinéma, aussi...

Cyclo
avatar 26/04/2016 @ 09:32:40
L'Utopia est au centre place Camille Jullian, à mi-chemin entre la cathédrale et la Garonne... 5 salles, films étrangers en v. o., nombreuses soirées-débats, nombreux documentaires... Un cinéma militant pour la diversité : sur le programme de ce mois, les films proviennent de 17 pays différents !
Autre excellent cinéma : le Jean Eustache à Pessac, où je vais de temps à autre, ce qui fait du bien à mes jambes, puisque j'y vais à vélo ! Là aussi, grande variété de programmation.
Cerise sur le gâteau : la séance commence presque direct après la ou les bandes-annonces. Pas (Utopia) ou très peu (Pessac) de pub !

Veneziano
avatar 26/04/2016 @ 22:05:43
J'ai revu, il y a deux jours, Garde à vue. Il constitue un huis-clos grandiose, avec une tension tragique palpable, et un trio d'acteurs de haute tenue, Lino Ventura, Michel Serrault et Romy Schneider. Guy Marchand est bien aussi, mais fatalement un cran en-dessous : il est dur de rivaliser face à une telle troïka.

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