"L'histoire du géant timide", film islandais (mon deuxième en trois mois, après le surprenant "Béliers", en décembre dernier) à ne pas rater, s'il passe à côté de chez vous !
Fúsi (Gunnar Jónsson), la quarantaine déjà bien entamée, est un gros nounours qui vit seul avec sa mère. Il travaille à l'aéroport, manutentionnaire au service des bagages où il se fait chiner, et même harceler par ses collègues plus jeunes, à cause de sa corpulence excessive et de sa possible virginité. Son passe-temps favori : jouer des parties de soldats de plomb pour reconstituer la bataille d'El Alamein avec son voisin. Ou bien jouer dans la rue avec une voiture téléguidée. La petite fille du voisin du dessus, très solitaire aussi, se prend d'amitié pour lui, mais son père dénonce Fúsi comme possible pédophile. En fait, Fúsi est resté un grand enfant, avec la naïveté, la tendresse, la douceur de certains enfants. C'est vrai qu'il n'a jamais connu l'amour et pourtant chacun de ses gestes est marqué par l'amour ou l'amitié, un service à rendre, l'absence totale de méchanceté, de cynisme et de cruauté : il est incapable de dénoncer la fourberie de ceux qui le harcèlent. Fúsi n'est pas vraiment triste, il a un peu d'humour, de solides habitudes (dont le restaurant thaï où il mange tout seul, ou la radio à qui il téléphone pour que l'animateur lui passe les musiques de heavy metal qu'il aime), mais le jour où le fiancé de sa mère lui offre pour son anniversaire une inscription pour un club de country dance va bouleverser sa vie.
Parce qu'il va y rencontrer Sjöfn et que, peu à peu, ces deux-là, marqués par la vie, vont s'apprivoiser. Sjöfn, de fleuriste, est devenue éboueuse et le vit comme une déchéance ; son rêve : ouvrir un petit magasin de fleurs et voyager. Fúsi, bien que travaillant à côté des avions, n'est jamais sorti de l'Islande. Je m'arrête là dans mon résumé, car je vous laisse découvrir ce film formidablement humain : Fúsi n'est pas sans rappeler le prince Mychkine, "l'Idiot" de Dostoïevski. Il est hors du commun. Colosse vulnérable, il découvre encore plus souffreteux que lui en la personne de Sjöfn. Elle va l'amener à se surpasser dans la compassion, la bonté, l'empathie, la tendresse, la patience, la douceur, l'amour. Il trouve enfin une raison de vivre et, peut-être, de quitter sa mère et décoller.
Tourné à hauteur d'homme, toujours du point de vue de Fúsi, le film est un hommage à l'amour, au véritable amour (qui n'a que peu à voir avec le sexe, comme le montre bien la scène de fête où s'est laissé entraîner Fúsi, qui ne sait pas dire non : ses trois collègues lui font la détestable surprise d'avoir payé une pute chargée de le dépuceler). Ce film montre aussi qu'on peut lutter contre la peur de l'autre, du différent, de l'inconnu, contre l'isolement social qui en résulte. C'est l'antidote absolu des événements tragiques que nous vivons, des attentats, des guerres et des meurtres de masse.
Je me réjouis personnellement que la générosité soit mise en lumière avec autant d'énergie, sans tomber dans les clichés, l'angélisme, le pathos ou le mélo. Et qu'un film nous fasse retrouver – si nous l'avions perdu – le sens de l'humanité qui est en nous. Un message d'espoir, en somme ?
Fúsi (Gunnar Jónsson), la quarantaine déjà bien entamée, est un gros nounours qui vit seul avec sa mère. Il travaille à l'aéroport, manutentionnaire au service des bagages où il se fait chiner, et même harceler par ses collègues plus jeunes, à cause de sa corpulence excessive et de sa possible virginité. Son passe-temps favori : jouer des parties de soldats de plomb pour reconstituer la bataille d'El Alamein avec son voisin. Ou bien jouer dans la rue avec une voiture téléguidée. La petite fille du voisin du dessus, très solitaire aussi, se prend d'amitié pour lui, mais son père dénonce Fúsi comme possible pédophile. En fait, Fúsi est resté un grand enfant, avec la naïveté, la tendresse, la douceur de certains enfants. C'est vrai qu'il n'a jamais connu l'amour et pourtant chacun de ses gestes est marqué par l'amour ou l'amitié, un service à rendre, l'absence totale de méchanceté, de cynisme et de cruauté : il est incapable de dénoncer la fourberie de ceux qui le harcèlent. Fúsi n'est pas vraiment triste, il a un peu d'humour, de solides habitudes (dont le restaurant thaï où il mange tout seul, ou la radio à qui il téléphone pour que l'animateur lui passe les musiques de heavy metal qu'il aime), mais le jour où le fiancé de sa mère lui offre pour son anniversaire une inscription pour un club de country dance va bouleverser sa vie.
Parce qu'il va y rencontrer Sjöfn et que, peu à peu, ces deux-là, marqués par la vie, vont s'apprivoiser. Sjöfn, de fleuriste, est devenue éboueuse et le vit comme une déchéance ; son rêve : ouvrir un petit magasin de fleurs et voyager. Fúsi, bien que travaillant à côté des avions, n'est jamais sorti de l'Islande. Je m'arrête là dans mon résumé, car je vous laisse découvrir ce film formidablement humain : Fúsi n'est pas sans rappeler le prince Mychkine, "l'Idiot" de Dostoïevski. Il est hors du commun. Colosse vulnérable, il découvre encore plus souffreteux que lui en la personne de Sjöfn. Elle va l'amener à se surpasser dans la compassion, la bonté, l'empathie, la tendresse, la patience, la douceur, l'amour. Il trouve enfin une raison de vivre et, peut-être, de quitter sa mère et décoller.
Tourné à hauteur d'homme, toujours du point de vue de Fúsi, le film est un hommage à l'amour, au véritable amour (qui n'a que peu à voir avec le sexe, comme le montre bien la scène de fête où s'est laissé entraîner Fúsi, qui ne sait pas dire non : ses trois collègues lui font la détestable surprise d'avoir payé une pute chargée de le dépuceler). Ce film montre aussi qu'on peut lutter contre la peur de l'autre, du différent, de l'inconnu, contre l'isolement social qui en résulte. C'est l'antidote absolu des événements tragiques que nous vivons, des attentats, des guerres et des meurtres de masse.
Je me réjouis personnellement que la générosité soit mise en lumière avec autant d'énergie, sans tomber dans les clichés, l'angélisme, le pathos ou le mélo. Et qu'un film nous fasse retrouver – si nous l'avions perdu – le sens de l'humanité qui est en nous. Un message d'espoir, en somme ?
Il me tente bien, ton film, Cyclo!
Il me fait penser au personnage de Jérôme (livre de Jean-Pierre Martinet) ton Fùsi (sauf que lui ne va pas du tout rencontrer l'amour)
Sinon dans un tout autre genre j'ai (enfin!) revu La peau douce de Truffaut, avec beaucoup de plaisir.
Je ne me rappelais plus que le personnage principal était si attentiste, si passif.
Françoise Dorléac est magnifique.
Il me fait penser au personnage de Jérôme (livre de Jean-Pierre Martinet) ton Fùsi (sauf que lui ne va pas du tout rencontrer l'amour)
Sinon dans un tout autre genre j'ai (enfin!) revu La peau douce de Truffaut, avec beaucoup de plaisir.
Je ne me rappelais plus que le personnage principal était si attentiste, si passif.
Françoise Dorléac est magnifique.
Je te laisse découvrir si Fùsi rencontre l'amour : c'est loin d'être une série Harlequin !!!
Je te laisse découvrir si Fùsi rencontre l'amour : c'est loin d'être une série Harlequin !!!
;-)
D'accord, alors je verrai. Vraiment ça me tente!
Moi qui vais très rarement au cinéma, je suis allé voir hier "Midnight spécial", "le film qui révolutionne le genre science-fiction depuis Spielberg" (d'après l'affiche, de mémoire). Et bien que ce ne soit pas Spielberg qui ait fait ce film, il est vrai qu'on en sent une vraie filiation, un vrai modèle, comme si le réalisateur s'en était inspiré, une sorte d'hommage en suivant ses traces. Mais heureusement, il ne fait pas que les suivre, ces traces spielbergiennes, il s'en écarte aussi résolument pour en donner un film tout personnel. Et je dirai que c'est plutôt réussi, je trouve, même si mes amis qui étaient avec moi en ont eu un sentiment beaucoup plus mitigé (et je suis gentil !). Il ne faut pas s'attendre à beaucoup d'actions (il y en a quand même !) si on va le voir (ce n'est pas Star war !), il est bien plus dans le réalisme, dans l'interrogation sur la façon de réagir et de subir un père face à son enfant qui se révèle très différent des autres, unique même, avec des pouvoirs qui dépassent l'entendement. Il est intéressant de suivre le désarroi de ce père, malgré tout assez déterminé à faire son possible pour aider son fils à atteindre son but, aussi incompréhensible qu'il soit. Il en faut du courage, pour cela, malgré les doutes et la peur de perdre son fils. Car il l'aime, et c'est cet amour qui lui donne la force de l'aider à se réaliser, même si cela signifie de se séparer de lui (son fils) s'il arrive à ses fins. A la fin, bien sûr, on comprend mieux ce qu'est l'enfant en réalité et ce qu'il voulait faire. Mais un bémol quand même, on ne comprend pas comment cet enfant a pu arriver là, rien n'est expliqué sur les origines et je trouve que c'est dommageable pour la compréhension du spectateur car une partie de l'histoire, les origines de l'enfant donc, lui reste inconnue. C'est peut-être un parti pris du réalisateur, mais dommage quand même. Au final, un bon film plutôt original, au moins pour moi.
"Le cœur régulier", sorti cette semaine.
Qui n'a jamais eu envie de se suicider ? Au Japon, il existe une zone de falaises où des gens vont pour en finir.
Alice (Isabelle Carré, magnifique) vit dans un univers protégé, elle a tout pour être heureuse : maison ultra sophistiquée, beaucoup d'argent, deux beaux enfants, un mari aimant, mais sa vie tourne à vide. Quelque chose ne va pas tout à fait chez elle. C'est l'arrivée de son jeune frère Nathan et son accident de moto dans lequel il meurt qui va la troubler. Mais avant cette mort tragique, elle a eu le temps de renouer le lien avec Nathan le vif, l'impétueux, le bohème, riche de ses faiblesses et de ses sentiments, qui vit, lui. Quand il a débarqué dans la maisonnée (en l'absence du couple de parents partis pour une soirée), il chamboule tout : il organise une partie de crêpes dans la cuisine, les gosses crient, osent rire, et Alice en rentrant s'illumine. Seul Léo, le trop parfait mari, résiste à cet enthousiasme. Dans la nuit, Nathan enfourche sa moto et entraîne Alice. Il lui avoue qu'il revient du Japon, où il a fait une rencontre qui l'a transformé. Il se sent en paix avec lui-même.
Désarçonnée par ce décès brutal, Alice prend l'avion. C'est au-dessus de falaises battues par les vents, au Japon, qu'elle va trouver le désir de vivre et non pas de survivre. Elle y est en quelque sorte sauvée par Daïsuke, celui qui recoud ceux qui n'ont plus le cœur à vivre. Sans les juger, sans les consoler. Simplement il écoute. Il a tout abandonné pour se placer du côté de ceux qui ont besoin d'une main secourable à un moment de leur vie. C'est très beau, fin, délicat, sans pathos ! Daïsaku est un personnage proche de Fúsi dans le film islandais récent. Belle utilisation du cinémascope. Un grand moment. Qui fait chaud au cœur. D'après un roman d'Olivier Adam beaucoup lu sur critiques libres (16 critiques), mais que je n'ai pas lu.
Attention, ce n'est pas un film d'action. Plutôt contemplatif et souvent sans paroles...
Qui n'a jamais eu envie de se suicider ? Au Japon, il existe une zone de falaises où des gens vont pour en finir.
Alice (Isabelle Carré, magnifique) vit dans un univers protégé, elle a tout pour être heureuse : maison ultra sophistiquée, beaucoup d'argent, deux beaux enfants, un mari aimant, mais sa vie tourne à vide. Quelque chose ne va pas tout à fait chez elle. C'est l'arrivée de son jeune frère Nathan et son accident de moto dans lequel il meurt qui va la troubler. Mais avant cette mort tragique, elle a eu le temps de renouer le lien avec Nathan le vif, l'impétueux, le bohème, riche de ses faiblesses et de ses sentiments, qui vit, lui. Quand il a débarqué dans la maisonnée (en l'absence du couple de parents partis pour une soirée), il chamboule tout : il organise une partie de crêpes dans la cuisine, les gosses crient, osent rire, et Alice en rentrant s'illumine. Seul Léo, le trop parfait mari, résiste à cet enthousiasme. Dans la nuit, Nathan enfourche sa moto et entraîne Alice. Il lui avoue qu'il revient du Japon, où il a fait une rencontre qui l'a transformé. Il se sent en paix avec lui-même.
Désarçonnée par ce décès brutal, Alice prend l'avion. C'est au-dessus de falaises battues par les vents, au Japon, qu'elle va trouver le désir de vivre et non pas de survivre. Elle y est en quelque sorte sauvée par Daïsuke, celui qui recoud ceux qui n'ont plus le cœur à vivre. Sans les juger, sans les consoler. Simplement il écoute. Il a tout abandonné pour se placer du côté de ceux qui ont besoin d'une main secourable à un moment de leur vie. C'est très beau, fin, délicat, sans pathos ! Daïsaku est un personnage proche de Fúsi dans le film islandais récent. Belle utilisation du cinémascope. Un grand moment. Qui fait chaud au cœur. D'après un roman d'Olivier Adam beaucoup lu sur critiques libres (16 critiques), mais que je n'ai pas lu.
Attention, ce n'est pas un film d'action. Plutôt contemplatif et souvent sans paroles...
Vu hier The Assassin, le dernier film de Hou Hsiao-Hsien et sa première incursion dans le film de genre wu xia pan, sorte de film de cape et d'épée chinois, avec costume et kung fu (pensez Tigre et Dragon ou, pour la version hong kongaise, aux films que la Shaw Brothers produisait en série).
Autour d'une intrigue sommaire, presque assimilable à Kill Bill (une super tueuse est envoyée assassiner son cousin gouverneur), HHH livre sa vision d'artiste du film de genre. Du coup, il prend tout à rebours : on a jamais vu aussi peu d'action dans un film de kung fu et l'intrigue très sommaire à la base du film se développe dans des intrications complexes que ni la VOST ni l'apparence de protagonistes qu'on confondra aisément n'aident à démêler. Si on arrive à dépasser ça, on sera envoûté par la beauté plastique de ce film où la chorégraphie est autant dans le mouvement des soieries que dans les combats dont l'étonnante économie de mouvements évoquerait plutôt le film de sabre japonais façon Kurosawa (des duels très brusques et rapides où les corps courent l'un vers l'autre, s'entrechoquent et se quittent, et où il faut attendre un peu avant que l'un des deux s'écroule) que le kung fu chinois avec ses sauts, ses cascades, ses esquives et ses projections. Tout est somptueusement filmé et montre une société chinoise infiniment sophistiquée, civilisée à l'extrême à une époque, le 9ème siècle, où nous étions, nous, des barbares. HHH se sert de toute cette sophistication pour nous livrer un film d'estampes, où les décors naturels, les costumes, les gestes, le temps et le vent sont tous mis au service de la vision de l'artiste. Une sorte d'anti-Tarantino qui fait d'un genre misant tout sur l'immensité de la fresque, le bruit et la fureur, un tableau minimaliste, contemplatif et taiseux.
Autour d'une intrigue sommaire, presque assimilable à Kill Bill (une super tueuse est envoyée assassiner son cousin gouverneur), HHH livre sa vision d'artiste du film de genre. Du coup, il prend tout à rebours : on a jamais vu aussi peu d'action dans un film de kung fu et l'intrigue très sommaire à la base du film se développe dans des intrications complexes que ni la VOST ni l'apparence de protagonistes qu'on confondra aisément n'aident à démêler. Si on arrive à dépasser ça, on sera envoûté par la beauté plastique de ce film où la chorégraphie est autant dans le mouvement des soieries que dans les combats dont l'étonnante économie de mouvements évoquerait plutôt le film de sabre japonais façon Kurosawa (des duels très brusques et rapides où les corps courent l'un vers l'autre, s'entrechoquent et se quittent, et où il faut attendre un peu avant que l'un des deux s'écroule) que le kung fu chinois avec ses sauts, ses cascades, ses esquives et ses projections. Tout est somptueusement filmé et montre une société chinoise infiniment sophistiquée, civilisée à l'extrême à une époque, le 9ème siècle, où nous étions, nous, des barbares. HHH se sert de toute cette sophistication pour nous livrer un film d'estampes, où les décors naturels, les costumes, les gestes, le temps et le vent sont tous mis au service de la vision de l'artiste. Une sorte d'anti-Tarantino qui fait d'un genre misant tout sur l'immensité de la fresque, le bruit et la fureur, un tableau minimaliste, contemplatif et taiseux.
Quelqu'un est allé voir Superman vs. Batman? C'est bien? Ça vaut le coup?
Vu hier The Assassin, le dernier film de Hou Hsiao-Hsien et sa première incursion dans le film de genre wu xia pan, sorte de film de cape et d'épée chinois.
Si on arrive à dépasser ça, on sera envoûté par la beauté plastique de ce film où la chorégraphie est autant dans le mouvement des soieries que dans les combats dont l'étonnante économie de mouvements évoquerait plutôt le film de sabre japonais façon Kurosawa Une sorte d'anti-Tarantino qui fait d'un genre misant tout sur l'immensité de la fresque, le bruit et la fureur, un tableau minimaliste, contemplatif et taiseux.
Je l'avais vu il y a quelques mois, et c'est vraiment un film magnifique sur le plan visuel.
J'imagine que certaines personnes, qui sont allées le voir, croyant avoir affaire à un film "d'action", ont du être sévèrement déçu, voir ne sont pas restés jusqu'au bout, car le film peut paraître long...
Oui, je pense que c'est ce qui explique sa mauvaise note "public" sur allocine, par exemple.
Oh et bien je suis en colère, tiens, ce film j'avais envisagé d'aller le voir il y a quelques temps (il n'y avait que ça qui m'inspirait), parce que j'avais trouvé les images de la BA sublimes, très dépaysantes et mes copines m'ont complètement dissuadée....
Vu hier soir "Merci Patron", une farce réjouissante faite à Bernard Arnaud, PDG de LVMH. La chanson du film, chantée à l'origine par les Charlots, résume bien l'esprit du documentaire:
https://www.youtube.com/watch?v=BP3_dgTofKA
https://www.youtube.com/watch?v=BP3_dgTofKA
Je sors du film "Quand on a 17 ans" (André Téchiné) très émue et je ne résiste donc pas à l'envie de vous en dire quelques mots.
Deux adolescents de la même classe (dont un est le fils d'une médecin jouée par Sandrine Kimberlin que j'adore) sont dans une relation attraction/rejet, amour/haine, ils ne font que se battre au lycée, et on se demande bien ce que ça va donner quand la mère de Damien, l'un des garçons, interprétée par S. Kimberlin donc, propose à Tom, l'autre garçon, (un métisse d'une beauté éblouissante) de venir passer quelques temps à la maison pour lui éviter les longs trajets quotidiens (il habite dans la montagne).
Sur le papier, rien de bien folichon et pourtant c'est un film très fort, très juste, très beau aussi avec les saisons qu'on voit défiler dans la montagne, sur l'adolescence, ses bouillonnements et ses questionnements intérieurs.
Les deux jeunes acteurs sont fantastiques, et expriment avec beaucoup de justesse la révolte, le déni de certaines choses, la violence sous-jacente qui ne demande qu'à s'exprimer contre un monde qu'on découvre à cet âge. Damien est nerveux, vif et impulsif, tandis que Tom est animé par une colère plus sourde, plus sournoise, plus rageuse.
Il y a de l'électricité dans l'air, les non-dits sont nombreux, souvent remplacés par des coups ou des corps à corps virils. Le besoin d'exorciser un malaise intérieur est palpable.
Un beau film sur l'adolescence et ses turpitudes, mais aussi un film sur l'air du temps, avec son monde rural qui disparaît ou semble d'un autre âge quand il survit, et les conflits militaires de notre monde actuel.
Découpé en trois trimestres, les trois de l'année scolaire, le film montre à quel point le temps passe, tant dans la nature que dans la vie des différents protagonistes. Et que ce temps qui passe fait évoluer, croître, grandir, changer, qu'il apporte parfois le malheur et parfois l'espoir.
Pas vu le temps passer et sincèrement émue en sortant.
Deux adolescents de la même classe (dont un est le fils d'une médecin jouée par Sandrine Kimberlin que j'adore) sont dans une relation attraction/rejet, amour/haine, ils ne font que se battre au lycée, et on se demande bien ce que ça va donner quand la mère de Damien, l'un des garçons, interprétée par S. Kimberlin donc, propose à Tom, l'autre garçon, (un métisse d'une beauté éblouissante) de venir passer quelques temps à la maison pour lui éviter les longs trajets quotidiens (il habite dans la montagne).
Sur le papier, rien de bien folichon et pourtant c'est un film très fort, très juste, très beau aussi avec les saisons qu'on voit défiler dans la montagne, sur l'adolescence, ses bouillonnements et ses questionnements intérieurs.
Les deux jeunes acteurs sont fantastiques, et expriment avec beaucoup de justesse la révolte, le déni de certaines choses, la violence sous-jacente qui ne demande qu'à s'exprimer contre un monde qu'on découvre à cet âge. Damien est nerveux, vif et impulsif, tandis que Tom est animé par une colère plus sourde, plus sournoise, plus rageuse.
Il y a de l'électricité dans l'air, les non-dits sont nombreux, souvent remplacés par des coups ou des corps à corps virils. Le besoin d'exorciser un malaise intérieur est palpable.
Un beau film sur l'adolescence et ses turpitudes, mais aussi un film sur l'air du temps, avec son monde rural qui disparaît ou semble d'un autre âge quand il survit, et les conflits militaires de notre monde actuel.
Découpé en trois trimestres, les trois de l'année scolaire, le film montre à quel point le temps passe, tant dans la nature que dans la vie des différents protagonistes. Et que ce temps qui passe fait évoluer, croître, grandir, changer, qu'il apporte parfois le malheur et parfois l'espoir.
Pas vu le temps passer et sincèrement émue en sortant.
Pas encore vu le Téchiné.
Mais le Rappeneau, "Rosalie Blum" est merveilleux. Je ne vois pas d'autre qualificatif ; nous étions tous émus à la sortie, tout en ayant aussi beaucoup ri : Anémone en mère castatrice est époustouflante, Noémie Lvovsky en mère brisée est pathétique, les deux jeunes gens ( Kyan Khojandi et Alice Isaaz) sont superbes et cassent la baraque. C'est très original, tiré d'un roman graphique (pas lu et pas critiqué sur CL)...
Un très bon moment.
Mais le Rappeneau, "Rosalie Blum" est merveilleux. Je ne vois pas d'autre qualificatif ; nous étions tous émus à la sortie, tout en ayant aussi beaucoup ri : Anémone en mère castatrice est époustouflante, Noémie Lvovsky en mère brisée est pathétique, les deux jeunes gens ( Kyan Khojandi et Alice Isaaz) sont superbes et cassent la baraque. C'est très original, tiré d'un roman graphique (pas lu et pas critiqué sur CL)...
Un très bon moment.
Pas encore vu le Téchiné.
Mais le Rappeneau, "Rosalie Blum" est merveilleux. Je ne vois pas d'autre qualificatif ; nous étions tous émus à la sortie, tout en ayant aussi beaucoup ri : Anémone en mère castatrice est époustouflante, Noémie Lvovsky en mère brisée est pathétique, les deux jeunes gens ( Kyan Khojandi et Alice Isaaz) sont superbes et cassent la baraque. C'est très original, tiré d'un roman graphique (pas lu et pas critiqué sur CL)...
Un très bon moment.
Pas vu le film, mais l'album est vraiment bien, et je suis content que les échos que j'ai eu (de toi et d'autres) de son adaptation cinématographique soient bons !
Pas encore vu le Téchiné.
Mais le Rappeneau, "Rosalie Blum" est merveilleux. Je ne vois pas d'autre qualificatif ;
Ah merci, je suis contente d'avoir un avis adulte, ma fille est dithyrambique au sujet de ce film mais elle est jeune et je ne suis pas toujours d'accord avec les coups de coeur qu'elle peut avoir.
Alors j'irai le voir demain, je me tâtais l'autre jour et je suis finalement allée voir Quand on a 17 ans dont je vous parle plus haut (et que je ne regrette pas d'avoir vu!)
Et puis j'irai voir Soleil de plomb ce WE, ce film me tente beaucoup.
L'histoire du géant timide ne passe pas ici...
Autre film qui m'a enchanté : "Sunset song" (réalisateur Terence Davies), d'après un roman écossais non chroniqué dans nos colonnes, mais publié chez Anne-Marie Métailié (excellent éditrice en général, de littérature étrangère). C'est un grand film romanesque dans la tradition anglo-saxonne qui se passe au début du XXème siècle en milieu rural. Malgré le côté sombre de l'histoire racontée, on se laisse porter par le spectacle et l'Ecosse, un peu comme dans "La fille de Ryan" de David Lean et l'Irlande. L'arrière-plan de la guerre de 14 et de son horreur est bien évoqué.
Comme le roman est le premier d'une trilogie (seuls les deux premiers ont été traduits en français), y aura-t-il une suite ? Mystère. Je vais mettre les deux titres dans ma liste de livres à lire, d'autant plus que je connais bien l'Ecosse, où je suis allé cinq fois, dont une en voyage de noces... Souvenirs, souvenirs...
Comme le roman est le premier d'une trilogie (seuls les deux premiers ont été traduits en français), y aura-t-il une suite ? Mystère. Je vais mettre les deux titres dans ma liste de livres à lire, d'autant plus que je connais bien l'Ecosse, où je suis allé cinq fois, dont une en voyage de noces... Souvenirs, souvenirs...
Mais le Rappeneau, "Rosalie Blum" est merveilleux. Je ne vois pas d'autre qualificatif ;
Moi non plus, dire que j'ai failli passer à côté de cette pépite (qui ne paye pas de mine comme ça, mais qui vaut vraiment son pesant d'or.)
C'est bourré de tendresse, de drôlerie, de nostalgie, de tristesse, de joie, la vie quoi, et c'est superbement bien construit avec les différents points de vue (Vincent, Aude, Rosalie) qui s'expriment les uns après les autres, pour qu'on puisse reconstituer le puzzle, dont la dernière pièce (la dernière scène) est d'une grande émotion.
A voir!!
Quelqu'un est allé voir Superman vs. Batman? C'est bien? Ça vaut le coup?
Vu Superman vs. Batman vendredi soir ! Pas désagréable, mais assez longuet, plutôt filmé lourdement et personnellement j'ai trouvé peu crédible les raisons de l'affrontement et la cause de la "réconciliation".
Je finis pas me dire que tout les films de super-héros se ressemblent.
Il y avait une éternité que je n'avais pas vu de film cubain. Ça valait le coup d'attendre : "Chala, une enfance cubaine" (titre original : "Conducta") d'Ernesto Daranas, est une très belle œuvre, sensible, profondément humaine sur l’enfance livrée à elle-même et sur la vie difficile des pauvres et des marginaux à Cuba aujourd'hui. Le jeune Chala (11 ans ?) habite dans un quartier déshérité avec sa mère, alcoolo, toxico et vraisemblablement prostituée. Il ne connaît pas son père et fait bouillir la marmite en élevant des chiens de combat pour le compte d'un voisin, et en pariant sur ses chiens préférés. Il reste assez imprévisible, notamment à l'école, où il a la chance extraordinaire de ne pas succomber à la délinquance grâce à une vieille institutrice chaleureuse et bienveillante, Carmela, et à l'amitié qu'il porte à Yéni, une fillette de son âge, la "provinciale", qui vit seule avec son père dans l'illégalité… Le film nous fait réfléchir sur l’éducation (formidable institutrice qui va se battre pour éviter le placement en foyer de Chala), sur l’intolérance (malgré l'égalité de façade, il y a un monde entre les assistantes sociales et ceux qu'elles sont censées aider), sur l’adhésion imbécile à des règlements bureaucratiques qui compliquent la vie. C'est à la fois optimiste et bouleversant.
Le montage est bien fait, chronologique. Il ouvre un champ libre à l'expression des personnages (tous très bien joués, enfants compris) pour laisser le spectateur se rendre compte des ambiguïtés sous-jacentes : exclusion pour défaut d'adresse fixe de Yéni, croyance religieuse persistant après cinquante ans de castrisme, effets négatifs de la bureaucratie qui croit bien faire en appliquant les règlements à la lettre (placement de Chala en foyer, renvoi de Yéni et de son père en province, mise à la retraite de l'institutrice).
Au fond, le film est un hommage rendu à celles et ceux qui se solidarisent pour améliorer moralement et matériellement le quotidien difficile d'enfants en déshérence. La misère est omniprésente, atténuée par la lumière des Tropiques, par les foulards rouges des élèves. Et puis, il y a Chala, qui ne se contente pas d'entraîner les chiens de combat, il a aussi la passion des pigeons (ce qui nous rappelle le "Kes" de Kenneth Loach). Il sait aussi oublier pour un moment sa mère alcoolique et droguée pour redevenir enfant et jouer au milieu des voies de chemin de fer ou au bord de la mer avec ses copains. À aucun moment, il y a du pathos et le réalisateur ne cherche pas à nous apitoyer. Car Chala, comme Carmela, et même Yéni, sont des battants, pugnaces et déterminés à vivre, malgré les malheurs. Chala risque sans doute de devenir un voyou, comme les héros de "Sciuscia", de "Los Olvidados", ou des "Quatre cents coups". Mais il peut aussi garder son intégrité morale.
Un mélo peut-être, mais un mélo combatif, contre la misère, contre la rigueur administrative. Et constructif, avec le personnage de Carmela, magnifique rôle d'enseignante qui sait allier amour des enfants et engagement social. Au total une leçon de vie qu'on n'oubliera pas.
Le montage est bien fait, chronologique. Il ouvre un champ libre à l'expression des personnages (tous très bien joués, enfants compris) pour laisser le spectateur se rendre compte des ambiguïtés sous-jacentes : exclusion pour défaut d'adresse fixe de Yéni, croyance religieuse persistant après cinquante ans de castrisme, effets négatifs de la bureaucratie qui croit bien faire en appliquant les règlements à la lettre (placement de Chala en foyer, renvoi de Yéni et de son père en province, mise à la retraite de l'institutrice).
Au fond, le film est un hommage rendu à celles et ceux qui se solidarisent pour améliorer moralement et matériellement le quotidien difficile d'enfants en déshérence. La misère est omniprésente, atténuée par la lumière des Tropiques, par les foulards rouges des élèves. Et puis, il y a Chala, qui ne se contente pas d'entraîner les chiens de combat, il a aussi la passion des pigeons (ce qui nous rappelle le "Kes" de Kenneth Loach). Il sait aussi oublier pour un moment sa mère alcoolique et droguée pour redevenir enfant et jouer au milieu des voies de chemin de fer ou au bord de la mer avec ses copains. À aucun moment, il y a du pathos et le réalisateur ne cherche pas à nous apitoyer. Car Chala, comme Carmela, et même Yéni, sont des battants, pugnaces et déterminés à vivre, malgré les malheurs. Chala risque sans doute de devenir un voyou, comme les héros de "Sciuscia", de "Los Olvidados", ou des "Quatre cents coups". Mais il peut aussi garder son intégrité morale.
Un mélo peut-être, mais un mélo combatif, contre la misère, contre la rigueur administrative. Et constructif, avec le personnage de Carmela, magnifique rôle d'enseignante qui sait allier amour des enfants et engagement social. Au total une leçon de vie qu'on n'oubliera pas.
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