Myrco

avatar 25/01/2024 @ 20:00:38
TRANCHE 5

Moyennement apprécié cette cinquième partie. Décidément, mon intérêt s'amenuise au fur et à mesure que s'estompe la critique du système;-(

J'ai trouvé laborieux et tiré en longueur tout le passage sur l'attente de l'arrivée d'Helena. Je me suis même demandé si Kundera ne voulait pas se jouer de l'impatience du lecteur à savoir ce que Ludvik lui réserve.
Plus sérieusement je suppose que la manière lourde - avec force détails sans intérêt et répétitions - dont il décrit la cérémonie autour des bébés avait pour but d'en faire ressortir le côté ridicule voire grotesque aux yeux de Ludvik . Pour moi la tentative est totalement ratée.
Si je m'étais faite jusqu'ici l'avocate du jeune Ludvik eu égard aux circonstances, son évolution à l'âge adulte ne m'apparait guère en sa faveur. Quand on lit sa relation de la fameuse scène de l'exclusion mise en scène par Zemanek (moment fort du récit) on peut comprendre qu'il ait ruminé toute cette rancoeur pendant des années. Cela ne justifie pas pour autant de concevoir une vengeance en instrumentalisant un tiers, en l'occurrence Helena: procédé de lâche et de mon point de vue
condamnable.
Cette partie fait ressortir nombre d'aspects sombres de la personnalité du Ludvik adulte: sa duplicité, sa capacité d'hypocrisie au service de son côté manipulateur, calculateur, cynique...
Je mets à part ses propos sexistes relevant de l'égocentrisme:
" J'aime chez la femme non pas ce qu'elle est pour elle-même (...) mais ce qu'elle représente pour moi "
ou d'une position de domination
"l'homme est en droit de vouloir n'importe quoi d'une femme"
ou encore lorsqu'il prétend connaitre la psychologie féminine pour mieux la manipuler.
Evidemment ces propos sont à recontextualiser dans la mentalité de l'époque dont Ludvik ( comme sans doute Kundera dont il est ne serait-ce qu'en partie l'alter ego ) est le pur produit, une mentalité qui hélas n'a pas disparu mais c'est un autre débat;-)

Je ne sais pas trop comment interpréter la scène du passage à l'acte qui frôle le sado-maso. Je suppose qu'en faisant d'Helena non une victime mais celle qui sort gagnante de l'épisode cela appuie le caractère vain de la vengeance orchestrée par Ludvik. Mais je n'ai pu m'empêcher de ressentir une certaine jouissance de Kundera à nous peindre une Helena en situation d'avilissement.

Je pondérerai mon propos en insistant sur plusieurs points à mettre au crédit de l'écrivain.
Encore une fois, il joue avec habileté de la confrontation des visions, des interprétations que peuvent avoir différents personnages d'une même situation (intéressant de relire le chapitre Helena à la lumière de celui-ci).
Je trouve brillante la manière dont Kundera est capable de disséquer les pensées, les ressentis de son personnage avec un niveau d'analyse, une précision dont on se dit qu'ils empruntent forcément quelque part à son propre vécu.

La fin de cette cinquième partie laisse espérer qu'on en saura peut-être un peu plus sur Lucie.

Myrco

avatar 25/01/2024 @ 20:06:03
J'ai oublié d'ajouter au crédit de l'auteur le twist plutôt réussi (je m'attendais à une Helena victime et mortifiée).

Septularisen

avatar 25/01/2024 @ 22:39:54



Oui, Septu, il y a des points communs entre Emma et Lucie ; toutes les deux, elles voudraient bien mais…

Quant au style, écoute Flaubert :

« - J’ai tort, j’ai tort, disait-elle, je suis folle de vous entendre.
  - Pourquoi ?… Emma ! Emma !
  - Oh ! Rodolphe ! … fit lentement la jeune femme en se penchant sur son épaule.
Le drap de sa robe s’accrochait au velours de l’habit, elle renversa son cou blanc, qui se gonflait d’un soupir et, défaillante, tout en pleurs, avec un long frémissement et se cachant la figure elle s’abandonna ».


C'est exactement ce que je disais, FLAUBERT vivait dans une époque où l'on préférait parler discrètement, pudiquement et ici par métonymie ... Il n'aura échappé à personne dans l'extrait que tu donnes que ce n'est pas du "cou" d' Emma Bovary dont FLAUBERT parle!..
Le Prix Nobel de Littérature Romain ROLLAND (1866 - 1946), était "très bon" aussi dans ce genre d'images par métaphores, je vais essayer d'en retrouver une pour l'exemple...


Il y a plus d’érotisme dans ces trois lignes que dans les 16 pages de la séance entre Ludvik et Héléna. Kundera n’est pas Flaubert, je trouve qu’il en est loin.


SJB, encore une fois je parle du point de vue psychologie des personnages!..

Septularisen

avatar 25/01/2024 @ 22:42:12

Encore une fois, il joue avec habileté de la confrontation des visions, des interprétations que peuvent avoir différents personnages d'une même situation.
Je trouve brillante la manière dont Kundera est capable de disséquer les pensées, les ressentis de son personnage avec un niveau d'analyse, une précision dont on se dit qu'ils empruntent forcément quelque part à son propre vécu.


Voilà, c'est exactement de quoi je parle!..

Saint Jean-Baptiste 26/01/2024 @ 11:28:34
Tranche 5  : Ludvik et Héléna.

Héléna, il faut s’en souvenir, avait fixé rendez-vous avec Ludvik au début du livre.
Et on revient en plein roman d’amour… enfin, d’amour ? : « En fait, j’aime chez la femme, non pas ce qu’elle est pour elle-même, mais ce par quoi elle s’adresse à moi, ce qu’elle représente pour moi ». C’est Ludvik qui parle. Le ton est donné.

Et puis des longues digressions sur la signification du hasard de sa rencontre avec Lucie : « pourquoi est ce que j’ai rencontré Lucie ? Que signifie ce hasard et qu’a-t-il à me dire ? ».
Plus loin : « je ne peux réprimer ce besoin de continuellement déchiffrer ma propre vie ».
Je trouve qu’il y a trop d’égocentrisme chez Ludvik. Ce besoin de déchiffrer sa vie devrait être laissée à l’imagination du lecteur.
Mais j’ai eu de l’aversion pour Ludvik dès le début, si bien que je le juge peut-être avec à priori.

Heureusement, il s’en suit une digression absolument cocasse sur une cérémonie du Comité National de la ville qui est sensée remplacer le baptême chrétien. Là l’auteur s’est surpassé, c’est d’un comique achevé.

Ensuite Ludvik nous raconte sa liaison – on devrait dire son accouplement – avec Héléna, « dont, sous son voile des simagrées professionnelles, il a discerné une femme, apte à fonctionner comme une femme ». Ça promet ! Ça dure 16 pages. Tout est décrit dans les moindres détails, avec une délectation que, personnellement, j’ai trouvé désagréable.
La psychologie des personnages est bien analysée, certes, mais je ne supporte pas – je l’ai déjà dit – que l’auteur m’oblige à faire le voyeur dans sa chambre à coucher.
Mais à chacun ses goûts. Je l’ai lu, ça fait partie du livre. On doit admettre que, comme dans tous les livres, il y ait à boire et à manger.

Saint Jean-Baptiste 26/01/2024 @ 11:41:37
TRANCHE 5

il décrit la cérémonie autour des bébés avait pour but d'en faire ressortir le côté ridicule voire grotesque aux yeux de Ludvik . Pour moi la tentative est totalement ratée.

@Myrco
C’est marrant, la description de cette cérémonie je l’ai trouvée très drôle. Je le dis dans mon commentaire. Je n’avais pas lu ton appréciation où tu nous dis qu’elle était complètement ratée.
Comme quoi, ces lectures en commun sont amusantes. Les goûts et les couleurs…
;-))

Saint Jean-Baptiste 26/01/2024 @ 12:06:10

Encore une fois, il joue avec habileté de la confrontation des visions, des interprétations que peuvent avoir différents personnages d'une même situation.
Je trouve brillante la manière dont Kundera est capable de disséquer les pensées, les ressentis de son personnage avec un niveau d'analyse, une précision dont on se dit qu'ils empruntent forcément quelque part à son propre vécu.

Voilà, c'est exactement de quoi je parle!.. (dixit Septu)
Certes, Kundera est capable de disséquer les pensées et ressentis des personnages mais je trouve que sa manière n’est pas brillante. Il n’est ni concis ni précis, il n’arrive pas à dire ce qu’il veut d’un seul trait.
Mais c’est son premier roman, je pense qu’il s’est amélioré par la suite.

Myrco

avatar 26/01/2024 @ 13:09:38

Encore une fois, il joue avec habileté de la confrontation des visions, des interprétations que peuvent avoir différents personnages d'une même situation.
Je trouve brillante la manière dont Kundera est capable de disséquer les pensées, les ressentis de son personnage avec un niveau d'analyse, une précision dont on se dit qu'ils empruntent forcément quelque part à son propre vécu.

Voilà, c'est exactement de quoi je parle!.. (dixit Septu)

Certes, Kundera est capable de disséquer les pensées et ressentis des personnages mais je trouve que sa manière n’est pas brillante. Il n’est ni concis ni précis, il n’arrive pas à dire ce qu’il veut d’un seul trait.
Mais c’est son premier roman, je pense qu’il s’est amélioré par la suite.


Je comprends ce que tu veux dire car je pense que tu t'attaches ici plus à la forme qu'au contenu. C'est tout à fait vrai qu'il n'est pas concis (pour la précision je réfute) et ne dit pas les choses d'un seul trait ce qui peut rendre la lecture peu fluide et te rebuter.
Mais cette écriture m'apparait comme une résultante presqu'obligée de la manière dont il triture, charcute sa pensée, son ressenti pour n'en omettre aucun angle, aucun détail, aucune nuance, aucun recoin , aucun cheminement et ainsi parvenir à un niveau d'analyse assez exceptionnel (à mon avis).

Lobe
avatar 26/01/2024 @ 14:11:53
C’est marrant, la description de cette cérémonie je l’ai trouvée très drôle.


Jusque là, je me souviens avoir pouffé à l'épisode de la course dans la tranche 3.

Septularisen

avatar 26/01/2024 @ 17:14:59

Mais à chacun ses goûts. Je l’ai lu, ça fait partie du livre. On doit admettre que, comme dans tous les livres, il y ait à boire et à manger.


Oui!..

Septularisen

avatar 26/01/2024 @ 17:16:08

Certes, Kundera est capable de disséquer les pensées et ressentis des personnages mais je trouve que sa manière n’est pas brillante. Il n’est ni concis ni précis, il n’arrive pas à dire ce qu’il veut d’un seul trait.


Encore une fois, les goûts et les couleurs...

Saule

avatar 27/01/2024 @ 03:47:51
Je suis arrivé à la partie six.

Plus le récit avance plus je l'apprécie. La rencontre entre Ludvik et Helena dans la petite ville de province est truculente, même burlesque. D'abord j'aime beaucoup l'évocation de la petite ville, l'hotel avec les robinets qui donnent tout deux de l'eau froide, la place avec sa statue baroque, les garcons de café désagréables. Le personnage dénigre beaucoup la ville et voit tout d'un oeil défavorable. Pourtant c'est une région très belle, remplie d'histoire, et ca donne vraiment envie d'y aller !

L'après-midi passée avec Helena est en même temps attendrissante, pitoyable, un peu triste surtout pour Ludvik qui ne sort pas grandi de l'épisode, tandis que Helena, humiliée, a toute notre sympathie. Oui ce passage est un peu trop explicite, surtout si on compare à Flaubert, mais je crois que c'est surtout du burlesque, le décalage entre les intentions de Ludvik et comment Helena vit la situation. Et meme si Kundera n'est pas Flaubert, je trouve que la scène chez le coiffeur, ou Ludvik rêvasse pendant que Lucie le "carresse" (lui fait les ablutions) est très fine et même érotique.

Au fur et à mesure que le récit avance, les différents protagonistes éclairent les autres personnages et on en vient à revoir complètement notre perception sur chacun. L'auteur nous mène en bateau et j'aime beaucoup. Le plus frappant c'est avec Lucie qui tout à coup prend une tout autre dimension. Et aussi Kotska dont les convictions religieuses ne diffèrent pas tellement des marxistes. Et finalement Ludvik est assez antipathique mais il évolue et devient lucide, au fur et à mesure que sa vie prend l'aspect d'une farce.

Finalement La plaisanterie ce n'est pas cette carte postale mais la vie entière des protagonistes dont les convictions apparaissent factices ou de simples circonstances de la vie. Ce qui fait que - à part Helena qui a toute ma sympathie - chacun des personnages est un similacre. Mais il y a une belle lucidité qui les rachète,

Bref je trouve que l'auteur emmène le lecteur dans des directions innatendues et j'aime bien etre surpris. Et puis il a vraiment une belle plume même si j'ai du mal avec les longs passages axés sur le folklore.

Saule

avatar 27/01/2024 @ 03:56:34
Et je trouvais la cérémonie de "bienvenue à la vie" assez amusante dans le ton burlesque, cette rivalité entre les laiques et les sacrements religieux existe toujours si je ne me trompe: par exemple en Belgique il y a des cérémonies laique pour concurrencer les fetes religieuses comme la communion.

Koudoux

avatar 27/01/2024 @ 08:18:01
Tanche 5
Ludvick a séduit Heléna, pour la posséder physiquement afin de ruiner son mariage avec Zemanek.
On assiste à une scène violente sado-maso. « L’amour » de Ludvick se tarit directement lorsque Héléna lui apprend qu’elle fait chambre à part avec Zemaneck.
Le personnage de Ludvick est vraiment détestable.


Saint Jean-Baptiste 27/01/2024 @ 12:17:01
, je me souviens avoir pouffé à l'épisode de la course dans la tranche 3.
Oui, c’est très drôle, finalement, ce camp est un camp de rééducation, ce n’est pas vraiment un bagne.

Tistou 28/01/2024 @ 13:31:01
Tranche 5

Autant on pouvait penser dans les tranches précédentes que La plaisanterie pouvait être un brûlot déguisé pour dénoncer le régime en vigueur, autant avec cette tranche 5 on bascule dans un « roman d’amour ».
Enfin, d’amours … « De risibles amours » aurait dit un certain Kundera Milan ! D’amours frelatées, falsifiées. C’est que Ludvik met en œuvre ce pour quoi il est revenu dans sa ville d’enfance en ayant donné rendez-vous à Hélène, comme on l’avait appris auparavant. On comprend, c’est horrible, et pour autant Milan Kundera réussit un coup de maître en introduisant in fine un retournement de situation, glacial pour Ludvik, qui le fait « débander » pour le coup, ruine sa vengeance et le rend exécrable.
Il y a sinon au cours de cette tranche 5 une inénarrable cérémonie de « baptême à la civil » qui voudrait faire pièce au baptême religieux et qui illustre à merveille le pathétique du pouvoir communiste en place pour tenter de remplacer une cérémonie millénaire. Pathétique est bien le mot qui vient et la comparaison qui me vient spontanément à l’esprit c’est l’attitude de nos gouvernants actuels français qui cultivent l’art du pathétique au plus haut degré !
On comprend mieux du coup pourquoi c’est le peuple polonais et son catholicisme exacerbé (au moins à l’époque) qui a pu lancer la révolte dans l’Europe de l’Est contre l’oppresseur soviétique. C’est une parenthèse !
Ludvik sort avec une image toujours plus dégradée de cette tranche 5, et toujours plus désespéré de sa tentative de se venger. On n’est pas au bout de nos surprises !

Saint Jean-Baptiste 30/01/2024 @ 10:33:59
Tranche 6

Il faut savoir que c’est Kostka qui parle et il faut se rappeler que Kostka est apparu tout au début du livre. Cette construction du livre est laborieuse.

Mais, oh surprise ! Et bonne surprise ! On a ici un beau texte, bien écrit, sans ces encombrantes parenthèses et mots en italiques.
C’est un texte qui explique l’avènement du communisme, les manquements des chrétiens dans la pratique de la religion, les accointances entre Évangiles et communisme et pourquoi le communisme est forcément athée et s’autodétruira fatalement.
C’est un texte qui se prêterait à de multiples discussions car personne n’est obligé d’accepter sans réserves les thèses de Kostka, mais elles valent la peine d’être lues attentivement. Kostka est, jusqu’à présent, le personnage le plus sage du récit.

Ce Kostka raconte que, étant intellectuel, il a dû faire son autocritique ; finalement, le parti lui a proposé comme absolution un travail de fermier dans une ferme d’État.
Dans cette ferme, l’histoire de la Vagabondine est bien amenée, elle est bien écrite et réserve une belle surprise.
La réflexion sur l’idéologie communiste continue en harmonie avec le récit. Et on découvre qui est Lucie, alors maintenant, on la comprend.

Puis on a droit à une magnifique réflexion sur le pardon donnée par Kotska : « Dieu seul (…) peut pardonner. L’homme n’a puissance d’absoudre l’homme, qu’en prenant appui sur l’absolution divine. (…) Or vous, Ludvik, vous ne croyez pas en Dieu, vous ne savez pas pardonner. Vous êtes obsédé par cette réunion plénière où des mains unanimes se levèrent contre vous, approuvant la ruine de votre vie (…) vous n’avez jamais pardonné au genre humain et vous lui prodiguez votre haine. Cette haine est devenue votre malédiction. Car vivre dans un monde où nul n’est pardonné, où la rédemption est refusée, c’est comme vivre en enfer ».

Cette sixième tranche est, selon moi, la meilleure du livre ; elle est bien écrite, pleine de réflexions intéressantes sur la religion, le pardon, le besoin de Dieu dans le monde, et elles sont proposées à Ludvik… mais qu’en fera-t-il ? On verra ce que nous réserve la suite.


Tistou 30/01/2024 @ 15:38:44
Tranche 6
C’est au tour de Kotska de s’exprimer. Kotska qui est déjà apparu, de manière fugace dans le début du roman, c’est lui qui prête sa chambre à Ludvik, un peu contraint et forcé. Kotska qui a connu le Ludvik jeune, le Ludvik étudiant alors membre prometteur du Parti communiste.
Kotska revient sur le début de sa vie d’homme, dans laquelle est intervenu Ludvik, et c’est l’occasion de développements circonstanciés sur la réalité du Parti communiste de cette époque en Tchécoslovaquie et son fonctionnement. Et comment s’en échapper, tel que l’a fait Kotska.
Et l’occasion de boucler une autre boucle, celle de Lucie qui va réapparaître à travers les souvenirs de Kotska et l’occasion de comprendre enfin qui est Lucie et pourquoi on avait pu avoir le sentiment d’un comportement un peu incohérent de sa part. Là, rétrospectivement, on comprend et l’image de Ludvik, en retour, ternit toujours un peu plus.
Cette tranche 6 c’est un peu une confession de Kotska au lecteur, une confession qui éclaire de nombreux aspects, côté Lucie et côté Ludvik. En cela la progession dramatique du roman est menée de main de maître par Milan Kundera. Difficile de réfréner sa lecture arrivé à ce stade !

Ludmilla
avatar 30/01/2024 @ 15:57:11
Tranche 7

C'est la première fois qu'une partie n'est pas consacrée à un seul personnage.
On suit en alternance Ludvik, Helena et Jaroslav pendant la chevauchée des rois

Après avoir gâché une partie de la vie de Lucie, Ludvik a fait de même avec celle d'Helena...
"J'avais agi bassement, l'ayant convertie en une simple chose, une pierre, que j'avais voulu (mais pas su) jeter sur un autre".
Ca donne l'impression que, pour Ludvik, les femmes ne sont pas vraiment des êtres humains ...

Myrco

avatar 30/01/2024 @ 19:55:11
TRANCHE 6

Kostka, dont on avait compris au début qu'il se posait en adversaire spirituel de Ludvik, se livre ici à une véritable déclaration de foi, se revendiquant de sa fidélité à la parole du Christ et fustigeant les "pseudo-chrétiens qui vivent exactement comme des incroyants".
Sa thèse qui considère que si le communisme est athée , c'est bien de la faute de l'Eglise qui s'est détournée des miséreux est tout à fait intéressante; de même son évocation des débuts du communisme lorsque ce dernier rejoignait le christianisme dans une aspiration à construire un paradis social, à s'élever vers un idéal collectif bien au-dessus de l'intérêt individuel, une convergence radicalement balayée dans la suite.
Kostka fait l'apologie du pardon, de la rédemption, de l'humilité...Et franchement à ce stade je me suis bien demandé où l'auteur voulait nous emmener!
Et je dois dire que le basculement dans la suite ne manque pas de sel. On se retrouve peu à peu devant un Kostka qui s'interroge, avouant que derrière ses beaux discours visant au sauvetage spirituel de Lucie, il y avait depuis le début le désir de la posséder, que derrière ce qu'il avait pris pour la voix de Dieu lui intimant de fuir, il n'y avait que sa propre lâcheté, qu'en somme il s'était berné d'illusions sur lui-même.
Et comble de dérision c'est là qu'intervient l'ironie de Kundera abandonnant son personnage dans une situation où le comique se mêle au pathétique, un personnage complètement perdu, qui se demande où est ce Dieu qu'il n'entend plus.

Quant à cette malheureuse Lucie, on peut dire que l'auteur nous a bien baladés !;-)
Je relève au passage dans sa confession à Kostka qu'elle dit ne pas avoir aimé Ludvik . Ce qu'on en sait laisse penser tout le contraire (Ludvik ne peut avoir tout inventé).
Que veut nous dire Kundera ? Qu'on ne peut jamais se fier aux apparences ? Que la réalité est tout autre que ce qu'elle peut sembler être et qu'au bout du compte elle demeure à jamais insaisissable ?

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