Le salon de Montreuil ? On y est allé pour vous…

Samedi 29 novembre 2014, J’étais avec six de mes étudiants au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Certes, il y avait beaucoup de monde, beaucoup de bruits, beaucoup de travail car nous avions de nombreuses rencontres et interviews au programme… mais, il y avait surtout de très beaux livres, des auteurs adorables et des lecteurs partout… Oui, je vous l’affirme sans ambages, le livre n’est pas encore mort et cela m’a réjoui le cœur !

Avant que je revienne avec mes étudiants vous parler de certaines rencontres, de nos coups de cœur, de bonnes idées de cadeaux pour Noël, voici déjà une petite synthèse de mon Montreuil 2014…

Il y eut des rencontres directement liées à la bande dessinée et vous savez ici ma passion pour cet art narratif ! Dès le vendredi en fin de journée, j’ai retrouvé avec plaisir Yoann, dessinateur du dernier album des aventures de Spirou, le cinquante-quatrième, Le groom de Sniper Alley, aux éditions Dupuis. Il s’agit du quatrième dessiné sur un scénario de Fabien Vehlmann. Ce fut un plaisir de parler quelques minutes avec un auteur qui ne se prend pas au sérieux tout en travaillant sérieusement. Oui la bande dessinée reste la bande dessinée et même quand elle aborde des thèmes difficiles comme la guerre civile, la révolution, le pillage d’œuvres d’art, elle doit le faire avec humour et cet album n’en manque pas !

Toujours en bande dessinée, ce fut la rencontre magique du samedi matin avec Joris Chamblain et Aurélie Neyret, les auteurs délicats et merveilleux des Carnets de Cerise aux éditions Soleil. Les Carnets de Cerise sont pour moi la preuve que la bande dessinée se porte bien sur le fond c’est-à-dire sur la qualité qu’elle ose offrir aux lecteurs. Ici, on est à la fois dans l’aventure, l’humour délicat, la poésie, l’humanisme profond, le graphisme artistique et l’harmonie générale qui font de chaque volume une œuvre d’art à part entière ! Que dire de plus ? Vous ne connaissez pas encore ? Alors, dépêchez-vous car vous pourriez être parmi les derniers à ne pas avoir lu les Carnets de Cerise ! Cerise, une jeune fille mène de belles enquêtes crédibles et sans cadavres… Que du bonheur ! Les auteurs, eux, sont tout simplement adorables… et on en reparlera !

Côté de chez Delcourt, nous avons eu le plaisir de rencontrer ceux qui continuent à faire année après année le buzz et qui font marcher les affaires… Je veux parler là de Patricia Lyfoung et sa Rose écarlate, de Thierry Coppée et de ses Blagues de Toto et, bien sûr, de celui dont les filles d’attente pour les dédicaces perturbent tout le salon, Patrick Sobral encadré de ses Légendaires ! Trois séries à succès, trois titres à offrir, trois auteurs qui ont gardé la tête sur les épaules, trois preuves que chez Delcourt on a osé prendre des risques un jour, avec de jeunes auteurs. Certes, maintenant, on engendre les bénéfices mais ce n’était pas gagné d’avance ! Pour nous, trois rencontres avec des auteurs de qualité qui nous expliquent leur travail avec simplicité… Petites rencontres, aussi, avec des lecteurs passionnés qui attendent des heures pour avoir un dessin et la signature de leur idole…

Mais Montreuil ce n’est pas que la bande dessinée c’est aussi le livre jeunesse ! Ce n’est pas que des moments de bonheur et de joie, c’est aussi l’annonce de la fermeture définitive des éditions Autrement jeunesse qui nous avaient plusieurs fois réjoui le cœur avec de très beaux albums ! J’en profite pour vous renvoyer à quelques critiques passées sur ce site ou d’autres :

http://www.vivre-a-chalon.com/lire_L_ete-c_est-fait-pour-lire-_-La-route-des-vacances,2303ed5d8678915eec5bccbba43c3ef53ff19b46.html

http://www.vivre-a-chalon.com/lire_Lire-a-CHALON-_-Quelle-belle-rencontre-___-_pour-la-jeunesse-et-les-autres-aussi…_,2303f307dcb88e77b00e85321d39b4e4097c1107.html

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/43132

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/41090

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/41071

Mais, voilà, la crise financière des éditions conduit à la fin d’une belle histoire et nous ne pouvons que continuer à dire du bien de ces beaux livres et montrer la colère – bien sympathique et littéraire – de ces auteures lors du salon…

Princesse Camcam, souriante comme une… princesse !

Et, pour clore ce rapide premier petit voyage au cœur de Montreuil, une rencontre avec deux éditeurs de qualité, c’est-à-dire avec ceux qui pour chaque livre tente de respecter l’auteur et le lecteur… Si, ça existe ! On les a rencontrés, c’est bien la preuve ! Ce sera tout d’abord Albert de Pétigny avec ses éditions Pourpenser. Il a, entre autres, une magnifique collection Contes pour penser à l’endroit. Nous avons rencontré Bénédicte Rivière… …et ses super héros, Super Oui et Super Non, Edwige Planchin…… et les pensées de Virgile dont la petite sœur Cassiopée n’a pas eu le temps de naître, et Ingrid Chabbert et le chant de son oiseau qui faisait rêver Julien qui voulait l’interviewer… Nous reviendrons vous parler de cette maison qui nous a beaucoup plu…

Puis, il y eut la rencontre avec Didier Jean et Zad, des éditeurs qui se battent pour démontrer la qualité de leur travail, qui sont à la fois auteurs et éditeurs mais qui se donnent le temps de prendre soin de leurs auteurs… Oui, éditer c’est prendre des responsabilités et ils veulent les assumer ! Pour les étudiants c’est aussi le contact avec trois façons de regarder les monde du livre jeunesse : l’auteur, avec son livre, son thème, son style, ses illustrations ; l’éditeur, avec son catalogue, son comité de lecture, les choix décisionnels et éditoriaux, le calendrier de sortie, les salons ; le chef d’entreprise avec une grosse réflexion sur le livre de demain, le numérique, l’histoire multimédia. Nous reviendrons sur tout cela mais cette rencontre avec la maison Utopique, la cabane d’édition de Didier Jean et Zad, a été indiscutablement un moment fort de ce Montreuil 2014 !

C’est ici pour des idées de cadeaux de Noël…

Comme je l’ai indiqué par ailleurs, cette liste est le fruit du travail de Shelton avec ses étudiants. Chaque article sera suivi du prénom du rédacteur et on complètera cet article jusqu’à Noël… Soyez attentifs, un ou deux articles nouveaux par jour avec, en plus quelques idées gastronomiques ou de décoration de vos tables de fêtes…_______________________________________________________________________

La Belle et la Bête, toujours d’actualité !!!

Le conte « la belle et la bête » de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont écrit au 18ème siècle fait encore beaucoup parler de lui aujourd’hui.  En effet, ce conte mondialement connu a été publié un nombre incalculable de fois et dans des éditions différentes.

Ici, nous parlerons de la version de David Sala, illustrateur très connu, au travers de l´éditeur Casterman.  Dans cette interprétation, le texte reste inchangé, seul l’univers particulier de David Sala est ajouté pour faire redécouvrir ce grand classique et lui donner une touche de modernité. Il a su parfaitement retranscrire la morale du conte; qui est d’apprendre aux lecteurs la beauté physique et la beauté morale ainsi que les bonnes qualités au travers d’une histoire « dites » pour enfant.  Il apprend également aux enfants la nécessité de surmonter les apparences et l’impossibilité de devenir un être humain sans véritable amour. 

Les illustrations de ce conte dégagent quelque chose de fort grâce aux traits uniques et particuliers des dessins.  Ce sont celles-ci qui créent l’univers du conte, avec un côté assez sombre, poétique et à l’apparence si singulière.  

De par son histoire, le vocabulaire employé et les illustrations, cette version du conte de Jeanne Marie Leprince de Beaumont ne paraît pas être très appropriée pour des enfants de bas âges.  Les enfants matures ainsi que les adultes sont quant à eux vivement conseillés de découvrir ou redécouvrir le conte de la « Belle et la bête » d’un tout nouveau genre.

Estelle

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La belle et la bête

D’après Jeanne-Marie Leprince de Beaumont

Illustrations de David Sala

Editions Casterman

ISBN : 9782203081161

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Petit philosophe aux grandes oreilles, Archilapin va vous faire voir les choses sous un autre regard !

Avalanche de questions pour les petits comme les grands qui s’aventurent à suivre ce drôle de lapin au fil du livre. Qui suis-je ? Qu’est-ce que j’aime ? Qu’est-ce que je sais ? Voilà les grandes interrogations posées. Ces réflexions personnelles et intérieures sont ici abordées simplement dans un échange constant avec Archilapin.

Ses idées farfelues, ses exemples à base de chips aux carottes – un lapin gourmand en plus ! – et ses émotions pour la belle Palmita pourront accompagner les vôtres. Ces états d’âme, en quelque sorte, seront probablement différentes des vôtres, et alors ? Qu’importe, il en faut pour tous les goûts ! Malgré le ton légèrement hautain que prend parfois Archilapin, c’est avec humour qu’il va vous guider.

L’unique reproche que l’on pourrait faire à ce petit ouvrage serait au niveau de la cible annoncée. En effet, les plus jeunes, de 10 ans ou moins, auront d’après moi, des difficultés pour accéder à la double lecture qu’offre le livre. Effectivement, certaines images données par le lapin, prises au premier degré, pourraient être mal interprétées voire incomprises sans les explications d’un adulte pour accompagner l’enfant dans sa lecture…

Cette première approche ludique de la philosophie rend tout de même accessible ce domaine aux jeunes enfants. Le but n’est pas seulement de se questionner, c’est surtout pousser l’enfant à se comprendre lui-même et par conséquent mieux comprendre le monde qui l’entoure.

N’attendez plus, entrez dans le monde d’Archilapin et explorez le vôtre !

Tiffanie Lehoux

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Les grandes questions d’Archilapin

Astrid Desbordes et Claudia Boldt

Editions Autrement

ISBN : 9782746736191

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Allez, laissez-vous faire… On dirait que…

Qui ne s’est jamais allongé dans l’herbe pour contempler le ciel ? Qui n’a jamais joué à deviner des formes cachées dans les nuages ? Le livre imagé de Marie Dorléans plonge petits et grands dans un univers ou l’imagination est reine. Mais pas seulement, car l’ouvrage est aussi un très bel objet. 

On dirait que…  n’est pas seulement réservé aux enfants de plus de 3 ans, détrompez-vous ! Le grand format ainsi que la couverture cartonnée laisse à penser que l’adulte doit accompagner l’enfant dans sa découverte. C’est en cela que ce livre offre toute sa richesse. L’ouvrage est un véritable partage entre enfant et parent.

Toutes les illustrations sont accompagnées de courtes phrases. Les images produisent un fort contraste qui éveillera les plus jeunes aux formes et aux couleurs. En effet, l’illustratrice a travaillé en créant une harmonie entre un univers coloré au crayon de couleurs, et un univers noir et blanc au stylo très fin. Les parents se laisseront facilement emporter par la pureté et la sobriété de cet ouvrage tandis que les plus jeunes s’émerveilleront de leurs découvertes. 

Edité par le Baron Perché, On dirait que… pousse les enfants à développer leurs sens de l’observation et leur imagination en attribuant à un objet un autre sens. Les adultes aussi s’amuseront à redécouvrir le monde qui les entoure au travers des yeux de leurs enfants. Et ce jeu peut également se poursuivre après la lecture de l’ouvrage, offrant ainsi de véritables moments de complicité.

Alliant humour et poésie dans un univers accessible à tous, ce livre imagé est comme un très beau voyage qui peut se prolonger à l’infini.

Noémie Segonds

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On dirait que…

Marie Dorléans

Le Baron perché

ISBN : 9782360800841

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Une rencontre, éditions Autrement, a pour auteure Princesse CamCam et il appartient à la collection Histoire sans paroles. C’est donc un livre sans texte, comme une sorte de narration visuelle…

L’indication « à partir de 3 ans » m’a posé question. L’ouvrage me parait pas très adaptée aux tout petits car les illustrations ne sont pas assez simples et colorés pour un enfant d’un tel âge. J’ai un peu peur qu’il ne puisse pas capter toute l’histoire. Je crois qu’il faut avoir une certaine maturité pour pouvoir s’y intéresser et je dirais que ce livre conviendrait mieux à des lecteurs de  8-10 ans minimum !

En fait, ce livre parle donc de l’entraide, d’une rencontre. C’est un livre au format à l’italienne, permettant une approche visuelle tout autre. Les visuels sont alors comme des plans infinis nous laissant voir plus que possible. Comme de longues courbes étalant le temps, celles-ci étalent une histoire.

Ces longues pages sont donc utilisées de plusieurs manières pour montrer deux scènes similaires apportant une double force aux visuels ou encore l’observation de plusieurs actions au même moment sur un même plan, une mise en page ludique qui permet de narrer l’histoire avec divers rythmes et donc de mieux guider et accrocher le lecteur. Celui-ci ne se lasse pas lors de plusieurs lectures puisqu’il survolera forcement la première fois ce livre ne regardant pas tous les détails, cette première lecture ne sera donc pas suffisante, même pour un livre sans écrit dont on se dit que  » le tour est vite fait « , non ce livre est bien plus. Apres une relecture les détails nous paraissent enfin lorsque notre esprit à fait abstraction de ce que nous avions déjà pu observer, survoler. On s’aperçoit alors que cette relecture laisse place à possibilité de concevoir nous même une histoire, On remarque alors les personnages sortant du décor avec certains choix graphiques, montrant alors leur importance ou non à nos yeux, elle permet aussi de se questionner sur ce que le garçon offre à la renarde, sur leurs premier contact, qui dans le livre est vu rapidement et laisse une grande place à l’imagination, comme d’ailleurs la disposition des objets, des portes. Au final, à force de questionnement, nous créons notre propre histoire !

Ce livre offre à chaque lecture une totale découverte, il est donc plus qu’une simple histoire visuelle impliquant un enfant et un renard pour une rencontre hivernale.

Chloé

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Une rencontre

Princesse CamCam

Editions Autrement

ISBN : 9782746733572

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Tante Hilda ? Tout un programme : un roman, un album illustré, un film…. et même une question capitale pour l’avenir de la planète !!!

 »C’est quoi les OGM ? »

Votre enfant ne vous a-t-il jamais posé des questions auxquelles il vous semblait difficile de répondre ?

Tante Hilda, conte inspiré du film d’animation éponyme et dont les illustrations sont directement importées du film lui-même, vous aidera à introduire le sujet des OGM de manière simplifiée.

Le style graphique ne sera pas adapté aux plus jeunes qui pourront se sentir mal à l’aise de par les traits utilisés dans certaines situations, et il leur sera difficile de lire et comprendre cet album seul, qui ne l’oublions pas traite d’un sujet d’actualité complexe à l’origine.

En revanche avec vous à leurs côtés, ils comprendront pourquoi les OGM existent et pourquoi certaines personnes s’y opposent.

Tante Hilda est une botaniste épanouie et passionnée par la nature et son métier. Mais lorsque D.O.L.O, entreprise qui concentre toute son énergie à la création des NGO et qui est soutenue par des personnes importantes et inattendues, crée un maïs géant, elle va tout faire pour les empêcher de continuer, et répandre leurs expériences.

À travers cet album illustré, vous allez découvrir comment deux mondes opposés vont cohabiter.

Celui d’une jeune femme prête à tout pour sauvegarder et protéger les fleurs et les plantes des produits potentiellement dangereux du groupe D.O.L.O et celui d’un établissement dont la principale préoccupation est la création d’une céréale tellement facile à cultiver et au rendement si énorme, qu’ils pourraient enrayer la faim dans le monde.

Christophe

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Tante Hilda

Jacques-Rémy Girerd et Benoît Chieux

Flammarion

ISBN : 9782081275201

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Tout de noir et de blanc, cet album sans un mot saura ravir petits et grands… Il fait froid, l’orée du bois se dessine en ombre chinoise sur fond de nuit. Le loup guette, il rôde. Le garçon presse le pas. Trop tard ? Le loup surgit, il bondit… et sauve le petit garçon. Une histoire pour trembler au fond du lit.

Antoine Guillopé relève le défi de nous raconter son histoire sans aucun texte, le dessin remplace la lettre et les illustrations deviennent vivantes. Il nous emmène dans son univers saupoudré d’incroyables décors éveillant une certaine sensibilité au noir et blanc, il sème également des perspectives inhabituelles qui séduisent l’œil dès les premières pages. D’autant plus que le format paysage de cette édition de luxe permet une immersion totale au cœur des illustrations.

Ce qui rend cet album unique, c’est la possibilité de laisser cours à son imagination  et d’entrapercevoir les milliers des façons de se raconter l’histoire. Un délice pour les yeux et une belle manière d’apprendre à ne plus avoir peur du noir ;)

LOUP NOIR, album illustré par Antoine Guillopé fête ses 10 ans avec une édition luxueuse dans la collection « les albums Casterman » !

Mélissa

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Loup noir

Antoine Guillopé

Editions Casterman

ISBN : 9782203078543

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Voyage à travers l’Histoire avec les suricates, une aventure ludique et divertissante !Maxwell le suricate, grand scientifique, a enfin terminé sa nouvelle invention : une machine à voyager dans le temps ! Malheureusement pour lui, ses amis suricates sont tous de grands farceurs. C’est donc après un fâcheux évènement dans son laboratoire que la famille suricate se retrouve propulsée dans l’Histoire. Il est temps de les retrouver avant que ces chenapans ne deviennent incontrôlables.

Ce tome de Cache-cache avec les Suricates nous fait voyager à travers le temps à la recherche des dix suricates et de leurs amis Kevin l’écureuil et Roger le faucon. Avec un graphisme soigné et coloré, des détails pour chaque moment historique, et des saynètes amusantes, le lecteur est immergé dans cette aventure.

Dans ce livre jeunesse, on a l’occasion de visiter différentes périodes historiques, décrites en quelques phrases dans un encadré. A la différence des Suricates, on ne se retrouve pas perdu. Le livre nous permet de découvrir ou redécouvrir notre histoire de manière ludique et divertissante. Une bonne idée pour aider les plus jeunes à apprendre leur cours d’histoire !

Avec une durée de vie suffisamment longue ce livre peut se relire plusieurs fois, en effet on peut identifier deux niveaux de difficulté. Après avoir réussi à trouver tous les suricates, il reste toujours des éléments à rechercher et des scènes à découvrir. En famille ou seul, pour grands et petits, l’âge important peu dans ce genre d’aventure. Et pour les nostalgiques c’est une occasion de se remémorer les classiques du genre, tel que « Ou est Charlie ? ».

N’attendez plus et allez les chercher avant qu’ils ne changent le cours de notre histoire !

Axelle

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Cache-cache avec les suricates

Paul Morand, Steve Wiltshire, Simon Ecob, Jen Wainwright

Père Castor Flammarion

ISBN : 9782081266896

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De la musique contemporaine ? Pourquoi pas ! Alors, Philip Glass !

Philip Glass est un compositeur contemporain américain, probablement le dernier des dinosaures de cette musique du vingtième siècle qui m’a fait tant rêver… Olivier Messiaen, Pierre Boulez, Philip Glass, Arvo Part, toute une musique que j’adore et que j’écoute encore chaque fois que j’ai envie de retrouver la sérénité, que j’ai besoin de travailler sur un dossier, sur un texte, sur un article, sur une conférence, sur un cours…

Philip Glass est né en 1937 à Baltimore et il est surtout connu pour sa musique minimaliste et répétitive. Voici ce qu’il dit lui-même de sa musique : «On a identifié ma musique, par son côté répétitif, sa structure rythmique constante, sa relative sonorité. La musique de Boulez, par exemple, est à l’opposé, imprévisible rythmiquement et harmonieusement…»

Ses œuvres les plus connues sont certainement l’opéra Einstein on the Beach (1975) qui a été mis en scène par Robert Wilson, Orphée, opéra spécialement écrit pour voix et orchestre de chambre à partir du film de Cocteau, ou Itaipu, portrait symphonique pour chœur et orchestre de 1989 qui continue de me transmettre des émotions d’une force incroyable alors que je connais les quatre mouvements par cœur !

Pour Noël, Sony music vous propose un coffret de deux disques très accessible qui peuvent servir de découverte de ce grand compositeur avec deux œuvres interprétées par le compositeur lui-même à la direction du Philip Glass Ensemble pour Glassworks et au piano pour Metamorphosis. C’est tout simplement incontournable !

C’est plus qu’un simple cadeau, c’est une invitation au voyage intérieur, une rencontre avec la beauté à l’état pur, une initiation à la musique contemporaine, une preuve que la musique ne peut pas se laisser identifier à Mozart ou à la soupe internationale délivrée par certaines radios… Bref, le cadeau qui respecte totalement celui à qui vous allez l’offrir… Avouez que cela vaut la peine d’être tenté ! Non ?

Michel

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Philip Glass, le maitre du minimaliste

Glassworks et Metamorphosis

Sony Music

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A Noël offrez-vous un Modiano, offrez à vos amis un Modiano, cela peut servir durant les interviews…

Vous êtes comme la ministre de la culture Fleur Pellerin, vous n’avez jamais lu un ouvrage de Patrick Modiano, le prix Nobel de la littérature 2014, mais, contrairement à elle, vous souhaiteriez briller en société lors de ces fêtes de fin d’année…

Seulement, vous n’avez pas l’intention de tout lire et la dernière fois que vous avez essayé de lire La place de l’Etoile, vous n’avez pas réussi à terminer le roman. J’ai une bonne solution pour vous car le roman que je vous propose est bien signé Patrick Modiano, mais il se lit en moins d’une heure et, en plus, il est brillamment illustré par Jean-Jacques Sempé… Oui, je suis bien obligé de vous l’avouer, il s’agit d’un Modiano pour la jeunesse, mais c’est quand même un Modiano !

L’histoire est plutôt sympathique et, comme souvent dans Modiano, le personnage principal se retourne vers son passé. Catherine revit une partie de sa jeunesse. Elle avait des lunettes comme son papa, elle cherche à devenir danseuse comme sa maman et elle doit danser sans lunettes ce qui lui change le monde. Deux mondes, celui de la vie, celui de la danse…

Quand elle était petite, Catherine, a vu sa maman, américaine, repartir aux Etats-Unis en laissant son papa et elle-même seuls. Oh, ce n’était que temporaire, juste le temps de préparer la venue du reste de la famille… Mais, quand même, ce fut une période un peu particulière, difficile à vivre…

Il y a un petit quelque chose du Petit Nicolas, mais avec une fille comme héroïne. Ce n’est pas lié qu’aux illustrations de Sempé, ni au ton du jeune… en fait, c’est un livre de la nostalgie, du temps qui passe et c’est probablement une thématique commune à Modiano et Goscinny !

En attendant, à Noël, vous pourrez vous mettre en valeur en déclarant, l’air de rien, que vous, contrairement à d’autres, vous avez lu un Modiano, non mais…

Michel

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Catherine Certitude

Patrick Modiano et Sempé

Folio Junior

ISBN : 9782070630066

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Dans la nuit, dans les bois, règne…

Il était une fois un grand méchant bois peuplé de créatures inquiétantes et féroces. Un jour, une petite fille s’aventure dans ce bois maléfique et fait la rencontre du grand méchant loup. Celui-ci ayant les yeux plus gros que le ventre décide de l’accompagner dans son périple jusqu’à chez sa meilleure amie, ayant dans l’idée de les manger toutes les deux.

Un bois sombre et menaçant, un méchant loup effrayant et une petite fille habillée en rouge, cela n’est pas sans rappeler le célèbre conte des frères Grimm. Malgré ce petit goût d’avant, cette histoire va se dérouler d’une manière bien différente. Cet album illustré revisite le classique avec beaucoup plus de légèreté et d’humour, ce qui en fait un excellent divertissement pour les plus petits, et aussi pour les plus grands!

En effet, le charme des illustrations séduiront n’importe quel lecteur par leurs nombreux détails amusants représentant les multiples animaux de la forêt. Les créatures malfaisantes, censées nous effrayer provoquent inévitablement le rire et le texte, épuré et bien présenté séduiront le lecteur.

Cet album, écrit par Algy Craig Hall et illustré par Ali Pye nous plonge dans un univers affriolant avec des couleurs superbes. Edité dans la collection “Les albums Casterman”, sa grande taille en fait une histoire à raconter aux plus jeunes mais accessibles aux enfants un peu plus grands. Cette réappropriation humoristique du personnage du grand méchant loup abordant à merveille le thème des apparences trompeuses est donc à mettre entre toutes les mains.

Robin

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Le grand méchant bois

Algy Craig Hall et Aly Pie

Casterman

ISBN : 2203085061

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L’hiver arrive, certes, mais l’automne nous a bien marqué !!!

Comme « après la pluie vient le beau temps », après l’été vient l’automne. C’est l’heure pour notre classe de CP préférée d’aller découvrir les joies de cette saison.

Magdalena nous surprend encore avec le nouveau volet de sa série des « je suis en CP », après la rentrée, la piscine, les anniversaires, elle nous emmène avec les élèves dans l’incroyable miracle coloré qui surgit lorsqu’arrive l’automne. Basil, Réda, Samir, Alice, Lou et tous les autres joueront le jeu et accompagneront leur maîtresse Julie au travers de la ville jusqu’au « parc platane ».

À travers ce roman illustré, adapté à l’apprentissage de la lecture à un enfant de 6 ans, vous irez ramasser des feuilles mortes dans le parc et vous réaliserez un herbier haut en couleurs.

Dans l’univers très coloré d’Emmanuel Ristord, vous rencontrerez des élèves attachant de cette classe de CP. Vous découvrirez aussi de nouvelles choses telles que les différents noms des arbres ainsi que leurs feuilles respectives.

Les éditions Castor Poche et Flammarion nous proposent un livre ludique en adéquation avec notre temps et la saison. Avec une phase de jeux ludiques et éducatifs, présents à la fin du livre, amenant à votre enfant les plaisirs de la lecture et de la découverte.

En espérant que ce petit roman illustré vous rappellera vos propres herbiers réalisés durant votre enfance ou encore la feuille séchée laissée par mégarde dans un de vos livres préférés au fond de la bibliothèque.

Mickaël

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Je suis en CP : C’est l’automne

Magdalena et Emmanuel Ristord

Flammarion-Père Castor

ISBN : 9782081332911

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Quand la poésie s’installe dans un album pour la jeunesse… Anne Herbauts n’est pas loin !

Malgré son apparence enfantine, ce livre n’est pas à mettre entre toutes les mains. Un jour Moineau est un livre à la fois poétique et mystérieux, où le texte et l’image s’accordent pour nous déstabiliser.

L’histoire se révèle être pourtant simple. Un garçon se retrouve bloqué chez lui, aidé par son entourage, il va alors tenter de trouver une solution à son problème. Cependant la narration, se rapprochant parfois de la poésie, nous pousse à la réflexion avant de tourner chaque page. Il ne sera alors pas rare de buter sur une phrase, de méditer dessus et de s’y reprendre à plusieurs fois avant de passer à la suivante.

Il en est de même pour l’illustration, qui peut paraître « Bourillon » ou « Décalée » au premier abord. Mais, en réalité, elle est en parfaite harmonie avec le texte. C’est alors qu’entre deux réflexions, on prend le temps d’étudier les dessins. Les détails apparaissent alors les uns après les autres, permettant de répondre à certaines questions tout en soulevant de nouvelles problématiques.

Encore une fois Anne HERBAUTS, accompagné pour cette fois d’Anne QUEVY, nous provoque et nous fait voyager au fil des réflexions, dans son monde rempli de charme. Du fait de son vocabulaire particulier et de ses illustrations énigmatiques, ce livre est destiné à un public plus âgé qu’il n’y paraît. Où même les plus perspicaces ne trouveront pas de réponse à toutes leurs questions.

Arthur

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Un jour Moineau

Anne Herbauts et Anne Quevy

Casterman

ISBN : 9782203080423

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Un roman en deux volumes pour faire peur, mais pas trop !

Cette histoire est en deux volumes de taille modeste et elle est accessible aux lecteurs à partir de 10 ans, même si quelques scènes peuvent faire peur, mais raisonnablement, je vous rassure !

Deux enfants, un garçon et une fille, Théo et Juliette, achètent un tableau chez une sorte de brocanteur. Tout va pour le mieux, sur ce tableau, un homme dans un fauteuil, un fauteuil que les enfants connaissaient puisqu’il était à la maison…

L’arrivée du fauteuil dans la maison ne sera pas sans conséquences car ce tableau est pour le moins mystérieux, hanté, ensorcelé… Bref, on peut se faire enfermer dans le tableau… Du coup, quand Juliette disparait, quand le tableau lui aussi disparait, Théo doit faire preuve d’intelligence pour sauver sa sœur, faire partir le tableau de la famille, et il doit même faire un effort pour sauver les jeunes voisins qu’il n’apprécie pas beaucoup…

Un véritable livre d’aventures et de mystères, une belle écriture qui conviendra à toute la famille, des sueurs froides qui ne déplairont pas aux lecteurs amateurs de sensations fortes… avec quelques méchants que l’on n’aimerait pas rencontrer sur notre chemin…

Une très bonne histoire que l’on peut offrir en toute sérénité car parfaitement calibrée pour ce type de lecture.  Avantage, deux volumes de taille sympathique, avec des illustrations de Stéphanie Léon, un ouvrage français ce qui nous évite les traductions parfois bancales de certaines maisons d’éditions, enfin, un fin surprenante qui nous relance dans une réflexion sans fin…

Michel

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Le tableau hanté

Deux volumes

Texte d’Aline de Pétigny

Illustration de Stéphanie Léon

Editions Rêves d’araignée

ISBN : 9782915125658 et 9791091035613

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Un magnifique album illustré pour les plus jeunes… et les autres, tous les autres !

Fenris est le Féroce. Déjà jeune louveteau, il effrayait toute sa meute par son apparence. Et comme tous le prenaient pour un être mauvais, Fenris en est effectivement devenu un. Jusqu’au jour où, au beau milieu de la forêt, il rencontre une jeune fille qui le fera quitter sa vie de méchant loup solitaire. Voilà l’histoire que raconte le conte Féroce, écrit par Jean-François Chabas et illustré par David Sala.

On peut d’ailleurs remercier les éditions Casterman d’avoir accordé aux dessins une importance égale au texte, qu’ils accompagnent et complètent avec style. Au premier abord, ils peuvent surprendre : quelle finesse de trait pour un livre destiné aux enfants ! Mais il serait dommage de croire que les enfants ne sont pas sensibles aux graphismes subtils, et de négliger une partie de son lectorat à Féroce : les adultes.

En effet, comme beaucoup de contes finalement, Féroce possède plusieurs niveaux de lecture et peut ainsi présenter un intérêt égal pour une personne de 7 ans ou de 77 ans. Il serait donc adapté pour tous les âges ? Pas tout à fait. Si Casterman le recommande pour un enfant de 5 ans minimum, c’est que les thèmes abordés par le conte sont assez violents, et le livre est à lire préférablement en entier tant le message d’espoir final est vital pour apaiser les tensions dues au rejet du loup par tous du début. Donc, plus que pour un enfant de minimum 5 ans, il serait presque recommandable pour les enfants qui ont une expérience de la lecture – seul ou avec un adulte – suffisante pour rester concentré sur une histoire assez longtemps, afin que celle-ci lui soit transmise en entier.

Clotilde

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Féroce

Texte de Jean-François Chabas et illustrations de David Sala

Editions Casterman

ISBN : 9782203042247

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Stéphane De Caneva à Chalon sur Saône le 28 novembre 2014 !!!

La librairie spécialisée L’Antre des bulles de Chalon-sur-Saône organise une nouvelle rencontre/dédicace avec un auteur de bande dessinée, le vendredi 28 novembre 2014 à partir de 16h et jusqu’à 20h et vous ne devriez pas vous priver de cette rencontre !!!En effet, Florent Bouteillon, libraire et grand amateur de bandes dessinées, va recevoir Stéphane De Caneva pour sa série Metropolis éditée chez Guy Delcourt. Stéphane De Caneva est un dessinateur né à Marseille en 1975. Il a commencé sa carrière professionnelle comme ingénieur tout en apprenant de façon autodidacte et progressive le dessin. Après quelques premières expériences d’illustration de livres et jeux, il passe à la bande dessinée et publie un premier album L’affaire de l’auberge rouge dans une série consacrée aux grandes affaires criminelles. Après un second essai de qualité, Sept clones, alors qu’il rêve de travailler avec un génie comme Jodorowsky, c’est Serge Lehman qui lui écrit le scénario de Metropolis dont deux tomes sont déjà sortis. Serge Lehman qui vient de se faire remarquer avec la très bonne série Masqué, construit là une excellente série dans laquelle le dessinateur s’éclate, ou, plus exactement dans laquelle son talent se révèle enfin au grand jour !

Si Metropolis est un coup de cœur de notre libraire chalonnais, force est de constater que ce coup de cœur est partagé par de nombreux lecteurs de la jeune série qui comportera quatre albums au total, au format des Comics de chez Delcourt, avec un éditeur qui est aussi un auteur, David Chauvel, un homme pétri de talent dont le dernier scénario de Pinocchio est tout simplement d’une qualité étonnante, mais c’est un autre sujet sur lequel je reviendrai très bientôt…

Metropolis est une ville, une sorte d’Utopie européenne dont la France et l’Allemagne sont les deux piliers pour éviter la guerre. Nous sommes au milieu des années trente et nous sommes déjà loin des dernières guerres… Oui, vous l’avez bien compris, notre passé a pris quelques libertés et cette série qui se présente visuellement comme de la science-fiction est en réalité une magnifique Uchronie !

Dans cette ville, capitale de l’Interland, nous avons une tour qui symbolise cette vie sans guerre, cette vie merveilleuse où rien ne doit venir troubler le calme de ses habitants, la tour de la Réconciliation. Lorsque la première pierre a été posée, on a trouvé un enfant abandonné, cet enfant est devenu le citoyen numéro 1 et il est aussi un personnage clef de cette histoire, l’Inspecteur Gabriel Faune ! Oui, vous avez bien compris, il s’agit d’un inspecteur car cette histoire va se retrouver au cœur ou au carrefour des genres, uchronique, policière, urbaine, philosophique, humaniste, futuriste, architecturale, et je crois que sans effort, je pourrais encore ajouter une bonne dizaine d’adjectifs en restant réaliste, précis et objectif !

Au cœur de l’histoire, un attentat qui vient tuer, au pied de la tour de Réconciliation, une dizaine de passants tandis que les explosifs laissent apparaitre une grande fissure sur la place qui donne accès à une crypte obscure dans laquelle on trouve trois cadavres de femmes ! Un attentat, trois crimes anciens, le tout dans une ville moderne à l’architecture écrasante, avec un pouvoir mystérieux… franchement, un très bon début de série qui vous plonge rapidement et sans aucune précaution dans un cycle infernal…

Il faut dire que les personnages qui vont mener cette enquête sont assez inquiétants : Gabriel Faune, notre enquêteur préféré des dirigeants de la ville, le docteur Freud qui s’occupe de beaucoup de patients qui se connaissent tous ou presque, un autre enquêteur qui semble parfois ne pas avoir toute sa tête, le commissaire Lohmann qui, lui, est aussi follement amoureux d’une certaine Loulou… Et, bien sûr, tous ces personnages sont suivis par Freud ! Du coup, cette enquête, cette double enquête, est à la fois la recherche de la vérité et la quête de chaque personnage qui se reconstruit, qui tente de survivre, de donner un sens à sa vie…

Comme nous sommes dans une uchronie, aucun lecteur ne sera étonné par la déformation de l’histoire, les personnages que l’on rencontrera et leurs destins qui s’éloigneront parfois de ceux que vous avez crû retenir de l’histoire officielle…

Attention, une uchronie ce n’est pas une théorie du grand complot, c’est seulement un jeu avec l’histoire. Un conseil donc, ne croyez pas que la recherche historique est en train de réécrire l’histoire des années trente. D’ailleurs, il est à noter que les allusions et jeux des auteurs ne sont pas simplement historiques et politiques, elles sont aussi culturelles, en particulier littéraires, cinématographiques. Donc on va croiser un grand nombre de personnages dont les activités auront quelque peu varié avec la déformation uchronique…

Quand vous aurez terminé la lecture de cette excellente série, vous oublierez que Hitler était un petit peintre et Ferdinand Porsche un avionneur, vous reviendrez aux célébrations de la première guerre mondiale qui a malheureusement bien eu lieu, bref, vous reviendrez aux réalités après un beau rêve écrit par Serge Lehman et dessiné par Stéphane De Caneva !!!

La dédicace se fera sur inscription de façon à permettre à Stéphane De Caneva de vous réaliser un beau travail mais, surtout, pour donner du temps à la rencontre. Un dessinateur ne quitte pas son atelier pour dessiner à la chaine des dessins aux lecteurs. Non, ils souhaitent généralement parler, échanger, rencontrer ceux qui les lisent… il faut du temps pour cela et on ne peut qu’encourager le libraire et le dessinateur de partir sur un tel projet qualitatif… Merci !

 

Marc-Antoine Mathieu en exposition à Bruxelles !!!

Marc-Antoine Mathieu est, pour moi, un aventurier de la bande dessinée, un explorateur du récit « encasé », un passionné du neuvième art, un homme qui passera sa vie à nous faire découvrir des espaces dessinés inconnus… Bref, Marc-Antoine Mathieu est un des plus surprenants auteurs de la bédé contemporaine et, je l’avoue, chacun de ses albums est pour moi l’occasion d’une lecture extraordinaire, passionnante et constructive !!!

Extraordinaire puisque c’est toujours une nouveauté, une innovation, une plongée dans l’inconnu ! Passionnante car il arrive à chaque fois à déclencher chez moi des émotions fortes qui me secouent, qui me poussent à m’identifier à un des personnages, qui me précipitent dans des sentiments forts, dans la passion… Enfin, constructive car son humanisme, ses interrogations, son récit philosophique et métaphysique, me permettent de réfléchir à ma propre vie, à regarder différemment mes choix, mon avenir, ma destinée humaine…

Aussi, quand j’ai su que Marc-Antoine Mathieu exposait les planches de son nouvel album, S.E.N.S., j’ai pris rendez-vous, dégagé un espace dans mon agenda, préparé une interview pour la radio… Et grand bien m’en a pris car j’ai passé un moment extraordinairement humain, profond, chaleureux et artistique… Et l’ordre des adjectifs pourrait être changé sans aucun problème tant chaque aspect était fort !

Pour ceux qui ne connaitraient pas encore Marc-Antoine Mathieu pourtant déjà très présent sur le site, il faut que je vous donne quelques éléments. Marc-Antoine Mathieu, né en 1959, il a suivi les Beaux-Arts à Angers, il fait du dessin, des arts plastiques, de la scénographie… En 1988, il publie avec son frère son premier ouvrage, Paris-Mâcon aux éditions Futuropolis, mais c’est en 1990, aux éditions Delcourt, qu’il crée son personnage de Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves. Le premier album, L’Origine, se fait repérer par de nombreux critiques et amateurs de bandes dessinées. Il ouvre ainsi une histoire étonnante avec un personnage surréaliste et chaque album sera objet d’admiration… Quelle belle liste : La Q…, Le Processus, Le Début de la fin, La 2,333ème Dimension, Le décalage… sans oublier quelques petites merveilles hors de cette série comme Le Dessin, Dieu en personne… et cette histoire étonnante accompagnée d’une vidéo sur Internet, 3″ !!!

L’auteur joue avec tout : le texte, le dessin, la mise en forme, l’objet livre, les personnages, le scénario… rien ne lui échappe jusqu’à jouer avec le lecteur qu’il intègre dans son expérimentation. Il se joue de lui, l’illusionne sans scrupule pour le plus grand bonheur de ce dernier qui n’en revient pas d’avoir été dupé ainsi à l’insu de son plein gré devrait-on dire !

Dans cette exposition, celle des planches de S.E.N.S., il suffit de suivre la flèche et cela commence dès l’extérieur dans la rue… Une exposition que l’on ne peut pas manquer, bien sûr ! La surprise ne vient pas des planches d’une qualité incroyable, car on s’y attendait. Tandis que les bronzes, eux, nous surprennent, car ils sont de toute beauté et donnent encore plus d’importance, de volume, de profondeur à une histoire, un album, un personnage… Le visiteur, le lecteur, l’amateur du travail de Marc-Antoine Mathieu… ne peut que rester sans voix !

Une vidéo, expérimentale elle aussi à sa façon, vient nous confirmer que quand le vent souffle, il est bien délicat de suivre sa direction… sauf quand le destin y met du sien !

Pour aller regarder ce travail à Paris, c’est trop tard car cela n’était ouvert que trois jours, mais, maintenant, vous avez du 27 novembre jusqu’au 4 janvier pour aller découvrir S.E.N.S. à Bruxelles dans un cadre encore plus grand qu’à Paris avec plus de planches, dessins, sculptures et vidéos…

Pour ceux qui ne pourront pas se déplacer en Belgique, il faudra lire S.E.N.S. et pourquoi ne pas se (re)plonger dans les albums plus anciens comme 3″ ou Le décalage

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Exposition S.EN.S. de Marc-Antoine Mathieu

Hubert-Breyne Gallery Bruxelles

8A rue Bodenbroeck

Place du Grand Sablon

1000 Bruxelles

 

S.E.N.S.

Marc-Antoine Mathieu

Editions Delcourt

ISBN : 9782756053615

Enfantillages d’Aldebert un spectacle et une musique pour tous !

Hier, comme de nombreux Chalonnais, j’étais à la salle Marcel Sembat pour écouter Guillaume Aldebert et ses enfantillages…

Ce fut une magnifique soirée qui a permis à de très nombreux enfants d’aller, probablement vu leurs âges, à leur premier concert. Aldebert et ses musiciens se sont donnés à fond pendant presque deux heures, en respectant leur (jeune) public, en les faisant chanter, danser, réagir… Il était d’ailleurs étonnant de voir que ce public, des plus jeunes aux plus anciens, connaissait par cœur presque tout le répertoire de notre voisin Bisontin !

Au-delà de la partie strictement musicale et artistique sur laquelle tout a déjà été dit et écrit, je voudrais insister sur le fait que cette soirée était réellement un rassemblement de toutes les générations. Il y avait là les grands parents, les parents, les enfants, sans oublier des adolescents car eux aussi aiment bien Aldebert ! Pour certaines chansons, on pouvait voir les parents chanter au moins aussi fort que les plus jeunes et c’était probablement une belle image de ce que peut-être aujourd’hui la cohérence culturelle familiale !

Aldebert part de la vie du plus jeune –la difficulté de se lever le matin pour aller à l’école – et il en fait un thème pour tous car le matin est difficile à tous les âges, l’école devient le collège, le lycée ou le boulot et dans tous les cas le réveil est toujours aussi délicat… Quand il parle de la nostalgie, du temps qui passe, des arrière grands-parents ou de super mamie, de l’orientation, de la musique, des animaux domestiques… Il parle – il chante – à tous sans exception et chacun peut s’identifier à ses personnages…

La soirée est ainsi douce et poétique, pleine d’humanisme et d’humour, de clowneries et  pitreries en tous genres. Voilà, la soirée idéale pour oublier la télévision et sa monotonie, le moment fort pour faire découvrir aux enfants que rien ne peut égaler le spectacle vivant, la rencontre parfaite pour aimer la musique…

Et, comme nous étions en Bourgogne, le public a offert à Aldebert et ses amis, un ban bourguignon de qualité durant lequel les plus petits furent dignes de leurs ancêtres…

Pour ceux qui ne purent participer à cette grande fête, n’hésitez pas à découvrir les Enfantillages d’Aldebert, deux albums sortis et tous les deux d’une grande qualité…

Moi, jeune grand-père, j’adore ! Vivement que je puisse emmener mon petit-fils au concert !

Vu du front, représenter la guerre (Exposition aux Invalides, Paris)

2014… Il y a un siècle l’humanité plongeait dans la première guerre mondiale. Contrairement à une image reçue et gardée sottement dans nos mémoires, les hommes, que dis-je, les jeunes hommes qui partirent à cette guerre n’étaient pas si heureux que cela de quitter leur fiancée, leurs parents, leurs amis, leurs fermes, usines ou autres commerces… Il y en eut même qui durent quitter leur atelier d’artiste pour se retrouver dans une tranchée… Ils eurent parfois le temps d’envoyer vers l’arrière des dessins, des croquis, des caricatures, des peintures mêmes… Et c’est probablement un des faits qui a poussé la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) à monter cette passionnante exposition Vu du front au Musée de l’Armée, aux Invalides, à Paris, jusqu’au 25 janvier 2015.C’est vrai que les célébrations du centenaire du début de cette première guerre mondiale ont mis en lumière des dizaines d’aspects différents de cette guerre mais c’est la première fois que l’on ouvre un dossier particulier qui va permettre de voir la guerre, l’image que l’on s’en faisait, ce que les artistes en ont rapporté et, enfin, ce que la population en a vu, su, compris…

J’ai eu la chance de visiter cette exposition en compagnie de d’Aldo Battaglia, un des commissaires de l’exposition, lui qui est responsable des collections de peintures, dessins et estampes de la BDIC. Pendant une heure, il m’a raconté, montré, expliqué tout ce que l’on pouvait savoir sur ces images de la guerre, leur fabrication, leur portée, leur signification, leur impact sur les combattants, sur les populations à l’arrière du front…

Comment mettre en avant un aspect ou un autre sans oublier de vous parler d’un troisième, sans commettre un choix partisan, une sélection liée à mes goûts artistiques ?… Malgré tout, il me semble juste de vous en dire un peu plus…

Tout d’abord, on va commencer par les images d’avant la guerre. Avant 1914, la photographie s’est répandue, de nombreux officiers ont en possession des appareils photos et ils réalisent des clichés, parfois pour leur simple collection, pour avoir des souvenirs. Ils ne sont pas toujours pris sur le fait, c’est-à-dire au moment d’un exercice complet, mais seulement juste après, d’une façon un peu figée, avec des acteurs qui font semblant, qui jouent le jeu… D’autres photos sont plus structurées et sont là pour mettre la pression sur les ennemis potentiels, pour faire peur, pour montrer que l’on est prêt à faire la guerre…

Tableau Effet d’un obus dans la nuit, avril 1915. Georges Scott, 1915

Ces différentes collections et séries d’images illustrent que la perception de la guerre dans le grand public est en pleine mutation. D’une réalité inconnue et lointaine, on passe à une réalité cruelle vue, et donc partiellement connue. On ne savait rien de la guerre, la photographie n’existait pas, les soldats ne pouvaient que raconter ce qu’ils avaient vécu, du moins pour ceux qui survivaient… Là, par exemple avec les deux guerres des Balkans, le grand public peut voir des photos, des peintures, des dessins… La guerre entre chez monsieur tout le monde…

Un vocabulaire est en train, lui aussi de se mettre en place et c’est ce qu’explique très bien le catalogue de l’exposition publié les éditions d’art Somogy, en lien avec le Musée de l’Armée et la BDIC. Par exemple, le mot front va être une invention. Il fallait définir cette zone d’affrontement des armées que les gens allaient voir en représentation, en photographie dans le journal, en carte postale…

Sans vouloir tout citer et dire, on peut citer ces cas de photographies, avec cadavres, que l’on pourra aussi retrouver dans les deux camps, mais avec des légendes différentes. Il fallait montrer que la guerre était cruelle, du moins que l’ennemi était terrible et sanguinaire, et pour cela on pouvait bien prendre quelques libertés avec la vérité. On faisait preuve de patriotisme…

Revenons d’ailleurs, à cette première guerre mondiale. Il y eut des artistes confirmés qui ont été appelés au combat, d’autres qui devinrent artistes durant le conflit pour pouvoir dire l’indicible, montrer l’innommable, enfin, d’autres portèrent ces images longtemps en eux avant de pouvoir les sortir, les transformer en œuvres d’art. Je voudrais terminer ce très rapide petit voyage dans cette exposition en vous parlant d’André Masson.

En 1914, il a juste 17 ans et il est en train de terminer sa formation de peintre. Après quelques mois de guerre, il va s’engager dans l’infanterie et il sera grièvement blessé durant l’offensive du Chemin des Dames. Balloté d’hôpital en hôpital, il gardera de la guerre une répulsion qui fera de lui un pacifiste convaincu… Surréaliste, artiste reconnu, il continue après la guerre son bonhomme de chemin… En 1977, il réalise une série de douze dessins, publiés sous le titre de Carnet de route œuvre exposée à la fin de cette exposition. J’ai trouvé cela fascinant de voir comment l’artiste fait revivre la guerre si longtemps après, comment il a construit son travail au feutre sur du papier avec dessin et texte imbriqués… Ce fut pour moi un des moments les plus forts de cette exposition Vu du front que je ne peux que vous inviter à aller voir !!!

Pour ceux qui ne pourront pas se déplacer à Paris, le catalogue de l’exposition est fascinant. On y trouve, bien sûr les œuvres exposées, mais, surtout, de très bons textes qui vont vous ouvrir des perspectives sur la représentation de la guerre, sur les images de 1914-1918, sur ces artistes soldats et sur ceux qui servirent de reporters images pour les journaux et le pouvoir…

C’est, pour moi, l’exposition qui justifie ces célébrations, qui manquait pour mieux comprendre la guerre, que tous les enfants devraient voir pour comprendre pourquoi une guerre est toujours un drame, qu’elle est toujours une défaite pour l’humanité… Quant au catalogue, c’est l’ouvrage qui devrait accompagner tous les cours sur cette « grande guerre » et cela dès le collège !

Vu du front, représenter la guerre

Exposition Musée de l’Armée et BDIC

Invalides (Paris)

Jusqu’au dimanche 25 janvier 2015

Vu du front, représenter la guerre

Catalogue de l’exposition

Editions d’art Somogy

ISBN : 9782757208571

 

Une belle séance de dédicace avec Simona et Alesio à Chalon-sur-Saône, le 5 novembre 2014 !!!

La librairie L’Antre des bulles, librairie spécialisée en bandes dessinées à Chalon-sur-Saône, reçoit pour une grande séance de dédicaces deux auteurs italiens que j’aime beaucoup, Alesio Lapo et Simona Mogavino.

Je les ai rencontrés pour la première fois à Angoulême, il y a quelques années… Je crois me souvenir que c’était en janvier 2006 pour la sortie du premier volume des enquêtes du religieux Antoine Sèvres. Alesio, dessinateur de cette série scénarisée par Laurent Rullier, était alors accompagné de Simona Mogavino, sa compagne. A cette époque, elle travaillait encore dans la restauration archéologique et historique et elle n’imaginait même pas qu’elle allait un jour devenir, elle-aussi, auteure de bandes dessinées… Elle se contentait de traduire pour Alesio qui ne maitrisait pas encore la langue de Molière…

Le temps a passé, les éditions Humanoïdes associés qui éditaient les enquêtes d’Antoine Sèvres dans la collection Dédales ont connu de grosses difficultés financières, la série s’est arrêtée après le second volume et notre pauvre Alesio a dû chercher ailleurs du travail…C’est chez Glénat qu’il va trouver son bonheur, le nôtre aussi par la même occasion, avec la série Codex Sinaïticus, une histoire où il fait la connaissance d’un scénariste, Arnaud Delalande. Ce dernier va décider de travailler encore avec lui et c’est ainsi que sort, en 2013, le premier album d’une nouvelle série, Cagliostro. Le scénario est co-signé Arnaud Delalande et Hubert Prolongeau, et nous sommes dans une sorte de polar-espionnage en costumes, avec des intrigues mystérieuses, fascinantes, sulfureuses… J’aime beaucoup !Simona Mogavino, quant à elle, spécialiste de restaurations archéologiques et historiques, elle est devenue, à la suite d’une blessure sur un chantier, une scénariste de bandes dessinées. Elle s’est lancée, elle l’Italienne, dans le récit d’une grande reine de France, Aliénor d’Aquitaine. Ceux qui ont peur de l’histoire, de la religion, des guerres… n’ont rien à craindre car la vie d’Aliénor c’est de l’aventure à l’état pur, du brut de chez brut avec sexe et amour de surcroît ! Prenez le temps de parler de l’histoire de France avec cette femme qui la regarde et l’étudie de l’extérieur… Passionnant ! D’ailleurs, quand on regarde Simona, on se demande… n’aurait-elle pas été Aliénor dans une autre vie ?

Aliénor d’Aquitaine, la légende noire, est une des reines que l’on va trouver dans cette nouvelle collection, Les reines de sang. Le concept est intéressant de redécouvrir les grandes reines de France en partant des plus cruelles ou, plus exactement, de celles qui sont les plus sulfureuses : Aliénor d’Aquitaine, Isabelle de France, Frédégonde… Aliénor, sous la plume de Simona, devient non pas fréquentable, mais objet de découverte, d’émerveillement, de curiosité, de crainte… Dans tous les cas, on mesure combien on ne connait pas très bien notre histoire de France !

Il est frappant de constater que pour cette série, c’est encore Arnaud Delalande que l’on retrouve en coscénariste avec Simona. Oui, Arnaud Delalande est probablement le grand monsieur scénario et garant historique de ces séries et il montre là tout son talent !

En attendant qu’Arnaud se déplace lui-même à Chalon-sur-Saône, c’est Alesio et Simona que vous pourrez rencontrer à la librairie L’Antre des Bulles de Florent Bouteillon mercredi 5 novembre à partir de 14h00 !!! Bonne rencontre à tous !!!

Rencontre avec Fabien Toulmé, auteur d’un album remarquable, Ce n’est pas toi que j’attendais…

Après avoir lu une magnifique bande dessinée, Ce n’est pas toi que j’attendais, récit d’un papa face à sa petite fille trisomique, j’ai souhaité rencontrer l’auteur pour lui laisser la parole. Je remercie Fabien Toulmé d’avoir accepté de nous parler de son expérience… et d’avoir écrit un si bel ouvrage en bande dessinée. La bande dessinée est critiquée sur le site :

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/43338

Je suis l’heureux papa de Julia et cet album parle de l‘arrivée de cette fille dans la famille. C’est le deuxième enfant, la première est Louise. Julia est arrivée avec une petite différence découverte à la naissance, une trisomie 21 qui n’avait pas été détectée durant la grossesse. Ce livre ne traite pas spécifiquement et techniquement de la trisomie, c’est le cheminement d’un papa qui va vers sa fille petit à petit. C’est plutôt un récit universel, ça s’applique à la trisomie mais cela peut concerner n’importe quelle différence, voire même n’importe quel enfant.

L’envie de raconter est apparue lorsque toutes étapes ont été dépassées, lorsque je me suis retrouvé apaisé, heureux d’être le papa de Julia. C’est parce que je trouvais que c’était une belle histoire que l’envie du livre est devenue évidente, naturelle. J’avais la chance d’avoir vécu cela et mon récit allait être plus vrai et plus fort que si cela avait été raconté de l’extérieur comme une simple fiction.

Au début j’étais dans la tempête. On imagine toujours que ça n’arrive qu’aux autres. On ne connait pas les problématiques de l’enfant handicapé ou malade. Quand ça arrive, on plonge immédiatement dans les fantasmes, on n’est pas capable d’analyser et j’ai plongé comme dans un grand océan hostile et mystérieux. L’écriture du livre n’a pu être envisagée qu’après avoir passé toutes ces étapes. Le moment charnière entre les phases les plus douloureuses et les temps plus apaisés, c’est quand Julia se fait opérer du cœur. Elle nait avec une tétralogie de Fallot, et il fallait une intervention chirurgicale à cœur ouvert dans la première année de vie de Julia. C’est à ce moment-là, même si je n’en ai pas conscience, que je suis inquiet pour ma fille. Elle environ six mois. Je suis là avec ma femme et on ressent de l’inquiétude, de la tristesse… C’est le moment où il est évident qu’elle est bien notre fille, qu’on l’aime, tout simplement.

Ce qui est sûr, c’est que j’ai eu du mal à parler de ce qui se passait dans la tête de ma femme. J’ai vu et ressenti ce qu’elle vivait mais c’était plus facile de raconter mon cheminement. Dans le livre, il y a un peu deux personnages côte à côte, un papa râleur et anxieux, une maman plus zen, j’ai un peu caricaturé la réalité de nos deux caractères, de nos deux personnalités. Mais c’est quand même un peu la photographie de la réalité et de ce que nous avons vécu. Mon épouse a certainement été plus calme et philosophe que moi…

D’un coup on reçoit un grand nombre d’informations sur les soins qu’il va falloir apporter, ce qu’il va falloir faire avec Julia pour la stimuler et l’accompagner, la faire évoluer. On rentre dans ce monde inconnu du handicap et des soins, on nous décrit certaines « attractions » et ça fait un peu peur. Je parle dans le livre de Handicap land. On nous dit tellement de choses qu’on ne sait plus comment faire, si on sera capable de tout faire, d’assumer… C’est une étape difficile, différente de la naissance mais angoissante pour les parents.

C’est important parce que la première peur que l’on a avec un enfant handicapé c’est l’avenir : est-ce que toute ma vie je vais devoir m’occuper de ma fille, quand j’aurais 80 ans est-ce que je vais être capable d’assumer ? Certes on nous donne beaucoup d’informations scientifiques mais on a du mal à imaginer ce qu’est la vie quotidienne d’un adulte trisomique. On manque d’exemples ! En parler avec ceux qui ont connu, c’est cela qui apaise, qui permet de relativiser, d’envisager la vie pour Julia avec une certaine autonomie… un travail, un logement, une vie amicale, voire même amoureuse…

Il y a eu aussi la difficulté à parler de Julia à sa grande sœur : ce n’est pas simple de mettre des mots sur la trisomie pour une petite fille. Elle a 5 ans à la naissance de Julia. On s’est aperçu que Louise avait compris beaucoup plus de choses que ce que nous les parents nous imaginions. Sa sœur était différente et elle l’avait bien compris.

Au bout d’un moment, la trisomie « disparait » derrière l’enfant. Aujourd’hui je n’accole plus le mot de trisomique à ma fille, j’ai deux filles, un point c’est tout !

On a la chance que Julia nous ait choisis comme parents !

Et je ne peux que vous inviter à lire ce magnifique récit en bande dessinée qui illustre que cet art narratif est maintenant devenu majeur et capable d’aborder tous les thèmes avec délicatesse et humanité !

(Propos recueillis par Shelton et la photo est de Chloé Vollmer-Lo)