Nature et poésie…

« O vous dont le travail est joie,
Vous qui n’avez pas d’autre proie
Que les parfums, souffles du ciel;
Vous qui fuyez quand vient décembre,
Vous qui dérobez aux fleurs l’ambre
Pour donner aux hommes le miel… »

 

Victor Hugo

Angoulême nous envoie son message…

Cette année, 2021, il n’y aura pas eu de véritable festival international de la bande dessinée à Angoulême… Mais il y aura quand même un Grand Prix qui vient enrichir les différents pris déjà distribués en janvier dernier…Et c’est pour moi un véritable bonheur car je considère que Chris Ware est un grand qui a beaucoup influencé d’auteurs du monde entier…

J’aime écouter les belles et grandes histoires…

Est-ce qu’écouter une histoire est équivalent à la lire ? Est-ce que l’été est aussi fait pour écouter des histoires ? On pourrait même se demander où sont passer les disques de notre enfance, ceux que l’on écoutait avec beaucoup d’attention, religieusement presque…
Je ne me prononcerai pas sur le fond mais affirmerai avec pragmatisme, qu’importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse, l’ivresse du récit, la magie des mots qui nous transportent et nous font rêver…
Interdire les récits écoutés ce serait comme vouloir interdire les contes racontés à la veillée, demander de se boucher les oreilles au moment où maman nous raconte une histoire et, surtout, faire comme si tout le monde pouvait lire, savait lire, avait des livres…
Pour moi, certains de ces grands récits sont en plus associés à de grandes voix, de grands acteurs et j’aime les écouter encore et encore…

Abondance de biens ne nuit jamais ?

Sans que l’on sache bien si on sort de la crise sanitaire, si on en est sorti ou si on y restera – car tout est bien fragile et on manque d’éléments fiables pour assurer quoi que ce soi – force est de constater que de nombreux Français veuillent se comporter comme si tout était terminé… Et ne comptez pas sur moi pour aller dans un sens comme dans un autre… Non, je souhaite juste réfléchir sur certains aspects de cette « reprise » de la vie ordinaire, celle d’avant… ou pas.

Parlons tout d’abord des spectacles vivants. J’appartiens à ceux qui ont souffert de la diminution drastique des spectacles depuis plus d’un an… De février 2020 à juin 2021, je n’ai pu assister qu’à six spectacles et cela fait bien longtemps que cela ne m’était pas arrivé… Aussi, depuis la reprise progressive, je suis de très près tous les éléments positifs qui sont donnés, en particulier l’annonce des saisons à venir à Chalon-sur-Saône, Dijon, Lyon, Paris… Certes, on ne peut pas tout s’offrir mais choisissons ce qui nous convient le mieux…

Seulement voilà, le choix est surabondant !!! Pour ne pas dire plus… Les artistes ont travaillé l’écriture de nouveaux spectacles et tous ceux qui auraient du jouer depuis février 2020 sont prêts à venir présenter leurs spectacles… Les théâtres, les scènes nationales et autres institutions font tout pour rattraper le temps perdu et continuer à aller de l’avant… Du coup, par exemple à l’Espace des arts de Chalon-sur-Saône, une programmation qualitative et quantitative de septembre à décembre 2021 ! Du cirque, du théâtre, de la danse, de la musique… Qu’il devient difficile de faire son choix tout en gardant un œil sur son porte-monnaie… En écoutant Nicolas Royer, directeur de l’Espace des arts, présenter la future saison, on ne pouvait qu’être pris d’une sorte de malaise des cimes…

Un directeur de scène nationale annonçant la future saison 2021-2022

Côté édition, le même vertige s’empare du lecteur qui découvre le catalogue des sorties à venir, par exemple de la maison Delcourt en bande dessinée… Impossible de tout lire, tout acheter et, pourtant, tout ou presque fait envie… C’est terrible ! Je dis bien terrible c’est-à-dire que la peur de manquer le meilleur s’empare de nous…

Certes, je souris un peu aussi et j’apprécie de voir cette surabondance dans les domaines que j’aime. Mais je m’interroge aussi… Quand tout était normal, dans le monde d’avant, les jeunes auteurs, les nouvelles compagnies, les nouveaux spectacles et autres ouvrages de bédé avaient bien du mal à se faire connaitre et trouver leurs publics, leurs lecteurs… Comment cela va-t-il se passer maintenant ? Combien de jeunes artistes resteront sur le carreau ? Combien de chefs d’œuvre ne passeront pas dans mes mains, combien de spectacles ne vais-je pas voir ? Combien de créateurs n’arriveront-ils pas à vivre de leur travail pourtant remarquable ?

Alors, bien sûr, ici en particulier, je viendrai régulièrement vous parler de tout ce que j’aurai pu voir et apprécier mais je sais bien qu’il y aura des oublis, des ratés, des créations artistiques qui disparaitront avant d’avoir pu exister… Mais nous tenterons de nous réjouir avec ce qui ne nous aura pas échappé car dans tous les cas Show must go on !