Transdanses 2022, Chalon-sur-Saône : Une nuit entière…

Tatiana Julien, danseuse et chorégraphe, nous parle de son spectacle qui va avoir lieu les 15 et 16 novembre 2022 durant le festival Transdanses !

« Ce spectacle, Une nuit entière, que j’ai coécrit avec Anna Gaiotti et que nous interprétons ensemble, est né d’une rencontre, d’une envie de se faire rencontrer deux univers très opposé mais aussi par certains aspects très similaires. Toutes les deux, on a beaucoup de points communs, une sensibilité assez forte, on est à fleur de peau… Cette rencontre a eu lieu en studio et a été préparée par correspondance. On avait envie de créer ensemble mais au départ on ne savait pas quoi… Ce spectacle fut d’abord un fantasme de l’esprit à l’écrit et il répond, de fait, à nos premières intentions…

Le travail a été d’abord une aventure de corps à corps quotidienne, dans des temps très longs ouverts aux ressentis, les yeux fermés… Une peau contre une autre, un poids sur un autre, un corps qui s‘abandonne ou un corps qui s’active, un corps qui est enveloppé ou qui est trainé… Toutes ces dimensions vont soulever ou dégager des imaginaires chez les spectatrices ou les spectateurs, chez nous aussi… Un corps mort, un corps qui se réanime ou que l’autre réanime… Un squelette… Tout va teindre et tendre à une dramaturgie… Cette création s’est entièrement faite hyper sensiblement… Tout est parti d’improvisations très longues, puis petit à petit une forme est apparue, ça s’est distillé. On a retenu les éléments qui nous ont plus… Une dramaturgie est apparue et on a pu creuser dedans…

Tout est parti d’un travail du corps ! »

A la vie ! Un spectacle à voir…

Le spectacle vivant sert-il à quelque chose ? Même si la question est très déstabilisante pour les pratiquants, ceux qui fréquentent régulièrement les salles de spectacles, reconnaissons qu’elle a le mérite de nous obliger à répondre précisément… Le spectacle est une fabrique d’émotions, une machine d’humanisation, une source de réflexion, une boîte à « bonheur »… Le spectacle offre l’expérience, source intarissable qui abreuve notre cœur, notre cerveau, notre corps… Hier, à l’Espace des arts, il y avait la pièce de théâtre « A la vie ! » et tout ce que je viens d’écrire s’est amplement vérifié…

Une pièce de théâtre sur la vie, la mort, la fin de vie, l’accompagnement, le passage, la souffrance face à la mort, la souffrance physique, morale, mentale et métaphysique…

Dit comme cela, vous pourriez croire que les spectateurs étaient une poignée de masochistes en mal de souffrance et à la recherche de tortures supplémentaires… Comme si la nature humaine ne nous suffisait pas pour engendrer le désespoir ! En fait, il s’agissait d’un moment plein, entier, profond, alternant la gravité et la légèreté, le drame et la comédie, le gag et la réflexion philosophique… Un très bon spectacle !

De plus, la pièce fut suivie d’un temps de partage avec les membres de la compagnie Babel… Et le public est resté de façon significative à ce partage. Il faut dire que la question de la fin de vie n’est ni une question médicale, ni un débat juridique, c’est une question vitale, intime, qui concerne chacun d’entre nous et qui ne peut pas être traitée de façon uniforme…

Le spectacle ne donne pas de réponse universelle, mais cette soirée éclaire chacun pour que le moment venu des choix puissent être faits avec un maximum d’éclairages, de réflexion, de partage… Et ce n’est pas simple !

Merci à l’Espace des arts de participer au débat autour de ces grandes questions sociétales et à nous citoyens de nous en emparer pour ne pas laisser les « autres » décider pour nous !

[Photos fournies par l'Espace des arts, Christophe Raynaud de Lage]