Shelton
avatar 24/07/2019 @ 07:00:34
Mercredi 24 juillet 2019

L’été c’est fait pour lire et je pense que je ne pouvais pas évoquer Joseph si brièvement. Je l’aime trop pour ne pas revenir en sa compagnie un jour de plus…

Joseph Kessel a été durant toute sa vie un homme d’action, un grand reporter et un homme de lettres. La question n’est pas tant de savoir s’il a été plus l’un que les autres, s’il a été ou pas un grand écrivain, mais il faut comprendre que pour moi il a été un tout indissociable et aller à la rencontre de cet homme c’est prendre le temps de lire ses romans comme ses textes journalistes. Aujourd’hui, je vous invite à plonger dans l’Afghanistan de 1956, celui qui va l’inspirer à la foi pour un reportage, un film puis, plus tard, pour un roman, Les cavaliers…


S’il n’a pas toujours été aisé de trouver ces fameux reportages de Kessel qui ont été regroupés dans les années soixante par l’éditeur Del Duca-Plon, nous avons maintenant la chance de pouvoir y accéder en version de poche dans la collection Texto de chez Tallandier. On peut y voir-là une réelle invitation à voyager avec l’un des plus grands des voyageurs, reporters, journalistes de son temps…

Car ne nous y trompons pas, quand Kessel partait du bureau de son rédacteur en chef, aucun des deux ne pouvait avoir la certitude qu’ils se reverraient. Les voyages étaient réellement dangereux. Joseph Kessel est allé en Sibérie au contact de soldats désespérés qui trouvaient refuge dans la vodka, il a croisé les trafiquants d’esclaves qui étaient prêts à tuer un journaliste trop bavard, il a été dans l’Irlande au bord de l’insurrection, il a voulu partager la vie des colons d’Israël, il a décidé de filmer des femmes musulmanes en Afghanistan… Oui, même s’il n’a pas tout réussi, il y était !

En 1956, il va aller en Afghanistan, un pays encore très refermé sur lui-même. C’est passionnant de le suivre dans ce voyage car on va découvrir que cette terre et son peuple n’ont peut-être pas tellement changé en cinquante ans… En plus, il va y aller pour réaliser un film alors que le cinéma n’est connu là-bas que par quelques privilégiés de Kaboul… Enfin, dans les attractions fondamentales de cet ouvrage, notons que Kessel est accompagné pour son film de quelques techniciens dont un certain Pierre Schoendörffer qui n’est encore qu’un des militaires qui a vécu Dîen Bîen Phu à l’âge de 26 ans. Mais, lors de cette défaite, il filmait pour les armées… Plus tard, il sera le réalisateur de La 317ème section, du Crabe-tambour… En 1956, il est encore jeune et il accepte de partir à l’aventure avec Joseph Kessel d’autant plus que c’est en lisant le roman Fortune carrée qu’il a décidé de mener sa vie à fond…

Je ne vais pas vous donner toutes les péripéties du tournage de ce documentaire sur l’Afghanistan. Ce serait d’une part trop long et d’autre part cela vous priverait de l’envie de lire ce récit qui est authentique, passionnant et instructif. J’ai choisi de garder trois éléments car ils me semblent importants et éclairants pour comprendre le travail de Kessel et l’âme de ce pays que par ailleurs je ne connais pas du tout.

Tout d’abord, il faut bien comprendre que ce récit doit être pris comme le reportage préparatoire au roman Les cavaliers et le making of d’un documentaire cinématographique. Je donne ces précisions car j’ai lu que certains lecteurs des Cavaliers trouvaient que Kessel n’avait pas pris le temps de prendre conscience des beautés de ce pays, qu’il ne parlait pas assez des statues de Bouddha… C’est en lisant ce reportage que l’on comprend que ces critiques sont complètement infondées car tout y est. Certes, tout ne restera pas dans le roman car les deux ouvrages n’ont pas le même but. Pour revenir aux fameuses statues de Bouddha, voici quelques lignes qui en diront plus qu’un long discours :

« Il était environ midi quand notre voiture pénétrait dans la gorge au fond de laquelle coulait la rivière de Bamyam. Alors, subitement, parut s’embraser… Cette gorge était en vérité le seuil qui convenait à la sublime vallée des divinités mortes, à cette oasis immense qui s’étalait à plus de trois mille mètres d’altitude parmi les massifs sauvages et déserts… Et, au fond de cette ouverture géante, un Bouddha veillait qui avait la hauteur d’une maison de sept étages… »

Et déjà en 1956 Kessel est obligé d’écrire : « Elle avait beau ne pas avoir de visage – les conquérants musulmans l’avaient mutilé à coup de canon – le front colossal vivait dans la pénombre et le cou et le torse et les membres géants »…

D’ailleurs, c’est à travers des ce type de remarques que l’on comprend que les haines d’aujourd’hui ne datent pas d’hier mais prennent bien naissance dans les siècles avec les tensions qui ont agité ces terres d’Asie Centrale balayées par les invasions une fois des Mongols, une autre fois des combattants d’Allah…

Le second point de ce récit que je vais garder en tête est la description d’un sport particulier excessivement populaire en Afghanistan, le bouzkachi. Il faut vous dire qu’il y a quelques semaines je ne savais même pas que cette activité sportive existait. Un reportage du journal L’Equipe donnait il y a peu la liste des sports les plus insolites. On y trouvait le bouzkachi et c’est le moment où je lisais Le jeu du roi. J’ai donc eu les descriptions de Kessel et les photographies des journalistes sportifs, ce fut parfait pour comprendre la violence de ce jeu…

Difficile d’expliquer tous les éléments de ce sport national dont Kessel vous donnera toutes les phases en détail mais, pour ceux qui n’auraient pas lu le reportage de L’Equipe, je vais vous résumer sommairement la partie en disant : imaginer une grande plaine, soixante cavaliers, une carcasse de bélier sans sa tête placée à quelques centaines de mètres, deux poteaux au loin et un cercle dessiné sur le sol devant le public… Au top départ, tous les cavaliers se précipitent sauvagement vers la carcasse qu’il faut attraper en restant sur sa monture, puis se précipiter vers le premier poteau, puis le deuxième et revenir vers le cercle où le vainqueur déposera – en fait lancera – la carcasse ou ce qu’il en restera. En effet, durant toute la partie les cavaliers s’attaquent pour s’arracher la carcasse et le vainqueur est le dernier qui l’aura eu en main et qui la mettra au cœur du cercle… Sport rude, violent et ancestral que les Afghans pratiquent comme les Espagnols la corrida… Kessel va réussir à filmer deux parties, une première en province spécialement organisée pour son film, une autre à Kaboul, plus officielle, en l’honneur du roi, d’où le titre du reportage, Le jeu du roi !

Enfin, un dernier point à mettre en exergue dans ce très bon reportage, la condition des femmes. Dès le départ, Kessel et son équipe veulent filmer des femmes afghanes. Comme c’est impossible dans les rues où elles sont voilées – ça ne date pas d’aujourd’hui – ils imaginent créer des facilités en demandant en province – plus accessible que la capitale – une cérémonie de mariage où l’on pourrait filmer une danse de femmes… C’est traditionnel et même s’ils comprennent la difficulté ils finissent par imaginer que cela va pouvoir se faire… Un gouverneur les aide, le roi donne son soutien, les ministères poussent à la réalisation de ce film qui sera un bon ambassadeur du pays… mais rien n’y fera, la séquence n’aura pas lieu.

« Réfléchissez à la révolution intérieure qu’il faudrait pour que les femmes acceptent de se montrer, le visage nu, devant vos appareils énormes, entourés de nous tous… »

Mais ce ne sont pas les femmes qui refusent, ce sont des « saints » hommes qui prennent la décision pour elles…

Voilà, je vais m’arrêter ici en vous conseillant de prendre le temps de lire ce texte que j’ai beaucoup aimé et qui montre le talent de Joseph Kessel, grand reporter littéraire que l’on devrait relire plus souvent pour comprendre le monde d’aujourd’hui… Le jeu du roi est donc bien à lire au plus vite et comme l’été c’est pour lire…

Shelton
avatar 25/07/2019 @ 07:27:26
Jeudi 25 juillet 2019

L’été c’est fait pour lire et c’est aussi un temps particulier pour tous ceux qui aiment les festivals, en particulier Chalon dans la rue et les arts de la rue… Oui, Chalon dans la rue a été ouvert hier soir, le trente-troisième du nom, et aujourd’hui il va falloir en profiter ! Néanmoins, comme tout le monde n’y viendra pas, pour des raisons qui vont de la santé jusqu’au manque de temps, de l’éloignement à l’agoraphobie, voici une lecture qui reste en lien avec Chalon dans la rue et les arts de la rue…

Il s’agit d’abord d’une bande dessinée exceptionnelle car quand un scénariste de génie rencontre un dessinateur de bonheur, le résultat de leur travail ne peut que transporter le lecteur au pays des merveilles pour un instant, instant d’une lecture pure et douce, pleine d’émotion et de douleur, car nous sommes bien dans une histoire tragique et dans le récit d’un destin douloureux…

Oui, traitons bien de ce sujet capital : arts de la rue, cirque, poésie, humanisme ne riment pas avec mièvrerie, douceur de vivre, fadaises en tout genre ou je ne sais quelle bêtise… La beauté, la grandeur d’une œuvre, l’exceptionnalité d’un ouvrage, relèvent plus du drame humain exprimé que d’un esthétisme quelconque… Donc, c’est sûr, là, on est dans du grand !!!

A tous ceux qui s’inquiètent, déjà, du nombre d’albums pour cette série, car on est lassé de ces flux sans fin de bouquins qu’on ne sait plus ou ranger, de ces histoires qui n’en finissent pas de se terminer, des ces attentes sans fin pour savoir l’issue de ces narrations qui nous ont séduits… je serai donc rassurant il n’y a que deux albums à lire, donc n’hésitez plus, partez en notre compagnie, Pietrolino et Alma sont là… Ils vous attendent…

Pietrolino est un clown, un mime, que l’histoire a placé, par hasard, en France sous l’occupation nazie. Il tente avec une femme et un nain de faire rire, sourire, dans la rue, dans les restaurants… C’est laborieux, difficile, parfois, car comment faire rire quand on est témoin des enlèvements, des déportations, des exécutions ? Pietrolino est un artiste engagé, si on peut dire, puisque qu’il ose, avec ces mains faire de la résistance. Si ! Un gant tricolore, un rouge et noir, la résistance contre l’occupant, un combat entre deux forces et un monstre ancestral qui s’écroule après une lutte épuisante… Mais, alors que le client commence à applaudir timidement… le monstre retrouve une vie avec un officier nazi qui explose de haine…

Comment pourra-t-il détruire cette résistance étonnante ? Comment réduire au silence deux mains qui s’agitent ? Comment stopper la création, l’émotion pour ramener tout le monde dans cette triste réalité de l’occupation ?

Je ne peux rien vous dire car Jodorowsky et Boiscommun vont vous faire souffrir, pleurer, hurler… et ce n’est là que le début de cette très belle histoire… Oh ! Je ne vous ai pas encore présenté Alma… Une enfant, enfin une fille de la balle ou presque… une jeune femme qui par son art tente d’apporter du bonheur, de faire naître des sourires… une artiste qui utilise un castelet, ce n’est pas le sien… Elle l’a récupéré, un soir de tempête, de larmes, de haine… Il appartenait à un géant courageux qui lui a donné le goût de relever la tête…

Oui, cette bande dessinée est si atypique que cela peut vous sembler ésotérique, inaccessible, poétique, élitiste mais en fait, c’est tout simplement un chef d’œuvre d’humanité, une des bandes dessinées les plus humaines que je n’ai jamais lues, une de celles qui font pleurer comme des fontaines sacrées mais qui redonnent du sens à nos vies, qui permettent le ressourcement de l’être… Une bédé que l’on se doit de lire pour comprendre comment cet art narratif est devenu adulte, resplendissant…

La narration graphique est d’une maturité exceptionnelle. Les paroles ne sont là que quand elles le doivent, la haine, la violence et la trahison peuvent bien souvent prendre consistance avec le dessin seul…

Alors que l’on croit être arrivé au bout des destins de Pietrolino et Alma… mais je ne suis pas là pour tout vous raconter ! Cette histoire montre aussi le destin de l’engagement politique – au sens propre du terme – dans l’art et le sujet est entièrement d’actualité quand on voit certains acteurs politiques vouloir dominer, orienter, guider ou supprimer les artistes… Oui, nous sommes à la fois dans l’intemporel et dans l’actualité ! En clair, une BD engagée pour parler de l’engagement…

Mais, après tout, malgré les difficultés, on peut toujours espérer que tout finira par s’arranger… Il faut savoir continuer à croire en la vie… Merci aux deux auteurs de nous avoir livré un tel éblouissement humain, une telle fulgurance épique… A lire ! A lire, encore ! A relire toujours ! A donner ! A offrir ! Alors, comme l’été c’est fait pour lire… C’est le moment de choisir, spectacle ou lecture de Pietrolino !

Shelton
avatar 26/07/2019 @ 07:27:48
Vendredi 26 juillet 2019

L’été c’est fait pour lire et ne nous voilons pas la face, nous aimons tous les ouvrages au format poche pour ces périodes estivales… S’il fait chaud, ils sont moins lourds à porter, si on voyage ils prennent moins de place dans la valise, si on se les offre ils coûtent moins chers, bref, beaucoup d’avantage quand même !

Dans ces collections dites de poche, certaines sont plus anciennes que d’autres, certaines m’ont plus marqué à titre personnel, comme lecteur. Bien sûr, il y a Le livre de poche et mes premiers ouvrages personnels furent des livres de poche. J’ai lu, adolescent, les romans de Pierre Benoît en Livre de poche bien avant de découvrir qu’ils existaient dans une autre version chez Albin Michel, ces beaux livres jaunes que j’ai ensuite alignés dans ma bibliothèque…

Dans ces autres collections de poche, je dois citer Marabout car c’est chez elle que j’ai lu, toujours durant mon adolescence, les romans – plus exactement les nouvelles – de Jean Ray avec son personnage mythique – en tous cas pour moi – de Harry Dickson !

Puisque l’on est dans les souvenirs de lecture au format poche, il faut que je dise un petit mot de la collection J’ai lu dans laquelle j’ai découvert Henri Troyat et Morton (pseudonyme de John Creasey pour la série Le Baron)…

Mais, au moment de parler de ces collections de poche, il me semble incontournable, surtout dans le cadre de mon travail autour des autrices britanniques de romans policiers, de rendre hommage à Albert Pigasse. Oui, aujourd’hui, cet homme ne fait plus rêver, son nom est de plus en plus oublié pour ne pas dire recouvert de poussière… Et pourtant, il a beaucoup compté pour moi…

Oui, pourtant, c’est lui qui, en 1927, va créer la collection Le masque avec le premier roman d’Agatha Christie traduit en langue française, Le meurtre de Roger Ackroyd ! On ne réalise pas à l’époque le flair éditorial de cet homme. Agatha Christie non seulement n’est pas encore la grande prêtresse du roman à énigme, mais elle est même vilipendée par les critiques qui affirment que pour ce roman elle a triché, elle a manipulé honteusement les lecteurs, elle n’a pas respecté les codes du roman à énigme…

Lui, il édite le roman et met en place la plus grande collection de romans à énigme, la collection qui éditera tous les romans policiers de la grande Agatha Christie mais, pour rester dans mon champ de recherches, c’est avec cette collection que nous découvrirons Dorothy Sayers (à partir de 1939) et Ruth Rendell (à partir de 1976)…

Avec cette collection, je vais lire mon premier livre, mon premier roman, découvrir le plaisir de la lecture… Il s’agissait d’un roman d’Agatha Christie, Un meurtre sera commis le… Après c’est dans cette fameuse collection que je vais dévorer Agatha Christie, Charles Exbrayat et tant d’autres auteurs de romans policiers…

Je dois une autre confession personnelle : c’est bien souvent ma maman qui nous passait ces romans policiers, elle qui en lisait énormément… Je vais même vous confier un autre petit élément : il fallait, bien sûr, éteindre la lumière à une heure raisonnable, genre 22h quand on était au collège… Mais, si elle passait dans ma chambre vers minuit et que je lisais encore, si j’étais à la fin du roman, j’avais le droit de terminer mon livre… Entre lecteur, il y avait une forme de connivence étonnante… D’où l’importance de transmettre cette passion de la lecture !

Voilà, puisque l’été c’est fait pour lire, puisque le polar est bien invité à nous accompagner dans nos lecture estivales, puisque cette collection Le masque m’a fait découvrir de nombreux auteurs, il me semblait donc bien juste de rendre hommage à Albert Pigasse en passant… Et comme Le masque existe toujours, certes racheté par Jean-Claude Lattès, je ne peux donc que vous souhaiter « bonne lecture » !

Shelton
avatar 27/07/2019 @ 08:03:15
Samedi 27 juillet 2019

L’été c’est fait pour lire et je vous dois quelques explications concernant les livres jeunesse. En effet, certains me demandent pourquoi je lis autant d’ouvrages destinés à la jeunesse ? Est-ce par goût ? Par obligation ? Par nostalgie de ma propre jeunesse ?

En fait, comme toujours, il n’y a pas qu’une seule raison… Si je répondais par nostalgie de ma jeunesse et de mes lectures jeunesse, ce serait exagéré mais pas entièrement faux. Exagéré car du temps de ma jeunesse il n’y avait pas autant d’ouvrages illustrés et j’avais aussi beaucoup d’autres activités en plein air… Je me souviens néanmoins d’un magnifique fablier illustré par Benjamin Rabier qui me faisait rêver même quand je ne connaissais aucune fable… Ces illustrations m’accompagnent encore par contre c’est surtout cérébral car avec mes frères et sœur nous avons fait un carnage de ce fablier pour le plus grand désarroi de notre mère… Oui, c’était bien un original mort à coup de ciseaux car nous voulions chacun avoir une image…

Par goût, disais-je aussi. Oui, j’ai une tendre passion pour les livres illustrés car ils portent mon imagination encore plus loin… Un petit détail dans le dessin et me voilà déjà parti dans des rêves fous, des aventures incroyables et un univers, somme toute, beaucoup plus agréable que le nôtre ! Le dessin est un support à mon imaginaire comme la musique l’est pour d’autres, ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas la musique mais je suis finalement très visuel…

Par obligation ? Non, ce n’est pas réellement une obligation, si ce n’est une obligation morale que je m’offrirais volontairement… 7 enfants, 7 petits-enfants et donc de très nombreuses petites têtes blondes (ou pas) à accompagner avec des histoires… J’aime beaucoup lire aux enfants et certains ne s’en lassent pas, en redemandent, encore et encore… Alors, je cherche des histoires que j’aime car c’est probablement celles que l’on raconte le mieux…

Tout cela pour dire que je lis toute l’année des ouvrages destinés à la jeunesse, surtout dans les créneaux de mes petits-enfants, moins de 5 ans pour le moment. Quand ils sont avec moi, on fréquente beaucoup les librairies ensemble mais je dois dire – et je ne veux vexer personne – que si les librairies sont bien présentes à Chalon-sur-Saône, si les rayons enfants sont bien garnis, il manque quand même des libraires spécialisés qui ont réellement lu les ouvrages jeunesse… Je ne cherche pas seulement un texte sur le livre, un conseil stéréotypé mais bien un libraire qui en écoutant l’enfant, ce qu’il aime, les sujets qui retiennent son attention, ce qui le fait rêver, sont capables d’indiquer un livre, une collection, un auteur… Là, il y a encore des efforts à faire surtout durant l’été quand le-seul-qui-sait est en vacances…

Avec une de mes petites-filles nous avons découvert il y a quelques mois la série P’tit Loup et maintenant nous sommes passés ensemble à Le Loup… Orianne Lallemand (pour le texte) et Eléonore Thuillier (pour le dessin) ont réussi à créer un univers très réussi pour les enfants : on a à chaque fois une histoire bien construite, positive, cohérente ; on a une morale bien présente mais qui n’écrase pas l’histoire en la rendant fade ; des personnages dynamiques, joyeux, jeunes et peuvent nous accompagner bien au-delà du temps de lecture…

Nous avons donc découvert ensemble cet été Le Loup qui apprivoisait ses émotions et depuis chaque fois que l’un de nous deux « explose » on peut réfléchir ensemble à la façon d’apprivoiser et dompter nos émotions (et ce n’est pas que pour les enfants !).

Voilà, donc, des pistes de lecture en compagnie d’un P’tit Loup ou d’un Loup d’âge plus raisonnable. Ma petite-fille en question a découvert P’tit Loup vers 2 ans ½ et Le Loup cette année à 3 ans ½… Mais à chacun d’adapter les lectures à chaque enfant… mais comme l’été c’est fait pour lire, c’est bien le moment d’y penser !


Septularisen

avatar 27/07/2019 @ 23:03:20
Samedi 27 juillet 2019

Avec une de mes petites-filles nous avons découvert il y a quelques mois la série P’tit Loup et maintenant nous sommes passés ensemble à Le Loup… Orianne Lallemand (pour le texte) et Eléonore Thuillier (pour le dessin) ont réussi à créer un univers très réussi pour les enfants : on a à chaque fois une histoire bien construite, positive, cohérente ; on a une morale bien présente mais qui n’écrase pas l’histoire en la rendant fade ; des personnages dynamiques, joyeux, jeunes et peuvent nous accompagner bien au-delà du temps de lecture…

Nous avons donc découvert ensemble cet été Le Loup qui apprivoisait ses émotions et depuis chaque fois que l’un de nous deux « explose » on peut réfléchir ensemble à la façon d’apprivoiser et dompter nos émotions (et ce n’est pas que pour les enfants !).

Voilà, donc, des pistes de lecture en compagnie d’un P’tit Loup ou d’un Loup d’âge plus raisonnable. Ma petite-fille en question a découvert P’tit Loup vers 2 ans ½ et Le Loup cette année à 3 ans ½… Mais à chacun d’adapter les lectures à chaque enfant… mais comme l’été c’est fait pour lire, c’est bien le moment d’y penser !


Et oui, je confirme "Le Loup" de Mesdames. Oriane LALLEMAND et Eléonore THUILLIER a bien ses fans inconditionnels sur CL:

https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/38391
https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/38390
https://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/38392

Shelton
avatar 27/07/2019 @ 23:12:44
Ouf, les titres que j'ai cités sont différents de ceux dont tu avais parlés... Quelle complémentarité !

Shelton
avatar 28/07/2019 @ 06:42:08
Dimanche 28 juillet 2019

L’été c’est fait pour lire et vous ne serez pas surpris, du moins pour ceux qui me suivent régulièrement, que je vous propose de lire et relire les romans des autrices britanniques de romans policiers… Des recherches en cours, des conférences données et bientôt une nouvelle à Beaune d’ailleurs dans le cadre de l’UTB, Université pour Tous de Bourgogne… sans compter les petits articles ici ou là !

Parler des autrices britanniques de romans policiers c’est aussi sous-entendre qu’il pourrait bien y avoir des différences entre les britanniques, les françaises ou les américaines… La question est donc de savoir si, sans enfermer toutes les autrices d’un pays ou d’une culture, on pourrait quand même dégager des lignes communes…

J’ai donc décidé de me risquer à ce jeu délicat et dangereux, avec précaution et beaucoup de respect pour les autrices en question. Je limite mon regard aux romans classiques et non aux thrillers qui répondent à d’autres critères… Il faut dire que je lis et relis de nombreux whodunit, ces fameux romans policiers où la question primordiale est : qui l’a fait ?

J’ose car, étant passionné par ces autrices britanniques, je me dis qu’elles doivent bien avoir quelque chose en commun pour provoquer chez moi cette adhésion… Non ? Parfois, il est même possible que les auteurs et autrices d’une même culture aient beaucoup de points communs… Enfin, si je me limite aux trois zones d’influences que sont la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis, ce n’est pas du tout par mépris de tous les autres mais simplement pour parler que de ce que je connais le moins mal… Par exemple, je ne vais pas du tout évoquer les auteurs et autrices de l’Europe du nord qui pourtant sont nombreux mais que je n’ai que fort peu lus… C’est ainsi !

A ce stade-là, j’ai envie de dire que souvent, chez les Britanniques, l’enquêteur est privé. De plus, non seulement il est privé, mais en plus il est fortement marqué par des traits de caractère qui le marginalisent… Drogué, excentrique, riche, voleur, célibataire endurci, vieille dame bigote ou commère, bref, on ne peut pas le voir se fondre dans la société. Pourtant, il appartient bien à cette société et par de nombreux côtés, il est plus proche des victimes et suspects qu’un policier ordinaire…

D’ailleurs, quand l’enquêteur n’est pas un privé, c’est un policier. Mais ce policier n’est jamais le bien vu de la hiérarchie, le conforme aux clichés… Il est soit complètement marginal, soit rejeté par les autres, soit en grande difficulté avec ses chefs…

Je ne donne pas pour le moment d’exemples mais tous les lecteurs de ces romanciers les devinent bien…

Regardez par contre du côté des Etats-Unis, là encore en restant prudent et modéré, on peut voir une situation très différente. D’abord, bien souvent le roman est plus centré sur un affrontement du bien et du mal avec un mal qui doit logiquement être terrassé même s’il y a bien de beaux contre-exemples ! En plus, souvent le bien est porté par une équipe, un collectif : ce n’est pas l’enquêteur qui est performant, c’est la société, le système, l’équipe…

Enfin, si je me tourne vers les polars français et leurs auteurs, j’ai le sentiment de voir apparaitre deux éléments différents. D’une part, une critique presque systématique de la police et d’autre part un contexte beaucoup plus politique. La critique de la police commence dès les origines car finalement ce cher Eugène-François Vidocq est d’abord un truand, un bagnard et un indic avant de devenir policier puis, enfin, un détective privé. Il est avant tout une sorte de grand manipulateur comme le sera à sa façon le célèbre Arsène Lupin… Puis, comme je le disais, il y a le côté politique qui est beaucoup plus fort que dans d’autres cultures. Dans le polar français, on n’hésite pas à critiquer le pouvoir en place, à naviguer dans les couleurs noir, rouge, blanche même… Oui, un polar engagé, beaucoup plus que chez les Anglo-saxons…

Et dans tout cela, nos autrices britanniques semblent bien respecter ces lignes, voire même les créer. On trouve ainsi un lord riche enquêteur, un descendant de lord devenir policier, des femmes âgées mener la danse, un policier étranger et hautain donner un coup de main à des policiers nullissimes… sans oublier un inspecteur mal vu par sa hiérarchie, une femme policière lutter au jour le jour pour ne pas se faire piétiner par ses « collègues », une enquêtrice fonctionnant à l’ancienne sans rien comprendre à la « nouvelle » police…

Alors, oui, il y a peut-être bien une famille des autrices britanniques de romans policiers… Allez savoir, j’ai peut-être raison ?

Bon, quelques exemples à lire ou relire pour cet été (puisque l’été c’est fait pour lire !) ? Un meurtre sera commis le… d’Agatha Christie, Et vous êtes priés d’assister au meurtre de… de Ngaïo Marsh, Un pas de trop de Patricia Wentworth…

Shelton
avatar 29/07/2019 @ 10:40:02
Lundi 29 juillet 2019

L’été c’est fait pour lire et parfois mettre en lien des lectures que nous avons eues par le passé sans toujours en comprendre les liens, les interactions… Je m’explique…

Lors de mes études littéraires, on était alors dans les années soixante-dix, j’ai beaucoup lu certains auteurs comme Roland Barthes, Michel Foucault, Tzvetan Todorov, Louis Althusser… Louis Althusser sera même durant de longues années en photo sur mon bureau professionnel… Mais, pour moi, chacun est surtout attaché à un ou plusieurs livres, à une démarche intellectuelle, à des cours que j’ai eus… Je n’avais jamais réalisé qu’ils pouvaient être liés à Mai 68, un évènement que je n’ai pas vécu en acteur… J’étais un petit peu trop jeune…

C’est en lisant Le crépuscule des intellectuels français ?, ouvrage collectif dirigé par Nicolas Truong, que j’ai touché du doigt certains liens… En effet, au début de cet ouvrage, on a une discussion entre Elisabeth Roudinesco et Marcel Gauchet qui reviennent sur les intellectuels de ces années 1966/1972… On comprend alors que cette époque fut un foisonnement intellectuel qui a touché de plein fouet l’Université, que les tenants du savoir ont été bousculés par des penseurs qui tout en ayant déjà l’expérience n’avaient pas encore eu la reconnaissance ni de leurs pairs ni des institutions… Ces Intellectuels sont devenus alors les penseurs que l’on a enseignés naturellement à des générations comme la mienne qui a eu soit directement ces penseurs comme enseignants soit leurs élèves…

Mais, en fait, je n’avais jamais réalisé cela… des années plus tard, j’ai découvert que certains de ces enseignants avaient à leur tour écrit de magnifiques ouvrages, que j’ai lus avec bonheur et dont j’ai parlé à la radio – et maintenant dans des chroniques sur Internet – sans mesurer comment cette chaine s’était construite, mise en place et qu’elle est maintenant entrain de disparaitre…

Car – et c’est bien là le problème abordé dans cet ouvrage – cette transmission est en danger ou, plus exactement, on peut se demander où sont les intellectuels d’aujourd’hui !

Dans les médias ? Certainement pas ! Tous les auteurs de cet ouvrage expliquent les uns après les autres comment les médias recherchent des « experts » capables de répondre ou expliquer le monde en moins d’une minute… dans ces conditions, comment trouver des intellectuels capables d’une telle prouesse ? Le monde s’est complexifié et dans les médias, on le simplifie au maximum… Les intellectuels ne sont donc pas là…

Mais qui a pris leur place ? Là encore, unanimité des auteurs de l’ouvrage, ce sont des polémistes, des éditorialistes, des beaux parleurs qui pour beaucoup incarnent la volonté de revenir en arrière, de prendre un chemin inverse de Mai 68… Sans le penser, sans le comprendre, sans toujours mesurer les conséquences de leur parole, ils veulent revenir en arrière car finalement ils ont peur du présent, ne le comprennent pas, n’ont pas les outils intellectuels pour expliquer cette mondialisation, cette universalisation de la pensée… Alors ils parlent, ils déconstruisent et on leur laisse la parole…

Les intellectuels existent-ils encore ? Oui ! Mille fois oui ! Mais on ne les écoute pas beaucoup – plus exactement on ne leur laisse la parole que pour répondre à des questions hyper précises où ils ne peuvent que répondre de façon courte – et il y a bien comme un assèchement de la pensée… J’entendais un philosophe dire il y a peu de temps : aujourd’hui, on ne veut plus penser. Cela prend trop de temps et cela fait peur… Ainsi, un étudiant d’aujourd’hui peut trouver Ionesco ou Beckett drôles car il vaut mieux rire que penser et en tirer toutes les conséquences…

Cet ouvrage, Le crépuscule des intellectuels français ?, est un recueil d’articles du journal Le Monde qui permet réellement de faire le point sur la situation de ce que certains ont longtemps considéré comme une exception française et malgré l’aspect décousu – chacun donne un avis justifié et commenté – n’en demeure pas moins un bel état de la pensée en France aujourd’hui. L’ouvrage date de 2016 mais cela ne nuit en rien car penser prend du temps et il n’y a pas de bouleversement rapide dans ce domaine… Alors comme l’été c’est fait pour lire, ce peut être aussi une belle introduction pour lire et/ou relire quelques-uns des auteurs de cet ouvrage : Marcel Gauchet, Edgar Morin, Elisabeth Roudinesco, Jacques Sémelin ou Serge Tisseron… Bonne lecture !

Shelton
avatar 30/07/2019 @ 06:27:03
Mardi 30 juillet 2019

L’été c’est fait pour lire et il arrive parfois que l’on se prenne une bonne claque en lisant un « simple » album pour enfant. Oui, on le prend, on se dit que ce sera une « petite » lecture sympa à lire à un enfant le soir… On imagine parfois même que l’on prendra un peu de plaisir à regarder les illustrations… Bref, on n’y va sans attente particulière, sans a priori, sans tension… D’ailleurs, c’est un petit livre par les pages, format moyen par la taille… On ne risque rien !

Bon, le titre est surprenant : Edmond ! D’autant plus que sur la couverture, on voit la tête d’un animal mystérieux caché au milieu des plantes vertes… Edmond serait un animal… Pourquoi pas ? Ouvrons et lisons…

Edmond d’Ingrid Chabbert et Raul Guridi est une petite merveille bien cachée car, je l’avoue, il est sorti il y a plus de 5 ans en librairie et je n’en avais jamais entendu parler… Il faut dire que l’éditeur, Frimousse, n’est pas le plus connu. Je suis en tous cas heureux d’avoir trouvé cet ouvrage un peu par hasard… Mais, le hasard existe-t-il ?

Le hasard, je ne sais pas mais Edmond existe bien. Ce petit animal noir qui vit caché, qui peut se fondre dans la nature en changeant la couleur de sa peau, vit heureux sans avoir l’air de se poser trop de question jusqu’au jour où…

Edmond rencontre un œuf abandonné dans la nature. Il cherche bien avec insistance la maman de cet œuf mais ne la trouve pas… Que faire ? A cette question, ma petite-fille s’empresse de dire qu’il faut s’occuper de lui, il ne faut pas le casser, ni l’abandonner… Edmond saura-t-il faire ? Il n’a quand même pas l’expérience de couver un œuf…

Néanmoins, il va s’atteler à la tâche, avec attention, concentration, application… et le résultat sera surprenant pour ce cher Edmond : un petit oiseau sortira de l’œuf ! Alors, bien sûr, Edmond connaitra l’émotion et se retrouvera dans l’habit de père sans l’avoir voulu, sans espérer trop sachant très bien qu’un jour ce petit prendra son envol et le laissera caché dans se verdure…

Je ne veux pas vous en dire plus ni encore moins vous donner l’issue de cette belle histoire. On peut quand même affirmer qu’elle aborde paisiblement et poétiquement les grandes questions de la parentalité, de l’adoption, de l’amour, de la relation parents enfant, de la paternité, de la maternité… Oui, c’est d’ailleurs bien là que le « petit » ouvrage pour enfant devient indiscutablement un grand livre pétri d’humanisme…

C’est d’ailleurs fascinant de lire cette petite histoire et voir comment elle devient grande en quelques phrases ponctuées d’illustrations superbes de Raul Guridi. Ici tout est simple pour rendre encore plus complexe l’humanité qui est en chacun de nous. Du coup, le lecteur se laisse prendre au jeu, il raconte, il fait vivre avec tellement de réalisme que l’enfant pose des questions d’une profondeur incroyables : c’est quoi être parent, pourquoi la maman avait abandonné son œuf, pourquoi le Edmond le caméléon a couvé cet œuf, pourquoi…, comment…, et après…

Ces deux auteurs nous offrent là un remarquable ouvrage à lire ensemble, à commenter, à vivre et qui montre que la lecture pour les tout petits est la plus profonde car on n’a pas peur d’aborder tous les problèmes, sans gène aucune, sans peur… Alors comme l’été c’est fait pour lire… A vous d’agir car Edmond vous attend !

Shelton
avatar 31/07/2019 @ 05:32:07
Mercredi 31 juillet 2019

L’été c’est fait pour lire, mais lecture estivale ne signifie pas pour autant lecture légère. Souvent, au contraire, on en profite pour lire des ouvrages plus complexes, historiques ou politiques, psychologiques ou philosophiques… Par exemple, durant près de six ans on a commémoré et célébré avec un pesant respect le grand conflit de 14-18. Mais il est temps de se pencher sur les conditions de la paix qui suivirent et qui portèrent en partie les causes du conflit de 39-45… Il n’est pas simple de comprendre ces différents traités de paix, plus imposés que choisis et négociés…

« Le patriotisme, la bravoure, l’ardeur au combat sont des qualités naturelles du soldat français ; en y joignant l’esprit de discipline et la science militaire, notre armée vaut plus que les forteresses pour l’indépendance et la grandeur de la patrie. »

Cette citation peut en surprendre plus d’un. Les réactions pourraient même être violentes tant nous ne sommes plus prêts à entendre une telle sentence moralisatrice et formatrice… Mais avant de réagir, remettons dans le contexte !

Cette phrase est tirée d’un manuel de Géographie du cours supérieur et l’ouvrage date de 1898. A cette époque, l’Alsace et la Moselle appartiennent à l’empire allemand et le peuple français ne rêve que de la reconquête… Encore que, là aussi, il faut rester prudent et je ne suis pas certain que la France entière se sente concernée par ce territoire de l’Est perdu lors de la guerre de 70…

A Nancy, on se sent concerné. Maurice Barrès chante cette terre française devenue allemande, il escalade la Colline inspirée d’où l’on peut voir au-delà de Pont-à-Mousson… Mais ce n’est pas représentatif de toute la France !

En 1914, lorsque cette Grande Guerre va commencer, 28 juillet pour être précis et mobilisation générale à partir du 1er août, on voit des Français, le jeunes mobilisables en particulier, craindre pour l’avenir et se rassurer en chantant qu’ils allaient revenir très vite… puisqu’ils étaient les plus forts !

Aussi, entre 1918 et 1923, la France voudrait voir reconnaitre sa force, sa victoire et sa légitimité ! Sans discussion possible tandis que Wilson, lui, aimerait dicter ses règles pour une paix future… mais il a du mal à se faire comprendre de ses concitoyens…

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, ne l’oublions pas, voyons ce que nous pouvons trouver sur rayon concernant ces différents traités de paix, plus d’une quinzaine au total…

Le premier ouvrage, Ils ont refait le monde, 1919-1920, Le traité de Versailles, de Jacques-Alain de Sédouy, a le mérite de nous mettre face à une vision globale de la situation. Il est trop facile de jeter la pierre sur ceux qui ont écrit et fait valider les traités car n’oublions pas que cette guerre a entrainé un grand nombre de disparition d’empires… Empire Ottoman, empire Russe, empire Germanique, empire Austro-hongrois… A chaque fois il fallait construire la paix et l’avenir d’un régime… La thèse de cet ouvrage est que ce ne sont ni les traités ni ceux qui les avaient préparés qui sont coupables de quoi que ce soit mais ceux qui les ont mis en œuvre…

Sur ce sujet, comment ne pas évoquer l’ouvrage de l’historien Jacques Bainville ? Certes, l’auteur du livre Les conséquences politiques de la paix, publié en 1920, est un membre de l’Action française, mais son ouvrage est assez lucide. Jacques Bainville répond à Keynes et les deux ouvrages sont complémentaires pour comprendre la situation. Bainville pense qu’en faisant marche arrière sur les demandes de lourdes sanctions contre l’Allemagne, en refusant le démantèlement des forces allemandes, en quittant l’Allemagne… la France quitte sa position de vainqueur ! Par la suite, il annonce ce qui va se passer : annexion de l’Autriche, crise des Sudètes, pacte germano-soviétique… Certes, violemment anti communiste, monarchiste mais très lucide sur ces questions européennes. Keynes, lui, dans Conséquences économiques de la paix, pense que le traité de Versailles est beaucoup trop dur pour les Allemands. Comme les deux ouvrages sont dans le même livre aujourd’hui dans la collection TEL de Gallimard, il me semble assez judicieux et complémentaire de les lire tous les deux… et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture !

Shelton
avatar 01/08/2019 @ 06:07:07
Jeudi 1er août 2019

L’été c’est fait pour lire et il est parfois délicat de vouloir allier lecture pour les enfants et grands classiques car, du moins c’est ce que je pense, un roman classique n’est pas fait pour être coupé, résumé, pulvérisé… le résultat n’étant que la présentation de quelques pages fades et insipides… Aussi, quand il faut quand même trouver un livre pour enfant, je préfère ceux qui construisent une adaptation avec respect de l’œuvre originale. Bien sûr, adapter c’est toujours trahir mais on peut le faire avec beaucoup de considération pour le créateur et son travail…

Lorsque j’étais jeune, je n’ai jamais lu le roman de Jack London, Croc-Blanc. Je ne vais donc pas vous faire croire que c’est un grand roman qu’il faut faire lire à tout le monde. Par contre, je peux dire qu’il a déjà été adapté au cinéma plus de dix fois et que la dernière version date de 2018, que c’est un film d’animation de qualité et que de nombreux jeunes sont allés le voir… L’histoire est donc entrée, au fur et à mesure, depuis 1906 date de la publication aux Etats-Unis, dans l’imaginaire des gens, des jeunes et des moins jeunes… jusqu’à toucher un certain Antoine Guilloppé !

Antoine Guilloppé ? Oui, un auteur jeunesse dont je vous ai déjà parlé car il a écrit/dessiné un magnifique ouvrage pour les enfants, Loup noir, en 2004. On avait pu voir alors le talent graphique de ce dessinateur qui s’était lancé dans un album sans texte. Le loup était magnifique de vie et l’histoire était très prenante et touchante même si l’album n’était pas si simple à lire à ses enfants, petits-enfants et autres jeunes lecteurs…

Ici, dans Croc-Blanc, il va s’appuyer sur un texte d’Arsène Lutin (pseudonyme d’un écrivain français) qui propose ici une version très simplifiée du roman de London mais qui respecte tous les éléments essentiels de l’œuvre originale. Croc-Blanc – pour ceux qui ne connaitraient pas du tout l’histoire – est un chien-loup. Cet animal sera d’abord adopté par un Indien, puis vendu à un homme blanc violent qui va élever ce chien-loup au combat puis, enfin, récupéré par un homme qui lui fera découvrir une autre vie, celle où la tendresse a sa place…

Bien sûr, on comprend très vite que l’histoire ne parle pas seulement des chiens-loups mais d’un autre animal à deux pattes, qui marche droit et qui se croit civilisé, surtout quand il règne avec violence… C’est donc une façon de faire entrer l’enfant à la fois dans la violence humaine – bien réelle – mais aussi dans la démarche du cœur, celle de la non violence, celle qui peut changer le monde…

Oh, ni le roman ni l’adaptation en album jeunesse ne sont aussi directifs et moralisants. Mais, tout dans le dessin remarquable d’Antoine Guilloppé nous pousse dans ce sens. Les dessins sont expressifs, parfois en ombres comme dans Loup noir, et les enfants sont saisis par cette histoire, ces personnages, cette vie dure et cruelle… A la fin, quand Collie et Croc-Blanc vivent heureux avec leurs enfants, la paix redescend sur eux…

Attention, il ne s’agit pas de croire que dans cette histoire, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… Il s’agit de voir que le loup, qui sommeille en nous, peut se réveiller mais aussi se maitriser, se dompter, s’apprivoiser… C’est seulement à ce prix que la vie peut devenir plus belle, pas simplement parce que vous avez des enfants… Non, mais…

Bon, puisque l’été c’est fait pour lire, les grands classiques, comme Croc-Blanc, restent des bonnes références, même en bande dessinée… Alors, bonne lecture !

Shelton
avatar 02/08/2019 @ 07:09:32
Vendredi 2 août 2019

L’été c’est fait pour lire et souvent c’est un film, une série TV, une discussion, une rencontre, une exposition… qui ouvrent l’envie de lire un ouvrage ! Surtout quand il s’agit d’un livre historique, d’une biographie, d’une fresque historique ou d’une saga romancée sur fond historique. Vous ne vous levez pas le matin, de bonne humeur, en affirmant avant même d’avoir bu une gorgée de café : « ce soir je vais lire une biographie de Marie Stuart » ! Non, je sais, vous êtes comme moi, il nous faut des circonstances, tout simplement ! Des aides à la décision…

Heureusement, en tous cas pour certaines périodes historiques, la télévision peut nous être d’une aide incontournable… Par exemple, elle aime beaucoup rediffuser La Reine Margot de Patrice Chéreau… La première fois que je l’ai vu – ce film date de 1994 – j’ai éprouvé le besoin, juste après le film, de me replonger dans l’histoire, celle avec un grand H. Certes, je n’ai rien à redire sur le film lui-même, si ce n’est qu’il n’est pas déconseillé au public de moins de 12 ans ce qui serait parfaitement justifié compte tenu, entre autres, des scènes du massacre de la Saint-Barthélemy… Passons sur cela, mais aussi sur les fantaisies de Dumas et celles de Chéreau, après tout un film est un spectacle non un récit historique, et revenons-en à ce que nous savons de cette époque très importante de notre histoire…

Précisons tout de suite de façon à être clair, La reine Margot est une adaptation d’une fiction de Dumas. Donc, déjà au départ, c’est un roman historique. Qui plus est, Patrice Chéreau l’adapte au cinéma, c'est-à-dire qu’il va bien en retenir que ce qu’il considère, lui, comme indispensable… Il va trahir Dumas qui lui-même avait trahi l’histoire… Alors, maintenant, tournons-nous vers l’historienne…

Janine Garrisson est une historienne, professeure d’histoire réputée, auteure confirmée et protestante de surcroît, ceci étant dit pour dire qu’elle ne peut pas être suspectée d’embellir l’histoire pour faire plaisir aux catholiques. Elle a écrit plusieurs ouvrages sur la question, dont un sur le massacre lui-même et une biographie sur la reine Marguerite de Valois, la fameuse reine Margot. J’ai choisi Les derniers Valois, présentation des derniers membres de la famille Valois car c’est certainement l’ouvrage le plus simple pour donner quelques repères sur l’ensemble de cette période.

Tout commence avec le règne d’Henri II, du moins sa fin, c’est à dire au moment où le roi Henri II meurt et que la France s’apprête à vivre une période chaotique. Rappelons que le roi Henri II est mort bêtement lors d’un tournoi à l’âge de 40 ans… Il laisse sa femme, Catherine de Médicis, et ses enfants pour gérer la France…

On a tout d’abord un jeune roi qui ne reste que le temps de mourir, François II, puis Charles IX qui devient roi alors qu’il est encore à l’âge d’aller jouer avec ses amis et non de s’occuper du royaume. Roi à 10 ans, sacré à 11, il reste toute sa vie sous la tutelle de sa mère, la fameuse Catherine de Médicis… Mais tout cela n’aurait été qu’un événement mineur si la période n’avait pas été, en plus, celle de la Réforme qui va se transformer en guerres de religion.

Quand on lit cet ouvrage consacré à cette famille maudite qui n’aura pas apporté grand chose à la France, on mesure que la fameuse Margot, celle que certains osaient appeler la putain royale, fut quand même celle qui a le plus marqué la France. En effet, dans un premier temps, son mariage avec Henri de Navarre marque le début d’une normalisation des rapports entre catholiques et protestants, malgré cet horrible massacre de la Saint-Barthélemy. On notera que durant le massacre elle se fait effectivement repérer comme protectrice de quelques protestants, à commencer par son époux. Après des jours sombres pour elle, puisqu’elle sera exilée, emprisonnée et divorcée de force, la voilà qui termine sa vie à la cour de France où elle aide la seconde épouse d’Henri IV à se familiariser avec l’étiquette, elle qui mit tant de temps à l’accepter. Ironie du sort, elle survivra même à son époux assassiné par un certain Ravaillac en 1610…

Entre temps, on aura le dernier fils de Henri II à devenir roi, Henri III, qui vivra des temps très difficiles, qui sera accompagné de ses mignons et qui mourra assassiné par un moine affilié à la Ligue, un certain Jacques Clément, le 2 août 1589… Il y a juste 430 ans…

Cet ouvrage historique, Les derniers Valois, est très plaisant à lire et il sera, peut-être, pour vous l’occasion de découvrir une historienne qui mérite d’être plus connue. Je vous recommande deux autres ouvrages qu’elle a écrits sur la même période et qui peuvent vous apporter des éclairages complémentaires : Marguerite de Valois et L’Edit de Nantes.

Et comme l’été c’est fait pour lire… Bonne lecture !

Shelton
avatar 03/08/2019 @ 05:29:19
Samedi 3 août 2019

L’été c’est fait pour lire mais, c’est comme ça, vous, vous voulez découvrir Héraklion, visiter Knossos, marcher sur les lieux de la mythologie grecque, revivre les grandes amours de Zeus et vous baigner dans la mer Méditerranée… Bien sûr, vous ne seriez pas trop opposés à suivre le régime local, à perdre quelques kilos et revenir sveltes et bronzés… Seulement, voilà, vous êtes un peu écolos, l’avion est donc hors de vos propos et rejoindre la Crète à la nage n’est pas de votre âge… Alors, puisque l’été c’est fait pour lire et cuisiner pour vos amis, ouvrons ensemble Cuisine crétoise des éditions Artémis…

Oui, je sais, vous allez encore râler car le livre est difficile à trouver… D’accord, mais c’est ainsi et quand un livre est à mon goût – surtout en cuisine – je ne le change pas toutes les semaines même s’il existe plus récent, plus cher, plus compliqué… Là, au moins, c’est simple et les résultats sont conformes aux photographies de du livre… Non, mais…

Alors partons vers cette Crète dont on vante tant les vertus culinaires, ce régime crétois qui nous garantirait la santé éternelle… Bon, soyons honnêtes dès le départ, avec ou sans régime crétois, avec ou sans effort à table, on finit tous par mourir un jour… Le seul avantage du régime crétois c’est de mourir après avoir mangé, dégusté et pris plaisir à sentir des marinades incroyables, des salades à l’huile d’olive odorante et gouteuse, des poissons frais – surtout s’ils viennent bien de la Méditerranée – et toutes sortes de bonnes choses qui peuvent parfois nous sembler exotiques… Pourtant, Crète, c’est presque notre voisine !

Une petite pensée – malheureusement difficile de faire beaucoup plus même si le simple fait d’en parler met un peu la pression sur nos gouvernants européens – pour tous ceux qui depuis quelques années se noient dans la Méditerranée car fuyant leur pays et exploités par tous les brigands qui leur promettent le passage en sécurité sur cette mer intérieure… Certains se noieront cet été dans l’indifférence totale… Pire, accompagnés par la haine de certains… Alors que ces îles grecques servent aux plus chanceux de lieux de villégiature…

Revenons à notre régime crétois gastronomique de l’été, fait chez nous, à offrir, pourquoi pas à des migrants… Pour rester aux légumes de saison, je vous propose une salade, celle qui a fait la renommée de l’île, avec mesclun, concombre, feta, tomates cerises, olives noires et, bien sûr, huile d’olive !

Pour ce qui est d’un plat chaud de saison – que l’on peut compléter, pour les carnivores, de brochettes d’agneau ou de poulet – on peut s’offrir des courgettes farcies au caviar d’aubergines et riz. J’aime bien cette idée car souvent on manque d’imagination quand on parle courgettes – enfin sauf ceux qui ont suivi mon conseil de lecture et cuisinent avec Courgettes, je vous aime de 83 façons… – car les courgettes peuvent se farcir de multiples façons et résistent très bien au four (gardez la peau non d’une pipe en bois !). De plus, comme c’est aussi la saison des aubergines, d’une pierre deux coups, faites vous plaisir autrement qu’avec votre traditionnelle ratatouille ! En plus, dans cette recette, un peu de poivron, de l’échalote, de la mozzarella et de l’huile d’olive… Cette sainte huile d’olive !

Enfin, pour le dessert, j’ai retenu que bien souvent dans ces pays quelques fruits suffisent et sont à la hauteur de nos attentes. Néanmoins, pour ceux qui veulent faire un peu plus festif, tentez la poêlée de fraises au basilic et olives noires confites… Surprenant au départ, juste délicieux après…

Bon, après un tel voyage, relisez votre mythologie grecque dans votre version préférée et vous aurez fait un beau voyage sans bouger de votre logement… C’est beau de lire durant l’été… Non ! Alors bonne lecture et n’oubliez pas de m’inviter pour la dégustation crétoise !

Veneziano
avatar 03/08/2019 @ 17:33:49
Les auteurs prévus de cet été sont Claude Lévi-Strauss, Nelson Mandela et le cardinal de Retz.


Mon été littéraire est également accompagné d’André Malraux et Virginie Desoentes, après des détours vers l’Antiquité et le bouddhisme.
C’est éclectique, j’en conviens.

Shelton
avatar 04/08/2019 @ 07:19:31
Dimanche 4 août 2019

L’été c’est fait pour lire et parfois c’est aussi l’occasion de grands festivals comme Chalon dans la rue, pour nous les Chalonnais. Il y a donc quelques jours, à Chalon, j’ai pu assister à une représentation du collectif Lapin 34, Broglii. Pourquoi vous en parler ici dans cette chronique livresque ? Tout simplement parce que ce spectacle est l’adaptation d’une bande dessinée de Lewis Trondheim, Imbroglio… et, pour une fois elle est bien disponible et très accessible par le prix…

Commençons par parler de cette bande dessinée. Son format est petit, c’est dans la collection Patte de Mouche de L’Association et il n’y a que 22 planches, 22 petites planches… Par contre, en si peu d’espace, avec si peu de personnages, essentiellement 3, et quelques accessoires, l’histoire comporte une multitude de rebondissements, de surprises, de loufoqueries, de gags tragi-comiques… Bref, Lewis Trondheim s’est visiblement bien amusé à écrire et dessiner cette histoire.

On pourrait résumer – mais faut-il vouloir toujours résumer les livres – en disant sans casser le suspense – car il faut préserver toutes les surprises que vous allez vivre avec cet ouvrage – qu’il s’agit bien d’un triangle amoureux… C’est aussi l’illustration de la devise globale de ma grand-mère, et je la cite dans le texte : « ce qui fait tourner le monde est très simple : le pouvoir, le fric et le cul ! ». Au moins, c’est dit et c’est clair !

Donc, une femme et deux hommes vont vous faire vivre une application concrète de cette humanité sans pour autant tomber ni dans une histoire pornographique, ni dans une série de meurtres sanguinaires, ni dans des considérations financières sans fin… ici, tout est simple… très simple…

Enfin, pour clore sur la partie bédé, on va avoir l’illustration parfaite que pour raconter une bonne histoire BD – j’ai réellement le sentiment que c’en est bien une – il ne faut pas avoir un graphisme de ouf… Il faut juste savoir raconter en dessin… La fameuse narration graphique !

Quand François Chevallier, acteur et metteur en scène, va lire cette bande dessinée il va instantanément comprendre qu’il tient là la trame magique d’un spectacle car «il y a dans ce scénario la folie dessinée de la BD, les rebondissements du vaudeville, l'emphase et l'assurance des héros du théâtre classique ainsi que l'alternance du calme quotidien et de l'ultra violence présente dans les films de Tarantino. » Il va donc en faire un spectacle, celui qui a été représenté lors de Chalon dans la rue 2019… Broglii !

Pour cela, il va prendre le texte, les intentions et l’esprit de Lewis Trondheim pour faire jouer en quelques minutes cette histoire… Pas assez long pour un spectacle de Chalon dans la rue… Il transforme alors l’affaire en exercice de style et après la version Trondheim classique, imagine une version à l’antique, une autre à la manière de Labiche au XIX° siècle, une autre cinématographique à la Tarantino et, enfin, une version BD… Mais, là, trop long pour un spectacle dans la rue… Qu’à cela ne tienne, le public choisira ses versions du jour, 3 à chaque spectacle… Il faudra revenir plusieurs fois pour avoir la complète…

Si vous avez vu ce très bon spectacle de Chalon dans la rue, la lecture de cette bande dessinée prolongera le plaisir… Si ce spectacle vous a jusqu’alors échappé, vous allez le regretter mais vous consoler avec la lecture d’Imbroglio…

Dans tous les cas, puisque l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 05/08/2019 @ 07:08:41
Lundi 5 août 2019

L’été c’est fait pour lire et rien de tel qu’un bon polar pour récupérer de sa fatigue de l’année. Attention, je ne parle pas d’un polar banal, non, juste d’un bon bouquin, de ceux qui apaisent… Oui, chez moi, le bon roman policier apaise, même si cela peut vous surprendre. Mieux, le nec plus ultra, reprendre un bon roman d’Agatha Christie avec comme enquêteur un certain Hercule Poirot…

Alors, je sais bien que certains d’entre vous sont agacés par ce personnage trop imbu de sa personne et je les rassure, c’est bien normal, Agatha Christie elle-même était lassée par ce Belge… Mais, je vous l’avoue bien simplement, moi, j’aime beaucoup…

Pour ceux qui ne connaitraient pas du tout Hercule Poirot – cela doit exister même si avec la série TV je ne suis pas certain qu’il y en ait beaucoup – commencez par une nouvelle comme L’express de Plymouth. Ce texte était un petit récit indépendant (1923) qui a été inclus dans un recueil en langue française en 1979, Le bal de la victoire. Par contre, cette nouvelle a été la base du roman Le train bleu (1928)…

Pourquoi cette nouvelle ? Tout simplement parce qu’elle livre tous les éléments clef des enquêtes d’Hercule Poirot. On y croise Hasting, le narrateur attitré, Japs, le policier de Scotland Yard pas toujours lumineux, ces deux personnages étant bien les faire-valoir d’Hercule Poirot. On y voit Hercule Poirot à l’œuvre, du moins, on ne voit pas grand-chose puisque tout se passe dans sa tête avec ses « chères petites cellules grises »…

Enfin, on comprend à la fin comment chaque petit détail est venu se glisser au bon endroit et donner du sens et de la certitude à l’explication finale d’Hercule Poirot… Son raisonnement, son sens de l’observation, sa logique, sa déduction… Tout est incroyable et on n’avait rien vu venir…

Ceci étant, Agatha Christie a un jour décidé de faire disparaitre ce personnage. Elle a écrit son dernier roman avec hercule Poirot et elle a fait en sorte que le roman soit publié post-mortem… Et après ?

Fallait-il reprendre le personnage d’Hercule Poirot d’Agatha Christie pour en prolonger la vie et les enquêtes. Cette question mérite d’être posée indépendamment de la qualité reconnue ou pas aux romans de Sophie Hannah !

En effet, Agatha Christie, contrairement à de nombreux auteurs a, elle-même, écrit ce qu’elle considérait comme la dernière enquête d’Hercule Poirot, comme elle l’a fait aussi pour son héroïne fétiche, Jane Marple. Ces deux derniers romans, « Hercule Poirot quitte la scène » et « Dernière énigme » avaient été enfermés dans un coffre pour être publiés de façon posthume. Cela signifiait, du moins pour moi, deux choses. D’une part, elle ne souhaitait pas spécialement une vie ultérieure pour ses héros et d’autre part qu’elle voulait mettre elle-même en scène la fin de ses personnages.

Précisons tout de suite pour être clairs que le dernier aspect a bien été respecté car les nouvelles enquêtes d’Hercule Poirot se déroulent dans une période de sa vie où il ne se passait rien. Ce sont des insertions et non un prolongement…

Mais quelles furent les motivations des héritiers d’Agatha Christie quand ils se sont mis en recherche d’un auteur ou une autrice pour reprendre le personnage d’Hercule Poirot ? Malheureusement, la première réponse qui nous vient à l’esprit est d’ordre financier. Agatha Christie, du moins son œuvre, arrive à grande vitesse dans le domaine public. Prolonger ses aventures c’est garder la main sur le personnage, faire perdurer la poule aux œufs d’or, rester maitre d’œuvre ! D’autant plus qu’ils ont donné accès à la romancière à de nombreux carnets et notes de la « reine du crime ». Ils ont tout fait pour que l’aventure continue, que les rentrées d’argent ne se tarissent pas, que les lecteurs soient toujours au rendez-vous y compris pour les œuvres originales…

Pour autant, quel regard porter sur les trois romans de Sophie Hannah ? Sont-ils bien écrits ? Globalement, oui ! Bien construits ? Oui, sans aucun doute ! Poirot est-il crédible ? Plus complexe à répondre, oui, c’est bien Poirot mais on sent que l’auteur n’arrive pas à bien doser le caractère : il ne faut pas en surajouter mais il faut que Poirot reste Poirot… Personnage à sa mesure, Agatha Christie était peut-être bien la seule à pouvoir actionner un tel personnage !

Les lecteurs s’y retrouvent-ils entièrement ? Encore plus délicat… Pour moi, ces trois romans on le goût d’Agatha Christie, sa saveur, son odeur… mais on sent bien que c’est une copie… Comme s’il manquait une âme à ses personnages…

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, si vous avez déjà lu tous les romans d’Agatha Christie, si vous voulez prolonger quelques heures la présence de votre héros préféré, alors, sans en attendre trop, vous pouvez lire Meurtres en majuscules, La mort a ses raisons et Crimes en toutes lettres… Mais, vous pouvez aussi relire certains romans comme, à votre choix, La mort dans les nuages, Meurtre en Mésopotamie, Mort sur le Nil, Je ne suis pas coupable…

Alors, bonne lecture !

Shelton
avatar 05/08/2019 @ 09:13:12
Il est possible que cette semaine il y ait quelques décalages dans la publication de la chronique mais je déménage ma dernière... vers une belle ville du sud-ouest...

Fanou03
avatar 05/08/2019 @ 22:45:20
Un petit coucou Shelton, car cette année je n'ai pas encore prise le temps de te lire et j'en suis désolé !

Mercredi 24 juillet 2019

Le second point de ce récit que je vais garder en tête est la description d’un sport particulier excessivement populaire en Afghanistan, le bouzkachi. Il faut vous dire qu’il y a quelques semaines je ne savais même pas que cette activité sportive existait. Un reportage du journal L’Equipe donnait il y a peu la liste des sports les plus insolites. On y trouvait le bouzkachi et c’est le moment où je lisais Le jeu du roi. J’ai donc eu les descriptions de Kessel et les photographies des journalistes sportifs, ce fut parfait pour comprendre la violence de ce jeu…



Magnifique souvenir que la lecture de ces Cavaliersr, et pourtant Dieu que cela fait une paire d'année ! Pourtant j'ai un souvenir très net de la description de ce jeu, dans le roman, car j'avais trouvé ça complètement étonnant, ainsi que du début du livre, quand le personnage principal peine tant à se lever du fait de ces courbatures liées à la vieillesse de son corps.

Fanou03
avatar 05/08/2019 @ 22:49:42

Réellement une très belle réussite, certains allant même jusqu’à dire que c’est une des meilleures histoires de la série Jour J. Et comme en Bourgogne on a toujours un petit faible pour le Téméraire… et s’il devenait roi de France ?


ça me plait bien ça, je le mets dans ma lal ! J'ai toujours beaucoup aimé l'épisode historique de la a confrontation entre Louis et Charles !

Shelton
avatar 06/08/2019 @ 05:18:20
Mardi 6 août 2019

L’été c’est fait pour lire, certes, mais quand vous achetez un livre cartonné pour un tout petit lecteur, voire un bébé, vous ne recherchez pas nécessairement un texte de qualité… Parfois, d’ailleurs, vous le regrettez amèrement car quand vous devez lire un ouvrage à voix haute, autant que les mots soient agréables à lire…

Néanmoins, parfois, le texte va se ranger paisiblement au second plan, en particulier quand il s’agit d’un ouvrage mettant en valeur la numération… Oui, parfois le livre accompagne l’apprentissage des premiers chiffres et pour cela rien de tel que le très classique : 1 ballon, 2 chaussures, 3 casquettes, 4 verres de lait… Bon, le problème pour « ces ouvrages qui comptent tout seuls », est que généralement l’intérêt pour le lecteur – le jeune comme le prescripteur – est proche de zéro… On frôle l’encéphalogramme plat ! Alors, si le texte ne permet pas d’avancer, regardons au moins le graphisme…

C’est ainsi que dans une librairie – oui, il faut que je vous dise que la librairie est un lieu particulier où on peut trouver des livres de qualité et un conseil. Or, il se trouve qu’il en reste encore quelques-unes en France et il faut en prendre soin en les fréquentant le plus souvent possible en fonction de vos envies, de vos désirs et de votre budget (ce que je n’oublie pas, loin de là) – donc, disais-je, dans une librairie avec ma fille, nous sommes tombés sur 1 et 1 font 3, un cartonné d’Iris F. dont le graphisme nous a immédiatement séduit… Je dois dire aussi que mon petit fils de 7 mois a, lui-aussi, été subjugué… C’est le livre qu’il voulait…

Iris F. est née en 1981, son père était graveur et sa maman sculptrice. Evidement, avec une telle ascendance, soit elle fuyait les arts à tout jamais soit elle tombait dans la marmite et mijotait pour devenir artiste à son tour… Elle a donc suivi une formation à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris ainsi qu’aux Beaux-arts. Elle ne savait pas trop ce qu’elle ferait, elle absorbait, elle se préparait…

À la fin de ses études, elle a été nommée membre artistique à la Casa de Velázquez à Madrid pendant deux ans. Il s’agit d’une des cinq écoles Française à l’étranger, c’est à la fois un centre artistique et un lieu de recherches. Ici, les artistes et les jeunes chercheurs en hautes études hispaniques et ibériques se côtoient au quotidien… C’est une magnifique formation pour un jeune artiste…

C’est à ce moment-là qu’Iris rencontre Marie Sellier qui lui fait découvrir le livre jeunesse qui n’est pas une sous littérature mais bien un lieu de création extraordinaire ! Cet ouvrage 1 et 1 font 3 est son second livre…

Alors, ce livre est-il particulier ? Oui, en quelque sorte car s’il est avant tout un livre pour compter et il n’y a pas d’âge pour commencer à apprendre à l’enfant la numération… 1, 2, 3… Il faut reconnaitre quelques autres points spécifiques. Tout d’abord, on va compter des pingouins… Attention, on ne compte que les pingouins, le morse qui vient troubler la fête ne compte pas… On ne compte ensemble que les éléments de même nature, principe fondamental de la physique qui doit commencer à entrer très tôt dans les têtes : non, mais, on ne va pas additionner les poules et les cochons, quand même !

Deuxième particularité, les textures. L’illustratrice ne propose pas seulement un dessin mais bien un beau travail sur le pingouin avec l’utilisation d’un dessin en noir et blanc et la présence de doré ce qui attire bien l’œil de l’enfant…

Enfin, après le 10, objectif de l’ouvrage, il y aura aussi le « beaucoup »… Beaucoup de pingouins sur la banquise – oui, là il y en a encore une – et, bien sûr, beaucoup de bonheur pour le jeune lecteur !

Donc, un joli cartonné, 1 et 1 font 3, esthétique, sympathique et fonctionnant bien avec un petit lecteur de sept mois… Comme l’été c’est fait pour lire, comme il n’y a pas d’âge pour lire, bonne lecture à tous !

Début Précédente Page 4 de 7 Suivante Fin
 
Vous devez être connecté pour poster des messages : S'identifier ou Devenir membre

Vous devez être membre pour poster des messages Devenir membre ou S'identifier