Vince92

avatar 06/08/2019 @ 06:21:47
Je note...!

Shelton
avatar 08/08/2019 @ 07:14:10
Mercredi 7 août 2019

L’été c’est fait pour lire et cuisiner aussi Ventre Saint Gris ! Oui, j’aime bien les jurons d’antan et il faut prendre soin d’eux pour les maintenir bien vivants ! Notre patrimoine culinaire, lui aussi, a besoin de notre aide pour ne pas disparaitre trop vite… Pour cela, il faut apprendre car on ne devient pas toque blanche du jour au lendemain…

De nombreuses personnes – aujourd’hui, définitivement, la cuisine n’est pas le domaine réservé aux femmes ou aux hommes mais bien un lieu de complémentarité, enfin, c’est bien le cas ici – cherchent à apprendre à cuisiner. En fait, il y a eu entre 1970 et 2000, une légère perte de la transmission et les adultes d’aujourd’hui ne savent pas toujours faire une mayonnaise, réussir une crème anglaise ou surprendre leur petit monde avec un sabayon…

Alors que faire ? Si vous vous tournez vers les ouvrages modernes, très tape à l’œil, vous allez faire quelques progrès mais il vous manquera toujours quelques bonnes bases solides… C’est pour cela que je vous invite plutôt à vous tourner vers les grands classiques, indémodables, basiques et précis, et pour la fioriture vous aurez bien le temps après… Par exemple, pour la pâtisserie, il est impératif de passer par le fameux « Je sais faire la pâtisserie » de Ginette Mathiot ! Non seulement l’ouvrage est trouvable d’occasion (l’original date de 1938) mais il a été réédité, adapté, modernisé, donc vous ne pouvez pas passer à côté de cette bible !

Ginette Mathiot avait à peine 23 ans quand on est venu lui demander de participer à son premier ouvrage de cuisine. Elle est née en 1907, dans une famille protestante assez austère. On va l’empêcher de faire ses études de médecine, lui interdire au moins sept fois le mariage parce que les « fiancés » n’étaient pas protestants et elle va suivre finalement l’école normale d’enseignement ménager de Paris. Elle enseignera cette discipline toute sa vie finissant inspectrice d’enseignement ménager de la ville de Paris… et auteur de nombreux ouvrages de cuisine !

D’ailleurs, sa famille, toujours la même et cela ne devait pas être drôle tous les jours, lui a interdit au départ de signer un contrat au pourcentage avec les éditions Albin Michel pour son premier ouvrage, Je sais cuisiner, donc elle touchera environ 1500 euros (si on convertit approximativement les francs de l époque en euros d’aujourd’hui) alors que le tirage va atteindre des chiffres incroyables, plus de 2 500 000 en 1998, année de sa mort ! Heureusement, elle écrira de nombreux ouvrages, les tirages seront souvent impressionnants et elle enseignera toute sa vie…

Mais revenons à la pâtisserie. Je possède son ouvrage de base, acheté 50 centimes d’euros chez Emmaüs (ce n’est pas de la publicité, juste une incitation à faire vivre les livres au-delà de leur première vie), et j’en suis très content pour ces fameuses recettes de bases… et aussi l’originalité de certaines recettes. En effet, contrairement aux idées reçues, on ne manquait pas d’imagination à cette époque : omelette aux abricots, crème à la banane, groseilles à la neige, poires flambantes, beignets d’oranges sans oublier les sirops faits maison bien meilleurs (au goût et pour la santé) que ceux que l’on trouve dans le commerce…

Alors voilà le petit ouvrage qu’il faut avoir chez soi, qu’il faut lire l’été puisque l’été c’est fait pour lire mais qu’il faut surtout mettre en application toute l’année pour le plaisir des papilles et le bonheur de vos convives !

Bonne lecture et bonne dégustation !

Shelton
avatar 09/08/2019 @ 11:39:15
Jeudi 8 août 2019

L’été c’est fait pour lire et il m’arrive bien souvent de m’interroger : tout cela est-il bien utile ? Lire est-il bien nécessaire à l’être humain ? Faut-il poursuivre ce travail de partage autour des livres ? En fait, l’interrogation a beau être récurrente et insistante, la réponse n’en est pas moins stable, fixe, convaincue, presque obsessionnelle ! Oui, il faut lire, oui, il faut partager autour de ses lectures, oui et sans aucun doute !

En fait, avant toute chose, lire est une activité humaine qui permet de réaliser ce que nous sommes, ce qu’est un être humain, ce que nous avons en commun dans cette humanité malgré tout ce qui nous sépare, nous les êtres humains… Nous sommes à la fois les membres d’une même humanité – les chrétiens diraient membres d’un même corps – et en même temps chacun d’entre nous est différent. C’est ce qui est fascinant, cette diversité de caractères, de talents, de qualités de toute nature… et cette dignité humaine unique et remarquable ! Et c’est pour cela que le mot « race » est une ineptie. Nous sommes une même espèce humaine qui a beaucoup en commun malgré ces différences qui nous rendent uniques ! Le grand mystère de l’humanité…

Alors, la lecture, me direz-vous, que vient-elle faire là-dedans ? Le livre vient donner à chaque fois, quelque soit sa nature, de l’histoire à la fiction, du documentaire à la poésie, du livre illustré à la bande dessinée, une image de cette diversité et cette unité… Le livre nous enrichit de la richesse des autres, nous ouvre aux autres, nous pousse à la compréhension des autres… Et c’est magnifique !

Alors, bien sûr, certains livres sont plus forts que d’autres, plus riches, plus universels… mais, chaque lecture de chaque humain est unique aussi donc il ne faut jamais vouloir généraliser dans ce domaine… Notre liberté, notre choix, notre libre arbitre doivent prendre le dessus… Et j’ai même trouvé un petit roman humoristique pour illustrer cela… La reine des lectrices…

Humoristique ? Oui, parfois l’humour anglais est délicat à traduire et il ne s’agit pas d’un texte où on éclate de rire à chaque page… Par contre, moi qui aime cet esprit britannique depuis longtemps, j’avoue avoir pris beaucoup de plaisir à le lire. Certes, il ne s’agit pas d’un grand livre, de littérature classique impérissable, mais plutôt d’un bon petit livre d’été, celui que l’on est heureux de lire lors d’un voyage en train ou sur une plage au soleil…

Le thème est simple, la reine d’Angleterre découvre à 80 ans la lecture. Oui, on avait oublié de lui dire que la lecture faisait du bien… Un peu par hasard, elle ouvre un roman et le miracle se produit… Oui, elle aime lire !

Dans ce petit roman, on trouve de nombreux éléments sur la lecture et ceux qui lisent pourront se reconnaitre ici ou là, parfois avec plaisir mais aussi avec une petite pointe d’effroi… Certains se sont ennuyés à lire ce petit opus tandis que d’autres le trouvaient jubilatoire… En fait, je crois que cela dépend de votre perception de la lecture. Vont s’y retrouver surtout ceux qui ne lisent pas pour apprendre, savoir, s’améliorer… Pour plonger dans cet univers assez surprenant, en compagnie d’une reine que l’on connait tous sans la connaitre, il faut juste lire pour le plaisir, lire parce que l’on ne peut pas faire autrement, lire comme d’autres se droguent, comme d’autre courent en forêt, comme d’autres s’ennuient devant leurs petits écrans… Alors, si c’est le cas, vous allez vous amuser !

Mais le plus important, dans tout cela, c’est que nous lisions, que nous prenions plaisir à lire et à partager nos lectures car le livre c’est la liberté, le lien, l’humanité incarnée… Du moins, c’est réellement ce que je pense alors, comme l’été c’est fait pour lire, avec ou sans La reine des lectrices, lisez ! Bonne lecture !

Shelton
avatar 09/08/2019 @ 18:20:26
Vendredi 9 août 2019

L’été c’est fait pour lire et vous savez pour ceux qui me suivent et lisent depuis longtemps que j’ai une passion et une affection particulière pour les autrices de romans policiers britanniques. A cela, il y a des explications nombreuses mais certaines sont à rechercher dans mon passé, mes premières lectures plaisir tandis que d’autres sont plus récentes comme la découverte d’un ouvrage dans le village du livre de Cuisery…

A ce stade, permettez-moi de préciser quelques petits éléments. Tout d’abord, ce mot d’autrice qui fait grincer quelques dents est pour moi le meilleur qui permette de parler d’une femme qui écrit des livres. Certes, je pourrais dire « romancière » mais parfois on me fait comprendre que la littérature policière n’est peut-être pas digne du mot « roman »… Comme je ne cherche pas à discuter à l’infini, je dirai donc « autrice », sans état d’âme, avec même une petite pointe de jubilation…

Deuxièmement, Cuisery est le village du livre de Bourgogne, à quelques kilomètres de Tournus, à moins d’une trentaine de minutes de Chalon-sur-Saône. J’aime particulièrement ce village où les bouquinistes ont permis de garder un peu de vie. N’hésitez jamais à arpenter ces villages du livre que l’on trouve dans plusieurs endroits de France car c’est l’occasion de trouver de petites perles que l’on n’édite plus pour des raisons financières qui ne tiennent pas la route si on se place au niveau du plaisir du lecteur et de la pertinence du texte. Oui, que ce soit dit une fois pour toutes, la qualité d’un livre ne se mesure pas à son tirage et à ses ventes !

Mais, revenons-en à mes autrices de romans policiers britanniques… certes, vous connaissez tous, au moins de nom, Agatha Christie, Patricia Wentworth, Ruth Rendel, PD James… Mais certains romans britanniques sont signés « Baronne Emmuska Orczy ». Comme il s’agit de romans que l’on peut classer en romans policiers, comme elle a inventé un détective insolite, vieux et presque immobile mais d’une efficacité incroyable, tout me poussait à tenter de savoir si d’une part sa littérature était pertinente et d’autre part si elle était bien britannique puisque mon champ de recherches se limitait à ces autrices britanniques…

Il se trouve qu’Emma Orczy est née en Hongrie, cela la poussait doucement loin de moi… quand soudain je compris que ses parents avaient quitté la Hongrie, son pays natal, pour finir par s’installer à Londres. L’anglais allait devenir la langue usuelle d’Emma qui écrirait tous ses romans directement en anglais. A l’âge de 15 ans, elle s’installe avec sa famille au 162 Great Portland Street, à Londres. J’ai donc décidé, unilatéralement et sans consulter ban et arrière-ban, que, pour moi, Emma Orczy serait une autrice britannique de romans policiers même si elle n’a pas écrit que dans cette catégorie !

Bien que baronne, notre chère Emma et son mari étaient fort désargentés et c’est pour cela qu’ils firent de la traduction et qu’elle n’hésita pas à se lancer dans l’écriture. Il faut dire qu’à Londres de nombreux rédacteurs en chefs poussaient leurs journalistes à écrire des nouvelles à la manière de Conan Doyle pour profiter de l’appétence des lecteurs pour ce type d’histoire… C’est ainsi qu’est né « Le vieil homme dans le coin »… Plus tard, elle créa aussi, en 1910, Lady Molly, probablement la première détective de la police dans la littérature policière…

Seulement, voilà, elle n’est pas non plus hyper présente dans les librairies de France d’où ma remarque sur les villages du livres et Cuisery en particulier, là où j’ai trouvé mon premier livre de cette autrice… Dès le départ, j’ai été touché par la qualité de son écriture et son humanité… Le vieil homme est dans un coin, certes, mais on a envie de partager quelques instants avec lui, sans aucun doute… Donc, une autrice à découvrir !!!

Soyons honnêtes, son œuvre la plus célèbre n’est pas un roman policier mais le cycle de cape et d’épée, Le Mouron Rouge que l’on trouve beaucoup plus facilement en librairie !

Globalement ses romans se vendront bien, elle sera renommée et même assez riche pour devenir propriétaire d’une résidence à Monte-Carlo ! Comme quoi, autrice de romans policiers ce n’est pas si mal que cela alors qu’elle était partie plus rudement et modestement dans la vie… Oui, ne l’oublions pas, ce fut une fille de famille d’émigrés !

En attendant, puisque l’été c’est fait pour lire, cherchons ses ouvrages, lisons et parlons-en ! Bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 10/08/2019 @ 04:28:36
Samedi 10 août 2019

L’été c’est fait pour lire et j’avoue avoir un faible de lecteur pour un certain nombre d’autrices et pas seulement de romans policiers britanniques. En effet, depuis toujours, si vous me demandez quels sont mes auteurs d’ouvrages préférés, quels sont ceux qui ont réjoui mon âme de lecteur, je réponds assez simplement : Agatha Christie – la première indiscutablement, celle qui m’a plongé dans le plaisir de la lecture – puis Patricia Wentworth – son alter ego que je trouve même meilleure – puis enfin quelques autres qui n’ont rien à voir avec la littérature policière comme Marie Noël – pour la poésie et que j’aime depuis très longtemps – ou Simone Weil – celle qui m’a fait découvrir la philosophie en même temps qu’un certain Sénèque car je ne suis pas sexiste du tout – sans oublier des autrices arrivées plus tard dans ma vie comme Nina Berberova, Ella Maillart ou Gudule…

Mais assez vite, j’ai été pris par une question fondamentale : existe-t-il une écriture féminine ou simplement une écriture humaine ? Ce qui est certain, c’est que la catégorie « livres pour fille » n’existe pas pour moi. Il y a simplement les livres que l’on aime, qui nous parlent, qui résonnent en nous… Qu’importe qu’ils soient écrits par des femmes ou des hommes ! Soit, mais l’auteur, l’autrice, sont-ils genrés ? Y aurait-il des particularités entre écriture homme et écriture femme ? Le simple fait de se poser la question est-il un piège ou une réalité, une problématique universitaire ou une mode politique/médiatique ?

Alors, bien sûr, en particulier durant mes études littéraires, ces questions m’ont accompagné. Je n’ai jamais su répondre ou construire une réponse cohérente car chaque étape de mon raisonnement était aussi une façon de me comprendre : qui suis-je ? Un lecteur genré ou pas ? Pourquoi je n’aime pas certains livres que les hommes semblent aimer et j’adore certains livres dont les femmes raffolent ? Ou est la réalité, l’illusion, le fruit de ma culture, de mon éducation… Ce qui est certain, c’est que le questionnement reste ancré en moi et qu’il a pris forme avec mes recherches sur les autrices britanniques de romans policiers…

Certains auteurs universitaires – malheureusement pas assez d’autrices – sont venus avec des éléments solides pour construire certains référentiels. Je pense par exemple à Frédéric Regard qui a écrit en 2002 un ouvrage remarquable : L’écriture féminine en Angleterre, perspectives postféministes. Il me semble assez intéressant de citer immédiatement quelques lignes de son introduction :

« Il n’y a pas d’universalité de la féminité. La féminité est un mythe, tout comme la masculinité, car ces deux modalités de l’être sont le fruit d’un discours, c'est-à-dire d’un jeu de pouvoir qui n’exclut pas même la condition de la femme en tant qu’objet d’étude du féminisme. »

On sent dès le départ que l’on va plonger dans un univers marqué par Michel Foucault ce qui n’est pas pour me déplaire puisqu’il s’agit bien d’un des penseurs qui m’ont fortement marqués durant mes études… L’auteur va prolonger sa réflexion dans cette littérature anglaise en suivant ces autrices au cœur d’une société particulière…

« Comment la femme a-t-elle été prise au piège de la féminité ? Quels discours ont présidé à cette mascarade de la sexuation ? On ne peut faire l'économie d'une approche féministe de ce fait culturel où viennent se conjuguer discours religieux, médical, politique, juridique, pictural ou littéraire… Comment échapper au leurre des intentions d'auteurs, aux catalogues thématiques, quand ce n'est pas aux bons sentiments ? Quels outils théoriques se donner, qui permettent de rendre compte avec rigueur du féminin à l'œuvre ? »

L’auteur de cette étude montre avec finesse et pertinence que l’autrice clef, charnière, lumineuse est Virginia Woolf… Une magnifique autrice qu’il est toujours temps de relire (ou lire tout simplement) dès cet été puisque l’été c’est fait pour lire !

Bien sûr, Frédéric Regard se penche avec talent sur les romancières contemporaines que sont Doris Lessing, Jean Rhys, Angela Carter ou Jeanette Winterson… Un très bel essai que je suis heureux d’avoir trouvé et lu cet été… Autant de pistes de lectures estivales… Donc, bonne lecture à tous !


Shelton
avatar 11/08/2019 @ 07:27:54
Dimanche 11 août 2019

L’été c’est fait pour lire et les ouvrages d’histoire sont là pour nous accompagner l’été tout en nous faisant comprendre notre histoire, notre passé, pour nous faire mieux comprendre notre présent tout en nous procurant les outils pour construire demain… Or, si aujourd’hui les femmes sont victimes d’injustices cela vient aussi du passé et de la façon dont on nous a enseigné l’histoire… Car finalement, soyons honnêtes, dans nos cours d’histoire on parlait surtout des hommes… Non ?

Il faut dire que chez les Francs, un des peuples fondateurs de notre pays, les femmes ne comptaient pas réellement beaucoup… D’ailleurs, ceux qui pointent du doigt la façon dont les femmes comptent dans les pays musulmans devraient se souvenir de notre loi salique… Certes, ils y a de nombreuses mesures dans ce lot juridique mais on retiendra l’aspect concernant la succession, loi qui va peser lourdement sur la France et sa monarchie…

« Quant à la terre salique, qu'aucune partie de l'héritage ne revienne à une femme, mais que tout l'héritage de la terre passe au sexe masculin… »

Tout est dit et tout sera respecté à la lettre provoquant un certain nombre d’évènements, mariages, reniements… La couronne de France était en jeu, quand même !

Alors, je ne vais pas vous raconter tout, d’autant plus que certains l’ont fait beaucoup mieux que je ne pourrais le faire… Profitons-en, l’été c’est fait pour lire quand même ! Pour commencer, je pense que l’on ne s’arrêtera pas là, je vous propose une somme assez volumineuse, Histoire des Françaises d’Alain Decaux.

Certes, Alain Decaux est avant tout un narrateur, un vulgarisateur et certains ont tendance à sous-estimer son travail. J’estime qu’il faut avoir de bons vulgarisateurs c'est-à-dire des personnes capables de mettre à disposition de tous des savoirs qui nous font grandir… certes, ce ne fut pas un chercheur, un savant, un écrivain extraordinaire, mais il savait aller vers l’essentiel en nous respectant…

C’est ainsi qu’un jour il s’est attelé à cette Histoire des Françaises. Il savait qu’il fallait le faire, que c’était le moment ou jamais – le livre est paru en 1972 – et même si on pourra toujours pointer des défauts, reconnaissons qu’il s’agit bien là d’un ouvrage de référence !

La force de cet ouvrage, c’est de ne pas s’être contenté de vouloir écrire la vie des reines et des maitresses royales – sans les oublier pour autant – mais d’y avoir associé toutes les femmes… Oui, je sais, il ne peut pas avoir raconté la vie de toutes les femmes, bien sûr, mais au moins toujours élargir assez le sujet pour que l’on parle de la condition des femmes aux différentes époques de notre histoire… Je pense que son ouvrage fera date définitivement dans l’histoire…

Pour ce qui est de la lecture de ce livre en deux volumes, c’est juste super bien raconté, accessible à tous et c’est un plaisir que de le suivre des périodes les plus éloignées aux plus récentes… Que du bonheur !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, comme il faut changer cette société pour que femmes et hommes puissent vivre ensemble dans l’égalité, dans le respect, dans la complémentarité… alors cette Histoire des Françaises pourrait être un bon livre d’été, une bonne façon de parler des femmes dans notre histoire en famille… Donc, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 12/08/2019 @ 09:08:13
Lundi 12 août 2019

L’été c’est fait pour lire et comme je parlais hier de l’Histoire des Françaises, ouvrage d’Alain Decaux, j’ai eu envie de vous parler de femmes célèbres – ou moins – mais dont la vie est abordée en bande dessinée. Olympe de Gouges, Kiki de Montparnasse, Catherine de Médicis, Aliénor d’Aquitaine, Marie Curie… Je ne vais certainement pas pouvoir parler de tous ces merveilleux albums et de ces femmes qui ont fait notre histoire, du moins qui ont participé activement, mais je vais commencer aujourd’hui par Kiki de Montparnasse, égérie d’artistes dont certains se souviennent peut-être…

C’est avec l’ouvrage Kiki de Montparnasse que Catel s’est entièrement révélée au Grand Public ! D’autrice de qualité elle est devenue autrice reconnue et de qualité !

J’avais bien entendu Juliette chanter les qualités d’une certaine Kiki de Montparnasse, mais je ne voyais pas de qui elle parlait… Un soir, lors d’un cocktail officiel, vous savez ces petits moments où l’on ne sait jamais s’il faut manger, s’asseoir ou parler, et où l’on finit par tout faire de façon imparfaite, Catel Muller, la co-créatrice de Lucie, me confiait qu’elle était en train de travailler sur Kiki de Montparnasse avec José-Louis Bocquet… Je me disais alors qu’il était grand temps de savoir qui était cette femme… C’est dans un ouvrage de peinture, Artistes de Montparnasse, que je découvre quelques lignes qui m’ouvrent, que dis-je, m’entrouvrent la porte de la connaissance de Kiki. Mais c’est très succinct :

« Kiki est l’égérie de Montparnasse. Timide et gouailleuse à la fois, follement amoureuse de Man Ray, mais libre de ses nuits, Kiki était une figure de proue de toutes les fêtes de Montparnasse. Elle vivait entre les cafés et les ateliers où elle posait, modèle aux mille visages qui fit les belles heures de Foujita ou Kisling. Lee Miller disait d’elle : C’était une vraie gazelle, elle avait un teint extraordinaire sur lequel on pouvait mettre n’importe quel maquillage. »

Bien sûr, l’ouvrage proposait quelques illustrations dont quelques photos de Man Ray, cet homme dont elle était raide amoureuse. Je découvris ainsi Le violon d’Ingres, photocollage de 1924 qui nous fait découvrir Kiki nue de dos…

Je savais qui était Kiki mais je ne voyais pas encore ce que Catel et José-Louis pourraient bien faire de ce destin de femme légère, de modèle… Mais je n’allais pas tarder à le savoir, car, un jour, je reçus cet ouvrage, Kiki de Montparnasse, une biographie en bédé au format roman dans la collection Ecriture de chez Casterman… Une biographique !

Dès la première planche, on est touché, saisi par le ton de la narration graphique. C’est sobre, efficace, ça sonne juste, ça nous parle au cœur, c’est pur, bouleversant… et nous faisons connaissance avec la mère de Kiki, au moment où elle s’apprête à accoucher… enfin, presque !
Kiki va grandir, enfin, on l’appelle encore Alice à cette époque… Catel a réussi à lui donner une âme, un corps, une vie, un mouvement, en simplifiant les traits mais en permettant de l’identifier tout au long de son cheminement terrestre, elle va prendre des ans, les traits la feront vieillir, mais on la connaît, on la reconnaît, enfin, on l’aime tout simplement…

C’est d’ailleurs une performance bien délicate pour la dessinatrice tant on a l’habitude dans la bédé de ne pas faire vieillir ses personnages. Là, c’est le contraire, chaque chapitre elle vieillit, 1901, 1911, 1913, 1916, 1918, … jusqu’en 1953, année de sa mort…

Le gros de cette biographie va nous plonger dans les années vingt, les années resplendissantes de Montparnasse mais de Kiki aussi. C’est toujours intéressant de lire un tel ouvrage car chaque fois que Kiki rencontre un personnage célèbre, et ils ne vont pas manquer, Catel le dessine et nous donne un avant-goût de son travail, revu et corrigé par elle. Il s’agit donc d’un travail humain – un destin de femme exceptionnel – d’un livre historique – indiscutablement bien documenté – d’un ouvrage artistique – nous saurons tout des photographes et peintres de cette époque, du moins ceux qui sont passés par Montparnasse – et, enfin, d’un livre littéraire – Eluard, Aragon, Tzara, Breton, Desnos sont tous là pour nous ramener à ces textes que nous aimons tant…

Oui, j’ai été séduit par la vie de Montparnasse malgré ses excès, par ces artistes qui avaient souvent perdu le sens des réalités, par cette Kiki qui ne sut, tout au long de sa vie, que vivre à fond sans jamais prendre de précaution. Elle en mourra, alcoolique, droguée, sans voix, seule, abandonnée, sans le sou, mais en ayant toujours vécu libre sans se soucier du lendemain. J’ai aussi été fasciné par la qualité de ce récit, par la narration graphique, cet usage merveilleux du noir et blanc, par les informations distillées à bon escient, avec talent… Catel et José-Louis Bocquet nous montrent qu’il est vraiment possible de faire du documentaire en bédé et je suis heureux de vous conseiller cet ouvrage magnifique, Kiki de Montparnasse !

L’ouvrage est complété par une chronologie complète et une série de petites monographies sur les acteurs les plus importants de la vie de Kiki… C’est parfait !

Voilà pourquoi, même plusieurs années après sa sortie en librairie, je vous propose de lire et offrir cet ouvrage, Kiki de Montparnasse, qui sera suivi par d’autres biographiques dessinées par Catel : Olympe de Gouges, Ainsi soit Benoîte Groult, Joséphine Baker… et puisque l’été c’est fait pour lire… Bonne lecture !

Shelton
avatar 13/08/2019 @ 05:27:40
Mardi 13 août 2019

L’été c’est fait pour lire et comme je vous l’ai déjà dit je tente de vous donner des pistes pour découvrir des femmes qui ont compté dans notre histoire… Pour cela, il était évident pour moi, de faire une escale dans la collection Grands destins de femmes des éditions Naïve. Mais, avant d’aller plus loin, il faut que je vous dise que cette remarquable collection a disparu emportée par les problèmes financiers de Naïve. Personne n’a voulu reprendre cette branche d’éditions livres et la collection a disparu purement et simplement alors qu’elle avait permis de mettre à l’honneur de nombreuses femmes… C’était en décembre 2016…

Bon, revenons-en à ces femmes célèbres et je vous rassure, mon album du jour se trouve encore en vente (soldeurs, occasion…)…

Trois femmes du vingtième siècle m’ont marqué par leur recherche presque absolue du sens à donner à la vie. Il s’agit de Simone Weil, Edith Stein et Hannah Arendt. Difficile pour moi de vous dire pourquoi et comment cela est arrivé. Ce qui est certain, par contre, c’est que tout au long de ma vie je n’ai jamais raté une occasion de lire ce qu’elles avaient écrit et ce que les autres en avaient dit. Du coup, quand j’ai découvert que la vie d’Hannah était en bande dessinée chez Naïve, par Béatrice Fontanel et Lindsay Grime, je n’ai pas beaucoup hésité et mon épouse m’a poussé à m’offrir ce livre que j’ai dévoré très vite…

Le ton est plutôt sympathique, la première partie est à la première personne du singulier, Hannah Arendt parlant de sa vie, de sa formation, de ses rencontres, de ses écrits. Elle confie tout cela à son amie Mary McCarthy, sa grande amie, tandis que la seconde, plus courte est le récit de la fin de la vie d’Hannah par Mary elle-même…

Attention, il ne s’agit ni d’une biographie au sens habituel ni d’un livre de vulgarisation de la pensée d’Hannah Arendt. On est toujours entre les deux genres avec un récit cohérent, pas tout à fait chronologique, avec des petites analyses sur certaines positions ou pensées d’Hannah, des échos de certaines polémiques autour de la penseuse, mais pour ceux qui ne connaissent pas du tout Hannah Arendt, cela va peut-être paraitre un peu rude. Il manquera quelques explications, du moins je le pense…

Par contre pour celui qui connait cette femme d’origine allemande, théoricienne de la Politique, avec un P majuscule, alors ce sera un bon moment de lecture qui devrait même vous donner envie de relire immédiatement – ce fut le cas pour moi – certains ouvrages comme Les origines du totalitarisme ou Eichmann à Jérusalem.

Certains pourront rester insensibles au graphisme mais à l’usage ils réaliseront que la narration graphique, elle, est efficace et qu’elle permet aux éléments importants d’être bien positionnés, de nous toucher. On oublie trop souvent qu’en bande dessinée, le dessin et le texte sont au service d’un récit, que ce soit de la fiction ou pas.

Enfin, cette bande dessinée me semble capitale – ainsi que cette collection Grands destins de femmes – car, au moment où les lecteurs sont moins nombreux pour les ouvrages de philosophie ou de politique, la bande dessinée peut initier les lecteurs aux grands textes, aux grands penseurs, à ces femmes qui ont participé à la construction du monde et des idées…

Un petit mot sur les auteurs pour clore cette présentation. Lindsay Grime est une dessinatrice écossaise qui vit à Paris tandis que Béatrice Fontanel, la scénariste, est une femme de lettres française qui a touché à de nombreux genres, de la poésie au roman en passant par les ouvrages illustrés pour un public de jeunes lecteurs. J’ai rencontré Lindsay et c’est une dessinatrice qui s’est lancé dans ce projet sans retenue et qui, du coup, est devenue, au fur et à mesure, non pas spécialiste mais fan d’Hannah Arendt. Oui, certains le savent bien, quand on fréquente assidument les écrits d’un auteur ou d’une autrice, on finit par comprendre, devenir fan en quelques sortes…

Donc, si vous voulez découvrir cette femme, Hannah Arendt, la bande dessinée est une bonne piste de lecture et pour aller plus loin, pourquoi ne pas envisager le petit opus La politique a-t-elle encore un sens, très accessible, ou La liberté d’être libre, court mais dense… Mais, comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 14/08/2019 @ 04:52:40
Mercredi 14 août 2019

L’été c’est fait pour lire et continuons à regarder les récits de vies de femmes célèbres en bande dessinée. Les femmes ont fait l’histoire, au moins au même titre que les hommes, et il est bien temps de leur redonner la place qu’elles méritent…

Oui, je suis bien un passionné d’histoire, d’histoire de France en particulier mais pas d’histoire nationaliste ou politisée. J’aime l’histoire car elle peut nous faire comprendre d’où on vient sans d’ailleurs nous garantir la destination car le passé ne conditionne pas non plus de façon absolue le présent… J’aime très spécifiquement l’Histoire de France quand une personne d’un autre pays se penche sur les évènements qui nous ont touchés. En effet, c’est passionnant de voir comment est perçue notre Histoire par ceux qui nous regardent de près ou de loin… En plus, si c’est une femme regardant l’histoire d’une femme cela devient passionnant…

C’est ainsi que Simona Mogavino, experte en art religieux, a décidé suite à un accident qui l’avait quelque peu immobilisée, de se pencher sur l’histoire d’Aliénor d’Aquitaine. Au départ, une curiosité pour cette femme qui a été reine et France puis reine d’Angleterre, puis une sympathie avant de devenir une passion…

Comme elle est femme d’un auteur de bande dessinée, Alessio Lapo, elle se dit que cette femme pourrait bien devenir un personnage du neuvième art. La voilà qui recherche un éditeur et c’est chez Delcourt avec Marya Smirnoff, que tout prendra forme. On lui trouve un coscénariste, Arnaud Delalande, et l’équipe se complète avec un dessinateur qu’elle connaissait bien, Carlos Gomez. Ce dernier est un Argentin qui travaille en Italie depuis quelques années… une belle équipe internationale pour une reine qui fut successivement, en quelque sorte, aquitaine, française, angevine, anglaise… Européenne, quoi !

Cette série, Aliénor, la légende noire, a commencé doucement, on parlait d’un triptyque, pour maintenant devenir une très belle série, 6 magnifiques albums, tous parus. On y découvre le personnage d’Aliénor, sa vie de reine française, son couple avec le fameux Louis VII, puis leur divorce, son mariage avec Henri Plantagenet, son arrivée sur le trône d’Angleterre… Oui, la vie d’Aliénor est un roman tragique, une aventure incroyable et elle va provoquer, sans en mesurer directement les conséquences, la Guerre de Cent ans !

Il s’agit là d’une très belle bande dessinée, très bien construite et posée sur des bases historiques solides même si la priorité est bien donnée à tout ce qui peut faire d’Aliénor une reine de sang – titre de la collection – et une femme de caractère, peut-être trop car il est difficile d’avoir des preuves de certaines réactions de la reine. En même temps, il ne s’agit pas d’une thèse d’histoire mais d’une série de bande dessinée !

J’avoue qu’il s’agit d’une magnifique surprise, peut-être d’ailleurs la seule de qualité dans cette collection car les autres reines évoquées font pâle figure à côté d’Aliénor : Isabelle De France, Frédégonde, Tseu Hi… Ce n’est pas seulement le talent des auteurs qui est en cause – Simona, Arnaud et Carlos sont de grands auteurs – mais aussi le personnage de leur héroïne – Aliénor est exceptionnelle, ou, du moins, ils en ont fait un personnage d’exception !!!

Pour une fois, dans cette histoire pourtant connue, le bon n’est pas ce roi Louis VII, éduqué pour être religieux et père de Philippe Auguste et la légère n’est pas cette sudiste Aliénor d’Aquitaine que l’on présentait trop souvent comme une femme futile… Tout était plus complexe… et c’est souvent cela l’histoire ! Quant aux femmes, royales ou pas, on les a trop souvent ignorées, méprisées, sous-estimées… Au moins, là, Aliénor existe par elle-même !

Donc c’est bien à lire et faire lire et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 15/08/2019 @ 06:07:44
Jeudi 15 août 2019

L’été c’est fait pour lire et chacun sait que je m’efforce de trouver régulièrement des ouvrages illustrés pour les plus jeunes. Je suis certain que c’est important pour eux de pouvoir lire aussi en même temps que nous car l’été c’est fait pour lire pour tous ! Sans aucune exception ! De plus, les livres illustrés, quand ils sont bons voire excellents, cela nous fait du bien à nous aussi les adultes… Non ? Dans les auteurs et autrices qui en ont écrits, dessinés et réalisés, il en est une que j’aime beaucoup, Gabrielle Vincent…

Gabrielle Vincent est une illustratrice, une autrice à part entière dont l’œuvre a fait le tour, sinon du monde, au moins de toutes les librairies françaises et francophones, des bibliothèques, des centres de documentations de collège… Aujourd’hui, alors qu’elle est allée, depuis quelques années, rejoindre le monde des réparateurs de peluches, des consolateurs d’enfants, des enchanteurs de toute nature, les éditions Casterman nous offrent la possibilité de (re)découvrir son travail par des rééditions très accessibles... Belle occasion de prendre conscience de la qualité des narrations de Gabrielle Vincent !

Bien sûr, on la connait pour les histoires d’Ernest et Célestine, mais aujourd’hui, je voudrais rouvrir La petite marionnette… Il s’agit d’une histoire sans texte, sans couleur, sans encrage… On a l’impression d’un récit brut, pur, épuré… Quelques traits de crayons et d’un seul coup des personnages naissent et vivent devant nous, avec nous…

C’est l’histoire d’un enfant, un enfant qui va découvrir une marionnette et un homme qui lui donne vie. Mais quand on donne vie à un objet, il devient vivant, donc autonome, indépendant, libre… Quand un enfant rencontre un tel petit être, il s’y attache, il veut s’en faire un ami, un compagnon de jeu, un frère…

L’artiste marionnettiste peut-il se séparer de cet autre lui-même sans mourir et disparaître ? Un enfant peut-il comprendre cette délicate filiation entre l’homme et sa marionnette, prolongement de lui ? Le vieil homme et l’enfant peuvent-ils se construire un avenir ensemble ?

Gabrielle Vincent donne toutes les réponses mais chaque lecteur y mettra les siennes car le dessin offre de nombreuses possibilités d’interprétation ce qui fait la grande richesse de cet ouvrage qui dégage une force de récit incroyable ce qui démontre que dans le livre illustré le dessin peut raconter autant si ce n’est plus qu’un texte…

Mais alors se pose une grande question : à qui est destiné ce livre ? Aux enfants ? A leurs parents ? En fait, j’ai l’impression que c’était bien là le dernier des soucis de Gabrielle Vincent qui racontait les histoires qu’elle avait en elle. Chaque lecteur pourra, devra, se réapproprier ce destin humain ! N’est-ce pas un bel exemple de littérature au sens propre du mot : parler à l’homme (l’homo, pas le vir), lui donner les possibilités de pénétrer une vie, de rencontrer son destin à travers une histoire imaginaire mais pétrie d’humanité ?…

Suis-je un marionnettiste ? Un enfant émerveillé ? Un pantin ballotté par le vent dans les mains d’un destin inconnu ? Probablement un peu de tout cela ce qui fait que je n’ai eu aucune difficulté à entrer dans cette histoire que je ne peux que recommander à tous !

Une petite merveille, un bijou à partager entre amis, à offrir à ceux que l’on aime ! Bien sûr, une magnifique lecture estivale à partager… Bonne lecture à tous, puisque l’été c’est fait pour lire !

Fanou03
avatar 15/08/2019 @ 13:58:37

Bien sûr, on la connait pour les histoires d’Ernest et Célestine, mais aujourd’hui, je voudrais rouvrir La petite marionnette… Il s’agit d’une histoire sans texte, sans couleur, sans encrage… On a l’impression d’un récit brut, pur, épuré… Quelques traits de crayons et d’un seul coup des personnages naissent et vivent devant nous, avec nous…


Je confirme: on l'a à la maison, la puissance de l'expressivité de Gabrielle Vincent dans cet album est extraordinaire ! Quelle talent que cette illustratrice !

Shelton
avatar 16/08/2019 @ 06:08:40
Vendredi 16 août 2019

L’été c’est fait pour lire et aussi se souvenir. Or le 16 août 1952, à Toulouse, mourait un historien médiéviste de renon, Joseph Calmette. Oui, je sais bien que beaucoup d’entre vous n’ont jamais entendu son nom, c’est ainsi, le temps efface trop nos mémoires… Alors parlons un peu de ce Joseph Calmette, personnage marquant pour notre région Bourgogne ! Je n’ai pas dit Bourgogne-Franche-Comté car à cette époque on ne parlait que de la Bourgogne… Il est né à Perpignan, mort à Toulouse et tout cela ne nous rapproche pas trop de Dijon… mais, il y fut professeur d’histoire durant quelques années après avoir suivi l’Ecole des chartes ! Sa thèse qui traitait de Louis XI nous rapprochait déjà du duché…

S’il n’existe pas – du moins je n’en ai pas trouvée – de biographie de Joseph Calmette, on peut trouver un long article de François Galabert écrit en 1953 quelques mois après sa mort. J’en cite quelques lignes :

« Son séjour à Dijon a été également l’occasion d’études nombreuses sur la Bourgogne qu’il a poursuivies à Toulouse. Il faut citer d’abord son magistral ouvrage sur Rude, couronné par l’Académie française et qui montre la supériorité de sa critique et de sa culture en matière d’art. Puis c’est L’histoire de Bourgogne en collaboration avec son élève et ami Drouot, son grand ouvrage sur Les Grands Ducs de Bourgogne puis Les grandes heures de Vézelay et son Saint Bernard… »

Oui, l’homme du sud n’aimait pas que la Moyen-âge, il avait adopté la Bourgogne de façon indiscutable. D’ailleurs, son ouvrage Les Grands Ducs de Bourgogne est encore disponible et il est pour moi un véritable ouvrage de référence sur ces grands ducs de Bourgogne, à savoir Philippe le Hardi (fils du roi de France Jean II le Bon), Jean sans Peur, Philippe le Bon et le fameux Charles le Téméraire…

Lire cet ouvrage c’est aussi réaliser que les plus grandes heures de la Bourgogne se sont déroulées avec à la tête du Grand Duché des nobles de la famille royale… Cela montre que la Bourgogne n’était pas si indépendante que cela mais aussi que la France était déjà divisée ce qui se révèlera encore plus au moment du règne des enfants de François II et Catherine de Médicis (Guerres de religion et Ligue).

Cet ouvrage est aussi très pertinent pour mesurer l’erreur historique, politique, régionale (sans compter l’erreur humaine) de ceux qui préconisent le rejet des migrants au nom d’une Bourgogne pure, occidentale et chrétienne (qui n’a probablement jamais existé sous cette forme absolue). Oui, lire l’histoire de notre région c’est indiscutablement la solution idéale pour éviter de dire n’importe quoi et de plonger dans la barbarie stupide et cruelle…

Joseph Calmette a aussi écrit une biographie d’un roi de France, Charles V (publié pour la première fois en 1947 et plus récemment en 1979). Cet ouvrage est d’autant plus important pour nous à cette saison estivale que ce roi très instruit, aimant les livres, a créé la première bibliothèque nationale, la Librairie Royale…

Voici donc un historien à découvrir et comme l’été c’est fait pour lire, belle occasion de lire cet ouvrage sur Les Grands Ducs de Bourgogne ! Et n’oubliez pas après d’aller revisiter la ville de Dijon !

Eric Eliès
avatar 16/08/2019 @ 09:00:40
Vendredi 16 août 2019
(...)
Voici donc un historien à découvrir et comme l’été c’est fait pour lire, belle occasion de lire cet ouvrage sur Les Grands Ducs de Bourgogne ! Et n’oubliez pas après d’aller revisiter la ville de Dijon !


Dijon est une jolie ville mais je crois que c'est le musée qui m'a laissé le plus de souvenirs. La 1ère fois, il y a très longtemps, pour une expo Balthus qui était superbe et, la 2ème fois, pour la frustration de trouver porte (presque) close à cause des travaux de rénovation qui ont duré des années !!! Depuis, j'ai retenu la leçon et je prépare un peu mieux mes voyages... :D

Shelton
avatar 16/08/2019 @ 12:30:36
Et maintenant, le musée entièrement refait est ouvert !!!

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 05:21:30
Samedi 17 août 2019

L’été c’est fait pour lire et ma démarche d’aujourd’hui va en surprendre plus d’un, qui sait en irriter certains, en révolter d’autres et m’attirer moult ennuis ! Qu’importe, quand une idée me traverse l’esprit je tente d’aller au bout… Je suis un grand lecteur de romans policiers, vous le savez bien surtout si vous le suivez depuis longtemps, et je suis aussi catholique même si je n’en fais pas un cheval de bataille quotidien…

Aussi, quand on est d’une vieille famille catholique, il est difficile de ne pas s’amuser quelque peu avec le polar et en faire remonter les origines très loin dans l’histoire de l’humanité, un peu comme si le premier crime, celui d’Abel par son frère Caïn était le premier polar de l’humanité… Encore, qu’a priori, l’enquête ait été assez simple, il n’y avait pas trop de protagonistes…

Il n’en demeure pas moins, que s’il ne s’agissait pas de trouver un coupable, il fallait au moins comprendre les motivations. Dès les origines de l’humanité on pouvait avoir une prédominance du whydunit sur le whodunit… Pourquoi et non qui, mais on est bien dans deux aspects connus et reconnus du polar !

Pour notre crime initial, reconnaissons que le mobile essentiel est la jalousie et que, depuis, de très nombreux romans policiers utilisent de toutes les façons avec des variantes à l’infini, ce sentiment diabolique. A la fois, on est tous jaloux au moins une fois de quelqu’un (donc cela nous concerne un peu), mais en même temps, heureusement, on ne passe pas tous à l’acte (et du coup le roman nous fascine)…

L’Ancien Testament, ouvrage complexe à lire mais qui renferme certaines pépites, regorge d’aventures criminelles ou presque avec trahison, cupidité, jalousie, violence, pouvoir, sexe… Bien sûr, je n’irais pas jusqu’à dire qu’en lisant des polars je prolonge mon expérience biblique mais j’étais bien préparé quand même…

On peut aller beaucoup plus loin… Si dans un polar, le coupable est arrêté, mis hors d’état de nuire, la morale est sauve… Mais si, malencontreusement, ou à cause de la perversité de l’auteur, il échappe à la justice, que faut-il en penser ? Serions-nous en présence d’un roman immoral, diabolique, criminel, antisocial ? Bien sûr, je joue avec vous en disant cela… mais… quand même… non ?

On peut imaginer les choses de façon encore plus abrupte ! Dans un roman policier, l’auteur ou l’autrice est celui ou celle qui a la connaissance. Il ou elle sait qui a tué, pourquoi, comment, avec l’aide qui, où, à quelle heure… ? Et il ou elle va nous initier à cette connaissance en nous délivrant des informations, en stimulant notre raisonnement, notre intelligence… Or, dans la Bible, qui est celle qui incarne la connaissance et qui va pousser l’homme dans la connaissance ? C’est Eve bien sûr ! C’est bien elle qui diaboliquement pousse l’homme vers le savoir… comme l’auteur ou l’autrice de romans policiers distille ce savoir en manipulant le lecteur ! Diabolique machination…

Quant à Jésus lui-même, il aurait pu s’en sortir s’il n’avait pas été, lui-aussi, trahi… par un de ses proches en plus, comme dans les grandes histoires de la Mafia !

Oui, on peut établir de véritables liens entre cette Bible et le roman policier. D’ailleurs, qu’elle est la première phrase de l’évangile de Saint Jean ? Je cite : « Au commencement était la parole et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu »… Je peux interpréter – librement diront certains – que l’auteur pose les mots de départ de l’histoire, qu’il crée l’histoire et donc qu’il est bien le dieu du roman en question…

Voyez, finalement, le roman policier est réellement théologique et spirituel et il est bien évident que les plus à mêmes d’en écrire sont les femmes puisqu’elles sont les premières à mentir dans la Bible !

Poussons donc le bouchon au plus loin, par jeu, bien sûr, mais les femmes britanniques, toujours accompagnées d’un chat noir, sont bien les plus diaboliques pour nous entrainer en enfer… d’où cette envie de mener mes recherches avec elles pour régler tous mes comptes avec le mal ! Pour un peu, je vous dirais bien que ce sont des sorcières mais si vous les brûliez trop tôt, pas de roman… et ce serait trop dur !

Ne prenez rien de tout cela au sérieux, c’était juste un amusement de celui qui sature un peu à force de lire des romans policiers d’autrices britanniques… et qui voulait jouer un peu avec vos nerfs avant de vous proposer un nouveau roman policier à lire puisque l’été c’est fait pour lire… Non ?

Veneziano
avatar 17/08/2019 @ 14:29:30
Outre Malraux, Despentes, le cardinal de Retz, Joseph Kessel, l'été me permet de découvrir de manière plus approfondir l'Antiquité, le monde du bouddhisme et les écrits de Dominique Bona.
Cette saison, je pratique ainsi une forme de cycle de cycles.

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:15:03
Comme je vais partir en villégiature sur les bords de l'Océan, je vais vous mettre quelques chroniques d'avance car je ne suis pas certain d'avoir une connexion régulière et fiable... Mais vous n'êtes pas obligés de tout lire d'un coup, économisez-vous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:16:18
Dimanche 18 août 2019

L’été c’est fait pour lire et la lecture n’est pas seulement un passe temps – comme les réussites de ma grand-mère – c’est aussi une façon de réfléchir à nos vies, à notre société, à notre avenir (ou ce qu’il en reste !)…

Le temps passe très vite, trop vite diront certains mais je n’en suis pas si sûr car si tout allait trop lentement, je pense que l’on finirait bien par s’ennuyer… Bien, donc, le temps passe vite et quand vous tombez sur un ouvrage datant de votre naissance, cela vous permet de mesurer cette vitesse incroyable du changement…

Je ne parle pas là, bien sûr, du changement de logiciel, de nos us et coutumes sur Internet car là ce n’est plus du changement mais de la révolution ! Je ne dis pas d’ailleurs que ce serait bien ou mal, à risque ou pas… je ne fais que constater ! Mais, revenons-en à nos changements dans la société, du moins à l’échelle de ma vie… C’est un peu centré, certes, mais Convenances et Bonnes manières de Berthe Bernage a été édité en 1957, un an après ma naissance et c’est l’ouvrage que j’ai trouvé un jour chez Emmaüs…

Dès l’introduction, le ton est donné, je cite : « guidés, nous l’espérons, par ce livre, vous pourrez prendre ou garder votre place parmi les gens qui, si simple que soit leur origine, savent ce qu’il convient de dire et de faire en chaque circonstance ». Oui, cela était donc destiné surtout à ceux qui devaient fréquenter plus bas qu’eux… Comme cela devait être difficile…

Bon, je me moque un peu mais parfois l’ouvrage énerve, crispe, fait hurler et sourire à la fois… Après tout, c’est bien le reflet d’une époque, celle de ma mère qui, si j’ai tout compris, s’était affranchie, très vite, trop vite aux yeux de certains, de certaines règles qu’elle trouvait ridicules, obsolètes, injustes, liberticides… Oui, maman avait un petit côté rebelle, anarchiste et révolutionnaire, c’est ainsi !

Quelques exemples puisés dans cet ouvrage de référence… Par exemple, parlons du matin…

« Qu’elle exerce un métier ou qu’elle vaque simplement aux soins de la maison, l’activité de la femme commence tôt. Surtout quand il y a des enfants. Il ne faut pas s’en plaindre : le travail matinal est le plus sain, le plus efficace. »

Chez nous, c’est papa qui nous réveillait après avoir préparé le petit-déjeuner. Oui, le partage des tâches existait déjà, heureusement pour maman qui avait peut-être provoqué cette répartition… Dans tous les cas, les femmes n’avaient pas à se plaindre puisqu’elles avaient la chance de profiter de ce travail du petit matin… Quelle chance !

Remarquez que, non seulement la femme doit se lever tôt et travailler, sans se plaindre puisque le travail du matin…, mais, en plus, elle doit bien s’habiller, se laver et se maquiller car : « Et pour le mari, les enfants, c’est si agréable de voir une maitresse de maison correcte et plaisante. »… OK, il n’est pas dit « accueillante et ouverte à toutes les activités »… mais quand même !

Ce qui est surprenant, enfin, pour le lecteur d’aujourd’hui, c’est que cet ouvrage Convenance et Bonnes manières s’adresse directement aux femmes et malheureusement pas à toute la société…

Si je devais commenter tout l’ouvrage, il me faudrait écrire un ouvrage de la taille identique ou presque car presque toutes les rubriques appellent commentaires, explications et contre-mesures… Néanmoins, un des aspects de ce livre est pour moi à méditer même s’il mériterait d’être entièrement réécrit à la lumière de ce qu’est le monde aujourd’hui. C’est celui qui traite du deuil, de la mort, des funérailles… En effet, aujourd’hui le thème est tabou et quand la mort survient – et elle finit toujours par survenir – on est très désemparé… Combien de personnes ai-je vues ne sachant pas comment se comporter dans ces situations… Néanmoins, là, tout est fortement marqué par un catholicisme ambiant et social qui n’est plus de mise…

Bref, je ne vais pas réellement vous conseiller d’acheter et lire ce guide d’une autre époque, mais, si par hasard, lors d’une brocante, d’un vide-grenier ou d’une foire aux puces, d’une visite dans un village du livre – cette année c’est les vingt ans de Cuisery en Bourgogne – ou tout simplement lors d’un passage chez un bouquiniste, vous trouvez ce type d’ouvrage n’hésitez pas à feuilleter ou acheter si le prix est modique car c’est très instructif de voir d’où on vient… Cela peut nous aider pour améliorer la société dans laquelle nous vivons… et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture à tous !

Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:17:05
Lundi 19 août 2019

L’été c’est fait pour lire, se souvenir aussi et parfois les lectures nous aident bien dans ce travail de mémoire… En 1979 était réédité un ouvrage d’André Glucksmann, Le discours de la guerre. C’était il y a donc 40 ans et je me souviens l’avoir acheté – ou fait offrir pour être plus exact – dès sa sortie. Mon père m’avait bien mis en garde contre ces Nouveaux philosophes, mon grand-père m’en avait offert des ouvrages, je lisais énormément ces Clavel, Glucksmann, Lévy et autres Lardreau… J’étais aussi assidu d’autres penseurs, plus anciens, que j’étudiais quotidiennement comme Barthes, Foucault et Althusser…. Mais comme un étudiant d’une vingtaine d’années, je n’entrais pas dans le débat de fond qui, pourtant, allait secouer les milieux intellectuels français à cette époque : fallait-il brûler les nouveaux philosophes ?

Aujourd’hui, bien sûr, c’est facile pour ne pas dire plus, de critiquer abondement Bernard-Henri Lévy mais aussi tous les penseurs marxistes de cette époque. Ils ont tous eu tort ! Les Soviétiques, les Communistes européens, les Chinois, les Cubains, les Khmers… Tous à brûler !

Seulement, bien souvent, à quelques exceptions près, ces gens qui crient au bûcher ne nous ont rien donné à penser, à réfléchir, à construire… Un peu plus tard, au moment où le Mur tombait, ils nous annonçaient simplement la victoire du capitalisme, du libéralisme, la fin de l’histoire… Alors, comme tout cela s’est avéré faux, complètement faux et dangereux pour l’humanité, je pense qu’il n’est pas sot de se repencher sur cette époque de rupture, pour la comprendre, pour voir comment de grands penseurs ont tenté de nous donner des outils de compréhension, comment ils ont pu se tromper et pourquoi… Bref, rouvrons un peu ce dossier… « Faut-il brûler les Nouveaux philosophes ? » est un dossier de Sylvie Bouscasse et Denis Bourgeois qui date de 1978… C’est à lire ou relire…

En fait, si on veut remonter aux origines de ce grand débat, il faut comprendre qu’après les évènements de Budapest (1956), la Révolution culturelle de Mao (1966) et de Prague (1968), un certain nombre de communistes, marxistes et autres révolutionnaires ont eu des doutes sur le bienfondé du marxisme qui semblait systématiquement aboutir à des dictatures cruelles… En 1973, la Gauche prolétarienne s’auto dissout. Deux tendances apparaissent : Glucksmann veut dénoncer le marxisme et ouvrir une réflexion de fond sur le totalitarisme et Badiou qui ne veut rien remettre en cause allant jusqu’à dire que la notion de démocratie était un concept du libéralisme pour nous faire sortir de force du marxisme… Je résume, bien sûr, mais à partir de là les ouvrages vont se multiplier et le gouffre va s’élargir entre les deux courants de pensée…

Avec Maurice Clavel, Lacan, Jambet, Lardreau et d’autres, on va avoir la création d’une pensée qui va allier christianisme, humanisme, mouvement social et lutte contre le totalitarisme… Et je vous avoue que c’est bien là que je me suis retrouvé…

Mais le débat fait rage, il est presque violent dans cette année 1977 où on voit les grands penseurs d’une époque prendre tous partie : Michel Foucault, Roland Barthe, Gilles Deleuze, Philippe Sollers… Je lis toutes les réactions, c’est une véritable effervescence intellectuelle qui peut en amuser plus d’un aujourd’hui mais ce fut une période jubilatoire pour moi…

Le 27 mai 1977, l’émission Apostrophe de Bernard Pivot va être consacrée au sujet avec comme invités : Bernard-Henri Lévy, André Glucksmann et Maurice Clavel d’un côté et François Aubral et Xavier Delcourt de l’autre… Le grand maitre télévisuel pose la question : Les nouveaux philosophes sont-ils de droite ou de gauche ?

Mais, pour moi, cette question est réductrice. Pourquoi toujours retomber dans la politique politicienne alors que le penseur devrait prendre de la hauteur, être au-dessus d’un tel débat… Peut importe aujourd’hui, des ouvrages restent et certains sont à lire et relire. Nous prendrons le temps d’en relire un ou deux de chacun de ces penseurs – nouveaux philosophes et contradicteurs – dès cet été mais aussi plus tard car tout cela mérite de prendre son temps… D’ailleurs, cela rejoint la question déjà posée ici : ils sont où les penseurs d’aujourd’hui ?

S’il ne fallait garder qu’un seul ouvrage de cet époque à relire tout de suite, dès cet été puisque l’été c’est fait pour lire, je garderais Ce que je crois de Maurice Clavel car il représente beaucoup pour moi y compris un lien certain avec mon grand-père… Donc c’est totalement subjectif, mais c’est ainsi !

Bonne lecture à tous !


Shelton
avatar 17/08/2019 @ 17:17:50
Mardi 20 août 2019

L’été c’est fait pour lire mais rien de tel qu’un petit passage dans la poésie, le rêve et le conte pour profiter avec bonheur de ces journées estivales, surtout quand elles correspondent aux journées de vacances… Oui, il faut bien, de temps en temps, prendre quelques jours de repos ce qui ne signifie pas d’ailleurs se déplacer… Un bon livre fait voyager aussi, non ?

Pourquoi avoir choisi La suite de Cendrillon, un des contes posthumes de Guillaume Apollinaire ? Tout simplement parce que j’ai moi-même, une fois, écrit une petite suite à Blanche-Neige et que je trouve amusant de vouloir prolonger une histoire écrite par un autre… On dit que Blanche-Neige est partie avec son prince charmant, je préférais imaginer qu’elle était amoureuse en secret depuis le départ d’un des nains… Donc, l’idée de s’interroger sur ce que devenaient l’équipage du carrosse de Cendrillon, celui qui redevenait citrouille à minuit passé, me séduisait beaucoup… d’autant plus qu’il ne s’agissait pas de laisser le cochet redevenir rat et les laquais lézards…

J’étais aussi attiré par le fait qu’il s’agissait d’une version illustrée par Nathalie Trovato, une artiste de la région niçoise que je ne connaissais pas du tout et qui a très peu produit, du moins dans le domaine de l’édition.

Enfin, disons que j’aime beaucoup certaines poésies de Guillaume Apollinaire, en particulier celles consacrée à Lou, sa muse et son amour déçu… Donc, j’avais plein de bonnes raisons pour découvrir ce qu’allaient devenir ce rat et ces six lézards de Cendrillon…

Certes, je ne vais pas vous raconter ce qu’ils deviennent car le texte de Guillaume Apollinaire est bien meilleur et précis, je ne vais que vous dire que l’on a bien retrouvé traces des pantoufles de vair de cendrillon, elles sont exposées dans un musée américain et indiquées comme des vide-poches en les datant du XIX° siècle, ce qui, bien sûr, est une erreur car elles ont été créées au XVII° siècle par une bonne fée… mais que voulez-vous les américains ne sont pas experts en contes de fées !

Quant aux illustrations de Nathalie Trovato elles sont minimalistes, dynamiques et surprenantes. Je trouve qu’elles accompagnent parfaitement le texte de Guillaume Apollinaire et qu’elles ont quelque chose d’une époque passée, d’un surréalisme naissant, d’un autre temps ce qui rend cet ouvrage un vintage…

Comme l’été c’est fait pour lire et que vous n’arriverez peut-être pas à trouver ce conte illustré, je vous propose de lire ou relire certains beaux textes de ce poète mort de la grippe espagnole alors qu’il venait de survivre à la Grande Guerre…

« Si je mourais là-bas sur le front de l'armée
Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée
Et puis mon souvenir s'éteindrait comme meurt
Un obus éclatant sur le front de l'armée
Un bel obus semblable aux mimosas en fleur… »

Bonne lecture à tous !

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