Saint Jean-Baptiste 19/02/2016 @ 17:02:36



Je t'en prie SJB.

... Si, lors d'une des guerres mondiales, un Franco-Allemand œuvrait contre les intérêts de la France,
Je crois bien qu'en Belgique la déchéance de nationalité s'est appliquée après 40/45, pour les inciviques belge et pas seulement pour les belgo-allemands.
Ils ont perdu leur nationalité et leurs droits, suivant une sanction civile qui ne peut faire l'objet ni d'une réhabilitation ni d'une grâce. Donc c'est une sanction à perpétuité.
Je ne sais pas si c'est la même chose en France mais, apparemment, non.

SpaceCadet
avatar 19/02/2016 @ 17:22:39
Le dernier article de janvier 2016 sur la transexualité en Argentine met en évidence ce qui est une révolution dans la conception de l'humanité : l'homme n'est plus une créature voulue par le Créateur et soumise à ses lois. Il devient son maître sans foi ni loi : il peut décider de sa vie, de sa mort, de son sexe, de son partenaire conjugal, de la vie et de la mort de sa progéniture... et, à mon avis, ce n'est qu'un début. Pour le meilleur ou pour le pire, c'est selon...


Cet article m'est plutôt apparu comme mettant en relief la question de l'état civil. Si l'on se fie à ce que dit cet article, il semble que l'Argentine permette à ses citoyens de modifier leur état civil sur simple demande. Or, il me semble que si l'on peut changer son identité quand on veut et comme on le désire, la valeur de l'état civil risque d'en prendre pour son compte.

Bolcho
avatar 10/03/2016 @ 16:45:36
Le "Monde Diplo" de mars 2016


1. Dossier : fin de cycle pour la social-démocratie : « Le temps des colères », Serge Halimi

L'impopularité persistante des dirigeants socialistes français ne relève pas d’une exception nationale qu’on pourrait imputer à de mauvais chiffres de l’emploi ou au reniement méthodique des principaux idéaux de la gauche. L’épuisement d’un cycle idéologique incarné il y a vingt ans par la « troisième voie » de MM. William Clinton, Anthony Blair, Felipe González, Dominique Strauss-Kahn, Gerhard Schröder s’observe aussi aux Etats-Unis et dans la plupart des pays européens.
Cette déroute social-démocrate s’accompagne depuis peu de la renaissance d’un courant contestataire dont on prétendait les idées dépassées, archaïques, balayées par la mondialisation, la flexibilité, les nouvelles technologies. Cette gauche décomplexée dispose dorénavant de relais politiques. Et elle ose parfois désigner ses ennemis : la mainmise du capital sur les moyens de production le pouvoir des médias, la surpuissance de la finance.
Décidément, les sociaux-libéraux n’ont pas de chance : coup sur coup, émergent MM. Jeremy Corbyn — au Royaume-Uni — et Bernie Sanders — aux Etats-Unis. Mobilisant une fraction appréciable de la jeunesse de leurs pays, ils réhabilitent à la fois le combat politique et certaines des aspirations anticapitalistes que la « troisième voie » avait espéré enterrer.A cette déception s’en ajoute une autre. Jamais les sociaux-libéraux n’avaient capitulé aussi totalement, aussi irrévocablement, devant les desiderata du patronat, avec l’illusion d’en obtenir en retour la création de quelques emplois et un nouveau bail sur le pouvoir. Echec, là encore : le patronat empoche et la conjoncture se dégrade. Affaiblir les syndicats, démanteler le code du travail devaient libérer l’esprit d’entreprise et permettre la flexibilité. Deux économistes du Fonds monétaire international (FMI) ont récemment admis que le résultat de cette politique — longtemps défendue par le FMI — a surtout été de creuser les inégalités.
L’inégalité, ce n’est pas un mal, rétorquent néanmoins certains libéraux pour qui la « dispersion des revenus » encourage l’initiative, l’innovation, le risque, l’emploi. « Les jeunes Français doivent avoir envie de devenir milliardaires », a lancé un jour le ministre de l’économie français, M. Emmanuel Macron, reprenant ainsi à son compte la vieille antienne reaganienne d’une « marée montante qui soulève tous les bateaux ».
Eh bien, pas de chance là non plus. L’an dernier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a calculé que l’enrichissement des plus riches (un groupe qui compte au moins autant d’intermédiaires parasites que de « patrons entreprenants ») avait compromis « la croissance économique à long terme » là où, au contraire, une amélioration des revenus des plus pauvres l’aurait accélérée.
Enfin, avaient recommandé Ronald Reagan puis François Mitterrand, il fallait réduire les impôts pour relancer l’économie. Revendiquée solennellement par M. Hollande lors de sa conférence de presse du 13 novembre 2012, cette « politique de l’offre » devait par surcroît favoriser le rétablissement des comptes publics. Las, l’hebdomadaire britannique The Economist, bible du libéralisme mondial, vient de concéder que « les prévisions selon lesquelles la réduction des impôts générerait assez de croissance pour être autofinancée semblent un peu irresponsables aujourd’hui ».
Rien de tout cela, on le devine, ne dissuade les candidats de droite aux prochaines élections de doubler la mise. Pourquoi s’en priveraient-ils, en France, dès lors que M. Hollande ne cesse lui aussi de gaver les chefs d’entreprise de friandises ? M. Nicolas Sarkozy envisage un « contre-choc fiscal » qui comprendrait à la fois une baisse de 10 % de l’impôt sur le revenu et l’élimination de celui sur la fortune (ISF). MM. François Fillon et Alain Juppé endossent cette dernière proposition, tout comme celle d’une baisse massive des dépenses publiques, en dépit d’un chômage extrêmement élevé, de besoins d’équipement criants. Pour atteindre leur objectif, ils suggèrent de supprimer des emplois de fonctionnaires, de réduire les allocations versées aux chômeurs et de ne plus rembourser certaines dépenses médicales des étrangers.
N’en déplaise à ceux qui ont cru M. Hollande en 2012, le « monde de la finance » n’a jamais trouvé de « véritable adversaire » au sommet de l’Etat, mais plutôt des hommes empressés à le servir. Nul besoin en effet que la droite soit au pouvoir pour que ceux-ci contrôlent les ministères-clés (M. Macron). Des banques ou des fonds spéculatifs recrutent par ailleurs d’anciens dirigeants socialistes dans leurs conseils d’administration (MM. Blair, Schröder, Strauss-Kahn), sans négliger pour autant de financer les campagnes de candidats démocrates. Comme celle de Mme Hillary Clinton en ce moment.
Les connivences entre anciens socialistes et nouveaux riches se remarquent davantage, irritent les populations qui en subissent les conséquences, et se paient. Cette impatience, ce désir d’en découdre avec une « gauche » qui a capitulé sur à peu près tout se retrouvent en Europe. En Espagne, le Parti socialiste, discrédité par ses baronnies locales et par les scandales de corruption, vient d’enregistrer le plus mauvais résultat de son histoire pendant que les contestataires de Podemos déboulaient sur la scène sociale et politique. En Grande-Bretagne, l’élection de M. Corbyn a démontré le désir de préserver l’identité travailliste d’une formation qui s’en était presque totalement détachée. Il est plus soucieux d’infléchir radicalement les termes du débat politique dans son pays que de gagner les prochaines élections à tout prix.
Entre les gouvernants et la gauche, le divorce est consommé. Il s’observe dans les urnes, il s’observe dans la rue.
Et l’amoncellement de reniements qui marque dans presque tous les domaines la fin de mandat du président français en acquiert presque une valeur pédagogique. Car chacun imagine déjà le sentiment de désespoir qui glacerait le pays au lendemain d’une éventuelle réélection de M. Hollande, ou d’une revanche de M. Sarkozy.
Dans une telle configuration d’ensemble, la prise de risque devient tentante, à moins d’en réserver l’initiative et l’avantage à la droite extrême.

2. Dossier : fin de cycle pour la social-démocratie : « Pour la république sociale », Frédéric Lordon, économiste et philosophe

La « social-démocratie » est entrée, en France comme ailleurs dans le monde, dans sa phase de décomposition terminale. Le gouvernement actuel ne s’est-il pas encore donné suffisamment de peine pour que nul n’ignore plus qu’il est de droite ? Le parti de droite socialiste, vidé de toute substance, ne tient plus que par ses murs — mais jusqu’à quand ?
La seule chose dont nous pouvons être sûrs, c’est qu’aucune alternative réelle ne peut naître du jeu ordinaire des institutions de la Ve République. La simagrée constitutionnelle ne mérite pas une minute de peine ; on ne sait que trop comment elle est vouée à finir : en divertissement pour éditorialistes et en consolidation de la capture parlementaire. La tare européenne par excellence n’est-elle pas, par exemple, d’avoir constitutionnalisé les politiques économiques à propos desquelles il n’y a par conséquent… plus rien à délibérer ? Il n’est pas une Constitution qui ne dissimule dans ses replis une idée très arrêtée de la société qu’elle organise. C’est peu dire que la Constitution de la Ve République a la sienne — la même, en fait, que celle des quatre républiques qui l’ont précédée.
Liberté ? Celle du capital. Egalité ? Limitée à l’isoloir. Fraternité ? Le mot creux dont on est sûr qu’il n’engage à rien. Alors quoi vraiment ? Propriété. Le talisman caché de nos républiques successives, toutes déclinaisons d’une même république dont il va falloir donner le vrai nom, non pas la République tout court, mais la république bourgeoise, ce talisman caché, donc, c’est le droit des propriétaires des moyens de production. La République, c’est l’armature constitutionnelle de l’empire du capital sur la société.
Car, mis à part la coercition directe du servage, a-t-on vu emprise plus puissante sur l’existence matérielle des gens, donc sur leur existence tout court, que l’emploi salarié comme point de passage obligé de la simple survie, l’emploi dont les propriétaires des moyens de production, précisément, ont le monopole de l’offre, et qu’ils n’accordent qu’à leurs conditions ?
on ne peut pas prononcer l’égalité des hommes et bénir leur maintien par le capital dans le dernier état de servitude. La république sociale, c’est la démocratie générale, la démocratie partout, et pas seulement comme convocation à voter tous les cinq ans… puis comme invitation à se rendormir aussitôt. L’égalité démocratique, c’est la détestation de l’arbitraire qui soumet un homme aux desiderata souverains d’un autre, par exemple : tu travailleras ici, et puis non, en fait là ; tu feras ce qu’on te dira et comme on te le dira ; il est possible aussi qu’on n’ait plus besoin de toi ; si c’est embêtant pour toi, c’est surtout ton affaire, et pas la nôtre. Tu nous obéiras pour une simple et bonne raison : c’est que tu vivras dans la peur.
Le petit nombre qui, par exemple dans l’entreprise, soumet unilatéralement tous les autres à ses règles, c’est tout ce qu’on veut sauf la démocratie. Mais au fait, comment appelle-t-on un système qui marche non à la délibération mais à l’obéissance et à la peur, sinon « la dictature » ? Un « démocrate » en conviendrait immédiatement, l’observant dans la sphère politique. Mais la chose lui semble ne plus faire aucun problème sitôt passé le seuil du lieu de travail. Hors la pantomime quinquennale, toute la vie concrète des gens soit demeurée dans une forme maquillée d’Ancien Régime où certains décident et d’autres se soumettent ?
Dans une république complète, rien ne peut justifier que la propriété financière des moyens de production (puisque, bien sûr, c’est de cette propriété-là seulement qu’il est question) soit un pouvoir — nécessairement dictatorial — sur la vie. Disons les choses plus directement encore : ce qu’il appartient à la Constitution d’une république sociale de prononcer, c’est l’abolition de la propriété lucrative. Les moyens de production n’« appartiennent » qu’à ceux qui s’en servent.
La république sociale, c’est la démocratie totale.
En passant, il faudrait demander à la « primaire à gauche » si elle a seulement… une définition de la gauche — et il y aurait sans doute de quoi rire longtemps.
Comme tout ce qui s’est jusqu’ici opposé à la souveraineté propriétaire, et a fortiori comme tout ce qui se proposerait d’y mettre un terme pour de bon, la république sociale et la démocratie totale ne seront offertes qu’à une conquête de haute lutte.

3. Dossier : fin de cycle pour la social-démocratie : « Les démocrates américains envoûtés par la Silicon Valley », Thomas Frank, journaliste et écrivain

Depuis 2008, les inégalités sociales n’ont cessé de se creuser aux Etats-Unis. Car, bien qu’elle se vante d’avoir fait baisser le chômage, l’administration Obama s’est moins préoccupée du sort des travailleurs pauvres que du confort des innovateurs de la Silicon Valley.
Dans son discours sur l’état de l’Union de 2011, le président Barack Obama évoquait avec éloquence le fardeau supporté par les travailleurs du pays, ces Américains sans diplôme qui avaient autrefois pu disposer d’un emploi à vie et qui désormais payaient au prix fort la note de la désindustrialisation : villes délabrées, existences en ruine et salaires faméliques.
Logiquement, à ce stade du discours, on aurait attendu de son auteur qu’il détaille ce qu’il comptait entreprendre pour remédier à pareil désastre — lancer un programme d’emplois aidés, par exemple, ou un dispositif contre les délocalisations. Au lieu de quoi le président expliqua aux travailleurs qu’il ne pouvait rien faire pour eux : « Alors, oui, le monde a changé. La compétition pour l’emploi est une réalité. » Le sort qu’on leur avait infligé se résumait à cela : une « réalité », c’est-à-dire une chose à laquelle il serait déraisonnable de ne pas se soumettre.
« Le premier pas à franchir pour conquérir l’avenir, annonçait Obama, c’est d’encourager l’innovation américaine. » Sur ce point, nulle trace chez lui de fatalisme ou de résignation : il s’agissait de subventionner copieusement les entrepreneurs innovants. La place naguère occupée dans l’imaginaire démocrate par la finance est ainsi peu à peu revenue à la Silicon Valley, une autre industrie « créative » dont les milliards de dollars de profits n’aspiraient qu’à arroser les campagnes électorales.
La proximité de l’administration américaine avec la Silicon Valley n’a jamais soulevé de polémiques comparables, même de loin, à celles déclenchées par ses connivences antérieures avec Wall Street. Comme si les mastodontes des nouvelles technologies étaient de dévoués serviteurs de la démocratie...
L’histoire a rendu son verdict en élevant le secteur des nouvelles technologies très au-dessus de tous les autres, et avec lui les démocrates, positionnés depuis belle lurette dans le camp des gagnants du monde moderne.
Quand ils chantent les louanges de ce secteur, arrive fatalement le moment où ils se réfèrent à Google. M. Obama raconte avec enthousiasme son pèlerinage au siège de la compagnie lorsqu’il était sénateur. Une fois président, il a continué de citer Google dans la moitié de ses discours sur l’état de l’Union. Et M. Eric Schmidt, ancien président-directeur général (PDG) et actuel président du conseil de surveillance de Google, a par exemple siégé au Transition Economic Advisory Board (TEAB) du président et paradé à la tribune avec lui et ses principaux conseillers économiques trois jours après la victoire électorale de 2008. Durant la campagne de 2012, c’est encore lui qui a conseillé le candidat démocrate sur sa stratégie relative aux données de masse. Le 137e homme le plus riche du monde — selon le classement 2015 de Forbes — est le milliardaire préféré du centre gauche américain.
Invité en 2014 au festival des médias interactifs South by Southwest, M. Schmidt s’est offert le luxe de déplorer les inégalités abyssales qui se creusent dans des villes comme San Francisco. Sans surprise, la solution qu’il a préconisée ne consistait pas à réduire les inégalités, mais à « créer plus de start-up à croissance rapide », l’innovation étant le remède exclusif à tous les maux.
Quant à M. Plouffe, le mythique ex-directeur de campagne de M. Obama, il se consacre désormais à vendre l’application Uber de la même façon qu’il vendait le champion démocrate : comme une solution à la récession. Puisqu’il permet à tout un chacun de gagner sa croûte au volant de sa voiture.
Or nombre d’innovations entrepreneuriales unanimement célébrées ne sont en réalité que des instruments conçus pour contourner les règles économiques et sociales de nos sociétés. Uber en fournit l’exemple le plus évident : la majeure partie de ses gains proviennent non pas de son savoir-faire en matière de location de véhicules avec chauffeur, mais de la manière dont il échappe à la réglementation locale et nationale appliquée à l’industrie des taxis, notamment en matière de sécurité et d’assurances. Et, de même qu’Airbnb autorise prestataires et clients à ignorer les lois auxquelles est soumise l’hôtellerie conventionnelle, Amazon permet à la plupart de ses consommateurs de se soustraire aux taxes sur la valeur ajoutée.
On ne saurait rêver meilleure initiation à l’« économie du partage », ainsi appelée parce que le travailleur utilise sa propre voiture, son propre logement ou son propre ordinateur, au grand bénéfice de l’employeur. Cette économie a fourni l’une des sources d’emplois les plus fastueuses des années Obama. Le succès de la formule tient à la facilité avec laquelle n’importe qui peut s’enregistrer auprès d’une compagnie de prétendu « partage » et se rendre corvéable à merci, à la façon d’un intérimaire. L'affaire relève d’un modèle d’exploitation de la main-d’œuvre parmi les plus nocifs et asymétriques de ces dernières décennies.
Le PDG d’une compagnie de financement participatif baptisée Crowd Flower expose en ces termes la recette miracle : « Avant Internet, il aurait été difficile de trouver quelqu’un qui bosserait pour vous pendant dix minutes, puis de le virer au terme de ces dix minutes. Mais, grâce à la technologie, vous pouvez réellement trouver cette personne, lui verser une petite somme et ensuite vous en débarrasser quand vous n’en avez plus besoin. » On ne s’étonnera pas que le PDG qui a prononcé ces paroles — un jeune gentleman du nom de Lukas Biewald — soit un donateur de M. Obama.
Tout s’est fait avec l’accord du pouvoir politique fédéral ou des Etats, voire en leur sein même.
Pour nombre de démocrates, pas question de contrarier les « innovateurs ». Ne dirigent-ils pas des industries propres et vertueuses, des industries du savoir, de surcroît installées pour la plupart dans des Etats acquis à la cause du parti ? Ces entrepreneurs représentent la classe cultivée, la classe créative. Ils sont l’avenir, c’est-à-dire ce avec quoi on ne se fâche pas.
Comme le fait remarquer l’ancien ministre du travail Robert Reich, ces évolutions forment « le point culminant d’un processus lancé il y a trente ans, quand les grandes entreprises ont commencé à transformer les salariés à plein temps en travailleurs intérimaires, en sous-traitants, en indépendants et en consultants ».

4. « Le carburant social de la droite polonaise », Cédric Gouverneur, journaliste
Vainqueur des élections d’octobre 2015, le parti conservateur polonais Droit et justice (PiS) multiplie les démonstrations d’autoritarisme. La Commission européenne a lancé en janvier une « procédure de sauvegarde de l’Etat de droit ».
Le conservatisme n’est pas la seule motivation des électeurs du PiS. Ils se recrutent dans la Pologne du déclassement et de la précarité, celle qui se cache derrière les bons indices macro-économiques. La Pologne des petites gens qui ont pâti des réformes ultralibérales et n’ont souvent de choix qu’entre un « contrat-poubelle » à 200 euros et l’émigration. La Pologne spécialisée dans la sous-traitance de produits bas de gamme pour les grands groupes européens, notamment allemands. La Pologne des retraites à moins de 300 euros par mois. Nationaliste, clérical, protectionniste et xénophobe, le PiS a su attirer tous ces déçus par un ambitieux programme social : une allocation mensuelle de 500 złotys (115 euros) par enfant, financée par la taxation des banques et des grandes surfaces ; un salaire minimum horaire ; et même le retour à la retraite à 60 ans pour les femmes et à 65 ans pour les hommes, alors que les libéraux comptaient la porter à 67 ans.
Politiste, professeur à l’université de Varsovie, Radosław Markowski a étudié l’évolution du PiS : « Lorsqu’ils étaient au pouvoir entre 2005 et 2007, ils étaient conservateurs, mais libéraux sur le plan économique. Ils sont devenus de plus en plus populistes, xénophobes et eurosceptiques ; un nationalisme catholique, agrémenté d’un programme socialisant. » Les électeurs du parti sont les catholiques pratiquants qui font l'expérience de la propagande politique à l'église, et les gens modestes attirés par le programme social du parti.
M. Robert Piaty, 33 ans, a beau avoir étudié la science politique, il enchaîne les « contrats-poubelle ». Actuellement, il travaille à Katowice dans un centre d’appels pour 1 400 złotys par mois, soit 320 euros. « La moitié de mes amis sont partis en Angleterre. Moi-même, j’y ai vécu six mois ; je gagnais 1 200 euros par mois. » Il appartient au syndicat Sierpien 80 (« Août 1980 », en référence à la grève de Solidarność) et vote pour le parti de gauche Ensemble (3,6 % des suffrages), qui se veut le Podemos polonais. Mais il comprend que de jeunes précaires votent pour le PiS, dans l’espoir de bénéficier de son programme social.
Depuis la mi-décembre 2015, plusieurs dizaines de milliers de Polonais ont manifesté à l’appel du Comité de défense de la démocratie (KOD).
Le KOD a un autre souci que l’apathie des jeunes ou leur vote en faveur de la droite et des populistes : sa difficulté à séduire hors des milieux libéraux. Aucun des électeurs de gauche rencontrés ne souhaite participer à ses manifestations.
Militante féministe de Varsovie, Mme Ania Zawadzka refuse de rallier le KOD : « L’intelligentsia libérale est responsable de la situation, tranche-t-elle. Ils ont refusé d’assouplir le droit à l’avortement pour ne pas froisser l’Eglise. Ils ont fait de la Pologne un pays ultralibéral, multiplié les lois contre les travailleurs, méprisé et marginalisé les pauvres. A cause d’eux, le peuple a basculé à droite. »
M. Karol Guzikiewicz, lui, avait 16 ans lorsque, apprenti mécanicien, il a participé à la grève historique de Gdańsk aux côtés de Lech Wałęsa en 1980. Devenu vice-président de Solidarność aux chantiers navals, il milite désormais au PiS : « A cause des libéraux, les lois du travail en Pologne sont les pires d’Europe. Alors, oui, je milite au PiS depuis 2008. J’ai rejoint ce parti parce que son programme social était proche de celui de Solidarność. » Et tant pis si son ancien mentor, le Prix Nobel de la paix Wałęsa, a déclaré le 23 décembre, dans une interview à Radio ZET, que le nouveau gouvernement agissait « contre la démocratie, la liberté » et « ridiculisait la Pologne dans le monde ».
A Gdańsk, nous rencontrons l’ancien dissident Stefan Adamski, qui rédigeait en 1980 le bulletin clandestin de Solidarność :  « Solidarność n’était pas partisan du capitalisme, précise-t-il. Le syndicat demandait au régime communiste le respect des droits des travailleurs. Le PiS ne remet pas en cause le capitalisme : il promet seulement de le rendre plus solidaire. »

5. « Bâillonner la gauche : Israël à l'heure de l'Inquisition », Charles Enderlin, journaliste et écrivain
Un projet de loi approuvé par M. Benyamin Netanyahou entend imposer de nouvelles exigences de transparence aux associations israéliennes. Ce texte qui vise à pénaliser les organisations opposées à la politique du gouvernement s’inscrit dans le climat délétère d’une chasse aux sorcières orchestrée par les partis favorables à la colonisation.
Pas une semaine ne passe sans que la droite et l’extrême droite israéliennes prétendent débusquer de nouveaux traîtres qui le seraient en raison de leur opposition à l’occupation des territoires palestiniens, ou seulement parce qu’ils défendent la démocratie. Dans cette même logique, l’Europe, qui soutient la solution à deux Etats, serait donc hostile à Israël et complice du terrorisme.
Et ont a franchi un autre palier en dénonçant comme « taupes » gauchistes certains des principaux écrivains et artistes du pays. La ministre de la culture, Mme Miri Regev, a les artistes de gauche dans le collimateur. En témoigne son projet de loi sur le « loyalisme culturel » : ce texte entend interdire le versement de subventions à tout artiste qui porterait atteinte aux symboles de l’Etat, soutiendrait le terrorisme ou s’opposerait à l’existence d’Israël comme Etat juif et démocratique. Cela lui vaut le soutien de 59 % des Juifs israéliens, selon un sondage de l’Israel Democracy Institute.
A la tête du gouvernement depuis sept ans, M. Netanyahou est, lui, persuadé qu’il mène le pays dans la bonne direction et maintient vaille que vaille le cap à droite, tant sur le plan économique et social que face aux Palestiniens et à ses adversaires politiques. Il explique que la gauche a « une prédisposition à absorber les arguments de la propagande arabe fondée sur le principe des “droits inaliénables du peuple palestinien”, débouchant sur la création d’un Etat palestinien aux côtés d’un Israël diminué. Ce syndrome provient de la maladie chronique qui affecte le peuple juif depuis le début du XXe siècle : le marxisme qui imprègne les mouvements juifs de gauche, d’extrême gauche et communistes en Europe de l’Est ».
Ce n’est qu’après sa quatrième victoire électorale en vingt ans que M. Netanyahou a pu, le 14 mai 2015, former une coalition à son goût. Libéré de la nécessité d’y intégrer des éléments centristes ou travaillistes, il peut désormais diriger le pays comme il l’entend. Chef du gouvernement, il conserve les portefeuilles de l’économie, de la communication et des affaires étrangères, où il a nommé Mme Tzipi Hotovely ministre déléguée. Députée du Likoud, proche du sionisme religieux, cette dernière est farouchement opposée à la création d’un Etat palestinien. C’est donc en toute connaissance de cause que M. Netanyahou l’a envoyée diffuser le message de son gouvernement à la « communauté internationale » : la Cisjordanie n’est pas occupée, mais fait partie intégrante de la « terre d’Israël ». Le jour de son entrée en fonctions, elle a exposé son credo devant un aréopage de diplomates et de hauts fonctionnaires de son ministère : « Il est important de répéter que cette terre nous appartient. Elle est entièrement à nous. (...) ». Et de citer Rachi, un talmudiste du XIe siècle : « C’est par sa volonté que [Dieu] donna Canaan aux sept peuples, et c’est par sa volonté qu’il la leur reprit et nous la donna... ».
La gauche qui est en perte de vitesse, comme le constate la professeure Tamar Hermann : « Au début des années 1990, on pouvait encore parler de deux camps qui s’affrontaient. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Je ne parle plus de “gauche”, mais des 20 % de la population juive adulte qui forment le groupe laïque, urbain, cultivé, universaliste, de sensibilité libérale ». L’universitaire rappelle aussi que, en 2009 déjà, l’analyse sociologique montrait que plus de 51 % des Israéliens juifs croyaient en la venue du Messie. Parmi eux, des religieux, mais aussi des traditionalistes et des séculiers. Une plus forte majorité (67 %) estime que le peuple juif est le peuple élu. Cinq ans plus tard, le camp nationaliste religieux s’était encore renforcé, puisque 22 % de la population juive s’identifiait à ses valeurs.
M. Netanyahou entend faire adopter un projet de loi constitutionnelle qui redéfinit Israël comme l’Etat-nation du peuple juif et prévoit que le législateur s’inspire des principes du judaïsme. Le régime y serait défini comme démocratique, mais seuls les Juifs y auraient des droits collectifs. La campagne orchestrée contre la gauche par le gouvernement, et par la droite, pose donc la question de l’avenir de la démocratie en Israël. Une question qui concerne aussi les communautés juives à l’étranger, où la plupart des intellectuels gardent un silence assourdissant sur cette évolution.

Martin1

avatar 12/03/2016 @ 22:40:11

Nationaliste, clérical, protectionniste et xénophobe, le PiS a su attirer tous ces déçus par un ambitieux programme social :.


Je ne sais pas pour qui je voterai en 2017, mais j'espère qu'il sera traité de xénophobe, sinon c'est un pitre.

Saule

avatar 13/03/2016 @ 08:49:12
C'est un article intéressant. Je cite : "La Pologne des petites gens qui ont pâti des réformes ultralibérales et n’ont souvent de choix qu’entre un « contrat-poubelle » à 200 euros et l’émigration. La Pologne spécialisée dans la sous-traitance de produits bas de gamme pour les grands groupes européens, notamment allemands. La Pologne des retraites à moins de 300 euros par mois"

Il me parait logique que quelqu'un qui a 200 euros par mois ne voient pas venir d'un bon oeil une concurrence de la part des réfugiés même si on a beau lui répéter que c'est bon pour l'économie du pays. Comment s'étonner ce repli sur soi ? Plutôt que de la xénophobie n'est ce pas une conséquence logique de l'ultra-libéralisme ?

Martin1

avatar 13/03/2016 @ 20:02:21
Je suis d'accord.

Mais ce n'est pas bon pour le pays. Quand bien même les réfugiés trouvent un travail (quoiqu'une partie d'entre eux profitent allègrement des aides sociales), ils se communautariseront, et engendreront des conflits interraciaux - et ce de manière mécanique, il n'y a même pas besoin de porter de jugement sur les immigrés ou sur les "européens de souche" : il n'y a ni méchants, ni gentils, ni heureux, ni malheureux, il y a juste une lutte et pour l'éviter il faut éviter le contact.

La xénophobie est une haine, et elle existe.

La politique anti-accueil, ce n'est pas de la haine, mais du pragmatisme. On ne peut pas les accueillir, eh bien ! on ne les accueille pas. On tranche, et on se tient à la décision qu'on a prise. Point. C'est ce que font les pays de l'Est.

La xénophobie est un versant habituel et inévitable de ce pragmatisme, venant de gens qui ont le sentiment d'être remplacés : plutôt que de la honnir (elle est inévitable, logique, et, dira le très xénophobe? Lévi-Strauss, souhaitable pour l'auto-défense de la nation, en empêchant à la culture de se déliter), il faut surtout la limiter en empêchant les immigrés de venir ici. Car la xénophobie se situe là où précisément les immigrés s'installent (mais ça ça met la puce à l'oreille de personne, curieusement).
C'est dingue de voir à quel point les politiques d'aujourd'hui ne savent pas faire preuve de réalisme : ils ont la hantise de passer pour les méchants de l'Histoire. Du coup, ils s'en tiennent à leur rôle de pot de fleur.

C'est drôle comme le discours de "xénophobe" n'a absolument pas besoin de la haine ni du racisme pour trouver sa cohérence.

Saule

avatar 14/03/2016 @ 10:40:07
Mais en même temps on est obligé d'accueillir les réfugiés, il y a des lois internationales qui encadrent ça. Et puis le pape a dit qu'il fallait, et j'écoute toujours le pape.

Par contre, ce que je trouve malsain c'est quand des eurocrates qui gagnent 10 fois le salaire des travailleurs polonais, travailleurs déjà précarisés et exploités, quand ces eurocrates, donc, font la leçon et rejette la faute sur les pays de l'est, en les accusant de xénophobie au passage. Tout ça donne une image plutôt triste de l'Europe...

Saint Jean-Baptiste 14/03/2016 @ 11:24:05

... la xénophobie se situe là où précisément les immigrés s'installent
Martin, tu nous dit qu'on supprimerait la xénophobie si on évitait l'installation des étrangers.
Je pense que c'est mal poser le problème. On doit aider les étrangers qui sont en difficulté, et lutter contre la xénophobie. (Xénophobie = hostilité aux étrangers).

On ne doit pas souhaiter l'arrivée de tant d'étrangers, et on doit bien mesurer les dangers que ça comporte ; les déplacements massifs de populations ont toujours créé des problèmes immédiats et à long terme, toujours et partout ; mais, quand les étrangers sont là, et qu'ils sont en difficulté, on ne peut pas leur être hostile, on doit les accueillir convenablement, c'est un devoir d'humanité, de gens civilisés.

Mais on doit les aider à s'intégrer : on doit exiger qu'ils se comportent comme nous, qu'ils s'habillent comme nous, qu'ils mangent comme nous, qu'ils aient les mêmes écoles, les mêmes loisirs, la même culture. On ne peut pas accepter qu'ils restent fidèles à des valeurs qui sont en contradiction avec les valeurs de leur pays d'accueil.

Stavroguine 14/03/2016 @ 12:14:00
C'est hallucinant de lire ce que Martin écrit. Je ne veux même pas "débattre" (autant pisser dans un violon et j'ai d'autres choses à faire), mais je me rappelle de ses premiers pas sur le site, quand son âge nous le faisait considérer avec bienveillance, qu'on se disait que tout n'est pas perdu ; l'homme qu'il est devenu est effrayant. Bien plus à mes yeux qu'une déferlante de migrants. Je me dis que si Martin était musulman, il serait le premier à vouloir partir en Syrie : Daesh ne dit pas autre chose que lui. Et je pense que le problème sont les gens comme lui, quelles que soient leur race, leur religion, persuadés que la leur est la meilleure, la bonne, la vraie et que l'on ne peut pas vivre avec ceux qui ne la partagent pas, qu'à défaut de les convertir, il faut s'en protéger, sinon les détruire. Moi, c'est des gens comme Martin que j'aimerais qu'on me protège : je me sens infiniment plus proche des hommes du bout du monde qui fuient des fous que des fous qui ont ma peau blanche.

Pieronnelle

avatar 14/03/2016 @ 13:19:27
C'est hallucinant de lire ce que Martin écrit. Je ne veux même pas "débattre" (autant pisser dans un violon et j'ai d'autres choses à faire), mais je me rappelle de ses premiers pas sur le site, quand son âge nous le faisait considérer avec bienveillance, qu'on se disait que tout n'est pas perdu ; l'homme qu'il est devenu est effrayant. Bien plus à mes yeux qu'une déferlante de migrants. Je me dis que si Martin était musulman, il serait le premier à vouloir partir en Syrie : Daesh ne dit pas autre chose que lui. Et je pense que le problème sont les gens comme lui, quelles que soient leur race, leur religion, persuadés que la leur est la meilleure, la bonne, la vraie et que l'on ne peut pas vivre avec ceux qui ne la partagent pas, qu'à défaut de les convertir, il faut s'en protéger, sinon les détruire. Moi, c'est des gens comme Martin que j'aimerais qu'on me protège : je me sens infiniment plus proche des hommes du bout du monde qui fuient des fous que des fous qui ont ma peau blanche.

Complètement d'accord !

Saule

avatar 14/03/2016 @ 14:47:57
Il dit juste ce que pense la majorité des gens, non ? Et sans compter ceux qui sont prêts à accueillir la misère du monde tant que ça reste abstrait. Ou le gouvernement français.

Si Martin tombe sur un réfugié en péril, je pense qu'il va l'aider (il est scout), après c'est vrai que son discours est plus celui d'un paysan ou d'un prolétaire que celui d'un intellectuel de critlib mais quand bien même. ..

Bolcho
avatar 14/03/2016 @ 14:50:58
Si l'injonction de ne pas mélanger des populations hétérogènes avait été suivie d'effets, ce serait le paradis en Europe : on y vivrait encore bien au chaud entre ours, chèvres, couleuvres et pigeons (et quelques autres...), mais en tous les cas loin des humains qui seraient restés sur leur terre natale, l'Afrique.
Bof. Et si le fait de mélanger les populations était vraiment un bienfait (comme nous le disent tous les évolutionnistes) ? Et si nous étions encore capables d'accueillir des individus bizarres, comme les Vikings débarqués en Normandie au Xe siècle et parfaitement tolérés aujourd'hui ? Ou même les Francs arrivés encore plus tôt et qui ont eu le culot de donner leur nom à un grand pays francophone ?
Pour moi, les étrangers peuvent même s'habiller comme ils veulent, manger des choses bizarres (comme des spaghettis...), croire en des dieux ridicules (TOUS les dieux sont ridicules, mais faut-il vraiment massacrer tous ceux qui croient en celui que certains de nos concitoyens vénèrent?). Sans doute les étrangers nous persuaderont-ils même d'adopter certaines de leurs mœurs. Et alors ? Jusqu'ici, cela nous a plus enrichis que gênés et je ne suis pas certain que les menus gaulois étaient franchement préférables à la tambouille actuelle.

Antinea
avatar 14/03/2016 @ 15:05:17
Martin, imagine une seconde que ce soient nous, les prochains à devoir fuir une guerre ? Toi, comment le vivrais-tu ? Que ferais-tu ? Qu'est-ce que tu mettrais dans ta valise, seul moyen pour emporter précipitamment l'essentiel d'un confort perdu ? Si tu devais fermer ta maison en sachant que tu ne la reverras plus, qu'elle sera pillée, vandalisée... Sans perspective que de fuir ? Où irais-tu ? Crois-moi, ces gens là ne fuient pas pour le plaisir et encore moins pour aller toucher "des aides sociales" !

Stavroguine 14/03/2016 @ 15:17:17
Non, Saule. Beaucoup de gens (pas tout le monde) pense que l'afflux massif de réfugiés est un problème, surtout dans un contexte de crise économique et de terrorisme islamiste. Je ne sais pas si c'en est un, mais ça pose indiscutablement des questions sur la façon dont on veut construire nos sociétés, c'est une bonne chose au moins en ça, même si ce que ça dévoile est effrayant. Mais admettons qu'en effet beaucoup aient des réserves sur ce phénomène migratoire.

Martin, lui, il dit beaucoup plus que ça. Il dit que le mélange des ethnies, des religions et nocif en lui-même, il dit qu'il veut voter pour un parti xénophobe, il dit que les blancs chrétiens doivent vivre ensemble et le plus loin possible de tout ce qui est non-blanc et non-chrétien. Honnêtement, c'est effrayant. Et j'espère sincèrement que "tout le monde" ne pense pas ça, parce que ça nous renvoie cent ou deux cents ans en arrière.

Saule

avatar 14/03/2016 @ 16:48:15
Probablement que le mélange est bénéfique en théorie et à long terme mais ça ne va pas sans problèmes et c'est bête de le nier. Quand on gagne 200 euros par mois et qu'on est menacé dans son emploi, on réfléchit à plus court terme, cest normal. De toute facon, si on a l'impression d'être envahi on reagit toujours comme ca. Demandez aux flamands dont la périphérie est envahie de francophones, aux tibétains (même si la Chine apporte probablement le progrès et la prospérité) etc.

Quand la boîte ou je travaillais a remplacé les coûteux autochtones par des indiens on a bien compris l'intérêt pour les actionnaires mais on n'a pas bondit de joie à l'idée de manger indien plus souvent.

Stavro, peut être que Martin dit l'inverse. Et qu'il se sent menace dans sa spécificité chrétienne.

Martin1

avatar 14/03/2016 @ 18:02:43
Alors pour répondre à ceux qui me posaient des questions et où je sens qu'il y a malentendu :

1) Antinea : je ferai exactement la même chose qu'eux, avec les mêmes espoirs, les mêmes peurs, les mêmes problèmes, etc. C'est ce que j'ai dit plus haut (relis-moi) : il n'y a ni méchants, ni gentils dans cette histoire, je faisais référence à cela. J'aurai pu aussi parler de la photographie d'Aylan, ou les naufrages terribles de la Méditerranée... Heureux de voir que nous avons le même avis !

2) SJB : je ne dis pas arrivée d'étrangers = xénophobie. Je dis arrivée d'étrangers non assimilés ET en grand nombre = apparition de la xénophobie DANS LES JOURS QUI SUIVENT. Et je le répète, c'est LOGIQUE, MECANIQUE, sans qu'on aie besoin de dire que les blancs sont réacs ni que les arabes sont des envahisseurs. On touche ici à notre humanité, on n'accepte pas qu'un étranger débarque sur le quotidien et cela va susciter aussitôt un conflit.

3) Saule : si je tombe sur une famille pauvre de réfugiés érythréens musulmans, je ne demande qu'à leur donner de quoi manger, se vêtir, loger. Et c'est à ce titre que je reçois la demande du pape François. Mais comme tu as compris c'est sans rapport : ici je parle de la manière dont il faudrait réagir si on est un politique qui doit trouver des solutions concrètes.

4) Mon opinion : Pourquoi tout dégénère ? Parce que tout le monde n'est pas un bon samaritain en France. Parce qu'il y a des sensibilités à ménager. Parce qu'il y a des aides sociales qui vont tomber dans leurs poches (ils vont de facto en profiter, ce n'est pas leur faute) et ce sera source de conflits. Parce qu'il y a des emplois qui vont être transférés à des étrangers (on profite d'eux car ils supportent des salaires plus bas : c'est bête, mais ça aussi c'est source de conflits, Saule en convient lui-même). Parce qu'il y a des éléments culturels qui vont froisser tout le monde, y compris moi (piscines non mixtes, calendrier, voile, mosquées, absence de porc etc), des campements de clandestins, des désordres et des émeutes, des quartiers entiers qui vont passer dans la délinquence généralisée (Grenoble, Marseille, etc.) vu que les jeunes étrangers se retrouvent logiquement entre eux et tout cela est une conséquence logique, je ne porte aucun jugement sur ces gens. Et c'est là que commence la guerre civile.
Vous croyiez que l'installation des réfugiés sans la moindre assimilation, au moins linguistique, allait se faire comme si de rien n'était ? Quelle naïveté.
Il fallait ANTICIPER tout cela, évidemment. En assimilant les étrangers à la culture locale et en les accueillant EN PETIT NOMBRE. Ce qu'on a longtemps fait. Sinon c'est la guerre civile. Et elle arrive, la guerre civile. Elle a déjà commencé dans de nombreuses villes, et croyez-moi j'y suis pour rien !
Ben en fait, c'est ce que font les musulmans chez eux et ils ont raison...

Saint Jean-Baptiste 14/03/2016 @ 19:07:14

... Et si nous étions encore capables d'accueillir des individus bizarres, comme les (...) Francs

... Sans doute les étrangers nous persuaderont-ils même d'adopter certaines de leurs mœurs.

Bolcho, ta vision des choses est belle comme l'antique mais il ne faut pas oublier que quand les barbares, pardon, les Francs sont arrivés, il a fallu subir 5 siècles de barbarie intégrale avant que ne réapparaisse un fifrelin de civilisation.

Entre parenthèses, ça te réjouira que je te rappelle que c'est grâce au clergé catho, qui a su sauver quelques valeurs gréco-romaines, en y ajoutant les siennes, que la civilisation s'est restaurée en Europe.

Maintenant tu as peut-être raison, toutes les religions se valent et tous les dieux sont ridicules, alors, pourquoi ne pas en essayer une autre. Mais il n'est pas sûr qu'avec une religion qui nous dit qu'il faut lapider les femmes infidèles et pendre les homos, qu'il est bon de couper les doigts des petites filles pour être sûrs qu'elles n'écrivent jamais... on vivrait mieux.
Quoique, cette même religion nous dit qu'il faut interdire aux femmes de conduire et de téléphoner... Après tout, elle a peut-être du bon.
;-))

Hiram33

avatar 14/03/2016 @ 23:10:47
La culture empêche-t-elle la barbarie ? En lisant les débats sur CL depuis deux ans(celui sur Pétain "protecteur" des Juifs... celui sur les attentats contre Charlie Hebdo, celui sur les migrants... ceux vantant les mérites des superstitions catholiques contre les superstitions musulmanes...) j'ai des doutes qui deviennent des frayeurs.

Saule

avatar 15/03/2016 @ 08:59:01
Hiram, je ne comprends pas trop à quoi tu fais référence avec Pétain, etc. Mais attention à ne pas tomber dans le travers "tous sont des barbares... sauf moi". Tu es tout autant membre de CL, plus cultivé que la plupart de nous, mais pourtant ta remarque sur les superstitions ne t'élèves pas vraiment.

Stavroguine 15/03/2016 @ 09:24:25
Mais Saule, enfin, arrêté de vouloir faire de ça un débat entre gens cultuvés et gens qui le seraient moins. Déjà dans ton message précédent, tu m'accusais à mots couverts d'être un intello parisien coupé des réalités du peuple qu'était censé representé Martin ! C'est pas possible, ces raisonnements, et là n'est pas le problème ! Encore une fois, que des gens redoutent l'arrivée massive des migrants pour leurs emplois (même s'il me semble qu'on parle de deux choses différentes : quand tu parles des emplois de ta boîte donnés à des Indiens, j'imagine qu'il s'agit d'une délocalisation partielle, ce qui n'a rien à voir avec la crise migratoire actuelle : qu'on fasse bosser un Syrien ou un Français, le SMIC reste le même) ou leurs valeurs, leur culture, c'est compréhensible. Je ne suis pas sûr que ce soit totalement justifié (d'un point de vue économique, certes, ils vont jouir d'aides sociales, mais ils vont aussi travailler, payer des taxes et des impôts : si l'immigration a un coût, elle génère aussi des revenus ; d'un point de vue sociale, ça reste une goutte d'eau, et on peut se dire que s'ils fuient Daesh, ce ne sont peut-être pas les plus intégristes des musulmans), mais c'est compréhensible et ça pose en effet des questions sur nos capacités d'accueil et d'intégration.

Par contre, encore une fois, quand Martin nous établit sous formes de pseudo-constatations pseudo-objectives un programme politique qui n'est rien d'autre qu'une sorte de ségrégation, quand on a vu en effet sur des forums des réhabilitations de Pétain, quand SJB nous oppose les vertus du christianisme à un Islam qui "coupe les doigts des petites filles pour qu'elles ne puissent jamais écrire" (et qui mange les petits garçons ?), ça n'a plus rien à voir avec un pseudo-intellectualisme et de pseudo-élite, ce sont juste des visions sorties d'un passé qu'on pensait résolu et dont quels que soient notre culture, notre éducation ou notre niveau social, il y a lieu de s'inquiéter !

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