Bolcho
avatar 23/10/2012 @ 16:37:40
Avant que les journaux ne disparaissent complètement - dans une génération sans doute (déclin de la diffusion de 17% ces cinq dernières années en France) - il faudrait lire ceux qui ne sombrent pas dans les pathétiques tentatives racoleuses de garder leur lectorat en affolant le public ou en le gavant de navrantes comptines « people ».

Le « Monde Diplomatique » est un des seuls titres – en langue française – qui ne sombre pas dans la boue.

Je vous fais grâce – dans le numéro d’octobre - des articles un peu austères sur l’économie mondiale, où l’on parle de la « compétitivité hors-prix », dite structurelle (les pays misant sur l’innovation technologique) et de la « compétitivité prix » qui consiste essentiellement à faire baisser les salaires partout au prétexte que le travail est moins cher chez le voisin, ce qui est un « alibi commode pour gonfler la rémunération du capital ».

Non ! J’ai dit que je n’en parlerai pas !

Des petites nouvelles rigolotes peut-être ?

Une équipe de chercheurs britanniques a développé un algorithme qui utilise les données de localisation des téléphones mobiles pour prédire où leurs propriétaires se trouveront au cours des 24 prochaines heures. Erreur moyenne : tout juste 20 mètres. Eh oui, nous sommes prévisibles et Big Brother est parmi nous.

Ou bien ceci. En chinois, le mot pour Chine signifie « mon pays où se trouvent mes richesses ». De la même manière, le mot France signifie « la loi et le respect de la loi », et le mot pour Etats-Unis « la beauté, l’élégance ». Sans doute font-ils référence à 1789 pour la France. Quant aux Etats-Unis, avouons que les Chinois ont de l’humour…ou qu’ils ne parlent pas de l’élégance des comportements internationaux.

Le Monde Diplo se permet un petit historique de la présidence Obama, vous savez, le candidat qui promettait, en 2008, de fermer Guantanamo (toujours bien en service : voilà une entreprise qui fonctionne bien) et qui promettait aussi d’abroger le fameux Patriot Act de 2001 sur la sécurité intérieure. Non seulement, cette loi est toujours d’application, mais la Maison Blanche a promulgué en plus la loi qui permet au gouvernement fédéral d’emprisonner sans jugement et pour une durée indéterminée tout citoyen américain soupçonné de terrorisme. On a aussi autorisé l’élimination physique, hors des frontières des USA, de personnes désignées plus ou moins hâtivement comme « terroristes » : « dronez »-moi toute cette racaille !
Et on paie trente mille personnes pour écouter les conversations téléphoniques des Américain (quel boulot désespérant, non ?).
Mais ne vous inquiétez pas : ça rapporte évidemment, d’ailleurs, les sénateurs démocrates marchent la main dans la main (c’est mignon) avec les pontes de la sûreté nationale et avec les industriels des télécommunications, gros pourvoyeurs de technologies pour les programmes de surveillance de l’Etat.

Notez que Romney n’est pas franchement plus sexy. Son livre de campagne met en avant les bienfaits des interventions américaines violentes dans le monde (bienfaits pour les affaires s’entend). Dans l’Amérique du candidat républicain, l’entreprise a tous les droits et sait les faire valoir, à la pointe d’un fusil si nécessaire. Et Romney l’assume tranquillement.

Bon, et si on regardait notre poutre plutôt que la paille du voisin ? Les Roms en Europe.
Une historienne nous raconte avec moult détails que les tsiganes ne sont PAS des nomades, contrairement à ce que toute la presse s’acharne à nous faire croire. On a simplement traduit le concept européen de « transnationalité » par « nomadisme atavique », ce qui a justifié, dans les pays de l’Est…les expropriations, (sur le modèle de la Russie qui multipliait les transplantations de villages roms). Ben oui, maintenant qu’ils ont été virés de chez eux, ils sont devenus un peu nomades forcément.

D’autres articles fort intéressants :

- Les jeunes du Rif renouent avec la révolte, au Maroc, ce qui ne les empêche pas de rester terriblement conservateurs en ce qui concerne la place des femmes ; exemple à l’appui, sur une plage ensoleillée, où les pompiers doivent intervenir trois fois en une heure pour secourir des femmes vêtues de la tête aux pieds et perdant connaissance tant elles souffrent de la chaleur.
- La Libye aux mains des milices. Mais tout le monde s’en fout maintenant qu’on y a joué à la guerre.
- Les indignations sélectives dans le Proche Orient. Les régimes du Golfe soutiennent les salafistes (Arabie saoudite) ou les Frères musulmans (Qatar) mais se doivent de rester copains avec les Etats-Unis. C’est ainsi qu’on entend beaucoup de réactions outrées quand survient une attaque imbécile contre l’islam (un film ou des dessins par exemple) ; en revanche, l’injustice sociale ou l’inégalité entre les sexes suscitent moins la colère.
De leur côté, les medias occidentaux expriment leur rejet de toute expression islamiste, voire musulmane. Ironie du sort, le fanatisme des musulmans salafistes alimente les islamophobes occidentaux, et vice versa.
- L’ambassade d’Equateur à Londres est le refuge d’Assange. Il ne s’agit pas de le soustraire à la justice de son pays, mais d’obtenir la garantie qu’il ne sera pas extradé vers les Etats-Unis. Le Royaume-Uni était beaucoup moins pressé lorsqu’il s’agissait de se saisir d’Augusto Pinochet pour l’envoyer en Espagne…bizarre. Au lieu de cela, ils l’ont envoyé au Chili, chez lui, où il ne risquait rien.

Je termine avec le supplément sur la gratuité qui décrit tout un mouvement dans ce sens en Italie. Des communautés campagnardes vivant sans échanges monétaires, des groupements d’achats solidaires (GAS), des Banques du Temps (BdT) où on ne s’échange que des services, et tout cela essentiellement sous l’impulsion des femmes.
Economies alternatives ou simple folklore ?

SpaceCadet
avatar 23/10/2012 @ 18:23:04
Correction: en langue chinoise le mot ('Zhong Guo') utilisé pour parler de la Chine signifie 'pays du centre' ou 'pays du milieu'.

SpaceCadet
avatar 23/10/2012 @ 18:34:46
'Mon pays où se trouvent mes richesses'... c'est une blague, de l'ironie, ou de l'ignorance?

D'ailleurs, en ce moment, c'est plutôt l'inverse que l'on observe; ceux qui là-bas se font riches ont plutôt tendance à aller placer leurs sous en dehors du pays.

Saint Jean-Baptiste 23/10/2012 @ 18:49:04
Tu as de bonnes lectures, Bolcho, mais je me demande si tu n’aurais pas intérêt à un peu les varier.

Pour ma part j’ai abandonné le Monde Diplo depuis des siècles et sur ordre de ma belle-mère ; il me tapait tellement sur les nerfs que, parait-il, j’en devenais insupportable.
Qu’est-ce que j’en ai lu des trucs sur Guantanamo et le Patriot Act mais, par contre, jamais un mot sur le Grand Timonier et ses 70 millions de morts, les massacres de Pol pot, la répression vietnamienne et les boat people…
À peine quelques mots sur la dictature de Saddam Hussein, les Mollahs d’Iran, et la guerre civile algérienne, les dictatures libyenne, tunisienne, égyptienne, syrienne... etc, etc…
Aucun intérêt pour le génocide ruandais si ce n’est pour l’opération française « Turquoise », sans expliquer, évidemment qu’elle venait en aide aux génocidaires…
Alors, jamais rien sur la Birmanie, la Corée du Nord, Cuba et tant d’autres paradis.
Les guerres en Somalie, au Mali, au Niger, traitées comme des faits divers…
Non ! les trois quarts des articles seulement sur l’Amérique et seulement pour taper dessus !


Moi j’ai lu ce matin dans mon journal qu’on allait expulser 170 000 indigents des villes du Brésil en vue des jeux olympiques, dont 22 000 rien qu’à Rio.
Le Monde parle des Américains enfermés pour soupçon de terrorisme. Je serais curieux de savoir s’il parle aussi de ces malheureux Brésiliens envoyés à l’abattoir, mais ça m’étonnerait, pour le Monde, c’est pas très grave si c’est pas en Amérique.


Bolcho, si tu veux, je peux te fournir de saines et belles lectures pour un peu varier : j’ai la collection des Bonnes Soirées, des Mickey Mousses, et aussi les encycliques depuis Pie XII, les commentaires sur les Pères de l’Église, la vie des saints Papes… au choix...

SpaceCadet
avatar 23/10/2012 @ 19:13:14
Tu as raison SJB, l'information qui soit, disons ouverte sur le monde... il faut aller la chercher, parce que ce qu'on nous donne à consommer, c'est pas ça.

Bolcho
avatar 23/10/2012 @ 19:44:29
Correction: en langue chinoise le mot ('Zhong Guo') utilisé pour parler de la Chine signifie 'pays du centre' ou 'pays du milieu'.


Bon, moi je ne pratique pas le chinois...
Je peux juste recopier le passage exact où l'auteur contredit justement l'explication par le biais de "l'empire du milieu" :

"Chine" s'écrit avec deux idéogrammes et se prononce Tzhong Guo. Le premier idéogramme (..) est composé d'une flèche qui indique la cible, et d'un carré qui porte deux significations, "la bouche" et "les limites" (dont la frontière). Le second (...) est composé du même carré avec en son sein un symbole qui signifie "jade, pierre précieuse, richesse". Ces deux idéogrammes associés désignent "mon pays", "là où sont mes richesses".


Quant au rapport avec la réalité du moment, c'est une autre histoire...

Bolcho
avatar 23/10/2012 @ 19:58:30
Tu as de bonnes lectures, Bolcho, mais je me demande si tu n’aurais pas intérêt à un peu les varier.

Pour ma part j’ai abandonné le Monde Diplo depuis des siècles et sur ordre de ma belle-mère ; il me tapait tellement sur les nerfs que, parait-il, j’en devenais insupportable.

(...)


Bolcho, si tu veux, je peux te fournir de saines et belles lectures pour un peu varier : j’ai la collection des Bonnes Soirées, des Mickey Mousses, et aussi les encycliques depuis Pie XII, les commentaires sur les Pères de l’Église, la vie des saints Papes… au choix...


SJB, le Monde Diplo est effectivement un journal d’opinion et ne prétend pas autre chose (contrairement à la « grande presse » qui défend les thèses inverses mais sans l’admettre ouvertement). Les articles sont certes de parti pris mais intelligents et documentés.
Cela dit, ta belle-mère a bien raison : évite d’y jeter ne serait-ce qu’un regard et consacre toi entièrement à « La Croix » et au « Figaro » dont l’un élève l’âme et l’autre défend le portefeuille des ploutocrates…
Il va sans dire que si j’ai « posté » mon petit résumé partiel et partial, ce n’est pas dans le but de convaincre qui que ce soit. Il y a bien longtemps que j’ai cessé d’avoir de telles illusions. Ou même de tels désirs.
C’est juste que je prends de toute façon des notes en lisant : autant qu’elles servent à quelque chose. Mais ce ne sont que des notes prises au vol.

SpaceCadet
avatar 23/10/2012 @ 21:30:56


"Chine" s'écrit avec deux idéogrammes et se prononce Tzhong Guo. Le premier idéogramme (..) est composé d'une flèche qui indique la cible, et d'un carré qui porte deux significations, "la bouche" et "les limites" (dont la frontière). Le second (...) est composé du même carré avec en son sein un symbole qui signifie "jade, pierre précieuse, richesse". Ces deux idéogrammes associés désignent "mon pays", "là où sont mes richesses".



Ah! Merci pour les précisions.

Sans me lancer dans des détails qui n'intéressent personne, disons que la personne qui a écrit cet article ne manque pas d'imagination d'une part et d'autre part il/elle a un peu raté le coche pour ce qui est de la phonétique. Bref, on peut facilement ajuster le tir ici...

Cela dit, ton initiative ne manque pas d'intérêt Bolcho, mais il faut admettre qu'une seule source d'information, ça limite la perspective.

Saint Jean-Baptiste 24/10/2012 @ 00:19:54



Cela dit, ta belle-mère a bien raison
Je ne manquerai pas de lui dire…
Cela dit, continue à nous faire parvenir les bons extraits du Monde Diplo, je trouve que tu devrais faire ça plus souvent – ne fut-ce que pour alimenter mon indignation…

En échange, je te ferai parvenir les meilleurs morceaux de la prochaine encyclique, promis !

Septularisen

avatar 24/10/2012 @ 11:20:16
Le Royaume-Uni était beaucoup moins pressé lorsqu’il s’agissait de se saisir d’Augusto Pinochet pour l’envoyer en Espagne…bizarre. Au lieu de cela, ils l’ont envoyé au Chili, chez lui, où il ne risquait rien.


Beh c'est normal non? Il était "gravement" malade, presque mourant, se déplaçait en chaise roulante, et sénile!...

Et pour ma part je rajouterais très bon acteur!...
ASSANGE devrait peut-être prendre des courts d'art dramatique?...
;-DDD))))

1971
avatar 24/10/2012 @ 14:08:40
Que la presse soit en chute libre ne me surprend guère, avec une série de plumitifs aux ordres d'un des deux pouvoirs qui déblatèrent les 3/4 du temps des âneries plus grosses qu'eux.
J'en ai ras le bol de ces donneurs de leçons qui pour moi ne font que commenter les événements en y plaçant un parti pris dégoûtant, ce n'est pas moi qui sauverait cette côterie là.

Donatien
avatar 09/11/2012 @ 10:05:49
Le Monde Diplo critique régulièrement les aspects ambigus de la politique américaine , c'est exact. Ce qui parfois m'irrite et m'inciterait à effectuer un long voyage dans ce pays aux fins d'y vérifier par moi_même.
J'avais un ami qui me l'offrait régulièrement en déclarant:"Voilà de quoi te fâcher durant quelques jours!!!.
Mais le lire n'implique pas une adhésion aveugle aux contenus.

Quel est l'autre journal ou magazine mensuel qui à ce prix(5E), creuse des sujets négligés par les autres médias?

Merci Bolcho.

Patman
avatar 09/11/2012 @ 11:24:59

Mais le lire n'implique pas une adhésion aveugle aux contenus.

Quel est l'autre journal ou magazine mensuel qui à ce prix(5E), creuse des sujets négligés par les autres médias?

.


Euh ? Play-Boy ???

Bolcho
avatar 12/11/2012 @ 22:45:39
Trois morceaux choisis du Monde Diplo de novembre. Et « choisis » avec toujours autant de parti pris…

Le premier : Vous avez dit « baisser les charges » ? Christine Jakse, sociologue
On dit maintenant « coût du travail » au lieu de « salaires », « charges » au lieu de « cotisations ». Trente années de convergence politique entre la droite et la gauche de gouvernement ont banalisé ces expressions, la vision du monde qu’elles véhiculent, les conséquences sociales qu’elles induisent.
Ces nouveautés verbales portées par les médias aident le dessein de tous les gouvernements successifs : baisser les salaires au nom de l’emploi.
Or, la cotisation est aussi un salaire. Elle permet de financer les soins, les pensions, les indemnités des malades, les allocations familiales, les allocations-chômage…
Entre 1982 - « tournant de la rigueur » effectué par la gauche au pouvoir - et 2010, la part des salaires (net et cotisations sociales) dans la richesse produite chaque année en France – la valeur ajoutée – a reculé de 8 points. Cette évolution résulte d’une double décision politique : peu d’augmentation du salaire net d’une part et, d’autre part, taux de cotisation sociale gelé alors que les besoins continuent de croître.
En cumul depuis 1982, cela a fait basculer 1100 milliards d’euros de salaire brut et 400 milliards de cotisations patronales des salaires vers les profits. Ces 1500 milliards ont surtout nourri les dividendes (revenus nets distribués aux actionnaires) et l’épargne des entreprises, qui se sont respectivement accrus de six et neuf points entre 1982 et 2010.
Ce gel des salaires au profit des actionnaires et des banquiers oblige les ménages à recourir au crédit à la consommation (phénomène dont la crise des subprime a offert une illustration spectaculaire).

Le deuxième : Vers un césarisme européen, Cédric Durand (économiste, Paris-XIII) et Razmig Keucheyan (sociologue, Paris-IV)
« suspension de la démocratie à la faveur de la crise »
En mai 2010, le premier plan de sauvetage de la Grèce place Athènes sous la tutelle de la « troïka » : FMI, BCE et Commission européenne.
Le rôle joué par l’Institut de la finance internationale (IIF) a été crucial. Sorte de lobby des grands établissements financiers mondiaux, cet organisme a pesé de tout son poids sur les gouvernements nationaux et l’Union, parvenant par exemple à faire capoter la proposition d’une nouvelle taxe pour le secteur bancaire (c’est même le Financial Times qui le dit le 20/07/2011).

Le nouveau traité européen corsète les politiques budgétaires nationales, les soumettant au chaperonnage de la Commission et des autres gouvernements, ce qui met en place une sorte de rapport néocolonial avec les pays les plus touchés.
Depuis le début de la crise, l’Union européenne a les caractéristiques d’un régime autoritaire. Gouvernements élus contraints à la démission et remplacés par des technocrates sans légitimité démocratique ; prééminence d’institutions supposées « neutres » comme la BCE ; effacement du rôle du Parlement européen, annulation de référendums ; intrusion du secteur privé dans la prise de décision politique…

Selon Gramsci, au cours des grandes crises du capitalisme, les institutions qui dépendent du suffrage universel - comme les Parlements - passent au second plan. Gramsci nomme « césarisme » cette propension des régimes démocratiques à manifester des penchants autoritaires en temps de crise. C’était souvent au sein des armées qu’émergeaient les éléments césaristes (Napoléon, Bismarck, Mussolini). Gramsci avait toutefois prévu que des acteurs non militaires puissent aussi jouer ce rôle : église, finance, bureaucratie étatique.
Après la seconde guerre mondiale, on a vu monter en puissance des institutions non démocratiques parmi lesquelles les cours constitutionnelles ou les banques centrales indépendantes.

Le troisième : Blair Inc., Ibrahim Warde, professeur à la Fletcher Scholl of Law and Diplomacy, Massachusetts
En 2008, Sarkozy, avant d’être candidat, déclarait : « Je fais ça pendant cinq ans et ensuite je pars faire du fric comme Clinton » en parlant du circuit très lucratif des conférences de prestige (100 000 euros par conférence). En un an, les revenus annuels du couple Clinton étaient passés de 358 000 à 16 millions de dollars.
Anthony Blair figure sans doute parmi les plus belles réussites. Entre deux réunions destinées à sauver les oiseaux ou à promouvoir la foi, il a fondé des entreprises beaucoup moins désintéressées. Il dispense ses bons conseils à la banque d’affaires américaine Morgan, à l’assureur Zurich Financial Services, au gouvernement du Koweït, au fonds d’investissement Mubadala d’Abou Dhabi, ainsi qu’à une multitude d’institutions financières internationales et d’Etats.
L’idéal démocratique ne souffre-t-il pas quelque peu lorsque le service public ne constitue plus une fin en soi, mais une simple étape dans un plan de carrière fondé sur la perspective d’un enrichissement différé ? En fait, « le meilleur moyen pour une entreprise de corrompre un homme politique est de lui faire miroiter la perspective d’un emploi futur qui lui garantirait le pactole. »

Et pour finir, il y a bien d’autres choses à lire :
- sur les ravages de la pêche industrielle (on rejette à la mer deux poissons sur trois, morts bien sûr) et les océans se vident de poissons ;
- sur les nationalismes en mer de Chine (déjà une confrontation entre Chine et USA) ;
- sur les guerres au Congo ;
- sur la diplomatie polonaise ;
- sur la droite française après sa défaite et un match des semblables entre Coppé et Fillon ;
- etc.

Donatien
avatar 13/11/2012 @ 08:11:42
Merci Bolcho,

Encore une lecture pénible mais nécessaire. J'y vais,mais cela tient parfois du masochisme.
C'est pas pour les autruches, mais faut y aller.
A+

Bolcho
avatar 15/11/2012 @ 15:36:38
Merci pour l'encouragement Donation. Encore deux couches pour souffrir plus. Et que les autruches mettent la tête dans le sable (elles font vraiment ça ? Pourquoi ?).

Les coulisses de la diplomatie polonaise, Dominique Vidal, historien et journaliste
Cet Etat a disparu pendant 123 ans (de 1795 à 1918), partagé entre la Russie et l’Allemagne. Réapparu, le voilà trahi en 1939 par la France et la Grande-Bretagne.
Faut-il parler de paranoïa nationale ? Il y a effectivement le sentiment d’appartenir à une communauté persécutée, une tendance à un nationalisme messianique et romantique. On pense à la psyché des Israéliens, le même habitus héroïco-victimaire en souvenir des camps nazis ou soviétiques, de Katyn.
Tout cela induit des sentiments germanophobes et russophobes d’où, en un premier temps, un atlantisme sans frein : la sécurité de la Pologne se trouvait à Washington (exemple du soutien à la guerre en Irak, malgré les sentiments négatifs de la population).
Mais l’élection d’Obama a pris les « bushistes » à contre-pied, surtout quand le président a renoncé au bouclier antimissile. La géographie a donc repris ses droits : Washington est loin, Berlin tout près.
L’Allemagne a été élevée au rang de partenaire le plus important de la Pologne. Elle en est le principal client (elle absorbe 26% des exportations, loin devant la France, en deuxième position, avec 6,8%) ; et Berlin arrive aussi en tête de ses fournisseurs avec 21,7% des importations (contre 4,3% pour Paris, en cinquième position).
Quant à la Russie, la Pologne a accepté de vivre avec elle telle qu’elle est.
En ce qui concerne la position pro-israélienne de Varsovie, l’explication réside essentiellement dans la volonté de clore le chapitre noir du passé et de satisfaire Washington, mais cela peut évoluer comme en témoigne l’hostilité déclarée à une intervention contre l’Iran.

Il y a, de manière générale, un sentiment d’injustice, individuel et collectif. La révolution a dévoré ses enfants. Ceux qui, avec Solidarnosc, ont renversé l’ancien régime ne bénéficient pas du nouveau : ouvriers et intellectuels figurent souvent parmi les perdants de la transition. L’ancienne nomenklatura reste au pouvoir qu’elle partage avec la nouvelle classe capitaliste. Faute d’une solution de rechange à gauche, cette frustration pourrait transformer en majorité le tiers de Polonais nationalistes, cléricaux et réactionnaires qui formaient la base des Kaczynski.

Quelques chiffres :
- 13 des 38 millions de Polonais sont pauvres ou menacés de le devenir ;
- 40% des Polonais éprouvent des difficultés d’accès aux soins ;
- une famille sur cinq ne peut pas chauffer son logement ;
- un appartement sur cinq n’a pas de salle de bain, de douche ou de toilette ;
- deux millions de Polonais ont émigré depuis 2004, portant le coup de grâce à une démographie en berne (1,4 enfant par femme contre 2,4 il y a trente ans) ;
- le coût d’une heure de travail est de 7 euros, contre 29 en Allemagne.

Droits des minorités sexuelles, un combat devenu mondial, Gabriel Girard (sociologue) et Daniela Rojas Castro (psychologue sociale)
LGBT : personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et trans.
Les premières lois concernant les couples gays et lesbiens sont instaurées en Europe du Nord (Danemark, Norvège, Islande, Suède) au début des années 1990. Elles ne donnent pas accès aux mêmes droits (parentalité, adoption) mais ouvrent de nouveaux horizons revendicatifs.
L’égalité de droits vient par les Pays-Bas (2001), puis les pays scandinaves, l’Espagne, l’Afrique du Sud et le Canada (2005), le Portugal (2010), ainsi que certains Etats et districts au Brésil, au Mexique, aux Etats-Unis…
Enfin, dans une vingtaine de pays, l’homophobie constitue un facteur aggravant pour un crime.

Les résistances restent fortes : Eglises, Mitt Romney…
Les rapports entre personnes du même sexe restent illégaux dans 78 Etats, et peuvent être punis de prison ou de mort (3 décapités en Arabie saoudite en 2002, 2 en Iran en 2005) : Arabie saoudite, Iran, Yémen, Nigeria, Soudan, Afghanistan, Mauritanie…
Pas seulement du fait de l’islam ! En Ouganda, les pasteurs évangéliques (“born again”) s’indignent de l’ « indulgence » d’une législation qui prévoit pourtant l’emprisonnement à vie pour toute personne accusée d’acte homosexuel : ils militent pour la peine de mort.

A l’échelle internationale, une majorité des homosexuels masculins restent hors de portée des soins pour le Sida : ils préfèrent renoncer aux soins pour ne pas courir le risque de dévoiler leur homosexualité.
A l’autre bout de l’échelle de la gravité, une loi de 1988, en Grande-Bretagne, interdit d’évoquer l’homosexualité dans les écoles…

L’internationalisation de la lutte constitue l’une des évolutions majeures des mouvements contemporains. Se tissent aussi des réseaux de soutien indispensables pour des démarches de demandes d’asile et d’immigration, lorsque certains doivent quitter leur pays.
Mais cette lutte contre l’homophobie a été instrumentalisée parfois, et a donné lieu à un combat « civilisationnel » qui a tracé une frontière aux relents racistes entre le « progressisme » des pays occidentaux et l’ « obscurantisme » des autres (exemple aux Pays-Bas avec Pim Fortuyn, homosexuel revendiqué et homme politique d’extrême droite).

Les hommes gays continuent à occuper très majoritairement les espaces de représentation publique des LGBT, ce que les autres regrettent. Pour les femmes, les personnes trans, les jeunes, les pauvres, les situations sont plus problématiques que pour les gays urbains des pays du Nord. Il y a donc une composante sociale qui est négligée souvent.

Saint Jean-Baptiste 15/11/2012 @ 16:37:09
Bolcho, tu finiras par me convaincre qu'il faut relire le Monde Diplo...
Mais ça prend beaucoup de temps, je trouve. Enfin, à tout prendre, je le préférerais au Courrier International que je trouve un peu consensuel.

Personnellement, j'ai lu dans mon journal belge que notre vice-première-ministresse s'était, une fois de plus, cabrée : pas question de sauter l'index, sinon ce sera sans nous ! « nous » ce sont les socialistes wallons et le Premier ministre, qui est socialiste et Wallon, doit boucler son budget avant la fin décembre et réaliser 4 milliards d'économie.

En Belgique les salaires sont liés à l'index, automatiquement. Un saut d'index représente une augmentation de plus ou moins 2 % sur tous les salaires.
Les Libéraux demandent qu'à partir d'un certain niveau, les salaires ne soient plus liés à l'index automatiquement.

A votre avis, qui a raison ? On prévoit pour décembre un saut d'index qui fera monter tous les salaires. Les salaires de, par exemple, 10 000 euros vont augmenter de 200 euros ; alors que le salaire de 1000 euros, augmentera de 20 euros. Ce qui revient à creuser l'écart entre petit et gros salaires de 2 % à chaque montée d'index.
Telle est la politique des socialistes wallons ! et, on s'étonnera que les Flamands veulent faire sécession !

Je crois que je vais plutôt renoncer à lire les journaux, ça me met de mauvaise humeur...;-))

Saule

avatar 15/11/2012 @ 17:51:47
Nomade pourrait nous parler de la Pologne et du niveau de vie je pense. Il est impressionnant de voir en Pologne les églises catholiques pleines, c'est du à sentiment identitaire, le pays étant entouré d'orthodoxes russes et de protestants allemands.

Pour le saut d'index, je trouve que les travailleurs doivent contribuer, mais pas nécessairement par un saut d'index, ils pourraient par exemple donner le treizième mois à titre de contribution de crise (mais sans toucher aux allocataires sociaux). Mais ne pourrait-on pas taxer les sociétés ? J'ai lu dans le Soir que Google ne paye quasiment pas d'impôt en Europe, malgré des bénéfices plantureux, grâce à un montage fiscal qui consiste à rapatrier les profits en Irlande dans un premier temps, et au Bahamas ensuite. Même chose pour Amazon qui élude les revenus grâce au Luxembourg. Je pense que la plupart des multinationales éludent ainsi l'impôt.

Saint Jean-Baptiste 15/11/2012 @ 18:14:43
Google et Amazon font de la fraude organisée. C'est une honte !
Mais je trouve que c'est un non sens de prélever des charges sociales sur les salaires.
Pour qu'un travailleur gagne un euro, le patron doit en dépenser trois !
Les charges salariales sont beaucoup trop élevées et les contraintes, préavis, congé parental et compagnie aussi. Après, on s'étonne que les patrons remplacent leur personnel par des robots !
Le PIB est un indicatif faux. Le seul argent qui rentre est celui fourni par les salariés du privé. On devrait les choyer et on les presse comme des citrons...
Je dis ça depuis des années ! C'est quand même dommage que personne ne veut m'écouter, ça marcherait si bien !
;-))

Donatien
avatar 15/11/2012 @ 19:51:52
Que faire? Ne pas chercher à savoir? Prendre la fuite? Quitter les rangs de ceux qui tentent de résister au "populisme industriel", même si le combat semble perdu? (Comme pour les héros de Volodine).

Essayons au moins de ne pas être dupe. Tentons , autour de nous,
de semer le doute, le sceptiscisme.

Même la Beauté est en voie d'extinction!
A+

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