A la découverte de François Plisson, auteur de bandes dessinées

Lors du 4ème Festi’DBulles de Saint-Rémy, la licence professionnelle des Techniques et activités de l’image et du son de Chalon-sur-Saône, est partie à la découverte d’une pléiade d’auteurs… Lauren, étudiante, vous invite à découvrir François Plisson !

une belle rencontre avec François Plisson et ses korrigans ! Il a pu nous présenter sa série Tristan nouvellement rééditée en grand format aux éditions Fibulle, sa propre maison d’éditions…

François et son frère Luc Plisson se sont lancé dans un long processus de re-colorisation de la série Tristan. En effet les éditions d’y il a maintenant 30 ans étaient faites à la gouache et à l’aérographe, aujourd’hui les deux frères se servent de l’aquarelle pour redonner un peu de pep’s aux dessins restés tels quels.

Fidèle à lui-même, François Plisson arborait ses magnifiques oreilles d’elfes sur le salon, une manière de ne pas se faire oublier de son public, venu nombreux pour avoir quelques dédicaces… Mais, cette année, il n’a pas joué de cornemuse, décevant non ?

A la découverte de Mohamed Aouamri, dessinateur de bandes dessinées…

Lors du 4ème Festi’DBulles de Saint-Rémy, la licence professionnelle des Techniques et activités de l’image et du son de Chalon-sur-Saône, est partie à la découverte d’une pléiade d’auteurs… Marie, étudiante, vous invite à découvrir Mohamed Aouamri !

Cet auteur d’origine algérienne a eu un parcours assez typique : d’abord étudiant aux Beaux-Arts de Douai puis à Reims, il commence sa carrière en dessinant des gags animaliers au sein du journal Pilote. Il travaille ensuite quelques années dans la publicité et la communication, avant de se lancer réellement dans la bande dessinée en tant qu’illustrateur indépendant.

Trop sollicité durant le festival, nous n’avons pas eu le temps de l’interviewer. Nous vous proposons néanmoins un panorama de ses œuvres, en vous invitant à découvrir cet artiste aux inspirations fantastiques et aux dessins remplis de détails et de force.

On retrouve son style, caractéristique des albums de fantaisy, dans différentes séries :

Sylve, tomes 1, 2 et 3Sylve nous présente un univers mélangeant science-fiction et héroïc fantasy : un mystère à percer, des peuples à découvrir, un monde à explorer… tous les éléments sont là. Une nouvelle société doit s’adapter et faire face à l’enfer d’une nature toute puissante, où des créatures inquiétantes vivent. Dans cet univers, un héros est lancé dans une quête identitaire : Torg, recueilli enfant par la tribu des rhizans, ne connaît pas ses origines, qu’il devine mystérieuses et forcément reliées au passé de cette planète engloutie par le temps.

Mortepierre, tomes 1, 2, 3, 4 et 5Mélange de thriller et de fantastique cette fois, cette série se déroule au Moyen-Age et nous  raconte les aventures de Florie, une jeune femme à la chevelure rousse accusée et poursuivie pour sorcellerie. Sa soeur, Bérengère, ayant été enlevée par le cruel baron Thibaud, elle va vainement tenter de la délivrer avec l’aide de son bien-aimé, Garin. (…)

Saga Valta, tomes 1, 2 et 3Valgar le viking est aussi brave que séduisant… des qualités qui n’ont pas échappé à Astridr, la fille de Thorgerr aux cents guerriers. De leur union naît Gunnar, mais ce bonheur est d’extrêmement courte durée, car le père furieux rattrape le couple maudit quelques minutes après que leur amour a porté son fruit. En fuite, Valgar ne doit sa survie qu’à la lance qu’il porte, artefact légendaire qui attire l’attention du monstrueux Ogerth-le-sinueux. (…)

Récemment, il a pris la relève Loisel et Lodwine à l’illustration de « La Quête de l’Oiseau du Temps », pour le tome 6 de la série.

 

A la découverte de Simona Mogavino, scénariste de bandes dessinées…

Lors du 4ème Festi’DBulles de Saint-Rémy, la licence professionnelle des Techniques et activités de l’image et du son de Chalon-sur-Saône, est partie à la découverte d’une pléiade d’auteurs… Marie, étudiante, vous invite à découvrir Simona Mogavino !Simona est une scénariste et coloriste italienne, notamment à l’origine de la série de bande dessinée Aliénor, dans la collection « Les reines de sang » aux éditions Delcourt.La jeune femme est à l’origine restauratrice d’œuvres d’arts. Son aventure dans le monde de la bande dessinée commence lorsqu’elle se blesse au dos et se retrouve immobilisée quelques temps. Elle se met alors à lire, entre autres la biographie d’Aliénor d’Aquitaine. Pour elle qui n’a jamais aimé l’Histoire étant plus jeune, la découverte du destin de cette reine de France fût une révélation. Elle se passionne alors pour cette femme et son caractère, à la fois forte et fragile, et décide de partager son histoire.

Suite à une rencontre, un peu par hasard, avec l’éditrice Marya Smirnoff, un projet de bande dessinée se concrétise. C’est avec la collaboration du dessinateur sud-américain Carlos Gomez que naît la série de bande dessinée Aliénor d’Aquitaine. Elle est aidée dans le scénario par Arnaud Delalande. Il y a quatre tomes de publiés.

A la découverte d’Alexine, illustratrice, coloriste… et ancienne commerciale !

Lors du 4ème Festi’DBulles de Saint-Rémy, la licence professionnelle des Techniques et activités de l’image et du son de Chalon-sur-Saône, est partie à la découverte d’une pléiade d’auteurs… Donovan, étudiant, vous invite à découvrir Alexine !

Alexine est une auteur qui a découvert sa voie après avoir parcouru nombre de salons et de festivals de BD.

Commerciale de sa profession d’origine, elle se lie d’amitié avec de nombreux auteurs jusqu’à en rencontrer un qui lui fera entamer un tournant vers sa nouvelle voie.

En effet Crisse, l’auteur en question, pour lequel elle travaillera en tant qu’agent lui appris entre autre le découpage de scénario, ce qui la mena par la suite à la scénarisation, avec You au dessin et Elvire De Cock à la couleur, Bianca, son premier album, paraît en mars 2010.

Depuis elle s’est mise à la couleur suite à sa rencontre avec Michel Janvier et plus récemment encore à l’illustration tout en travaillant sur de nouveaux projets.

A la découverte de Jenfèvre, auteur de bandes dessinées

Lors du 4ème Festi’DBulles de Saint-Rémy, la licence professionnelle des Techniques et activités de l’image et du son de Chalon-sur-Saône, est partie à la découverte d’une pléiade d’auteurs… Kevin, étudiant, vous invite à découvrir Jenfèvre ! La découverte des héros classiques de la bande dessinée, dont Astérix, Tintin et Gaston Lagaffe, l’a poussé à se lancer dans le dessin et à faire partager son humour au public au travers de séries telles que « Les Gendarmes », « Joe Bar’s Team » ou encore « Les Footmaniacs ».

Nous nous sommes demandés ce que représentait la bande dessinée pour ce dessinateur, qui nous a répondu en toute simplicité.

Par ailleurs, Jenfèvre nous a dit qu’il travaille actuellement sur le 15e tome des « Gendarmes », dont la publication est prévue pour septembre 2016 aux éditions Bamboo, et qu’il devrait se consacrer ensuite au 9e Tome de « Joe Bar’s Team ».

Le Festi’DBulles s’achève le dimanche 17 janvier, alors n’attendez plus si vous souhaitez rencontrer Jenfèvre pour une dédicace.

A la découverte de Justine Renaud, illustratrice

Lors du 4ème Festi’DBulles de Saint-Rémy, la licence professionnelle des Techniques et activités de l’image et du son de Chalon-sur-Saône, est partie à la découverte d’une pléiade d’auteurs… Anaïs, étudiante, vous invite à découvrir Justine Renaud !

C’est après avoir suivi des études de mode que Justine Renaud, sympathique illustratrice jeunesse, se lance dans l’aventure « Les pattes vertes » en 2012. Une marque dont le concept lui permet de mélanger sa passion pour la mode ainsi que son goût et son savoir-faire pour l’illustration. Les matières se confondent avec les dessins et transportent les petits au travers d’histoires tirées du quotidien, qui nous font découvrir les aventures de personnages drôles et attachants, tels que Rayure le zèbre, Cooky le chien, Crock le crocodile, ou encore Arty le perroquet. Ces personnages viennent ensuite prendre vie sur des tee-shirts slow fashion pour enfants, dont la collection continue de grandir au fil des histoires.

Elle accorde un attachement au respect de l’environnement dans la production des livres, imprimées par un imprimeur certifiés impri’vert, c’est à dire qu’il n’utilise aucun produit toxique, que ses encres sont d’origines végétales et qu’il communique sur les bonnes pratiques environnementales. Les tee-shirts sont quand à eux entièrement bio, certifiés GOTS (Global Organic Textile Standard), et les impressions sont réalisées en sérigraphie, avec des encres ayant un taux minimum de composants chimiques. De quoi continuer à imaginer et créer sans limites.

Bientôt vous pourrez découvrir la nouvelle histoire d’Edmon le lion, intitulée Edmon est grognon. En attendant cela, si vous souhaitez rencontrer Justine Renaud et découvrir ses réalisations, sachez qu’elle sera présente au Festival International de BD d’Angoulême, du 28 au 31 Janvier 2016. Vous pouvez également retrouver ses livres et tee-shirts sur le site  http://www.lespattesvertes.com.

 

A la découverte de Frédéric Marniquet, auteur de bandes dessinées

Lors du 4ème Festi’DBulles de Saint-Rémy, la licence professionnelle des Techniques et activités de l’image et du son de Chalon-sur-Saône, est partie à la découverte d’une pléiade d’auteurs… Michel, enseignant de la licence, vous invite à découvrir Marniquet !

Frédéric Marniquet est un auteur de bandes dessinées – scénariste et dessinateur – que j’ai découvert il y a quelques années avec beaucoup de plaisir. Il faut dire que j’ai toujours été fasciné par Sherlock Holmes, l’enquêteur presque parfait dans ses résultats même si ses qualités humaines sont parfois discutables. J’ai trouvé certaines adaptations cinématographiques ou télévisées de grande qualité de même qu’en bandes dessinées…Lorsque j’ai ouvert Le tombeau de Raskhenotep (en 2001) je suis tombé sous la fascination de cet auteur et les personnages de Scott et Hastings furent pour moi la réincarnation d’un couple mythique créé par Arthur Conan Doyle… Puis il y eut la magie du second livre, Rendez-vous à Dunmhor… Puis il fallut cesser d’attendre une suite…Avec Les aventures de Sean Mac Gregor, La malédiction des Massaïs, le lien avec Sherlock fut encore plus évident pour le plus grand plaisir des lecteurs, du moins de ceux qui partageaient ma passion… Mais, là, un seul album !Alors, il fallut attendre 2011, pour que Marniquet et Chanoinat ouvrent les archives de Sherlock Holmes ! Enfin, en 2016, Frédéric Marniquet vient à Saint Rémy pour la quatrième édition de Festi’DBulles, le bonheur total…

Mais qu’est-ce que la bande dessinée pour Frédéric Marniquet ?

« C’est une question très délicate. Il n’y a peut-être pas de définition complète. C’est raconter une histoire en associant le texte et le dessin. Comme disait Hergé, c’est du cinéma sur papier. Après, on a une multitude de style, une richesse incroyable du roman graphique  à la bédé extrêmement réaliste en passant par l’humour. Il y a aujourd’hui une diversité beaucoup plus grande qu’il y a eu par le passé. Quant à moi, je me reconnais une filiation totale avec les grands maîtres des années cinquante et soixante, voir même en remontant encore plus loin avec Milton Caniff aux Etats-Unis. Ce dernier travaillait dans les années trente avec une modernité hallucinante. »

Merci encore à Frédéric Marniquet pour sa disponibilité et sa gentillesse et, surtout, pour tous ses albums qui m’ont fait rêver…

A la découverte de Charline, auteure de bédés

Lors du 4ème Festi’DBulles de Saint-Rémy, la licence professionnelle des Techniques et activités de l’image et du son de Chalon-sur-Saône, est partie à la découverte d’une pléiade d’auteurs… Anna, étudiante, vous invite à découvrir Charline! Charline est une illustratrice normande, qui croque d’étranges créatures depuis maintenant plusieurs années. Le fantastique et le féerique la fascine depuis son plus jeune âge. Ce sont ses lectures d’enfances qui l’ont menée à vouloir se créer son propre univers. Au travers de ses illustrations, elle instaure l’envie de voyages et d’évasion dans un autre univers, à la fois mystique et poétique. Elle y travail particulièrement l’atmosphère, au travers de l’architecture et de décors naturels. Elle privilégie l’aquarelle, dans son travail d’illustration, lui offrant ainsi des jeux de transparence, auquel elle rajoute parfois de la gouache afin de rajouter de la lumière à ces créations.

Vous pouvez retrouver son travail dans les Fabulines enchantées ou encore Histoires et légendes normandes.

A la découverte de Jérôme Savonarole (2ème partie)

Jérôme Savonarole se lance donc dans la grande réforme de l’Eglise catholique de Florence à défaut de toucher directement à celle de l’Eglise universelle. Il s’aperçoit très rapidement de l’impact qu’il peut avoir, de la façon dont les habitants l’écoutent, tremblent de peur quand il évoque la vengeance de Dieu. Très rapidement il sème dans ses prêches des visions, des prophéties, des descriptions apocalyptiques qui le positionnent en Envoyé de Dieu ce qui lui sera beaucoup reproché lors de son procès quatre ans plus tard…

Ses cibles sont nombreuses à commencer par le luxe, la richesse et la luxure de la ville. Pour cela il oriente son ire en premier contre Pierre de Médicis qui ne va pas peser trop lourd face au dominicain. S’appuyant sur sa popularité croissante, Jérôme fait chasser Pierre par le peuple de Florence qui transforme ainsi la ville en République théocratique. Sans être au pouvoir lui-même, Jérôme influence toutes les décisions et fait régner la terreur…

On s’est souvent demandé comment il s’y était pris pour arriver à son résultat. La ville semblait très ouverte, cultivée, évoluée, civilisée et soudainement on voit se développer la délation, la peur, la destruction de tout ce qui pouvait rappeler la période de Laurent de Médicis. Pour comprendre cela il faut prendre le temps de relire les sermons et prêches de Savonarole. Le frère religieux demande à chacun de rejeter ces richesses qui sont sataniques, il implore les bons et véritables chrétiens de dénoncer ceux qui ne suivent pas la vraie religion, il organise même des grands rassemblements où l’on va brûler les objets superficiels qui éloignent de Dieu, les bûchers des vanités… C’est une grande réforme mais qui est construite sur la violence, la haine, l’exclusion… Une grande partie du peuple de Florence est pétrifiée et suit pour avoir la chance de continuer à vivre – survivre – mais pas par conviction profonde…

Cela ne suffit pas à Jérôme Savonarole qui veut aussi s’attaquer à ce pape Alexandre VI Borgia qui incarne tout ce qu’il rejette. Lors de son passage à Florence, Charles VIII, roi de France, est interpellé par le dominicain qui l’exhorte à provoquer la grande réunion d’un concile pour démettre le pape… Charles VIII n’est pas là pour cela, il veut conquérir une partie de l’Italie qu’il pense lui revenir de droit et cherche à éviter de se mêler des affaires de l’Eglise qu’il ne comprend pas très bien… cela énerve encore plus Savonarole qui menace de façon publique le roi de France, après tout, il n’est pas à un ennemi près…

Très rapidement, Jérôme Savonarole va avoir des ennemis dans plusieurs directions et cela va entrainer sa chute, bien évidemment. On va avoir le pape qui le trouve hérétique, schismatique, menaçant… En quatre ans, le souverain pontife va utiliser tous les moyens à sa disposition pour le faire taire jusqu’à l’excommunication et la participation à son procès… Mais il y aura aussi Pierre de Médicis car le prince chassé va tenter de revenir en 1497. Ce sera finalement un échec mais qui laissera des traces dans les mémoires entre autres avec cinq condamnations à mort de notables favorables à Pierre de Médicis… Enfin, des soucis avec le peuple de Florence même qui n’a jamais été convaincu dans le fond des certitudes de Savonarole. On le suit pour éviter le pire, pour être tranquille, pour se débarrasser d’un concurrent… Bref, Jérôme Savonarole ne parvient pas à réformer en profondeur les mentalités de son temps…

Pourtant, soyons plus précis dans cette analyse. Chez Savonarole il y a trois choses différentes et il convient de bien les séparer. La première est le constat du besoin de réforme accompagné par ses prêches sur un retour aux véritables valeurs évangéliques. Indiscutablement, ses textes sont d’une profondeur réelle, très bien construits et porteurs de valeurs que l’Eglise catholique doit retrouver à tous prix car elle est bien en train de se perdre. Martin Luther fera le même constat quelques années plus tard provoquant la Réforme. D’ailleurs, un certain nombre de catholiques, dont certains seront mêmes déclarés saints, utilisent ces textes et les garderont avec eux comme des outils indiscutables pour réformer l’Eglise. Certains papes iront même jusqu’à réhabiliter une partie des écrits de Savonarole.

Mais Savonarole ne fut pas qu’un prêcheur, il voulut mettre en place un système politique basé sur ses prêches. C’est là que le bât blesse car comme c’est aujourd’hui le cas avec l’Etat Islamique, quand le pouvoir spirituel devient temporel les excès de toute nature arrivent et rendent la vie impossible ! Savonarole condamne à tours de bras, le pouvoir exécute ! Haine, violence, destruction du lien entre les habitants, la réforme appliquée à la société de Florence devient une dictature absolue et inhumaine. Toute cette violence se retournera très vite contre Savonarole.

Enfin, le dernier ennemi de Savonarole et ce n’est pas le moindre est le pape lui-même, Alexandre VI Borgia. Certes, nous l’avons déjà dit, ce pape n’inspire pas trop de le respect. Débauché, despote, népotiste, intéressé, égoïste, violent… la liste de ses défauts connus aurait pu remplir à elle-seule cette émission de radio. Mais le pape reste le pape, il a des moyens considérables et il va tout faire pour faire taire Savonarole définitivement enterrant ainsi toutes velléités de réforme dans l’église, du moins durant un certain temps…

A un moment donné, après quelques courtes années de dictature théocratique, tous les ennemis de Savonarole vont réussir à le faire chuter, taire et disparaitre à tout jamais. Ce sera d’abord la chute politique car Florence veut finalement un autre régime pour se développer, faire du commerce, exister sur la scène politique… Chute religieuse car le pape va exiger de Florence un procès religieux et théologique pour obtenir une condamnation sur le fond et non simplement sur la forme. Enfin, chute populaire car tout Florence se donnera rendez-vous pour l’exécution de Savonarole…

A cette époque, on utilisait la torture pour obtenir des aveux et donc il faut être prudent dans l’analyse des documents du procès dont certains ont été brûlés. Ce qui est certain, c’est que l’on a annoncé que Savonarole avait avoué avoir inventé ses prophéties et ses dialogues avec Dieu. A ce titre, l’église catholique le déclarait hérétique et schismatique car il avait voulu démettre le pape. Le peuple de Florence se sentait floué par un homme qui lui avait menti en lui faisant croire que c’est Dieu qui voulait ces réformes. La noblesse et les notables de la ville, eux, retrouvaient leur pouvoir, c’était bien là l’essentiel, et la mort seule pouvait garantir que ce fou illuminé ne reviendrait pas les perturber…

Jérôme Savonarole fut bien condamné à mort et exécuté le 23 mai 1498. Il fut d’abord pendu, puis le corps fut brûlé et jeté dans le fleuve Arno…

Martyre, réformateur avant l’heure, fou illuminé, dictateur avide de pouvoir… chacun utilisera le mot qu’il souhaite mais ce qui est certain c’est que cette Eglise catholique de la Renaissance avait bien besoin d’une réforme qui tardait à venir… La luxure et les abus l’avait envahie ; certains prélats, y compris le pape, semblaient refuser toute changement et oubliaient les valeurs évangéliques ; enfin, le peuple était perdu et attendait des voix qui sauraient lui indiquer la direction à suivre…

Sources de cet article et émission de radio :

Savonarole, Ivan Cloulas, Fayard, 1994

Savonarole, Pierre Antonetti, Perrin, 1991

Encyclopédie des papes, Stéphane Arthur et Michel Bonnet, Banon, 1995

A la découverte de Jérôme Savonarole (1ère partie)

La dictature théocratique n’est pas une spécialité ni du vingtième siècle, ni des Musulmans. Je crois qu’il est juste de le préciser et cela ne justifie rien, n’excuse rien, ne doit pas non plus laisser indifférent… Ce n’est pas non plus parce que les uns ou les autres auraient commis des excès qu’il faudrait passer son temps à se justifier, à s’excuser ou s’allonger devant les autres, à commencer par ceux qui refusent toute religion… Les choses sont plus complexes et il faut rester d’une grande prudence sur ces sujets.

Par contre, reconnaissons-le sans aucune hésitation, les Catholiques n’ont pas de leçon à donner aux autres compte tenu de certains de leurs excès et mésaventures. Ils peuvent par contre, c’est ainsi qu’il faut me comprendre, aider à construire une réflexion autour de certains épisodes de leur histoire de façon à, peut-être, soyons plein d’espérance, éviter aux autres certaines erreurs du passé… Ces dites erreurs pouvant être, c’est aussi une certitude, reproduites par des catholiques eux-mêmes car, s’il est disgracieux de tomber deux fois sur la même pierre comme le dit un certain Cicéron, il n’en demeure pas moins réel que la répétions des fautes, si diabolique soit-elle, est une réalité de l’histoire humaine et que l’Eglise catholique n’y échappe pas !

Revenons-en donc à cette dictature théocratique que certains croient l’apanage des Musulmans avec cette incarnation dans l’Etat islamique… C’est au moment de la Renaissance, quand l’humanité semble atteindre sa culture optimale, quand l’Eglise catholique participe à l’effervescence culturelle que nous constatons en particulier sur les plafonds de la chapelle Sixtine, qu’un certain Savonarole va faire parler de lui avant de finir tragiquement sur un bûcher… Tentons de comprendre pourquoi et cela nous donnera quelques éclairages pour les périodes que nous traversons aujourd’hui…

L’église catholique, nous l’avons vu depuis quelques temps ensemble, avait pris un chemin pour le moins pas très orthodoxe. Les premiers papes de la Renaissance se comportaient de plus en plus en princes et non en leaders spirituels. Ils commandaient des œuvres d’art en dilapidant la richesse de l’église, avaient des maitresses voire des amants, collectionnaient les enfants, se comportaient alternativement en despotes éclairés, en riches égoïstes, en népotistes publics… Bref, cette église était certainement à réformer, tout le monde en convenait, les papes eux-mêmes l’affirmaient du bout des lèvres sans pour autant commencer la moindre réforme… Fallait quand même pas exagérer !

Jérôme Savonarole nait en 1452, presque en même temps que l’imprimerie, dans une famille aisée d’Italie du Nord. Son père médecin l’invite à le suivre dans la même voix et c’est bien ce qui a failli se produire… Mais, c’est au printemps 1475 que Jérôme entre chez les Dominicains. Cela se passe à Bologne. Il racontera, plus tard que c’est en écoutant une phrase utilisée par un prêcheur que sa décision lui apparaitra comme une évidence. La phrase, la voici :

« Quitte ta patrie, ta famille et la maison de ton père pour le pays que je te montrerai »

Il s’agissait de l’ordre donné à Abraham et cela devient celui donné à Jérôme Savonarole. Certes, le jeune homme était déjà anxieux mais maintenant tout va changer en lui. Il va lui falloir une année entière pour cesser ses études de médecine, abandonner sa famille et entrer chez les Dominicains. Comme le dit Ivan Cloulas dans sa très bonne biographie de Savonarole, Jérôme commence alors sept années de recueillement et d’études. Certes, il est dispensé de quelques matières, mais le silence, la prière, la méditation vont maintenant l’accompagner dans sa nouvelle vie. Une vie qu’il va suivre avec passion et détermination.

En 1482, il est nommé au couvent de Florence et va commencer à prêcher avec talent, se faisant remarquer comme intelligent, vif, précis, intègre… et ce, dans une ville toute vouée à la culture mais aussi à une certaine forme de débauche, la ville de Laurent de Médicis (1449-1492).

Très rapidement, Jérôme Savonarole va devenir une sorte de millénariste et prêcheur de l’Apocalypse. Il parle d’un Dieu qui va se venger de toute l’impiété des hommes, il veut faire peur, faire trembler les fidèles jusqu’à leur conversion. Il dénonce les vices des uns et des autres sans oublier, bien sûr, ceux des clercs, des prélats, du pape…

Ce qui devait arriver arriva, Savonarole fut écouté, respecté et finalement il fut élu prieur du couvent en 1491. Certes, dans le même temps, c’est indiscutable aussi, il se mit à agacer de nombreuses personnes à commencer par le pape et le prince de Médicis… En 1492, le pape Innocent VIII et le prince Laurent de Médicis meurent. C’est l’occasion rêvée pour mettre en place la grande réforme qui ressemble dans la tête de Jérôme Savonarole à un immense coup de balai, au nettoyage des écuries d’Augias en quelque sorte. Mais il n’a pas encore tout vu, le pauvre bougre !

Les deux successeurs sont Alexandre VI Borgia pour le siège de Pierre à Rome et Pierre de Médicis pour la ville de Florence. Le premier a acheté ses voix et ne sera pas ce que l’on pourrait appeler un grand homme et nous prendrons le temps de le découvrir dès la prochaine fois, tandis que Laurent est remplacé par Pierre de Médicis, fils ainé de Laurent mais piètre homme d’état qui va accumuler les bourdes jusqu’à se faire chasser de la ville par ses habitants comme nous allons le voir la prochaine fois, dans une deuxième partie…

(Les sources seront précisées dans la deuxième partie)