A la découverte de Jérôme Savonarole (1ère partie)

La dictature théocratique n’est pas une spécialité ni du vingtième siècle, ni des Musulmans. Je crois qu’il est juste de le préciser et cela ne justifie rien, n’excuse rien, ne doit pas non plus laisser indifférent… Ce n’est pas non plus parce que les uns ou les autres auraient commis des excès qu’il faudrait passer son temps à se justifier, à s’excuser ou s’allonger devant les autres, à commencer par ceux qui refusent toute religion… Les choses sont plus complexes et il faut rester d’une grande prudence sur ces sujets.

Par contre, reconnaissons-le sans aucune hésitation, les Catholiques n’ont pas de leçon à donner aux autres compte tenu de certains de leurs excès et mésaventures. Ils peuvent par contre, c’est ainsi qu’il faut me comprendre, aider à construire une réflexion autour de certains épisodes de leur histoire de façon à, peut-être, soyons plein d’espérance, éviter aux autres certaines erreurs du passé… Ces dites erreurs pouvant être, c’est aussi une certitude, reproduites par des catholiques eux-mêmes car, s’il est disgracieux de tomber deux fois sur la même pierre comme le dit un certain Cicéron, il n’en demeure pas moins réel que la répétions des fautes, si diabolique soit-elle, est une réalité de l’histoire humaine et que l’Eglise catholique n’y échappe pas !

Revenons-en donc à cette dictature théocratique que certains croient l’apanage des Musulmans avec cette incarnation dans l’Etat islamique… C’est au moment de la Renaissance, quand l’humanité semble atteindre sa culture optimale, quand l’Eglise catholique participe à l’effervescence culturelle que nous constatons en particulier sur les plafonds de la chapelle Sixtine, qu’un certain Savonarole va faire parler de lui avant de finir tragiquement sur un bûcher… Tentons de comprendre pourquoi et cela nous donnera quelques éclairages pour les périodes que nous traversons aujourd’hui…

L’église catholique, nous l’avons vu depuis quelques temps ensemble, avait pris un chemin pour le moins pas très orthodoxe. Les premiers papes de la Renaissance se comportaient de plus en plus en princes et non en leaders spirituels. Ils commandaient des œuvres d’art en dilapidant la richesse de l’église, avaient des maitresses voire des amants, collectionnaient les enfants, se comportaient alternativement en despotes éclairés, en riches égoïstes, en népotistes publics… Bref, cette église était certainement à réformer, tout le monde en convenait, les papes eux-mêmes l’affirmaient du bout des lèvres sans pour autant commencer la moindre réforme… Fallait quand même pas exagérer !

Jérôme Savonarole nait en 1452, presque en même temps que l’imprimerie, dans une famille aisée d’Italie du Nord. Son père médecin l’invite à le suivre dans la même voix et c’est bien ce qui a failli se produire… Mais, c’est au printemps 1475 que Jérôme entre chez les Dominicains. Cela se passe à Bologne. Il racontera, plus tard que c’est en écoutant une phrase utilisée par un prêcheur que sa décision lui apparaitra comme une évidence. La phrase, la voici :

« Quitte ta patrie, ta famille et la maison de ton père pour le pays que je te montrerai »

Il s’agissait de l’ordre donné à Abraham et cela devient celui donné à Jérôme Savonarole. Certes, le jeune homme était déjà anxieux mais maintenant tout va changer en lui. Il va lui falloir une année entière pour cesser ses études de médecine, abandonner sa famille et entrer chez les Dominicains. Comme le dit Ivan Cloulas dans sa très bonne biographie de Savonarole, Jérôme commence alors sept années de recueillement et d’études. Certes, il est dispensé de quelques matières, mais le silence, la prière, la méditation vont maintenant l’accompagner dans sa nouvelle vie. Une vie qu’il va suivre avec passion et détermination.

En 1482, il est nommé au couvent de Florence et va commencer à prêcher avec talent, se faisant remarquer comme intelligent, vif, précis, intègre… et ce, dans une ville toute vouée à la culture mais aussi à une certaine forme de débauche, la ville de Laurent de Médicis (1449-1492).

Très rapidement, Jérôme Savonarole va devenir une sorte de millénariste et prêcheur de l’Apocalypse. Il parle d’un Dieu qui va se venger de toute l’impiété des hommes, il veut faire peur, faire trembler les fidèles jusqu’à leur conversion. Il dénonce les vices des uns et des autres sans oublier, bien sûr, ceux des clercs, des prélats, du pape…

Ce qui devait arriver arriva, Savonarole fut écouté, respecté et finalement il fut élu prieur du couvent en 1491. Certes, dans le même temps, c’est indiscutable aussi, il se mit à agacer de nombreuses personnes à commencer par le pape et le prince de Médicis… En 1492, le pape Innocent VIII et le prince Laurent de Médicis meurent. C’est l’occasion rêvée pour mettre en place la grande réforme qui ressemble dans la tête de Jérôme Savonarole à un immense coup de balai, au nettoyage des écuries d’Augias en quelque sorte. Mais il n’a pas encore tout vu, le pauvre bougre !

Les deux successeurs sont Alexandre VI Borgia pour le siège de Pierre à Rome et Pierre de Médicis pour la ville de Florence. Le premier a acheté ses voix et ne sera pas ce que l’on pourrait appeler un grand homme et nous prendrons le temps de le découvrir dès la prochaine fois, tandis que Laurent est remplacé par Pierre de Médicis, fils ainé de Laurent mais piètre homme d’état qui va accumuler les bourdes jusqu’à se faire chasser de la ville par ses habitants comme nous allons le voir la prochaine fois, dans une deuxième partie…

(Les sources seront précisées dans la deuxième partie)

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