Le sculpteur Denis Monfleur se pose à Chalon-sur-Saône !

C’est au cœur de l’Espace des arts que Denis Monfleur, sculpteur de pierres, est venu poser son œuvre, un travail qui redonne vie au minéral en reliant le granit à l’être humain. Quand on entre on est saisi par certaines pièces, accrochées au plafond, petits anges qui semblent nous faire oublier la pesanteur et, surtout, le poids du granit…et leur vie ne tient qu’à un fil…

Dans un deuxième temps, votre regard se pose sur les murs où vous découvrez des « Christ » et il est bien difficile de faire le lien entre ces signes hautement religieux et la non croyance de l’artiste. Interrogation, doute, hésitation, réflexion ou signe d’une profonde humanité qui se retrouverait face au Christ en croix avec aucune réponse satisfaisante ? Allez savoir, si la foi est un mystère, l’inspiration de l’artiste l’est aussi…

Enfin, si la pierre sculptée est éternelle – il faudrait une sacrée explosion nucléaire pour la faire disparaitre – force est de constater que la mort, elle, est bien présente dans cette exposition. Le Christ l’évoquait déjà mais les crânes alignés au fond de la salle, intitulés Vanité, rappelle que la vie n’a qu’un temps, le crâne restant comme seules traces d’un passage éphémère sur cette planète minérale…

Cette œuvre, même si l’artiste s’en défend, interroge le visiteur, le pousse dans ses retranchements et ne le laisse pas indifférent. Chacun retient ce qui le touche, le très grand comme le plus petit, chacun peut prier ou admirer, critiquer ou s’emplir poétiquement, qu’importe, la pierre restera, inamovible… et, pourtant, l’artiste, lui, disparaitra bien un jour et c’est peut-être aussi ce qui pousse le sculpteur à flirter avec l’immortalité… Allez savoir !

Mais il est possible que vous n’y voyiez pas la même chose et c’est pour cela que vous allez devoir vous rendre à l’Espace des arts pour vous confronter à ces œuvres de granit et de basalte, pour découvrir Denis Monfleur… et si vous accrochez, si vous entrez en dialogue avec ces Christ et ces crânes, si comme moi vous vous dites que l’art est profondément humain quand il est réalisé par Denis Monfleur, alors vous prendrez aussi la route du Creusot, où, l’ARC accueille la deuxième partie de cette exposition.

Ces deux installations, dans ces deux belles institutions culturelles, l’Espace des arts et l’Arc, sont à votre disposition jusqu’au 24 janvier 2016, c’est gratuit et il y a même des visites accompagnées pour vous aider à pénétrer cette œuvre majeure…

 

Chalon dans la rue avec la compagnie Avec-ou-Sanka…

Je ne dis pas souvent du mal d’un spectacle car j’ai beaucoup de respect pour les artistes, je sais le temps qu’il faut pour créer, mettre en place et faire tourner un spectacle pour porter un jugement rapide et définitif sur le travail d’un acteur… c’est pour ça que je suis triste aujourd’hui, après avoir vu Superboy de la compagnie Avec-ou-Sanka.

Tout d’abord, l’idée de faire un spectacle avec le fils de Superman m’a paru excellente dès le départ. Comment faire mieux que son père dans cette situation-là ? Le thème est fort et je pense qu’il fallait aller au bout du concept…

Malheureusement, dès le départ, on sent l’acteur en doute, pas le personnage, je dis bien l’acteur. En doute et même en souffrance, souffrance qui augmentera quand il sera bien obligé de constater que ses premiers spectateurs quittent l’espace…

Peut-être que notre acteur ne sait pas très bien où se positionner. Faut-il faire rire ou pleurer le spectateur ? Il ne sait pas et du coup, il fait parfois rire avec quelques gags bien choisis, écrits et joués… Et, il fait pleurer, ou plus exactement, il arrive à émouvoir une partie du public avec ce personnage que finalement j’ai trouvé profondément humain…

Je me suis demandé si ce spectacle n’avait pas sa place ailleurs que dans la rue ou dans la cour Niépce car je suis certain qu’il faut, malgré la relative mauvaise réception, persévérer, trouver le bon ton et je crois que ce spectacle trouvera alors son véritable public, un public mature et trouvera-là un beau texte sur la relation entre un père et son fils…

C’est toujours difficile de sortir d’un spectacle aussi mitigé, mais bon vent quand même à cette compagnie sympathique qui s’est déjà illustrée par le passé et qui saura trouver dans le futur le chemin du public !

Chalon dans la rue avec la compagnie Transe express

A Chalon, c’est bien connu, on aime les grands spectacles, ces moments féériques où les grandes machineries, les voltiges aériennes, les scénographies spatiales, les artifices spectaculaires et autres grandioseries musicales et plastiques qui viennent enchanter le public…

C’est ainsi que beaucoup de Chalonnais ont été heureux d’apprendre que la compagnie Transe express allait revenir cette année pour un spectacle céleste à moins que ce fut pour une féérie astrale et poétique…

Dès le premier soir, ce spectacle faisant office d’ouverture de festival, j’étais là et ce fut une première surprise : malgré une pluie dense et qui mouillait pour de vrai, des centaines de Chalonnais sont restés présents, attentifs, transportés par les effets musicaux, colorés et aériens… Oui, cela fonctionnait malgré la météo !

Mais je suis revenu le lendemain, pas pour vérifier que les Chalonnais étaient encore là, par pour contrôler si le spectacle fonctionnait aussi bien, plutôt pour en profiter plus sans me faire tremper. Oui, on peut être chalonnais et apprécier un spectacle sans orage même si depuis des années on a pris l’habitude des inaugurations en fanfares et orage, une des plus belles harmonies musicales que la nature puisse offrir aux festivaliers…

J’aime beaucoup ce type de spectacle qui n’oblige pas le spectateur à réfléchir trop, à se prendre la tête, à rechercher tous les liens possibles avec les autres spectacles vus dans le même genre… En fait, ici, il suffit de se laisser porter, d’absorber tout ce beau sans en attendre plus que d’être charmé, enchanté, ému, pour en ressortir autre. Oui, le spectacle vivant transforme le monde et chacun d’entre nous…

 

Très rapidement la super structure, la grue gigantesque, les performances physiques et vocales, la musique… s’estompent pour vous plonger dans un univers de rêve et de poésie…

J’ai donc aimé, j’en ai profité deux fois et je ne regrette rien, bien au contraire, j’en redemande ! Mais c’est terminé pour la participation de Transe express à Chalon dans la rue 2015, il faut maintenant passer à autre chose et le programme nous réserve tellement de surprises que je n’ai aucun doute sur le fait que chacun puisse trouver chaussure à son pied, spectacle à sa convenance et que le festival vous réjouira le cœur encore de nombreuses fois…

Chalon dans la rue avec la compagnie Anonima Teatro

Madame a décidé de partir avant la fin du spectacle ! Elle en a parfaitement le droit, c’est un des droits imprescriptibles des spectateurs de spectacles de rue, je ne transigerai pas sur cela. Mais, chère madame, permettez-moi de revenir sur l’excuse que vous nous avez donné en partant : quelle nullité de sur-jouer ainsi ! Madame, désolé de vous le dire, l’acteur ne sur-jouait pas, il jouait du Rabelais !

J’adore cet auteur depuis des décennies, c’est mon père qui me l’a fait découvrir et depuis je suis resté fidèle à la démesure, à la grandiloquence, à la truculence rabelaisienne… Oui, c’est ainsi. Je comprends parfaitement que l’on aime ou pas Rabelais même si bon nombre de ceux qui le critiquent ne le connaissent pas. Les goûts ne se discutent pas, on dit même qu’ils sont tous présents dans la nature…

J’aime l’idée qu’une troupe de théâtre puisse avoir comme objectif de faire plonger le public, le grand public, dans l’univers rabelaisien. L’objectif est ambitieux et l’expérience d’aujourd’hui a montré que pour une bonne partie du public ce fut objectif atteint ! Quant aux autres, je ne leur en veux pas et ils ne savent pas ce qu’ils perdent…

Ici, l’idée est simple. Un lecteur, avec le texte de Rabelais lui-même, nous emmène sur l’Isle Farouche. Mais comme le vieux françois n’est pas toujours à comprendre, les objets vont nous aider… d’une lecture classique à la Lucchini nous voici passés au théâtre d’objets, art narratif fascinant qui est très bien utilisé par la troupe Anonima Teatro…

Dans l’œuvre de Rabelais, pour ceux qui la pratiquent un tant soit peu, il y a de longues descriptions ancêtres de celles de Prévert. Une des séquences du spectacle montre que le théâtre d’objet se prête très bien à ces longues énumérations… Admirable…

Et comme la guerre entre Pantagruel et ses amis et les andouilles fait rage, un des membres de la troupe fait cuire tranquillement des saucisses, des vraies, à la plancha, une belle façon d’unir, à la fin du spectacle, acteurs, spectateurs, charcutier, andouilles et Rabelais… L’union parfaite, quoi !

J’ai passé un très beau moment littéraire et gastronomique, merci Rabelais pour ton génie, merci à la troupe Anonima Teatro d’avoir osé ce spectacle, merci au public chalonnais qui est exigeant et capable de plonger dans de tels délires, merci au Coteau des saveurs pour ces bien bonnes saucisses faites en Bourgogne !

Chalon dans la rue avec la compagnie CIA

Il fallait oser faire un spectacle sur Jean Jaurès et l’ouvrir par les cris de Jaurès contre la guerre au moment où on n’a pas tout à fait terminé les « célébrations » de cette première grande boucherie internationale, la Guerre de 14-18. C’était osé et la Compagnie Internationale Alligator (CIA) l’a fait, plutôt bien et de façon populaire c’est-à-dire en faisant plonger son public dans un discours politique…

Ici, avec ce spectacle Rue Jean Jaurès la compagnie CIA fait du théâtre de rue, je dirais même du discours de rue ? Chaque acteur monte sur une échelle pour prendre la parole, se faire entendre et pour distinguer les personnages de cette fresque politico-historique, le spectateur doit observer les chapeaux, seuls signes distinctifs… Tous les personnages sont tournants et, du coup, chacun joue le Grand Jaurès à un moment ou un autre, de la chambre maternelle à l’Assemblée Nationale, de l’école à la rue, du lycée où il enseigne à la maison familiale…

J’ai beaucoup aimé la façon de raconter la vie de Jaurès – car c’est bien de cela qu’il s’agit – avec des moments forts comme la Commune, les élections législatives – gagnées ou perdues – et les discussions entre camarades pour construire l’avenir des ouvriers…

Un très beau spectacle citoyen, pédagogique et historique. On a l’impression que le spectateur est respecté, que l’on cherche à lui apprendre des éléments qui sont peut-être perdus au fond de sa mémoire, que l’on a envie de tirer vers le haut contrairement à certains spectacles de la télévision contemporaine…

Désolé, je m’étais promis de rester sage aujourd’hui et de rester consensuel… Enfin, j’avoue, j’ai adoré ce spectacle et on se sent revigoré après, prêt à se battre encore un peu plus, pour la justice, pour l’équité, pour construire une planète plus ouverte et agréable à vivre…

Je terminerai ma petite chronique en évoquant très rapidement une belle séquence de ce spectacle consacrée à l’Affaire Dreyfus, de la pseudo trahison au J’accuse de Zola, du premier procès au second, de la première dégradation à la seconde…

Merci à cette compagnie de nous présenter ce qui reste comme un bel exemple de théâtre de rue, de théâtre engagé et de spectacle de qualité… Mille fois merci et à très bien tôt !

Les Estivales de Brou 2015 : 8ème symphonie de Gustave Mahler

Comme chaque année depuis cinq ans, cette période de l’année est consacrée, pour moi, aux Estivales de Brou, un festival de musique où je me sens bien car il est à la fois ambitieux par la programmation et accessible à tous en évitant un élitisme stérile… C’est ainsi que chaque année je viens y découvrir quelques petites merveilles et c’est ainsi que le dimanche 12 juillet, je suis venu en famille pour assister, écouter, profiter et prendre beaucoup de plaisir avec la huitième symphonie de Gustave Mahler, véritable réussite pour ce vingt-cinquième anniversaire du grand rendez-vous musical de Bresse !

Gustave Mahler de son vivant (1860-1911) a été beaucoup plus connu comme chef d’orchestre que comme compositeur. Il n’est donc pas étonnant de voir que certaines de ses compositions sont destinées à mettre le chef en évidence et en lumière, comme c’est le cas dans cette huitième symphonie et ce n’est pas Jean-Marie Curti qui prétendra le contraire, lui qui a dirigé avec brio cette prestation finale des Estivales de Brou 2015 !

La huitième symphonie de Gustave Mahler est destinée à être interprétée par plus de 1000 musiciens et chanteurs. Ce ne fut pas le cas à Bourg-en-Bresse car il n’y avait qu’environ 140 musiciens et 300 chanteurs, ce qui n’est quand même pas rien à diriger… et, aussi, placer sur scène !

Avant d’attaquer le gros du programme, les musiciens interprétèrent Ouverture 1812 de Tchaïkovski. Rappelons que cette pièce musicale a été composée par le musicien russe pour commémorer les victoires de l’Empire russe sur l’Empire français. Une façon comme une autre de prolonger les célébrations du bicentenaire de Napoléon…

La première partie de la huitième symphonie de Mahler, Hymnus, a permis de mettre en valeur la puissance du chœur composé pour cette occasion avec le Chœur départemental de l’Ain, le Grand ensemble vocal d’Annecy, le Chœur Pro Musica d’Annecy, le Chœur des Trois frontières d’Alsace, des membres du Chœur de l’ENS de Lyon, le Chœur Ad Hoc et le Chœur d’enfants du CRD de Bourg-en-Bresse Agglomération… et même si Jean-Marie Curti me confiant après le concert qu’il aurait aimé une cinquantaine de choristes supplémentaires pour donner plus de puissance, avouons que l’effet pour le public fut tout à fait à la hauteur des espérances… Bravo !

La seconde partie, dite scène finale de Faust ou, en allemand, Schluss Szene aus « Faust », fut l’occasion pour le chef de montrer toute la qualité de cet orchestre magnifique des Musiciens d’Europe… en lien encore avec ces chanteurs, solistes ou choristes, qui éblouirent de leurs talents conjugués le public présent… Un très grand moment !

Pour des amateurs de musique – je ne parle pas des mélomanes quasi professionnels – ce type de soirée marque durablement car cette huitième symphonie de Mahler appartient à ces pièces musicales que l’on ne voit pas si souvent que cela interprétées à cause des contraintes fortes. On n’a pas souvent l’occasion de voir autant de musiciens réunis… Près de 450 à Bourg ce dimanche !

Merci aux bénévoles qui font vivre depuis 25 ans ces Estivales de Brou que j’ai découvertes il y a cinq ans. Dès maintenant, je vous dis du fond du cœur, à l’année prochaine !

Axelle vous invite dans la magie d’Harry Potter… L’expo de Paris à ne pas manquer !

Tous les fans d’Harry Potter ont rêvé au moins une fois de pouvoir visiter « Poudlard » et le monde magique d’Harry Potter. Ce qui est possible si on habite en Angleterre et qu’on a la chance de pouvoir visiter le « Harry Potter Studio », tour qui regroupe tous les décors et accessoires des films.

En attendant de pouvoir un jour visiter cet antre probablement magique, nous pouvons toujours aller visiter l’exposition dédiée au jeune magicien à Paris. En effet c’est à la cité du cinéma que sont exposés jusqu’au 6 septembre certains décors, accessoires et costumes de la célèbre saga. La visite se fait par petit groupe et créneau horaires, pour des raisons techniques et pour permettre au visiteur de mieux s’immerger.

Dès le début, nous sommes plongés dans l’univers fantastique d’Harry Potter en se trouvant face à face avec le « choixpeau » magique. Une occasion pour savoir à quelle maison on pourrait appartenir si on était à « Poudlard ». Après quelques effets surprenants (que je tairais pour ne pas dévoiler la surprise à ceux qui souhaiteraient la découvrir), nous nous retrouvons plongés dans l’exposition à la découverte des différents objets entreposés. De la chambre d’Harry en passant par les tenues de « quidditch » jusqu’à la cabane d’Hagrid, nous sommes littéralement emportés au cœur de l’univers de J.K Rowling. Tout au long de la visite les célèbres musiques des films permettront davantage de nous immerger.

Bien sûr, l’exposition n’est pas aussi grande que le « Harry Potter Studio Tour » à Londres (qui expose tous les décors de la série) et la visite se termine assez vite, malgré les quelques animations proposées. On sera également déçu de ne pas voir certains objets ou décors.

Malgré tout cela reste un bon moment à passer, et les fanas d’Harry Potter seront tout de même ravis de pouvoir découvrir certains éléments de la saga. En attendant sa lettre d’admission pour « Poudlard », l’exposition Harry Potter reste une bonne alternative !

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La Cité du Cinéma accueille le phénomène Harry Potter, le temps d’une exposition itinérante. Du 4 avril au 6 septembre 2015, les petits et grands moldus ont la chance de pouvoir découvrir Poudlard et ses habitants, dans une folle exposition.

Horaires : 10h30-19h en semaine, 9h30-20h week-end, vacances et jours fériés
Attention, les entrées se font par créneaux horaires !
En savoir plus sur http://www.sortiraparis.com/arts-culture/exposition/articles/78680-exposition-harry-potter-a-la-cite-du-cinema#JVHageFvHzd5k6Tf.99

La fête de la musique est une fête de l’esprit… Non ?

En arpentant les rues de Chalon lors de la fête de la musique quelques phrases remontaient en moi…

« La musique souvent me prend comme une mer ! »  Charles Baudelaire

« La musique est libératrice, elle libère de la solitude et de l’enfermement, elle ouvre dans le corps des portes par où l’âme peut sortir pour fraterniser. »   Milan Kundera

« Le son pénètre directement notre corps. Ce que l’oreille peut accomplir à l’intérieur de notre cerveau, à l’intérieur de nos vies, rien d’autre ne peut le faire. »  Yehudi Menuhin

« L’éducation musicale n’est pas l’éducation du musicien, mais – avant tout – celle de l’humain. » Soukhomlinsky

« La musique donne une âme à nos cœur et des ailes à la pensée. »  Platon

« La musique folklorique, c’est la plus belle manière de faire savoir aux jeunes d’où ils viennent et où ils vivent. C’est une musique de participation, qu’ont chantée et dansée nos aïeux, c’est l’art du peuple, et non celui des vendeurs. »  Monique Désy Proulx

« La musique chasse la haine chez ceux qui sont sans amour. Elle donne la paix à ceux qui sont sans repos, elle console ceux qui pleurent. »   Pablo Casals

Vive la fête de la musique !

Voyage, histoire et lectures : Bourges

En rentrant de cet Anjou où nous avions passé de riches heures à admirer architecture, nature tout en profitant de la nature, nous avons décidé de faire une halte découverte à Bourges, capitale du Berry, belle province française qui a beaucoup compté dans l’histoire de notre nation.

Tout le monde connait, au moins partiellement, cette terre. Pour les uns, cette région sera symbolisée par le crottin de Chavignol (le village est à moins de 50 kilomètres de Bourges), pour d’autres ce sera la maison de George Sand (à moins de 100 kilomètres+, au cœur du Berry), tandis que les derniers préfèreront Bourges avec sa cathédrale et ses palais… ou son printemps musical !

Il faut dire que Bourges connut ses heures de gloire avec d’une part le duc de Berry, fils de Jean II le Bon, qui donna beaucoup à sa ville et à qui on doit des traces culturelles étonnantes dont le fameux ouvrage de piété, Les riches heures du duc de Berry (manuscrit magnifique conservé au château de Chantilly). Puis après cette époque dont il ne reste pas beaucoup de monuments, il y eut la construction de la cathédrale Saint Etienne, église majestueuse inscrite au patrimoine mondial, peut-être pas assez connue car un peu étouffée par Chartres, Paris, Reims, Laon… Enfin, Bourges devint presque la capitale de la France – ne parle-t-on pas du roi de Bourges en évoquant Charles VII – lorsque pendant la Guerre de Cent Ans le roi de France y trouva refuge. C’est aussi à cette époque qu’un Berruyer, Jacques Cœur, développa ses affaires et accéda au poste de Grand Argentier du roi, sorte de ministre des finances. Le palais de Jacques Cœur est de toute beauté et continue d’attirer de nombreux visiteurs à Bourges…

Quand on arrive à Bourges, la région étant assez plate, on voit cette cathédrale qui domine la ville de loin. Pourtant la colline n’est pas très élevée et on peut « escalader » tout cela en quelques minutes sans trop d’effort. Quand on arrive face à cette église, on mesure qu’elle est enserrée dans la ville et que l’on a fort peu de recul pour l’admirer. Le premier sentiment est celui de la beauté car il semble que cette construction a surtout recherché à mettre en place une harmonie générale et non une performance spécifique (la plus longue, la plus haute, le clocher le plus haut…). Ici, on est serein et on peut admirer, tout simplement.

Historiquement ce fut la première cathédrale gothique au sud de la Loire et le roi comme l’église la considéraient comme un symbole face au sud la France, un sud peu fidèle à la royauté et parfois aux comportements religieux déviants (du moins vu de Paris et de Rome).

Heureusement, certaines statues ont survécu jusqu’à nous et c’est un véritable bonheur que de se promener dans cet édifice en admirant, contemplant, méditant et pourquoi pas en priant puisque nous sommes aussi dans un lieu de culte et pas seulement un espace historique !

Le palais de Jacques Cœur est l’occasion, lui, de repenser à ces aventuriers du commerce et de la finance que furent ceux qui ne se contentaient pas de taper sur un clavier pour acheter et vendre. Jacques Cœur fut d’abord un voyageur qui est allé au Moyen Orient, qui a recherché les meilleures affaires dans des domaines aussi variés que les toiles, les étoffes fines et délicates, les minerais, les métaux précieux, les pierres… Comme d’autres responsables des finances publiques, il a probablement parfois dépassé les limites légales, mais il a surtout excité les jalousies comme Fouquet… Condamné, emprisonné, banni puis enfin rétabli dans son honneur par Louis XI le successeur de Charles VII. Mais Charles VII était assez ingrat avec ceux qui l’avaient aidé, que ce soit Jeanne d’Arc ou Jacques Cœur…

Bien sûr, on va pouvoir prolonger le voyage par quelques ouvrages historiques et pour ceux qui ne sont pas des spécialistes de cette époque de la fin de la Guerre de Cent Ans, je vous renverrais bien au volume 5 de la Nouvelle Histoire de la France Médiévale signé Alain Demurger et disponible en version poche ou volume 5, aussi, de l’Histoire Universelle Marabout signé Carl Grimberg. Pour ceux qui veulent encore aller plus loin, et je ne peux que les encourager, on peut se tourner vers la remarquable biographie de Jean de Berry de Françoise Autrand ou l’ouvrage référence sur la Guerre de Cent Ans de Jean Favier. Enfin, il y a de nombreux ouvrages sur Jacques Cœur mais je vous avoue n’en avoir lu aucun d’où mon absence de conseil précis.

Enfin, la bande dessinée n’est pas absente de ce domaine car la série Le Trône d’Argile traite de cette époque avec talent, précision, narration graphique de qualité et fond historique de très grande valeur. Cette série est éditée par Delcourt avec un scénario de Nicolas Jarry et France Richemond, les dessins de Theo Caneschi et couleurs de Lorenzo Pieri.