Voyage, histoire et lectures : Bourges

En rentrant de cet Anjou où nous avions passé de riches heures à admirer architecture, nature tout en profitant de la nature, nous avons décidé de faire une halte découverte à Bourges, capitale du Berry, belle province française qui a beaucoup compté dans l’histoire de notre nation.

Tout le monde connait, au moins partiellement, cette terre. Pour les uns, cette région sera symbolisée par le crottin de Chavignol (le village est à moins de 50 kilomètres de Bourges), pour d’autres ce sera la maison de George Sand (à moins de 100 kilomètres+, au cœur du Berry), tandis que les derniers préfèreront Bourges avec sa cathédrale et ses palais… ou son printemps musical !

Il faut dire que Bourges connut ses heures de gloire avec d’une part le duc de Berry, fils de Jean II le Bon, qui donna beaucoup à sa ville et à qui on doit des traces culturelles étonnantes dont le fameux ouvrage de piété, Les riches heures du duc de Berry (manuscrit magnifique conservé au château de Chantilly). Puis après cette époque dont il ne reste pas beaucoup de monuments, il y eut la construction de la cathédrale Saint Etienne, église majestueuse inscrite au patrimoine mondial, peut-être pas assez connue car un peu étouffée par Chartres, Paris, Reims, Laon… Enfin, Bourges devint presque la capitale de la France – ne parle-t-on pas du roi de Bourges en évoquant Charles VII – lorsque pendant la Guerre de Cent Ans le roi de France y trouva refuge. C’est aussi à cette époque qu’un Berruyer, Jacques Cœur, développa ses affaires et accéda au poste de Grand Argentier du roi, sorte de ministre des finances. Le palais de Jacques Cœur est de toute beauté et continue d’attirer de nombreux visiteurs à Bourges…

Quand on arrive à Bourges, la région étant assez plate, on voit cette cathédrale qui domine la ville de loin. Pourtant la colline n’est pas très élevée et on peut « escalader » tout cela en quelques minutes sans trop d’effort. Quand on arrive face à cette église, on mesure qu’elle est enserrée dans la ville et que l’on a fort peu de recul pour l’admirer. Le premier sentiment est celui de la beauté car il semble que cette construction a surtout recherché à mettre en place une harmonie générale et non une performance spécifique (la plus longue, la plus haute, le clocher le plus haut…). Ici, on est serein et on peut admirer, tout simplement.

Historiquement ce fut la première cathédrale gothique au sud de la Loire et le roi comme l’église la considéraient comme un symbole face au sud la France, un sud peu fidèle à la royauté et parfois aux comportements religieux déviants (du moins vu de Paris et de Rome).

Heureusement, certaines statues ont survécu jusqu’à nous et c’est un véritable bonheur que de se promener dans cet édifice en admirant, contemplant, méditant et pourquoi pas en priant puisque nous sommes aussi dans un lieu de culte et pas seulement un espace historique !

Le palais de Jacques Cœur est l’occasion, lui, de repenser à ces aventuriers du commerce et de la finance que furent ceux qui ne se contentaient pas de taper sur un clavier pour acheter et vendre. Jacques Cœur fut d’abord un voyageur qui est allé au Moyen Orient, qui a recherché les meilleures affaires dans des domaines aussi variés que les toiles, les étoffes fines et délicates, les minerais, les métaux précieux, les pierres… Comme d’autres responsables des finances publiques, il a probablement parfois dépassé les limites légales, mais il a surtout excité les jalousies comme Fouquet… Condamné, emprisonné, banni puis enfin rétabli dans son honneur par Louis XI le successeur de Charles VII. Mais Charles VII était assez ingrat avec ceux qui l’avaient aidé, que ce soit Jeanne d’Arc ou Jacques Cœur…

Bien sûr, on va pouvoir prolonger le voyage par quelques ouvrages historiques et pour ceux qui ne sont pas des spécialistes de cette époque de la fin de la Guerre de Cent Ans, je vous renverrais bien au volume 5 de la Nouvelle Histoire de la France Médiévale signé Alain Demurger et disponible en version poche ou volume 5, aussi, de l’Histoire Universelle Marabout signé Carl Grimberg. Pour ceux qui veulent encore aller plus loin, et je ne peux que les encourager, on peut se tourner vers la remarquable biographie de Jean de Berry de Françoise Autrand ou l’ouvrage référence sur la Guerre de Cent Ans de Jean Favier. Enfin, il y a de nombreux ouvrages sur Jacques Cœur mais je vous avoue n’en avoir lu aucun d’où mon absence de conseil précis.

Enfin, la bande dessinée n’est pas absente de ce domaine car la série Le Trône d’Argile traite de cette époque avec talent, précision, narration graphique de qualité et fond historique de très grande valeur. Cette série est éditée par Delcourt avec un scénario de Nicolas Jarry et France Richemond, les dessins de Theo Caneschi et couleurs de Lorenzo Pieri.

Voyage, histoire et lectures : Marseille par Veneziano

Si la vengeance est un plat qui se mange froid, Edmond Dantès a le temps de
méditer la sienne, au Château d’If, dans une petite île au large de Marseille. Détenu,
il s’en évade ; et, avec l’aide de l’abbé Faria, il se masque de l’identité fictive du
Comte de Monte-Cristo, et de la parure du trésor obtenu par ce dernier. Ce
subterfuge lui permet d’approcher ses relations passées, d’évincer des lieux de
pouvoir et d’influence ceux qui l’ont trahi et de récompenser ceux qui l’ont aidé.

Voilà comment s’ouvre le roman d’Alexandre Dumas, de 1844, conçu grâce à la
participation active d’Auguste Maquet.

Mes voyages ne sont pas conçus comme des parcours littéraires. Souvent, sont-ils
l’occasion de visites culturelles. C’est dans ce cadre que les histoires littéraires, les
intrigues des grandes œuvres viennent faire écho à mes parcours.

Aussi vous soumets-je quelques vues qu’Edmond Dantès, grimé en Monte-Cristo a pu découvrir, à sa libération, peu après avoir ébauché son plan de retour à la vie. Les images parlent en partie d’elles-mêmes, mais mieux vaut les expliciter quelque peu.

Nous sommes donc en Provence, à Marseille, où le littoral est à l’ouest de la ville, qui
se situe au bout d’une sorte de pointe. Au large de la Cité phocéenne, créée dans
l’Antiquité par des Grecs, dont le port rappelle celui du Pirée à certains, se trouvent
les îles du Frioul, rocheuses.

Elles se tiennent en face de criques et de calanques qui bordent le littoral de la ville de Marseille. Ces dernières en font partie intégrante, ce qui paraît difficile à imaginer pour bon nombre.

Apparaît donc le Comte de Monte-Cristo dans un paysage un peu austère, mais très
solaire, un peu aride mais au pied de la mer, humide mais chaud.

De ces photos prises en mai 2008 et novembre 2010, je vous laisse imaginer par
vous-mêmes les premiers pas de ce personnage créé de toute pièce, dirigé, par la
suite, vers Paris pour remplir ses moult missions. Pour des compléments d’aide à la visualisation, il existe notamment un film de 1979, deDenis de la Patellière, avec Jacques Weber dans le rôle-titre, et un téléfilm en quatre parties, ou épisodes, de Josée Dayan, avec Gérard Depardieu, datant de 1998. Sur la création de Dumas et sa collaboration avec Maquet, Safy Nebbou consacre un long-métrage, de 2009, avec le même Depardieu, accompagné, voire précédé de Benoît Poelvoorde.

Voyage, histoire et lectures : Le Mans

Lorsque je voyage j’aime faire des liens entre mes connaissances historiques, religieuses ou littéraires et les villes que je visite. Après avoir évoqué Angers, les Plantagenêts et l’Anjou, il était normal de faire escale au Mans, ville liée à Angers de façon indiscutable…

Quand on arrive vers Le Mans, on voit se dresser la cathédrale Saint Julien. Il faut dire que c‘est une des plus imposantes cathédrales gothiques de France, même si elle a aussi des éléments romans. Elle est totalement unique en son genre dans l’Ouest de la France et elle est un témoignage de l’art dit gothique angevin.

C’est dans ce haut lieu spirituel et historique que se marièrent Geoffroy V d’Anjou et Mathilde fille d’Henri 1er d’Angleterre, mariage qui devait assurer et garantir la paix entre l’Anjou et la Normandie. Cela permit surtout à leur fils Henri II de se prévaloir du trône d’Angleterre et c’est là que prend sa source le succès impérial des Plantagenêts, mais c’est une autre histoire !

Dans cet édifice majestueux et célèbre – le plus visité des Pays de la Loire – on trouve le tombeau de Saint Julien. Ce n’est pas le plus connu des « Saint Julien » mais celui qui fut évêque du Mans au IVe siècle. Il faut dire qu’il n’y eut pas moins de 35 « Saint Julien » inscrits au Martyrologe de l’Église Catholique…

On trouve aussi le tombeau de Charles IV du Maine, favori de Charles VII, du moins un temps, mais aussi frère du fameux roi René. On dit que sa chute en disgrâce serait le fruit du travail de sape de la favorite royale, Agnès Sorel… Les choses se répétèrent quelque peu sous Louis XI car il fut un bon conseillé fidèle avant d’être chassé des proches du trône après une trahison… familiale dirons-nous car c’est le fils de Charles IV qui était en cause…

Le vieux Mans, tout autour de la cathédrale est tout simplement magnifique et il faut arpenter ces petites rues pavées, se glisser entre les maisons moyenâgeuses à colombages et prendre le temps de découvrir la gastronomie locale à base de poulet et de rillettes de porc, bien connues sous le nom de rillettes du Mans… Par contre, ne faites pas la même erreur que moi, faites attention aux enfants en poussette qui n’apprécient guère les secousses engendrées par ces beaux pavés…

Pour poursuivre la découverte de Charles VII et sa cour, n’hésitez pas à vous plonger dans la série bédé Le trône d’argile, scénario de Nicolas Jarry et France Richemond, dessin de Theo Caneschi et couleurs de Lorenzo Pieri. J’aime beaucoup la qualité historique, je serai presque tenté de parler de rigueur scientifique. Il y a actuellement 5 volumes de sortis et le sixième est annoncé pour début juin 2015.

Enfin, pour parfaire votre vision historique de la ville du Mans, je ne peux que vous conseiller le Guide Vert des Pays de la Loire car tous les autres sont épuisés. Par contre, si vous cherchez à en savoir plus sur les 24 heures du Mans la bibliographie est abondante mais cela ne m’intéresse pas, donc je vous laisserai trouver seuls ! Sauf, si vous voulez voir comment Michel Vaillant fait cette course… Comme quoi, la bédé est toujours là !

Bon voyage et bonne lecture !

Voyage, histoire et lectures : Angers

Lorsque je voyage, que ce soit pour des raisons professionnelles ou familiales, j’aime regarder les différents paysages, les architectures variées représentatives d’une époque, d’un terroir, d’une culture… Parfois cela me donne envie de découvrir l’histoire d’une région, sa littérature et sa gastronomie. Le voyage est suivi alors de lectures qui bien souvent m’enchantent et prolongent le dépaysement et les plaisirs du vagabondage… c’est ainsi que récemment, je suis allé à Angers.

Angers est reconnaissable, identifiable, mémorisable par cette forteresse exceptionnelle, une fortification massive que l’on voit de loin et qui surplombe la Maine. Oui, si on dit bien le Maine-et-Loire, on dit la Maine.

Ce château aussi nommé le château des ducs d’Anjou est, en quelque sorte, le berceau des Plantagenêts, famille qui va faire beaucoup parler d’elle dans notre histoire européenne entre le XIe et le XIVe siècle.

C’est en 1214 que le roi Philippe Auguste, après la bataille de Bouvines, confisque l’Anjou à Jean sans Terre et l’intègre au royaume de France. Son petit-fils, Louis IX dit Saint Louis, construira, sur un emplacement riche d’architecture passée, le château que l’on peut voir actuellement. C’est ainsi qu’une branche des Valois se retrouva à la tête de l’Anjou et qu’arriva le Roi René qui fut enterré dans la cathédrale d’Angers après une vie bien remplie…

Jean sans Terre était l’un des arrières petits fils de Geoffroy Plantagenêt, un des fils d’Aliénor d’Aquitaine et Henri II, roi d’Angleterre. A ce titre, on a pu dire que Angers était le berceau de l’Empire Plantagenêt – et c’est bien une réalité – mais il est faux – ou abusif – d’affirmer que l’Empire Plantagenêt était un Empire Angevin. L’Anjou appartenait au domaine des Plantagenêts  mais sans plus car les Plantagenêts avaient quitté l’Anjou depuis bien longtemps.

Pour comprendre le destin fabuleux d’Aliénor d’Aquitaine, je vous invite à lire la série de bande dessinée scénarisée par Arnaud Delalande et Simona Mogavino, dessinée par Carlos Gomez et éditée par Delcourt. Le quatrième tome vient de sortir.

Pour approfondir les connaissances sur les Plantagenêts, le livre de référence reste celui de Jean Favier écrit en 2004 aux éditions Fayard. Certes, il s’agit d’un ouvrage assez précis, scientifique et érudit, mais une fois pris la mesure de cette écriture dense, vous allez prendre plaisir à naviguer dans ces siècles de réussite des Plantagenets.

Enfin, sur le château d’Angers à proprement parler n’hésitez pas à lire la petite monographie de Jean Mesqui, polytechnicien et ingénieur des Ponts et Chaussées, spécialiste des architectures militaires et ducales…

Bon voyage et bonne lecture !

Une nouvelle livraison de livres jeunesse !

Sinbad le marin, des aventures qui font toujours rêver…

C’est un bel ouvrage que nous servent les éditions Père Castor, signé par la collaboration de Michel Laporte et Sébastien Pelon.

Avec sa couverture cartonnée sublimée par un vernis sélectif et de la dorure de plus belle facture, le moins que l’on puisse dire, c’est que le livre donne envie. Et on n’est pas déçu ! En effet, l’histoire faisant partie des classiques parmi les légendes perses nous est contée de manière accessible pour tout âge et les illustrations aux palettes variées selon l’histoire viennent rythmer le récit.

La sensation de voyage et d’évasion est là, et c’est parfaitement adapté à notre Ulysse du Moyen-Orient. Le découpage en chapitre est judicieux et se prête parfaitement à l’histoire du soir que l’on narre aux enfants avant de rejoindre les bras de Morphée.

Soyez assuré que les différentes épopées de Sinbad à travers les sept mers sauront plus que vous distraire, elles vous feront rêver…

Stève

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Les fabuleuses aventures de Sinbad le marin

Michel Laporte et Sébastien Pelon

Père Castor Flammarion

ISBN : 9782081308367

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L’importance des amis…

L’amitié est un mystère pour les grands comme pour les petits… Cet album, relatant l’histoire de trois amis sincères nous propose de découvrir les fondements de ce sentiment complexe.

Lorsque Janet reconnaît le cri de son ami Ours retentir dans la forêt, elle quitte aussitôt sa maison pour lui venir en aide. Grâce à leur grande complicité, elle sait bien comment retrouver sa trace. C’est alors au tour de Charlie d’entendre la détresse de son amie Janet. Sans hésiter, il se lance à sa rencontre… Tous trois veillent les uns sur les autres et ce, depuis toujours. L’histoire est assez simple et plutôt attachante.

Les illustrations pastels de l’album au grand format occupent toute la surface des pages ce qui ajoute une dimension d’immensité aux grands espaces de l’histoire, comme le lac ou la forêt par exemple. Les actions des personnages sont bien explicitées à travers les dessins, deux pages entières sont consacrées à la décomposition du mouvement des jambes de Charlie qui nous entraîne dans sa course. De plus, la douceur du dessin et de ses couleurs sont rassurantes, ce qui illustre le propos de l’auteur sur la protection que se portent les trois amis.

Bien qu’il aille à l’essentiel, cet album laisse facilement place à l’imaginaire en suggérant certains aspects de l’histoire et justement, on aurait bien aimé que Charlie se transforme en oiseau, cependant rien ne nous empêche de l’imaginer.

Adeline

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La belle Histoire des amis

Amélie Billon-Le Guennec et Marion Duval

Éditions Casterman

ISBN : 9782203081406

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« Ah, si je savais dessiner ! »L’expression vient souvent nous habiter, mais, parfois, il faut se prendre en mains et apprendre à dessiner, tout simplement…

Le livre d’apprentissage « Dessiner les visages », écrit et illustré par Mark BERGIN aux éditions Eyrolles, se veut simple et accessible à tous. Grâce à une méthode qui a fait ses preuves, dessiner devient un jeu d’enfant quel que soit votre niveau initial. Laissez-vous guider et apprenez à dessiner des visages grâce à des explications et illustrations simples.

Pas à pas, vous progresserez rapidement en vous appuyant sur des traits de construction qui vous mèneront jusqu’au dessin final. Les quadrillages et les formes géométriques seront vos alliés afin de respecter au mieux les proportions et les différentes formes. Comme pour apprendre à écrire il faut maitriser d’abord l’alphabet, puis les syllabes et les mots, pour dessiner un visage, il faut savoir représenter d’abord, une à une, chacune des parties qui le compose.

Exercez- vous, vous serez alors capable de représenter un œil, une bouche, un nez sous n’importe quel angle. Une fois cette étape franchie, vous serez en mesure d’aborder les jeux de lumière, les expressions et les émotions qui rendront votre dessin plus vivant et réaliste. Impressionnez vos amis qui vous ont toujours dit que le dessin était une histoire de talent.

L’apprentissage peut désormais commencer, sortez vos fusains, vos crayons, vos pastels et lancez-vous !

Gaël

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Dessiner les visages

Mark Bergin

Editions Eyrolles

ISBN : 9782212139587

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Qui ne connaît pas le fameux conte d’Andersen, Le petit sapin, ce conte si intemporel, gravé dans notre mémoire collective. Le relire, c’est replonger en enfance… C’est ainsi que les classiques du Père Castor aux éditions Flammarion, revisite cet incontournable avec des illustrations de Charlotte Gastaut.

L’histoire nous plonge dans la vie d’un jeune sapin qui se voit naître et grandir au milieu d’une forêt remplie de grands et beaux sapins. Il était si impatient de grandir, qu’il ne profitait pas de sa jeunesse et de son cadre magnifique. Il enviait toujours ses congénères pour leurs tailles imposantes… Il n’écoutait guère les remarques de ses camarades de forêt qui lui conseillaient de profiter de l’air pur, plutôt que d’espérer un jour partir de la forêt, comme les plus grands sapins.

Un jour l’heure est arrivée pour ce petit sapin, enfin… Ce fameux réveillon de Noël où il a été choisi par une famille… Il était si impatient… Mais ses espérances laissèrent place à de la nostalgie et des regrets, ses attentes furent beaucoup trop grandes, face à la réalité qu’il connaîtra…

Les illustrations nous emportent quant à elles dans une atmosphère particulière, une ambiance nouvelle, réadaptant ainsi ce conte classique. Elles viennent accompagner et souligner les textes, de par leur grande importance dans ce livre. En effet, les illustrations prennent quasiment à chaque fois la totalité des pages, cela donne une certaine efficacité afin de mettre en lumière cette histoire et de nous embarquer dans un univers singulier. On retiendra un message sous-entendu tout au long de cette belle histoire, celui de profiter de l’instant présent. En effet, le petit sapin étant tellement pressé de grandir et de rêver à son futur, qu’il en oublie de savourer son présent, ce qu’il regrettera bien vite.

Laissez-vous embarquer dans cette histoire si attachante et non dénuée de sens. Une réadaptation d’un conte classique avec un univers graphique si particulier, à découvrir par les plus petits comme les plus grands !

Julien

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Le petit sapin

Andersen Illustré par Charlotte Gastaut

Père Castor Flammarion

ISBN : 9782081265592

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Marre des «Beurk ! J’aime pas » ou des «On mange tous les jours les mêmes choses», alors ce livre est fait pour vous. 40 recettes faciles et originales, de l’entrée au dessert en passant par quelques boissons, ce livre est un recueil de recettes très adaptés à la tranche des 7-10 ans. On y trouve des recettes plutôt basiques et simples, qui ne nécessitent pas de très grande connaissance culinaire mais qui feront de votre enfant un petit chef cuisinier. Chacune des étapes est décryptée et illustrée. Plutôt pratique pour les enfants âgés de 7 ans, qui ne sont qu’au début de l’apprentissage de la lecture, de pouvoir suivre l’avancée de la préparation.

En feuilletant le livre, je suis tombé sur deux recettes particulièrement intéressantes : la soupe magique Halloween et le boulgour pilaf. Dans la première recette, le livre donne une recette plutôt originale pour cuisiner la chair de la citrouille qui sert en temps normal de décoration. Elle permet de montrer à l’enfant que rien ne se perd en cuisine, tout peut se transformer, en broyant et en y ajoutant de nouveaux ingrédients. Servez le tout sur fond de guirlande de fantôme en papier et de fausse toile d’araignée et vous verrez peut être pour la première fois de votre vie votre enfant manger de la soupe au potiron sans rechigner.

« C’est du boulgour ? » Et très certainement la réaction que vous aurez lorsque vous présenterez la recette du boulgour pilaf. Le Boulgour, c’est du blé entier tout simplement qui tient ses origines de la Turquie. Très riche en fibres et en vitamines, associé à des légumes, il offre tous les éléments nécessaires la croissance de l’enfant. De plus, le goût se rapproche beaucoup de celui des pâtes ou du blé. C’est l’une des recettes les plus simples et des plus rapides (25 min d’après le livre, entre 25 et 27 min pour l’avoir essayé).

C’est un livre qu’il faut impérativement avoir pour plusieurs raisons. Il est complet. Un petit bémol je regrette qu’il n’y ait pas plus de recettes à base de poisson, parce que c’est très souvent un aliment difficile à faire manger aux enfants. Il aurait été intéressant, pour un livre de recettes originales d’avoir une ou deux recettes en plus à base de poisson. Sinon le livre reste un indispensable de la cuisine. Simple rapide efficace et surtout sain. Toutes les recettes ont été pensées pour rester en bonne santé. En l’offrant dès maintenant à votre enfant, il n’est pas dit qu’il ne l’emportera pas quand il commencera sa vie d’adulte.

Clément

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40 activités faciles et originales : Recettes pour marmitons de 7 à 10 ans

Christophe Faveau et Isabelle Stoufflet

Editions Père Castor Flammarion

ISBN : 9782081308435

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C’est ça la France !!!

L’ouvrage France vous permet de découvrir ou redécouvrir les plus célèbres lieux et monuments de notre pays en un voyage éclair. Ce livre animé offre une promenade pédagogique tout en relief du patrimoine historique français. Une carte permet d’ailleurs de situer géographiquement les différents lieux. Au fil des récits et des anecdotes, familiarisez-vous avec ces sites incontournables et uniques au monde, tels que la Tour Eiffel ou le Château de Chenonceau. Découvrez les secrets de leur création jusqu’au nombre de visiteurs qu’ils accueillent chaque année. L’ouvrage Pop-Up permet de vivre une expérience inédite à emmener partout avec vous grâce à un format réduit.

La France illustrée par Trisha Krauss laisse un souvenir verdoyant et chatoyant de paysages simplifiés tout en conservant la majesté et les détails des monuments présentés. On découvre à mi- lecture un passage sur l’Art moins plaisant car il ne nous présente pas de lieux précis mais n’en reste pas moins éducatif.

A travers ce livre, on découvre la beauté et la diversité du pays, entre vignobles, mers et montagnes.  Il permet d’intéresser l’enfant grâce à la manipulation et pourquoi pas lui laisser l’occasion de choisir la prochaine destination de vos vacances…

Je conseille d’accompagner un enfant de six ans dans cette découverte. Pour les plus grands, ce voyage solitaire est parfaitement accessible. Et je recommande cet ouvrage aux enfants tout autant qu’aux parents pour un instant ludique et historique.

Mégane

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Petit Pop-up panoramique – La France

Trisha Krauss

Casterman

ISBN : 2203081198

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Le petit voleur de temps  est un livre écrit et illustré par Nathalie Minne. Son format est grand et les plus jeunes enfants auront surement du mal à le manipuler facilement. Il faudra donc les aider… 

À première vue, il s’agit là d’un banal album illustré pour les enfants parmi tant d’autres… Détrompez- vous ! Oui, vous avez le droit de le lire ! Le petit voleur de temps ne vous volera en aucun cas le vôtre.

Comment raconter ce que l’amour fait sur notre notion du temps ? Nathalie Minne a l’audace de tenter de nous l’expliquer simplement et elle y arrive. Ses textes sont d’une maturité assez déconcertante lorsqu’on sait qu’ils sont destinés à des enfants. Cela ne modifie en rien la compréhension de l’histoire et n’importe qui peut la comprendre. C’est pour cela que j’aurai tendance à dire qu’il n’y a pas de public cible pour cet album. 

C’est l’histoire d’un petit garçon pour qui les jours se ressemblent tous. Un jour, il va croiser le regard d’une fille et tout va changer. Il ne cesse de penser à elle et compte les jours avant de la revoir. La semaine défile mais jamais assez vite. Arrivera-t-il à voler des minutes pour la retrouver et passer du temps avec elle ?

Ce livre est joliment écrit. A la fois poétique et touchante, l’histoire se complète par un excellent travail d’illustration qui regorge d’imagination et de maturité. L’univers d’auteur-illustrateur s’affirme bel et bien dans cet album.

Une petite histoire à lire et à relire, seul ou avec ses enfants.

Louis

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Le petit voleur de temps

Nathalie Minne

Casterman

ISBN : 2203080450

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Quel voyage ? Mais, le voyage extraordinaire !!!

Cet album écrit et illustré magnifiquement par William Grill dans sa langue originale a été publié en octobre 2014 pour le centenaire de l’expédition du navigateur Ernest Shackleton en Antarctique. Le livre prend la forme d’un récit de voyage basé sur les notes que le navigateur a pris tout au long de son expédition de deux ans.

Le texte et l’illustration se mêlent à merveille. Le graphisme laisse aisément les images du voyage se créer dans nos têtes et fait entrer le lecteur dans un autre monde, un lieu qui nous est inconnu à l’extrémité de la Planète. Les illustrations sont à parcourir du regard encore et encore, notre œil découvre à chaque passage de nouveaux éléments. On croirait presque voir s’animer les personnages dessinés, les passagers de l’expédition.  Le papier épais, la typographie particulière et l’utilisation récurrente des triangles nous font entrer immédiatement dans un univers intime où le thème du froid, de l’eau et de la glace est sans cesse mis en avant par les nuances de bleu qui inondent l’album. Au creux de l’oreille, le craquement de la glace, le flux de l’océan, les cris des hommes, le crépitement des feux de bois, les aboiements des chiens au clair de lune et le grincement du bois de la coque de L’endurance.  L’enfant peut suivre avec son doigt le fil du texte sur les images et inversement, et peut ainsi mieux appréhender l’aventure.

La couverture en relief est la touche ultime du livre, ce petit plus qui donne au premier regard envie de le lire, d’entrer dans l’aventure du navigateur et de s’imprégner de son univers, son voyage polaire.  Un voyage initiatique aussi grâce aux cartes et au glossaire qui regroupe les termes techniques.

Si on connait Ernest Shackleton c’est une belle façon de le redécouvrir de manière poétique, artistique. Si on ne le connait pas on peut découvrir son ambition à travers ce livre, et continuer notre découverte après l’avoir refermé.

Petits moussaillons qui ont le pied marin et des envies d’ailleurs, grands moussaillons qui s’intéressent aux expéditions du grand froid, qui aiment le graphisme détaillé et le froissement de pages, ce livre est fait pour vous. Un très bel ouvrage de la « littérature jeunesse » au vocabulaire soutenu à lire et à regarder plus d’une fois.

Lison

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Le voyage extraordinaire

L’aventure vraie d’Ernest Shackleton au cœur de l’Antarctique

William Grill

Casterman

ISBN : 978220308764

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Connaissez-vous un enfant plein d’enthousiasme qui rêve de trifouiller tout ce qu’il trouve ? L’avez-vous déjà surpris, admiratif devant les illustrations de son livre préféré ? Ou encore mieux, vous est-il déjà arrivé de lui lire et relire un nombre incalculable de fois son histoire favorite ?

Avez-vous déjà songé à lui offrir un livre ludo-éducatif, interactif et remplis de couleurs ? Ne cherchez plus ! Loustic est là pour lui !

Aidé de ses amis les animaux, ce petit loup aventurier guidera votre enfant malicieux au travers de 18 pages toutes plus animées les unes que les autres. Leur parcours sera agrémenté de volets à ouvrir, de roues qui tournent, de pages phosphorescentes et d’encore plein d’autres surprises…

En effet, quoi de mieux qu’un livre-objet grand format avec de jolies pages au papier indéchirable ? Sans oublier ses coins arrondis pour ne pas abîmer les mains de nos jolies têtes blondes. Si votre enfant adore jouer, s’amuser et les illustrations abondantes de détails, c’est à travers ce livre interactif qu’il trouvera son bonheur.

Ce livre aux couleurs éclatantes fera briller les pupilles de vos enfants et ne manquera pas de captiver les plus jeunes.

Avec L’île Magique – La grande aventure de Loustic, votre enfant attendra tous les soirs avec impatience son histoire et se délectera de lire et relire son album préféré.

Jeanne

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L’île Magique – La grande aventure de Loustic

Marion Billet

Éditions Père Castor

ISBN : 9782081309227

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Ce livre documentaire aux allures de grimoire nous offre une toute autre vision du monde animal. Il nous transporte dès le premier contact grâce à une couverture attrayante toute en reliefs et dorures, et la sensation se prolonge tout au long de la lecture.

En effet, il décline chaque espèce animale d’un point de vue « interne » mais aussi «  externe » avec des illustrations de squelettes détaillées sur double page puis nous mentionne sur les pages qui suivent quelques spécificités intéressantes à savoir au sujet des espèces étudiées pour les plus curieux.

Ce livre permet d’aborder le savoir grâce à une méthode d’apprentissage ludique avec des illustrations fidèles à la réalité et même une certaine touche de féérie. On retrouve également des photographies de mise en situation des animaux ainsi que des descriptions détaillées permettant aux enfants une compréhension aisée du sujet.

Pour chaque espèce, il est décrit le milieu de vie, les aspects physiques et même les petites étrangetés significatives… Ces animaux n’auront plus aucun secret pour vous !

Camille

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La grande galerie des squelettes

Textes rédigés par Rob Colson, direction artistique signée Mariza Renzullo

Illustrations de Sandra Doyle, Elizabeth Gray et Steve Kirk

Editions Casterman

ISBN : 9782203081185

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L’Ours et les trolls de la montagne est un petit livre écrit par Albena Ivanovitch-Lair et illustré par Nathalie Ragondet, issu de la collection « Père Castor » de chez Flammarion. Cette collection qui se veut à destination des petits (dès 4 ans) rassemble des réappropriations de classiques, de contes du monde entier, comme ceux racontés par le Père Castor.

Comme tous ceux de la collection, ce livre mesure dix-huit centimètres de haut et vingt  et un centimètres de large : il est donc de taille moyenne, facile à tenir par de petites mains. Néanmoins sa couverture souple risque de poser un problème de fragilité, attention donc aux contextes de manipulation ! Il présente aussi l’avantage d’allier un prix raisonnable (4,75€) à de belles illustrations et à une histoire qui incite à la lecture, par et pour tous : le vocabulaire utilisé est adapté aux petits lecteurs, sans être simpliste. Ainsi le plaisir du conte lu ou raconté se mêle à celui de l’apprentissage.

Ce conte scandinave nous fait voyager aux côtés d’Olaf et de son ours, de la montagne au palais royal : qui d’autre que le roi serait digne d’un si beau cadeau pour Noël ? Alors qu’en chemin ils sont surpris par une tempête de neige, ils trouvent refuge chez une famille qui, chaque année pour Noël, est assaillie par des trolls… Olaf et l’ours décident de ruser !

À travers cette histoire drôle et rythmée, l’enfant pourra s’amuser à chercher et reconnaître les petits détails dans les illustrations (petits animaux, fleurs ou encore nourriture)… et ses parents aussi !

Solveig

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L’Ours et les trolls de la montagne

Albena Ivanovitch-Lair et Nathalie Ragondet

Père Castor Flammarion

ISBN : 9782081308480

D’autres propositions de cadeaux à offrir… Des livres, des albums jeunesse, des bandes dessinées !!!

Accompagné de trois chiots, un chat nous guide à travers le jardin d’un vieux manoir. Comme une ballade haute en couleurs, en détails fantasques et ludiques, les chiots ainsi que les petits et grands lecteurs sont menés à la rencontre des habitants cachés des espaces verts. Le livre se lira très bien avec des enfants de 2 à 10 ans.

Entre l’album illustré et le livre jeu, la lecture est facile, rapide (environ 3 à 5 lignes par page) et aussi parsemée de nombreuses cachettes rigolotes où il faut trouver les surfaces à déplier. On y découvre les activités secrètes et romancées des animaux d’une mare, d’un potager, des lieux incontournables des grands jardins.

« Sous ce charmant potager se trouve le terriers des lièvres, de gros lapins benêts qui passent leur temps à grignoter des carottes [...] »

Dans l’ensemble, le livre résistera aux enfants les plus brusques, à condition de ne pas le jeter dans l’eau. Bémol, le coup de crayons de l’auteur est un peu fragile. Il manque un travail sur la lumière entre les arbres, en reflet sur l’herbe encore mouillée, pour les plus exigeants seulement.

Cécile

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Suivez le guide ! Promenade au jardin

2014, Éditions Autrement

Texte de Princesse Camcam et Didier Genevois

Illustration de Princesse Camcam

ISBN : 9782746715677

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Adaptation du conte d’Andersen par Kochka et illustré par Charlotte Gastaut. Une magnifique retranscription au style bien particulier de Gastaut, collant parfaitement à l’univers du conte par son atmosphère folklorique. Une recherche graphique évidente qui donne à l’illustration un caractère épuré, naïf, mais en rien niais et enfantin.

Et l’histoire en est de même: mature, nuancée, il n’y a aucun de ces clichés lassants que l’on peut trouver dans la plupart des contes pour enfants. Les jeunes lecteurs ne sont pas pris par la main et moralisés par l’histoire, mais les amène à penser à des valeurs plus larges que la simple enfance.

Par exemple on aborde d’entrée de jeu l’instabilité parentale: la Reine succombe et le Roi se remarie. Mais la question ne tourne absolument pas autour d’un choc ou d’un traumatisme éventuellement subi par les douze princes et leur sœur unique. La question est “comment la sœur va-t-elle sauver ses douze frères transformés en cygnes par la belle-mère ?”. Inertie et absence du père, cruauté et bassesses de la belle-mère, les ennemis sont les parents. Mais pas d’apitoiement ni “lamentationnisme”, le pilier de cette fable est l’amour fraternel, et c’est avec détermination et courage, la princesse va sauver ses frères de leur envoutement.

Et il est aussi question d’autres de ces thèmes, comme l’émancipation, l’amour inconditionnel. Des sujets abordés avec intelligence pour un jeune public à qui cette histoire fait confiance, plutôt que de lui imposer des valeurs jugées justes et pouvant être mal interprétées. Tout cela rassemblé dans une reliure de très bonne qualité, couverture rigide, grand format, papier épais, dorures… Chaque âge aura une bonne raison de mettre cet ouvrage entre ses mains.

Jérémie

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Les cygnes sauvages

D’après Hans-Christian Andersen, Charlotte Gastaut et Kochka

Album du Père Castor

Flammarion

ISBN : 9782081307186

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Cette période des fêtes s’annonce remarquable pour tous les amateurs de bandes dessinées, il est donc normal de vous en proposer quelques-unes et nous serons plusieurs à le faire… Faites votre choix, et, surtout, faites-vous plaisir ! La bande dessinée est un art qui est en perpétuelle évolution depuis quelques années et chaque saison apporte ses nouveautés, innovations, surprise… Seulement, soyons honnêtes, la bande dessinée, c’est aussi un ensemble de grands classiques qui ont enchanté des générations de lecteurs, de tous les âges. Il y a ainsi des héros incontournables, qui vont se retrouver dans la hotte du Père Noël probablement parce que vous n’aurez pas résisté au souvenir de Blake et Mortimer, Largo Winch, Lady S, Spirou, XIII…

Un groom qui n’en finit pas de réjouir le cœur de ses lecteurs

Si Spirou est né en 1938 sous le crayon du français Rob-Vel, reconnaissons qu’il connut plusieurs créateurs au fil des décennies. Jijé, Franquin, Fournier, Tome et Janry, Morvan et Manuera, Vehlmann et Yoann… et je ne parle pas ici de ceux qui ne commirent qu’un album… Chaque lecteur de Spirou est unique, a son album culte – moi ce serait Qui arrêtera Cyanure ? – et ses auteurs préférés – et j’avoue être un fan de Tome et Janry plus que de Franquin généralement adoré par ceux de ma génération – sans oublier qu’il existe des lecteurs qui ont commencé par les dessins animés et pour qui c’est bien là que réside le génie absolu de cette série !

Yoann, au dessin, et Fabien Vehlmann, au scénario, sont deux auteurs qui ont repris la série en 2010 avec l’album Alerte aux Zorkons ont véritablement réussi à sortir la série de sa léthargie avec classicisme et modernité. J’avoue avoir été séduit très rapidement et je pense que la dernière livraison, Le groom de Sniper Alley, album 54 des aventures de Spirou et Fantasio, est un bel album, voir même un excellent album !

Les auteurs ont réussi à concilier les attentes d’un lectorat adulte avec la guerre, la révolution, la dictature, le pillage des œuvres d’art… et les besoins incontournables des plus jeunes à travers un humour toujours présent et efficace, une chasse au trésor incroyable, un rythme effréné, des scènes cocasses… et le retour d’un personnage bien connu des habitués de la série, Don Cortizone…

Une fois encore – et c’est un jeu avec ce duo d’auteurs – Spirou va être contraint de garder sa tenue de groom finalement pas si désuète que cela… Il semblerait que les lecteurs l’aiment bien et à voir les enfants se couvrir de ce petit chapeau emblématique lors du dernier salon de Montreuil, je pense que Yoann et Vehlmann ont bien raison de pousser leur héros à se vêtir ainsi en rouge…

Vous allez donc prendre la direction d’Aswana, vous allez vous mettre à la recherche du trésor de la bibliothèque d’Alexandrie, vous allez vivre des évènements inoubliables qui vont s’enchainer à très grande vitesse, vous rirez, tremblerez, craindrez, rirez de nouveau et à la dernière page vous vous direz, comme à chaque fois…

« Si Spirou n’existait pas, je crois qu’il faudrait l’inventer ! Non ? »

A offrir à tous les fans de la série et nous sommes bien là en face d’un album grand public accessible à tous. A la dernière planche, il y aura même une évocation d’un animal mythique créé par Franquin… Mais quel est donc cet animal ?

Une nouveauté Tintin ?

Non, si une nouveauté devait un jour arriver dans l’univers de Tintin, ce sera seulement lorsque ce héros extraordinaire sera passé dans le domaine public. Il faudra donc encore attendre. Mais pour nous aider à prendre notre mal en patience, chaque année, on trouve des études thématiques sur cette série qui a touché des millions de lecteurs. Cette année, Historia a proposé un bel album, format bande dessinée, sur Tintin et la mer.

Certains restent sceptiques face à ce type d’ouvrage en pensant que ce ne sont, finalement, que des reproductions d’images créées par Hergé il y a maintenant fort longtemps, que les textes ne sont pas très pertinents, que tout cela ce n’est qu’une machine à faire de l’argent pour les héritiers du grand maitre de la ligne claire… Tout cela n’est pas entièrement faux, mais j’avoue avoir à chaque fois beaucoup de plaisir à lire ces ouvrages souvent écrits par des grands amateurs des aventures de Tintin. En plus, je l’avoue, on apprend toujours des petites choses sur la création, sur la genèse, sur la maturation des albums qui nous ont, qui m’ont, régalé !

J’avoue que c’est aussi l’occasion de redécouvrir les aventures de Tintin sous un autre angle, stimulation incroyable pour se mettre à relire, si ce n’est la série complète, un album en lien avec le thème évoqué. Par exemple, puisqu’il s’agit ici de la mer, vous avez le choix entre Le crabe aux pinces d’or, L’étoile mystérieuse, Le secret de la Licorne et Le trésor de Rackham le Rouge, Coke en Stock, sans oublier Les sept boules de cristal et son passage au port de Saint Nazaire… Vous avez le choix ! Moi, je choisirai sans hésiter Le crabe aux pinces d’or durant lequel on va rencontrer pour la première fois un sacré marin… Non, mais !

Un bijou à glisser dans toutes les bibliothèques de tintinologues et tintinophiles, donc une bonne idée de cadeau de Noël. Vous pouvez aussi, apporter aux plus jeunes, à ceux qui ne connaitraient pas encore Tintin, un album de cette série, celui que vous aimez le plus pour pouvoir, après, en parler avec le jeune lecteur. Quand la bédé crée du lien… je suis heureux !

Les Bidochon ! Une nouveauté ?

Robert et Raymonde ont décidé d’aller piqueniquer au musée. Ils reprennent le chemin du musée mais, il faut reconnaitre que les gardiens à l’entrée ne les ont pas autorisés à garder leur glacière. Ils ont donc le casse-croute à la main et ils recherchent un petit coin tranquille pour se poser, en face d’un paysage, d’une plage, d’une forêt… Si on écoutait Raymonde ce serait devant un Corot mais Robert en a marre de ce peintre… Ils vont ainsi circuler dans le musée et nous faire partager leurs émotions…

Dans ce 2e jour au musée avec Les Bidochon, nous allons aux musées des Beaux-Arts de Caen et Lyon. Les auteurs, dans un livre d’une très belle réalisation, vont nous présenter une vingtaine d’œuvres, avec à chaque fois une présentation visuelle, l’œuvre à gauche, le dessin de Binet à droite, le tableau tel que les visiteurs peuvent le découvrir et ce que nos Bidochon peuvent ressentir… Puis, en deux pages, nous allons avoir quelques explications sur l’œuvre, le contexte, l’artiste, avec des visuels sur deux ou trois autres œuvres du même artiste, de la même période…

J’avoue que j’adore ce type d’ouvrage qui a trois grandes qualités. C’est un beau livre au sens habituel du terme avec des reproductions de peintures très soignées. C’est pétri d’humour avec ces Bidochon décalés, terre à terre, bornés, surprenants, toujours curieux et atypiques… Bref, du Binet pur jus ! Enfin, c’est un ouvrage culturel qui donne un éclairage précis sur des tableaux qui ne sont pas très connus du grand public… Pour un peu, on aurait presque envie d’aller visiter demain les deux musées en question… Et c’était peut-être bien cela le but de cet album ! Allez savoir…

Un beau cadeau à offrir à tous ceux qui aiment l’art et pour qui le rire est bien le propre de l’homme – et de la femme aussi, Raymonde, je ne t’oublie pas !

Largo Winch, un grand retour !J’ai toujours aimé ce jeune milliardaire-aventurier qui s’est retrouvé un peu contre son gré à la tête d’un des empires financiers les plus extraordinaires. J’avoue avoir dévoré en son temps les quatre premiers albums, puis avoir apprécié les duos d’albums avec voyages à la clef – Pays-Bas, Birmanie, Venise – avant de connaitre une petite lassitude. Oui, j’avais le sentiment que les diptyques étaient tous construits de la même façon, que le premier album présentait toujours une conspiration contre Largo et qu’à chaque fois il se retrouvait emprisonné, condamné, en grand danger… avant le deuxième album où lui et ses quelques fidèles amis allaient pouvoir jouer les Rambo, James Bond, Hercule Poirot, Sherlock Holmes, Le Saint… Oui, car il y a bien un peu de tout cela dans la série. Mais on avait surtout le sentiment que le scénariste de Largo Winch, Jean Van Hamme, se laissait un peu aller à la facilité… Déjà, avec l’histoire en Mer Noire, on avait senti un léger réveil… Réveil confirmé avec ce dix-neuvième volume, Chassé-Croisé !

Alors, qu’est-ce qui a vraiment changé dans cet album, première partie d’un nouveau diptyque ? Tout d’abord, le scénario est beaucoup plus travaillé et élaboré, il est même, n’hésitons pas à le dire, complexe. C’est d’ailleurs la première surprise de qualité : Jean Van Hamme reprend son lecteur pour un adulte intelligent qui a envie de lire une bonne histoire, solide, et qui ne va pas se contenter de quelques cavalcades éreintées et meurtrières ni de certaines escapades nocturnes en belles compagnies… Là, il y a de la manipulation, de l’espionnage, du terrorisme, de la mise en danger, de l’humour, et, reconnaissons-le, quelques escapades nocturnes déjà évoquées… Largo Winch reste Largo Winch, quand même ! Franchement, j’ai eu le sentiment de résurrection de Largo Winch ce qui ne signifie pas atteinte de la perfection, plutôt juste retour à ce que la série était et n’aurait jamais dû cesser d’être !

A ce titre, je pense qu’elle est redevenue un objet à offrir à son gendre, à glisser sous le sapin pour son mari, à laisser à accessible à son fils ainé… Et les filles direz-vous ? Elles n’ont pas le droit de lire Largo Winch ? Si, rassurez-vous, les femmes ont bien le droit de tomber sous le charme du beau Largo ou de l’histoire de Jean Van Hamme. Mais je dois reconnaitre que je connais beaucoup plus de lecteurs de la série que de lectrices, d’où ma remarque de départ… mais ne nous fâchons pas pour si peu car je pense qu’aujourd’hui chacun et chacun a bien le droit de lire la bande dessinée de son choix !

Voici donc une première sélection de bandes dessinées pour ces fêtes de fin d’année. Il y en aura encore d’autres car la bande dessinée est un support narratif que beaucoup aiment aujourd’hui et donc certains auront d’autres envies à vous soumettre ! On pourrait résumer avec Spirou pour les plus jeunes, Tintin pour toute la famille, les Bidochon pour les amateurs d’art et Largo Winch pour un public plus mûr ! Donc bonne lecture à tous et faites-bien votre choix !

Michel

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Le groom de Sniper Alley

Yoann et Vehlmann

Editions Dupuis

ISBN : 9782800160290

 

Tintin et la mer

Collectif avec dessins d’Hergé

Historia

ISBN : 9782897053147

 

Un 2e jour au musée avec les Bidochon

Binet, Ramade et Lacôte

Fluide Glacial

ISBN : 9782352075110

 

Chassé-Croisé

Jean Van Hamme et Philippe Francq

Editions Dupuis

ISBN : 9782800159317

Le salon de Montreuil ? On y est allé pour vous…

Samedi 29 novembre 2014, J’étais avec six de mes étudiants au salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil. Certes, il y avait beaucoup de monde, beaucoup de bruits, beaucoup de travail car nous avions de nombreuses rencontres et interviews au programme… mais, il y avait surtout de très beaux livres, des auteurs adorables et des lecteurs partout… Oui, je vous l’affirme sans ambages, le livre n’est pas encore mort et cela m’a réjoui le cœur !

Avant que je revienne avec mes étudiants vous parler de certaines rencontres, de nos coups de cœur, de bonnes idées de cadeaux pour Noël, voici déjà une petite synthèse de mon Montreuil 2014…

Il y eut des rencontres directement liées à la bande dessinée et vous savez ici ma passion pour cet art narratif ! Dès le vendredi en fin de journée, j’ai retrouvé avec plaisir Yoann, dessinateur du dernier album des aventures de Spirou, le cinquante-quatrième, Le groom de Sniper Alley, aux éditions Dupuis. Il s’agit du quatrième dessiné sur un scénario de Fabien Vehlmann. Ce fut un plaisir de parler quelques minutes avec un auteur qui ne se prend pas au sérieux tout en travaillant sérieusement. Oui la bande dessinée reste la bande dessinée et même quand elle aborde des thèmes difficiles comme la guerre civile, la révolution, le pillage d’œuvres d’art, elle doit le faire avec humour et cet album n’en manque pas !

Toujours en bande dessinée, ce fut la rencontre magique du samedi matin avec Joris Chamblain et Aurélie Neyret, les auteurs délicats et merveilleux des Carnets de Cerise aux éditions Soleil. Les Carnets de Cerise sont pour moi la preuve que la bande dessinée se porte bien sur le fond c’est-à-dire sur la qualité qu’elle ose offrir aux lecteurs. Ici, on est à la fois dans l’aventure, l’humour délicat, la poésie, l’humanisme profond, le graphisme artistique et l’harmonie générale qui font de chaque volume une œuvre d’art à part entière ! Que dire de plus ? Vous ne connaissez pas encore ? Alors, dépêchez-vous car vous pourriez être parmi les derniers à ne pas avoir lu les Carnets de Cerise ! Cerise, une jeune fille mène de belles enquêtes crédibles et sans cadavres… Que du bonheur ! Les auteurs, eux, sont tout simplement adorables… et on en reparlera !

Côté de chez Delcourt, nous avons eu le plaisir de rencontrer ceux qui continuent à faire année après année le buzz et qui font marcher les affaires… Je veux parler là de Patricia Lyfoung et sa Rose écarlate, de Thierry Coppée et de ses Blagues de Toto et, bien sûr, de celui dont les filles d’attente pour les dédicaces perturbent tout le salon, Patrick Sobral encadré de ses Légendaires ! Trois séries à succès, trois titres à offrir, trois auteurs qui ont gardé la tête sur les épaules, trois preuves que chez Delcourt on a osé prendre des risques un jour, avec de jeunes auteurs. Certes, maintenant, on engendre les bénéfices mais ce n’était pas gagné d’avance ! Pour nous, trois rencontres avec des auteurs de qualité qui nous expliquent leur travail avec simplicité… Petites rencontres, aussi, avec des lecteurs passionnés qui attendent des heures pour avoir un dessin et la signature de leur idole…

Mais Montreuil ce n’est pas que la bande dessinée c’est aussi le livre jeunesse ! Ce n’est pas que des moments de bonheur et de joie, c’est aussi l’annonce de la fermeture définitive des éditions Autrement jeunesse qui nous avaient plusieurs fois réjoui le cœur avec de très beaux albums ! J’en profite pour vous renvoyer à quelques critiques passées sur ce site ou d’autres :

http://www.vivre-a-chalon.com/lire_L_ete-c_est-fait-pour-lire-_-La-route-des-vacances,2303ed5d8678915eec5bccbba43c3ef53ff19b46.html

http://www.vivre-a-chalon.com/lire_Lire-a-CHALON-_-Quelle-belle-rencontre-___-_pour-la-jeunesse-et-les-autres-aussi…_,2303f307dcb88e77b00e85321d39b4e4097c1107.html

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/43132

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/41090

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/41071

Mais, voilà, la crise financière des éditions conduit à la fin d’une belle histoire et nous ne pouvons que continuer à dire du bien de ces beaux livres et montrer la colère – bien sympathique et littéraire – de ces auteures lors du salon…

Princesse Camcam, souriante comme une… princesse !

Et, pour clore ce rapide premier petit voyage au cœur de Montreuil, une rencontre avec deux éditeurs de qualité, c’est-à-dire avec ceux qui pour chaque livre tente de respecter l’auteur et le lecteur… Si, ça existe ! On les a rencontrés, c’est bien la preuve ! Ce sera tout d’abord Albert de Pétigny avec ses éditions Pourpenser. Il a, entre autres, une magnifique collection Contes pour penser à l’endroit. Nous avons rencontré Bénédicte Rivière… …et ses super héros, Super Oui et Super Non, Edwige Planchin…… et les pensées de Virgile dont la petite sœur Cassiopée n’a pas eu le temps de naître, et Ingrid Chabbert et le chant de son oiseau qui faisait rêver Julien qui voulait l’interviewer… Nous reviendrons vous parler de cette maison qui nous a beaucoup plu…

Puis, il y eut la rencontre avec Didier Jean et Zad, des éditeurs qui se battent pour démontrer la qualité de leur travail, qui sont à la fois auteurs et éditeurs mais qui se donnent le temps de prendre soin de leurs auteurs… Oui, éditer c’est prendre des responsabilités et ils veulent les assumer ! Pour les étudiants c’est aussi le contact avec trois façons de regarder les monde du livre jeunesse : l’auteur, avec son livre, son thème, son style, ses illustrations ; l’éditeur, avec son catalogue, son comité de lecture, les choix décisionnels et éditoriaux, le calendrier de sortie, les salons ; le chef d’entreprise avec une grosse réflexion sur le livre de demain, le numérique, l’histoire multimédia. Nous reviendrons sur tout cela mais cette rencontre avec la maison Utopique, la cabane d’édition de Didier Jean et Zad, a été indiscutablement un moment fort de ce Montreuil 2014 !

Une belle séance de dédicace avec Simona et Alesio à Chalon-sur-Saône, le 5 novembre 2014 !!!

La librairie L’Antre des bulles, librairie spécialisée en bandes dessinées à Chalon-sur-Saône, reçoit pour une grande séance de dédicaces deux auteurs italiens que j’aime beaucoup, Alesio Lapo et Simona Mogavino.

Je les ai rencontrés pour la première fois à Angoulême, il y a quelques années… Je crois me souvenir que c’était en janvier 2006 pour la sortie du premier volume des enquêtes du religieux Antoine Sèvres. Alesio, dessinateur de cette série scénarisée par Laurent Rullier, était alors accompagné de Simona Mogavino, sa compagne. A cette époque, elle travaillait encore dans la restauration archéologique et historique et elle n’imaginait même pas qu’elle allait un jour devenir, elle-aussi, auteure de bandes dessinées… Elle se contentait de traduire pour Alesio qui ne maitrisait pas encore la langue de Molière…

Le temps a passé, les éditions Humanoïdes associés qui éditaient les enquêtes d’Antoine Sèvres dans la collection Dédales ont connu de grosses difficultés financières, la série s’est arrêtée après le second volume et notre pauvre Alesio a dû chercher ailleurs du travail…C’est chez Glénat qu’il va trouver son bonheur, le nôtre aussi par la même occasion, avec la série Codex Sinaïticus, une histoire où il fait la connaissance d’un scénariste, Arnaud Delalande. Ce dernier va décider de travailler encore avec lui et c’est ainsi que sort, en 2013, le premier album d’une nouvelle série, Cagliostro. Le scénario est co-signé Arnaud Delalande et Hubert Prolongeau, et nous sommes dans une sorte de polar-espionnage en costumes, avec des intrigues mystérieuses, fascinantes, sulfureuses… J’aime beaucoup !Simona Mogavino, quant à elle, spécialiste de restaurations archéologiques et historiques, elle est devenue, à la suite d’une blessure sur un chantier, une scénariste de bandes dessinées. Elle s’est lancée, elle l’Italienne, dans le récit d’une grande reine de France, Aliénor d’Aquitaine. Ceux qui ont peur de l’histoire, de la religion, des guerres… n’ont rien à craindre car la vie d’Aliénor c’est de l’aventure à l’état pur, du brut de chez brut avec sexe et amour de surcroît ! Prenez le temps de parler de l’histoire de France avec cette femme qui la regarde et l’étudie de l’extérieur… Passionnant ! D’ailleurs, quand on regarde Simona, on se demande… n’aurait-elle pas été Aliénor dans une autre vie ?

Aliénor d’Aquitaine, la légende noire, est une des reines que l’on va trouver dans cette nouvelle collection, Les reines de sang. Le concept est intéressant de redécouvrir les grandes reines de France en partant des plus cruelles ou, plus exactement, de celles qui sont les plus sulfureuses : Aliénor d’Aquitaine, Isabelle de France, Frédégonde… Aliénor, sous la plume de Simona, devient non pas fréquentable, mais objet de découverte, d’émerveillement, de curiosité, de crainte… Dans tous les cas, on mesure combien on ne connait pas très bien notre histoire de France !

Il est frappant de constater que pour cette série, c’est encore Arnaud Delalande que l’on retrouve en coscénariste avec Simona. Oui, Arnaud Delalande est probablement le grand monsieur scénario et garant historique de ces séries et il montre là tout son talent !

En attendant qu’Arnaud se déplace lui-même à Chalon-sur-Saône, c’est Alesio et Simona que vous pourrez rencontrer à la librairie L’Antre des Bulles de Florent Bouteillon mercredi 5 novembre à partir de 14h00 !!! Bonne rencontre à tous !!!

Rencontre avec Fabien Toulmé, auteur d’un album remarquable, Ce n’est pas toi que j’attendais…

Après avoir lu une magnifique bande dessinée, Ce n’est pas toi que j’attendais, récit d’un papa face à sa petite fille trisomique, j’ai souhaité rencontrer l’auteur pour lui laisser la parole. Je remercie Fabien Toulmé d’avoir accepté de nous parler de son expérience… et d’avoir écrit un si bel ouvrage en bande dessinée. La bande dessinée est critiquée sur le site :

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/43338

Je suis l’heureux papa de Julia et cet album parle de l‘arrivée de cette fille dans la famille. C’est le deuxième enfant, la première est Louise. Julia est arrivée avec une petite différence découverte à la naissance, une trisomie 21 qui n’avait pas été détectée durant la grossesse. Ce livre ne traite pas spécifiquement et techniquement de la trisomie, c’est le cheminement d’un papa qui va vers sa fille petit à petit. C’est plutôt un récit universel, ça s’applique à la trisomie mais cela peut concerner n’importe quelle différence, voire même n’importe quel enfant.

L’envie de raconter est apparue lorsque toutes étapes ont été dépassées, lorsque je me suis retrouvé apaisé, heureux d’être le papa de Julia. C’est parce que je trouvais que c’était une belle histoire que l’envie du livre est devenue évidente, naturelle. J’avais la chance d’avoir vécu cela et mon récit allait être plus vrai et plus fort que si cela avait été raconté de l’extérieur comme une simple fiction.

Au début j’étais dans la tempête. On imagine toujours que ça n’arrive qu’aux autres. On ne connait pas les problématiques de l’enfant handicapé ou malade. Quand ça arrive, on plonge immédiatement dans les fantasmes, on n’est pas capable d’analyser et j’ai plongé comme dans un grand océan hostile et mystérieux. L’écriture du livre n’a pu être envisagée qu’après avoir passé toutes ces étapes. Le moment charnière entre les phases les plus douloureuses et les temps plus apaisés, c’est quand Julia se fait opérer du cœur. Elle nait avec une tétralogie de Fallot, et il fallait une intervention chirurgicale à cœur ouvert dans la première année de vie de Julia. C’est à ce moment-là, même si je n’en ai pas conscience, que je suis inquiet pour ma fille. Elle environ six mois. Je suis là avec ma femme et on ressent de l’inquiétude, de la tristesse… C’est le moment où il est évident qu’elle est bien notre fille, qu’on l’aime, tout simplement.

Ce qui est sûr, c’est que j’ai eu du mal à parler de ce qui se passait dans la tête de ma femme. J’ai vu et ressenti ce qu’elle vivait mais c’était plus facile de raconter mon cheminement. Dans le livre, il y a un peu deux personnages côte à côte, un papa râleur et anxieux, une maman plus zen, j’ai un peu caricaturé la réalité de nos deux caractères, de nos deux personnalités. Mais c’est quand même un peu la photographie de la réalité et de ce que nous avons vécu. Mon épouse a certainement été plus calme et philosophe que moi…

D’un coup on reçoit un grand nombre d’informations sur les soins qu’il va falloir apporter, ce qu’il va falloir faire avec Julia pour la stimuler et l’accompagner, la faire évoluer. On rentre dans ce monde inconnu du handicap et des soins, on nous décrit certaines « attractions » et ça fait un peu peur. Je parle dans le livre de Handicap land. On nous dit tellement de choses qu’on ne sait plus comment faire, si on sera capable de tout faire, d’assumer… C’est une étape difficile, différente de la naissance mais angoissante pour les parents.

C’est important parce que la première peur que l’on a avec un enfant handicapé c’est l’avenir : est-ce que toute ma vie je vais devoir m’occuper de ma fille, quand j’aurais 80 ans est-ce que je vais être capable d’assumer ? Certes on nous donne beaucoup d’informations scientifiques mais on a du mal à imaginer ce qu’est la vie quotidienne d’un adulte trisomique. On manque d’exemples ! En parler avec ceux qui ont connu, c’est cela qui apaise, qui permet de relativiser, d’envisager la vie pour Julia avec une certaine autonomie… un travail, un logement, une vie amicale, voire même amoureuse…

Il y a eu aussi la difficulté à parler de Julia à sa grande sœur : ce n’est pas simple de mettre des mots sur la trisomie pour une petite fille. Elle a 5 ans à la naissance de Julia. On s’est aperçu que Louise avait compris beaucoup plus de choses que ce que nous les parents nous imaginions. Sa sœur était différente et elle l’avait bien compris.

Au bout d’un moment, la trisomie « disparait » derrière l’enfant. Aujourd’hui je n’accole plus le mot de trisomique à ma fille, j’ai deux filles, un point c’est tout !

On a la chance que Julia nous ait choisis comme parents !

Et je ne peux que vous inviter à lire ce magnifique récit en bande dessinée qui illustre que cet art narratif est maintenant devenu majeur et capable d’aborder tous les thèmes avec délicatesse et humanité !

(Propos recueillis par Shelton et la photo est de Chloé Vollmer-Lo)