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Lucien
avatar 17/12/2010 @ 11:07:19
Je me souviens de Critiques Libres.
1. Je me souviens que j’ai appris l’existence de Critiques Libres par Miller, au printemps 2001.
2. Je me souviens que l’adresse du site était www.critiqueslibres.com mais que l’on a vite pu l’abréger en www.critlib.com
3. Je me souviens que j’ai pris le pseudo de Lucien parce que l’anagramme de mon nom et de mon prénom est Lucien Randaxhe.
4. Je me souviens que Syllah O. croyait que je faisais référence à Lucien de Samosate, et que ça m’a donné l’idée de lire « Philosophes à vendre ».
5. Je me souviens que Syllah O. se présentait comme auteur (je n’ai jamais découvert qui se cachait sous ce pseudo) et qu’il a rapidement quitté le site parce que ses interventions perçues comme hautaines suscitaient la polémique.
6. Je me souviens d’une réception chez Sorcius où j’ai rencontré pour la première fois Jules, Saint-Germain-des-Prés, Pendragon et quelques autres.
7. Je me souviens de la collection de carafes de Sorcius.
8. Je me souviens des t-shirts Critiques Libres.
9. Je me souviens des marque-pages Critiques Libres.
10. Je me souviens que Kinbote était également présent à la soirée de Sorcius mais que je le connaissais déjà grâce à Miller.
11. Je me souviens que Kinbote et moi avons rédigé en alternance, et publié sous le pseudo de Luc Kint, une nouvelle cruelle intitulée « Comme un parfum de chair grillée ».
12. Je me souviens que j’ai rédigé avec Mae West un récit sur le père Noël et les cigarettes.
13. Je me souviens qu’au début, un « critiqueur » pouvait placer à propos du même livre autant de critiques éclairs qu’il le souhaitait, que cela donnait lieu à des débats homériques et que le record du nombre d’interventions a dû être détenu par « Moi qui n’ai pas connu les hommes » de Jacqueline Harpman.
14. Je me souviens que ces échanges « historiques » ont été retirés du site lors de la création du forum et que bien des participants ont ressenti cette intervention comme une amputation.
15. Je me souviens de la richesse des activités d’écriture générées par le forum « Vos écrits ».
16. Je me souviens que j’ai pris d’autres pseudos associés au principal : Lulu, fils de Lucien (que j’employais plutôt pour les usages « comiques ») et Lucifer, père de Lucien (plutôt utilisé pour les diatribes, la satire au vitriol).
17. Je me souviens avoir eu beaucoup de succès avec une critique éclair de « Moi qui n’ai pas connu les hommes » dans laquelle Lulu, en panne d’inspiration pour un exposé à l’école chez le professeur Jules, s’en tirait en ne parlant que des aspects matériels de l’ouvrage (son poids, son prix, son ISBN, l’illustration de couverture, etc.)
18. Je me souviens que j’avais inventé sept petites sœurs à Lulu mais ne suis pas sûr d’avoir retenu tous leurs prénoms : Luce, Luciole, Lucette, Lucile, Lucie, peut-être Lucinde ?
19. Je me souviens que Jules était le champion du nombre de critiques et que j’ai produit beaucoup d’articles, tout un temps, dans l’espoir de me rapprocher de cette vedette (fichu esprit de compétition !)
20. Je me souviens que, quand Sakhti est arrivée, elle a très vite bousculé le palmarès par la quantité (et la qualité) de ses apports.
21. Je me souviens des empoignades avec Virgile, avec Petoman, et surtout avec ce gars qui fut viré du site de nombreuses fois et qui réapparaissait toujours sous de nouveaux pseudos dont j’ai oublié la plupart (Ludico ? Saint-Cerf ?)
22. Je me souviens que je me forgeais parfois un nouveau pseudo que j’employais pour une intervention où je souhaitais l’incognito « au carré » (« Larvatus prodeo », disait Descartes).
23. Je me souviens des sonnets du samedi soir.
24. Je me souviens avoir découvert à l’occasion de ces exercices rimés que la plupart des membres français (ou franciliens ?) du site ne parvenaient plus à ouïr la distinction entre le son « un » et le son « in », faisant par exemple rimer « fin » et « parfum ».
25. Je me souviens de plusieurs repas organisés à Bruxelles après la Foire du Livre, et dont le point de rendez-vous était le stand des éditions Luc Pire, ou de Luce Wilquin, suivant l’année.
26. Je me souviens que Bluewitch était souvent la cheville ouvrière de ces repas, et qu’elle a vraiment dépensé beaucoup d’énergie pour maintenir une certaine cohésion dans la famille Critiques Libres.
27. Je me souviens que, le jour du dernier repas auquel j’ai participé (au Strofilia, près de la place Sainte-Catherine), je me suis pris un PV pour stationnement interdit.
28. Je me souviens qu’au cours de ce repas, nous avions échangé des livres et que j’avais prévu d’apporter « Babylone sous les bombes » (que j’avais déniché chez Gibert) mais que je l’ai oublié chez moi.
29. Je me souviens que les membres du « clan » se baptisaient les « Cliens » et que j’ai constaté récemment qu’ils étaient devenus des « Céliens ».
30. Je me souviens que Bluewitch a assisté plusieurs fois aux rencontres d’auteurs que j’organisais à Mons avec Miller.
31. Je me souviens que le nombre des interventions s’est multiplié de façon exponentielle lorsque les connexions ADSL se sont généralisées.
32. Je me souviens que Critiques Libres est alors devenu (pas seulement pour moi) une véritable addiction, que je consacrais de plus en plus de temps à ce site et que j’ai finalement réussi à m’en libérer – mais sans réussir à le fréquenter modérément (c’était en quelque sorte tout ou rien).
33. Je me souviens que je trouvais de plus en plus épuisants ces débats sans fin pour des queues de cerises, ces empoignades puériles, ces logorrhées stériles qui dénaturaient la fonction première du site.
34. Je me souviens que l’arrivée de nouveaux membres, qui prenaient tout à coup beaucoup de place, donnait parfois aux « anciens » l’impression d’être dépossédés d’une sorte de bien dont ils auraient réclamé en quelque sorte l’usage exclusif.
35. Je me souviens avoir dédicacé un livre à Saule en employant notamment ces mots : « solitaire, Saule y terre… »
36. Je me souviens que Saule a réalisé le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, et qu’il s’est sérieusement blessé (périostite ?)
37. Je me souviens de nos tentatives désespérées pour rendre « objective » une hiérarchie des valeurs en littérature.
38. Je me souviens avoir inventé le « test de la page 100 ».
39. Je me souviens que Bolcho porte le même prénom que moi, qu’il enseigne en milieu carcéral et qu’il faisait l’objet, de la part de l’homme aux multiples pseudos (qu’il ne ménageait d’ailleurs pas), de féroces attaques ad hominem (« l’infâme Bol Chaud… »)
40. Je me souviens que Saint-Jean-Baptiste adore l’alexandrin.
41. Je me souviens que Pendragon et Saint-Germain ont fait un « bébé CL ».
42. Je me souviens que Pendragon a pratiqué l’athlétisme comme sprinter tandis que j’étais marathonien.
43. Je me souviens avoir couru avec Tistou quelques kilomètres inoubliables sous une neige qui tombait dru, début avril 2006, sur la Nationale qui relie Besançon à Pontarlier.
44. Je me souviens que nous avions projeté une équipe CL pour la Sainté-Lyon (une course de fond qui relie Saint-Etienne à Lyon) mais que l’idée n’a pas abouti.
45. Je me souviens que Tistou est venu me saluer en 2009 au Forum International de la Francophonie à Seynod.
46. Je me souviens que j’ai rencontré Mop pour la première fois, par hasard, en 2002, sur un trottoir de Bruxelles où nous cherchions tous deux le banquet célébrant le centième anniversaire de l’AEB.
47. Je me souviens que Mop supportait encore moins que moi les polémiques et les attaques ad hominem si bien qu’il avait supprimé son compte (comme il avait supprimé le précédent : Thomas Fors).
48. Je me souviens que, pris de remords, il avait ensuite souhaité revenir sur le site mais que c’était impossible sous le même pseudo, et que je lui ai suggéré « Mopp ».
49. Je me souviens que Patman était animateur à la Maison du Livre (?), rue de Rome (ou de Naples ?) et que sa sœur avait été une voisine de mes parents.
50. Je me souviens que Tophiv (dont le premier pseudo était Charles) m’a demandé des haïkus pour décorer son mariage.
51. Je me souviens avoir appris, alors que je fréquentais déjà beaucoup moins le site, que Féline était une amie de ma fille cadette.
52. Je me souviens que Lolita était la plus jeune critiqueuse (je me demande ce qu’elle est devenue).
53. Je me souviens qu’un autre très jeune membre (dont j’ai oublié le pseudo) avait des lectures si « pointues » que beaucoup se demandaient s’il ne trichait pas sur son âge.
54. Je me souviens (son pseudo vient de me repasser par la tête) de Platonov, qui était étudiant dans une institution religieuse (peut-être même séminariste ?) à Vernon (?) et qui a disparu sans laisser de traces comme un personnage de Modiano (comme tant d’autres).
55. Je me souviens que Persée a publié chez Luce Wilquin un beau roman, « Le lion de sable ».
56. Je me souviens que Nothingman m’a interviewé dans le cadre de son travail de fin d’études sur la littérature francophone de Belgique.
57. Je me souviens vaguement d’une affaire qui fit pourtant couler beaucoup d’encre virtuelle, celle d’une « Clienne » (Monique ??) d’abord accusée de plagiat, dont il s’avéra ensuite qu’elle avait vraiment publié (sous le nom de son mari ?) l’ouvrage qui avait fait l’objet du litige.
58. Je me souviens que Yali et quelques autres (dont Kilis ?) quittèrent le site pour fonder un autre blog dédié à l’écriture, où je me suis inscrit mais que j’ai très peu fréquenté.
59. Je me souviens de Zoom, de Sottovoce, de Darius, d’autres dont j’ai oublié les pseudos et qui ont fait un tour dans ma vie grâce à ce site.
60. Je me souviens que, quand Tistou m’a invité à écrire un texte pour le dixième anniversaire de Critiques Libres, j’ai tout de suite pensé à une série de « Je me souviens » ; que, constatant récemment qu’il fallait employer le nombre dix et l’expression « Critiques Libres », je me suis dit que 60 phrases évoqueraient le nombre de lettres de mon pseudo multiplié par dix ; que chacune de ces phrases commencerait par la dixième lettre de l’alphabet ; que les mots « Critiques Libres » y apparaîtraient forcément et qu’après tout, je pourrais les employer pour terminer en beauté, par exemple en écrivant : « HEUREUX DIXIEME ANNIVERSAIRE, CRITIQUES LIBRES ! »

Laventuriere 17/12/2010 @ 18:19:11
Merci,Lucien,pour cette belle histoire qui ne fait que commencer..10 ans,c'est l'enfance...

Clamence 20/05/2011 @ 23:28:22
Je me souviens que je m’étais promis de me souvenir ici
Je me souviens que j’écoutais Elvis Presley et Marylin Monroe quand j’étais au collège, je passais pour un ovni
Je me souviens de cette photo de l’école primaire, de mes boucles dorées et mes yeux grand ouverts devant le sapin de noël
Je me souviens de m’être souvent battue dans la cour d’école
Je me souviens de trop de cris, et du baladeur poussé à fond pour essayer de ne pas entendre
Je me souviens de ma première classe et des rires de concert
Je me souviens de la première pièce que j’ai écrite et d’y avoir assisté en spectatrice, émue, fière et frustrée
Je me souviens des jours où ma mère m’emmenait à la bibliothèque municipale
Je me souviens d’avoir pleuré le 11 septembre
Je me souviens que je ne pleure presque jamais
Je me souviens de n’avoir pas entendu je t’aime
Je me souviens de ma fatigue ce soir
Je me souviens de soirées CL animées à en rire, à en avoir les joues rouges et les larmes aux yeux
Je me souviens de la gifle de mon institutrice pour des Picsou, et des marbrures rouges qui ont couvert mon front
Je me souviens que je découpais des petits carreaux dans des feuilles de papier que je collais sur mes cahiers d’écolière quand je faisais des trous
Je me souviens de premières fois qui n’étaient pas les bonnes
Je me souviens du bruit de la terre qui craquelle sous mes pas d’enfant quand je me promenais dans les champs l’été
Je me souviens de ma première lecture de Camus, et d’avoir pensé qu’enfin je n’étais pas seule
Je me souviens d’un anniversaire entouré d’amis et couverte de cadeaux
Je me souviens d’un noël seule
Je me souviens d’avoir eu vingt ans en l’an deux mille
Je me souviens d’avoir reçu, en cadeau de fin d’année, une serviette brodée avec mon prénom, et de ce minot dont la mère m’a dit plus tard qu’il craignait de s’être trompé
Je me souviens que j’ai cette année ledit minot en 3è, et qu’il a bien grandi depuis quatre ans
Je me souviens des illuminations de la cathédrale d’Amiens qui m’ont bouleversée
Je me souviens que les feux d’artifice remplissent mes yeux de larmes
Je me souviens d’un baiser cinématographique sur un quai de gare
Je me souviens des occasions manquées parce que je ne fais jamais le premier pas
Je me souviens de regards vrais et sincères, de conversations où le temps s’oublie
Je me souviens de mon premier et seul vélo, pour lequel mon père s’était ruiné puisque nous étions trois, je me souviens que je l’avais appelé Croc-blanc
Je me souviens avoir été exclue de cours parce que j’étais bavarde et parfois insolente
Je me souviens n’avoir pas béni le cercueil de la mère d’un ami parce que j’étais athée et que je maudissais dieu de la lui avoir prise
Je me souviens de mes premières cuites d’étudiante
Je me souviens que j’avais presque 18 ans la première fois où je suis allée au cinéma en dehors de l’école
Je me souviens que je n’ai pas le souvenir de l’âge que j’avais quand j’ai écrit mon premier texte, et que j’ai souvent le sentiment d’être née avec ma plume
Je me souviens d’avoir trouvé ici ce que je ne cherchais plus
Je me souviens de la première fleur qu’un garçon m’a offerte, je l’ai toujours, c’est à peine une poussière dans un tube à essai
Je me souviens qu’il faut aussi se taire…

JEyre

avatar 21/05/2011 @ 14:31:35
J'ai aimé tes souvenirs Clamence... Je vais poser quelques uns des miens pour partager avec toi et ceux qui le voudront...


Je me souviens...

Je me souviens que j’avais la vie devant moi
Je me souviens que j’étais décidée à réparer toutes les injustices
Je me souviens que je pleurais souvent et beaucoup, sur le monde qui méritait ces larmes
Je me souviens que je priais pour que tous les enfants de la terre puissent avoir des parents aimants, un toit, de la nourriture, et des soins
Je me souviens que les possibilités me semblaient infinies
Je me souviens que je croyais être immortelle
Je me souviens que j’avais beaucoup trop d’amour à donner
Je me souviens que je m’étais promis de ne jamais grandir de l’intérieur
Je me souviens que demain me semblait loin

Je me souviens que j’ai grandi à contre cœur
Je me souviens que j’ai perdu mon pouvoir de rêver, d’imaginer

Je me souviens des coups, des cris
Je me souviens des regards furieux, des discussions impossibles
Je me souviens de l’incompréhension de certains autres
Je me souviens de la fuite

Je me souviens des voyages
Je me souviens des rencontres
Je me souviens des douleurs
Je me souviens de tout cet amour à donner toujours présent
Je me souviens de tout cet amour recherché, jamais reçu
Je me souviens de mon innocence violée
Je me souviens de ma foi exacerbée en l’humanité

Je me souviens d’un retour
Je me souviens de m’être perdue
Je me souviens de m’être retrouvée
Je me souviens de t’avoir perdu, papa
Je me souviens d’avoir donné naissance
Je me souviens de t’avoir aimée immédiatement mon enfant

Je n’oublierai jamais combien l’apprentissage de la vie est difficile,
Je n’oublierai jamais l’intensité avec laquelle j’ai vécu chaque instant,
Je ne regrette rien.


Clamence 21/05/2011 @ 15:08:52
J'aime tout autant les tiens :)

Le problème avec l'exercice de Pérec, c'est qu'une fois qu'on a commencé, encore faut-il pouvoir s'arrêter!!

alors....

en direct live, sans passer par words

Je me souviens qu'il faut dire non
je me souviens qu'il faut toujours aimer, toujours croire, même quand le monde tourne le dos
je me souviens que je ne suis pas un ange et d'avoir fait souffrir, d'avoir écorché avec des mots qui sont mes meilleures armes
je me souviens d'être révoltée, rebelle et habitée
je me souviens des flammes de mes yeux verts qui savent être glacées
je me souviens de donner même à ceux qui ne veulent pas recevoir
je me souviens que mes mensonges me protègent
je me souviens d'être noire mais peu sous le soleil
je me souviens que je rougis moins qu'avant, et d'aimer ceux qui parviennent encore à rosir mes joues
je me souviens d'aimer le papier, le toucher, le froisser entre mes doigts, le sentir et d'être émerveillée devant une page blanche
je me souviens de tous les demains que je me suis promis d'atteindre
je me souviens d'être particulièrement sensible aux voix qui chuchotent au creux de mon cou
je me souviens de brandir mon poing quand il le faut
je me souviens des silences quand je lis aux minots
je me souviens que la littérature n'est pas morte, qu'elle n'a pas à être poussiéreuse dans une bibliothèque
je me souviens que les mots existent quand on les prononce à haute voix
je me souviens de mordre
je me souviens que je maudis les cons
je me souviens d'être en colère
je me souviens que du noir naît la lumière
je me souviens que je ne me relirai pas avant de poster
je me souviens que je vous aime
je me souviens que mes doigts s'envolent comme dominique A qui chante pendant que j'écris
je me souviens d'être en robe et d'affirmer enfin que je suis une femme
je me souviens que demain naît aujourd'hui
je me souviens du courage à ne jamais perdre
je me souviens des oiseaux qu'on entend derrière les voitures à qui veut tendre l'oreille
je me souviens d'être tendre pour qui l'est avec moi
je me souviens du poids des promesses alors je ne promets rien, pour essayer encore
je me souviens des lignes qui s'allongent sous les yeux
je me souviens que j'ai une histoire à terminer pour en recommencer une autre
je me souviens qu'il faut crier, ce n'est pas toujours souffrir
je me souviens que j'aime étreindre
le chocolat, les points d'exclamation, le vent, les nuages, la vie, les livres, le théâtre, enseigner, apprendre, le soleil, la musique, l'émotion, ressentir, parler, aimer!

Clamence 21/05/2011 @ 15:12:35

JEyre

avatar 21/05/2011 @ 15:29:50
http://youtu.be/8mQiRFgOiWQ
Virgile me l'a faite découvrir, elle est sublime, je la mets là, juste pour ne pas oublier tous les souvenirs à venir...

Pieronnelle

avatar 21/05/2011 @ 19:10:40
http://youtu.be/8mQiRFgOiWQ
Virgile me l'a faite découvrir, elle est sublime, je la mets là, juste pour ne pas oublier tous les souvenirs à venir...


Trop dur! Je vais pleurer pendant 10 jours........

Valadon
avatar 21/05/2011 @ 22:53:41
Je me souviens de toutes ces maisons qui ont abrité mon enfance
Je me souviens de mon père cueillant des tomates sous ma fenêtre
Je me souviens de ma mère qui était enfant en même temps que moi
Je me souviens qu’une fois couchée je me relevais et me cachais pour épier mes parents qui dînaient
Je me souviens des livres qui attendaient que je sache lire pour s’offrir à moi
Je me souviens que je lisais avant de savoir lire
Je me souviens que mon frère et moi on voulait se marier
Je me souviens du parfum de ma grand mère
Je me souviens de mon père sur le lit nous annonçant son départ et de mon sentiment de puissance à ce moment là: je savais déjà.
Je me souviens du sud et de mon éblouissement sans fin
Je me souviens de mon grand père mon premier grand amour
Je me souviens de ma maîtresse de CE2 qui nous faisait des dictées avec son accent provençal, nous racontait le Petit Prince et nous aimait
Je me souviens qu’à part cette année de CE2, ma scolarité reste une plaie pas encore bien refermée
Je me souviens des cartons qui se remplissent, des amis qu’on laisse derrière, du soleil qui ne brillera plus jamais aussi fort, de la liberté qui se retire et des murs qui rétrécissent
Je me souviens de mes cahiers est ce que j’ai toujours écris ?
Je me souviens des balades à vélo dans la cité
Je me souviens de mon père me racontant Orwell et Perez Reverte
Je me souviens de ma mère qui chantait et qu’on n’écoutait pas
Je me souviens de mes évasions en noir et blanc et en VO
Je me souviens du chat de porcelaine qui scella notre amitié dans la cour du collège
Je me souviens de sa mère qui chantait et qu’on écoutait
Je me souviens du vide et de la faim et de ma mère se battant pour moi
Je me souviens que j’inventais ma vie au lieu de la vivre
Je me souviens que le théâtre m’a sauvé
Je me souviens d’un soir de Juin des projecteurs et de ce sentiment de bonheur inouï
Je me souviens de la salle Bourdet de ses gradins de ses murs noirs de ses rideaux de velours
Je me souviens de ce désir dévorant d’être aimée
Je me souviens de mes errances parisiennes à fleur de peau oiseau libre et éperdue
Je me souviens de la pluie à Amsterdam
Je me souviens des films de Woody Allen au St André des arts
Je me souviens de ma mère en Tunisie
Je me souviens de son mari et de son sourire
Je me souviens de la mer qui m’offrit dans son va et vient les personnages de mon histoire
Je me souviens de mon grand père qui ne se souvenait plus
Je me souviens que les coups de foudre ça existe
Je me souviens de sa folie de sa démesure de ses blessures et de sa soif de tout
Je me souviens d’un restaurant japonais un soir de pleine lune
Je me souviens d’Aymeric et de Ketsia, de Djawed et de Rose, de Vittoria et de Vincent, d’Antoine et d’Ivan, de Julianna et d’Alix
Je me souviens encore d’Aymeric sur son tricycle, m’appelant à travers le long couloir, rayonnant
Je me souviens que j’aurais donné quinze ans de ma vie pour que ce môme vive
Je me souviens que le mien dormait dans mon ventre quand dehors celui d’une autre s’en allait
Je me souviens de mon fils gesticulant quand la sage femme l’a posé sur ma peau
Je me souviens qu’il est devenu toute ma vie
Je me souviens de la peur de le perdre
Je me souviens de son père un bouquet à la main
Je me souviens de ces batailles de ces guerres de ces pleurs de ces cris de ces peurs de toute cette tristesse
Je me souviens de Dresde de ses terrains vagues de ses cabanes perchées dans les squares de ses trottoirs cahotiques de ses maisons de toutes les couleurs de ses anges de pierre dans les cimetières de ses biergartens de son fleuve et de ses berges
Je me souviens des aéroports et des gares Dresde Paris Berlin Sarrebourg Manheim Dusseldorf
Je me souviens de ses bras grands ouverts juste pour moi
Je me souviens que l’amour ça existe
Je me souviens d’Anton Yvan Boris et moi
Je me souviens du regard de mon fils posé sur son petit frère
Je me souviens du premier éclat de rire de mon bébé
Je me souviens qu’il faut rester bien droite
Je me souviens de tout ça et ça me rend forte.

Valadon
avatar 21/05/2011 @ 22:55:56
Et moi aussi je veux mettre ma musique après cette thérapie :))

http://www.youtube.com/watch?v=BBdXm140nvA

JEyre

avatar 22/05/2011 @ 09:22:31
C'est chouette chouette chouette :-)
Bienvenue au clud Valadon !

Pieronnelle

avatar 22/05/2011 @ 11:18:30
C'est vraiment super les filles!

Pieronnelle

avatar 22/05/2011 @ 11:21:03
Je me souviens de mon premier jour d’école ,
et que je pleurais parce que j’avais sur le dos le cartable de ma sœur ainée ;
Je me souviens de ce temps frais de Pâques
quand je portais de nouvelles sandales blanches
et un nouvel habit cousu par ma mère ;
Je me souviens que nous dormions dans la cuisine l’hiver, ma sœur et moi,
et que mon père nous reveillait en décendrant tous les matins, la cuisinière à charbon ;
Je me souviens de la poupée pour deux, en cadeau, un jour de Noël ;
puis de la poupée Martine pour moi toute seule le Noël suivant ;
Je me souviens du grand hiver froid de 1956
et que j’ai porté pour la première fois des pantalons ;
Je me souviens de la Diphtérie de ma sœur
et de mon départ chez mon grand-père à cause du risque de contagion ;
Je me souviens de la deuxième maladie de ma sœur
et que j’allais à l’hôpital pour la voir et faire mes devoirs ;
Je me souviens que je détestais les colonies de vacances,
les matchs de foot, les bals de campagne les dimanches ;
Je me souviens que j’aimais les livres et leur odeur,
la peinture et le dessin , et le chevalet offert par mon père ;
Je me souviens avoir remporté à l’école le concours du meilleur dessin sur « la propreté »
et que je suis revenue très fière chez mes parents avec mon prix : une caisse de savonnettes ;
Je me souviens de cette merveilleuse maitresse qui m’a prêté « terre des hommes » de saint-Ex
et que je ne lui ai jamais rendu ;

Je me souviens de mon premier amour
et du deuxième, tous les deux impossibles ;
le premier un prêtre
le second mort à 17 ans ;

Je me souviens que je ne voulais que me souvenir
et ne pas vivre dans le présent ;
Je me souviens m’être endormie pendant quelques temps
et ne plus bien savoir ce que j’ai vécu ;
Je me souviens du bonheur absolu à la naissance de ma fille
et du malheur absolu quand j’ai cru la perdre ;
Je me souviens de la souffrance et du bonheur à la naissance de Clem ;

Je me souviens
du temps passé
du temps perdu
du temps gâché
du temps vécu
et du fil qui les relie : l’amour de la vie et des autres.

Je me souviens avoir fait ce que je devais faire et que je ne regrette rien ;

Pieronnelle

avatar 22/05/2011 @ 11:27:17
Et ma petite participation musicale :

http://youtu.be/Q8Tiz6INF7I

JEyre

avatar 22/05/2011 @ 11:30:50
J'ai des frissons partout Piero ! C'est beau, et ça vient d'une autre époque... M'en vais écouter ta musique.

Merci à toutes pour ces beaux moments de partage et de sincérité.

Valadon
avatar 22/05/2011 @ 12:21:43
Oui c'est beau!!
Je vous ai toutes lues,et je crois que j'y reviendrai,j'aime ces moments de vie,ça fait un bien fou de les lire et de les écrire,et de partager tout ça.

Pieronnelle

avatar 22/05/2011 @ 13:58:58
Oui c'est un vrai moment de rapprochement. J'aime vos élans, vos sentiments, vos espoirs!
Je trouve que vous êtes des filles vraiment belles et c'est vous qui me donnez confiance en l'avenir!
Merci merci!!!

Clamence 22/05/2011 @ 14:02:11
Les filles, merci pour vos textes, c'était un bonheur bien doux du matin...et du coup...je vous attends à côté;)

Saint Jean-Baptiste 28/05/2015 @ 22:05:46
Il n'y a pas que de bons souvenirs dans la vie !
Aujourd'hui, je me souviens d'un des plus terribles épisodes de ma brève existence : il y a juste trente ans, c'était, ce que le monde appelle encore aujourd'hui : « le drame du Heysel. »

Je me souviens de la folle journée du jour du match ; un représentant qui était mon grand ami, allait régulièrement à la Grand'place de Bruxelles – c'était à cent pas de notre imprimerie – et revenait en nous faisant le récit de ce qui s'y passait ; il était de plus en plus excité, et de plus en plus affolé au fur et à mesure que le temps passait !
A la sortie des bureaux, nous avons été voir ce qu'il en était et nous avons assisté à un vent de folie comme la ville n'en avait jamais connu.

Mais ce qui m'a encore le plus marqué, c'est la journée du lendemain : tout Bruxelles avait honte, tout Bruxelles se sentait coupable, tout Bruxelles pleurait ! Les Bruxellois se sentaient déchus aux yeux du monde. Les quelques rares passants dans les rues, rasaient les murs alors que la veille encore, Bruxelles brussellait comme à ses plus beaux jours sous les premiers rayons du soleil...

Les ateliers de notre imprimerie étaient silencieux, les bureaux aussi : pas un téléphone, pas une visite, pas un murmure et, pas même de regards échangés ; comme si chacun portait sur lui tout seul la honte de ce drame.

Encore aujourd'hui, en écrivant ces lignes les larmes me viennent aux yeux. Il faut dire que c'était il y a trente ans et que, depuis lors, un grand vide s'est fait autour de moi... « Rari nantes in oceo vaste », comme dirait Provis...

Pourtant, j'ai l'impression que c'était hier et je suis resté cabotin comme à mon plus bel âge et je ne résiste pas au plaisir de vous renvoyer à ce que j'écrivais, sur le sujet, il y a dix ans, le 29 mai 2005 à 12:45 h, en vous souhaitant la bonne lecture :

http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

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