Henua de Marin Ledun

Henua de Marin Ledun

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Poet75, le 17 avril 2025 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 69 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (51 232ème position).
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L'envers des Marquises

En règle générale, les auteurs de polars, tout en s’efforçant de captiver le lecteur au moyen d’une intrigue à rebondissements et de personnages, si possible, pas trop convenus, suggèrent, voire mettent très en évidence, des caractéristiques de la société et de l’environnement dans lesquels évoluent ces derniers. Et quand l’action d’un polar se déroule bien loin de la France métropolitaine, voire carrément aux antipodes, la découverte peut s’avérer d’autant plus passionnante. Avec ce roman de Marin Ledun, nous voilà servis puisque ce dernier nous emmène aux îles Marquises, des îles dont nous ne savons peut-être pas grand-chose, en dépit des tableaux de Gauguin et d’une des chansons ultimes de Brel.
‘Gémir n’est pas de mise / Aux Marquises », chantait-il. Nous voulons bien le croire, même si le contenu du roman de Marin Ledun nous confronte à bien d’autres réalités que celles de la chanson et à bien d’autres images que celle des peintures de Gauguin. Certes, aux îles Marquises, et Marin Ledun en fait quelques descriptions, les paysages, la faune, la flore sidèrent par leur beauté. Mais il n’est pas question, pour le romancier, de s’y complaire car il est d’autres réalités, beaucoup moins belles, qu’il ne saurait ignorer. Et l’enquête policière dont il est question en fait découvrir les aspects les moins reluisants.
Marin Ledun n’est pas marquisien, mais il s’intéresse à l’histoire de ces îles et semble, en effet, bien la connaître, ce que l’on peut vérifier, par exemple lorsque, à deux reprises, il évoque les missionnaires catholiques picpuciens qui les évangélisèrent. Dans une interview, il explique qu’il apprend la langue marquisienne. D’ailleurs, dans le roman, de nombreux termes marquisiens apparaissent, à commencer par Te Henua Ènata, la terre des hommes, le nom donné par les Marquisiens à leurs îles. De plus, le romancier a eu la bonne idée d’imaginer, comme personnage principal du récit, un enquêteur venu de métropole. En vérité, c’est un métis, mais sa mère, marquisienne, avait quitté les îles avant sa naissance. Tepano Morel (c’est son nom) est, en conséquence, un personnage idéal : il doit tout apprendre, tout découvrir, tout en cherchant à connaître ses racines maternelles. Pour nous, lecteurs, c’est parfait car nous pouvons assez bien nous identifier à lui.
Quant à l’enquête, elle se concentre sur l’assassinat d’une jeune femme du nom de Paiotoka O’Connor. Par ce biais (je n’en dis pas davantage sur l’enquête elle-même afin de n’en rien dévoiler à d’éventuels lecteurs), l’auteur nous invite à entrevoir les mystères de l’archipel, son histoire, ses réalités sociales. Ainsi le roman nous confronte-t-il non seulement à la christianisation des Marquises par les picpuciens, mais aussi à la volonté d’un nombre important d’autochtones de renouer avec les coutumes ancestrales qui prévalaient avant l’arrivée des missionnaires. Il est question aussi du spectre des essais nucléaires et des conséquences de la colonisation. Enfin et surtout, le roman confronte le lecteur à de tristes réalités, outre à la chasse prohibée d'une espèce protégée de pigeon, le úpe, aux violences intrafamiliales, à l’alcoolisme, à la prostitution. Le roman terminé, si les Marquises nous feront moins rêver qu’auparavant, nous aurons le sentiment de ne nous être pas contentés d’images de cartes postales mais d’avoir réellement entrevus quelque chose de ce qui se vit dans ce lointain archipel, en particulier sur l’île de Nuku Hiva.

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Les éditions

  • Henua [Texte imprimé] Marin Ledun
    de Ledun, Marin
    Gallimard / Collection Série noire
    ISBN : 9782073044174 ; 19,00 € ; 13/02/2025 ; 416 p. Broché
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5 étoiles

Critique de Mimi62 (Plaisance-du-Touch (31), Inscrit le 20 décembre 2013, 72 ans) - 6 octobre 2025

Toute l'action se déroule sur une île, c'est donc une sorte de huis-clos.
Ou l'auteur connaît parfaitement les lieux ainsi que les us et coutumes de cette île où il a effectué un fantastique travail de documentation.
Il est évident qu'il maîtrise parfaitement le mode de fonctionnement de cette société.

L'intrigue apparaît très tôt comme un prétexte à exposer les éléments méconnus, les éléments derrière la carte postale, plutôt que comme la raison d'être de ce récit. L'enquête emmène le lecteur dans les différentes couches sociales, dans les différents lieux jusqu'aux plus isolés. Le mal être des habitants ainsi que les raisons de ce mal être sont exposés en détails. L'évocation des traditions étouffées à un moment de leur histoire mais en train de ressurgir est elle aussi totalement maîtrisée..

Il n'en reste pas moins que je ne suis jamais entré dans ce livre, je ne l'ai fini que parce qu'il est l'ouvrage choisi par notre groupe de lecture.
Certaines des difficultés me sont propres, comme l'impossibilité de mémoriser les noms, et, par conséquent, d'avoir de grandes difficultés à connaître le rôle de chacun.
D'autres sont plutôt inhérentes à l'auteur. Tantôt des phrases construites, tantôt une succession de phrase très basiques, dignes d'un élève moyen de CM2, se succédant sur un paragraphe. Une succession de "il" fatigante, agaçante, faisant se dissoudre la concentration nécessaire.
L'auteur a choisi d'utiliser du vocabulaire local, ce que je peux très bien comprendre mais il est particulièrement frustrant de ne pas comprendre ces mots dont on ne trouve pas l'explication dans un dictionnaire. Pourquoi n'avoir pas mis un lexique ?
De même pourquoi n'avoir pas mis une carte succincte des divers lieux. On se trouve perdu dans l'espace et dans le sens.

Je ne peux pas qualifier ce livre de mauvais mais il ne m'a pas accroché de par les difficultés de compréhension de certains termes, la difficulté de mémorisation des noms, le style très très irrégulier et, par moments de répétitions dans le descriptif.

J'avais été enthousiasmé par "l'homme qui a vu l'homme" mais cette fois Marin Ledun n'a pas réussi à m'emporter avec lui aux Marquises

Faites-vous votre propre opinion.

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