Mes anticorps de Jean-Pierre Otte

Mes anticorps de Jean-Pierre Otte

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Voiz'art, le 9 octobre 2023 (Inscrit le 26 février 2022, 53 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 911ème position).
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Des bouffées de bonheur

Lorsque se risque à l’intérieur des livres de Jean-Pierre Otte, on franchit en même temps une limite en soi-même. On sait qu'il y a réellement quelque part une frontière entre ce qui est ordinaire et ce qui ne l'est pas, entre ce qui est convenu et conforme à la norme et ce qui ne le sera sans doute jamais. On sait désormais où rencontrer cette frontière. On sait même de quel côté on se situe par rapport à elle. Sur le moment, c'est un point de non-retour. On quitte la société bourgeoise et bien-pensante des morts-vivants, qui jouent les prolongations, ne sont plus animés que par des réflexes, n'habitent plus que des habitudes et continuent à s'agiter machinalement à vide dans un malheur indifférent.

Tous les livres de Jean-Pierre Otte – L’amour au jardin,Le ravissement, Le labyrinthe des désirs retrouvés, La sexualité d’un plateau de fruits de mer, Présence au monde, Plaisir d’exister ,...- sont des invitations à vivre et des bouffées de bonheur. Et le bonheur, selon lui, est d’abord dans une volonté de bonheur. Ce n’est pas un but au loin, c'est le chemin lui-même, une suite de moments qui s’ajoutent les uns aux autres avant que l’on puisse comprendre ce que signifie leur somme :

«Le bonheur, dans la présence à soi, est d’abord dans la capacité de s’éprouver en vie dans la vie, de se connaître et reconnaître comme partie intégrante d’un ensemble, et de partager le monde dans toutes ses manifestations.»

Il s’agit de se mettre au diapason, d’accorder son cœur chétif aux grandes pulsations de l’univers, et, en même temps , de comprendre et d’accepter que l’on se doit d’être soi-même en expansion, dans l'éthique même de l'épanouissement. Alors, les bonheurs individuels composent en valeur ajoutée le bien-être général, quand la réciproque n’est assurément pas vraie : le bonheur de tous ne fait pas nécessairement le bonheur de chacun :

« Celui qui ne s’égaye pas, se sépare du monde et de lui-même, se met en tort ou en travers, se racornit en peau de chagrin dans l’âme quand la vie nous est offerte pour que nous en profitions au mieux. Celui qui prend plaisir à vivre n’est pas disposé à nuire au monde, n’est pas porté à faire du mal ni aux autres ni à lui-même.

Voiz’art

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"La chronique du blutoir"

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 9 décembre 2023

Écrivain belge connu et reconnu, Jean-Pierre Otte s’est exilé sur l’un des causses du Quercy pour trouver le soleil, l’air pur et un brin de tranquillité et de calme. Avec son épouse, il jouit de cette douce campagne où il peut laisser vagabonder son esprit sans pour autant n’avoir jamais oublié son Ardenne belge. Sur ces terres arides, il produit de belles réflexions, j’ai pour ma part eu le plaisir de lire trois de ces ouvrages dans lesquels il évoque sa vision des hommes, leur comportement dans un monde qui ne fonctionne pas très bien. A-t-il, un jour seulement, vraiment bien fonctionné ?

Il suffit de lire la table des matières de cet ouvrage, recueil de textes courts, aphorismes, réflexions, …, pour constater la longue liste des sujets qui préoccupent l’auteur. Je ne les citerai pas tous, il y en a beaucoup trop, je ne vous en communiquerai que quelques-uns à titre d’exemple : inventer la vie, Bonheur, L’autre, Amour, Femme, Livres, Ame, Politique et pouvoir, Paradis, … Il y en a presque quarante. A travers tous ces thèmes, Jean-Pierre évoque la vie de l’homme dans le monde, dans la nature, parmi d’autres, avec ses proches, au cœur de sa personnalité, au centre de son moi, au plus profond de son âme. Il démontre dans ces courts textes une réelle sagesse en étant celui qui prône l’équilibre, la stabilité, les positions médianes loin des extrêmes, la sobriété, la mesure loin des excès en tout genre, et surtout le bon sens qui nous fait tellement défaut actuellement. J’ai retenu aussi la belle sérénité qu’il affiche envers la mort, comme il est de ma génération, je sais que c’est un « chose » à laquelle nous ne pouvons pas ne pas penser. « La mort sans laquelle aucune vie passionnante n’est possible : si elle n’existait pas, il faudrait l’inventer ».

Manuel Schmitz, le préfacier, évoque le grand-père de Jean-Pierre, celui qui lui aurait transmis le talent, le goût et la vocation d’écrire. « Figure tutélaire à la force tranquille et à la belle humeur contagieuse, le grand-père de Jean-Pierre Otte avait, pendant la grande guerre, instauré « La chronique du blutoir » accroché à l’entrée de son moulin et sur lequel il épinglait des aphorismes aux vertus revigorantes… ». Ce recueil montre combien l’auteur doit à son aïeul et comment il a suivi sa voie. Jean-Pierre est un homme d’écriture, de mots, de livres, il a compris ce qu’est réellement le livre, ce qu’il demande et ce qu’il apporte : « Un livre appartient pour moitié à celui qui l’écrit, pour moitié à celui qui le lit ». Cette réflexion m’a rappelé Cette phrase de Marcos Malavia dans « Tragaluz » : « C’est alors que j’ai compris qu’à chaque lecteur que je serais susceptible de croiser surgirait une histoire différente… Il y aurait autant de variantes que de lecteurs. ». Ainsi, Malavia rejoint bien Jean-Pierre Otte en donnant toute sa place au lecteur dans la création d’un texte. Un livre n’existe que lorsqu’il est lu !

Et, pour conclure mon propos, sur ce texte qui mériterait une beaucoup plus large recension tant il est riche de remarques, propositions, constatations, …, sur la vie de l’homme dans le monde actuel, je citerai cette recommandation pleine de sagesse et de bon sens : « Ta vie en ce monde n’aura servi à rien si tu n’as su créer ton propre monde. – (Zen) ».

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  Jean-Pierre Otte et Cioran 2 Voiz'art 11 janvier 2024 @ 12:52

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