Les travaux de la nuit: Hommage à Alejandra Pizarnik de Paul Sanda

Les travaux de la nuit: Hommage à Alejandra Pizarnik de Paul Sanda

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par JPGP, le 30 janvier 2023 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 9 étoiles
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Paul Sanda ou le poète l'obstiné

La vie comme l'instinct littéraire (longuement travaillé) ont poussé Paul Sanda vers un surréaliste transactionnel qui ne se contente pas des vénérations envers les maîtres historiques de cette école. Cultivant une langue altière - qui se nourrit de mots qui dans leur adjacence se nourrissent les uns les autres - se crée ce que Serge Pey nomme une "théologie de la chair".

C’est donc bien dans la confrontation avec la règle du jeu de la poésie que Sanda, poète conséquent s'il en est, fait appel à des moyens d’attaque pour entrainer l'être loin de son état larvaire et le pousse à payer ses dettes d'amour. Il devient pour l'ailée "ton éphémère effluve, / ton aube subtile" parce les sens sont embrassés très haut.

D'où la puissance des mots de ce révolté de l'amour et de la poésie. Les deux deviennent incandescents loin des iconoclasties de façade. Il existe plus d’originalité chez lui que chez des poètes présentés comme "officiels". Ces derniers se révèlent de simples décorateur. Sanda à l'inverse donne forme à un univers qui était à la fois en eux et hors d’eux en un prolongement extérieur visible.

En cela il nous bouleverse et il bouleverse l’ordre établi "en volant, & voltigeant, par volonté / d'un vente rugissant, violent, jamais / complaisant" contre la mort même si elle peut frapper quand et où elle veut. Néanmoins les flambeaux poétiques de poète perdurent "parmi / les lueurs de l'hiver déjà si / repoussant". La fracture des vers et leurs enjambements restent significatifs de la constitution d'une telle poétique.

Contre les déluges, Sanda invente une magnificence sacrée mais qui demeure d'ici-même, d'ici bas. D'où cette poésie présence pour redonner par le souffle un rituel de passage qui devient l'écrit un "Pater" dont le chant retrouve tout son sens. C'est pourquoi l'auteur ne cesse de nous parler pour indiquer une liberté foncière. Et ce en une "harpe nouvelle" capable d'engendrer la force vitale et charnelle au follets - pas toujours feux - que nous sommes afin de nous réinsérer dans une volute d'existence.

Jean-Paul Gavard-Perret

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