La rose des vents de Andreï Guelassimov

La rose des vents de Andreï Guelassimov
(Roza vetrov)

Catégorie(s) : Littérature => Russe , Littérature => Romans historiques , Littérature => Voyages et aventures

Critiqué par Missef, le 10 octobre 2021 (Inscrite le 5 mars 2007, 58 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 897ème position).
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Un roman d'aventure qui a toutes les qualités d'un récit historique et vice versa

Résumé de l'éditeur:
Tandis qu’aux États-Unis la conquête de l’Ouest se poursuit inexorablement, les Empires russe et britannique se livrent une « guerre froide » en Extrême-Orient. Guennadi Nevelskoï, navigateur obstiné, poussé par une ambition effrénée, obtient l’autorisation officieuse du tsar de lancer une expédition dans cette région. Son but est de trouver une voie navigable sur la côte pacifique, à l’embouchure du fleuve Amour, face à l’île de Sakhaline.
De cette histoire épique et méconnue, Andreï Guelassimov tire un scénario rocambolesque et savoureux. Sans dissimuler une certaine jubilation littéraire, il fait appel tour à tour à des intrigues invraisemblables, des espions écervelés, des bandits ou des mouchards qui s’affrontent dans un suspens où la satire et l’ironie frôlent souvent le lyrisme. Plongé au cœur de ces nombreuses péripéties, le lecteur a le sentiment de toucher du doigt ce qu’il faut d’efforts, d’ingéniosité, d’intrigues et de hasards pour parvenir à une décision politique et humaine capable d’influencer l’histoire du monde.
Avec La Rose des vents Guelassimov choisit de rendre hommage au roman historique et d’aventures. Il revisite les lectures qui ont bercé son adolescence (et la nôtre !), se jouant des codes avec un plaisir facétieux.


Mon avis :
Moi qui n'affectionne pas particulièrement les romans d'aventures, j'ai découvert la Rose des vents parce que j'ai très envie de mieux me familiariser avec la littérature russe contemporaine. Bien m'en a pris. Je redoutais des héros et thèmes caricaturaux - pirates intrépides, vierges effarouchées, vieux trésors enfouis sur quelque île déserte - mais rien de tout ça ici.
Même si l'intrigue comporte son lot de figures pittoresques, le réalisme de ce roman en fait davantage un récit historique qu'un simple roman d'aventures fantaisiste. J'avoue que j'ignorais complètement l'histoire des rivalités, des conquêtes et des découvertes dans l'extrême Orient, à la frontière alors incertaine (nous sommes au 19e siècle) entre l'Empire russe et la Chine. Ce roman, outre ses qualités narratives et son style virtuose (chapeau à la traductrice, au passage!) m'a aidée à remettre les pendules à l'heure. Petit clin d'oeil: parmi les personnages réels qui habitent le roman et côtoient des fictifs, vous rencontrerez le poète Tiouttchev, dont j'espère que sa poésie sait racheter le triste sire qu'il a été dans sa vie (cf le super article de Philippe Lançon, entretien avec l'auteur très éclairant sur le livre et le contexte).

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Une rose des vents déboussolée

3 étoiles

Critique de Kostog (, Inscrit le 31 juillet 2018, 51 ans) - 21 novembre 2022

On ne devrait jamais se fier au résumé des éditeurs. Et pourtant, tout commence si bien : Lisbonne, au cours d'un opéra, Constantin, le deuxième fils du tsar Nicolas 1er, est subjugué, pris aux appâts d'une irrésistible Lusitanienne. Le héros du roman, le navigateur russe Guennadi Nevelskoï, qui a pour tâche de veiller sur le bouillant fils de l'empereur, voit celui-ci lui échapper dans la foule à la poursuite de la beauté évanouie. Une brève course-poursuite a lieu qui mène tout droit vers un guet-apens. A ce moment là, on se dit que l'on est bien parti pour un superbe roman de cape et d'épée qui va nous en faire voir des vertes et des pas mûres, des intrigantes au pied léger de Porto jusqu'à Saint-Pétersbourg, des comploteurs sans scrupule et des aventuriers sans délicatesse. Bref, on commence à joliment saliver, on prend ses aises en se demandant si le porto est justement à bonne température, et puis pschitt. Non pas le léger pschitt évanescent, mais le dégonflage maximal. Andreï Guelassimov nous laisse totalement en plan, se contrefiche de la Lusitanienne et de quelle manière, nos deux Russes se sont sortis de ce mauvais tour.

Alors là, je me dis qu'il y a forcément un truc, une de ces inventions retorses d'auteur moderne pour bien surprendre le lecteur au moment le plus inattendu. Non, non, et même que nenni aurait dit San Antonio, nous avons droit à environ 250 pages de géopolitique russe, pour suivre un certain Semenov qui pourrait être un expert en manipulation, mais qui a dû oublier ses tours de prestidigitation à la maison, un Nevelskoï qui se pose des questions sur le pourquoi et le comment, mais qui a de bien frêles épaules pour la mission qui lui est destinée et enfin de rentrer dans l'intimité d'un établissement de jeunes filles de Saint-Pétersbourg qui ne mène en terme romanesque à rien. C'est le moment où il vaudra mieux pour la préservation de votre foie laisser tomber le porto et opter pour le samovar que vous aurez choisi de très grande capacité.

Les plus endurants amateurs de géopolitique, dont je fais partie, dépasseront de l'air le plus impassible possible, fut-ce au détriment d'un affaissement de paupière, ce plat principal et seront récompensés par le lancement, j'allais dire l'envol, du navire de Nevelskoï vers les rives du Kamtchatka et du fleuve Amour. Cela devient plus vivant, mais tout de même pas suffisamment pour convertir à la grande Littérature votre jeune neveu, qui n'a lu jusqu'ici que le résumé de La Princesse de Clèves pour passer son bac.

A quelques pages de la fin, et alors que les péripéties de Nevelskoï commençaient à prendre un tour intéressant, Andreï Guelassimov nous avoue qu'il aurait au moins fallu un second volume de même longueur pour en narrer les détails, cet aveu étant le prétexte pour sabrer la fin du récit comme ont pu l'être nos dissertations de français quand la sonnerie de fin de cours nous surprenait en plein milieu du développement.

Je vous le disais : ne jamais se fier au résumé des éditeurs.

La fiction au service de la vérité : un roman d’aventure plein de souffle

9 étoiles

Critique de Reginalda (lyon, Inscrite le 6 juin 2006, 57 ans) - 14 décembre 2021

Décidément, les éditions des Syrtes savent gâter leurs lecteurs. Après le merveilleux et facétieux « Les Petrov, la grippe, etc. » d’Andreï Salnikov ou la sombre « Traque » de Sacha Filipenko, elles nous régalent avec cette « Rose des vents » d’Andréï Guélassimov, qui n’a pas déçu mes attentes, témoignant d’une ambition et d’un talent à la hauteur de ces mêmes ambitions.
Le roman raconte l’expédition réelle, celle qu’a dirigé Guennadi Nevelskoï, pour découvrir si l’embouchure du fleuve Amour était navigable (pour les personnes en délicatesse avec la géographie, le fleuve Amour coule dans l’Extrême-Orient de l’Asie et sert désormais de frontière entre la Chine et la Russie). Habité par des personnages historiques (le grand duc Constantin, l’impératrice Alexandra Fiodorovna, le poète Tiouttchev…), le roman leur fait côtoyer des personnages de fiction sans que leur différence de nature ne s’en ressente. Au contraire, ils se combinent admirablement dans un récit qui réussit la prouesse de marier réel et fiction, document et aventure, tragique et comique, force et faiblesse, etc.
Autant dire que cette « Rose des vents » m’a enthousiasmée. Porté par un souffle narratif puissant, il se lit avec la sensation de devenir un peu moins ignare au fil des pages, sans jamais déroger à l’un des objectifs de tout roman, qui est de divertir son lecteur.

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