Le rouge et le noir de Stendhal

Le rouge et le noir de Stendhal

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Jules, le 27 janvier 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 57 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (290ème position).
Discussion(s) : 2 (Voir »)
Visites : 69 223  (depuis Novembre 2007)

Un très grand roman. A lire !

Aborder " le Rouge et le Noir " est une chose bien difficile. Ce roman est d’une telle richesse et d’une telle actualité que l’on ne sait pas très bien par où le prendre.
Limitons-nous à l'intrigue pour commencer.
Monsieur de Rênal est industriel à Verrières, en Franche-Comté. Il s’est fait une belle fortune. Il est aussi maire de sa commune. Julien Sorel, lui, est le plus jeune fils du " père Sorel " qui a une petite scierie également à Verrières. Il a étudié et envisage comme possible une position ecclésiastique. Quant à Madame de Rênal, c'est une femme peu compliquée, ne manquant pas de jugement ni de finesse, et son mari s’en rendra compte bien souvent. Elle n’a jamais connu la passion, mais l’idée de celle-ci lui semble tout à fait étrangère.
Le vieux curé Chélan jouera également un rôle assez important dans la vie de notre héros. Julien Sorel, dès le premier abord, montre un esprit calculateur, fier et ambitieux. Le voilà engagé comme précepteur des trois enfants de Monsieur et Madame de Rênal. Il a dix-neuf et Madame de Rênal est frappée par sa beauté. Il fait preuve de beaucoup de diplomatie, est de bon conseil, et gagne vite l’estime du maire. Mais il reste bien longtemps maladroit avec son épouse, alors qu’il en reconnaît tous les charmes. Cela ne dure pas : elle finit par lui céder, elle qui n’aurait jamais pu imaginer qu'un sentiment aussi dévastateur puisse exister !
Cette importante victoire emportée, Julien " …était dans cet état d’étonnement et de trouble inquiet où tombe l’âme qui vient d’obtenir ce qu’elle a longtemps désiré. Elle est habituée à désirer, ne trouve plus quoi désirer, et cependant n’a pas encore de souvenirs. ". Leurs amours sont enflammés et l'on peut dire que Madame de Rênal va aller jusqu'à en perdre la tête. Julien apprend à voir le monde à travers d'autres yeux et une autre position. Il y apprend surtout les comportements de cette partie de la société qu’il connaît plutôt mal : l’aristocratie et la haute bourgeoisie.
Mais " on " parle de plus en plus à Verrières, et Monsieur de Rênal se fâche. Il écarte Julien en lui payant des études au séminaire. Et voilà Julien éloigné à Besançon pour un an. Passons rapidement sur cet épisode, sous peine d'être bien trop long !. Il s'y fera un nouvel allié, l'abbé Pirard. Julien sortira du séminaire pour se rendre à Paris. Le marquis de La Mole, personnage important, proche des milieux du pouvoir, lui offre un emploi pour mieux surveiller ses affaires.
Julien est saisi par Paris, sa vie, ses mÏurs, le comportement des gens. Il y découvrira le vrai snobisme, les jeux cruels de la langue, l’opéra, le théâtre, les intrigues bien plus poussées qu'en province. Il sympathisera assez vite avec le fils du marquis, Norbert de La Mole, mais la fille, Mathilde, entourée de toute une cour à la langue des plus acérée, lui semble hautaine, distante. Julien la rencontre cependant à deux ou trois reprises, seule, dans la bibliothèque et elle lui apparaît comme plus sympathique. Ils ne tarderont pas à tomber éperdument amoureux l'un de l'autre !.
À vous de découvrir les hauts et les bas de cette passion et toutes les conséquences qu'elle finira par avoir sur la vie de Julien…
Chez Stendhal, la psychologie joue un très grand rôle, ainsi que la rationalité. En utilisant les deux, selon lui, on doit être capable de manÏuvrer les êtres. Julien se montrera très fort à ce jeu !… Selon Stendhal, il faut prendre les hommes comme ils sont, ne pas tenter de les changer et les manipuler suivant nos buts. Il ne manque pas de montrer l’hypocrisie de la société, mais aussi celle du clergé qui n'hésite devant aucune compromission quand il s'agit de son intérêt. Les salons de l’aristocratie sont des lieux conventionnels et futiles dans le sens où l’on ne peut y parler de rien qui pourrait déranger le roi, ses familiers ou ses favoris. On ne peut y prononcer des noms comme ceux de Voltaire ou de Rousseau, ni celui de " libéral ", on ne peut surtout pas se moquer de Dieu ou des prêtres . Moyennant tout cela et " …pourvu surtout qu’on ne parlât jamais politique, on pouvait librement raisonner de tout. " !.
Or, justement, Stendhal aborde très souvent la politique dans son livre. Elle apparaît un peu à chaque tournant et il est vraiment étonnant de constater à quel point ses intermèdes politiques nous paraissent intéressants. Et ce malgré le temps qui nous sépare. Elle fait partie de l'œuvre et de l'intérêt de celle-ci. Stendhal changera fréquemment d’opinions, mais, selon lui, ne pas changer d’avis reviendrait à ce que son opinion serait son " tyran ".
Claude Roy, qui a fait la préface, insiste sur l’idée qu’avait Stendhal du roman. Il rapporte cette phrase : " Si vous voulez plaire infiniment aujourd'hui, il faut vous résoudre à être ridicule dans vingt ans ". Ce qui revient, comme le dit Claude Roy, à oser déplaire aujourd'hui pour être durable.
Nous rejoignons une fois de plus Gao Xingjian, Duras ou d'autres. En tout cas, une chose est des plus certaines : Stendhal est un gigantesque romancier et prend d’ailleurs le pas, chez les modernes, sur bien d'autres grands auteurs de son siècle. Un grand roman, irréductible comme la vie, irréductible comme l’homme.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • Le rouge et le noir [Texte imprimé] Stendhal éd. établie et annotée par Anne-Marie Meininger
    de Stendhal, Meininger, Anne-Marie (Editeur scientifique)
    Gallimard / Classique
    ISBN : 9782070412396 ; 6,90 € ; 01/01/1967 ; 228 p. ; Poche
  • Le Rouge et le noir [Texte imprimé], chronique du XIX- siècle Stendhal préface, commentaires et notes de Victor Del Litto
    de Stendhal, Del Litto, Victor (Editeur scientifique)
    le Livre de poche / Le Livre de poche
    ISBN : 9782253006206 ; 1,77 € ; 01/01/1997 ; 577 p. ; Poche
  • Le rouge et le noir [Texte imprimé] Stendhal chronologie et préf. par Michel Crouzet
    de Stendhal, Crouzet, Michel (Editeur scientifique)
    Flammarion / G.F.
    ISBN : 9782080700117 ; 3,90 € ; 07/01/1993 ; 573 p. ; Poche
  • Le rouge et le noir [Texte imprimé], chronique du XIXe siècle Stendhal préf. et comment. de Pierre-Louis Rey
    de Stendhal, Rey, Pierre-Louis (Editeur scientifique)
    Pocket / Presses pocket (Paris).
    ISBN : 9782266082709 ; 6,95 € ; 17/03/1998 ; 612 p. ; Poche
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Je suis passé à côté ?

7 étoiles

Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 27 janvier 2023

Je ne sais pas exactement comment critiquer un tel livre.
Cette histoire a-t-elle un intérêt ? Que veut montrer Stendhal ? Stendhal veut-il nous montrer quelque chose ?

Je vous avoue que je suis sceptique. L'impression désagréable de passer à côté de quelque chose.

Un jeune arriviste séduit une comtesse, suffisamment innocente pour s'éprendre de lui. Il tombe à son tour sous son charme. Puis, après un égarement dans le séminaire, il parvient à prendre pour maîtresse une représentante altière de la noblesse française, belle à ravir par-dessus le marché. Après lui avoir fait un enfant, il met fin à ses jours (parce que tirer sur une femme en oraison, puis supplier les juges de le mener à l'échafaud, ça s'appelle mettre fin à ses jours, pour moi). On comprend que la première était l'amour de sa vie - dommage pour la mère de son enfant qui l'aime à se pendre.
On essaie de remuer ciel et terre pour sauver cet individu, mais il ne veut pas s'aider lui-même - sans pour autant donner l'impression au lecteur d'avoir changé, ni dans les pensées, ni dans les ambitions.

Un personnage détestable, qui se hisse en tirant jusqu'à la rupture sur la corde de sentiments de jeunes femmes, qui, franchement, auraient mérité mieux.

Quel est le secret du livre que je dois percer ? Dans ce Julien Sorel ?

C'est ça un chef d'œuvre ?

4 étoiles

Critique de Matinyoupi (, Inscrite le 11 décembre 2018, - ans) - 11 décembre 2018

Je ne comprends certainement rien à la littérature, car je n’apprécie pas du tout Le Rouge et le noir alors qu'il s'agit d'un chef d'œuvre de la littérature française.
D’accord, c’est bien écrit et la première partie en Franche Comté était prometteuse et m’a beaucoup plu.
Mais là, depuis qu'il est à l'hôtel de La Mole, j’avoue que je ne supporte plus Julien Sorel et encore moins cette pimbêche de La Mole. Et toutes ces interminables pages consacrées à leurs atermoiements amoureux m’énervent. Leurs « délires » psychologiques et leur « je t'aime moi non plus » ne m’intéressent absolument pas et je les trouve même ridicules.
On essaye de nous émoustiller avec l'amour impossible, la hauteur d'esprit, etc. (ou plutôt d'émoustiller la bourgeoise du XIXe siècle avec des amours socialement transgressives : la belle et le clochard version XIXe en quelque sorte).
Je n'accroche pas du tout (c'est vrai que j'ai du mal avec le "romantisme"...). Je qualifierais même Julien Sorel de "petit imbécile" qui s'écoute bien de trop. Désolée si je vous choque...
Je n’ai absolument aucune empathie pour les personnages et je m’accroche pour terminer la centaine de pages qu’il me reste.

Lu au collège, relu presque trente ans plus tard

10 étoiles

Critique de Flo29 (, Inscrite le 7 octobre 2009, 51 ans) - 30 octobre 2015

Comme beaucoup de gens de mon âge, j'ai lu Le Rouge et le Noir au collège, en troisième. Il y a peu de temps j'ai décidé de m'attaquer de nouveau à ce monument, pour voir ce que mon statut d'adulte me permettrait de découvrir. Je ne l'ai pas regretté. Ce n'est pas un roman facile, certes, c'est parfois un peu décourageant car très long, mais le style est très beau, plus j'avançais dans le roman et plus je voulais savoir la suite, je ne me souvenais plus du tout de la fin, j'ai cru qu'un miracle allait se produire.
Julien est un personnage hors norme, j'ai bien aimé aussi Mme de Rénal, c'est un personnage sublime. Mathilde est aussi extraordinaire, surtout dans les derniers chapitres.
C'est difficile, c'est un pavé, mais il vaut le coup de s'accrocher.
Je déplore quand même, dans la version numérique, de nombreuses fautes d'orthographe ou de frappe. Dommage!

Passion et raison

8 étoiles

Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 18 août 2014

Le rouge de la passion, le noir de la raison ? La passion (ou l'amour né dans le cœur) pour Mme Rênal et l'amour raisonné (et raisonnable), construit dans l'esprit pour la jeune Mathilde. Entre les deux, la volonté de Julien Sorel balance.
Certes le titre a plutôt été expliqué par Stendhal lui-même comme symbolisant les couleurs désignant l'habit militaire et l'habit religieux, statut social et ambition changeant du jeune homme ; mais l'interprétation peut pourtant amener à envisager d'autres hypothèses comme celle évoquée en début de critique.

Ces considérations sur l'intitulé évoquées, il reste un récit la plupart du temps captivant, où l'auteur peint avec justesse et nuances des caractères variés et intéressant à voir évoluer. Certes, les changements permanents dans l'attitude et l'état d'esprit du jeune Sorel et surtout de la demoiselle de la Mole peuvent agacer car ils s'étalent parfois sur plusieurs pages voir plusieurs chapitres ; mais il n'en reste pas moins que le contraste entre les deux personnages féminins est saisissant et captivant.
Entre l'épouse Mme de Rênal, romantique, mariée sans amour et qui découvre la passion avec le jeune ambitieux, et Mathilde, la jeune fille lassée du mondain et de l'amour sage et destiné qui trouve en Julien l’impétuosité, la fougue et l'insolence d'un jeune fils d'artisan, chaque partie propose une relation aux enjeux différents et à la construction opposée.

Au milieu de ses deux conquêtes, il y a donc Julien Sorel, issu d'un milieu modeste pour lequel il n'est pas fait ; jeune homme plein d'ambition qui n'hésite pas à se servir de la religion pour progresser socialement (alors qu'il ne croît pas réellement à un Dieu qu'il dit trouver trop enclin à la vengeance et à la punition) et qui méprise les autres tout en cherchant finalement à les impressionner. Malgré cette carapace qui pourrait passer pour de la froideur, Julien va vite démontrer que son caractère calculateur ne peut toujours triompher des élans passionnés et des fièvres délirantes que peut provoquer l'amour passionné.
Cela l'amènera d'ailleurs à commettre un geste fou, difficilement prévisible pour le lecteur, qui lance une conclusion absolument divine, où Stendhal dépeint parfaitement l'humeur d'un homme qui sait enfin ce qu'il veut réellement, qui comprend qui il est réellement.

Le Rouge et le Noir a la couleur des romans touchés par la grâce lors de certains passages, il a aussi par instant la couleur des romans qui tournent un tant soit peu en rond avec certains de ses personnages (les quelques répétitions dans la relation avec Mathilde).
En mélangeant les deux on obtient une œuvre dense, de qualité, fort bien écrite, à la fois véridique (d'ailleurs inspirée d'un fait divers réel) et touchante, gracieuse par moment.

A lire, à écouter

6 étoiles

Critique de Junos2005 (, Inscrite le 12 mars 2013, 33 ans) - 5 février 2014

Au risque de ne pas avoir ma place sur le site, je n'ai pas lu l’œuvre, je l'ai écoutée en livre audio. Les grands textes restent les grands textes et la littérature peut se savourer à toutes les sauces!
J'ai apprécié l'idée de base, l'intrigue de ce petit jeune homme arriviste. Cependant quel caractère épouvantable ce Julien! Détestable! Un vrai cœur d’artichaut sans cœur qui, comme l'a très bien écrit l'une des personnes dans sa critique, "aime se voir aimé". Rien de plus, pas de désir, pas de passion, juste des conventions, une statue, une enveloppe sans âme. J'ai vraiment été choquée de sa nature, il se crée des sentiments plus qu'il ne les ressent. Un homme qu'on ne souhaite pas rencontrer en tout les cas! Je n'ai pas davantage apprécié son double Mathilde qui fonctionne selon moi exactement de la même manière.
On m'avait parlé d'une des plus grande histoires d'amour de la littérature, je ne l'ai pas vue!
Le personnage de Mme de Rênal est quant à lui plus attachant même si on est loin de "l'honnête homme" mesuré en toutes choses! Extrêmes, excessifs, théâtraux, tels sont les personnages de ce roman. Je me suis bizarrement attachée au personnage de M de Rênal, véritablement dindon de la farce et homme autoritaire et carriériste. Comme quoi! Lui au moins vit contrairement à Sorel.
En résumé une bonne intrigue desservie par des personnages exécrables et superficiels. C'est ma première œuvre de Stendhal et j'apprécie son style, une prose très ample, souple, musicale, riche et détaillée. Un grand talent littéraire magnifiquement oralisé par la voix non moins talentueuse de Michel VUILLERMOZ aux éditions Thélème.

...

2 étoiles

Critique de Pixie980 (, Inscrit le 12 janvier 2014, 26 ans) - 13 janvier 2014

Je n'adore pas Stendhal du tout
C'était un des écrivains favoris de mon père qui mettait La Chartreuse de Parme au-dessus de tout. ce n'est pas mon cas.
J'ai littéralement détesté ce livre je mettrais donc 1/5 ce qui équivaut à 04/20
La note aurait pu être meilleure si j'aimais la littérature de Stendhal, malheureusement ce n'est pas le cas c'est pour cela que je le pénalise.
Je ne mettrais pas la note minimale de 0.5 car il y a pire mais, il y a surtout beaucoup mieux

trop long mais trop riche

9 étoiles

Critique de Fz (, Inscrite le 15 août 2013, 31 ans) - 15 novembre 2013

C’est un roman où on trouve l’ambition du pauvre, le mépris du riche mais l’orgueil et la folie des deux, et l’amour qui intervient de temps en temps pour rendre tout possible.
Le Rouge et le Noir est un véritable miroir de la vie et la société de la France du dix-neuvième siècle, il s’agit d’une ambition infinie, armée d’un orgueil et un amour-propre sans égal mais née dans la plus basse des infortunes, qui se lance dans une longue aventure pour se prouver, et pour gagner de la considération, et de l’estime de tant de supérieurs et la fortune , et de lutter contre leur mépris.
C’est ainsi que commence la fabuleuse histoire, mais cet amour-propre et cet orgueil n’aveuglent-ils pas la raison ? Et en y ajoutant l’élément de l’ignorance ne déforment-ils pas toutes pensées qu’on a de l’autre ?
Comment un esprit peut-il s’apercevoir de ces défauts, c’est peut-être à travers les épreuves que la vie lui lance chaque fois. Et cet esprit ambitieux et orgueilleux va se trouver coincé dans des épreuves difficiles, où peu la raison aide à trancher, et l’orgueil se montre sans signification, des épreuves telles que celles de la passion amoureuse. Cet amour qui va lui ouvrir toutes les portes, le mènera plus loin de où il a jamais pensé pouvoir arriver, il le mènera jusqu’à voir les plus folles et les plus impossibles de ses ambitions devenues une réalité qu’il vivra minute par minute. Mais aussi vont jeter sur lui toutes les damnations, le conduire au déshonneur, à la lâcheté, au malheur de la faiblesse et du remord, au dégoût de cette vie qu’il a tant aimée, il le mènera vers sa propre fin.
Au fur et à mesure que les épisodes se suivent, l’esprit commence un peu à arriver à une certaine clairvoyance, et à sortir des illusions dans lesquelles il s’était volontairement enfermé par entêtement et orgueil, à voir les absurdités d’une religion, l’hypocrisie d’une société, la vanité de toute une existence.
Mais la question qu’on peut se poser c’est peut-être pourquoi les événements ont pris un tel détournement, est-ce que à cause du caractère de l’homme et de sa perspective des choses, ou c’est l’entourage qui est à responsabiliser, il est vrai que l’ambition est une caractéristique de l’existence humaine et de la condition humaine, mais dans cette œuvre on la trouve pourchassée, condamnée. Ou bien c’est l’erreur fatale d’un caractère qui n’a pas su gérer les choses, et faire les choix, et s’est trouvé victime de son amour-propre et de son orgueil.
C’est à vous de décider, à travers les 555 pages d’une œuvre magnifique, écrite d’un style encore plus magnifique, qu’on peut prendre pour une vraie corvée au début mais une fois qu’on s’habitue la lecture deviendra un pur bonheur pour les passionnés de la lecture, en outre la profondeur de la réflexion de l’auteur ne vous ennuiera point , vous allez sûrement apprécier cette pénétration qu’il effectue dans l’esprit et le cœur de chaque personnage, et l’incroyable richesse de la description, ainsi que les nombreuses pauses qu’il fait pour se convertir en lecteur, et commencer à juger lui-même son récit. Bref, un véritable chef-d’œuvre de la main d’un grand auteur, sûrement à ne pas manquer.

C'est moi que j'aime en toi

10 étoiles

Critique de Maufrigneuse (Saulieu, Bourgogne, Inscrit le 1 novembre 2010, 35 ans) - 13 juillet 2013

J'ai pris du plaisir à lire ce roman de la première à la dernière page. Stendhal décrit ses personnages et son siècle avec réalisme et passion et fait preuve d'un humour souvent incisif. Une très grande œuvre, comme cela est déjà dit dans les critiques précédentes.

Et l'amour dans le Rouge et le Noir ? L'objet de l'amour et de l'amitié que semble éprouver Julien pour les hommes et les femmes qu'il rencontre n'est que l'image que ces relations lui renvoient de lui-même. Julien aime se voir aimé et aime se voir aimer. Il n'éprouve véritablement jamais d'amour, et c'est peut-être ce qui le perd.

Il y a bien évidemment de multiples autres grilles de lecture de ce roman riche en enseignements.

excellente première partie mais deuxième partie décevante

9 étoiles

Critique de Ameliedu80 (, Inscrite le 15 novembre 2012, 30 ans) - 15 novembre 2012

Mon livre préféré.
Mais des erreurs me chiffonnent en particulier les dates, l'auteur parle plusieurs fois de 1830 dans le roman, souvent par titre (première partie, ce qui est totalement incohérent vu les 14 mois au séminaire puis l'aventure à l'hôtel de la Mole) ou par référence la bataille d'Hernani, Manon Lescaut (1e représentation en mai 1830) alors que les mois continuent de défiler sans que la Révolution de cette année arrive puisque dans son discours lors de son procès Julien prophétise la révolution à venir. De plus, la référence à l'emprisonnement de Béranger (décembre 1828) qui arrive peu avant les références au-dessus ne correspond pas puisqu'il ne se passe qu'un hiver. Passant outre l'incohérence des dates, la première partie qui nous parle de l'immense ambition de Julien, la seconde ne l'évoque plus. Quant à la fin, elle laisse un goût d'inachevé: on ignore ce que devient Mathilde, si elle se marie ou non, le sort de l'enfant qu'elle porte

L'incontournable

9 étoiles

Critique de Tress (, Inscrite le 12 novembre 2012, 33 ans) - 12 novembre 2012

Heureusement que je n'ai pas été obligé d'étudier ce roman au lycée, car j'aurais détesté perdre autant de temps dans la lecture des longues descriptions.
Une fois mes études achevées, j'ai décidé de le lire. Au début, le texte était passionnant. Je découvre un style très travaillé, très différent de Maupassant que j'adore alors je dévore le livre!! Puis, Stendhal finit par me fatiguer: absence d'action. En même temps, j'ai absolument envie de savoir jusqu'où notre Julien ira dans sa quête du pouvoir, d’ascension sociale!

La fin de l'ouvrage me retient!! Je le termine en même pas 24h! L'intrigue avec Mathilde qui doit annoncer à son père qu'elle est enceinte d'un petit homme! waouh!


La description de la société, des moeurs, des usages etc, m'ont plu et m'ont aussi énervé!! J'étais enthousiaste à l'idée de découvrir une telle époque mais les personnages m'énervaient!! Cette folie de l'amour, leur ambivalence...Je crois qu'au fond, Stendhal voulait que le lecteur s'énerve en lisant toute cette hypocrisie de la société de l'époque! Le message est fort bien passé!

J'ai été amusée de voir que l'auteur avait des dons de voyant: nous vivons effectivement avec des présidents, la bourgeoisie est toute aussi hypocrite et presque intouchable..
La différence: nous ne passons plus par l'Eglise (l'habit noir) ou par l'armée (l'habit rouge) pour atteindre ses hautes sphères.

@Pumprenelle, je n'ai pas été surprise par le comportement de Julien. N'oublions qu'il est celui qui est comme courageux, colérique et rêveur. Il ne craint pas les duels pour la guérison de son courage et de son honneur, par exemple. De même, tuer Mme de Rênal lui permettait de réparer l'affront et la peine qu'elle lui faisait en l’empêchant de se marier à Mathilde.

Je relirai volontiers cet ouvrage dans quelque année. Ma maturité m’empêchera surement de détester Mme de Rênal et me permettra de mieux comprendre pourquoi Julien est si amoureux d'elle à la fin de l'histoire.

Le rouge et le noir

5 étoiles

Critique de Thevenger (, Inscrite le 26 mai 2012, 40 ans) - 27 mai 2012

Le rouge et le noir est un classique, mais un livre ennuyeux où il ne se passe rien de palpitant, j'ai du mal à lire ce livre jusqu'au bout.

Le rouge et le noir

8 étoiles

Critique de Exarkun1979 (Montréal, Inscrit le 8 septembre 2008, 44 ans) - 27 mai 2012

J'ai trouvé que Julien Sorel, héros principal de ce roman, était le personnage le plus complexe dont j'ai eu la chance de lire les aventures. C'est certain que le roman est typique du XIXe siècle avec une histoire quand même très lente avec peu de rebondissement. Cela peut achaler bien des lecteurs mais l'écriture qui est très belle vient compenser.

L'histoire m'a fait penser aux histoires de Balzac que j'ai lu. C'est le même genre d'intrigue avec le même genre de fin. J'ai trouvé le roman un peu long par moment mais c'est quand même très bien comme livre.

Le rouge et le noir

4 étoiles

Critique de Ravachol (, Inscrit le 24 octobre 2010, 40 ans) - 21 mai 2012

Considéré comme un roman psychologique, "le rouge et le noir" tire sa force d'une reconstitution historique détaillée. Il présente les différents points de vue autour de la révolution de 1830 et l'auteur y ajoute des détails autobiographiques.

Mais est-ce grave si j'ai trouvé ce roman long par moment. Des discussions ou des descriptions semblent futiles et interminables.
Le rythme est par moment cassé et donne un côté décousu au livre.

Peut-être que, comme le commentaire ci-dessous, ne suis-je pas assez mature pour cette oeuvre?

L'inutile et le pathétique.

5 étoiles

Critique de R. Knight (, Inscrite le 18 janvier 2012, 29 ans) - 25 février 2012

J'y vais peut-être un peu fort... Mais autant être franche, c'est comme cela que je l'ai ressenti. C'est probablement une erreur d'ailleurs.
Et dire que j'avais placé tant d'espoirs dans ce roman ! Moi qui croyais découvrir une intrigue extraordinaire, des personnages bien définis et une vision on-ne-peut plus exacte sur le XIXème siècle... Que nenni ! De l'ennui, de l'ennui et de l'ennui !
Pourtant, l'incipit présentait bien la chose, et je m'attendais à adorer cet ouvrage. Bref...
Au final, les personnage de Mme de Rênal et Mathilde m'ont énervée au possible. Mièvres, passionnées, mais TROP passionnées, futiles, soumises, avec des interrogations agaçantes, indécises comme jamais. Mathilde m'est limite apparue comme folle par moments. Bien entendu on me dira que tel est le but de ce récit : montrer les ravages des sentiments amoureux, et en cela, l'auteur atteint son but. Mais c'est trop long, trop inactif, trop indécis, trop... tout !
De plus, je ne suis pas du tout parvenue à saisir le personnage de Julien Sorel. Orgueilleux, sûr de lui, arriviste... c'est comme cela qu'il m'est apparu. Alors qu'il montre des signes de passion amoureuse lui aussi. Mais sont-ils réels ? Où est le vrai, où est le faux ? Je m'y suis perdue, je n'arrivais plus à le comprendre alors que justement, c'est probablement cette complexité qui fait de lui un personnage fort et imposant de la littérature française.
Au niveau de la description du XIXème siècle, en réalité, celle-ci nous est donnée qu'à certains chapitres bien spécifiques. Je vous l'accorde, on a le point de vue de l'auteur sur la bourgeoisie tout au long du roman; de plus l’ascension de Julien au 'pouvoir' est très bien menée, mais bon. On dirait que Stendhal, par moments, décide de jeter un ramassis de connaissances, de détails, pour simplement montrer qu'il est capable de décrire son époque. Alors que ce passage n'a strictement rien à voir avec l'intrigue, selon moi.
Et pour ce qui est de l'intrigue, eh bien elle évolue bien peu ! Un triangle amoureux du début (ou du moins quasiment) à la fin. Et qu'est-ce-que ce dénouement final ? Bref, pas du tout emballée pour ce qui est de l'action.
En revanche, l'écriture de Stendhal est soignée, il faut dire qu'il a de la plume ! Mais le roman s'affaiblit sur ses longueurs, au point que je lisais le plus vite possible pour en terminer rapidement. On se lasse de cette écriture soignée, de ces tournures si bien faites pourtant.
J'aurais tant aimé que le roman me plaise... Je le relirai certainement plus tard, quand j'aurais assez mûri pour, peut-être, saisir enfin la dite 'profondeur' de ce récit.

2 bonnes raisons de lire le Rouge et le Noir

9 étoiles

Critique de Le_squasheur (Paris, Inscrit le 16 décembre 2011, 48 ans) - 6 janvier 2012

J'ai relu pendant les vacances ce grand classique et me met à la place d'un collégien qui s'en voit imposer la lecture. Il faut le reconnaître, on comprendrait qu'il soit découragé.
Le pavé est bien épais et certains passages sont quasiment incompréhensibles pour un lecteur d'aujourd'hui, car faisant référence à des auteurs, à des faits historiques ou encore à des courants de pensée tombés dans l'oubli. Voici par exemple un extrait du récit d'une conversation dans un salon : "On parla de l'état de la société sous Auguste et sous George IV ; aux deux époques l'aristocratie était toute puissante ; mais à Rome, elle se voyait arracher le pouvoir par Mécène, qui n'était que simple chevalier ; et en Angleterre elle avait réduit George IV à peu près à l'état d'un doge de Venise." Vous ne voyez même pas de loin à quoi on fait allusion ? Moi non plus.
Il ne faut pas non plus se laisser décourager par les 10 premières pages curieusement consacrées à la construction par le maire de Verrières d'un mur de soutènement... On fait mieux pour accrocher le lecteur.
Ce long préambule pour en venir au fait : lisez en diagonale, sautez les chapitres qui vous ennuient, aidez-vous en regardant l'excellent film d'Autant-Lara, mais faites l'effort de lire au moins en partie ce monument de notre littérature.
DEUX RAISONS POUR CELA
1. Julien Sorel est un héros extraordinaire. Né frêle dans une famille de brutes, né pauvre et sans nom dans une société de castes, il est une sorte de vilain petit canard. En outre, il est sensible et émotif à l'extrême, colérique, sanguin, exalté, buté, du coup tout le monde ou presque le déteste. Mais, mais, mais, il a tout de même 2 atouts dans son jeu qui vont lui permettre d'atteindre, ou presque, tous ses objectifs, pourtant si élevés. D'abord une mignonne petite gueule et ensuite un courage en béton armé. Quand Julien Sorel a une idée en tête, il va jusqu'au bout quelles qu'en soient les conséquences. Son pire cauchemar ? Passer pour un lâche. Du coup, jamais il ne renonce de peur de passer pour tel. "Hier j'ai été heureux, parce que j'ai eu le courage d'être sévère avec moi-même, pensa Julien". Voilà une phrase qui résume sa façon de diriger sa vie. Ces deux qualités vont le rendre absolument irrésistible aux yeux des femmes du roman. C'est bien simple, il les tombe toutes : Mme de Rênal, sa femme de chambre Elisa, Amanda Binet la serveuse de l'auberge à Besançon, Mathilde de la Mole, Mme de Fervaques. Non, une semble insensible à son charme : Mme Derville, l'amie de Mme de Rênal. L'exception qui concerne la règle en quelque sorte.
Et puis ce grand admirateur de Napoléon est aussi un fin stratège. Avant son coup de folie final, il a réussi à s'assurer une très belle place dans une société où la notion d'ascenseur social était aussi développée que celle du RMI.
Bref, Julien Sorel est un héros : le monde le déteste mais il s'y impose et nous l'aimons pour cela.
Un détail enfin : Julien ne peut lire son livre favori, "Les Mémoires de Ste Hélène", que la nuit de peur d'être surpris en train de vouer un culte à l'empereur honni. Prenez maintenant les lettres de JULIEN SOREL, mélangez-les et vous obtenez : "NE LIS LE JOUR". Quelqu'un a-t-il déjà remarqué "cela" ? Stendhal l'a-t-il fait exprès ? Est-il possible qu'il ne l'ai pas fait exprès ?

2. Stendhal est un écrivain extraordinaire. Il a écrit le roman en 1830. Tout ce qui a été écrit avant lui est très daté dans le style, alors que lui par moment pourrait passer pour un contemporain. Bon, ce n'est pas du Houellebecq, les scènes de cul notamment y sont moins détaillées. Par exemple sa première nuit avec Mme de Rênal est résumée ainsi : "Quelques heures après, quand Julien sortit de la chambre de Madame de Rênal, on eût pu dire, en style de roman, qu'il n'avait plus rien à désirer". Classe.
Globalement Stendhal s'est affranchi de toute contrainte ce qui permet au lecteur d'être omniscient : il lit dans les pensées de tous les personnages importants, écoute leurs dialogues, observe leurs actes, se fait même interpeller à quelques reprises directement par l'auteur. Le génie (je pèse mes mots) est que ces sautes de points de vue qui impliquent une écriture différente à chaque fois pour coller au caractère des personnages se font tout naturellement. On ne s'en rend même pas compte à vrai dire. Mais justement en s'y intéressant, on prend plus d'intérêt à la lecture.
Et puis, Stendhal a des vues prémonitoires. Voici ce que dit un des ses personnages : "dans 50 ans, il n'y aura plus en Europe que des présidents de la république, et pas un roi...je ne vois plus que des candidats faisant la cour à des majorités crottées". Voilà, les majorités crottées, c'est nous. Il y a de l'humour dans ce roman (ce n'est pas l'objectif principal quand même) mais aussi de l'aventure, du drame, des rebondissements et même un suspense final. Bref, comme dirait l'autre, lisez le Rouge et le Noir.

Merci pour vos critiques !

7 étoiles

Critique de Doura setito (, Inscrite le 1 juillet 2011, 24 ans) - 8 septembre 2011

Effectivement, le Rouge et le Noir est un livre étudié au Collège... Je n'en n'ai conservé que de vagues souvenirs...
Vos critiques exacerbent ma curiosité... Relire les livres quelques années après nous réserve de belles surprises et un tout autre regard... C'est dit, je le relis avec les yeux d'une trentenaire !

Un livre qui se mérite

8 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 50 ans) - 27 juillet 2011

Je ne comprends pas l'acharnement des programmes à mettre ce livre au programme de seconde. Ce livre est une merveilleuse histoire mais qui prend son temps et d'une écriture exigeante qui écoeurera le moindre lycéen qui s'y engage à reculons. J'entends bien que s'il n'était pas étudié, il y aurait ici moitié moins de critiques tant le livre impressionne par son auteur et son nombre de pages. Faut-il pour autant écoeurer autant de monde?

Un mauvais souvenir

4 étoiles

Critique de MusYcaL (, Inscrite le 20 juillet 2011, 32 ans) - 20 juillet 2011

Je garde un mauvais souvenir que j'avais lu et étudié en seconde. Je n'ai pas du tout adhéré à l'histoire et encore moins au style d'écriture de Stendhal. J'ai réellement peiné à le terminer.

Est-ce une erreur de jugement ?

Possible. C'est pourquoi je le relirai (probablement cette année) avant de m'attaquer à La Chartreuse de Parme.


Génial!!!

10 étoiles

Critique de Zola (, Inscrit le 21 juin 2011, 27 ans) - 21 juin 2011

Avant tout, j'aimerais dire merci à ceux qui ont noté ce livre (un autre niveau que les critiques d'Harry Potter...)
Un livre superbe, beaucoup de choses à dire dessus (bien que l'on puisse éviter d'écrire quatre paragraphes ...). Stendhal, auteur de génie, a parfaitement su critiquer la société de son époque, des bourgeois aux nobles en passant par le clergé. Ceux qui trouvent ce livre trop long devraient avoir honte!!! Je l'ai lu en 5 jours (cette semaine en fait); 540 pages sont à peine suffisantes pour décrire une telle histoire.
En outre, l'auteur cherche à véhiculer un message, le récit a une visée, fait bien rare chez nos écrivains contemporains, qui ne cherchent qu'à plaire à la masse (inutile de préciser que j'entends par là les lecteurs de fantasy, de policiers) pour gagner de l'argent.

Le livre sur la passion amoureuse !

10 étoiles

Critique de Daoud (LYON, Inscrit le 8 février 2011, 49 ans) - 23 février 2011

S'il ne fallait lire qu'un livre d'amour ce serait celui-ci !

Quel génie littéraire !

très long

6 étoiles

Critique de John (, Inscrit le 2 novembre 2010, 34 ans) - 8 novembre 2010

J'ai dû lire ce livre en seconde aussi , et je n'en ai pas gardé un excellent souvenir
Même si le fond est intéressant en soi , l'histoire est très longue , peut-être trop et nous empêche d'accrocher vraiment .

Psychologie et société du XIXème

7 étoiles

Critique de Romur (Viroflay, Inscrit le 9 février 2008, 50 ans) - 20 juin 2010

J’avais lu Le rouge et le noir au lycée, à cet âge où il est indispensable de se confronter à de grandes œuvres pour développer son goût, sa culture et sa compréhension du monde mais où on est encore un peu jeune pour tout comprendre et tout sentir. Il ne m’en restait pas grand chose.

Vingt ans après, le roman m’a davantage marqué mais je dois avouer n’avoir pas été enthousiasmé outre mesure. Je n’oublierai pas l’analyse sociale de la France au XIXème (de la province profonde aux salons parisiens), le cours d’histoire sur la Restauration (souvent négligé dans les programmes), l’arrivisme et la frustration de Julien, la description des passions et toute l’analyse des psychologies (parfois un peu outrancières en cette période romantique).
L’écriture est riche et évocatrice, avec cette densité du XIXème siècle qui surprend toujours quand on y revient après un séjour trop long avec M Levy, EE Schmidt et leurs semblables.

Cela peut rendre la lecture un peu difficile, tout comme la distance qui sépare notre société de celle de Stendhal et peut rendre les situations et réactions incompréhensibles à un français du XXIème siècle.

Souvenir indélébile !

8 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 16 juin 2010

Le roman sur lequel j'ai été interrogé au Bac français.......... c'est tout dire !
Hormis ce souvenir mémorable ( et parce qu'il m'a permis d'avoir la moyenne ) ; cette oeuvre est superbe .
Julien SOREL et la passion amoureuse dévastatrice.......ça marque nécessairement un adolescent !
Classique à lire et/ou à relire .

Un livre haut en couleur...

8 étoiles

Critique de Le Cerveau-Lent (, Inscrit le 4 avril 2010, 31 ans) - 15 avril 2010

Depuis tout petit, j'ai toujours adoré l'alliage étrange du rouge et du noir, parce que cela m'évoquait les courageux pompiers...

En voyant ce titre dans les rayons de la bibliothèque, je me suis dit : "Ah... enfin une histoire poignante... en plus elle est de Stendhal, ce nom ne m'est pas inconnu...". Sans lire le résumé, comme toujours, je le pris.
Au début, je fus un peu déçu... pas d'homme au caractère "bizarre", pas de fou à l'horizon, juste un simple fils de charpentier réfutant l'ordre paternel... : rien qui ne satisfaisait mes ambitions. Mais au fil du livre, j'ai découvert la véritable identité du personnage et fus agréablement séduit par son caractère non pas "anormal" mais révélateur d'une maladie [qui m'était alors inconnue à l'époque...], j'ai nommé : L'amour... [enfin à l'époque, je croyais que c'était cela, et ne sachant pas vraiment ce qui forçait Julien à agir ainsi, j'avais trouvé une victime satisfaisante à mes questions...]
Mais en lisant vos critiques, je me rends compte que je n'ai pas tout compris. J'avais 12-13 ans lorsque je l'ai lu, et c'est sans doute cette "prématurité" qui a troublé ma compréhension.
Je pense le relire, mais pour mieux l'apprécier, il serait bon d'attendre encore un peu...

L’histoire passionnante d’une ascension fulgurante

9 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 1 août 2009

Avant d’entamer la lecture de ce classique consistant dont je n’avais étudié que des bribes au lycée, j’avais quelque appréhension mais je me suis finalement laissé emporter par l’histoire…

Tout d’abord, la structure du roman divisé en chapitres relativement courts compense largement le français parfois si vieilli que l’on est parfois obligé de s’y reprendre à deux fois minimum pour comprendre certains passages… Mais dans l’ensemble, je tiens à rassurer ceux qui hésitent à le lire, cela reste compréhensible et surtout captivant. C’est intrigué et sans pouvoir poser le livre que l’on suit la progression dans l’échelle sociale de ce jeune homme ambitieux parti de rien qu’est Julien Sorel.

La psychologie des personnages est extrêmement détaillée et réaliste, et constitue un témoignage passionnant de l’époque réactionnaire qu’était la Restauration dans la France du début du XIXème siècle. Je pensais au départ avoir affaire à une histoire d’amour très romanesque et remplie de clichés, et j’ai découvert en fait quelque chose de beaucoup plus subtil. Il s’agit d’abord d’un roman historique truffé d’anecdotes de cette époque, où la noblesse tente péniblement de réassoir son prestige, entre crainte et haine de la plèbe. Hypocrisies et ragots rythment la vie de ces puissants, dont on ne sait pas vraiment s’ils ont des aïeux aristocrates ayant échappé à la guillotine ou s’ils ont acheté leurs titres de noblesse. Par ailleurs, on suit de près les états d’âme de Julien Sorel, partagé entre son ambition dévorante et sa candeur pouvant se muer en passion en matière d’amour. Ses deux maîtresses, Mathilde de la Mole et Madame de Renal, représentent à cet égard les deux pôles opposés provoquant tempêtes et dilemmes dans l’âme du jeune homme. D’un côté l’ambition associée au chevaleresque et à la nostalgie d’une époque révolue, et de l’autre, la pureté et le don de soi total à l’âme sœur. Julien Sorel devra ainsi faire un choix, sauver son âme ou sauver sa carrière….

Je ne vais pas faire une thèse ici car il ne s’agit que d’une critique, même si j’aurais beaucoup à dire sur ce passionnant livre qui d’après moi colle parfaitement à son époque tout en étant intemporel. Et de toute façon, tout a déjà été dit ou presque… Un ouvrage qui a fait scandale en son temps et a failli provoquer la disgrâce de Stendhal. C’est souvent la caractéristique des chefs d’œuvre capables de traverser les époques, et celui-ci en fait partie. L’élite aristocratique et littéraire de l’époque n’a dû en effet guère apprécier l’histoire de ce misérable fils de charpentier provincial devenu en si peu de temps très riche et gratifié d’un nom à particule, ayant fait son esclave d’une marquise dominatrice et brillante de la haute société parisienne. En tous cas, tout au long de ma lecture, j’avoue avoir été vraiment téléporté dans ce XIXème siècle. Et complètement bouleversé dans les dernières pages. Ça doit être ça, la magie de la littérature.

Tiens, je sens que je vais lire plus souvent des classiques, moi….

Un classique merveilleux

8 étoiles

Critique de MAGGUIL (, Inscrite le 22 février 2008, 44 ans) - 26 juin 2009

Curieux comme ce roman m'a fait passer par plusieurs opinions différentes.

Alors que le début m'avait tout de suite enjouée, j'ai subi ensuite un long moment d'ennui à force de haïr le personnage principal. Ce Julien Sorel, je le trouvais trop arriviste, trop ambitieux, trop fier, égoïste, bizarre.... j'hésitais à reposer ce livre et ne plus y toucher mais je me suis forcée et je n'ai jamais aussi bien fait.
Car j'ai pu contempler l'évolution de Julien Sorel, et je l'ai alors soutenu dans ces moments difficiles, je l'encourageais, j'ai même eu de la pitié pour lui, pour tout ces moments si durs qu'il a vécu. Puis, je l'ai admiré dans sa détermination alors que je le trouvais au début " trop arriviste ", j'ai envié l'amour qu'il portait à ses deux femmes, j'ai même presque été " exaltée " de son coup de folie meurtrière car il était d'un romantisme absolu et totalement surprenant. Et Mathilde... son adoration pour Julien, cet amour fou, interdit ; Mme de Rênal, si douce, si fragile, si timide, si formidable et étonnante sur la fin.

L'auteur démontre comment cette société bourgeoise est fière, antipathique, honteuse, encore d'actualité aujourd'hui malheureusement.... !

Stendhal écrit de nombreuses phrases mémorables, il avait un talent monstrueux.
Jamais je n'ai ressenti autant de choses différentes dans un livre, c'est un enrichissement, j'en garderai un excellent souvenir.

Fabuleux !!!

10 étoiles

Critique de Lepenseurfou (, Inscrit le 11 mars 2009, 35 ans) - 22 mars 2009

J'ai lu ce livre pour les cours et je peux vous dire que j'ai adoré!!
Un livre magnifique à ne pas louper!!!!

l'ambitieux perdant

4 étoiles

Critique de Azeddine6666 (tiaret, Inscrit le 24 janvier 2009, 38 ans) - 1 février 2009

Son titre peut-être montre les éléments qui se déroulent dans cette oeuvre qui a mis beaucoup d’opposition et d’incertitude dans l’histoire de la littérature française.
L’histoire qui a commencé par un pauvre paysan qui s’élève socialement grâce à sa détermination et son obstination à confronter les obstacles. Son intention était à découvrir la vie de ceux, pense-t-il, les supérieurs par leur haute naissance et leur droit naturel de vivre aisément.
Ce Julien Sorel qui est absolument le héros de ces événements qui se sont produits dans la France du dix-huitième siècle précisément à l’âge de Napoléon.
Stendhal a créé dans son roman un amalgame de différents caractères et de scènes en voulant à parvenir à la vérité de sa société.
Le roman est divisé entre deux parties plus ou moins semblables par ses événements décisifs. La première est celle de l’événement des paysans à l’état de position sociale ou il va trouver la vie si différente de ceux-là qui a connu jadis.
L’autre partie est la confrontation avec une vérité qui s’agissait de déception à voir la corruption et les vicissitudes de la bourgeoisie. Dans ce cas, Stendhal a créé une situation plus critique au milieu de l’oeuvre pour prouver l’héroïsme de Sorel, qui, en dépit de tout, « c’était l’homme malheureux en guerre avec toute la société [p, 332] « a su de trouver les solutions pour ses énigmes. L’admiration de Napoléon par Sorel n’était qu’une mégalomanie créée par Stendhal pour montrer la nature humaine dans toute sa force et énergie contre la défaite. Sorel était ambitieux et décida de prendre un sentier solitaire au milieu des dangers et les risques pour atteindre son but qui était seulement à la recherche de la vérité humaine et la gloire. Sorel, à son coté, était distingué simultanément par sa beauté et son intellectualité, la pauvreté, le malheur et l’ambition.
Les thèmes de ce roman, on peut dire, que ce sont des traits sophistiqués et un peu compliqués et difficile au point que le lecteur ordinaire n’aperçoit pas plus exactement les détails ou bien à ne pouvoir déchiffrer les éléments mystérieux.
La religion, la position sociale, la beauté, l’intellectualité sont tous des thèmes principaux qui concernent spécifiquement l’homme moderne dans lequel Stendhal a su éloquemment et avec une finesse littéraire à manifester les moindres choses de la société française au XIX siècle.
Si on commence à parler d’un point de vue sociopolitique, on trouve que Stendhal a met trois personnages par lesquels le roman base son récit. Le premier est Julien Sorel ; le pauvre, le paysan qui représente la classe la plus inférieure et qui n’a pas le droit de s’exprimer en liberté. Deuxièmement, la femme qui a été séduit par ce jeune précepteur est le symbole de la corruption de l’administration et la politique française dont son marie a permet la relation avec le paysan.
En plus, la théologie de Sorel est manifestée comme le syncrétisme à propos la religion chrétienne et la signifiance morale. Avec le développement des événements, on trouve que la classe d’élite a aussi des démonstrations dont Stendhal a exprimé son point de vue par introduire le personnage Mademoiselle de La Molle, qui, sous le nom de Mathilde avait un caractère extrêmement contradictoire et qui lui semble que les vies de jeunes gens l’appartiennent. Mathilde pour Sorel ; est plus jeune, espérant, aimable, innocente que madame de Rénal, et pour Stendhal, elle est considérée comme l’incarnation de la classe sociale qui a trouvé sin aisance de vie par la bonne naissance et la noblesse. Cette fois ci, Julien, Mathilde pour lui était une chose très rare». Que pouvait-elle désirer ? La fortune, la haute naissance, l’esprit, la beauté à ce qu’on disait, et à ce qu’elle croyait, tout avait été accumulé sur elle par les mains du hasard [p, 316] « en découvrant la réalité qui l’aime de toute la profondeur de son coeur et qui n’a tant jamais aimé quelqu’un si fort.
Sa vie comme un pauvre paysan, Sorel a connu très tôt des incidents plus grands que son âge peut les supporter. D’abord, il a été tyrannisé par son père qui n’attend de son fils que l’obéissance et la soumission complète à ses ordres. Sorel, à son tour, n’a que s’en fuir vers une vie (se trompe-il ?) plein d’espoir, justice et liberté.
Malheureusement, Sorel ne savait pas que son destin deviendra un jour son propre ennemi et ce que l’avenir lui cachait. Il a été trahi par son propre imagination « Rien ne lui plaisait plus, ni dans la vie réelle, ni dans l’imagination [p, 503] « , d’être content. Il s’est trouvé dans une situation très embarrassante. L’amour n’a lui prouvé rien. Il lui fait la torture et en même temps une comédie. Il s’agit ici d’aller plus loin et plus profond pour découvrir l’âme et son diabolique coté de ce jeune homme ambitieux.
Ce qui m’a tracassé comme un lecteur c’est le rôle de Sorel comme un jeune beau et intellectuel et qui a joué tous les rôles par lesquels on attend de lui faire. Il était si beau au point de perdre l’équilibre de madame de Rénal et la met hors de son état d’âme. Cette femme qui a trouvé en lui tout ce qu’elle avait cherché durant toute sa vie. Stendhal a voulu de nous montrer que la naïveté et la spontanéité que l’ignorance de madame de Rénal qui a rendu la relation plus sublime, raffiné et rare pour son genre dans toute l’histoire de l’amour « Elle regardait comme une exception, ou même comme tout à fait hors de nature, l’amour tel qu’elle l’avait trouvé au-dessus de ses yeux. Grace à cette ignorance, madame de Rénal parfaitement heureuse, occupé sans cesse de Julien, était bien loin de se faire le plus petit reproche [p, 51] « .
Finalement, Sorel a confronté une vérité amère et qui signifie que la société n’est plus comme il l’a cru jadis. Sa deuxième aventure peu amoureuse avec Mathilde lui montre bien comment le monde des femmes se déroule». Mathilde l’avait presque oublié pendant son voyage. Ce n’est après tout qu’un être commun, pensait-elle, son nom me rappellera toujours la plus grande faute de ma vie. Il faut revenir de bonne foi aux idées vulgaires de sagesse et d’honneur, une femme a tout à perdre en les oubliant… toutes les idées de mademoiselle de la Molle changèrent en voyant Julien. Au vrai, c’était là mon mari, se dit elle, si je reviens de bonne foi aux idées de sagesse, c’est évidemment que je dois épouser [p, 408] «, il n’a pas pu résister cette hauteur et rare beauté de Mathilde, Julien, à son tour, a survécu la vraie souffrance et le mépris de l’amour. Il a connu une période très assommante à cause du malheur dont Mathilde et sa beauté lui a emmené une terrible expérience, parce que, il n’était pas conscient de la vraie condition humaine de la femme. Un malentendu s’est produit contre sa conscience et la réalité cruelle. Mais en fin de compte, elle a cédé grâce à l’acte atroce de Julien d’assassiner L’ex-amante pour lui montrer comme il était scandaleux d’être à cette situation.
Le jour de son procès, il a reconnu que sa vie était bien une série de malheurs et de déceptions. Tout était complice contre lui, même ses propres sentiments. Il disait» l’horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole. Messieurs, je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune [p, 488] » .
Dans un mot le Rouge et le Noir, personnellement parlant, c’est le sujet le plus sensible de la société française à ce temps.

Par : Azeddine Ouazir

Une chronique romanesque, historique et incisive de la France de la Restauration du XIXème siècle qui reste toujours d’actualité ...

10 étoiles

Critique de Aidaa (Rabat, Inscrite le 4 novembre 2008, 52 ans) - 25 novembre 2008

Ce livre est l’une des plus grandes œuvres romanesques de la littérature Française. Le titre si musical, dégage beaucoup d’émotions et annonce des préludes subtils et des promesses romanesques infinies de cette chronique de XIXème siècle. Ce titre retrace et résume parfaitement l’histoire de Julien Sorel, le héros principal du livre dont la vie et le destin se trouvent enserrés entre le rouge et le noir. En effet, Stendhal peint délicatement tout au long de cette œuvre certains paysages aux couleurs tragiques et d’autres aux couleurs flamboyantes de la passion et de la volupté. L’histoire se passe à Verrière, cette plus belle petite ville du Jura. Julien Sorel se révèle dès son jeune âge doué par les études et passionné par les choses intellectuelles. Il est marqué par sa lecture du « grand testament ».Sa vivacité d’esprit et sa culture le distinguent de ses frères et lui permettent d’échapper à l’autorité de son père « le vieux Sorel », ce pauvre charpentier si brutal, si incompréhensif et si détestable. Son père ne cesse de lui reprocher qu’il « flânait» trop, car il était continuellement entrain de rêver et s’évadait trop souvent dans les livres. Julien se fait protéger par le curé du village qui l’encourageait à s’instruire. Julien rêvait de gloire, de puissance et de pouvoir et puisait son imagination dans les histoires glorieuses de la littérature. Il vouait une fascination secrète et inégalable à Napoléon. Son caractère trempé et sa fierté lui font un destin qui échappe à la répétition de la nature dans une famille où il était prédestiné aux travaux forcés. Grâce aux recommandations du curé et à ses connaissances approfondies en Latin, Il finit par être percepteur des fils de Mr de Rênal, Maire de Verrière. Puis, il se fait admettre au séminaire pour peaufiner ses études de Théologie et d’Ecclésiastique. C’était la seule voie qui pourrait lui permettre une ascension sociale comme il le souhaitait « dans une société frileuse où la naissance roturière est redevenue un handicap après le grand brassage égalitaire opéré par la Révolution et l’Empire ».Ce fut ainsi la première étape de la vie de Julien Sorel, son parcours provincial, où ses grandes ambitions le font propulser vers une vie prometteuse et brillante. Julien appréciait délicieusement cette nouvelle vie, il y prenait goût et « admirait avec transport jusqu’aux chapeaux, jusqu’aux robes de Mme de Rênal ». Malgré sa timidité et son orgueil, une passion brûlante et secrète se crée rapidement entre lui et Mme de Rénal qui est trop admirative de la fierté du jeune homme. Il réussit rapidement à gagner l’estime de Mr de Rênal qui lui propose rapidement une augmentation de salaire pour le récompenser des efforts considérables qu’il faisait avec ses fils, qui commencent à s’attacher à lui, chose qu'il refuse par fierté. Entre temps, la relation se complique entre Julien et Mme de Rênal, quand le jeune fils de celle-ci tombe affreusement malade et qu’elle commence à culpabiliser, croyant que c’était une punition de Dieu à ses déboires. Les choses de gâtent en plus quand la femme de chambre de Mme de Rênal, Elisa s’éprend de Julien et que lui la repousse et ne cède pas à ses avances. Blessée dans son amour propre, Elisa le surveille de prés et se rend compte de son idylle avec Mme de Rênal. Dans un élan de vengeance, elle ne tarde pas à en parler avec le personnel de la maison. Très rapidement, tout le beau monde de Verrière jase à son propos et les belles femmes de la haute société s’en font un croustillant potin et un sujet d’actualité. Mr de Rênal prend vent de cette relation entre sa femme et le percepteur de ses fils grâce à une lettre qui lui fut adressée et qui dénonce tout. Furieux il se refuse à croire cette rumeur, mais se trouve obligé de se passer de Julien, pour garder la face auprès des exigences sociales et des siens. La dernière entrevue de Mme de Rênal avec Julien pour s’expliquer fut accablante de froideur, d’orgueil, de fierté. ..C’est bien ça le vrai amour, de la fierté et de l’orgueil et toute grande passion ne peut y échapper. Avec le soutien de l’abbé Chénan et sous ses conseils aiguilleurs, Julien entre au grand séminaire de Besançon. Au séminaire, Julien ne se retrouve point avec ses camarades et a du mal à devoir les fréquenter et à rentrer dans leur moule. Il les trouve agaçants et superficiels et prend malgré lui un air hautain à leur égard. L’abbé Picard le soutient et le prend sous son aile. Il lui propose de devenir secrétaire de Mr de La Mole, Marquis à Paris, au faubourg de saint Germain. Une nouvelle étape attend Julien, l’étape de son parcours dans l’Aristocratie Parisienne. Julien se distingue rapidement dans ce nouveau milieu par sa remarquable intelligence et par sa personnalité qui impose respect et admiration. Il fait la connaissance de la jeune et belle Mathilde fille de Marquis de La Mole, qui malgré les innombrables prétendants de son rang, remarque cet être d’exception qu’est Julien Sorel et s’éprend de lui malgré ses origines modestes. Une passion tumultueuse se crée entre les deux jeunes gens. Pour Mathilde, on devine une fuite de l’ennui de son milieu et pour Julien, une grande ambition pour se faire un destin dans le Paris des Aristocrates. C’était un délicieux bonheur, même si pour Julien, « à la vérité, ce bonheur était plus d’orgueil que d’amour ». Mathilde, dans un élan de légèreté, invite Julien à sa chambre et se donne à lui corps et âme. Puis après devient froide avec lui et prend des airs hautains, comme ceux d'une maitresse qui snobe son serviteur. Ce comportement agace Julien qui ne tarde pas à donner réplique à sa maitresse en l’insurgeant d’autant de froideur, ce qui ne fait qu’attiser son amour pour lui. Des jeux d’amour orchestrés par l’orgueil de Julien s’avèrent efficaces pour amadouer Mathilde qui se rendit rapidement compte qu'elle aimait réellement Julien et que ce n'était pas qu'un feu de paille ou qu'un caprice d'ennui. Un brillant succès fut honoré par Julien lors de l’accomplissement de la mission secrète que le marquis de La Mole lui avait confié auprès de la réunion de conspiration à Strasbourg, lors de laquelle Julien fit la connaissance du prince de korassof qui devint rapidement son ami. Entre temps, Mathilde se découvre enceinte et propose à son père de lui permettre d’épouser Julien. Le Marquis de La Mole commence par anoblir Julien pour le rendre valable aux yeux de la société, il l’envoie à Strasbourg comme Lieutenant des hussards. Ainsi Julien Sorel devint Chevalier Sorel de Vernaye. Entretemps, Mme de Rênal prend vent de cette histoire. Rongée de jalousie, elle écrit au Marquis de La Mole, lui apprenant que Julien Sorel n’était qu’un ambitieux immoral et qu’un dépravé menteur et qu’il n’était intéressé que par le rang de Mathilde de La Mole. Le Marquis, douteux de la bonne foi de Julien et de ses réelles intentions, refuse de le laisser épouser sa fille. Furieux et aveuglé par une grande colère, Julien se rendit à Verrière et tenta de tuer Mme de Rênal dans l’église en plein messe. Ce fut vain car il la rata de justesse. Julien fut de suite emprisonné et attendit son jugement. Son séjour solitaire en prison fut une occasion pour méditer sur la vie et la société. Il rentre dans un état profond d’introspection et de méditation. Mathilde se rendit en prison pour voir Julien tous les jours et tenta de manipuler un ecclésiastique de Besançon pour acquitter Julien mais n’arrive pas à l’en dissuader. De son côté Mme de Rênal tente de persuader les jurés d’acquitter Julien et de lui pardonner ce comportement « maladroit » et cette fougue démesurée, excusée par son jeune âge et son immaturité. Même l’opinion publique fut clémente à l’égard de Julien Sorel. Julien blessé, désespéré, trop fier, se trouve emporté dans un élan d’héroïsme digne et ne cède point au désir ardent de ses deux maîtresses de faire recours à une demande d’appel. Le jugement fut celui dont le pays se souviendra longtemps et « l'intérêt pour l'accusé était porté jusqu'à l'agitation: c'est que son crime était étonnant et pourtant pas atroce. L'eût-il été, ce jeune homme était si beau! Sa haute fortune, sitôt finie, augmentait l'attendrissement. Le condamneront-ils? demandaient les femmes aux hommes de leur connaissance, et on les voyait pâlissantes attendre la réponse ». Julien Sorel prit la parole en aspirant aux faveurs de l’aristocratie et lance: « Messieurs les jurés, L'horreur du mépris, que je croyais pouvoir braver au moment de la mort, me fait prendre la parole. Messieurs, je n'ai point l'honneur d'appartenir à votre classe, vous voyez en moi un paysan qui s'est révolté contre la bassesse de sa fortune. Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix. Je ne me fais point illusion, la mort m'attend: elle sera juste. J'ai pu attenter aux jours de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages. Mme de Rênal avait été pour moi comme une mère. Mon crime est atroce, et il fut prémédité. J'ai donc mérité la mort, messieurs les jurés. Quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure, et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bonheur de se procurer une bonne éducation, et l'audace de se mêler à ce que l'orgueil des gens riches appelle la société. Voilà mon crime, messieurs, et il sera puni avec d'autant plus de sévérité, que, dans le fait, je ne suis point jugé par mes pairs. Je ne vois point sur les bancs des jurés quelque paysan enrichi, mais uniquement des bourgeois indignés... »... Julien fut condamné à la guillotine, surtout à cause de son discours qui fut particulièrement provocant en dénonçant les différences sociales ; et aussi parce que ce juge, Mr valenod qui ne lui fit pas de cadeau car il fut autrefois son rival auprès de Mme de Rênal. Cette dernière visite de Mme de Rênal à Julien en prison ravive en lui les cendres de cette passion ardente qu’il eût autrefois pour elle. Julien Sorel fut exécuté et sa dépouille fut rachetée par son grand ami de toujours Fouqué. Mathilde a pu lui faire un dernier adieu et Mme de Rênal mourut trois jours après la mort de Julien.

L’histoire de ce jeune percepteur fut inspirée à Stendhal de l’affaire de Berthet, ce fait divers qui s’est déroulé et qui avait défrayé la chronique en Isère où vivait Stendhal à l’époque. On voit bien qu’à travers cette histoire passionnante et ces personnages attachants et truculents, Stendhal a réussi à peindre une fresque historique parfaite de la vie en France de la Restauration pendant la révolution de 1830, avec comme toile de fond une description rigoureuse de cette société, en mettant en avant les différents conflits de castes sociales, les différences de la vie en province et celle de Paris ; ainsi que les différents conflits et différences entre jésuites et jansénistes. De la morosité ennuyeuse de la vie provinciale à la frénésie inflammatoire de la vie parisienne, on ne se lasse pas de passer d’un contraste à l’autre. Les idées sociologiques ainsi que la vie politique d’époque y sont relatées avec beaucoup de finesse et les principes de fond demeurent curieusement d’actualité. Il y a cet aspect de modernisation qu’incarne Julien Sorel qui, confronté à une réalité sociale décevante, se révolte avec ses idées libératrices et modernes. Il y a cette double appartenance de Julien et ce mouvement dynamique qui le fait passer de la province à Paris. Grâce à son intelligence, il s’adapte à son nouveau milieu ; ce qui fait la singularité et la complexité de ce personnage rendu héroïque par moment, de par son parcours exceptionnel et son ambition ardente d’aller vers une gloire qu’on ne peut nullement lui reprocher ; et odieux par moment de par son âme aveuglée par une ambition vaniteuse et un orgueil emprisonnant.

On s’installe agréablement bien dans les beaux décors décrits avec minutie par Stendhal qui réussit à donner de véritables prises de vue de ses scènes, qui éblouissent la vue du lecteur par leur sobriété et leur splendeur. Ce livre reflète beaucoup de réalisme. Un réalisme que George Blin qualifie de « subjectif ». Ce réalisme est si frappant dans ce livre qu’il fait de lui un parfait miroir qui reflète la société Française sous la Restauration telle qu’elle était.
Il y’a aussi ce penchant fort de psychanalyse de Stendhal, qui ne s’arrête pas à la description de ses personnages mais qui dissèque au scalpel les mystères et les replis de leurs âmes et qui les dénude délicatement et graduellement au fil du temps, au grand jour. Grâce à la finesse d’analyse de Stendhal, nous savons tout de Julien, de la beauté de ses traits et sa jeunesse fougueuse au fin fond de ses pensées intimes. Le portrait de Julien est réussi avec une grâce troublante même si « une restriction du champ visuel » limite l’œuvre d’un narrateur extérieur et ramène l’œuvre à une biographie du héros principal car tout est vu par les yeux de celui-ci ; ce qui ne désenchante point.

Stendhal décrit les dessous et les péripéties de l’amour passionnel, les affres de l’orgueil et de l’ambition, rendant cette œuvre sensiblement humaine, universelle et intemporelle. Stendhal se révèle grand dans son œuvre car il ne juge pas la faiblesse humaine ni les déboires de l’ambition. On sent même qu’il compatit avec la souffrance et la perversité de l’homme dans sa seconde nature profonde, mais ne le dit pas clairement. Il y’a du pittoresque de la nature humaine, mais aussi du sublime, quand il décrit la force et les affres de la passion amoureuse. Cette œuvre n’est nullement finie et le lecteur se sent poussé par Stendhal à se faire une existence dans ce récit et à avoir une idée précise sur tout ce qui s’y passé. Le ton de ce livre est délibérément dépouillé des lourdeurs stylistiques de l'époque, mais garde beaucoup de personnalité et se fait incisif ; pour mettre la vérité, « l’âpre vérité » et les maux qui rongeaient la France de la Restauration en premier plan. L’aspect romanesque de la passion amoureuse est parfois exalté. Le style est délicatement lyrique sans aucun excès, mais souvent c’est l’ironie critique qui prédomine sans aucune vulgarité. Le style demeure passionnément accrochant tout au long de la lecture de ce livre. On entend Stendhal à travers les lignes de ce livre chanter une musique qui rythme et qui sert de support à son récit. C’est bien cette musicalité Stendhalienne qui sert de « fil rouge » à sa vie et à cette œuvre et qui fait toute sa particularité. Cette exigence littéraire et musicale singulière fait l’unicité de ce style et fait vibrer le lecteur par des jeux de consonances qui jaillissent fortement et par l’évidence de ses phrases rythmées qui fait monter une musicalité dans l’âme de celui qui le lit. On pourrait lire parfaitement les passages de ce livre à haute voix et on en entendra des résonances nouvelles qui se font un nouveau destin dans l’âme de celui qui les écoutera. A les écouter, on les entend plus forts et plus vivants que jamais et l’oreille saura apprécier elle aussi la prose lumineuse de certains passages. Cet effet est reconnu par Stendhal lui-même, qui, grand passionné par la musique disait : « Je ne désire être compris que par des gens nés pour la musique ». Ce fut le défi ambitieux de Stendhal lancé par la musique à la littérature et il a su le relever.

J’ai relu plusieurs fois ce livre et je ne m'en suis point lassée. Et chaque nouvelle lecture me fait découvrir des valeurs nouvelles. Cette « tranquille insurrection intellectuelle et affective » dont Julien Gracq parle, s’est toujours emparée de moi à chaque fois que j’ouvre ce livre. C’est vraiment fabuleux et magique, l'effet que ce livre me fait. Des impressions mystérieuses et inexprimables se sont emparées de mon âme et ont ensorcelé longtemps mon esprit. Une complicité particulière m’a attachée intimement à Stendhal et à Julien Sorel tout au long de ma lecture et de ma vie, et qui fait qu’à chaque fois j’y reviens avec beaucoup de nostalgie. J’ai lu toutes les critiques postées ici et j’ai particulièrement apprécié celles de Jules et de Débézed qui ont été assez généreuses, enthousiastes et instructives. Je comprends que ce livre ne puisse être facile à appréhender par les plus jeunes lecteurs. Ils trouveront ce livre long, certains passages ennuyeux et romanesques à l’excès ; surtout pour qui ceux dont ce livre fût une lecture imposée au lycée. Je les invite à le relire plus tard quand ils auront l’âge de la certitude et qu’ils connaîtront un peu plus la vie et les hommes. Ils retrouveront ce bonheur vif, profond et varié que j’ai retrouvé moi et beaucoup de personnes à lire ce livre se révéleront probablement un jour aussi Stendhaliens. ..

Contre avis Sorcius :)

10 étoiles

Critique de XBlondie (, Inscrite le 31 octobre 2008, 31 ans) - 31 octobre 2008

Je ne suis pas tout à fait d'accord !!
J'ai lu " Le Rouge et le Noir " à 1o ans pour la première fois, et j'ai dû le relire récemment pour un travail que je suis occupée à rédiger. Or, j'ai plus aimé le livre comme pas deux que je l'ai détesté, et ce pour les deux fois où j'ai eu la chance de le lire ! ^^
Plus petite, je prenais aussi tout ce que contenait la bibliothèque, de Stendhal à Barjavel, et passant par Zola ( lui par contre, je n'ai pas aimé... Je devrais retenter maintenant, et lire notamment " J'accuse "^^)
Bien entendu , je ne prétends pas avoir saisi toutes les nuances contenues dans le livre dès mes 10 ans, mais je peux affirmer que je l'ai dévoré !
Enfin voilà, juste un signe pour te montrer qu'il est possible d'aimer de grands classiques dès son plus jeune âge !

Globalement bon

8 étoiles

Critique de Zébu (, Inscrit le 29 août 2007, 51 ans) - 18 septembre 2008

Cette charmante histoire me laissera un agréable souvenir. Les personnages ont de l'épaisseur, ils sont crédibles, la complexité de leurs émotions est très bien rendue.

Etonnant qu'une telle brochette de fripouilles (aucun personnage ne m'a paru sympathique) laisse au final une si agréable impression.

Le récit souffre par contre de petits problèmes de rythme, à mon avis, et j'ai été fortement dérangé par les parenthèses de l'auteur interpellant le lecteur.

Psychologie et romantisme

9 étoiles

Critique de Smokey (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans) - 31 août 2008

Stendhal sait marier musique, peinture et poésie au sein de son oeuvre.
Julien Sorel est un personnage attirant et très ambigu. Je pense d'ailleurs que c'est la manière de considérer ce personnage qui détermine la vision finale de l'oeuvre. Personnellement, je trouve ce personnage attachant dans son déterminisme. Mon avis est donc extrêmement positif!

L'oeuvre balaye la société de Stendhal dans tous les sens, et l'on comprend que la condition sociale ne change pas ou alors de quelques millimètres à travers la souffrance et la mort.

Malgré mon appréhension pour les livres un peu "guimauves" des écrivains en quête de romantisme, je trouve que l'auteur ne tombe pas dans la sensibilité niaise et creuse.Très beau livre de Stendhal.

Aussi réussi que le mariage de ces deux couleurs

10 étoiles

Critique de Le café de... (Perpignan - Bordeaux, Inscrite le 17 août 2008, 40 ans) - 19 août 2008

Heureusement que je n'ai pas eu ce livre à lire pour le Bac. Je suis sûre que je ne l'aurais pas aimé alors (trop long pour des lycéens, surtout pour les petits lecteurs).
Mais le lire quelques années plus tard, en prenant son temps et sans chercher à retenir des détails idiots... quel délice!!
C'est extrêmement bien écrit ; les personnages sont complexes, ambivalents, psychologiquement complexes.

Un véritable plaisir des sens!

Je suis fan

10 étoiles

Critique de Crapaud42 (Saint-etienne, Inscrite le 22 juillet 2008, 45 ans) - 22 juillet 2008

Peut-être subi comme lecture imposée au Lycée par la plupart d'entre nous, j'ai pourtant adoré le rouge et le noir. Ce roman ne rend pas indifférent et même au lycée j'ai souvenir que cet ouvrage a provoqué maintes discussions et débats en cours... et non de l'ennui!
Je l'ai lu et relu, jeune puis adulte.
On ne peut pas passer à côté.

Les horreurs du lycée ...

2 étoiles

Critique de Sheitan (, Inscrite le 22 juillet 2008, 38 ans) - 22 juillet 2008

J'ai eu le privilège (c'est sarcastique hein) de lire ce livre au lycée, une horreur, un pensum.
À vous dégoûter définitivement de la littérature dite classique.
Quant à choisir un auteur de la même époque, je préfère et de loin A. Dumas, même si son style manque parfois (souvent ...) de rigueur.
Ma critique est partiale, je le reconnais, je préfère de loin les aventures romanesques ...

Julien Esmond et Henry Sorel

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans) - 4 avril 2008

Potache qui cherche sur ce site quelque idée originale pour nourrir ta dissertation, passe cette critique elle risquerait de te faire classer parmi les hérétiques qui n’ont rien compris à la littérature française.

D’ailleurs, est-il bien raisonnable d’ajouter une nouvelle critique alors qu’une trentaine de collègues s’est déjà penchée sur le sujet. Mais, j’avais envie d’évoquer cette lecture sous un angle plus personnel, à travers un parallèle avec le livre de WM Thackeray, « L’histoire d’Henry Esmond », que j’ai lu il y a quelque semaines et que je n’ai pas critiqué car l’édition que je possédais ne comportait ni ISBN, ni date d’édition et qu’aucune critique ne figurait encore sur le site pour y accrocher la mienne. Thackeray est, selon l’expression de Françoise Estèbe de France Culture « …, avec Dickens son contemporain, le grand romancier victorien, caricaturiste et observateur satirique des mœurs et des hypocrisies d’une époque qu’il pourfend en moraliste et en rebelle. »

Je n’ai jamais entendu parler d’une quelconque comparaison établie entre ses deux œuvres mais je ne suis pas un spécialiste de cette période et cela a pu m’échapper. Ses deux œuvres ne sont pas vraiment contemporaines mais cependant elles sont écrites au cours du même quart de siècle : Stendhal publie « Le rouge et le noir » en 1830 et Thackeray livre son ouvrage en 1852.

Ces deux œuvres ont le même argument : la revanche sur le sort d’un enfant mal né qui veut réussir dans la vie, l’un bâtard, Henry Esmond, l’autre puîné et mal aimé, Julien Sorel. Et les deux constatent très rapidement que leur ambition ne peut se réaliser que par le sabre ou le goupillon. Tous deux feront leurs humanités et se rapprocheront du clergé et pourront ainsi aborder les personnes d’un rang supérieur en qualité de précepteur. Ce qui leur donnera l’occasion de rencontrer des femmes de grande beauté dont ils tomberont amoureux tous les deux et chacun d’eux rencontrera deux femmes d’âge différent qu’ils essaieront de séduire par leur talent et leur comportement.

La naissance, l’argent et le talent sont les trois thèmes qu’un jury avait proposés comme question à l’agrégation d’histoire dans les années soixante. Nous retrouvons ces trois thèmes traités avec une réelle convergence par nos deux auteurs dans ces deux romans. La différence de naissance est, bien entendu, un thème essentiel de l’ouvrage car c’est elle qui contrarie l’accès au pouvoir, à l’argent et surtout à l’amour de la dame aimée et les deux héros n’auront de cesse de faire oublier leur naissance par des actes héroïques ou des comportements remarquables pour faire reconnaître leur qualité et leur mérite. L’argent joue lui aussi un rôle central dans nos deux récits, il est le moyen d’exister, d’appartenir à une classe supérieure ou d’être reconnu comme digne d’intérêt. Les deux héros critiquent son importance et l’utilisation qu’en font ceux qui en possèdent mais font tout pour, à leur tour, en posséder suffisamment pour s’immiscer dans un milieu que leur naissance ne leur permet pas d’intégrer et être dignes des dames qu’ils courtisent. Le talent est le seul argument qui leur reste pour assouvir leur revanche sur le sort et ils l’exercent avec adresse et bravoure par les armes pour Henry et par la plume pour Julien.

L’amour qui supporte une bonne partie de l’intrigue de ces deux histoires, est toujours impossible. Il est tout aussi cérébral, calculé, raisonné chez l’un que chez l’autre. Les héros ne semblent pas avoir d’hormones, leur chair et leur sang n’ont pas leur place dans ces deux romans, seule la raison à ses raisons mais le cœur n’en a guère plus que les tripes !

Dans ces deux œuvres, il manque de la passion, de la ferveur, de l’intensité dans les sentiments, un peu d’érotisme tant les scènes d’amour sont invisibles, à peine suggérées, et peut-être seulement imaginées par le lecteur pour comprendre le récit. Ces romans ne sont pas assez charnels, les femmes sont très belles mais ne vivent pas, elles paraissent seulement et les hommes n’ont pas d’impulsion, ils calculent. Et pourtant on défaille moultement dans ces deux histoires. Comme nous sommes loin encore de Constance Chatterley et de son garde chasse !

D’autres points de convergence apparaissent à travers le contexte historique et ses intrigues, l’engagement politique des protagonistes et leur participation aux diverses cabales et complots de leur époque respective. Et tous deux portent un regard assez acide sur la société et sur la noblesse qui n’en finit pas de laisser sa place à la bourgeoisie industrielle qui voudrait bien prendre le pouvoir. Mais, s’ils critiquent le comportement de la classe sociale dominante, ils n’en restent pas moins fascinés, comme des papillons, par les lumières de la noblesse.

En constatant de telles convergences et similitudes, on pourrait se demander si Thackeray a lu « Le rouge et le noir". Mais malgré toutes ces constatations, les deux récits conservent bien des différences notamment celle concernant la personnalité des héros, chevaleresque pour Esmond et plutôt digne de la tragédie grecque pour Sorel. Ajoutons aussi que Thackeray a évité de sombrer dans le mélodrame contrairement à Stendhal qui semble y avoir pris un certain plaisir.

Cette critique est bien longue, elle fait honneur à ces deux romans qui sont eux aussi bien longs et qui n’auraient que peu souffert d’une petite cure d’allègement. D’ailleurs, Stendhal en a conscience car au chapitre XXVIII de son ouvrage, il nous confie : « Tout l’ennui de cette vie sans intérêt que menait Julien est sans doute partagé par le lecteur. » Je ne te le fais pas dire mon cher !

Un classique, sûrement

4 étoiles

Critique de Nouillade (, Inscrite le 13 mars 2008, 32 ans) - 14 mars 2008

J'ai commencé ce livre de bonne foi, sans a priori, un brin enthousiaste, même !

Pourtant, la centaine de pages dépassée, je sentais déjà l'ennui venir. La longueur ne finissait jamais, et j'avais l'impression que si je sautais 20 pages, je ne manquais rien d'essentiel. Je me forçais à lire, tant bien que mal, mais rien ne me rendait accro à l'histoire. Je ne trouvais pas les personnages attachants, la ligne conductrice de l'histoire, et son intrigue me laissaient vraiment indifférente.

Dommage. Vraiment, j'aurais voulu aimer.

Un caractère tranché comme les couleurs du titre ?

8 étoiles

Critique de Frychar (NICE, Inscrit le 2 mars 2005, 76 ans) - 13 mars 2008

Par certains aspects les caractères des personnages de Stendhal me font penser au système binaire en informatique.
Au premier abord le système binaire ne permet que d'écrire 0 ou 1. Blanc ou noir , Bien ou mal , oui ou non...
Mais en fait la numérisation permet la transmission d'images avec toutes les nuances de couleurs.
Le caractère de Julien Sorel dans "Le rouge et le noir" semble aussi tranché que les couleurs du titre...
Un arriviste calculateur sans nuance , incapable de tomber vraiment amoureux...
Tandis que dans "La chartreuse de Parme" Fabrice Del Dongo est tout en nuance , un peu comme la couleur Parme , Pastel , du titre... Plus humain , moins calculateur , vraiment amoureux...

Mais en fait le caractère de Julien Sorel est moins tranché qu'il ne semble au premier abord...
C'est un être sensible....

Un monument

10 étoiles

Critique de Dédé666 (, Inscrit le 12 mai 2007, 34 ans) - 13 mai 2007

Comme vous pouvez le voir dans mon titre, je ne vais pas tarir d'éloge sur Stendhal. Pour moi Stendhal est Le romancier du XIXème siècle (n'en déplaise à Balzac). Pourtant il fut critiqué lui-même à son époque. Hugo (et oui le grand Hugo) disait de Stendhal qu'il ne serait jamais lu n'es qu'une cinquantaine d'années plus tard que l'on redécouvre Stendhal (Stendhal lui même l'avait prédit !) et son génie. Et quel génie ! L'écriture de Stendhal est incisive, sa plume lacère le dos des religieux, des nobles, de toute la société,... C'est bien là que réside le génie de Stendhal. Il faut être un homme d'esprit pour découvrir toute l'ironie de l'auteur.
Heureusement, je l'ai découvert en cours de français avec un prof tout à fait génial et passionné. Sans lui, je pense que je serais passé à côté de Stendhal, un peu trop hermétique.
Il ne faut pas oublier non plus que Stendhal est un révolutionnaire. On oublie trop souvent ce côté du romantisme (pensez seulement à Lord Byron). Comme nous le montre la note de l'éditeur au début du roman, Stendhal écrit le Rouge et le Noir avant les évènements de 1830. On voit donc une magnifique description de la société et de ses tensions avant la révolution de 1830. Il n'y a qu'à relire le procès de Julien pour s'en rendre compte.
Pour terminer et pour montrer le génie de Stendhal : "Tout se passa simplement, convenablement, et de sa part sans aucune affection"
Magnifique description, la plus belle en littérature, de la mort du héros.

Un chef-d'oeuvre de la littérature

10 étoiles

Critique de Yanice (, Inscrit le 11 septembre 2005, 38 ans) - 24 juillet 2006

Le rouge et le noir est un chef-d'oeuvre écrit par un génie de la littérature.
C'est pour moi LE roman qui symbolise l'époque romantique et lyrique.
L'écriture relève de la virtuosité de Stendhal.

Mais... comme tous les chefs-d'oeuvre de la littérature, il est... chiant.

Eh oui, il faut savoir utiliser les termes qui expriment le mieux nos pensées.

Je pense toutefois que c'est un roman qu'il faut absolument lire (en s'armant tout de même de courage) car, au final, ça reste une belle expérience... que de lire un vrai chef-d'oeuvre.

Belle critique de Jules !

10 étoiles

Critique de Manon (Paris, Inscrite le 31 juillet 2005, 35 ans) - 4 août 2005

Je n'ai pas grand chose à rajouter sur ce monument de la littérature.

J'ai lu "Le rouge et le noir" de mon plein gré lorsque j'étais en sixième. Pour tout dire je n'avais pas tout compris (les litotes, les ellipses, le passage sur la vie au séminaire, le titre...) mais je l'ai relu récemment et je pense avoir mieux saisi ce roman et ses mille subtilités.

J'ai ainsi mieux compris l'ambiguïté des sentiments de Julien envers Mme de Rênal et surtout envers Mathilde de la Mole (que Julien, je pense, n'aime pas réellement, elle lui sert juste de "tremplin" pour gravir les échelles sociales), l'ambition sans borne de Julien...

J'ai également pu apprécier la peinture sociale de la France dans les années 1830 et le mal être des jeunes sous la restauration, le style tout en nuance de Henri Beyle et son humour discret.

J'ai enfin compris le titre grâce à Sahkti et Ghislaine (voir le forum) !

Je relirai sûrement ce livre dans quelques années, après avoir vécu, et je pense que de nouvelles facettes m'apparaitront.

Un chef d'oeuvre

9 étoiles

Critique de Tif (, Inscrite le 19 juin 2004, 35 ans) - 21 juillet 2005

Que de formidables choses à dire sur ce chef d'oeuvre de la Littérature Française. L'été dernier, la découverte de Victor Hugo à travers les Misérables, cette année Le Rouge et le Noir... deux romans monumentaux. Le plus passionnant dans cette oeuvre est la découverte à chaque page des sentiments du héros, qui restera fidèle à lui-même et à qui tout au long du roman je me suis attachée.
Une oeuvre à lire absolument si l'on veut découvrir le romantisme dans toute sa grandeur...

Concilier arrivisme et romantisme

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 13 juin 2005

C'est un peu ce à quoi arrive Julien Sorel, jeune plébéien qui eut tout à faire pour gagner en influence dans la société, y compris par la conquête des femmes. Seulement, il se laisse prendre à son piège, et c'est ce qui le perd, dans les deux sens du terme.
J'ai une tendresse particulière pour Madame de Rênal, qui est l'un de mes personnages préférés de la littérature. Elle est tout empreinte de pureté et de troubles intérieurs, telle une Phèdre qui se maîtrise.
J'ai également une faiblesse pour le style de l'auteur. J'ai vraiment bien aimé ce roman, et, pourtant, je l'ai lu au lycée, suis tombé dessus à l'oral du bac, mais après l'avoir lu par moi-même enfant.
Bôôô !
Mais je préfère tout de même La Chartreuse de Parme.
J'ai bien aimé l'adaptation télévisée en deux parties, avec Carole Bouquet, Julie Depardieu et Kim Rossi Stuart. Ce dernier, très beau, est néanmoins, à mon goût, un peu trop "minet" pour le rôle.

Orgueil et hypocrisie...

10 étoiles

Critique de Pumprenelle (, Inscrite le 11 juin 2005, 45 ans) - 12 juin 2005

..ambition, pouvoir, argent, gloire... c'est de tout cela surtout dont on parle dans ce roman, et beaucoup moins d'amour et de romantisme.
Ce récit est noir plus qu'il n'est rouge... et encore moins rose!
De l'amour, il y en a quand même, mais je ne l'ai vu que chez Mme de Rênal, tout le long du livre, un amour passionnel qui ne semble être devenu vraiment réciproque que dans les dernières pages.
Dans tous les cas, j'ai ADORE ce roman!!! je viens tout juste d'en sortir, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, il se lit très vite.

Juste une petite chose qui me turlupine: j'ai trouvé la tentative de meurtre de Mme de Rênal par Julien très soudaine et peu compréhensible et guère logique...
Si quelqu'un pouvait m'éclairer a ce sujet, je lui serais reconnaissante.
merci.

Critique du romantisme

8 étoiles

Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 19 mai 2005

Julien Sorel, fils de charpentier veut vivre dans cette société qui n'est pas la sienne, celle des aristocrates. Julien un en effet un doux rêveur romantique doublé d'un ambitieux prêt à tout pour arriver à ses fins; tout ce roman joue sur cette dualité qu'on retrouve dans différents thèmes et c'est bien pourquoi Stendhal a eu du mal à trouver le titre définitif de son oeuvre.
Il décrit dans "le rouge.." la lutte permanente entre les souhaits du peuple pendant la restauration et une aristocratie sclérosée qui cherche à défendre ses acquis. Julien, digne représentant de la plèbe va séduire Mmes de Rênal et De la Mole avec la grandeur romantique de son siècle et la maladresse de son rang.
Stendhal cherche au travers de cette gigantesque allégorie à stigmatiser les travers de son siècle: l'amour codifié, les luttes entre Jansénistes et Jésuites, la haine entre libéraux et conservateurs, et finalement le geste (quasi) fatal de Julien peut-être vu comme l'aboutissement de la lutte entre le peuple et l'aristocratie. En tout cas "le rouge.." est un grand livre qui laisse part à toutes les interprétations tant ce livre est lourd de messages; plusieurs lectures au cours de la vie me semblent nécessaires à une compréhension à chaque fois plus aboutie.

[ Descendre ]

10 étoiles

Critique de Pahphylis (, Inscrite le 16 mai 2005, 38 ans) - 16 mai 2005

Ce livre n'exprime pas l'amour mais une passion qui est un sentiment brûlant qui réchauffe mais qui réduit également en cendres, notez d'ailleurs la parallèle que Flaubert fait avec la guerre et Napoléon.


Dans le même registre, nous avons Roméo et Juliette que j'ai d'ailleurs préféré car je n'ai pas réussi à lire le rouge et le noir jusqu'au bout, des descriptions trop longues m'ont fait lâcher le fil... Alors que le propre de la passion serait plutôt un coup d'éclair, le récit où l'on ressent un développement ultra-trop travaillé donne le sentiment d'un picotement qui s'attarde, vraiment intolérable.

Romantisme indémodable

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans) - 9 décembre 2004

Ancienne lecture pour moi que celle-ci! Lecture scolaire qui m'avait passionnée. Contrairement à Fascagat, les longueurs ne m'avaient pas dérangée, j'ai aimé ces descriptions détaillées qui permettent de bien planter le décor ou connaître les personnages. Ce qui m'a surtout plu, c'est le décalage ressenti en lisant ce livre. Des valeurs dont on ne parle plus ou alors très différemment, des comportements très actuels tout en ayant l'air de sortir d'une autre époque. Oui, c'est romantique, très mais jamais gnangnan. C'est du romantisme social et politique, un système de valeurs qui n'a rien à voir avec les romans à l'eau de rose ou les histoires d'amour formatées vite rachetées par Hollywood pour en tourner des navets.

Ce n'est pas faux, mais...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 9 décembre 2004

Je peux comprendre l'opinion de Fascagat, mais, outre une certaine lenteur, il y a vraiment beaucoup d'autres choses dans ce livre. Julien Sorel est intelligent et aussi arriviste, un peu comme Rastignac ou Bel Ami. A l'époque, et surtout en province, il y avait beaucoup de Madame de Rénal et ces forteresses ne s'enlevaient que rarement à la hussarde. Les faire rêver bien avant que de les attaquer était souvent la seule tactique possible. Mais, n'est-ce plus vrai ?... Plus souvent qu'on ne le pense.

Et puis, ce que j'aime aussi beaucoup dans ce livre ce sont les analyses politiques. Elles collent à une époque, mais elles gardent de nombreux aspects actuels.

Moi, c'est "La chartreuse de Parme" qui ne m'est pas passée. J'y trouvais le héros par trop naïf et par trop inconscient. Deux choses dont on ne peut en aucun cas accuser Julien Sorel !...

Désolé je vais contredire les autres critiques

3 étoiles

Critique de Fascagat (Toulouse, Inscrite le 27 juin 2004, 42 ans) - 9 décembre 2004

Je n'ai pas un avis franc car je n'ai jamais pu dépasser la page 150 et j'ai fait 3 tentatives.
Je trouve ce livre trop romantique, il en devient navrant, des descriptions de plusieurs pages. J'exagère mais pour lui prendre la main il lui faut 2 pages.
Enfin je pense que ce livre on accroche de suite ou jamais.
D'autres personnes de ma connaissance pensent pareil que moi et d'autres démentent.
A vous de voir à vous de juger.

Je ne l'ai heureusement pas lu à l'école...

10 étoiles

Critique de Duncan (Liège, Inscrit le 21 février 2004, 42 ans) - 22 février 2004

J'ai donc adoré ce récit ;-) !

Il fait d'ailleurs partie de mes favoris !

Sans doute le meilleur de Stendhal à mon avis... Même si voyager à travers l'Italie avec ses yeux est également une expérience assez unique ;-).


Retour aux sources

10 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 27 décembre 2003

Comme pour beaucoup, mon premier souvenir de ce livre remonte à l’école. Je l’avais adoré à un point tel que pendant mes études à l’université, je l’ai relu deux fois. Ainsi que l’on revient à ses anciennes amours, je viens de le reprendre. Vous imaginez mon avidité, mon espoir et ma confiance ! Il faut croire que la mémoire nous trahit : moi qui m’attendais à retrouver un Julien émouvant, je n’ai ressenti, au début, que de la colère et une certaine forme d’agacement face à cet ambitieux et susceptible jeune érudit. Et puis, la magie a opéré, et, tout en conservant la capacité du recul critique, j’ai pu accéder à une certaine empathie. Eh oui… L’amour est capable de nous faire faire de ces choses ! C’est donc soulagée que j’ai refermé le livre, réconciliée avec Julien… Ouf !

To the happy few

10 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans) - 9 avril 2003

"Quelques heures après, quand Julien sortit de la chambre de Madame de Rênal, on eût pu dire, en style de roman, qu'il n'avait plus rien à désirer."
Tout Stendhal est dans cette litote. Et tout le reste est littérature...

S'identifier ?!

8 étoiles

Critique de Pumpkins (, Inscrite le 17 novembre 2002, 54 ans) - 4 janvier 2003

La qualité du roman n'est plus à démontrer et je n'écris pas cette brève critique pour contredire.
Le Rouge et le Noir de Stendhal m'a également plu, non seulement pour l'histoire, l'intrigue, mais aussi pour les réflexions que l'on trouve tout au long du livre (d'où son appellation de roman psychologique). L'auteur développe remarquablement les pensées de chaque personnage, les plaçant dans des situations qui favorisent ces réflexions : que ce soit des questions existentielles, sur la société, sur la confiance des personnages etc, bref sur une foule de sujets, le plus amusant (étonnant ?) est de pouvoir s'identifier à certaines pensées que l'on peut trouver dans ce roman. Et si l'on les rassemblait toutes, on remonterait inévitablement à un certain Henri Beyle.

Un roman décisif

10 étoiles

Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 27 août 2001

J'ai lu ce livre très jeune, vers 14 ans. En découvrant Bel Ami de Maupassant, j'étais passée d'une littérature enfantine à LA littérature, une révolution. Maupassant est devenue mon idole. Et puis, pendant des grandes vacances, je me suis lancée très courageusement dans Le Rouge et le Noir et là, impossible de décrocher ! Stendhal avait supplanté Maupassant. Si Bel Ami m'a donné l'envie de lire (ce qui n'est pas rien !), le Rouge et le Noir m'a révélé la grande littérature.

et l'amour dans tout cela...

9 étoiles

Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 53 ans) - 12 mars 2001

C'est avec un plaisir évident que j'ai lu la critique de Jules, qui est magnifique (la critique, pas Jules, lui, je ne le connais pas, ;-)) parce que cela m'a permis de me remémorer ce superbe livre que j'ai lu lorsque j'avais 18 ans. Je suis également d'accord avec Sorcius lorsqu'elle dit qu'il ne faudrait pas donner des livres aussi compliqués à des enfants (13 ans, c'est un peu tôt), mais... je crois que ce roman est resté mon livre préféré pendant des années, pour une raison qui a peu été évoquée par Jules : pour l'amour qui jaillit à chaque page, pour la passion, pour la déchirure de Julien Sorel qui est tombé amoureux de deux femmes ! Oui, mesdames, messieurs, il est possible de tomber amoureux, passionnément, deux fois. D'ailleurs, je me souviens avoir fait une élocution (devoir de rhétorique) devant la classe pour défendre ce point de vue, peu de mes camarades étaient d'accord avec moi... Cela dit, je me répète : n'oublions pas l'amour dans le Rouge et le Noir !

Si vous l'avez lu à l'école...

0 étoiles

Critique de Sorcius (Bruxelles, Inscrite le 16 novembre 2000, 54 ans) - 24 février 2001

Vous ne l'avez probablement pas aimé. Je me demande souvent pourquoi on donne à des adolescents des lectures qu'on ne devrait donner qu'à des adultes, et encore, pas à n'importe lesquels...
Stendhal est somptueux, le Rouge et le Noir un monument. Mais j'avoue que la première fois que je l'ai lu, je ne l'ai pas trop aimé. C'était trop... perturbant. Et pourtant, j'étais avide de lecture. Mais je prenais un peu trop souvent ce qui me tombait sous la main et j'avais environ 13 ans. C'est à cette époque que j'ai lu Proust, et que j'ai détesté ça...
Plus tard, alors que la vie m'avait fait connaître ses côtés plus sombres, j'ai pu enfin apprécier à sa juste valeur ce roman magnifique, peuplé de choses à décrypter, de vérités pas toujours très roses, mais qui a dit que la vie était rose? Il me reste maintenant à relire Proust...

Forums: Le rouge et le noir

  Sujets Messages Utilisateur Dernier message
  Le rouge et le noir 15 Martin1 2 février 2023 @ 12:11
  le rouge et le noir 8 Paradize80 21 décembre 2018 @ 18:58

Autres discussion autour de Le rouge et le noir »