Journal 1837-1861 de Henry David Thoreau

Journal 1837-1861 de Henry David Thoreau

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Folfaerie, le 12 janvier 2003 (Inscrite le 4 novembre 2002, 55 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 4 425  (depuis Novembre 2007)

..."je m'en allai dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte..."

Il fut une époque où les journaux étaient à la mode, et Thoreau n'échappa point à cette manie, par ailleurs fort précieuse pour la littérature. Pour mieux apprécier ce journal, il faut d'abord situer un peu l'auteur. Thoreau se définissait lui-même comme un philosophe de la nature, un mystique et un transcendantaliste (dont le chef de file était Emerson). Cela suffit à faire de lui un homme résolument original, décidé à vivre pleinement sa vie. Très tôt, à sa sortie de l'université, Thoreau réalise qu'il ne peut vivre dans une ville, au voisinage des hommes. Non pas qu'il fût un misanthrope, ce qui réduirait considérablement la portée de son oeuvre, mais il se refusait à supporter le carcan imposé par la société, mélange de conventions absurdes, d'hypocrisie et d'égoïsme forcené. Il s'éleva contre les grandes villes et l'industrie naissante dont il subodorait déjà qu'elle annonçait le glas des grands espaces. Résolument apolitique, Thoreau aura à coeur, durant toute son existence, de s'ériger contre les injustices, et surtout contre l'esclavage. (Il écrivit ainsi un traité intitulé "la désobéissance civile"). Il suit donc avec intérêt les débats houleux entre les Etats du nord et du sud. Le génocide amérindien lui laisse un goût amer, lui qui a laissé une montagne de notes représentant ses années de recherche ethnologique, qui l'occupèrent jusqu'à sa mort. Fuyant l'univers carcéral des villes, il se réfugie dans la Nature, qui devient son foyer et sa muse. Il aurait pu ête riche, il préfère faire de petits boulots pour préserver sa liberté et son intégrité. C'est dans la solitude que sa personnalité s'épanouit et se révèle. (Il vivra d'ailleurs 2 ans, de 1845 à 1847, seul, dans un cabane en bois au bord de l'étang de Walden, et cette expérience relatée est devenue un grand classique de la littérature). Dans son journal, il note, consigne, décrit, commente et se confie, sans artifices, et avec honnêteté. Journal de bord évidemment, mais aussi constat sur la faune et flore et l'avenir des Indiens, avec qui il s'est toujours senti lié. Lorsqu'il mourut, à l'âge de 46 ans, ses derniers mots furent "Indien... caribou".
La plupart de ses propos demeurent donc d'une étonnante modernité, et j'ai lu Thoreau, non pas comme un témoignage d'une époque révolue, ou parce que c'est un classique indispensable, mais plutôt comme un prolongement de mes pensées dont il se fait l'écho à travers le passé. On pourrait presque dire que c'est de la poésie, et d'ailleurs lui-même concevait son journal comme un poème. A lire donc, si possible au cours d'une promenade, dans les bois ou les prés, pour méditer et rêver.

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