Max de Sarah Cohen-Scali

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Christian Palvadeau, le 2 juillet 2012 (Inscrit le 19 janvier 2011, 61 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 11 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 019ème position).
Discussion(s) : 2 (Voir »)
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Une vision surannée des Lebensborn

C’est un roman autour de la thématique des lebensborn, un gros travail de près de 500 pages qui est assez prenant. Sauf que…

Dès les premières pages, on est assez surpris par certaines affirmations et certains choix. On semble nous dire de façon assez surréaliste qu’en 1936 les femmes allemandes rejetées pour la reproduction en lebensborn étaient exterminées. C’est proprement délirant ! L’auteur fait le choix d’un personnage né en lebensborn, qu’elle compare à des haras, d’un accouplement d’une brute SS qui viole la future mère, qu’il ne connaissait pas auparavant, en lui faisant avaler du schnaps. Ce qui donne avant même la naissance, qui se produit le jour de l’anniversaire du führer, un pur produit aryen au physique mais aussi un véritable nazi au mental. Tout cela hélas sonne extrêmement faux. Les enfants des lebensborn qui encore aujourd’hui réclament à être reconnus comme victimes de guerre apprécieront. Passe encore pour certaines choses, au bénéfice de la fiction, mais pas pour d’autres, on est proche de la caricature et pas de celle qui accentue la vérité. Non les lebensborn n’étaient ni des haras ni des lupanars et les accouplements n’avaient pas lieu à la va-vite entre des personnes qui ne se connaissaient pas.

On croit toujours que l’histoire est statique, qu’elle n’évolue pas. Or si les responsables des lebensborn n’ont pas trop souffert des procès de Nuremberg c’est bien parce qu’en 1945 les alliés n’ont pas compris en quoi consistait cette entreprise criminelle. De la même façon, en 1975, Hillel et son livre « Au nom de la race », qui est malheureusement la principale source de Sarah Cohen-Scali, avait une vision encore partielle et approximative qui a largement été corrigée depuis. Voir le roman « Les Cendres froides » de Valentin Musso en 2011 et surtout le très bon livre de Boris Thiolay « Lebensborn : la fabrique des enfants parfaits : ces Français qui sont nés dans une maternité SS » en 2012, mais aussi un ensemble d’articles de presse, de sites Internet et de blogs aisés à consulter. Dommage de s’appuyer sur des sources (je devrais presque dire une source), certes honnêtes, mais quelque peu dépassées. Est-il raisonnable de limiter sa documentation à un ouvrage qui a trente-sept ans ? A une période où, de plus, une partie des archives n’était peut-être pas encore consultable. Il ne faut manifestement pas chercher plus loin les fortes approximations voire erreurs qui marquent de façon très gênantes le tout début d’un roman qui, comme dans « Le Tambour » de Günter Grass, donne la parole à un enfant qui a atteint le stade de sa pleine maturité intellectuelle dès le stade embryonnaire.

Certains gâchent leur roman par une fin ratée ou trop convenue (par exemple le « Ensemble, c’est tout » d’Anna Gavalda, allez c’est dit !), d’autres par des propos liminaires fantaisistes… Difficile de ne pas traîner pendant la lecture cet handicap de départ. On ne peut que déplorer ce manque de sérieux de la part de l’auteur dans le travail préparatoire. Même une fois le livre terminé, des retouches sur les premières pages auraient été possibles, souhaitables et bienvenues.

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On aime haïr Max !

8 étoiles

Critique de Stitch (, Inscrit le 18 octobre 2013, 37 ans) - 3 octobre 2025

S’attaquer à un ouvrage qui nous plonge dans ce qui est peut-être la période la plus noire de notre histoire est toujours une expérience singulière. Et cela l’est encore davantage lorsque l’ouvrage en question se base sur des faits réels, ce qui est le cas ici.

« Max » s’inspire du ‘’Lebensborn’’, un programme national-socialiste dont l’objectif est la constitution rapide et massive d’une nouvelle jeunesse aryenne. Les hommes et les femmes qui participaient au programme étaient soigneusement sélectionnés par les nazis (ceux qui avaient le plus de chance de transmettre les meilleurs gènes de la race pure), et devaient s’accoupler afin de produire des enfants qui leur étaient enlevés par la suite, et donnés au régime nazi. Rien que ça, ça fait froid dans le dos, et ce n’est que le début de l’histoire…

Nous assistons à la naissance de Max, premier-né de ce fameux programme. Max est un bébé totalement dévoué au Reich, élevé pour voir et analyser le monde uniquement au travers du prisme du nazisme. Et nous le suivrons sur ses premières années dans cette période troublée, convaincu d’être l’élu du Führer, et que le peuple allemand est dans son bon droit. Il fera de nombreuses rencontres, et vivra plein d’aventures, et sera confronté à la réalité de la guerre, qui ne semble pas toujours s’accorder sur ce qu’on lui a appris. Est-ce seulement possible ? Non ! Et pourtant…

La première chose qui surprend, et qui peut paraître bizarre, c’est de suivre un bébé narrateur qui s’exprime très bien et défend des idées terribles, alors que le roman ne se veut pas fantastique pour autant. Mais l’on comprend bien vite que c’est le seul procédé possible pour le suivre juste avant sa naissance, et on passe vite au dessus de ça. D’autant plus que l’auteur réussit la prouesse de faire en sorte que Max réagisse parfois vraiment comme un enfant, avec tout ce que cela implique de naïveté, d’incompréhension et de franchise. Pour ça bravo !

Ensuite, attention âmes sensibles. L’on assiste à des scènes vraiment terribles dans le livre, et la personnalité de Max n’aide pas à les traverser paisiblement ???? sans oublier le langage très cru par moment.

Mais pour peu que l’on s’accroche, on ne lâche pas le livre avant la fin, tellement on a hâte de savoir quelle sera la prochaine aventure de Max, et comment se termine sons histoire !

/!\ ALERTE SPOIL - CECI N’EST PAS UN EXERCICE /!\

La seule chose qui me dérange un peu niveau cohérence est l’amitié entre Max et Lukas. Une partie de moi comprend l’idée que Max ait envie d’un grand frère. Mais une autre partie se dit que décidément, ça ne colle pas avec la personnalité de Max ! J’imagine que chacun réagira différemment face à cette relation. Moi je suis mitigé ???? Par contre, quelle tristesse de voir Lukas mourir ???????????? J’y ai cru jusqu’au bout à leur fuite vers le Canada…

/!\ FIN DE L’ALERTE SPOIL /!\

Avec une fin digne de ce nom, j’ai refermé « Max » le cœur un peu lourd, mais content du voyage malgré tout.

Ma note : 16/20.

Bonne lecture !

Dynamique

8 étoiles

Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 51 ans) - 24 octobre 2019

Difficile de trouver un roman original sur cette période la seconde guerre mondiale et notamment sur les principes ignobles de sélection des individus mis en œuvre par les allemands.
C'est le cas de celui-ci qui prend certes quelques libertés mais est agréable à lire.
Un des points étonnants est la faculté à aimer un personnage finalement détestable.

livre coup de poing en forme de conte historique...

8 étoiles

Critique de Deinos (, Inscrit le 14 février 2009, 63 ans) - 21 mai 2018

Comme l'ont dit les autres critiques, ce livre explore la destinée d'un enfant né en lebensborn... cet enfant étant une forme d'extrapolation absolue de ce que désiraient les créateurs de ces usines de production d'enfants... là est l'aspect "conte" du roman, cet absolu qui au fil du livre va vaciller... tout en étant ce fil qui décrit les aspects de ce programme...
Un point porte à discussion, celui de l'extermination des femmes non retenues... mais malgré ce point, ce livre montre un autre champ de l'horreur de l'idéologie nazie...

Parfait

10 étoiles

Critique de Lisa.prgc (, Inscrite le 8 mai 2016, 25 ans) - 8 mai 2016

J'ai lu ce bouquin à onze ans et ouais ça fait froid dans le dos. Je l'ai relu disons 5 ou 6 fois depuis je crois. Ce n'est pas un simple roman pour moi. Il a été le premier que j'ai lu sur la seconde guerre mondiale. Il m'a marqué au plus profond de moi-même car même si cela reste une histoire romancée c'est tellement fort et choquant et dérangeant. Je m'étais réellement attachée à Max ce petit nazi si parfait car oui c'est ça qui est dérangeant : c'est qu'on aime Max.

Une fable glaçante

7 étoiles

Critique de Psychééé (, Inscrite le 16 avril 2012, 37 ans) - 5 octobre 2015

Les programmes Lebensborn ont été instaurés par Himmler pour fabriquer la jeunesse de demain : une armée d’enfants blonds aux yeux bleus, conçue par des parents sélectionnés, triés et mesurés pour obtenir de purs représentants de la race aryenne. Max est le premier enfant issu de ce programme ; il nous donne son point de vue depuis sa vie de fœtus jusqu’à son adolescence. On s’aperçoit qu’il est déjà formaté pour aimer tout ce que le führer fait, qu’il a une haine viscérale pour les juifs nourrie par son éducation et qu’en même temps son quotidien est hanté par la peur de ne pas convenir aux fameuses sélections. Il rêve d’aller dans une Napola, une école nazie destinée à former les futures élites à tuer en toute impunité et où le programme fait froid dans le dos.
S’il parait impitoyable au début face aux juifs, Max prend peu à peu conscience de l’injustice à laquelle ils sont confrontés, en particulier grâce à sa rencontre avec Lukas, un juif Polonais qui se fait passer pour un parfait Nazi.
Cette fabrique d’enfants est plutôt effrayante, de même que les kidnappings des enfants de l’est pour les germaniser ou les multiples droits à disposer de la vie des autres que le führer s’est octroyé. Ce roman s’inspire pourtant de faits réels ; la lecture est très prenante et choquante mais nécessaire pour se rendre compte de l’horreur qui s’est produite pour des milliers d’enfants et de parents pendant le troisième Reich.

Nous n'en sortons point indemne.

9 étoiles

Critique de Marion1202 (, Inscrite le 29 décembre 2013, 28 ans) - 29 décembre 2013

Lisant la première critique en haut de la page je tombe des nues.
Ce livre a pour objectifs de nous surprendre, de nous toucher afin de nous captiver dans l'histoire qui sera et restera non loin de nous à jamais. Voilà que chacun de nous avons une histoire dans ce livre. Non pas nous-même mais une partie touchée indirectement. Nos grands-parents, nos arrière-grands-parents ont vu ou vécu ces atrocités certains en sont même morts ! Eh, oui il faut la dire à présent la vérité. Les mots sont crus mais vifs, ils donnent alors tout son élan au livre.

Personnellement je n'ai pas lâché ce bouquin, il est noir, sombre, majestueux, grandiose et pétillant. Il m'a touché par sa fievreusité de vérité. Le texte est écrit simplement, l’écriture, elle, est douce et brutale à la fois. Ce livre m'a fait pleurer, il m'a fait rire, mais il m'a surprise.
Il m'a fait pleurer car cette réalité m'a envahie et faisait partie de moi.

Max est un personnage proche de nous. Nous le suivons avant sa naissance jusqu'à la fin du roman. Malgré sa cruosité, il reste notre meilleur ami, notre petit frère. Nous vivons avec lui.

Le seul et unique point faible de ce livre serait la fin. Une mise en scène un peu à l'américaine. Une trop grosse nouvelle, voire même impossible pour la réalité.

Certaines fois la vérité arrive brutalement mais il faut savoir la recevoir.
"Ni haine, ni oubli" George Garnier

LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE SELON... MAX!...

7 étoiles

Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 4 novembre 2013

Je ne reviendrai pas ici sur l'histoire déjà amplement développée dans les critiques précédentes. Je ne veux pas non plus entrer dans des polémiques stériles et inutiles, même si je confirme qu'effectivement l'auteur prend parfois certaines libertés avec la réalité des détails historiques...
Rappelons toutefois que, même si ce livre est inspiré d’événements historiques réels, ce n'est jamais ni plus, ni moins, qu'un... roman!..

J'ai trouvé que ce livre se perdait parfois un peu trop dans les détails et autres digressions, on a parfois l'impression que l'auteur "tire" ou plutôt "étire" le roman en longueur pour faire des pages, et des pages... L'écriture est toutefois très simple, voir même simpliste, c'est une écriture parlée, le récit du héros du livre, avec ses remarques, ses retours en arrière, ses précisions, ses ajouts, ses digressions, etc. etc...

Le livre se lit vite et bien, se dévore littéralement, malgré ses presque 500 pages, et malgré le sujet très grave, on se surprend parfois à sourire et même à rire de bon cœur de remarques du fœtus "intelligent" Max.

Dans l'ensemble un bon livre, avec une histoire très originale, le sujet aurait toutefois pu être traité de façon complètement différente et certainement plus réaliste.

Je tiens ici à remercier mon amie Patricia G. qui se reconnaîtra ici, pour m'avoir prêté ce livre, qui a été pour moi source d'une lecture passionnante!...

Max

9 étoiles

Critique de Avanni (, Inscrit le 9 août 2008, 61 ans) - 21 août 2013

Je n'avais pas pris la peine de vérifier si ce livre était basé sur des faits réels et je ne l'ai appris qu'à la fin. J'ai commencé ce livre sans trop savoir ce que j'allais découvrir. Je ne l'ai plus lâché et ai pris beaucoup de plaisir à le lire de bout en bout. L'atmosphère de l'époque, l'ambition SS et les desseins du führer sont parfaitement rendus. On vit avec Max et on est tour à tour scandalisé par sa façon de voir la vie, plein d'espoir lorsqu'il rencontre un Juif et finalement quelque peu rassuré de voir son évolution. À recommander chaudement et sujet à discussion ensuite

je n'ai pas lâché le livre

10 étoiles

Critique de Grandgrand (, Inscrite le 18 juillet 2013, 66 ans) - 18 juillet 2013

lu en deux jours on rentre facilement dans l'histoire et on s'attache au personnage malgré son côté méchant

Difficile sortie d’endoctrinement

6 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 18 mai 2013

Dans la première partie, le livre est écrit sur un ton convaincu avec des idées de pureté à préserver. L’amitié et la découverte du fait que les apparences sont parfois trompeuses transformeront des certitudes bien ancrées en doute amenant le personnage à acquérir les notions d’humanité qui lui manquaient.

On suit Max d’avant sa naissance alors qu’il est une conscience déjà très au fait de ce qui l’entoure jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge de 9 ans lors de la défaite nazie. Max fait partie d’un programme de sélection / amélioration de la race. Sa mère s’est accouplée avec un officier dans un centre qui élève les futurs rejetons allemands. On voit par ses yeux la façon dont des jeunes polonais au physique conforme sont séparés de leur famille pour être endoctrinés dans des centres de jeunesse. Ses certitudes se fragmenteront lorsqu’il sera attiré par garçon qui représente le frère qu’il n’a pas eu ... mais qui dit avoir une mère juive, même si non pratiquante.

IF-0413-4031

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