La nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun

La nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Arabe

Critiqué par Frunny, le 3 janvier 2012 (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 714ème position).
Visites : 16 680 

Les conteurs s'installent en dernier !

Avec ce roman , Tahar Ben Jelloun livre la 2 ième partie de " L'enfant de sable " ( 1985 )
Ce n'est plus Ahmed , mais Zahra qui prend la parole et nous conte sa version des évènements.

Zahra (Ahmed) est une enfant à l'identité trouble et vacillante. Une fille masquée par la volonté d'un père qui se sentait diminué , humilié, parce qu'il n'avait pas eu de fils.
Cette fille renaît la 27 ième nuit du mois de ramadan , nuit de la " descente " du Livre de la communauté musulmane ; la nuit sacrée !
Zahra (Ahmed) va mener une enfance d'homme déguisé,un péché, une négation, une erreur. 21 ans d'une vie trafiquée.
Alors quand survient la mort du père , elle s'enfuit vers l'oubli, la vie, et sort du tombeau que sa famille lui avait fabriqué.
Sur ce chemin hasardeux , elle rencontrera " l'Assise " et " le Consul ", un duo improbable attirant et effrayant à la fois.
Comme Zahra , "l'Assise " fut une enfant non désirée qui a accumulé des tonnes de haine .
Le " Consul " (son frère ?) - aveugle - a une sensibilité exacerbée et aidera Zahra à " oublier " .
Je ne dévoilerai pas davantage l'histoire car il faut y entrer et s'y laisser envoûter .

Tahar Ben Jelloun nous offre un exceptionnel conte arabe. Ses qualités d'écriture ne sont plus à démontrer. Chaque mot est pesé , les images sont omniprésentes. C'est un véritable plaisir de déguster ces phrases et se laisser émerveiller par l'association des mots.
Mais , c'est - avant tout - un plaidoyer contre l'exploitation éhontée du Coran par des religieux " intéressés " .
" La religion doit être vécue dans le silence et le recueillement " (pas dans les hurlements du Muezzin)
" J'aime le Coran comme une poésie superbe , et j'ai horreur de ceux qui l'exploitent en parasite et qui limitent la liberté de pensée " .
"Nous vivons dans une société sans vergogne , basée sur l'hypocrisie , les mythes d'une religion détournée , vidée de sa spiritualité " .
La circoncision , l'excision , mais surtout la place de la femme dans la société musulmane sont abordées.
Prix Goncourt 1987 , ce roman est une oeuvre d'art .
Court , simple , profond ..... efficace !
J'ai ADORé .

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Les livres liés

  L'enfant de sable - la nuit sacrée

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Un classique moderne

9 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 41 ans) - 27 juillet 2021

Probablement un vrai classique moderne que cette "Nuit Sacrée" de Tahar Ben Jelloun. Le genre de roman dont on a toujours entendu parler, dont on connaît l'histoire sans avoir lu le livre (le fait qu'il ait été adapté au cinéma aide un peu).
J'ai lu ce roman sans savoir que c'était la suite de "L'Enfant des sables". Rien n'est indiqué au verso du livre de poche, aucune mention "suite de...", ce qui est un peu idiot. En même temps, je pense qu'on peut parfaitement apprécier "La Nuit sacrée" en le lisant seul, sans passer d'abord par "L'Enfant des sables". Je ne l'ai toujours pas lu, "L'Enfant des sables", d'ailleurs, et ça ne m'a pas empêché de vraiment aimer ce petit roman (moins de 180 pages !!). Je trouve juste que sa dernière partie, les 50 dernières pages en gros, est moins réussie que le reste. Mais le reste est un vrai enchantement. L'écriture est sublimissime. A lire !

théorie du genre

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 3 juillet 2016

La nuit sacrée, le second volet de "L'enfant de sable", est consacré au témoignage de Zahra, autrefois appelée Ahmed, cet enfant déclaré garçon à sa naissance pour sauvegarder l'honneur d'un père honteux de n'avoir engendré que des filles. La mort du père, et surtout cette nuit où, déjà agonisant, il va la délivrer de ce terrible secret, va enfin la libérer et lui permettre de vivre cette vie de femme qui lui a tant manqué, malgré les avantages certains que lui valait, en terre d'islam et de tradition, sa "masculinité". Un témoignage bouleversant, car la vie de Zahra ne va pas être pavée de roses lorsque son passé va la rattraper, mais aussi un plaidoyer en faveur d'un islam plus respectueux des textes sacrés que d'une tradition (largement préislamique) particulièrement injuste envers la moitié de l'humanité.

Pour ceux qui aiment les contes d'adultes

7 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans) - 13 avril 2014

La mort du père libère la femme de vingt ans, que l’auteur ne nomme presque pas. Cependant, son passé va la suivre et la hanter malgré elle (« Partout où j’allais, je transportais ma prison comme une carapace sur le dos. »). Elle s’échappe en espérant ne pas laisser de traces et échoue dans une famille étrange composée du frère aveugle, le Consul, et de la sœur, l’Assise. Ce triste duo vit accroché l’un à l’autre par la dépendance mutuelle : elle est liée par un sens du devoir, un besoin de se sentir utile, indispensable même (« doit-on traîner avec soi jusqu’à la mort ceux qui vous ont condamné à vivre ? »). Or, cette relation malsaine vire au vinaigre…jusqu’à ce que « l’amie » y fasse irruption.
Ce récit relève du conte et est empreint de surnaturel et de fantastique, où surgissent fantômes et revenants. L’auteur se plaît à embrouiller le lecteur dans un flou où se mêlent rêve et réalité.
L’auteur dénonce une fois de plus l’islam intolérant et radical.
Le thème de la nuit est évoqué à plusieurs reprises et occasions : tout d’abord, au début, c’est la nuit où meurt le père et où il se confie à sa fille, la 27ème nuit du ramadan, « nuit sacrée ». Ensuite, c’est la nuit de l’aveugle et celle où Zhara le rejoint.
Enfin, le thème de la sexualité, du corps de l’homme et de la femme tient une grande place. La femme se retrouve souvent nue, comme libérée du poids que font peser les vêtements sur son identité. Zhara est sans cesse emprisonnée : dans un corps qui n’est pas le sien, par le père ; puis, son passé revient la hanter sous la forme de sa famille (son oncle et ses sœurs) et elle est physiquement enfermée dans une prison et dans le noir, qui la fait s’évader.
Le style est magnifique et très poétique.

Déçue après "l'enfant de sable"

6 étoiles

Critique de Lucile (Stockholm, Inscrite le 20 septembre 2010, 35 ans) - 29 mars 2012

L'écriture est superbe, bien sûr. Mais j'ai été vraiment déçue: je m'attendais à quelque chose d'aussi féérique que "l'enfant de sable", dans lequel l'auteur nous entraîne dans des récits de conteurs sur une place de Marrakech.
Ici il s'agit d'une histoire linéaire (dans "l'enfant de sable", plusieurs histoires et narrateurs se coupaient la parole, se contredisaient, autour d'une même histoire, dans une poésie fabuleuse), assez glauque, qui retire tout l'enchantement et la magie de l'histoire précédente.
Mais, comme je l'ai mentionné au début, l'écriture est absolument splendide, le style très imagé de Tahar Ben Jelloun que j'avais découvert dans "l'enfant de sable" est à peu près intact.
Dommage, donc. J'avais peut-être trop d'attentes.

Suite de l'enfant de sable

1 étoiles

Critique de Akawter (, Inscrite le 7 janvier 2006, 37 ans) - 7 janvier 2006

La suite de l'enfant de sable "la nuit sacrée" qui a reçu le prix Goncourt, est... navrante. Ce livre est à la limite de la vulgarité, si on peut néanmoins apprécier le ton juste et parfois (rarement) des phrases "vraies", il n'en demeure pas moins que je regrette beaucoup que tout nous soit tellement dévoilé. Parfois, il vaut mieux montrer sans tout dévoiler. Lorsqu'on lit Balzac, Proust ou encore Mouloud Maameri, on referme le livre et on se pose des questions. Lorsqu'on termine la lecture de "la nuit sacrée" on est écoeuré non pas par la réalité de l'histoire mais plutôt par le style.

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