Seul demeure son parfum de Feng Hua

Seul demeure son parfum de Feng Hua
( Ru ying sui xing)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par BMR & MAM, le 14 mars 2009 (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 180ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Le parfum de la fleur de prunier

Voilà un polar bien curieux : Seul demeure son parfum, du chinois Feng HUA.
Un vrai chinois de Chine, un chinois contemporain de la Chine d'aujourd'hui.
Le résultat est étrange : on est bien loin du style américain de Qiu Xialong par exemple.
Une écriture un peu décalée à nos yeux d'occidentaux.

Une sorte de naïveté explicative :
[...] - Demain je vais faire un tour à la mairie, mais je vais y aller doucement parce que l'affaire est classée, et la brigade criminelle veut terminer rapidement le travail d'archivage commencé sur Internet. Je ne crois pas qu'ils seraient d'accord pour que je reprenne cette affaire. Je vais être obligé de le faire discrètement.

Ou encore :
[...] Bien entendu, Pu Ke avait compris. Un policier ne peut pas suspecter les gens sans preuve, sur une simple intuition, c'est inacceptable, tant du point de vue de la loi que de celui de la déontologie.

C'est amusant. On hésite entre la naïveté de l'auteur, la difficulté de la traduction ou le souci culturel de s'adresser à des milliards de lecteurs ! Un style que l'on retrouve parfois dans les articles de journaux.

Ou dans d'aimables dialogues, comme ici entre deux amants :
[...] - Pu Ke, j'ai une idée, mais je ne sais pas si je dois te la dire ou pas.
- Bien sûr que oui, a tout de suite répondu Pu Ke, je sais que tu es intelligente.
- Toi, quand tu veux, tu sais faire mousser les gens !

Ou encore entre deux collègues :
[...] - Ce n'est pas le problème, on fait chacun un travail différent, tu te sers de ta tête et moi de mes jambes, toi tu pourrais faire mon travail, moi je je pourrais pas faire le tien.

D'autres surprises au fil des pages, comme ici lorsque l'inspecteur Pu Ke découvre le journal intime d'une victime :
[...] Jeudi 28 spetembre.
Mon Dieu, je n'aurais jamais pu croire que c'était aussi beau de faire l'amour. (Venait ensuite un passage en anglais qui racontait en détail comment elle avait fait l'amour avec "lui".) Je suis ensorcelée, c'est sûr.
Autocensure ?
Un livre bien curieux, d'autant que l'intrigue policière est plutôt convenue et que l'on connait l'assassin dès le début ou presque. Non, ce qui intéresse visiblement plus Feng Hua, ce sont les relations complexes et difficiles entre les hommes et les femmes de la Chine d'aujourd'hui.
Écartelés entre l'émancipation de la modernité et la rigueur des traditions.
Une liberté difficile à gagner et à assumer, au risque de lâcheté et de déceptions amoureuses.

[...] Au début du printemps, quand la neige et la glace n'ont pas encore fondu, les fleurs de prunier sont magnifiques sous la neige.

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crépusculaire

6 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 28 février 2013

Crépusculaire...C'est le mot qui me vient à l'esprit quand je pense à ce curieux roman policier chinois. J'aurai bien de la peine d'ailleurs à dire pourquoi. Peut-être tout simplement à cause de la magnifique couverture (une énigmatique "dame en noir") et du très beau titre.
Le récit de Feng Hua présente en tout cas une ambiance bien particulière. Le livre est imprégné d'une langueur mélancolique et s'interroge sur les ressorts compliqués des sentiments humains, et en particulier amoureux. Le vécu des personnages les empêche d'aimer, et de s'aimer eux-même, et peut les amener à des comportements pathologiques comme ceux du meurtrier.

Je rejoins BMR & MAM sur l'écriture un peu décalée. Certains passages sont effectivement plein d'amabilités, mais l'auteur ne fait aucune concession sur la description des assassinats, plutôt cruels. Le récit exhale du coup un charme désuet mais parfois émerge dans la réalité la plus perverse de nos sociétés modernes. Ce style intriguant, les maladresses narratives, certaines incohérences ne m'ont pas empêché de beaucoup aimer ce roman, par ailleurs plutôt bien construit et bien écrit.

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  Ah! Ces traductions! 2 SpaceCadet 25 août 2014 @ 08:30

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