Histoires de fantômes de Henry James

Histoires de fantômes de Henry James
( The jolly corner)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Smokey, le 17 novembre 2008 (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans)
La note : 9 étoiles
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Le double et le fantôme chez James

Je vais davantage traiter ici de la nouvelle "le coin plaisant".
L'histoire se déroule dans un immeuble désert situé au coin plaisant aux Etats-Unis. Le héros, Spencer Brydon revient d'Europe, il veut retrouver le lieu où il a grandi. En Europe, il a évolué d'une certaine manière, avec ce retour, il découvre qu'il aurait pu devenir quelqu'un de complètement différent. Dans cet immeuble désert, il va donc se mettre à la quête de ce double -son double- afin de savoir qui il est, pour trouver sa véritable identité.

A force de se pencher sur soi, on découvre en soi une part ténébreuse, viciée, abominable, cruelle et décadente, ce qui ne s'exprime que très rarement.

Spencer Brydon se retrouve donc face à ce qu'il aurait pu être: " A plonger en soi-même, on découvre l'immonde" (Pierre Jourde). Le personnage est bouleversé par ce qu'il saisit de lui-même au terme de son introspection. La connaissance de soi à entraîné l'abomination de soi. Ce dégoût n'est pas tellement dû au fait qu'il découvre en lui-même une altérité, mais qu'en l'autre, qu'en un autre qui son double, se révèle son identité en ce qu'elle peut avoir d'authentiquement laid et répugnant.

Les effrois nés de hantises, de peurs ou de la peur pure déclinent finalement différentes crises de l'identité, et contribuent à l'émergence d'un fantastique dominé par l'image de la duplicité. Le célibataire n'est pas un; sa conscience n'est pas une. L'individualisme narcissique qui a poussé le célibataire à un tel nombrilisme lui laisse finalement et paradoxalement découvrir qu'il n'est pas indivisible. Du culte de soi qui favorise l'analyse permanente de soi à l'aliénation qui suscite l'effroi, il y a une continuité qui consacre une sorte de fantastique propre à la fin du siècle.

Je me permets de mettre également une explication de Bachelard qui me semble très pertinente ici sur le thème des portes dans cette nouvelle:

"Que de rêveries il faudrait analyser sous cette simple mention "La porte". La porte, c'est tout un cosmos de l'entr'ouvert. C'en est du moins une image princeps, l'origine même de la rêverie où s'accumulent désirs et tentations, la tentation d'ouvrir l'être en son tréfonds, le désir de conquérir tous les êtres réticents. La porte schématise deux possibilités fortes qui classent deux types de rêveries. Parfois, la voici fermée, verrouillée, cadenassée. Parfois la voici ouverte, c'est-à-dire grande ouverte. Mais viennent les heures de la grande sensibilité imaginante. Dans les nuits de mai, quand toutes les portes sont fermées, il en est une à peine entrebâillée. Il suffira de pousser si doucement! Les gonds ont été si bien huilés...Alors un destin se dessine."(in "Poétique de l'espace")

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