Père et passe de Jérôme Meizoz

Père et passe de Jérôme Meizoz

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances , Littérature => Francophone

Critiqué par Sahkti, le 11 mars 2008 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 49 ans)
La note : 9 étoiles
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Retenir à tout prix

"J'avais eu cette chante d'aimer beaucoup mon père" (Nicolas Bouvier, cité en exergue du recueil)

Un jour, Jérôme Meizoz se rend à l'évidence. Son père est mortel. Banale vérité, pourrions-nous penser, sauf qu'il ne suffit pas de le dire ou le penser pour en prendre réellement conscience. C'est ce qui lui arrive un jour, alors qu'il vient rendre visite à son père, vieillissant, et qu'ils roulent silencieusement dans la campagne.

"Bien avant que j'écrive la moindre ligne à son propos, bien avant que tout soit déposé comme décante le vin brassé, je me suis souvent imaginé sa mort" (page 13)

La perception d'un état de fait qui bouleverse une vie et modifie complètement sa vision Tout cela prenait tout à coup un autre sens, devenait plus dense, avec un sentiment d'urgence et de temps non pas à rattraper mais à conserver, d'une manière ou d'une autre.
Alors l'auteur se met à prendre des notes, esquisser des croquis, gribouiller des pages pour tenter de tout fixer. Comme si écrire pouvait maintenir en vie. Afin "qu'il soit porté vers sa fin par le draps de mots que je prépare pour lui" (page 10)

En une quarantaine de très courts récits, Jérôme Meizoz nous raconte ce père, son parcours, ses manies et petits travers. Il trace également les lignes du regard qu'il porte sur lui, de cet oeil désormais posé en permanence sur les souvenirs et les minutes s'écoulant trop rapidement d'un quotidien qui emporte lentement mais sûrement ce père vers une inéluctable tombe.

"Le manque se trahit dans les gestes de l'avide" (page 20)

Le tout donne un récit touchant, non pas déposé sur une linéarité cohérente et structurée mais composée de petits riens, de fragments de bonheur et de passé, ceux qui racontent toute une existence. De quoi rendre ce père attachant et cette démarche filiale émotionnellement chargée. Salvatrice, peut-être... parce que de toutes manières:

"Maintenant, il va falloir vivre et mourir" (page 75)

A signaler la belle illustration de couverture ("Luciole", de Zivo) et la qualité impeccable d'édition au Temps qu'il fait, en partenariat cette fois avec les "Editions d'en bas" (Suisse).

(Jérôme Meizoz vit à Lausanne. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages, tant en prose que des essais. Son premier récit "Mort ou vif" (1999) a été désigné "Livre de la Fondation Schiller 2000".)

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