Changement de décor de David Lodge

Changement de décor de David Lodge
( Changing places)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Saule, le 9 septembre 2001 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 10 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 873ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 10 754  (depuis Novembre 2007)

Un très bon moment de détente avec David Lodge

David Lodge est un de ces auteurs capable de nous faire hurler de rire, ce qui ne manque jamais de surprendre les gens si vous le lisez dans un train par exemple.
C'est le roi de l'humour subtil et fin, plein d'ironie. Il se lit facilement grâce à une écriture fluide et puis il a le don des situations, certes parfois caricaturales mais tellement 'vraies' qu'on a l'impression d'y être. Bref si ce n'est pas déjà fait procurez-vous un de ses livres et je suis prêt à parier que vous finirez par lire sa biographie complète.
Dans changement de décor, un de ses classiques que je viens de relire, deux professeurs de littérature anglaise participent à un programme d'échange entre leur universités respectives et changent de fonctions pour quelque mois. L'anglais est un professeur moyen qui stagne sur le plan professionnel, la quarantaine assez coincée et enfermé dans une vie familiale morose. Son homologue américain est à l'opposé; c'est un professeur renommé, ambitieux et sûr de lui, habitué à se battre pour obtenir la considération de ses pairs.
Chacun va donc vivre dans l'univers professionnel (et familial aussi mais ça c'est une surprise) de l'autre. Cela donne lieu à quelques moments de franche rigolade, et la situation évoluera dans un sens tout à fait inattendu, ce qui ne manque pas de nous passionner.
Bref c'est très amusant à lire, un excellent moment de détente en perspective. Et pour notre plus grand bonheur ce livre a été suivi par deux autres, basés les même personnages, et tout aussi réussis; 'Un si petit monde' et 'Jeux de société'.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Vaudevillesque

4 étoiles

Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 6 juin 2025

Première incursion dans l'oeuvre de David Lodge dont j'attendais une meilleure parenthèse de divertissement à l'instar d'Elya. Il faut dire que je pensais a priori trouver là essentiellement une satire des milieux universitaires portée par un humour anglais savoureux. Dans le genre " campus novel " et bien que cela ne soit pas non plus un chef d'oeuvre dans la production de Joyce Carol Oates, j'avais finalement préféré " Amours profanes "(*) qui m'était apparu plus percutant au niveau de la peinture de moeurs, bien que les deux se rejoignent dans la mise en avant d'une médiocrité dominante.

Concernant l'humour, je l'ai, hélas pour moi, trouvé de moins en moins présent au fur et à mesure de ma lecture. Sans doute est-ce dû au fait qu'au-delà de la satire, Lodge a voulu d'abord réaliser un roman comique comme il l'indique dans son introduction (**). Le recours notamment à des effets visuels dont une adaptation cinématographique aurait pu beaucoup mieux exploiter le potentiel s'est avéré, de mon point de vue, plutôt lourd voire indigeste parfois ( je pense en particulier au passage sur le "paternoster" dans le chapitre 5). Néanmoins, au crédit de l'auteur, il est probable que la traduction française n'ait pu restituer certaines subtilités de l'humour anglais ou gommé certains éléments de confrontation entre les parlers anglais et américain.

Dans la même intention comique, le roman glisse peu à peu vers une situation vaudevillesque qui met le focus sur la relation croisée entre les quatre principaux protagonistes et s'écarte résolument de la peinture du milieu. J'avoue avoir trouvé cela assez superficiel et sans grand intérêt d'autant que la fin qui n'en est pas une tend à se jouer de l'attente du lecteur.

Reste un témoignage intéressant qui rend bien l'atmosphère du contexte de ces années là dans le milieu étudiant ( occupation, assemblées générales, libération des moeurs... si j'en juge par ma propre expérience en tant qu'étudiante à Nanterre en 68 ) et bien que pour respecter sans doute la perspective choisie, la contestation de la guerre au Vietnam ne soit pas évoquée... ou alors cela m'a échappé.

J'avoue m'être forcée et ennuyée à poursuivre cette lecture au-delà du chapitre 4 ( lecture réalisée dans le cadre du Club de lecture des grands disparus qui ne m'aura pas apporté le plaisir escompté an regard de la notoriété de David Lodge). Au vu de son introduction, il est clair que l'auteur se sera plus amusé à écrire cet ouvrage que bibi à le lire. De ce fait je n'irai pas au-delà dans la lecture de la trilogie. Je me réserve toutefois la possibilité de tenter ultérieurement un nouvel essai avec " Thérapie " ou " La vie en sourdine ".

(*)https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/41634
(**)Edition Payot et Rivages 2011

Roman multiforme

9 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 26 mai 2025

David Lodge a écrit ce roman en 1975 et il en situe l’action en 1969. Les « évènements » de 1968 sont encore tout frais, avec quelques soubresauts et l’engagement américain au Vietnam est sujet à contestation, notamment dans les universités aux USA.
Pour développer la trame de son propos, David Lodge s’appuie sur deux comparaisons dans les milieux universitaires ; au Royaume Uni et aux USA. Morris Zapp, l’américain, un spécialiste de Jane Austen dans une Université américaine de premier plan de la côte Ouest, échange pour six mois son poste avec l’Anglais Philip Swallow, professeur d’anglais d’une Université plus confidentielle des Midlands.
C’est l’occasion pour David Lodge de mettre en lumière les différences sociétales d’une part, et des systèmes universitaires d’autre part entre la trépidante Amérique et l’endormi « Vieux continent ».
Côté sociétal, il en rajoute une couche puisque, contre toute attente, les deux hommes font respectivement connaissance de la femme de leur collègue échangé et que c’est l’occasion de pousser plus loin les comparaisons !
Le tout avec un humour subtil qui donne l’occasion de s’esclaffer, parfois inopinément en public si vous avez le malheur de le lire dans la salle d’attente d’un médecin. J’en parle en connaissance de cause !
Au niveau de la forme, David Lodge se lâche puisqu’il utilise diverses formes narratives ; classiques, un chapitre est sous forme épistolaire et un autre sous la forme théâtrale. Et pour faire bon poids il y a également un court chapitre où l’avancée du récit passe par des extraits de journaux.
En prime, il parvient à nous surprendre in fine en dépassant nos attentes les plus folles.
Comment ne pas recommander la lecture de Changement de décor ?!

Changements de style

6 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 60 ans) - 9 mars 2014

Je rejoins plusieurs critiques déjà faites sur ce roman.

Notamment, il souffre en effet de certaines longueurs.
Le rapprochement avec « La croix et la bannière » faite par Jlc me semble en effet pertinente, mais par contre je placerai le roman de W. Boyd plus haut que celui de D. Lodge sur l’échelle de l’humour.

L’auteur est aussi en quelque sorte un iconoclaste en mélangeant différents styles dans la même œuvre, par exemple épistolaire dans la troisième partie et théâtrale dans la dernière, et cela en gardant une certaine cohérence.

La critique qu’il fait du monde académique est une belle caricature et le ton avec lequel l’auteur aborde les relations de couple est désopilante. On se surprend à rire.

En résumé, un style à découvrir, mais je ne vais pourtant pas me précipiter sur un autre roman de l’auteur.

Humour absent

5 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 35 ans) - 18 février 2012

Ce livre a visiblement été apprécié par les lecteurs de CL. J'aime beaucoup David Lodge, je lis un de ses romans de temps en temps car en général c'est toujours un moment de lecture drôle et agréable garanti. Cette fois-ci l'humour n'a pas été au rendez-vous. J'ai trouvé ce roman beaucoup trop longuet, il manque vraiment de rythme. D Lodge arrive habituellement à rendre des détails insignifiants marquants et intrigants, pas cette fois. J'étais pourtant ravie du thème abordé ici : le milieu universitaire américain et anglais et plus particulièrement celui des lettres. La magie n'a pas opéré ; je ne lirais donc sans doute pas les romans de Lodge qui reprennent les même personnages.

Humour anglais

8 étoiles

Critique de CC.RIDER (, Inscrit le 31 octobre 2005, 67 ans) - 24 juillet 2007

Dans ce roman, David Lodge fait s’entrecroiser les destins de deux professeurs : un américain Morris Zapp, spécialiste de Jane Austen et un anglais Philip Swallow plutôt terne et médiocre. Ils se trouvent dans deux avions qui se croisent au dessus de l’Atlantique car ils doivent rejoindre les postes qu’ils ont échangés dans leurs universités respectives. Zapp est issu d’une brillante université de la côte ouest et Swallow d’une obscure high school des Midlands. Nous sommes dans les années soixante en plein mouvement hippy de lutte contre la guerre au Viet-Nam et les péripéties ne vont pas manquer…
Avec un grand plaisir (en dépit d’un départ assez laborieux), on découvre un procédé littéraire dans lequel les destins se croisent et s’entrecroisent, les partenaires s’échangent les existences sont bouleversées jusqu’au dénouement surprenant car il n’en est pas vraiment un. Lodge fait appel à tous les styles : description romanesque classique, échange de courriers, extraits de journaux et pour finir mini-pièce de théâtre…
L’humour anglais, léger ou plein de dérision est toujours présent et très agréable même s’il n’atteint pas les sommets de son chef d’œuvre « Thérapie ». Un délicieux témoignage sur ces années de révolution politique, sociale et sexuelle. Avec Lodge, on passe toujours un bon moment !


Brillantissime

8 étoiles

Critique de Jlc (, Inscrit le 6 décembre 2004, 81 ans) - 28 août 2005

Je viens de lire successivement "Changement de décor" et "La croix et la bannière" de William Boyd et si je n'avais rien lu de Lodge jusqu'à maintenant, j'ai vraiment beaucoup aimé tant pour le brio du récit que pour l'imagination formelle alors que le livre de Boyd, qui raconte lui aussi l'expérience d'un anglais timide aux USA est moins réussi, un peu long dans certaines descriptions, bien que parfois très drôle. Peut-être est-ce aussi parce que j'avais beaucoup aimé les autres livres de Boyd que j'ai lus dont ses recueils de nouvelles.
Conclusion: lisez Lodge et les meilleurs Boyd (dont "Chasse au lézard" ou "Visions fugitives". Mais c'est simplement mon avis.

Exercices de styles

8 étoiles

Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 53 ans) - 6 juin 2005

A l'instar de Raymond Queneau dans "exercices de styles", David Lodge s'amuse ici à user de différentes formes d'écritures pour nous conter les aventures des protagonistes. Ce changement de décor est le premier de la plus fameuse trilogie universitaire de l'écrivain; deux universitaires échangent leurs postes respectifs pour des motivations différentes: l'un, Morris Zapp, américain, voit là l'occasion de prendre du recul dans son couple en espérant reconquérir le coeur de sa femme. L'autre, Philipp Swallow, anglais, prend cela comme une grande aventure qui lui permettra de retrouver les sensations de sa jeunesse. Six grandes parties dans cet ouvrage qui délimitent à la fois le style de l'écriture et le champ d'action. La première partie (en vol) nous décrit le voyage de nos 2 héros et leurs motivations, correspondances délivre sous forme épistolaire les états d'âmes de Morris et Philipp. Lectures nous donne des nouvelles des 2 universitaires sous la forme de rubriques faits divers et le dénouement conclut le tout par une forme littéraire qui nous amène à faire des travellings, zooms et autres effets cinématographiques pour situer cette conclusion dans un hôtel de New-york..... La fin laissant d'ailleurs Lodge nous montrer à quel point le cinéma imprime sa modernité et sa supériorité sur le roman qu'il juge désuet et en perte de vitesse car trop prévisible (c'est d'ailleurs à cela qu'il y voit les signes du romantisme).
Ce livre de Lodge, en plus d'être intéressant pour ces formes littéraires est en plus extrêmement drôle et dresse un tableau caustique de l'usure du temps et de l'érosion des couples.

croqueur de comédie humaine

8 étoiles

Critique de Zoom (Bruxelles, Inscrite le 18 juillet 2001, 71 ans) - 6 novembre 2001

Voilà ! j’ ai lu tous les Lodge (j'ai d’ailleurs fait à ce titre exactement ce que Saule parie dans sa critique), à part " hors de l'abri " qui me tente moins, peut-être parce que les protagonistes ne sont pas des adultes, en tout cas au début (quelqu’un l'a-t-il lu et peut-il en faire une critique ?) : je les ai lus dans le désordre : peu importe, bien que quelques personnages réapparaissent dans certains, ils se suffisent à eux-mêmes. Difficile de dire quel est le meilleur, moi je les ai tous adorés, ils m’ont tous fait passer un pur moment de plaisir, " thérapie " m'a le plus fait rire et " jeux de maux " m'a le plus intéressée. Ce professeur très british qui débarque sur la côte ouest américaine en 1969 (ce serait moins drôle en 2001) et cet américain qui découvre une micro société anglaise étriquée et coincée est jubilatoire. Le dénouement est cependant un peu trop prévisible. En tout cas si vous êtes sensible à l'humour anglais et à la " peinture de mœurs ", ne manquez pas de lire David Lodge , c’est un subtil croqueur de la farce humaine.

Oui, ce livre ne manque vraiment pas d'humour !

7 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 14 septembre 2001

Mais il faut aussi avouer que c'est un de ses meilleurs, selon moi, avec "Un tout petit monde". Cet univers, pour le moins étriqué, des professeurs et chargés de cours est des plus amusant ! La mesquinerie et la jalousie s'y rassemblent pour nous en faire rire ou sourire. Quand aux sujets d'études profondes et savantes de ces messieurs, nous ne pouvons qu'être stupéfiés et nous demander ce qui peut bien les y passionner autant... Quand, par dessus le marché, une envie de séduire surprend ces extraterrestres, nous frisons le délire.

Forums: Changement de décor