Blessés de Percival Everett

Blessés de Percival Everett
( Wounded)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Jules, le 10 avril 2007 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (24 802ème position).
Visites : 4 897  (depuis Novembre 2007)

Bon livre, bien écrit

John Hunt possède un grand ranch quelque part dans le Wyoming. Il n’aime cependant pas les vaches et ne s’occupe que de dresser des chevaux. Contrairement à beaucoup d’autres, il s’est installé dans la campagne par goût et non pas par héritage. Il a fait des études d’histoire de l’art dans sa jeunesse.

John Hunt est noir et vit seul avec un vieil oncle au nom de Gus. Il engage un jeune commis du nom de Wallace. Celui-ci présent depuis à peine quelques jours, un meurtre horrible est perpétré pas loin du ranch. La victime a été savamment torturée avant que de mourir.

Wallace est immédiatement arrêté par le shérif. John Hunt ne se sent pas tellement concerné n’ayant aucune sympathie pour lui. Quant à la victime on découvre qu’elle était homosexuelle. Hunt remarque que quelques loubards circulent en BMW de par la ville.

Hunt reçoit un appel de son seul ami de jeunesse qui lui demande s’il accepterait d’accueillir son fils David pour quelques jours. Celui-ci va débarquer avec son compagnon qui affiche son homosexualité avec ostentation et même agressivement. Ils seront mal accueillis par deux des loubards.

Susie, la femme de Hunt a été tuée il y a quelques années par le coup de sabot d’un cheval. Il s’en remet très mal et n’envisage pas de pouvoir aimer une autre femme ou d’en aimer une autre. Morgan, sa jeune voisine, n’envisage pas les choses de la même façon et lui fait ostensiblement la cour.

L’ambiance de la région va se tendre de plus en plus quand des vaches vont commencer à être sauvagement massacrées. En plus, elles appartiendront toutes au seul indien du coin propriétaire d’un ranch longeant des terres gouvernementales.

Qui a commis le meurtre du jeune homosexuel ?... Qui s’amuse à tuer ces vaches ?... Que fera John face aux assiduités de Morgan ?... Qui roule dans cette BMW et que font ces gens ?...

C’est avec une écriture très sobre et directe que Percival Everett va nous emmener dans cette histoire aux héros plus que sympathiques. C’est aussi avec beaucoup de finesse qu’il va aborder le thème du racisme envers les noirs ou les rouges. Mais il n’y a pas que cette intolérance de la couleur de la peau… Il y a également celle de la différence au travers de l’homosexualité et nous sommes en plein bled…

Un livre très attachant et à lire. Je ne classerais cependant pas Everett parmi les tout grands écrivains américains contemporains comme Jim Harrison, Cormac McCarthy, Tristan Egolf (suicidé il y a deux ou trois ans), James Welsh (mort il y a seulement deux ans) et quelques autres.

Ce n’est que cela qui me pousse à ne lui donner que 3,5 puisqu’il convient de remplir cette case.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Une humanité en perdition

8 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 9 octobre 2012

Ce roman est un véritable camaïeu de blessures. John Hunt vit dans un ranch dans le grand Ouest américain avec son oncle Gus. Il a perdu Susie la femme qu'il aimait lors d'un accident : le sabot d'un cheval lui a porté un coup fatal à la tête. Il porte donc cette blessure qu'il ne parvient pas à cicatriser. De plus, il est noir ce qui provoque certaines réflexions blessantes de la part de rednecks exécrables. Il préfère la compagnie des animaux envers lesquels il est dévoué ( le coyote ) et instaure une distance avec la méchanceté des Hommes.

Un jeune homosexuel est retrouvé mort après avoir subi des violences. Des animaux sont retrouvés morts aussi. De la blessure morale, affective, on passe aux blessures mortelles, physiques.

Percival Everett reconstitue un univers sans Dieu où le bonheur est accessible lorsque l'on s'isole et reconstruit une petite communauté avec des valeurs simples et universelles. John Hunt fait l'expérience de la cruauté des hommes et de la bêtise. Lorsqu'il rencontre David, le fils de l'un de ses amis, il n'aura de cesse de le protéger tel un père face à un monde offensif, dangereux et ignoble.

Le roman est prenant, les personnages sont attachants et complexes, suffisamment riches pour intéresser le lecteur. L'univers dépeint est inquiétant et témoigne d'une vision assez pessimiste. Quelques symboles essaiment ce roman ( coyote à trois pattes, la grotte ... ). Les dialogues restent le point fort de ce roman où les êtres s'affirment par leurs propos et leurs silences.

Briser les stéréotypes

7 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 23 décembre 2009

Il est rare que la littérature nous offre un personnage d’homme noir aussi fort. John Hunt est un rude cowboy à l’esprit ouvert. On imagine Morgan Freeman jouant son rôle au cinéma. Si la première moitié dépeint admirablement un patelin de l’Amérique reculée aux prises avec un problème d’homophobie, par la suite, le roman s’enlise dans une bouillie prévisible dont les bonnes intentions ne font qu’accroître sa viscosité.

Simplicité et sensibilité

8 étoiles

Critique de Sekhorium (Braine-le-Comte, Inscrit le 28 août 2007, 38 ans) - 19 mars 2009

Percival Everett signe ici un très beau, simple mais tout en étant profond au point de vue du relationnel tissé entre les différents acteurs du livre. Alors que le monde du ranch et de l'Amérique profonde suscite dans l'inconscient des sensations rudes, taillées dans le roc froides, l'auteur américain nous fait découvrir l'envers du décor. Ces personnages, majoritairement masculins, se révèlent être d'une sensibilité attachante. Tout se joue dans la finesse, rien n'est abrupt. Un très beau roman.

Forums: Blessés

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Blessés".