Ce roman est un véritable camaïeu de blessures. John Hunt vit dans un ranch dans le grand Ouest américain avec son oncle Gus. Il a perdu Susie la femme qu'il aimait lors d'un accident : le sabot d'un cheval lui a porté un coup fatal à la tête. Il porte donc cette blessure qu'il ne parvient pas à cicatriser. De plus, il est noir ce qui provoque certaines réflexions blessantes de la part de rednecks exécrables. Il préfère la compagnie des animaux envers lesquels il est dévoué ( le coyote ) et instaure une distance avec la méchanceté des Hommes.
Un jeune homosexuel est retrouvé mort après avoir subi des violences. Des animaux sont retrouvés morts aussi. De la blessure morale, affective, on passe aux blessures mortelles, physiques.
Percival Everett reconstitue un univers sans Dieu où le bonheur est accessible lorsque l'on s'isole et reconstruit une petite communauté avec des valeurs simples et universelles. John Hunt fait l'expérience de la cruauté des hommes et de la bêtise. Lorsqu'il rencontre David, le fils de l'un de ses amis, il n'aura de cesse de le protéger tel un père face à un monde offensif, dangereux et ignoble.
Le roman est prenant, les personnages sont attachants et complexes, suffisamment riches pour intéresser le lecteur. L'univers dépeint est inquiétant et témoigne d'une vision assez pessimiste. Quelques symboles essaiment ce roman ( coyote à trois pattes, la grotte ... ). Les dialogues restent le point fort de ce roman où les êtres s'affirment par leurs propos et leurs silences.
Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 9 octobre 2012 |