L'école des femmes de Molière

L'école des femmes de Molière

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre , Littérature => Francophone

Critiqué par Sylkarion, le 9 décembre 2005 (Saint-Etienne, Inscrit le 9 décembre 2005, 43 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 8 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 272ème position).
Visites : 21 990  (depuis Novembre 2007)

Cocu or not cocu ?

Avec ce nouveau succès qui, comme tout bon succès de Molière, sera suivi d’une querelle, l’auteur s’intéresse à la question du mariage et en arrière plan de l’éducation des jeunes filles. Pour cela il utilise le principe de la comédie d’intrigue, construite sur les non-dits et les quiproquos. Une mécanique fragile qu’il agrémente de sa prédilection pour la farce, notamment avec les personnages de paysans d’Alain et Georgette (cf la scène où Arnolphe n’arrive pas à se faire ouvrir la porte sans oublier les bastonnades). Une fois encore le héros, Arnolphe, qu’on voit presque du début à la fin, est un riche bourgeois fraîchement anobli. Véritable tyran domestique, il ne croit en rien et ne vit que pour son image et dans la peur d’être cocu. Habile réflexion sur l’amour de la part de Molière, il fait d’Agnès la parfaite ingénue, capable de découvrir l’amour sans l’aide de personne. Seul bémol à cette comédie plus profonde qu’il n’y paraît, le dénouement final arrive comme un cheveu sur la soupe. On peut regretter aussi que le personnage de Chrysalde ne soit pas un peu plus développé.

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Un prototype pour Les Femmes savantes

8 étoiles

Critique de Froidmont (Laon, Inscrit le 28 octobre 2022, 32 ans) - 4 août 2023

Arnolphe a le désir d’épouser une femme, mais il craint de n’avoir, en retour de sa flamme, que des cornes au front et un nom dont on rit. Cette crainte devient chez lui une folie. Il achète en bas âge à une paysanne une charmante enfant dont il veut faire un âne. Bête comme un sabot mais en âge nubile, il barricade Agnès, précaution inutile, car l’amour va trouver par hasard son chemin dans les yeux d’un Horace qui brigue sa main. Cet amour donnera de l’esprit à Agnès qui trouvera moyen aux heures de détresse de tout contrecarrer des plans de son barbon, quand Horace ne sait que faire confession à Arnolphe, son rival, sans jamais deviner d’où vient que de la Souche puisse anticiper.

La pièce est amusante et très, très bien écrite. C’est un plaisir de lire ces essais de fuite.
Arnolphe en personnage est vraiment réussi, car Molière a donné dans sa psychologie l’épaisseur qu’il fallait pour nous le rendre humain : il est sournois, méchant et quelquefois hautain, mais il a des fêlures au fond de son cœur, quelques fragilités, la naissance d’un pleur, besoin de se confier avec cinq monologues et plusieurs apartés calés dans les dialogues. Cela le fait pencher, le rend presque tragique : on sait qu’il est méchant et qu’il est tyrannique, mais on comprend pourquoi et cela change tout. La comédie souvent laisse cela en flou, nous faisant détester le barbon comme il faut en nous le réduisant à son pire défaut, mais rien ne nous explique ce qui l’a fait tel. Ainsi il sonne creux, oubliable et sans sel. Rien de cela ici, Arnolphe sonne plein ; car il est bien écrit, Arnolphe sonne humain.
Cette composition de la psychologie préfigure déjà tous les progrès qu’il fit sur ce si subtil art dans Les Femmes savantes. Ou donnera alors à quelque âme méchante un sac entier de grains à moudre contre lui, s’appuyant sur ce point pour affirmer ceci : « Voilà qui prouve bien que ce monsieur Molière n’a jamais rien écrit de ce qui est en vers ! »
Mais je vois un reproche qui pèse sur elle. C’est que c’est une pièce qui fait la part belle à l’astuce des femmes, à comment leur esprit parvient à s’élever et surpasse celui que peut déployer l’homme, aussi rusé soit-il. Pourtant ce bel esprit est ici inutile, car c’est toujours des hommes que la solution vient sans qu’Agnès ait pu conclure l’action. Tout cela pour céder à la fichue manie de la reconnaissance et de son vain appui. Je n’ai pas en ma bouche assez d’obscurs poisons pour dire à quel sommet je hais ces conclusions !

Le petit chat est mort

7 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 16 février 2022

Honnêtement je ne peux pas dire que j'ai été super emballé par l’École des femmes. Peut-être déjà parce qu’il y a un peu tromperie sur la marchandise; en effet je veux bien que la pièce soit "féministe" mais pour le coup je trouve le personnage d'Agnès clairement sous-développé. De plus sa position d'ingénue naïve ne me l'a pas rendue particulièrement attachante. A mon sens, elle ne sert pas, par sa présence en tout cas, le discours qu'on veut donner à l’œuvre. C'est bien Arnolphe pour le coup qui reste le "personnage principal". Il est le moteur du comique: lui qui a tant moqué les maris cocus, le voilà à son tour, avant même d'être marié ! Sa relation avec ses valets est burlesque, tandis que le quiproquo avec Horace est savoureux et très bien imaginé par Molière.

Mais je trouve que Arnolphe est plus complexe qu'on veut bien le dire, pas loin d'être attachant malgré sa profonde bêtise. Dans les rares vers où il exprime ses sentiments envers Agnès (Et cependant je l'aime, après ce lâche tour / Jusqu'à ne me pouvoir passer de cet amour), je ne peux pas m'empêcher de le voir sincère, et de croire qu'il souffre réellement. Molière décidément aime brosser le portrait de personnage handicapé relationnellement parlant: le misanthrope qui ne supporte plus la bassesse des hommes, l'avare, dont l'argent est le seul langage qu'il comprends... et Arnolphe, qui a peur des femmes, voire de l'Amour ?

Côté écriture, mis à part certaines tournures, je trouve l’École des femmes relativement aisé à lire, malgré la versification. Celle-ci, malgré les alexandrins, sonne parfois un peu platement. A contrario c'est quand Molière s'éloigne de cette contrainte que je le trouve le plus percutant et le plus talentueux: il n'est qu'à voir par exemple les courts échanges entre Arnolphe et ses valets (Acte 1, scène 2) ou bien sa "discussion" avec Agnès (Acte 2, scène 5) dont on voit toute l'inanité, (dont le célèbre Le petit chat est mort qui pourrait bien, pourquoi pas, se révéler comme une métaphore de la fin de l'innocence de la jeune fille !)

Des relations femmes-hommes au 17ème

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 8 mars 2015

Le 17ème siècle était déjà propice à la réflexion sur la relations entre femmes et hommes, sur le mariage arrangé, sur l'éducation des femmes, voire leur absence. Tout cela est traité sur le ton burlesque, mais néanmoins de manière fine, par Molière, qui nous offre, une nouvelle fois, une occasion de réfléchir et nous distrayant.
Le résultat m'est apparu réussi. Les lectures scolaires peuvent donc être appréciées par les élèves et leur donner du plaisir intellectuel (lu en classe de troisième).

Une valeur sûre de la comédie

8 étoiles

Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 12 janvier 2010

Molière savait écrire des pièces drôles, satiriques et empreintes de polémiques. C'est le cas de cette école des femmes qui remplit bien son contrat.
Plaisante, la pièce ne provoque pas de fous rires mais les échanges rapides de répliques nous arrachent quelques sourires. A moins que ce ne soit l'ingénuité parfois confondante d'Agnès, les mésaventures d'Arnolphe ou encore la bêtise de Georgette et Alain.

Les personnages sont simples comme doivent l'être des personnages de théâtre, l'intrigue est mince mais l'on passe un bon et court moment. Pour tout dire j'ai lu ce bouquin à la gare en attendant mon train qui avait une heure de retard et cela m'a permis de faire passer (agréablement) le temps.

Dans l'édition que j'ai lue (Hachette) il y avait un petit dossier à la fin très intéressant sur la condition des femmes à l'époque, l'éducation qui leur était inculquée, les polémiques autour de la pièce...
Intéressant bien qu'un peu court.

Au final lire une pièce de Molière c'est ne pas prendre de risque... une valeur sûre de la comédie!

Une pièce toujours d'actualité

10 étoiles

Critique de Comtesse (Nantes, Inscrite le 28 février 2007, 38 ans) - 2 décembre 2007

L'école des femmes est l'une des pièces dans laquelle se révèle tout le génie de Molière. Génie théâtral, mais aussi génie polémiste: Arnolphe est un homme (que nous imaginons "mûr": il doit avoir quarante ans), tuteur d'Agnès, une charmante jeune fille de dix-sept ans. Arnolphe a donné à sa pupille une éducation qu'il a dirigé dans ses moindres détails, veillant à ne pas lui en apprendre trop sur le monde qui nous entoure, et la cloîtrant au logis... Et cela dans le but de s'éviter la pire des infamies: être trompé par celle qu'il regarde comme sa future femme. Car le barbon compte bien épouser cette Agnès modelée à sa convenance...Mais on ne peut pas tout prévoir... L'imprévu surgit ici sous les traits d'Horace, ravissant jeune homme qui va s'éprendre d'Agnès et réciproquement...

Sous les dehors d'une comédie, Molière signe ici un virulent réquisitoire contre ce XVIIe siècle qui veut cantonner les femmes au rôle d'épouse et de mère, en les privant de toute possibilité d'épanouissement intellectuel et de réflexion autonome, et surtout en les gardant sous la dépendance des hommes, pères ou maris.
Comme toujours chez Molière, la pièce est très agréable à lire et, une fois le livre fermé, donne à réfléchir...

heuuu... j'ai du rater quelque chose

4 étoiles

Critique de Elyria (, Inscrite le 25 mars 2006, 32 ans) - 2 avril 2007

désolée, mais sans chercher à relancer la polémique sur le malade imaginaire, je me limiterai donc à la critique de cette pièce et non de l'auteur que je n'apprécie pas particulièrement. Ici, à mon sens l'école des femmes est l'amour, l'amour donne des ailes, c'était connu, mais non content de nous faire voler, il instruit... Et détruit une vie: celle de notre pervers paranoïaque préféré: M.de la Souche! cette histoire peut être abordée sous plusieurs point différents, je ne citerai que ceux qui me semblent principaux:
-avant tout comme une farce amusante et divertissante où Arnolphe est stupide et débonnaire
-ensuite, de façon plus originale: Arnolphe comme un pervers dérangé, ayant élevé une fillette pendant 12 ans dans le seul but de l'épouser et qui, pour qu'elle soit tout à elle l'a fait la plus idiote possible. Cette interprétation peut très bien rentrer dans le cadre de la farce.
Mais voici une autre manière de faire cela qui rend la pièce de façon quasiment tragique (je pense à celle de Didier Bezace) :
en le problème d'Arnolphe comme un problème intemporel et en minimisant sa folie, insistant sur le fait que c'est avant tout un être manquant cruellement d'affection, aimant une femme, une fille qui est séparée de lui par son jeune âge et qui lui glisse des mains et s'instruit en en aimant un autre. Car Arnolphe c'est un peu nous dans nos rapports maladroits aux autres car cet homme est désespéré et peut faire pitié.


Mais ceci n'était que quelques interprétations possible, sinon, cette pièce en elle-même ne m'a pas fait rire, je n'aime pas ce genre de farce grotesque, désolée, je suis difficile pour l'humour, néanmoins, elle est intéressante quoique (attention à l'hérésie qui va suivre!) un peu vieillotte; voilà, c'est dit! :p

intéressant

8 étoiles

Critique de Lecteur n°1 (, Inscrit le 10 juin 2005, 39 ans) - 24 août 2006

Le thème traité est intéressant, "l'intrigue" est bien menée avec quelques rebondissements. Une fois de plus, Molière a su traiter un sujet sérieux avec humour et il en ressort quelque chose d'intéressant.

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