AmauryWatremez

avatar 29/06/2018 @ 15:37:00
Alors ton podium ce serait : 1) Proust, 2) Malraux, 3) Céline.
Le mien ce serait Proust tout seul !
;-))

Ah non, il faut inverser les deux derniers ; j'aime bien Céline, Malraux j'ai essayé deux fois la Condition humaine et une fois l'Etranger ; à chaque fois j'ai renoncé avec le sentiment d'avoir bien mieux à lire ailleurs.
Proust c'est vraiment hors catégorie, quand il est moins bon (comme dans la Prisonnière) on sent que c'est vraiment parce qu'il savait que le temps lui était compté qu'il lui fallait faire vite.


Ce podium, excusez moi, n'a aucun sens, ces trois auteurs sont très différents et ils est délicat de les comparer non ?

Fanou03
avatar 05/08/2019 @ 23:39:43
Je trouve intéressant de reporter ici le commentaire sur A la Recherche du temps perdu que fait Maurice Morel dans son "abrégé de l'histoire de la littérature française à l'usage des classes de lettre" (Fernand Nathan, 1936), car c'est, à mon goût en tout cas, très juste et très nuancé, et très bien dit. Cela pourrait répondre à la question de ce fil.


A la Recherche du temps perdu

"Dans ce ouvrage immense, l’auteur a pris à tâche de ramener à la lumière de la conscience son passé sentimental. Plongeant dans les profondeurs les plus malaisément accessibles du moi, il y a retrouvé les mille et une racine des miles et une impressions qui ont autrefois germé dans ce passé. Il en démêle l’enchevêtrement, il en explique la croissance, les développements, les déviations, l’affaiblissement, la mort.

Pour réaliser cette tâche ardue, il a mis en œuvre toutes les ressources d’une analyse serrée, méticuleuse, précises, et la magie d’un style souple, sineux, enveloppant et très ingénieusement imagé. Il est fâcheux que les lenteurs et la continuité de cette analyse, la complexité touffue des développements, le manque de perspective et d’aération, les embarras voulus d’un style surchargé d’incidents et de parenthèses transforment en fatigue une lecture à tant d’autres égards intéressante.

Il n’en est pas moins vrai que, telle qu’elle est, l’œuvre de Proust dépasse en puissance toutes les analyses psychologiques jusqu’ici connues."

Et concernant la dernière phrase: est-ce que d'après vous cela est encore vrai en 2019 ?



Blue Cat

avatar 09/08/2019 @ 02:14:36
Je crois pour pour lire PROUST, il y a un moment dans la vie. Trop jeune, on risque de s'ennuyer. Au bon âge, variable selon chacun, on se demande comment on a pu passer à côté. C'est le fameux kaïros. Un mot me vient pour décrire son immense sensibilité : océanique. Proust, c'est le grand bleu.

Maranatha
avatar 09/08/2019 @ 12:31:58
J'ai téléchargé A la recherche … , il faut que je m'y mette.

Shelton
avatar 09/08/2019 @ 13:16:32
Pourquoi se poser une telle question ? Faut-il lire Proust ? On sent derrière une sorte d'obligation morale qui me semble-t-il n'a aucun sens. Proust est un auteur que l'on a le droit de lire, d'aimer, détester... et avec toutes les nuances possibles...

Peut-on vivre sans lire Proust ? Je pense que c'est raisonnable de le penser...

Peut-on mourir sans avoir lu Proust ? Je le pense aussi...

Quant aux classements... Proust avec Céline ou le contraire, Malraux qui s'intercale... et tous ceux que vous n'avez pas cités mais qui aurait une certaine légitimité pour entrer dans le classement...

On ne compare pas les chaussettes et les chaussures, les tomates avec les pommes de terre, les prunes avec les pêches, les chiens et les chats...

Il faut lire, découvrir, échanger, partager, relire, redécouvrir... Les choix et les passions livresques varient avec l'âge, la situation, le moment... Certains auteurs nous accompagnent une vie entière, d'autres un temps plus limité et qu'importe !

Au fait, je n'ai pas répondu à la question... Faut-il lire Proust ? En fait, j'ai essayé plusieurs fois mais la mayonnaise n'a jamais pris et je n'ai jamais lu Proust ! En fait, si, j'ai lu les albums sortis en bédé par Stéphane Heuet...


Cyclo
avatar 09/08/2019 @ 14:33:56
Je pense surtout qu'il faut avoir vécu, une vie sociale suffisamment riche, avoir pratiqué l'amitié, avoir connu l'amour, la jalousie, je doute fort qu'un jeune de moins de 18 ans puisse aller loin dans cet océan où l'on risque de se perdre et de se noyer...

Débézed

avatar 11/08/2019 @ 13:36:21
Falloir est un verbe bien difficile à placer quand on parle de littérature, il y a tellement de textes qu'il faudrait lire !

Quant aux classifications et comparaisons ce sont deux exercices bien compliqués auxquels je n'aime pas trop me risquer.

Eric Eliès
avatar 11/08/2019 @ 18:34:18
Je pense surtout qu'il faut avoir vécu, une vie sociale suffisamment riche, avoir pratiqué l'amitié, avoir connu l'amour, la jalousie, je doute fort qu'un jeune de moins de 18 ans puisse aller loin dans cet océan où l'on risque de se perdre et de se noyer...


J'ai découvert Proust à 18 ans, contraint et forcé parce que "A l'ombre des jeunes filles en fleur" était inscrit au programme des classes prépa en maths sup... et ce fut une claque littéraire dont je ne me suis jamais remis et, pourtant, je n'avais pas beaucoup vécu ! :D Je me suis lancé dans ma lecture avec une réticence initiale qui a disparu au bout de 5 minutes. J'ai été happé par le récit et la puissance de l'écriture et je me souviens encore que j'ai lu le livre en deux jours, sans le lâcher avant la dernière page. Il y a peu de livres qui m'ont fait cet effet (je songe au Seigneur des Anneaux quand j'étais ado, ou Ptah Hotep quelques années plus tard). Pour moi, aucun écrivain n'a jamais autant poussé la langue française dans ses retranchements pour exprimer tout à la fois les nuances les plus subtiles et les sentiments les plus forts. Ensuite, ça m'a pris plusieurs années mais j'ai lu tout le cycle et je sais, pour en avoir discuté avec des amis en prépa avec moi, que je ne suis pas un cas isolé !!!

Fanou03
avatar 14/08/2019 @ 15:03:57
Pour moi, aucun écrivain n'a jamais autant poussé la langue française dans ses retranchements pour exprimer tout à la fois les nuances les plus subtiles et les sentiments les plus forts.


Eric, dirais-tu donc toi aussi comme Maurice Morel en 1936 que

"Il n’en est pas moins vrai que, telle qu’elle est, l’œuvre de Proust dépasse en puissance toutes les analyses psychologiques jusqu’ici connues."

Eric Eliès
avatar 14/08/2019 @ 17:31:52
Pour moi, aucun écrivain n'a jamais autant poussé la langue française dans ses retranchements pour exprimer tout à la fois les nuances les plus subtiles et les sentiments les plus forts.


Eric, dirais-tu donc toi aussi comme Maurice Morel en 1936 que

"Il n’en est pas moins vrai que, telle qu’elle est, l’œuvre de Proust dépasse en puissance toutes les analyses psychologiques jusqu’ici connues."


Je ne connais pas Maurice Morel et je ne suis pas psychologue mais, oui, c'est une affirmation qui me semble rendre compte - à la fois - de la puissance et de la finesse de l'écriture de Proust. En tout cas, il y a des moments d'analyse psychologique qui sont hallucinants de vérité et de profondeur, notamment tout ce qui a trait aux sentiments affectifs, que ce soit aussi bien l'amitié, l'amour que la jalousie. Et je pense que lire Proust relativement jeune (entre 18 et 25 ans) m'a changé et m'a rendu plus mature.

Shelton
avatar 23/08/2019 @ 08:36:45
Comme je l'ai déjà dit,je n'ai jamais réussi à accrocher dans les romans de Proust. Mais, à vous lire, je me dis qu'il faut que je tente encore ma chance... J'ai donc décidé de commencer durant ma villégiature océane par Proust à la plage de Johan Faerber... C'est passionnant ! Peut-être une amorce d'envie pour partir à la recherche du temps perdu...

Radetsky 23/08/2019 @ 10:56:20
Enfonçons une porte ouverte.
Au commencement était le Verbe (parait-il)... et fort de cette affirmation je me suis demandé à quoi pouvait bien rimer cette question. Faut-il lire "X" ?
Qu'est-ce que ce "falloir" vient faire ici ? traduit-il une obligation, une invitation, une incitation, une recommandation, une dissuasion, une condamnation ...??
Viendrait-il à l'idée de quiconque de demander "faut-il respirer" ? (tout comme manger, boire, parler, dormir, baiser, etc. etc.)
Oui, oui, Proust est "difficile" (ou excessif, abscons, barbant, obscur, etc. etc.), et alors ? Que dire de Saint-John-Perse, Mallarmé et consorts...
Donc, faisons l'expérience et voilà tout.

Dernière remarque sous forme de suspicion : sommes-nous entrés dans une époque où le fait d'aborder une oeuvre sortant de l'ordinaire avec hésitation, signifie que celle-ci entre peu à peu dans le domaine de l'incompréhensible (du point de vue littéraire et de l'entendement) et qu'on se résignera bien vite à l'ignorer faute d'y reconnaitre quoi que ce soit de familier ou de pertinent ? D'ailleurs, le danger existe pour à peu près tout ce qui s'est écrit de significatif jusqu'à nos jours, disons jusqu'à l'invention des écrans petits ou grands, portatifs ou non.

Les crânes d'oeuf qui concoctent des créatures androïdes intelligentes (?) iront-ils jusqu'à les rendre capables de lire Proust ? Peut-être....Mais quant à ressentir la profondeur humaine de Proust, je doute...

Shelton
avatar 23/08/2019 @ 21:57:06
D'ailleurs, remarque un peu à côté de la plaque, Proust n'aimait ni Saint-John Perse, ni Mallarmé... et il ne faut en tirer aucune information spécifique ;)

Maranatha
avatar 13/10/2019 @ 16:40:02
J'ai essayé, j'ai abandonné. Je ne suis pas parvenu à rentrer dans le livre même au bout de 100 pages. Pourtant je n'avais aucun a priori et j'étais fort motivé.
Tant pis.

Cyclo
avatar 13/10/2019 @ 20:38:49
Personnellement, je ne me lasse pas des grands auteurs de théâtre : Molière, Shakespeare; Racine, Corneille, les tragiques grecs, Tchékhov, Ibsen, etc...
Mais ça ne veut pas dire qu'on est obligé de les lire, ni Proust d'ailleurs. N'oublions pas que chaque lecture est personnelle, et le champ littéraire est suffisamment vaste pour qu'on puisse y faire sa propre récolte.

Quand on a beaucoup lu, on sait reconnaître les "grands". Et chacun lit aussi à partir de son propre vécu. Ainsi, la jalousie, un des thèmes récurrents chez Proust, je ne l'ai jamais ressentie dans ma vie amoureuse ou amicale.

Dans ma relecture de Proust, j'aborde le tome 5 de la Recherche, "La prisonnière", ce volume ainsi qu' "Albertine disparue" (ou "La fugitive") ont été lors de ma première lecture ceux que j'ai trouvés les plus pesants, justement parce qu'ils sont centrés sur la jalousie. Mais qui sait, cette fois, je vais peut-être les voir avec d'autres yeux...

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