Shelton
avatar 07/08/2018 @ 06:16:27
Mardi 7 août 2018

L’été c’est fait pour lire et l’histoire est un domaine d’exploration que nous devrions emprunter plus souvent car dès que nous quittons les rivages plus ou moins connus de l’Histoire de France nous sombrons trop vite dans le désert abyssal de l’aventure humaine… Mais restons voisins de l’Histoire de France, fixons notre regard sur Guillaume le Conquérant, sur Hastings, sur Stamford bridge et sur l’année 1066…

Bon, certains se souviennent, du moins je l’espère, que Guillaume le Conquérant, au départ fut un bâtard. Son père était fils du duc de Normandie, Robert le Magnifique. Sa mère était la concubine du duc, Arlette de Falaise. Son père étant mort jeune lors d’un pèlerinage en Terre sainte, c’est à l’âge de 8 ans que Guillaume dut se battre pour assoir son pouvoir en Normandie… et ce ne fut ni facile ni rapide !

Plus tard, Guillaume profita de la mort d’Edouard le Confesseur pour envahir l’Angleterre. A cette occasion, il se fit aider, entre autre, par Odon de Bayeux qui n’était autre que son demi-frère, un fils de la même Arlette de Falaise. C’est ce même Odon que l’on considère très souvent comme un inspirateur politique de la fameuse Tapisserie de la Reine Mathilde, dont j’ai déjà parlé quelques fois puisque je la considère comme un vénérable ancêtre de la bande dessinée…

Donc, Guillaume le Conquérant – il n’est pas encore le Conquérant à ce moment-là – décide d’envahir l’Angleterre. Il faut dire que dans le chaos qui suit la mort d’Edouard le Confesseur, il peut comme d’autres prétendre à cette couronne qui le ferait changer de statut. De duc de Normandie il deviendrait roi d’Angleterre ! Seulement, il n’est pas seul sur l’affaire…

Le premier à se retrouver sur le trône sera Harold Godwinson. Il est couronné roi en janvier 1066 et il doit affronter Harald Hardrada, roi de Norvège. Ces deux colosses vont s’affronter dans une grande bataille, plus navale que terrestre, Stamford bridge. Ce sera un désastre pour Harald qui y perdra la vie mais ce sera la cause de la victoire de Guillaume car quand Guillaume débarque à Hastings les troupes d’Harold sont éloignées et épuisées. Elles vont devoir se mouvoir à grande vitesse et seront défaites par les Normands… Cette fois-ci, ce sera Harold qui décèdera et la porte royale s’ouvrira devant Guillaume !

Je ne vais pas résumer le règne tumultueux du Conquérant mais vous donner quelques pistes de lecture. Pour es inconditionnels de la biographie classique, citons deux bons ouvrages que j’ai lus, l’un il y a assez longtemps, celui de Paul Zumthor et un que j’ai lu beaucoup plus récemment après l’avoir trouvé d’occasion chez Emmaüs, celui de Michel de Boüard. Les deux ouvrages portent le nom de « Guillaume le Conquérant ».

Mais comme je sais bien que certains ne pourront pas dévorer ces ouvrages souvent assez exigeants, j’ai en réserve une bande dessinée, « Stamford bridge », qui va raconter et plutôt bien la bataille qui va opposer Harold et Harald. C’est un album qui va quitter les chemins trop historiques pour rendre cet évènement très humain, très compréhensible et accessible à tous. Les scénaristes, Jean-Yves Delitte et Roger Seiter ne nous noient pas dans les détails inutiles et c’est très agréable. Quant au dessinateur, Christian Giné, il rend bien la dynamique d’un conflit sans se contenter d’aligner des scènes de combats… Signalons que le gros de la bataille eut bien lieu sur la terre ferme ce qui n’arrangea pas les Vikings et qui surprend le lecteur habitué de cette collection « Les grandes batailles navales »…

En tous cas, Guillaume ne s’est pas contenté d’envahir l’Angleterre, de prendre le trône mais il a inclus les Normands dans le jeu des Saxons et le conflit entre les deux peuples ne se terminera pas de si tôt ! Quant à vous, puisque l’été c’est fait pour lire, a fortiori si vous allez cet été en Normandie ou en Angleterre, il est temps de découvrir cette histoire complexe et agitée…

Donc, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 08/08/2018 @ 07:55:43
Mercredi 8 août 2018

L’été c’est fait pour lire et comme j’accorde une très grande valeur aux ouvrages pour la jeunesse je suis très heureux, régulièrement, de vous présenter des ouvrages illustrés qui à la fois racontent une histoire crédible, solide, édifiante… et, en même temps, montrent au lecteur attentif de belles illustrations, de beaux dessins qui enrichissent l’histoire et non pas la racontent à l’identique… Le dessin n’est pas fait pour ceux qui ne savent pas lire le texte, il est là pour narrer autrement… Ainsi, le livre illustré fait jouer deux imaginaires non pas en opposition mais qui sont complémentaires !!!

Dans ce magnifique album de Marianne Dubuc – ici l’autrice réalise texte et dessin – nous allons faire la connaissance de Souris dont le métier est d’être facteur ! Tous les jours, Facteur Souris quitte la poste avec une charrette de lettres et colis à livrer à Ours, Lapin, Serpent, Ecureuil et tous les autres… Il y a même un Dragon, ami de Souris, car tout le monde a bien le droit à son courrier !

Oui, pour les plus jeunes d’entre vous, il faut préciser que le courrier est un e-mail écrit sur papier et livré par une personne qui vient le glisser dans votre boite aux lettres, juste devant chez vous… Jadis, quand le courrier n’arrivait qu’ainsi, on prenait le temps de parler au facteur voire de lui payer un petit café… Si le passage du courrier était plus tardif, la rencontre pouvait même, mais avec modération, devenir l’apéritif !

La tournée de Facteur Souris sera longue, pleine de rencontres et de salutations amicales et se terminera par le domicile de Souris où il sera attendu par Maman Souris et surtout Tommy, le souriceau dont c’est l’anniversaire… Et recevoir son cadeau d’anniversaire par la poste, quoi de plus sympathique !

L’album est un grand format, très agréable à lire même si les textes ne sont pas écrits de façon trop grosse, et, surtout, avec de grands dessins qui nous font entrer chez chacun des « clients » de Facteur Souris !

Plus que l’histoire qui est très bien écrite et sympathique, ce sont les différentes maisons de la tournée qui ont retenu mon attention de lecteur. Chaque logement, chaque habitation, chaque terrier ou autre souterrain est montré en coupe ce qui permet à l’enfant lecteur accompagné de décrire, de mettre des mots sur les pièces, les meubles, les couleurs, les costumes… On descend sous terre, on va au fond des océans, sur le haut des montagnes, dans un igloo… Bref, on va partout tout au long de cette tournée et j’ai hâte, bien franchement, de lire ce bel album avec ma petite-fille qui va venir passer dix jours avec moi dans très peu de temps…

Je sais que l’autrice, Marianne Dubuc, a récidivé avec Facteur Souris en proposant une nouvelle histoire : « Les voyages extraordinaires de Facteur Souris », mais j’avoue ne pas avoir lu ce nouvel opus… Mais je suis par contre très content que l’aventure continue car le premier album est réellement une belle réussite !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire et faire aimer la lecture, voici une belle histoire, « La tournée de Facteur Souris », que vous devrez lire, probablement relire un certain nombre de fois et qui devrait ouvrir le dialogue avec les plus petits autour des livres et de la lecture !

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 09/08/2018 @ 06:03:19
Jeudi 9 août 2018

L’été c’est fait pour lire et généralement un livre est un objet que l’on aime classer. Le libraire pour mieux le vendre, le lecteur pour avoir ce qu’il attend, le prescripteur pour mieux conseiller, l’enseignant pour ne pas commettre d’impair… et ainsi de suite ! Sauf, que cette hyper classification tue toute surprise ! Or, la lecture est aussi un lieu de surprise, de questionnement, de bouleversement, d’imprévu et d’imprévisible… Sans ces sortes d’aléas, la lecture serait monolithique, uniforme, triste… et ce n’est pas ce que j’aime !

Alors, quand on se retrouve un peu par hasard avec le livre « Paris n’est qu’un songe » de Nicolas d’Estienne d’Orves, on est bien en mal de vous le classer même de façon approximative… On pourrait dire qu’il s’agit d’un petit livre mais avec une telle définition vous pourriez comprendre un livre qui ne vaut pas grand-chose ou un livre léger… Et ce n’est pas du tout le cas !

Vous pourriez dire qu’il s’agit d’un ouvrage d’anticipation puisque le personnage narrateur a construit une machine à remonter le temps. C’est vrai, indiscutablement, mais c’est un aspect presque secondaire du roman donc je n’insisterai pas sur ce point…

Ah, je pourrais vous annoncer que le personnage principal et essentiel de ce roman est la ville de Paris ! Pas faux, mais d’une part vous vous en doutiez un peu en lisant le titre et d’autre part cela ne vous avance guère pour comprendre de quoi il s’agit…

Alors, je pourrais vous crier qu’il s’agit là d’un thriller époustouflant et que le suspense est terrible pour le lecteur du début à la fin… Et ce serait certainement exagéré car si suspense il y a bien, il est modéré et le lecteur comprend assez vite l’issue du roman même s’il n’est pas capable d’anticiper sur les détails…

Ok, mais c’est quand même bien un roman sur l’histoire de Paris, d’ailleurs complété par un excellent dossier sur le métro parisien ! Là, c’est sûr et indiscutable ! Oui, je le concède, il y a bien un fond historique avec la création du métro parisien, même pour être plus précis, une sorte de reportage sur l’inauguration de la première ligne de métro, la 1, entre la Porte Maillot et la Porte de Vincennes. On rencontrera d’ailleurs Fulgence Bienvenüe… Mais, de là à vous faire croire qu’il s’agirait de l’histoire du métro parisien, de la grande Exposition universelle de 1900 ou des Jeux olympiques de Paris, évènements qui sont bien en toile de fond du roman, ce serait vous mentir quelque peu…

Alors, oui, je suis bien là avec un petit objet non identifié, très agréable à lire, peu volumineux et rapidement lu, dont le personnage Sylvain Chauvier est assez surprenant même s’il est amoureux, à sa façon, de la ville de Paris. D’ailleurs, c’est surtout le romancier, Nicolas d’Estienne d’Orves, qui est fol amoureux de Paris et peut-être même de ce Paris fou de 1900… Allez savoir !

Alors comme l’été c’est fait pour lire, comme certains iront faire un tour du côté de Paris, je pense que ce petit opus devrait trouver sa place dans le bagage pour être lu dans le train, à Paris assis sur un banc public à l’ombre d’un bel arbre, assis dans le bois de Vincennes ou le soir dans son lit à l’hôtel ou dans l’appartement loué… Oui, ce sera certainement une autre façon de voir la Ville qui, à défaut d’être éternelle comme Rome ou sainte comme Jérusalem, est tout simplement la plus belle ville du monde !

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 10/08/2018 @ 05:50:41
Vendredi 10 août 2018

L’été c’est fait pour lire et comme j’aime bien tout lire, il n’y a pas de raisons objectives pour que je ne vous présente pas, une fois ou l’autre, un abécédaire. Il faut dire quand même que le format abécédaire n’est pas toujours des plus agréables à lire – même si j’en ai commis un il y a quelques années sur Jean-Paul II – car cela peut vite sembler décousu. Part contre, je reconnais que ce n’est que très rarement le cas avec les ouvrages de la collection « Dictionnaire amoureux… » car la passion transparait très vite dans le texte créant un véritable lien entre les rubriques. Mais quand l’auteur est Yann Queffélec, plus aucun souci, car on a le sentiment que le livre est d’abord écrit de façon classique avant d’être découpé en rubriques… à moins que l’auteur après avoir écrit ses rubriques jouent au maçon pour reconstruire le lien… Dans les deux cas, on a un livre à double entrée : soit on cherche les rubriques désirées dans une table alphabétique soit on dévore le livre de la première à la dernière page ! C’est comme si on avait deux livre, un texte poétique, passionné et génial et un Dictionnaire amoureux… Deux pour le prix d’un, qui dit mieux ?

J’ai deux ouvrages de cette collection signés Yann Queffélec, le « Dictionnaire amoureux de la Bretagne » et le « Dictionnaire amoureux de la mer ». On pourrait croire que chez lui cela relève de la redite, de la répétition ou du radotage, mais, en fait, c’est beaucoup plus fin que cela… Alors, même si cela m’est difficile de rester objectif sur de tels sujets, je vais essayer de rester calme et lecteur attentif !

L’ouvrage sur la Bretagne était sorti en 2013 et je l’avais dévoré sagement et prudemment. Il faut dire que Queffélec n’est pas n’importe qui, il est le fils d’Henri Queffélec, un romancier que j’ai lu plus jeune et qui symbolise une forme de Bretagne classique… Yann est aussi romancier mais au départ il n’est pas pour moi spécifiquement breton ou marin, il est homme de lettres. Certains de ses romans m’ont touché comme « Happy Birthday, Sara » pour lequel je devais l’interviewer… mais il m’avait posé un lapin ou oublié sur le quai… Donc, disais-je, je suis entré dans son livre sur la Bretagne et au bout de quelques pages je fus séduit, touché, bouleversé… Je le lisais dans l’ordre et rien ne me faisait dévier : Abalone, Aber, Ankou…

Là, il faut que je précise que dès la première rubrique, il positionne et date les choses : « Aber-Ildut, 1er juin 2009, dix-neuf heures, marée basse ». Or, dès mon plus jeune âge, j’ai passé des vacances à Penfoul, petite plage de la commune de Landunvez où mon grand-père louait tous les ans une maison qui lui permettait de recevoir ses enfants et petits-enfants, à deux pas – si je puis dire – de l’aber-Ildut. Mais ce n’est pas tout ! Chaque année, dès que l’on arrivait en Bretagne pour les vacances, nous changions d’heure. Nous passions aux heures de marées qui allaient rythmer nos activités estivales, du début à la fin ! Enfin, la ville référence était bien Brest la blanche, Brest même comme on dit là-bas, ville de naissance du père de Yann et ville dans laquelle j’ai été étudiant durant deux années universitaires… Oui, je ne peux que l’avouer, j’étais touché au cœur de ma mémoire et d’une partie de ma vie…

Or, après cette expérience de lecture qualitative et émotionnelle, voici que le même auteur récidive avec un « Dictionnaire amoureux de la Mer »… et j’ai bien sûr immédiatement cédé à l’appel de l’océan… Oui, je dis Océan car mer et océan se mêlent dans cet ouvrage ce qui est bien normal car « notre » Bretagne est bordée par la Manche, la mer d’Iroise, l’Océan Atlantique… C’est ainsi, on nous a tout donné dès le départ ! Bon, je précise bien que ce dictionnaire amoureux est plus vaste et que l’on parle bien de la mer en général… Il y a même une rubrique sur la Méditerranée ! D’ailleurs, citons quelques lignes, juste pour le plaisir :

« J’arrivais en Finistérien borné pour qui la mer c’est l’océan. Pour qui la Méditerranée c’est… Eh bien c’est inexistant. C’est la mer sans être la mer, la marée n’y est pas, le beurre n’y est pas… » Oui, c’est vrai que pour nous cette « petite » mer intérieure n’est pas attractive. A se demander même comment Homère à pu s’y perdre quelque peu…

Bon, tout cela pour vous dire que ces deux dictionnaires amoureux sont délicieux et doivent se savourer avec modération, bonheur et plaisir car si l’été c’est fait pour lire le paradis terrestre, lui, est bien en Bretagne ! Alors, si vous ne pouvez pas y aller cet été, si vous êtes obligés de revenir en Bourgogne ou Lorraine pour travailler, le « Dictionnaire amoureux de la mer » vous offrira quelques embruns iodés signés Yann Queffélec !

Bonne lecture et à demain !


Shelton
avatar 11/08/2018 @ 06:59:27
Samedi 11 août 2018

L’été c’est fait pour lire et, peut-être, cette année avez-vous choisi d’aller découvrir le nouveau parc d’animation Spirou qui a été inauguré dans le sud de la France, du côté d’Avignon. Bon, je vais oublier quelques instants ce parc que je ne connais pas pour me focaliser plus sur Spirou car, figurez-vous que ce personnage de bédé fête tous simplement ses 80 ans d’existence, d’aventures et de plaisir partagé avec les jeunes lecteurs…

Contrairement à beaucoup d’entre vous, je ne suis pas de la génération Spirou [j’entends là du magazine qui paraissait dans les temps héroïques de mon enfance, quand je lisais le Journal Tintin et Pilote]. Je croyais même que le personnage de Spirou était un héros belge… Ah ! Vous ne saviez pas que c’était un Français qui l’avait créé, un certain Rob-Vel, de son véritable nom Robert Velter. C’était le 21 avril 1938, à la veille de la guerre qui allait ravager l’Europe puis le monde… Cet auteur, atypique qui avait commencé dans l’hôtellerie avant d’enchaîner sur la marine pendant quelques années, avait la passion du dessin depuis son plus jeune âge. C’est après quelques petits essais que sa femme qui signe Davine lui offre le scénario de la première histoire de Spirou, parution dans le journal éponyme qui vient de démarrer [En fait, le nom avait été choisi pour le magazine par Emile-André Robert un ami de la famille Dupuis. Spirou est un mot wallon qui signifie écureuil, ou par extension espiègle].

C’est la guerre qui empêche Davine et Rob-Vel de prolonger les aventures de Spirou qui sont alors reprises par le grand Jijé qui est le créateur de Fantasio. La série Spirou sera alors poursuivie, à partir de 1946, par un jeune dessinateur inconnu, un certain André Franquin… Avec quelques jeunes artistes, il fréquente les studios CBA… Il y avait là Morris, Peyo, Eddy Pape…
Franquin va réellement donner vie à Spirou, va en faire une grande série, va y apporter son génie, son délire, en y plantant un animal extraordinaire, le plus étonnant de la bédé, le Marsupilami !!!
C’est cette période de Spirou dessiné et scénarisé par Franquin que les éditions Dupuis ont voulu mettre à l’honneur dans leur collection des Intégrales. Le premier volume englobera les années1946 à 1950, avec 14 histoires. Certaines de ces pages avaient été publiées dans des albums comme L’héritage ou Radar le Robot.

Bien sûr, le graphisme n’est pas encore aussi fluide que dans les aventures avec un certain Zorglub… Franquin pensait que c’était des péchés de jeunesse, son éditeur pense qu’il fallait (re)faire lire ces planches aux jeunes amateurs de Spirou et du Petit Spirou ! Moi, je suis tenté de voir les choses autrement. En effet, comme je n’étais pas très Spirou, c’est la meilleure façon de découvrir l’œuvre, de la prendre par le départ, de voir les personnages se mettre en place, construire leurs relations… Bref, c’est la meilleure des initiations, attaquer l’œuvre à sa genèse ! C’est à partir de l’histoire Les plans du robot que je commence à adhérer et que je me dis que je n’ai pas eu la chance de lire le journal Spirou dans mon enfance… Pour un peu, j’en voudrais à mes parents s’ils ne m’avaient pas offert Pilote dès sa parution, ou presque…

Contrairement à ce que je disais au départ, ces histoires initiales de Spirou fonctionnent encore assez bien avec des jeunes lecteurs… Mais elles sont aussi indispensables aux adultes qui ont eu leur jeunesse bercée par les histoires de Franquin, Gaston comme Spirou, et qui n’ont pas gardé leurs collections complètes…

C’est aussi une belle promenade dans l’histoire de la bande dessinée, car, franchement, Spirou a marqué tant de générations qu’il est impossible de l’oublier et comme l’été c’est fait pour lire pourquoi ne pas s’atteler à la lecture intégrale de la vie de ce héros de 80 ans (actuellement 16 tomes de sortis avec tous les albums qui ont suivi ceux de Franquin jusqu’en 1999 !

On peut signaler aussi, moins volumineux, un numéro spécial de Télé 7 jours consacré à Spirou et Fantasio…

Donc, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 12/08/2018 @ 07:00:22
Dimanche 12 août 2018

L’été c’est fait pour lire et recevoir ses amis à table pour reconstruire le monde qui ne va pas si bien, un bon verre frais à la main… Soit, mais il y en a un peu marre de ces merguez grillées au barbecue, de ces brochettes trop sèches qui donnent soif, de ce cochon qui embaume tout le quartier… Je dis cela, mais rien de tout cela n’arrive chez moi – dit-il de façon un peu prétentieuse car il savait que dans sa bibliothèque de cuisine il y avait réponse à tout !

Commençons par le début. Oui, c’est indiscutable, j’ai bien une bibliothèque de cuisine avec plus de 150 volumes de touts les âges, de tous les genres, de tous les formats… j’en ai même tellement que je pense qu’il doit y en avoir quelques-uns que l’on n’utilise pas trop voire jamais… Mais, je dois vous l’avouer, les livres de cuisine, je les dévore sans les suivre à la lettre, je m’en inspire mais je suis bien incapable – ou presque – de suivre une recette à la lettre… Cette bibliothèque de cuisine est donc une sorte de sanctuaire de l’inspiration, du rêve et du patrimoine… Il se pourrait même que certains ouvrages, très anciens, soit complétés par des menus de fêtes de la famille datant du XIXe siècle… Et à cette époque on ne rigolait pas quand on passait à table !

Mais revenons-en à nos moutons, plus exactement à nos grillades d’été – et l’été c’est fait pour lire, slogan obsessionnel ! – qui ne sont pas trop sèches mais originales… La recette est simple, tout est dans la marinade ! A chaque fois, les amis du jour me demandent ce que je mets dans la marinade et je n’ose pas toujours répondre à cette question. D’abord, par qu’il s’agit très souvent d’une nouvelle invention car la marinade parfaite est réalisée avec ce que j’ai sous la main : vin, alcool, bouillon, herbes, épices, légumes, restes d’un repas… Ensuite, parce qu’il s’agit d’un secret de fabrication qui assure l’originalité des grillades d’un soir… Ah, je me souviens d’un morceau de thon au barbecue, chez toi, un soir d’été… Il y avait comme un goût de gingembre, d’orange amère, de piment… Oui, il y avait bien tout cela mais aussi du basilic frais, de l’huile d’olive et de l’alcool… Mais je n’en dis pas plus car chacun sait ce que le thon peut devenir avec nos marinades – chacun la sienne – un des plats succulent du barbecue du soir, même quand il fait très chaud…

Alors, puisqu’il est hors de question que je vous livre mes recettes de marinades, je ne peux que vous conseiller deux choses. Tout d’abord, n’hésitez jamais à acheter, lire et garder en source d’inspiration les livres qui traitent des marinades car tout est bon à prendre comme idée. Puis, deuxième étape, testez ! Il n’y a que cela qui fonctionne, l’expérience ! Une fois j’expliquais à un amis que je n’hésitais pas à faire des marinades improbables, par exemple, à mettre du porc dans une sorte de vinaigrette… Je voyais ses yeux étonnés et je lui disais de tester car il pourrait bien être surpris du résultat… Par exemple, avec le lard vous n’allez pas mettre de l’huile mais juste cette pointe d’acidité qui va transformer un bout de gras en délice… Que les médecins ferment les oreilles un instant ou se resservent sans rien dire !

Un petit conseil pratique, dès que vous utilisez de la viande fragile (blanche coupée fin par exemple) ou du poisson, les marinades cuisent ces produits très vite. Il ne fait donc pas laisser la marinade agir trop longtemps car vous risquez de n’avoir plus grand-chose à passer au barbecue…

Dans cet ouvrage, « 80 recettes de marinades pour plancha, barbecue, gibier… », vous trouverez ainsi des ingrédients que vous n’avez jamais utilisés dans vos marinades : vinaigre de riz, sauce d’huitres, huile de sésame, cidre breton – oui, cela ne fonctionne jamais avec du cidre normand ! – ou yaourt… Je signalerais juste pour conclure cette chronique que c’est à vous de tester, d’expérimenter tout cela, de vous approprier les marinades qui deviendront votre signature culinaire…

En attendant, très bonne lecture, bonne marinade et à demain !

Shelton
avatar 13/08/2018 @ 07:28:59
Lundi 13 août 2018

L’été c’est fait pour lire et dans les auteurs dont j’avais annoncé que je reviendrai en parler, il y avait un certain Pierre Drieu La Rochelle. Cette annonce avait fait réagir car pour certains on plonge avec lui dans les années les plus noires de la littérature française, pour d’autres on est face à l’archétype de la victime de l’épuration, enfin, pour d’autres plus raisonnables, il s’agit simplement d’un écrivain parmi d’autres dont la qualité pourrait être discutable… Et il y a, qui sait, un peu de tout cela chez cet écrivain atypique… Allez savoir ?

Pour tenter de rester objectif, au moins un tant soit peu, j’ai décidé de me faire accompagner par un excellent ouvrage d’Aude Terray, historienne contemporaine qui a écrit une très bonne biographie de Claude Pompidou, épouse du président de la République. Son livre, « Les derniers jours de Drieu La Rochelle », n’est ni une justification ni un réquisitoire pour ou contre cet écrivain. Elle a juste décidé de raconter ses derniers mois en mettant en place des flashbacks qui permettent de comprendre la vie et surtout le suicide de cet homme…

Il faut savoir que Pierre Drieu La Rochelle, après un engagement politique fort et incontestable dans la collaboration, l’antisémitisme et l’amitié avec les nazis, va tenter de suicider en 1944. Ce sera un échec et c’est le récit des mois qui séparent cette première tentative de son suicide définitif (15 mars 1945) que l’historienne nous narre… Période riche en écriture (Mémoires de Dirk Raspe), en réflexions politiques, sociales, littéraires et métaphysiques, en introspection… Grâce à ce récit, on comprend beaucoup mieux l’auteur et l’homme.

Pour ceux qui ne le connaissent pas du tout, on va juste rappeler que Pierre Drieu La Rochelle a fait la Première Guerre mondiale, comme de nombreux autres écrivains français, et qu’il en est sorti traumatisé (comme Céline aussi, d’ailleurs). Ses premiers romans ne laissent pas la critique et le public indifférents. On peut citer quelques titres qui sont représentatifs de cet auteur : Une femme à sa fenêtre (1929), Le Feu follet (1931) ou Gilles (1939). Souvent, on va considérer Drieu La Rochelle comme un écrivain talentueux mais paresseux. Il commence bien ses romans mais ne sait pas les terminer… Et, il en a conscience !

Il fut dans sa vie l’ami d’Aragon (ce qui l’empêchera d’adhérer à l’Action Française), de Gide (ce qui est peut-être le reflet de son interrogation majeure face à l’homosexualité), de Malraux (avec qui tout se brisera quand l’un deviendra combattant de la France Libre et l’autre adepte du jusqu’auboutisme avec les nazis), il est l’un des acteurs de la libération de Jean-Paul Sartre durant la guerre (mars 1941)… mais il est aussi l’un de ceux qui a accepté de voyager en Allemagne nazie à l’invitation de Goebbels avec Brasillach, Jouhandeau, Fernandez ou Bonnard…

C’est en devenant directeur de la Nouvelle Revue Française (NRF de chez Gallimard), que Drieu se met sur le devant de la scène, qu’il prend de plus en plus de risques avec l’occupant et qu’il se fait en plus des ennemis irréductibles qui lui en voudront à mort… Seulement, voilà, Drieu est un dandy, un homme léger, inconsistant à sa façon, fragile, qui ne voudrait que la vie facile et en 1944 la perspective de la prison, de la proximité carcérale et du tribunal le font trembler… C’est pour cela qu’il va tenter de suicider une première fois et malgré l’entourage chaleureux de quelques femmes fidèles, il finira par se suicider plutôt que de se rendre aux autorités qui le recherchent…

Reste alors à mes yeux, un roman, celui de la désillusion, de la prise de conscience, des rapports faussés entre l’artiste, l’intellectuel et les tenants du pouvoir… C’est pour moi, le roman à lire s’il ne fallait en lire qu’un, « L’homme à cheval » (1943)… Alors puisque l’été c’est fait pour lire…

Bonne lecture et à demain !

Vince92

avatar 13/08/2018 @ 13:53:16
J'aurais conseillé tout Drieu sauf cet Homme à cheval qui m'a parru plus qu'abscons...comme quoi, les goûts et les couleurs :)

Shelton
avatar 13/08/2018 @ 18:11:10
Effectivement, comme quoi des goûts et des couleurs... :)

Shelton
avatar 13/08/2018 @ 20:51:16
CC. Rider, lui aussi, semble faire le même choix que moi... Et cela ne signifie pas qu'il s'agit du meilleur livre car il y a bien une affaire de goût...

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/22239

Shelton
avatar 14/08/2018 @ 06:30:28
Mardi 14 août 2018

L’été c’est fait pour lire mais certains chuchotent dans mon dos que je ne lirais jamais de mangas… La preuve ? Je n’en parle jamais ! Alors, rectifions… Je ne suis pas un gros lecteur de mangas, c’est vrai mais j’en lis quand même quelques-uns et certains auteurs, je devrais dire mangakas, sont régulièrement à l’honneur dans mes chroniques ou émissions. Par exemple, récemment, dans une émission sur le concombre, j’ai fait une allusion au Sommet des dieux de Taniguchi. Mais puisque je vous sens en attente, parlons aujourd’hui du grand maître du manga, Osamu Tezuka. C’est d’autant plus l’occasion qu’il est né il y a 90 ans, du moins si je sais bien compter…

Durant de longues années, on me parlait d’Osamu Tezuka et on me le présentait comme d’un des meilleurs auteurs de mangas. Mais j’hésitais, je prenais mon temps, je cherchais par lequel j’allais commencer, je me refusais à croire trop vite mes amis qui le vantaient sans cesse…
Veuillez Dom et Maud accepter mes excuses ! Oui, vous aviez bien raison, il fallait lire Osamu Tezuka et je vous propose, maintenant, de le découvrir à travers cette série « Ayako » car après tout, il faut bien commencer par quelque chose… Il ne sera pas dit que je ne parle jamais de mangas durant l’été… Non, mais…

Commencer par Ayako n’est pas idiot car très rapidement vous allez comprendre le monde d’Osamu Tezuka. Il commence dans la bande dessinée japonaise en 1946. Le Japon d’après guerre. Je vous rappelle que cette Nation s’est retrouvée dans le camp des vaincus et que les Japonais vécurent très mal l’occupation de leurs îles par les Américains. Mais c’est justement la toile de fond de cette histoire, Ayako.

Le 13 janvier 1949, Jiro Tengé rentre au pays après avoir été prisonnier. Remarquez que c’est déjà un problème, il eut mieux valu qu’il soit mort car un prisonnier est un homme qui ne s’est pas battu jusqu’à la mort pour son pays. Jiro apporte donc avec lui un peu de déshonneur pour sa famille…

Mais, en fait, il va plus loin dans la honte, car il a accepté de trahir ses compatriotes en camp pour survivre et le voilà espion à la solde des Américains…

Mais sa famille n’est pas non plus parfaitement blanche et pure… Mais il ne faut pas que je vous en dise trop… Disons que le père est un sacré coucheur, c’est le moins que l’on puisse dire, que le fils aîné est très intéressé, enfin à ce point ce n’est plus de l’intérêt c’est obsessionnel… Quant à Ayako, sa petite sœur qui est née pendant la guerre, quand il n’était pas là… il se demande bien qui en est le père ? La mère ? Et elle va avoir une vie bizarre cette petite Ayako !

Mais, très vite l’histoire bascule dans une chronique glauque du Japon d’après guerre : occupation américaine, réforme agraire, loi du clan familial… Le tout avec une bonne histoire policière et vous allez passer un bon moment de lecture…

Voilà pour le cadre général de l’histoire. Pour le graphisme – Osamu Tezuka fait tout dans ce récit, dessins et texte – il est assez simple. Ce n’est pas aussi épuré que la ligne claire de Hergé mais on comprend assez facilement pourquoi il fut surnommé parfois le Hergé japonais. Tout le dessin sert le récit et on y trouve que ce dont on a besoin, pas de dorure, pas de bonus inutile, le manga est un art narratif et Osamu Tezuka ne se laisse distraire par rien… Du coup, malgré un sens de lecture japonais, incontournable pour les mangas, le lecteur plonge très rapidement dans l’histoire et après quelques pages oublie complètement le sens de lecture et ses particularités…

Osamu Tezuka est mort en 1989. C’est un grand des mangas et il faut prendre le temps de le découvrir. La série Ayako a été publiée par les éditions Delcourt qui en ont proposé une intégrale en 2011 et elle sera rééditée à l’occasion des 90 ans de la naissance d’Osamu Tezuka… Donc, comme l’été c’est fait pour lire, vous voyez ce qu’il vous reste à faire…

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 15/08/2018 @ 07:32:38
Mercredi 15 août 2018

L’été c’est fait pour lire mais je dois vous avouer que lorsque je fais mon plan de lecture et de chroniques je tiens compte de nombreux critères pour varier les plaisirs, aborder des genres plus ou moins accessibles à tous y compris aux jeunes et très jeunes lecteurs, enfin, je regarde la taille des ouvrages pour ne pas me laisser prendre au piège d’ouvrages non terminés. En effet, je ne chronique que ce que j’ai lu ce qui peut sembler normal à certains mais mérite d’être précisé au moment où ce n’est pas toujours le cas sur certains médias…

Donc, lorsque j’ai vu la taille du « Baroque sarabande » de Christiane Taubira et le thème annoncé – les livres et écrivains qui l’avaient façonnée – je l’avais immédiatement mis de côté. Je ne me suis même pas précipité pour le lire, pensez donc, un opus de 170 pages, petit format, cela serait vite lu…

Bon, en fait, il s’avère que les choses sont beaucoup plus compliquées que prévu, si je puis dire. En effet, si l’ancienne Garde des sceaux livre bien un ouvrage sur les auteurs et livres qui lui ont permis de se construire, elle parle aussi musique, peinture, cinéma, danse, art en général… et les thèmes sont nombreux, riches, surprenants, remuants… Franchement, chaque page mériterait une chronique et je n’exagère pas ! Alors, rassurez-vous, je ne vais pas vous offrir 170 chroniques, ce sera beaucoup mieux si vous lisez vous-même le livre. Oui, c’est un texte exigeant, très bien construit même s’il donne l’aspect d’une rêverie solitaire à l’ombre d’un grand arbre de sa région natale… D’ailleurs, faut-il dire région, terre, pays… chacun fera comme il voudra dans le respect d’une personne qui aime les Lettres qu’elles viennent de chez elle ou de chez les autres… D’ailleurs, son pays est l’Humanité !

J’aime tout particulièrement le chapitre qui traite des « fleurs toxiques », c'est-à-dire des livres de certains écrivains dit infréquentables. Oui, Taubira parle de la fascination exercée par des « œuvres qui véhiculent des vapeurs profondément réactionnaires, parfois mortifères et même objectivement agressives à l’encontre de lecteurs au regard de leur situation sociale, sans qu’ils soient retenus d’y adhérer ». Oui, elle site alors Drieu La Rochelle, Joseph de Maistre, Jules Romain, Céline, Daudet, Bernanos… Je ne vais certainement pas juger Taubira d’autant plus que je vous dis régulièrement que certaines œuvres de ces auteurs peuvent être lues et appréciées… Oui, notre culture se fabrique aussi avec ces œuvres, certaines fascinations ou adhésions, certains rejets et certaines colères liées à des livres participent à notre « fabrication » interne. C’est ainsi et cela ne justifie pas un rejet de Taubira comme je l’ai lu il y a peu… Oui, on peut lire Drieu sans soutenir sa politique de collaboration durant le Seconde Guerre mondiale !

Il est d’ailleurs surprenant de voir que ces quelques lignes de « Baroque sarabande » aient fait tant parler car ce n’est quand même pas l’essentiel. Il y a beaucoup plus sur Aimé Césaire que sur Chardonne… Mais avec Christiane Taubira, j’ai l’impression que l’on a toujours mille bonnes raisons de lui en vouloir… Pour certains c’est à cause de la présidentielle de 2002, pour d’autres ce sera le mariage pour tous, pour de nombreux concitoyens ce sera simplement parce que c’est une femme, parce qu’elle est noire, parce que sa parole est pertinente, tout simplement ! Moi, cette femme me fascine car elle est profondément humaine et cela me touche beaucoup, parce qu’elle aime les livres et les auteurs ce qui ne peut pas me laisser indifférent, parce qu’elle est cultivée et c’est un luxe qui se perd de nos jours, parce qu’elle réfléchit et c’est bon pour le moral !

On ne peut pas tout citer mais terminer cette chronique sans parler, au moins en donnant leurs noms, de deux auteurs qui sont bien en place dans ma bibliothèque, m’aurait semblé regrettable. Donc, il y a aussi quelques belles phrases sur Mahmoud Darwich et Toni Morrison…

Mais pour en savoir plus, comme l’été c’est fait pour lire, n’hésitez pas à embarquer pour cette « Baroque sarabande » en compagnie de Christiane Taubira…

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 16/08/2018 @ 04:32:00
Jeudi 16 août 2018

L’été c’est fait pour lire et il est impératif d’offrir aux plus jeunes lecteurs de belles histoires ! Mais une « belle histoire » n’est pas une histoire qui plait aux adultes, qui répond aux canons du roman français ou qui suit la morale judéo-chrétienne… Non, c’est avant tout une histoire qui est adaptée, qui interpelle l’enfant, qui le fait rêver, qui l’emporte très loin et qui, finalement, lui fait toucher du doigt la magie du livre…

Alors, bien sûr, je n’ai pas la science infuse et je n’ai pas un jugement absolu pour choisir les ouvrages que je vais proposer aux plus jeunes. Cela fait donc longtemps que pour remédier à cela je fais tester les livres par des lecteurs eux-mêmes, de jeunes lecteurs, bien sûr. Au début, ce furent mes enfants, puis des enfants des classes dans lesquelles j’intervenais puis, maintenant, ce sont mes petits-enfants ou ceux de mes amis… « Maëlle et Margot », notre album du jour, a bien été validé par une lectrice de presque 3 ans…

Maëlle et Margot sont deux petites filles qui se rencontrent un matin dans une gare. Comme c’est l’été, on peut supposer que c’est un voyage de vacances, même si dans les faits les couleurs et paysages croisés et traversés ne semblent pas trop de saison… Les deux filles vont faire le même voyage en train et descendre au même arrêt le soir venu. Elles ne se connaissent pas avant la rencontre et cela va ressembler à ces rencontres improbables que les enfants savent si bien vivre et exploiter… On se croise et on est copine pour la vie !

Alors, durant ce voyage, elles vont passer le temps ensemble. Ensemble, Margot et Maëlle vont jouer, être espiègles, se disputer, se taquiner… Elles sont dans un temps hors du temps, un espace de partage d’émotion, de jeux, d’ennui, de joie… Dans ce laps de temps d’une journée, elles vivent toutes les étapes de l’amitié sans oublier les plus délicates, l’incompréhension, la lassitude, le rejet, le manque, le désir de l’autre, la réconciliation… Oui, ce voyage est une façon d’expérimenter l’amitié et on est bien là dans une question qui percute les soucis de l’enfant, lui qui tous les jours parle de l’amitié pour toujours… entre deux disputes !

L’adulte en lisant cet album y verra comme une parabole ou métaphore de la vie, de ce chemin – de fer – que l’être humain suit et des rencontres qu’il fait… Avec cette histoire l’adulte lecteur ou accompagnateur va pouvoir aborder de très nombreux sujets autour de l’altérité, y compris préparer la venue d’un frère ou d’une sœur… Tout est dans la façon d’interpréter l’histoire qui, elle-même, est très légère, sans trop de contraintes et donc pourra s’adapter parfaitement à toutes les situations ou presque !

Il s’agit réellement d’un très bel album sur la vie, sur l’amitié, sur la rencontre… mais aussi sur le voyage, sur les changements, et sur l’avenir…

L’histoire est signée par Danny Parker, un auteur australien qui est aussi enseignant en littérature et théâtre et sa principale source d’inspiration est la vie familiale.

La mise en dessin est le fruit du travail de Freya Blackwood, une illustratrice australienne qui a vécu successivement en Ecosse, en Nouvelle Zélande, an Australie. Son travail sur les effets spéciaux pour le film « Le Seigneur des anneaux » a été plus que remarqué mais elle excelle dans les illustrations pour enfants !

Je ne peux que vous inviter à lire cet album et surtout à découvrir que la littérature dite jeunesse est en fait une belle littérature à lire et découvrir tous les jours avec ces petits chéris que l’on aime !!! Et, comme l’été c’est fait pour lire, je ne peux que vous souhaiter bonne lecture et demain !

Shelton
avatar 17/08/2018 @ 05:50:15
Vendredi 17 août 2018

L’été c’est fait pour lire et il est bon pour sa culture et la vivacité de son esprit de lire sur tous les sujets ce qui n’est pas simple du tout. Tout d’abord parce que les éditeurs, pour des raisons commerciales, jouent plus sur des segments de marché que les qualités intrinsèques des ouvrages. La question qu’ils ont en tête, quand on les écoute bien, est simple : cet ouvrage peut-il se vendre ? Voire, bien se vendre ? Avec très rapidement une question complémentaire : Si ce n’est pas moi qui l’édite, un autre éditeur est-il capable d’en faire une réussite ? Généralement, malheureusement, cette dernière interrogation n’est pas pour aider l’auteur à trouver un éditeur plus adapté, non, c’est plutôt pour ne pas laisser aux autres une chance… C’est ainsi que sont édités des ouvrages que l’on ne défend pas, juste pour que les autres ne l’aient pas sur leur catalogue… Mais tout cela m’éloigne de mon sujet du jour qui était sur les ouvrages qui couvrent un large champ de réflexion…

Donc, puisque les éditeurs ne les recherchent pas, ces ouvrages ouverts – on va les nommer ainsi – il faut beaucoup chercher pour les trouver. J’en ai trouvé un, un peu par hasard car il était offert en 2009 pour l’achat de deux ouvrages de la collection Champs classiques des éditions Flammarion. Pourtant, il s’agit bien là d’un bon livre très compatible avec la lecture estivale… Il est bien représentant des textes qui ouvrent l’esprit puisqu’il s’agit de « Les grands discours du XXe siècle ». Ces discours sont présentés par Christophe Boutin de l’Université de Caen…

Alors, bien sûr, le choix peut toujours étonner, certains absents peuvent surprendre tandis que certains invités énervent le lecteur. Mais je trouve que cette anthologie est riche et très complète même si elle va de Jean Jaurès à Barack Obama, de 1914 à 2008, de Lyon-Vaise à Chicago, d’une des dernières interventions d’un pacifiste convaincu qui va être assassiné juste avant la tuerie de 1914-1918 à l’une des première intervention du premier président de couleur des Etats-Unis…

On rencontrera ainsi les principaux acteurs de ce siècle – au sens historique et non calendaire – et on pourra lire Lénine, Hirohito, De Gaulle, Hitler, Blum, Césaire ou Mandela… Alors, bien sûr, pour vous donner envie de trouver cet ouvrage et d’en profiter, je vais insister sur quelques temps forts des mots du vingtième siècle… Du moins, ceux qui ont compté pour moi !

Le premier qui me vient à l’esprit est le discours magistral de Robert Badinter en faveur de l’abolition de la peine de mort, le 29 mai 1981. Alors que le Pape François vient d’affirmer que la peine de mort n’est pas légitime, cet homme politique portait une mesure phare de François Mitterrand. Une majorité de français n était pas favorable à cette abolition et, pourtant, elle va arriver, elle sera votée et depuis la France peut-être fière du chemin parcouru. Le discours de Badinter est remarquable, fin, cultivé, éclairé, profondément humain et politique. Ce fut un temps exceptionnel qui n’est pas sans faire penser à celui de Simone Veil sur l’avortement en 1974, discours qui est aussi présenté dans cet ouvrage.

Mais il faut aussi lire certains discours qui ont marqué la vie internationale pour ne pas rester que sur la France. Je pense à l’intervention d’Anouar El-Sadate à Jérusalem, Dominique de Villepin devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, Martin Luther King à Washington… Au total 52 discours sont présentés, avec deux femmes seulement !!! Alors, chacun donnera toutes les explications possibles, je peux les entendre, mais il n’y aurait que deux femmes qui auraient pris la parole de façon pertinente au XXe siècle ? Non, cela je ne peux pas le croire et donc il est grand temps que les historiens soient plus réalistes et qu’ils regardent les archives un peu mieux… Juste pour information, la seconde est Dolorès Ibarruri dite La pasionaria…

Malgré cela, cet ouvrage est passionnant et je peux que vous inviter à lire, relire ou découvrir ces « Grands discours du XXe siècle » et, ainsi, à mieux comprendre certains évènements de notre histoire immédiate… Et comme l’été c’est fait pour lire, bonne lecture et à demain !

Plume84

avatar 17/08/2018 @ 16:05:12
Je découvre la chronique un crépuscule de l'été, enfin presque. Admiration (j'ai l'impression qu'aucun domaine n'est écarté) et Envie (un livre par jour) pour Shelton. Je ne manquerais pas la chronique l'année prochaine et espère avoir le temps de lire encore quelques unes des parutions journalières.


Shelton
avatar 17/08/2018 @ 17:14:49
Il y en a encore quelques-unes à venir car j'ai prévu de le faire jusqu'au vendredi 21 septembre, si tout va bien car toutes les chroniques ne sont pas encore écrites. J'en ai déjà 20 d'avance mais le reste arrive car il faut quand même lire et écrire...

Shelton
avatar 18/08/2018 @ 07:11:29
Samedi 18 août 2018

L’été c’est fait pour lire et j’aime revisiter certains classiques car finalement le livre n’est pas né au vingt-et-unième siècle, la littérature française a quelques siècles d’expérience et il serait bien regrettable de ne pas en profiter… Seulement, aujourd’hui, nous allons poser notre regard sur un classique bien particulier, « Bonjour tristesse » de Française Sagan, et nous allons le faire en bande dessinée avec la proposition d’un certain Frédéric Rébéna…

Pourquoi un tel défi ? Tout d’abord parce que cette bande dessinée vient de sortir en avril dernier et que le roman de Sagan, quand il est sorti en 1954, a déclenché une vive polémique. Certains l’ont adoré et d’autres y ont vu un signe du « dévergondage de l'adolescence féminine, plaie d'une époque où les plaies ne se comptent plus ». François Mauriac, excédé par le succès rencontré par Françoise Sagan, ce « charmant petit monstre de dix-huit ans », tentait là dans le Figaro de rétablir la vérité sur un texte très moyen… Alors, texte génial ou texte banal, pièce littéraire ou coup marketing, je ne vais pas trancher mais dire simplement que depuis quelques années, je n’ai pas rencontré d’étudiants qui avaient lu ce roman… Soixante quatre ans après sa sortie, soixante ans après son adaptation au cinéma, cette histoire vaut-elle le coup d’être mise en images ?

Pour ceux qui ne connaissent pas ce roman, je pense que vous êtes plusieurs dans cette situation, tentons de donner quelques éléments sans vous offrir toutes les clefs et sans détruire le suspense car il y en a un peu quand même… Un père veuf, Raymond, et sa jeune fille de dix-sept ans, Cécile, passent leurs vacances sur la Côte d’Azur. Ils ont bien l’intention de passer de bonnes vacances insouciantes et orientées sur le plaisir et la fête… Cécile qui a quand même échoué à son bac doit réviser…

Deux femmes et un homme vont venir tenter de perturber la situation : Elsa la jeune maitresse du père, Anne, la femme mure qui aime le père et Cyril, un étudiant qui tombe amoureux de Cécile… Seulement dans cette affaire – si on peut parler ainsi – les ficelles seront tirées par la plus jeune… D’où le scandale quand le livre sortira, scandale qui assurera à l’autrice un tirage exceptionnel, une certaine richesse et renommée, un début de carrière tonitruant dans le monde des lettres…

Mais, passons-en, s’il vous le voulez bien, à l’adaptation en bande dessinée. Comme ce roman est devenu pour certains un roman culte, comme chacun y a mis ses images, comme il a déjà été utilisé au cinéma et à la télévision, il fallait que Frédéric Rébéna soit inconscient ou au contraire amoureux du roman, pour oser toucher à « Bonjour tristesse » !

Personnellement, j’oublie très rapidement l’inconscience car le travail est si délicat, si respectueux mais personnel et si fort en émotion que je pencherais plutôt pour un bédéiste qui serait tombé sur un roman qui aurait fait naître des images, des personnages, des situations tels que le roman trouverait là une nouvelle vie, une nouvelle dynamique, une sorte de jeunesse renouvelée et peut-être même une sorte d’épanouissement imprévisible… La bédé ne remplace pas le roman, elle ne l’étouffe pas et les deux deviennent à la fois différents et inséparables… Que du bonheur pour le lecteur !

Je vous imagine préparant votre valise de vacances puisque l’été c’est fait pour lire, vous y glissez le roman de Françoise Sagan et la bédé de Frédéric Rébéna… et c’est ainsi que vous transformerez « Bonjour tristesse » en votre roman de l’été…

En attendant, bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 18/08/2018 @ 15:05:49
Voilà, il est temps pour moi de prendre quelques vacances et donc vous n'aurez pas les chroniques de façon aussi régulière. Elles sont écrites, elles auront les dates mais elles viendront de temps en temps par équipe de 2 ou 3... Ne lisez pas tout d'un coup, gardez-en pour les jours suivants...

A très bientôt...

Frunny
avatar 18/08/2018 @ 17:26:40
Mercredi 15 août 2018


Donc, lorsque j’ai vu la taille du « Baroque sarabande » de Christiane Taubira et le thème annoncé – les livres et écrivains qui l’avaient façonnée – je l’avais immédiatement mis de côté. Je ne me suis même pas précipité pour le lire, pensez donc, un opus de 170 pages, petit format, cela serait vite lu…

Bon, en fait, il s’avère que les choses sont beaucoup plus compliquées que prévu, si je puis dire. En effet, si l’ancienne Garde des sceaux livre bien un ouvrage sur les auteurs et livres qui lui ont permis de se construire, elle parle aussi musique, peinture, cinéma, danse, art en général… et les thèmes sont nombreux, riches, surprenants, remuants… Franchement, chaque page mériterait une chronique et je n’exagère pas ! Alors, rassurez-vous, je ne vais pas vous offrir 170 chroniques, ce sera beaucoup mieux si vous lisez vous-même le livre. Oui, c’est un texte exigeant, très bien construit même s’il donne l’aspect d’une rêverie solitaire à l’ombre d’un grand arbre de sa région natale… D’ailleurs, faut-il dire région, terre, pays… chacun fera comme il voudra dans le respect d’une personne qui aime les Lettres qu’elles viennent de chez elle ou de chez les autres… D’ailleurs, son pays est l’Humanité !


Politiquement pas ma "tasse de thé" mais accordons lui le fait qu'elle ait magnifiquement présenté et défendu son ouvrage lors de l'émission "La Grande Librairie" (France 5 ) en mai ou juin dernier.
Son évocation d'Aimé Césaire était poignante.

Frunny
avatar 18/08/2018 @ 17:32:21
Voilà, il est temps pour moi de prendre quelques vacances et donc vous n'aurez pas les chroniques de façon aussi régulière. Elles sont écrites, elles auront les dates mais elles viendront de temps en temps par équipe de 2 ou 3... Ne lisez pas tout d'un coup, gardez-en pour les jours suivants...

A très bientôt...


Excellentes vacances Shelton et mille mercis pour tes chroniques quotidiennes. Même si je ne les ai pas toutes commentées, je les ai lu avec intérêt.
@ très bientôt sur CL !

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