Shelton
avatar 20/07/2018 @ 08:53:50
Vendredi 20 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et c’est aussi la période des festivals, du moins en France car chez nous c’est une spécificité culturelle… Oui, nous aimons les festivals ! Alors, comme il n’existe pas encore un bon livre retraçant l’histoire de Chalon dans la rue, festival des arts de la rue qui existe maintenant depuis plus de trente ans, je vais vous parler du festival de Cannes même si ce n’est pas la saison… Il faut dire que je suis tombé par hasard sur un petit livre très sympathique de Gonzague Saint Bris, « Un ruban de rêve », aux éditions Steinkis.

Gonzague Saint Bris est un écrivain et journaliste français qui est décédé il y a presque un an, sur les routes de Normandie. Je l’avais découvert il y a bien longtemps, quand il était animateur radio sur Europe 1. Après je l’avais dégusté dans « Le Romantisme absolu », ouvrage paru en 1978. Cet ouvrage m’avait marqué et pendant longtemps je n’ai rien lu de lui, je l’avais même oublié… Puis, un jour, dans une librairie, je l’ai retrouvé avec « Sur les pas de George Sand », c’était en 2004 !

Alors là, je ne l’ai plus lâché, je l’ai rencontré, interviewé et j’ai passé de beaux moments inoubliables en sa compagnie. Qui était-il réellement ? Je n’en sais rien, il avait un côté mystérieux mais il était agréable, charmeur, attentionné, disponible, ouvert aux échanges intellectuels… Bref, le genre de personne avec qui on aime bien prendre le café ou un thé !

Dans ce petit ouvrage consacré à la création du festival de Cannées, on le retrouve entièrement. Il parle des créateurs et très vite on a le sentiment d’être avec eux, de les entendre, de se souvenir en leur compagnie des balbutiements de cet évènement mondial du septième art. Il faut dire que tout ne fut pas facile dans cette aventure…

On est avant la Seconde Guerre mondiale, Mussolini et Hitler veulent s’accaparer le festival de Venise pour mettre à l’honneur les cinémas italien et allemand. Les Américains veulent boycotter Venise, trouver un autre lieu pour le festival des alliés… Bref, le cinéma est loin et on sent bien que les temps sont difficiles…

Un homme pense que la France a une carte à jouer, Philippe Erlanger. Ce haut fonctionnaire, diplomate et historien, va avoir l’idée du festival de Cannes mais c’est la guerre qui va venir bouleverser tout cela. Ce qui aurait dû être le premier festival sera finalement annulé et reporté à une période ultérieure… Et c’est finalement en 1946 qu’eut lieu le premier festival de Cannes (septembre 1946).

Gonzague Saint Bris mélange harmonieusement ses souvenirs, ses lectures et les archives pour faire revivre ce premier festival, pour expliquer l’ambiance cannoise, et très vite on se croit dans une sorte de poème, une ode au cinéma et à Cannes… J’ai, très franchement, adoré !

Comme l’été c’est fait pour lire, je ne peux que vous conseiller de vous laisser porter par ce petit ouvrage, facile et agréable à lire, compatible avec notre été, appel à revoir les grands classiques du cinéma dès que le mauvais temps reviendra et qui fait revivre un instant ce grand auteur que j’aime, Gonzague Saint Bris !

Bonne lecture et demain !

Shelton
avatar 21/07/2018 @ 09:44:41
Samedi 21 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et aussi cuisiner pour ses bons amis. D’ailleurs, j’attends toujours quelques invitations surprises, histoire de tester quelques livres de cuisine qui m’auraient échappé ! Mais depuis plusieurs années, je vois bien que la cuisine asiatique fascine de plus en plus nos palais, notre curiosité, nos habitudes… Je suis d’autant plus à l’aise pour en parler que c’est un Américain d’origine asiatique qui m’a appris à cuisiner en 1991 !

Alors, si l’Asie devient à la mode, non seulement je me fais une raison mais je le fais de bon cœur ! Après les rouleaux de printemps et les nems des années 1980, le bouddhisme, les sushis plus récemment, la vague chinoise se profile, avec ses cohortes de films de sabres, de feng shui, de calligraphie, etc. Pour se mettre au diapason et découvrir une culture, rien de tel que de commencer par son assiette, aphorisme de gourmet dont la vérité semble avant tout intéressée.

Avec cet ouvrage de la collection « la cuisine pour tous », vous serez parés pour mélanger toutes les saveurs de l’Orient. Le livre se divise en douze chapitres réservés au pays d’origine des recettes : Chine, Indonésie, Singapour et Malaisie, Philippines, Thaïlande, Laos et Cambodge, Viêt Nam, Corée, Japon, Inde et Pakistan, Myanmar, Sri Lanka. Aussi c’est un panorama très complet de la cuisine asiatique au sens le plus large qui est proposé. Sans surprise, les plats les plus connus y figurent: canard laqué et crêpes mandarin, dim sum cantonais, nouilles de Singapour, soupe aux crevettes thaïes, kim chi coréen, Curry de Madras, yakitoris, etc. A noter que les plats ne sont pas européanisés et les recettes très fidèles aux originales. Cet aspect peut être vu comme un avantage pour les puristes aussi bien que comme un inconvénient pour les gastronomes ne souhaitant qu’importer quelques saveurs à leur cuisine. Toutes ces recettes appétissantes sont émaillées de pages détaillant les techniques de préparation (des piments, le décorticage des crevettes ou la découpe d’un canard…), les ingrédients typiquement asiatiques comme le tofu ou les pousses de bambou, les différentes sauces, types de pâtes, de riz, thés.

C’est donc une petite bible, bourrée d’idées de plats variés, accessible aux moins expérimentés car certaines recettes sont vraiment très simples, que vous allez avoir en main.

Des regrets ? Quelques points sont sans doute perfectibles : pourquoi ne pas suggérer d’ingrédients de remplacement pour les produits difficiles à dénicher ? C’est fait dans certains cas (les auteurs recommandent l’épinard comme substitutif du pak-choï) mais ç’aurait pu être plus systématique. De même, il aurait été intéressant de présenter l’historique et les diverses particularités culturelles des plats, mais c’est en l’état un excellent outil, très facile à lire et à mettre en pratique, pour un prix tout à fait raisonnable.

Note pour les gourmands : inutile de l’acquérir pour les desserts, leur nombre est assez réduit (comme là-bas) et même après un bon repas asiatique, on peut se contenter d’une bonne salade de fruits de saison.

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, ce pourrait être aussi l’occasion de découvrir les littératures de Corée, du Japon, d’Indes… mais c’est une autre affaire dont nous aborderons aussi certains aspects dans les semaines qui viennent !

Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 22/07/2018 @ 10:48:26
Dimanche 22 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et la bande dessinée fait bien partie des lectures possibles, surtout en vacances, même en vacances, à vous de choisir mais lisez-en !

Imaginez, un matin, pourquoi pas pendant les vacances estivales, d’ailleurs, vous vous réveillez et vous vous retrouvez seul dans une ville… Enfin seul, pas tout à fait… Il y a quatre autres personnes, comme vous surprises, de ce silence, de cette solitude… Pas de cadavres, pas de traces particulières de ce qui a pu se passer la nuit pour expliquer ce phénomène sans précédent…

On est, que dis-je, je suis content, car je parle bien pour moi, ravi et aux anges de retrouver Gazzotti et son graphisme particulier que certains d’entre vous ont peut-être apprécié dans la série Soda. C’est tellement lui, que plusieurs fois, dans cet album, on croit croiser des personnages sortis directement de Soda, soda lui-même…

Le scénario de Vehlmann, sans être totalement original, l’idée ayant déjà fait l’objet de plusieurs romans, a réussi, dès les premières planches, à nous donner envie de le suivre. Les survivants ne sont pas des personnages pris au hasard, ce sont des enfants, de milieux différents, de conditions sociales diverses, de couleurs et sexes différents…Dodji, le dur, Camille, la maniérée, enfin quand son nez ne coule pas, Terry, le bébé chieur, pas un nourrisson, un enfant en bas âge seulement, Leïla, la beurette un peu sexy (beaucoup, en fait), et Yvan, le fils de cadre sup… Voilà, un club des cinq en quelque sorte… Mais avec une histoire un peu moins mièvre que les vacances en Bretagne…
Tout, dans cette série naissante, est fait pour un lecteur adolescent. La narration graphique est très tonique, sans laïus inutile, claire et la lecture, simple, est très plaisante. Les personnages sont assez plaisants et variés pour permettre à chaque lecteur de s’incarner, s’il le veut, dans un membre de la bande…

Mais pour qu’il y ait aventure, il va bien falloir qu’il y ait des obstacles, des évènements, des embûches… Le seul fait de devoir survivre ne suffit pas… Les auteurs ont choisi, au moins dans un premier temps, de nous faire rencontrer des … Je ne sais pas si je dois vous dire la nature des ces obstacles ? Et si je vous laissais les rencontrer, les affronter ?

Ils sont grands, ils sont forts, ils sont dangereux, rapides, surprenants, et ils mettent en danger permanent les cinq enfants… et ce sont des … Non, c’est décidé, je resterai muet comme une carpe…

Dès le début de la série, « Seuls », le lecteur comprend de quoi il s’agit mais ne perçoit pas très bien jusqu’où le scénariste veut aller, les chemins qu’il utilisera et les personnes qu’il nous fera rencontrer. C’est d’ailleurs pour cela que la série se poursuit et que le tome 11, « Les cloueurs de nuit », vient de sortir était aussi attendu par les lecteurs ! Certes, le film éponyme n’aura pas eu le succès escompté mais la bédé continue à tenir en haleine son lectorat…

Cette série, très belle lecture estivale, pourra permettre de lancer quelques belles discussions en famille sur la mort, la vie, la violence, l’amitié, la vie après la mort… et, tout cela, sans parti pris, sans religion imposée, tout le monde s’y retrouvera… alors, comme l’été c’est fait pour lire, qu’il y a déjà onze albums de parus, bonne lecture et à très vite !

Shelton
avatar 23/07/2018 @ 10:49:53
Lundi 23 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et parler classique n’empêche pas, absolument pas, de rire ! C’est d’ailleurs très utile de rire, cela permet de rester en bonne santé, de garder des liens et d’éviter de sombrer dans le désespoir… Alors, rions un peu sur le dos de ces grands auteurs que l’on nous disait classiques quand nous fréquentions les cours de littérature…

Avec le petit ouvrage « Cher auteur » sous titré « comment refuser un chef d’œuvre », les auteurs, Riccardo Bozzi pour le texte et Giancarlo Ascari et Pia Vanlentinis pour les illustrations, s’amusent à imaginer comment on pourrait refuser les manuscrits des plus grands auteurs de la littérature mondiale ! C’est excellent et, surtout, cela permet de passer en revue une partie de ces classiques qu’il faudrait prendre le temps de redécouvrir…Enfin, durant l’été puisque l’été c’est fait pour lire !

Parfois, c’est drôle, court et incisif, tandis que dans d’autres cas, c’est plus long et argumenté… Du coup, je me suis retrouvé dans certaines situations avec des manques car, contrairement aux apparences, je suis loin de tout savoir sur tous les livres ! Je n’ai jamais lu Harper Lee, Dr Seuss ou Kurt Vonnegut ! C’est ainsi, cela me donne des marges de progression pour l’été prochain !

Heureusement, tous les autres étaient bien dans ma mémoire et j’ai pu en profiter… Dans les très courtes réponses, celle à William Shakespeare pour son Hamlet :
« Cher Monsieur Shakespeare,
Je vais m’efforcer d’être aussi concis que possible :
Etre.
Pas question. »

Bien sûr quand il faut expliquer à Flaubert qu’il manque un peu de sexe dans Madame Bovary, le texte est plus long… comme la magnifique réponse à Marcel Proust pour son « A la recherche du temps perdu ». Il faut bien dire qu’il est impossible de répondre à Proust en trois mots ne serait-ce qu’à cause de la taille de son œuvre !

Ce qui est fascinant quand on lit ce petit opus c’est de mesurer l’ampleur de nos lacunes en littérature. Même quand on connait l’auteur, voire le roman, il nous est difficile de savoir si l’auteur – que dis-je, l’éditeur – a raison de refuser ce manuscrit… Dans certains cas, c’est beaucoup plus simple…

La réponse à Camus pour l’Etranger est claire et limpide…
« Ben, voyons si j’ai bien compris.
Un type sort et il fait quoi ?
Il tire. Il tire sur qui ?
Sur un Arabe.
Génial.
C’est non, je crois. »

Même Dieu en prend pour son grade pour une Genèse un peu expéditive et pas assez précise sur la création…

Dans l’ensemble, ce bon livre m’a fait sourire plus d’une fois, rire quand je connaissais bien l’œuvre en question, réfléchir parfois sur des textes que je n’avais pas relus depuis longtemps, enfin, cette lecture m’a conforté dans l’idée que les classiques qui changent nos vies sont à lire, relire et garder car ils renferment une grande vérité sur la nature humaine, c'est-à-dire sur nous !

Alors, comme l’été c’est fait pour lire, non seulement il faut lire ce « Cher auteur » mais il faut lire tous les ouvrages auxquels il est fait référence ! Donc excellente lecture de Cervantès à Dieu, de Sophocle à Dickens…

Shelton
avatar 24/07/2018 @ 05:19:32
Mardi 24 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire de la tragédie grecque et Chalon dans la rue pour en voir en spectacle vivant… De toute façon, depuis cette fameuse tragédie grecque on n’a rien inventé de nouveau sous le soleil… Enfin, c’est ce que me disait mon professeur de littérature en prépa et à l’époque je ne savais pas encore qu’il disait vrai !

En fait, quand vous commencez à découvrir Sophocle et Euripide, vous plongez dans un spectacle sacré, positionné entre religion, métaphysique et philosophie, et vous ne pouvez que comprendre les difficultés de la vie humaine. Les contemporains « se contenteront », si je puis dire sans les blesser car je les aime, de transformer ces difficultés en absurdité… Mais sur le fond, tout avait été dit !

Ma grand-mère – la pauvre, je la mets souvent à l’honneur – disait que le moteur du monde était l’argent, le sexe et le pouvoir… La tragédie grecque a montré que c’était une certitude même si l’argent n’est pas trop évoqué, par contre, pour le sexe et le pouvoir il n’est question que de cela ou presque…

Œdipe, roi de Thèbes – pouvoir – va avoir une relation incestueuse avec sa mère Jocaste – sexe – et il invente un système de pouvoir original en proposant à ses fils d’être roi chacun à leur tour dans une harmonieuse ronde annuelle – encore le pouvoir – ce qui entraine dès la fin du premier cycle une guerre fratricide – définitivement le pouvoir !

Oui, les spécialistes ont bien compris que nous allions directement dans Antigone, pièce de Sophocle tandis que les experts citeront aussi une autre pièce du même dramaturge, Œdipe à Colone. Mais, restons, si le voulez bien à Antigone…

Les deux frères se font la guerre, une des premières guerres civiles en quelque sorte, et ils vont tous les deux mourir sous les coups fraternels. Oui, Sophocle voulait déjà nous le dire, il n’y a jamais de vainqueur dans une guerre, a fortiori quand elle est entre frères ! Pour ce qui est des problèmes de famille, ce n’est pas terminé car le pouvoir, encore lui, est récupéré par Créon, l’oncle des deux frères, qui, par bêtise, orgueil, et envie de pouvoir, encore et toujours, interdit de rendre les honneurs et hommages funéraires à l’un des deux frères, Polynice. La guerre fraternelle continue au-delà de la mort…

Là, vous le savez tous, Antigone, la sœur des deux frères arrive et va passer par-dessus la loi et les interdits pour s’occuper de son frère… Le choix d’Antigone est encore d’actualité, il est permanent pour tous ceux qui veulent agir en humain : doit-on se soumettre à la loi quand elle est contraire aux grands principes fondamentaux, aux valeurs universelles ?

Je ne suis pas là pour vous donner ma réponse ni par vous suggérer que Sophocle aurait – ou pas – raison. Par contre, force est de constater que cette tragédie grecque est d’une très grande modernité et qu’aujourd’hui le questionnement d’Antigone est bien celui de l’humain qui regarde comment sont traités les autres humains… Dois-je respecter la loi envers et contre tout ? A quel moment ai-je le devoir de me lever comme Antigone pour faire mon devoir d’humain ?

Cette histoire d’Antigone a été revisitée de très nombreuses fois, surtout au vingtième siècle, et on peut citer pour mémoire les plus connus des dramaturges qui s’y sont collés : Cocteau, Anouilh, Brecht… Lors du dernier festival Chalon dans la rue, la troupe Fil en scène a offert au public un magnifique spectacle, Hybris, complètement inspiré et porté par la tragédie de Sophocle. Probablement mon meilleur souvenir de cette édition 2018 du festival !

Quant à vous, si vous n’avez pas pu voir ce spectacle, une seule solution, relire Antigone de l’un de ces auteurs ou les relire toutes, pourquoi pas… puisque l’été c’est fait pour lire !

Frunny
avatar 24/07/2018 @ 09:21:12
Mardi 10 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et c’est bien l’occasion de ressortir de nos bibliothèques un certain nombre d’ouvrages et de s’interroger : pourquoi on les a aimés, est-ce que l’on a envie de les relire, que nous ont-ils apporté… bref, c’est le temps des questions existentielles sur notre rapport fondamental avec les livres et les auteurs !

Aujourd’hui, je voudrais vous parler de tous ces auteurs que l’on nous présente comme infréquentables à cause de leurs idées politiques, leur féminisme déclaré, leurs comportements sexuels, leurs habitudes alimentaires ou leur appartenance à une ethnie ou religion particulière… Hitler voulait brûler tous les auteurs juifs, détruire les peintres dégénérés, interdire de penser à tous ceux qui étaient différents de lui… Mais était-ce une exception dans l’histoire de l’humanité ?

Rien n’est certain car depuis que je suis tout petit, j’en ai entendu des choses sur les auteurs et leurs œuvres… Il ne fallait pas lire Gide l’homosexuel, Maurras l’antisémite, Kessel le juif, Aragon le communiste, Brasillach le collabo, Oscar Wilde l’homosexuel, Villon le bandit de grand chemin, Apollinaire l’alcoolique… et ma liste pourrait être sans fin avec Céline, Prévert, Matzneff…



Merci pour tes chroniques Shelton !
Je réagis à cet extrait car notre société continue à "bannir" certains hommes publics (Humoristes,journalistes, politiques et artistes en tous genres) parce que leurs idées (ou discours du moment) ne correspond pas à bienséance.
Je ne m'étendrai pas sur le sujet pour éviter la polémqiue mais chacun aura son idée.

Frunny
avatar 24/07/2018 @ 09:25:40
Mercredi 11 juillet 2018

Même si la lecture est bien ma passion première, je ne pouvais pas, aujourd’hui, faire autrement que glisser un ballon rond entre les pages de nos livres d’été… car l’été c’est fait pour lire !

Alors, avant ou après le match, n’hésitez pas à lire cet ouvrage footballistique passionnant Séville 82, le match du siècle… Après tout, l’été c’est fait pour lire, pas seulement pour regarder des matches à la télé en buvant des bocks !



Après avoir rongé jusqu'à la moelle "l'os Coupe de Monde de Football", le journaleux tente un lavage de cerveau "Alexandre Benalla". L'Assemblée Nationale sort de sa léthargie et le bon peuple crie au scandale.
Ils sont forts ces journaleux !

Frunny
avatar 24/07/2018 @ 09:33:24
Mercredi 18 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et aussi se souvenir… Il y a cent ans, un siècle déjà, la famille impériale de Russie était exécutée de façon rapide et sans un véritable procès. Aujourd’hui, on voudrait nous faire croire que c’était normal et que les révolutionnaires étaient dans leur bon droit tandis que certains autres seraient prêts à canoniser l’ensemble de la famille en les considérant comme des martyrs ! Dans le même temps, Poutine se considère comme le nouveau tsar de la Russie et clôt le mondial de football comme s’il s’agissait d’une fête en son honneur…




Merci pour cette chronique Shelton.
Mon coeur ne penche pas de ce côté là mais je considère (comme Sylvain Tesson) que nous négligeons trop la Culture russe.
A un journaliste qui interrogeait Sylvain Tesson sur son amour pour la littérature russe, il répondait (en gros) :
"Nous sommes déjà aux Etats-Unis" (comprendre: la mondialisation fait que nos Cultures européennes ont été assimilées)
"Alors, si je veux y échapper, il ne me reste plus qu'à regarder à l'Est" !
Quelle clairvoyance !

Frunny
avatar 24/07/2018 @ 09:37:17
Mardi 24 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire de la tragédie grecque et Chalon dans la rue pour en voir en spectacle vivant… De toute façon, depuis cette fameuse tragédie grecque on n’a rien inventé de nouveau sous le soleil… Enfin, c’est ce que me disait mon professeur de littérature en prépa et à l’époque je ne savais pas encore qu’il disait vrai !


Quant à vous, si vous n’avez pas pu voir ce spectacle, une seule solution, relire Antigone de l’un de ces auteurs ou les relire toutes, pourquoi pas… puisque l’été c’est fait pour lire !



Oui, 100% d'accord avec toi !
Profitons en également pour lire l'excellent "Un été avec Homère" du génialissime Sylvain Tesson.

Pieronnelle

avatar 24/07/2018 @ 11:36:36
Laissons Poutine diriger son pays comme il l'entend et nous n'avons pas de leçons de démocratie à lui donner...Ce sont les russes qui doivent être seul juge .
Pour la culture russe je suis bien d'accord qu'il faut se " désangluer" de la "culture" américaine. A force de réaction absurde anti-russe on se prise de la littérature, des arts (peintures et musiques) et artistes ! Regarder un peu les programmes musicaux des festivals ou autre manifestations musicales ! Il n'y a presque que des noms russes, chanteurs lyriques, pianistes, violonistes , virtuoses. Certains diront que c'est parce qu'ils sont "moins chers". Si ça pouvait être vrai au début de la chute du mur ça ne l'est plus et surtout la qualité des artistes est exceptionnelle ! Essayons de nous poser la question du pourquoi et de l'efficacité de notre propre politique culturelle !
Alors n'oublions pas cette âme russe et slave si riche en qualité, en émotion...puisque l'Eté c'est fait pour la lecture accompagnons-la de sa soeur la musique en écoutant Borodine, Moussorski, le groupe des cinq, et bien d'autres...je sais que Shelton sera bien d'accord :-)
Et j'espère que cette coupe du monde en Russie aura permis à ceux qui y sont allés de découvrir cet art russe...

Shelton
avatar 24/07/2018 @ 20:35:18

Alors n'oublions pas cette âme russe et slave si riche en qualité, en émotion...puisque l'Eté c'est fait pour la lecture accompagnons-la de sa soeur la musique en écoutant Borodine, Moussorski, le groupe des cinq, et bien d'autres...je sais que Shelton sera bien d'accord :-)
Et j'espère que cette coupe du monde en Russie aura permis à ceux qui y sont allés de découvrir cet art russe...


J'ai été en voyage de noces en Russie, j'adore la littérature et la musique russes, je devrais citer aussi la danse, la peinture...

Tu cites Borodine que j'aime beaucoup (un très bon livre sur Borodine de Nina Berberova) mais j'aime beaucoup personnellement Chostakovitch...

Pieronnelle

avatar 24/07/2018 @ 22:15:52

Alors n'oublions pas cette âme russe et slave si riche en qualité, en émotion...puisque l'Eté c'est fait pour la lecture accompagnons-la de sa soeur la musique en écoutant Borodine, Moussorski, le groupe des cinq, et bien d'autres...je sais que Shelton sera bien d'accord :-)
Et j'espère que cette coupe du monde en Russie aura permis à ceux qui y sont allés de découvrir cet art russe...



J'ai été en voyage de noces en Russie, j'adore la littérature et la musique russes, je devrais citer aussi la danse, la peinture...

Tu cites Borodine que j'aime beaucoup (un très bon livre sur Borodine de Nina Berberova) mais j'aime beaucoup personnellement Chostakovitch...

Pour Borodine je me permets de citer cette critique
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/31847
Qui a eu l'honneur d'avoir une appréciation de ta part :-)

Shelton
avatar 24/07/2018 @ 23:07:08
Belle critique pour un très bon livre sur un compositeur exceptionnel !

Shelton
avatar 25/07/2018 @ 07:00:01
Mercredi 25 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et c’est aussi l’époque du Tour de France. Cette course mythique appelle beaucoup de questionnement car il faut bien reconnaitre que depuis des décennies, c'est-à-dire bien avant l’affaire Festina, on sait que de très nombreux cyclistes se dopent. Parfois, certains y laissent leur vie… On pense, entre autres, à ce drame sur le Mont Ventoux en 1967, quand le cycliste Tom Simpson s’écroule… Sa mort est certainement due à plusieurs causes additionnées, dont consommation d’amphétamines en grande quantité, déshydratation et épuisement… Depuis, les contrôles antidopage existent mais sont-ils fiables ? Les tricheurs ont toujours un train d’avance et il ne semble pas que l’on cherche à les faire disparaitre entièrement…

Vous allez me dire que tout cela nous éloigne des livres, de la lecture et de ma chronique quotidienne…En fait, non, on est en plein dans le sujet ! Du moins si vous acceptez de me suivre dans ma lecture de la bande dessinée de Fred Duval et Nicolas Sure, « Les porteurs d’eau », une publication Delcourt dans la collection Mirages.

Tout d’abord, précisons les choses, il s’agit bien d’une fiction et seulement d’une fiction, même si certains aspects de l’ouvrage font penser à une histoire… Ce n’est donc ni une histoire du Tour de France ni une biographie de cycliste et encore moins un procès du dopage… même si…

Deux jeunes, Jérôme Pignon et Florian Cornu, sont en train d’acheter des produits dopants pour les revendre à des cyclistes amateurs ou professionnels, pour se faire de l’argent facile. Ils sont aussi espoir cyclistes et ils comptent bien en profiter… Seulement deux évènements perturbants arrivent pour changer la donne, d’une part les vendeurs sont de la mafia ou du grand banditisme, d’autre part, la douane s’invite à l’échange argent contre produits… Les deux jeunes sportifs inconscients sont pris dans un engrenage qu’ils n’avaient pas vu venir et doivent fuir avec argent et produits…

L’un des deux, Jérôme, vient de mettre le pied dans une histoire qui rappelle celle de son père, un cycliste mort à 37 ans d’une embolie pulmonaire… La plus touchée dans cette affaire sera l’épouse et mère qui voit le drame revenir à grands pas…

On est dans un thriller, dans un road trip étonnant qui nous fait traverser la France pour prendre la direction du Ventoux, dans une affaire policière, dans une histoire violente, dans une recherche d’identité, bref dans une belle bande dessinée profondément humaine !

On est aussi dans une histoire pétrie de culture cycliste qui permet de découvrir certains aspects inconnus du cyclisme professionnel comme ces fameux porteurs d’eau au service des leaders d’équipe, mais aussi de mesurer le fléau du dopage dans le cyclisme amateur avec un club pas très fréquentable du côté de Lyon, des dirigeants assez hypocrites et des jeunes laissés à l’abandon…

C’est une excellente bande dessinée qui vous tiendra peut-être plus en haleine que l’étape du jour dans les Pyrénées et, qui sait, vous en apprendra plus sur la réalité du dopage… Alors comme l’été c’est fait pour lire, c’est le moment de faire le bon choix entre regarder l’étape du jour enfermé dans son salon ou aller en vélo dans la campagne et lire à l’ombre d’un bel arbre…

Bonne lecture et demain !

Shelton
avatar 26/07/2018 @ 08:03:14
Jeudi 26 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et qui dit lecture estivale sous-entend lecture facile, populaire, accessible à tous ! Bien, ceci étant posé, on peut s’interroger sur la nature exacte de ces lectures dites faciles… Est-ce encore de la littérature, de la lecture, des livres ? Chacun, en fonction de sa culture, de ses habitudes, de son éducation, de ses études, de son métier… donnera une réponse qui lui est propre ! C’est ainsi, il faut l’accepter !

Ceux qui me connaissent depuis longtemps, qui m’ont eu comme enseignant, qui m’ont écouté comme conférencier ou suivi à la radio, savent que j’ai une affection particulière pour le roman policier, en particulier, le roman policier populaire de la fin du XIXe siècle et du début du vingtième… Je n’ai jamais prétendu que ce genre était le plus grand de la littérature même si Balzac et Poe s’y sont bien essayés avec succès… Ce qui est certain, c’est que cela me parait parfaitement adapté à la lecture de l’été !

Mais, si on pointe notre lunette grossissante sur un auteur, on perçoit que l’auteur peut avoir des doutes sur ce qu’il écrit. Par exemple, Maurice Leblanc rêvait de l’Académie française, d’égaler son maître Maupassant, d’être lu par les intellectuels parisiens… Bref, le petit Normand avait de l’ambition à revendre… Mais pour payer ses frais, vivre et faire vivre sa famille, il fallait qu’il vende ses romans, ses nouvelles, son théâtre… et ce n’était pas le cas ! Un jour, il commit pour une revue une petite nouvelle, un texte alimentaire en somme, et ce fut le succès ! Arsène Lupin venait de naitre !

Ce fut un incroyable succès, il eut les moyens de vivre, tous les lecteurs attendaient la suite des aventures, certains romans eurent des destinées exceptionnelles, furent adaptés au cinéma, au théâtre et plus tard en bande dessinée ! S’il voyait comment les universitaires travaillent sur son œuvre, il n’en reviendrait pas car, lui, avait l’impression d’avoir raté sa vie d’auteur… Pour un peu, on dirait qu’il était dépressif…

Alors, osons dire que les aventures d’Arsène Lupin sont et resteront de très bons écrits, bien construits, avec un véritable style, un français maitrisé, un vocabulaire riche, des personnages profonds, un fond historique réel… On peut même dire que certains romans sont de grands romans comme L’aiguille creuse (1909), Le bouchon de cristal (1912), La comtesse de Cagliostro (1924)…

Bien sûr, ce choix est strictement personnel et chacun peut préférer à ces trois romans 813 (1910), La demoiselle aux yeux verts (1927) ou La femme aux deux sourires (1933) ! A chacun ses goûts et ses préférences !

Alors, l’été peut vous donner l’occasion de lire ou relire un de ces romans, ou plusieurs même, et, surtout, de les proposer à de plus jeunes lecteurs car je persiste et signe, c’est bien avec ce genre de romans que l’on peut donner le goût de la lecture. On apprend d’abord à lire – mécanique pas très réjouissante – et après on passe à la lecture – le bonheur simple – avant de sombrer dans la passion… Si on veut « fabriquer » des lecteurs, il faut déclencher le bonheur de la lecture… C’est une mission qui n’a rien d’impossible et tous les chemins sont bons, y compris de commencer par faire découvrir Arsène Lupin en dessin animé, avant de passer à la série TV puis le cinéma… Et, enfin, de glisser dans les mains fébriles du lecteur potentiel l’un de ces romans exquis…

Pour ceux qui ont besoin d’un peu plus, je vous propose la biographie Maurice Leblanc, Arsène Lupin malgré lui de Jacques Derouard aux éditions Séguier et deux numéros de qualité de la revue Europe, un sur La fiction policière (1976) et un sur Arsène Lupin (1979)…

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, je vais aller de ce pas relire L’aiguille creuse ! Bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 27/07/2018 @ 08:08:57
Vendredi 27 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et j’avoue que, parfois, j’ai un peu le sentiment de me battre contre des moulins à vent, un peu comme l’ami Don Quichotte… Pourquoi continuer à vouloir défendre le livre, la littérature, la lecture ? C’est mort, c’est fini, on est à l’heure numérique et le papier ne sera bientôt plus qu’un simple souvenir…

Enfin, c’est ce que certains voudraient nous faire croire… Je vois même des bibliothèques vouloir mettre de côté les livres en papier pour valoriser le numérique, faire des ateliers immatériels, changer les modes culturelles… Et moi, pauvre bougre, je suis là à crier dans le désert sablonneux de nos étés : l’été c’est fait pour lire !

Non seulement je veux vous proposer des lectures estivales mais, en plus, le comble de la ringardise, je vous invite même à découvrir des ouvrages que l’on ne trouve plus que d’occasion…

Pourtant, je persiste et signe : il faut lire et faire lire ! Seulement, voilà, il se pourrait bien que l’on ne prenne pas le bon chemin… Je me souviens, qu’il me soit permis de raconter une histoire familiale, qu’une de mes fille, pourtant dyslexique au départ, est devenue une véritable lectrice. Avide de nouvelles histoires, elle était prête à toutes les découvertes livresques quand elle s’est retrouvée au collège… Là, en quelques mois, on l’a presque dégoûtée de lire ! C’est fort quand même… et il est intéressant de comprendre ce mécanisme pervers qui nous détruit les lecteurs en quelques minutes, heures, jours, mois…

La jeune lectrice aimait les histoires, les personnages, les sentiments ressentis en lisant, la construction d’un imaginaire qui était le sien et qui lui permettait de vivre mieux, de rêver plus, de se construire… Soudain, on lui demande de lire un ouvrage – qui sur le fond permet toujours tout cela – mais en retenant une multitude de détails qui n’appartiennent pas à son imaginaire… Les questionnaires de lecture que j’ai eu entre les mains – et je ne veux pas faire un procès des enseignants de collège – étaient affligeants : quelle couleur avait… qu’as dit untel… quels sont les éléments de la description de la pièce… comment untel argumente-il… Jamais, on ne lui parlait des sentiments en lisant, ce que cela avait évoqué chez elle, ce que cela changeait dans sa vie… On transformait la littérature en sorte d’étude analytique, mécanisme probablement important dans les séquences d’apprentissage mais complètement obsolète et contre productif pour transmettre le plaisir de lire… On a frôlé la catastrophe, pour un peu, elle aurait arrêté de lire !

Lors que j’étais en prépa lettres, j’avoue avoir eu la chance incroyable, de rencontrer des enseignants solides qui ont tout fait pour que le goût des livres soit sauvegardé, mis en valeur, protégé… On m’a offert en lecture et réflexion des ouvrages de Roland Barthes et Tzvetan Todorov… Ils sont devenus mes maitres en quelque sorte même si je ne suis pas un disciple très fidèle…

Ce qui est certain, c’est que Todorov a toujours expliqué qu’il fallait que la littérature nous face avancer, nous fasse grandir, qu’elle nous rende plus humain… La littérature ne doit pas être juste un objet d’études qui tourne sur lui-même, un milieu où les mots n’ont plus le même sens qu’ailleurs, où seuls les experts auraient le droit de s’exprimer… La littérature est une création qui engendre un monde particulier qui peut, qui doit, nous aider à vivre dans le monde réel, celui dans lequel on vit tous les jours. Ce n’est pas un laboratoire ni une salle protégée, c’est un monde qui éclaire le notre… et cela change tout et permet, autorise, pousse ma fille à continuer à lire comme elle le veut !

Voilà pourquoi il faut continuer à se battre pour aider la lecture à atteindre tous les êtres humains : pour les aider à vivre tout simplement ! Et comme l’été c’est fait pour lire pourquoi ne pas lire ou relire « La littérature en péril » de Tzvetan Todorov ? Bonne lecture et à demain !

Provisette1 27/07/2018 @ 14:14:39
Vendredi 27 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et j’avoue que, parfois, j’ai un peu le sentiment de me battre contre des moulins à vent, un peu comme l’ami Don Quichotte… Pourquoi continuer à vouloir défendre le livre, la littérature, la lecture ? C’est mort, c’est fini, on est à l’heure numérique et le papier ne sera bientôt plus qu’un simple souvenir…

Enfin, c’est ce que certains voudraient nous faire croire… Je vois même des bibliothèques vouloir mettre de côté les livres en papier pour valoriser le numérique, faire des ateliers immatériels, changer les modes culturelles… Et moi, pauvre bougre, je suis là à crier dans le désert sablonneux de nos étés : l’été c’est fait pour lire !

Non seulement je veux vous proposer des lectures estivales mais, en plus, le comble de la ringardise, je vous invite même à découvrir des ouvrages que l’on ne trouve plus que d’occasion…

Pourtant, je persiste et signe : il faut lire et faire lire ! Seulement, voilà, il se pourrait bien que l’on ne prenne pas le bon chemin… Je me souviens, qu’il me soit permis de raconter une histoire familiale, qu’une de mes fille, pourtant dyslexique au départ, est devenue une véritable lectrice. Avide de nouvelles histoires, elle était prête à toutes les découvertes livresques quand elle s’est retrouvée au collège… Là, en quelques mois, on l’a presque dégoûtée de lire ! C’est fort quand même… et il est intéressant de comprendre ce mécanisme pervers qui nous détruit les lecteurs en quelques minutes, heures, jours, mois…

La jeune lectrice aimait les histoires, les personnages, les sentiments ressentis en lisant, la construction d’un imaginaire qui était le sien et qui lui permettait de vivre mieux, de rêver plus, de se construire… Soudain, on lui demande de lire un ouvrage – qui sur le fond permet toujours tout cela – mais en retenant une multitude de détails qui n’appartiennent pas à son imaginaire… Les questionnaires de lecture que j’ai eu entre les mains – et je ne veux pas faire un procès des enseignants de collège – étaient affligeants : quelle couleur avait… qu’as dit untel… quels sont les éléments de la description de la pièce… comment untel argumente-il… Jamais, on ne lui parlait des sentiments en lisant, ce que cela avait évoqué chez elle, ce que cela changeait dans sa vie… On transformait la littérature en sorte d’étude analytique, mécanisme probablement important dans les séquences d’apprentissage mais complètement obsolète et contre productif pour transmettre le plaisir de lire… On a frôlé la catastrophe, pour un peu, elle aurait arrêté de lire !

Lors que j’étais en prépa lettres, j’avoue avoir eu la chance incroyable, de rencontrer des enseignants solides qui ont tout fait pour que le goût des livres soit sauvegardé, mis en valeur, protégé… On m’a offert en lecture et réflexion des ouvrages de Roland Barthes et Tzvetan Todorov… Ils sont devenus mes maitres en quelque sorte même si je ne suis pas un disciple très fidèle…

Ce qui est certain, c’est que Todorov a toujours expliqué qu’il fallait que la littérature nous face avancer, nous fasse grandir, qu’elle nous rende plus humain… La littérature ne doit pas être juste un objet d’études qui tourne sur lui-même, un milieu où les mots n’ont plus le même sens qu’ailleurs, où seuls les experts auraient le droit de s’exprimer… La littérature est une création qui engendre un monde particulier qui peut, qui doit, nous aider à vivre dans le monde réel, celui dans lequel on vit tous les jours. Ce n’est pas un laboratoire ni une salle protégée, c’est un monde qui éclaire le notre… et cela change tout et permet, autorise, pousse ma fille à continuer à lire comme elle le veut !

Voilà pourquoi il faut continuer à se battre pour aider la lecture à atteindre tous les êtres humains : pour les aider à vivre tout simplement ! Et comme l’été c’est fait pour lire pourquoi ne pas lire ou relire « La littérature en péril » de Tzvetan Todorov ? Bonne lecture et à demain !



J'agrée à 100000000000%!

Merci pour cette superbe chronique, Shelton!

Saint Jean-Baptiste 27/07/2018 @ 15:05:25
Comme toujours une très belle chronique, Shelton !
Et c’est bien vrai : « il faut continuer à se battre pour aider la lecture à atteindre tous les êtres humains : pour les aider à vivre tout simplement » ...et les aider à comprendre les vérités de la vie, pourrait-on ajouter.
Merci et à demain.

Shelton
avatar 28/07/2018 @ 07:34:50
Samedi 28 juillet 2018

L’été c’est fait pour lire et j’aime bien me replonger dans des livres anciens, même quand il s’agit de livres pour la jeunesse ou d’albums illustrés. C’est une façon de lire ce que nos parents, parfois grands parents, lisaient à leur époque… Pour moi, c’est aussi une façon de bien mesurer l’évolution de ces histoires, des graphismes, des narrations graphiques… De mieux percevoir l’évolution de la bande dessinée de sa création à aujourd’hui !

Par exemple, dans les précurseurs de la ligne claire – pour simplifier, disons la façon qu’avait Hergé de raconter les aventures de son ami Tintin, - on trouve un certain Joseph Pinchon (1871-1953). Cet artiste, en 1905, crée le personnage de Bécassine en mettant en image des gags de Jacqueline Rivière, rédactrice en chef du magazine La semaine de Suzette ! A partir de 1913, c’est Maurice Languereau, dit Caumery, qui assurera les scenarii de cette série mythique qui a enchanté – ou pas – nos ascendants…

Au départ, Bécassine n’était pas bretonne, c’est lorsque Caumery prend le scénario en main que Bécassine devient bretonne, une héroïne finistérienne du nom d’Annaïk Labornez. Mais que faut-il penser réellement de cette chère Bécassine ? Doit-on y voir la façon péjorative des parisiens vis-à-vis du « petit peuple breton » ? Certains l’ont dit abondement mais je voudrais que les choses évoluent…

Pour cette chronique, j’ai relu plusieurs histoires de Bécassine dont Bécassine aux bains de mer, album qui semble bien d’actualité. Tout d’abord, Bécassine est effectivement une jeune femme que l’on décrit avec des stéréotypes de l’époque. A ce titre, au premier abord, ce n’est pas très sympathique pour les femmes, pour le personnel de maison et pour les Bretons. On peut ajouter aussi pour les pauvres, les étrangers, les autochtones des colonies… Mais, si on prend le temps de lire l’album en entier – les textes sont beaucoup plus longs que dans les bédés contemporaines – il faut reconnaitre que l’on peut voir évoluer son jugement…

Oui, Bécassine est assez naïve mais elle se pose de très nombreuses questions et parfois elle fait même preuve de sagesse dans ses mesures éducatives vis-à-vis de la petite Loulotte. Même si elle est gaffeuse et qu’elle commet de très nombreuses bêtises, il n’en demeure pas moins qu’elle voyage seule en train, que c’est elle qui doit réserver l’hôtel pour le reste de la famille et qu’elle doit visiter les logements qui pourraient être loués par la suite. Elle ne décide pas tout mais prépare et aide. On est en 1932, les gens ayant voyagé de Paris à la Normandie ne sont pas encore si nombreux que cela. On la voit qui essaie de faire une soustraction et on mesure bien que le calcul mental n’est pas son point fort, mais elle sait quand même poser une soustraction… Peut-être même encore plus étonnant, elle sait nager ! Quand on pense aux Bretons qui ne savaient pas nager à cette époque, on peut se dire qu’elle n’est quand même pas si stupide et arriérée que cela…

Attention, je ne suis pas en train de dire que Bécassine soit un modèle de femme épanouie et qu’elle devrait servi de modèle éducatif aujourd’hui ! Bien sûr, je veux simplement attirer votre attention que trop rapidement on a condamné cette Bécassine – et ses auteurs – en oubliant de remettre cette histoire dans son contexte. Pour l’histoire de la bédé, c’est une étape capitale, pour celle de la femme c’est aussi une façon de montrer les années trente et, enfin, pour mesurer l’état de perception de la province par Paris, c’est assez éclairant…

Alors, puisque l’été c’est fait pour lire, pourquoi ne pas prendre le temps de lire ou relire l’un de ces albums des aventures de Bécassine, comme Bécassine aux bains de mer ?

Très bonne lecture et à demain !

Shelton
avatar 28/07/2018 @ 17:43:28
Je ne suis pas le seul à chanter la littérature...

Actuellement en train de lire le remarquable ouvrage de Christiane Taubira, Baroque sarabande... Hymne à la littérature, aux livres et aux auteurs... Juste un premier extrait pour être dans le tempo :

"Comment la littérature parvient-elle à nous transmettre l'intense sensualité de l'instant dans le moment même où elle nous parvient alors qu'elle peut avoir été écrite plusieurs siècles plus tôt ? Pourquoi ces expériences si singulières, si locales, si particulièrement narrées nous emportent-elles jusqu'à nous-mêmes, à nos moments, à nos entours, à des milles et des lieues des choses racontées...

C'est pourtant ainsi qu'elle fait quand elle est belle, vive, profonde, ardente ou froide et rude, trop vraisemblable ou incroyable, mais toujours lorsqu'elle atteint à des mots, à des sons, des interstices, des abîmes et des cimes qui nous rendent contemporains tous les lieux et toutes les époques du monde, les cultures et leurs glissements, les langues et leurs esquives, les langages et leurs détours, les imaginaires dans leurs allées et venues..."

Que dire de plus pour chanter la littérature ?

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